Ukraine : Escalade des attaques russes contre les civils

|Communiqué de presse

Les gouvernements participant aux négociations devraient insister sur le respect du droit humanitaire

  • Les attaques menées par les forces russes en Ukraine depuis janvier 2025 ont tué et blessé davantage de civils que durant la même période en 2024.
  • Ces attaques ont violé l'interdiction des attaques indiscriminées et disproportionnées imposée par le droit international. De telles attaques, lorsqu'elles sont commises délibérément ou par imprudence, constituent des crimes de guerre au regard du droit international.
  • Les efforts diplomatiques devraient privilégier la protection des civils et la justice pour les violations. Cela implique un soutien continu aux enquêtes et aux poursuites pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

(Kiev, 22 mai 2025) – Les attaques menées par la Russie en Ukraine depuis janvier 2025 ont tué et blessé davantage de civils que durant la même période en 2024, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les autres gouvernements, en particulier l'administration Trump, devraient user de leur influence lors de leurs discussions avec le Kremlin pour inciter la Russie à respecter le droit international humanitaire et à mettre fin aux attaques délibérées, indiscriminées et disproportionnées contre les civils et les biens civils.

« Les attaques russes tuent et blessent un plus grand nombre de civils, y compris des femmes et des enfants, qu'auparavant, alors même que les dirigeants mondiaux impliqués dans les négociations expriment leur horreur face au nombre croissant de victimes », a déclaré Belkis Wille, directrice adjointe de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch. « Les négociateurs devraient exiger la fin immédiate des attaques contre les civils et les infrastructures civiles. »

Human Rights Watch a enquêté sur quatre attaques menées par les forces russes en Ukraine entre le 1er février et le 4 avril 2025, qui ont tué au moins 47 civils et blessé plus de 180 autres personnes. Human Rights Watch a conclu que ces attaques étaient illégales car elles ont violé, au minimum, l'interdiction des attaques indiscriminées et disproportionnées en vertu du droit international. Les forces russes n'ont pas fait la distinction entre objectifs civils et militaires, ni évité les pertes civiles disproportionnées que l'on pouvait attendre de ces attaques par rapport à l'avantage militaire attendu. De telles attaques, qu'elles soient commises délibérément ou imprudemment, constituent des crimes de guerre au regard du droit international.

Sites de quatre attaques russes menées contre des civils en Ukraine (1er février - 4 avril 2025) 

Le 1er février à 7h44, un missile russe a détruit une aile d'un immeuble résidentiel dans la ville de Poltava, située à 240 kilomètres de la ligne de front ; cette attaque a tué 15 civils et blessé 20 autres personnes. Une base aérienne militaire dont l’entrée est située à une distance d’environ 700 mètres du lieu de l'explosion est la seule cible militaire identifiée par Human Rights Watch dans cette zone.

Le 4 février, les forces russes ont lancé un missile sur la ville d'Izioum, située dans l'est de l’Ukraine à une distance de 42 kilomètres de la ligne de front. La frappe a touché le bâtiment du Conseil municipal dans le quartier central d’Izioum, tuant 6 civils et en blessant 57 autres, dont trois enfants. La cible militaire la plus proche identifiée par Human Rights Watch est un bureau de recrutement militaire, situé à une distance d’environ un kilomètre du Conseil municipal.

Dans la nuit du 5 mars, une munition explosive a frappé le toit de l'Hôtel Tsentralnyi, à Kryvyï Rih, dans le sud-est du pays, à 70 kilomètres de la ligne de front ; cette frappe a tué 6 civils, et blessé 31 autres personnes. La munition a touché le centre de l'hôtel, et endommagé 14 immeubles résidentiels et plusieurs autres bâtiments. Les forces russes et des blogueurs russes ont confirmé l'attaque, affirmant qu'elle avait tué 28 combattants étrangers qui se trouvaient dans l'hôtel ; toutefois, Human Rights Watch n'a trouvé aucune preuve étayant cette assertion. La cible militaire la plus proche identifiée par Human Rights Watch est un bureau de recrutement militaire, situé à une distance de 5,7 kilomètres de l’hôtel.

Karol Swiacki, fondateur et président d'Ukraine Relief, une organisation non gouvernementale fournissant une aide humanitaire aux Ukrainiens, se trouvait dans le restaurant de l'hôtel au moment de l'attaque avec six personnes, dont une femme et son fils âgé de 6 ans.

« On discutait, on riait un peu, et puis, en une milliseconde, il y a eu un bruit énorme, des bruits de verre brisé, beaucoup de poussière », a relaté Karol Swiacki. « L'endroit où nous étions assis est devenu un enfer… On était sous le choc, on cherchait une sortie [de secours]… C'était un cauchemar. L'enfant hurlait… La poussière nous empêchait de voir quoi que ce soit. J'ai dû me couvrir la tête et la bouche avec mon manteau. »

Le soir du 4 avril, les forces russes ont lancé une autre attaque contre Kryvyï Rih. Une munition a explosé au-dessus d'un parc, endommageant son aire de jeux, de nombreux bâtiments à proximité et un restaurant. Cette attaque a tué 20 civils, y compris neuf enfants, dont la plupart se trouvaient dans l'aire de jeux. La frappe a aussi blessé 73 autres personnes, dont un bébé de 3 mois.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a déclaré qu'il s'agissait de « l’attaque la plus meurtrière contre des enfants » enregistrée par le HCDH depuis le début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022. La cible militaire la plus proche identifiée par Human Rights Watch était le même bureau de recrutement militaire de Kryvyï Rih mentionné ci-dessus, situé à environ 2,5 kilomètres du parc.

Les forces russes n'ont émis aucun avertissement préalable aux civils qui se trouvaient sur ces sites ou à proximité, avant ces quatre attaques meurtrières.

Entre janvier et avril 2025, le nombre de civils tués et blessés par des attaques russes en Ukraine a augmenté de 57 % par rapport à la même période en 2024 ; la hausse du nombre de blessés a été particulièrement importante. Le 24 avril, la Russie a mené une attaque dévastatrice contre Kiev ; les tirs de missiles et de drones ont tué au moins 12 civils, et blessé au moins 90 autres personnes.

Le droit international humanitaire, qui rassemble les lois de la guerre, oblige les parties à un conflit à faire en tout temps la distinction entre combattants et civils. Les civils ne peuvent jamais être la cible délibérée d'attaques. Les parties belligérantes sont tenues de prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages causés aux civils et aux biens civils. Les attaques ne peuvent viser que des objectifs militaires. Les attaques ciblant des civils, qui ne font pas de distinction entre combattants et civils, ou qui sont susceptibles de causer des dommages disproportionnés à la population civile par rapport au gain militaire attendu, sont interdites.

Les violations graves du droit de la guerre, y compris les attaques indiscriminées et disproportionnées, commises avec une intention criminelle – c'est-à-dire délibérément ou par imprudence – constituent des crimes de guerre. Les individus impliqués dans ces attaques peuvent être tenus pénalement responsables de la commission d'un crime de guerre, ainsi que de l'assistance, de la facilitation, de l'aide ou de l'incitation à un crime de guerre. Les commandants et les dirigeants civils peuvent être poursuivis pour crimes de guerre au titre de la responsabilité du commandement, s’ils avaient connaissance ou auraient dû avoir connaissance de la commission de crimes de guerre et ont pris des mesures insuffisantes pour les prévenir ou en punir les responsables.

« Les efforts diplomatiques visant à mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine devraient privilégier la protection des civils et la justice pour les abus », a conclu Belkis Wille. « Cela signifie qu'il ne faut pas accorder d'amnistie aux auteurs de violations graves du droit international humanitaire, et qu'il faut continuer à soutenir les enquêtes et les poursuites pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. »

Suite en anglais, comprenant des informations plus détaillées sur les quatre attaques illégales russes.

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