Chine : information sur la situation des musulmans hui et le traitement qui leur est réservé par la société et les autorités; la protection offerte par l'État (2020-septembre 2022) [CHN201172.EF]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

D'après l'Encyclopædia Britannica, le peuple hui est constitué de musulmans [traduction] « entremêlés aux Han chinois » (Encyclopædia Britannica 24 févr. 2012). Des sources signalent aussi que les musulmans hui descendent (DW 9 déc. 2016) ou [traduction] « seraient » les descendants (FPC 14 mars 2019) de marchands perses, arabes [et mongols (DW 9 déc. 2016)] venus en Chine par la Route de la Soie (DW 9 déc. 2016; FPC 14 mars 2019). Les mêmes sources font remarquer que, avec le temps, à la suite de mariages mixtes avec des Han chinois, le peuple hui est devenu ethniquement mixte (DW 9 déc. 2016) ou que les pratiques culturelles hui se sont [traduction] « mêlées et fusionnées » avec la culture han (FPC 14 mars 2019). Selon un article de Foreign Policy (FP), un magazine américain qui se voue à la politique, à l'économie et aux idées et dont le siège est à Washington (FP 3 janv. 2009), [traduction] « [s]ouvent appelés les "musulmans chinois", les Hui en tant que groupe ethnique englobent un vaste éventail de personnes dont on croit qu'ils sont les descendants de mariages mixtes datant d'un millénaire entre des personnes d'origine chinoise et des personnes d'origine turque, arabe et perse » (FP 10 févr. 2020). Dans un rapport d'information sur la Chine publié par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (Department of Foreign Affairs and Trade – DFAT) de l'Australie, on peut lire que les musulmans hui [traduction] « sont relativement assimilés » et « peuvent ressembler davantage aux Han chinois que certaines autres minorités musulmanes en Chine » (Australie 22 déc. 2021, paragr. 3.48). Un article du New Europe, un hebdomadaire [traduction] « indépendant » de Bruxelles qui s'intéresse aux affaires de l'Union européenne et à la politique internationale (New Europe s.d.), signale que [traduction] « la langue, la culture et l'apparence des Hui » sont « plus proches des Han chinois » (New Europe 13 févr. 2020). Des sources signalent aussi que les musulmans hui utilisent le mandarin comme langue première (FPC 14 mars 2019; Encyclopædia Britannica 24 févr. 2012; The Diplomat 15 juin 2021). D'après un article de la National Public Radio (NPR), [traduction] « une organisation médiatique indépendante et sans but lucratif » aux États-Unis (NPR s.d.), les Hui [traduction] « n'ont pas de langue distincte », mais parlent le mandarin et « souvent un peu d'arabe » (NPR 26 sept. 2019).

Des sources signalent qu'il y a environ 10 millions de Hui en Chine (Encyclopædia Britannica 24 févr. 2012; CHRD 20 sept. 2022; DW 9 déc. 2016; The Diplomat 15 juin 2021; professeur agrégé 20 sept. 2022). D'après l'Encyclopædia Britannica, Hui est une [traduction] « nationalité officielle » en Chine (Encyclopædia Britannica 24 févr. 2012). Au cours d'un entretien avec la Direction des recherches, un professeur agrégé à l'Université d'Oxford, dont les recherches portent principalement sur le droit islamique et qui a rédigé des articles sur le statut des musulmans hui sous le régime du droit chinois, a déclaré que la population officiellement dénombrée à 10 millions [traduction] « est considérablement sous-estimée » étant donné que ce nombre n'a pas changé depuis 20 ans (professeur agrégé 20 sept. 2022).

Dans un article, le Foreign Police Centre (FPC), un [traduction] « groupe de réflexion sur les affaires internationales » établi au Royaume-Uni (FPC s.d.), fait observer que les Hui [traduction] « sont dispersés sur le territoire chinois » (FPC 14 mars 2019). La même source ajoute que les centres de la culture hui se trouvent dans la région du Nord-Ouest de la Chine, y compris la région autonome ouïghoure du Xinjiang (Xinjiang), la région autonome [province] hui de Ningxia, la ville de Xi'an dans la province du Shaanxi et la préfecture autonome hui de Linxia dans la province du Gansu (FPC 14 mars 2019). Dans un rapport sur les musulmans hui, la Commission exécutive du Congrès sur la Chine (Congressional-Executive Commission on China – CECC) déclare que les musulmans hui [traduction] « constituent des segments importants de la population » dans les régions de Ningxia et de Xinjiang et dans les provinces du Gansu et de Qinghai [Tsinghai] (É.-U. 29 mars 2021, 3). D'après l'Encyclopædia Britannica, les musulmans hui sont dispersés [traduction] « partout en Chine, mais sont relativement concentrés dans l'ouest du pays – dans les provinces ou régions autonomes de Xinjiang, Ningxia, Gansu, Qinghai, Henan, Hebei, Shandong [Shantung] et Yunnan » (Encyclopædia Britannica 24 févr. 2012). Le professeur agrégé a lui aussi affirmé que les musulmans hui sont dispersés sur le territoire de la Chine, mais concentrés dans le Nord-Ouest, particulièrement dans la région de Ningxia, la région du Xinjiang et la province du Gansu (professeur agrégé 20 sept. 2022). La même source a déclaré que le peuple hui a toujours été perçu et défini comme étant musulman, même si certains d'entre eux [traduction] « ont peut-être cessé » d'observer les pratiques religieuses de l'islam, et qu'il est le seul groupe ethnique en Chine dont la religion constitue un marqueur d'identité (professeur agrégé 20 sept. 2022). Selon l'article du FPC, l'islam hui est divisé en quatre sectes :

  • l'école gedimu [qadim, qadeemiya], qui englobe 70 p. 100 des musulmans hui et [traduction] « dans laquelle les pratiques religieuses syncrétiques sont les plus apparentes ». Par exemple, les imams gedimu utilisent un dialecte sinisé de l'arabe pour le Coran;
  • le courant ikhwan, qui a vu le jour à Linxia et qui « critique l'approche ritualiste de l'école gedimu et qui met l'accent sur le retour au sens original des paroles coraniques »; les mosquées ikhwani sont les « seules » mosquées où les auteurs de l'article du FPC ont vu des corans en langue chinoise;
  • le soufisme, plus particulièrement les deux « traditions les plus répandues dans le monde » appelées la qadiriyya [qadriya, qadiriyyah] et la naqshbandiyya [naqshbandi, naqashbandiya], cette dernière étant divisée en deux sous-sectes, hufia et jehriya, dont le « centre » est à Linxia;
  • le salafisme ou wahhabisme chinois, qui englobe « une infime minorité » des musulmans hui, qui observe une « version saoudienne de l'islam » (FPC 14 mars 2019).

De plus, l'article du FPC signale ce qui suit :

[traduction]

Généralement, mais pas toujours, les femmes hui portent le voile et différentes sectes portent différents types de voiles. Il est possible de reconnaître les femmes ikhwani, car elles portent le voile populaire chez les musulmanes occidentales; les femmes gedimu portent généralement un chapeau avec un tissu léger rattaché à l'arrière et au bas. Les hommes hui portent trois types de chapeau rond, mais le type de chapeau ne permet pas de distinguer la secte à laquelle ils appartiennent (FPC 14 mars 2019).

L'article de la NPR signale que, à part [traduction] « la calotte blanche portée occasionnellement par les hommes hui ou les cheveux couverts des femmes, ils sont visuellement indifférenciables » des Han (NPR 26 sept. 2019). Dans un article du New York Times, on peut lire que [traduction] « de nombreux » Hui portent une « calotte distinctive » (The New York Times 22 sept. 2019). D'après les auteurs de l'article du FPC, tous les Hui locaux qu'ils ont rencontrés avaient un nom chinois qu'ils utilisaient pour se présenter, ainsi qu'un nom musulman non officiel, [traduction] « habituellement des versions sinisées de Mariam, Aishah, Bilal ou Ibrahim » (FPC 14 mars 2019).

2. Situation actuelle des musulmans hui en Chine

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur la situation actuelle des musulmans hui en Chine.

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, une chercheuse principale chez Défenseurs des droits de la personne en Chine (Chinese Human Rights Defenders – CHRD), [traduction] « une coalition d'organisations chinoises et internationales de défense des droits de la personne » qui « examine et surveille la situation en matière de droits de la personne en Chine » (CHRD s.d.), a fait remarquer que, dans le Xinjiang, [traduction] « tous » les groupes musulmans sont touchés par la « campagne de répression »; « certaines » pratiques religieuses des musulmans hui au Xinjiang sont interdites et les autorités surveillent les personnes soupçonnées de participer à des activités religieuses ou d'observer les règles et les comportements associés à l'islam, tels que s'abstenir de boire de l'alcool et porter la barbe (CHRD 20 sept. 2022). La même source a ajouté que les musulmans hui qui ne respectent pas la [traduction] « version épurée » de l'islam imposée par le Parti communiste chinois (PCC) « pourraient » être envoyés dans des camps de rééducation (CHRD 20 sept. 2022). Selon l'article de New Europe, des groupes de défense des droits ont signalé que des musulmans hui dans le Xinjiang [traduction] « sont maintenant ciblés » et ont été envoyés dans « des camps de rééducation avec des Ouïghours [Ouïgours, Uighurs] » (New Europe 13 févr. 2020). De même, la CECC déclare que des musulmans hui sont détenus dans les [traduction] « camps d'internement de masse » du Xinjiang (É.-U. 29 mars 2021, 2). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur auxiliaire à l'Université de la Delaware Valley en Pennsylvanie, qui a vécu en Chine pendant 17 ans jusqu'en 2020 et qui a rédigé des articles sur les musulmans en Chine, a déclaré que les musulmans hui [traduction] « mènent une vie plutôt paisible » comparativement à d'autres groupes religieux et que « de manière générale » ils sont mieux traités et considérés comme des « modèle[s] exemplaire[s] parce qu'ils se sont assimilés à la culture chinoise han » (professeur auxiliaire 22 sept. 2022). Cependant, la même source a souligné que l'État chinois surveille les activités religieuses des musulmans hui, notamment en surveillant les mosquées (professeur auxiliaire 22 sept. 2022). Toutefois, la même source a ajouté [traduction] « [qu']il n'y a aucune preuve permettant d'établir que les musulmans hui sont traités de manière injuste soit par l'État » ou par le « groupe ethnique majoritaire » chinois han (professeur auxiliaire 22 sept. 2022).

Le professeur agrégé a déclaré que les musulmans hui sont exposés à une discrimination et à une islamophobie [traduction] « croissantes », bien qu'elles varient d'une région à l'autre (professeur agrégé 20 sept. 2022). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, la chercheuse principale de CHRD a signalé que les conditions de vie des musulmans hui en Chine étaient relativement bonnes jusqu'en 2016, quand a débuté une [traduction] « campagne de répression politique » suivie d'une campagne de « sinisation de l'islam » (CHRD 20 sept. 2022).

2.1 Politique de sinisation de l'islam

D'après The Economist, un magazine hebdomadaire britannique qui couvre des sujets tels que la technologie, la géopolitique, la finance et l'économie (The Economist s.d.), [traduction] « l'attitude [du gouvernement] envers les musulmans » a commencé à changer en 2016, après que le dirigeant chinois Xi Jinping a élaboré des plans visant la « "sinisation" » des religions en Chine (The Economist 26 sept. 2019). La même source souligne que, avec le christianisme, l'islam était une [traduction] « cible principale » de la sinisation à cause de ses « liens forts avec l'étranger »; les responsables « ont entrepris de purger » les deux religions « des influences étrangères jugées menaçantes pour le Parti communiste » et, dans le cas de l'islam, afin de « prévenir la propagation du radicalisme » (The Economist 26 sept. 2019). Dans un article publié en 2019 par Radio Free Asia (RFA), une société de radiodiffusion sans but lucratif financée par le Congrès des États-Unis (RFA s.d.), on peut lire que la Chine [traduction] « élabor[ait] un plan quinquennal de "sinisation" de l'islam, d'après l'Association islamique de la Chine qui est appuyée par le gouvernement [1] » (RFA 7 janv. 2019). La même source signale que, selon un rapport publié sur le site Internet de l'Association islamique de la Chine, des représentants des associations islamiques locales [2] de huit provinces et régions, incluant Beijing, Shanghai, Hunan, Yunnan et Qinghai, ont discuté du plan dans le cadre d'une réunion tenue par le Département du travail du Front uni (United Front Work Department – UFWD) du PCC, au cours de laquelle le président de l'Association islamique de la Chine a affirmé que le plan [traduction] « mettra l'accent sur des mesures visant à obliger les mosquées à défendre "les valeurs centrales du socialisme, la culture traditionnelle ainsi que les lois et règlements" » (RFA 7 janv. 2019). L'article de RFA cite les propos du président de l'Association selon lesquels les mosquées recevront la consigne de [traduction] « "guider, mobiliser et inspirer" les musulmans chinois au moyen de conférences et de séances de formation consacrées à de telles questions », et ces conférences et séances de formation devraient « mettre en valeur l'esprit d'un islam sinisé en présentant des exemples de figures marquantes » (RFA 7 janv. 2019). La chercheuse principale de CHRD a fait remarquer que, parmi les comportements encouragés dans le cadre de la sinisation de l'islam, les autorités demandent aux hommes de raser leurs longues barbes et aux femmes d'enlever leurs voiles et leurs foulards dans les espaces publics, tout en disant aux deux de renoncer à leurs vêtements religieux au profit de la tenue chinoise traditionnelle (CHRD 20 sept. 2022). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Selon la CECC, [traduction] « la rhétorique et la politique officielles du gouvernement de la Chine sont devenues moins tolérantes envers l'exercice et l'expression de l'identité islamique chez les musulmans hui et leurs communautés » et les restrictions imposées à la pratique de l'islam chez les musulmans hui sont « de plus en plus similaires à celles subies par les Ouïghours et d'autres minorités musulmanes » dans le Xinjiang (É.-U. 29 mars 2021, 2). La même source souligne que [traduction] « [c]e changement de politique est en partie attribuable à l'amalgame fait par les responsables chinois entre l'identité islamique et l'extrémisme, et à la campagne du gouvernement de la Chine en vue de "siniser" l'islam » (É.-U. 29 mars 2021, 2). The Economist signale qu'un des objectifs de la campagne de sinisation était de [traduction] « réduire les liens apparents » entre l'islam en Chine et dans le monde arabe (The Economist 26 sept. 2019). Dans un article paru dans le New York Times, il est signalé que dans le nord-ouest de la Chine, notamment à Linxia, en Mongolie intérieure, dans le Henan et dans le Ningxia, les autorités [traduction] « ont détruit les dômes et les minarets des mosquées », et fermé trois mosquées dans la province de Yunnan (The New York Times 22 sept. 2019). Selon la même source, le gouvernement provincial du Ningxia [traduction] « a interdit l'exposition publique d'écritures arabes » et cette interdiction a par la suite été adoptée à Beijing et dans d'autres régions du pays (The New York Times 22 sept. 2019). L'article du New York Times ajoute que le Ningxia et le Gansu ont [traduction] « interdit l'appel traditionnel à la prière » et qu'un imam à Yinchuan, la capitale du Ningxia, a reçu la visite d'autorités qui « l'ont mis en garde de ne faire aucune déclaration publique sur des questions religieuses » (The New York Times 22 sept. 2019). D'après la même source, dans le Yunnan, [traduction] « où vivent depuis longtemps des communautés hui », les autorités ont « cadenassé » des mosquées qui menaient leurs activités sans autorisation officielle dans trois villages en décembre 2018 (The New York Times 22 sept. 2019). L'article de RFA signale aussi que, en décembre 2018 dans la province de Yunnan, des musulmans hui ont été [traduction] « perquisitionnés et expulsés de force » de trois mosquées pour « avoir participé à des "activités religieuses illégales" » et que « [l]es musulmans hui locaux rejet[aient] le blâme de ces mesures répressives sur l'adhésion de l'Association islamique locale aux directives gouvernementales » (RFA 7 janv. 2019). D'après RFA, qui cite un militant musulman aux États-Unis, [traduction] « "[l]a sinisation de l'islam vise surtout les musulmans hui" » (RFA 7 janv. 2019). Selon Bitter Winter [3],

[traduction]

[d]epuis l'entrée en vigueur en février 2018 du nouveau règlement sur les affaires religieuses, le gouvernement met en œuvre une campagne de « dé-arabisation et dé-saoudisation » au Ningxia et dans d'autres régions comptant une population musulmane. À la fin juin, les autorités du Ningxia ont décrété que « tous les lieux servant à des activités religieuses et affichant un style arabe doivent être graduellement rectifiés. Les nouveaux bâtiments ou toute autre construction agrandie ou restaurée – partout dans la région – doivent afficher le style chinois » (Bitter Winter 2 janv. 2020).

Bitter Winter fait remarquer que, en 2018, la grande mosquée de Weizhou dans le comté de Tongxin de la province de Ningxia a été [traduction] « remodelée en un bâtiment de style chinois, son dôme et ses minarets remplacés par un toit en pagode de style chinois » après que « [d]es milliers » de musulmans hui ont manifesté pour empêcher sa démolition par l'État chinois en août 2018 (Bitter Winter 2 janv. 2020). L'article de la NPR signale aussi que, à Tongxin en août 2018, les autorités ont tenté de démolir la grande mosquée de Weizhou, [traduction] « sous le prétexte que les permis de construction appropriés n'avaient pas été obtenus », mais après des manifestations, les responsables ont annulé la démolition (NPR 26 sept. 2019). Toutefois, la même source ajoute que, en novembre 2018, des unités de travail de l'administration locale se sont rendues dans [traduction] « chaque foyer » à Weizhou et « [ont] exerc[é] des pressions sur les résidents pour qu'ils signent des lettres déclarant leur consentement à la "rénovation" de la mosquée en enlevant le dôme principal et les minarets » et, « [d]ans certains cas, les responsables de Weizhou ont menacé de congédier des employés de l'État » s'ils refusaient de signer la lettre (NPR 26 sept. 2019).

Les renseignements contenus dans le paragraphe suivant sont tirés de l'article de la NPR :

Les mosquées [traduction] « sont devenues le vecteur principal » pour la sinisation des Hui. En avril 2018, les responsables publics « se sont mis à révoquer » les autorisations délivrées par l'État aux imams ayant la résidence d'une province autre que celle où ils pratiquent et aux imams ayant étudié à l'étranger. « Au Ningxia, des mosquées plus petites sans imam autorisé ont été carrément fermées ». Des imams dans les provinces de Henan et de Ningxia sont maintenant tenus d'assister à des séances de formation mensuelles et, d'après des imams interviewés par la NPR, dans le cadre de ces séances de formation « on leur enseigne l'idéologie communiste et la politique ethnique de l'État et ils discutent des discours de Xi Jinping ». Afin de renouveler leur autorisation chaque année, les imams doivent également réussir un examen visant à évaluer leurs « connaissances idéologiques » (NPR 26 sept. 2019).

Les renseignements contenus dans le paragraphe suivant sont tirés d'un article publié en 2020 par l'Agence France-Presse (AFP) :

À Linxia, le PCC [traduction] « a interdit aux moins de 16 ans de prendre part aux activités ou études religieuses » et les autorités locales ont aussi « strictement » restreint le nombre d'étudiants de plus de 16 ans autorisés à étudier dans chaque mosquée et ont « des démarches de certification restreintes » pour les nouveaux imams ». En janvier 2021, des responsables locaux à Linxia ont signé un décret, « s'engageant à veiller à ce qu'aucun particulier ou organisme "ne soutienne, organise, guide ou permette à des mineurs d'entrer dans des moquées pour y faire des études coraniques ou participer à des activités religieuses", ou ne les pousse à adopter des croyances religieuses ». Les imams se sont vus demander de consentir par écrit au décret, mais l'un d'eux a refusé provoquant « la fureur » des responsables locaux et poussant ses collègues à le « renier ». D'après un concierge à la mosquée locale, des inspecteurs se rendent sur les lieux « tous les deux ou trois jours » durant les vacances scolaires pour « s'assurer qu'aucun des quelque 70 garçons du village ne s'y trouvent ». Les autorités locales ont aussi « ordonné aux mosquées d'arborer des drapeaux nationaux et de ne plus faire retentir l'appel à la prière afin de réduire "la pollution sonore" – si bien que les haut-parleurs dans 335 mosquées ont été entièrement démontés » (AFP 1er avr. 2020).

Le Global Times, un quotidien chinois [traduction] « géré par le People's Daily », « le journal officiel du Parti communiste au pouvoir » (CNN 16 août 2019), écrit que, dans le cadre d'un forum en septembre 2017, des responsables de cinq communautés religieuses – bouddhiste, taoïste, musulmane, catholique et protestante – [traduction] « se sont mis d'accord » pour que « la direction des religions intègre ces dernières à la culture chinoise » (Global Times 6 janv. 2019).

3. Traitement réservé aux musulmans hui au sein de la société chinoise

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur le traitement réservé aux musulmans hui au sein de la société chinoise.

Le professeur agrégé a déclaré que les Hui subissent une discrimination sociale locale et que le [traduction] « gros problème » auquel font face les musulmans hui est le « niveau élevé » d'islamophobie dans la société chinoise; les personnes qui ne cachent pas leurs pratiques religieuses ou qui affichent des signes extérieurs de leur identité musulmane s'exposent à la discrimination sociale et à « différentes formes de violence » (professeur agrégé 20 sept. 2022). L'article de FP publié en 2019 signale aussi que l'islamophobie a [traduction] « pris de l'ampleur au cours des quatre [dernières] années » et que, par conséquent, les restaurants musulmans « retir[aient] de plus en plus tout étalage public de leur foi », par exemple « des écritures arabes et des images de mosquées célèbres » (FP 5 janv. 2019).

D'après le professeur agrégé, [traduction] « de manière générale », les « mauvais traitements et la discrimination » subis par les musulmans hui sont amorcés au niveau local par leurs voisins, qui sont au fait de leur foi même s'ils tentent de la cacher pour éviter d'être pris en cible (professeur agrégé 20 sept. 2022). La même source a ajouté que les musulmans hui sont [traduction] « le plus exposés à la haine et à la violence » dans les régions rurales et semi-rurales du Nord-Ouest, où les musulmans hui sont concentrés, parce que les Han qui vivent dans ces régions autonomes savent comment reconnaître les musulmans, ce qui fait en sorte qu'il est « facil[e] » de les cibler; le risque d'être ciblé est moins élevé dans les grandes villes qu'ailleurs au pays (professeur agrégé 20 sept. 2022).

La chercheuse principale de CHRD a souligné que le traitement réservé aux musulmans hui par la société varie selon la région géographique et que [traduction] « la discrimination sociale et le harcèlement » subis par les musulmans hui sont pires au Xinjiang (CHRD 20 sept. 2022). La même source a souligné qu'il y a [traduction] « beaucoup » de campagnes de dénigrement en ligne visant les musulmans qui « peuvent devenir explicitement extrémistes » (CHRD 20 sept. 2022).

Au sujet du traitement réservé aux musulmans hui par la société, le professeur auxiliaire a signalé que les musulmans hui [traduction] « partout en Chine », y compris dans le Nord-Ouest, « vivent paisiblement », en précisant que le gouvernement de la Chine a « de nombreuses raisons » d'éviter de susciter « l'animosité » au sein de la communauté musulmane hui, notamment les attaches ancestrales de la communauté avec les États du Golfe (professeur auxiliaire 22 sept. 2022). La même source fait aussi observer que le gouvernement de la Chine veut transmettre un [traduction] « message au reste du monde que l'État s'oppose seulement au séparatisme, et non à l'islam ou aux musulmans » (professeur auxiliaire 22 sept. 2022).

Selon le professeur agrégé, l'accès des musulmans hui à l'éducation, à l'emploi, au logement et aux soins de santé dépend des circonstances locales et des régions précises où ils vivent, mais s'ils cachent les signes de leur foi et leurs pratiques religieuses à l'extérieur des mosquées, on leur permet généralement d'accéder à l'éducation, aux soins de santé, au logement et à l'emploi (professeur agrégé 20 sept. 2022). La chercheuse principale de CHRD a aussi déclaré que l'accès à l'éducation, à l'emploi, au logement et aux soins de santé pour les musulmans hui varie d'une région à l'autre (CHRD 20 sept. 2022).

Le professeur agrégé a signalé que les musulmans hui peuvent accéder à l'éducation et fréquenter les écoles publiques (professeur agrégé 20 sept. 2022). Au sujet de l'accès à l'éducation, la chercheuse principale de CHRD a fait remarquer qu'il est [traduction] « interdit de plus en plus » de fréquenter des écoles à l'intérieur de mosquées, même s'il ne s'agit pas d'un programme d'instruction religieuse. La même source a fait état d'un cas au Ningxia où des musulmans hui ont tenté de gérer une école privée clandestine et, après avoir découvert la situation en mars 2021, les autorités ont détenu et interrogé des étudiants et arrêté les trois enseignants qui avaient mis sur pied l'école; l'un d'eux était encore en détention en date de septembre 2022 (CHRD 20 sept. 2022). La même source a ajouté que la [traduction] « principale » préoccupation pour ce qui est de l'accès à l'éducation est que les musulmans hui sont tenus de fréquenter des écoles publiques; or, dans les écoles publiques, il leur est interdit de porter leurs vêtements « habituels », on ne leur offre pas des aliments halal et les expressions de la religion sont interdites (CHRD 20 sept. 2022).

Au sujet de l'emploi, le professeur agrégé a déclaré que [traduction] « dans l'ensemble », on « encourage » les musulmans hui à faire carrière dans la fonction publique ou dans le commerce, mais on leur « déconseille » de choisir des professions religieuses (professeur agrégé 20 sept. 2022). La chercheuse principale de CHRD a fait remarquer que les employés du secteur public et des grandes entreprises [traduction] « doivent » renoncer à leurs pratiques religieuses islamiques (CHRD 20 sept. 2022).

Les renseignements contenus dans le paragraphe suivant ont été fournis par le professeur agrégé :

Les musulmans hui ont accès aux soins de santé courants [traduction] « dans l'ensemble » et ont toujours bénéficié de l'exemption à la politique de l'enfant unique pour les personnes appartenant à une minorité ethnique (professeur agrégé 20 sept. 2022). Dans certaines régions, les musulmans hui « peuvent » se heurter à la discrimination locale en matière d'accès au logement et aux soins de santé. Cette discrimination est moins fréquente dans le Nord-Ouest, comme au Xinjiang, au Gansu et au Ningxia, où les Hui sont nombreux. Toutefois, étant donné que la carte d'identité délivrée à tous les citoyens chinois précise leur appartenance ethnique, les Hui dans des endroits tels que le Sichuan et le Jiangxi « peuvent » être confrontés à des formes locales de discrimination faisant en sorte qu'il leur est « diffic[ile] » de trouver un logement ou de louer une chambre d'hôtel (professeur agrégé 20 sept. 2022).

4. Traitement réservé aux musulmans hui par les autorités chinoises

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur le traitement réservé aux musulmans hui par les autorités chinoises.

D'après le rapport de 2022 de Freedom House, [traduction] « [i]l est courant que des pratiques religieuses pacifiques soient punies au moyen d'accusations "d'extrémisme religieux", entraînant la détention, des peines d'emprisonnement et l'endoctrinement pour de nombreux […] musulmans hui » (Freedom House 28 févr. 2022, sect. D2).

Dans le rapport annuel 2021 de la CECC, on peut lire que [traduction] « [l]es responsables dans des régions comptant d'importantes populations de Hui ont poursuivi la mise en œuvre de politiques et mesures restreignant la capacité des musulmans hui de pratiquer leur religion et leur culture », et que les autorités ont démoli des mosquées hui, mis sous détention et sous surveillance des érudits et chefs religieux hui, et ordonné le retrait des inscriptions religieuses arabes dans les maisons et les commerces des musulmans hui (É.-U. 21 mars 2022, 12). La même source signale que [traduction] « [s]elon certaines informations, les autorités se sont mises à utiliser des technologies et systèmes de surveillance de masse initialement mis en œuvre dans [le Xinjiang] dans d'autres régions du pays abritant des populations importantes de Hui » (É.-U. 21 mars 2022, 12).

Le professeur agrégé a fait observer que, à part la surveillance [traduction] « généralisée » et le contrôle des pratiques religieuses islamiques, y compris l'interdiction des activités religieuses qui ne sont pas conformes à l'idéologie du régime, il n'y pas de mesure ou de programme gouvernemental en place visant spécifiquement à « maltraiter » les musulmans hui ou à « exercer de la discrimination » contre eux (professeur agrégé 20 sept. 2022).

Les renseignements contenus dans les deux paragraphes suivants ont été fournis par le professeur auxiliaire :

Les autorités chinoises veulent avoir la confiance des musulmans hui [traduction] « pour des raisons politiques ». Quant à la question de savoir si les musulmans hui pourraient faire appel à la police ou aux autorités judiciaires s'ils étaient victimes de mauvais traitements ou de violence, la source a signalé que l'État agit de manière « stric[te] » dans son maintien de l'ordre public et « ne fait habituellement pas de distinction » à cet égard. Il y a « peu ou pas d'indications » donnant à penser que les musulmans hui subissent un traitement « injust[e] » en raison de leur culture ou de leur religion. Toutefois, l'État athée « trace une démarcation claire » autour de la vie religieuse et « n'encourage pas » les musulmans hui à bâtir des mosquées de style moyen-oriental.

Étant donné que la communauté hui est « assimilée » au courant dominant de la société et que les Hui font preuve de « patriotisme », ils peuvent accéder à « tous » les services d'assistance sociale.

Dans les villes de premier rang comme Beijing, Shanghai et Guangzhou, les migrants hui reçoivent des prestations de chômage et d'autres types d'assistance sociale, au besoin. La situation est à peu près pareille dans les villes de deuxième rang comme Nanjing et Chengdu.

Toutefois, les programmes d'État dans la région « sous-développée » du Nord-Ouest de la Chine sont plus lents et moins efficaces comparativement à ceux des villes, à cause de la faiblesse de l'infrastructure des transports et des services sociaux de la région (professeur auxiliaire 22 sept. 2022).

Par contre, la chercheuse principale a déclaré que les autorités [traduction] « maltraitent » les musulmans hui et leur refusent « de plus en plus » le droit à la liberté de conscience religieuse, notamment au Xinjiang et au Ningxia (CHRD 20 sept. 2022). La même source a aussi fait observer que, au Xinjiang et au Ningxia, les gens sont surveillés et ne sont pas autorisés à quitter le pays, car ils doivent remettre leurs passeports aux autorités (CHRD 20 sept. 2022). La même source a ajouté que, au cours des [traduction] « dernières années », les musulmans hui ont « souvent » été harcelés ou détenus par la police, le « caractère extrême des actions policières » atteignant son point le plus grave au Xinjiang (CHRD 20 sept. 2022). De plus, selon la NPR, depuis avril 2019, les [traduction] « mêmes restrictions qui avaient précédé la campagne de répression au Xinjiang contre les musulmans ouïghours font leur apparition dans les régions à prédominance hui » avec les rénovations ou les fermetures forcées de mosquées hui, la démolition d'écoles et l'emprisonnement de chefs de la communauté religieuse, ainsi qu'avec les détentions « de plus en plus nombreuses » de Hui ayant voyagé à l'étranger (NPR 26 sept. 2019). D'après l'AFP, les musulmans à Linxia craignent maintenant [traduction] « une campagne de surveillance et de répression similaire » à celle précédemment subie par les Ouïghours au Xinjiang (AFP 1er avr. 2020). De même, l'article de FP signale que les musulmans hui ont [traduction] « "très peur d'être les suivants, après les Ouïghours" », les musulmans hui ayant déjà essuyé des « attaques » de la part de « groupes "anti-halal" » (FP 5 janv. 2019).

Le rapport de la CECC signale que [traduction] « les autorités ont placé des individus hui en détention officielle et dans des camps d'internement de masse au Xinjiang pour des actions en lien avec l'islam qui sont protégées par le droit international » (É.-U. 29 mars 2021, 4).

Des sources signalent que les motifs suivants ont servi à justifier la détention de personnes hui :

  • militer pour la liberté religieuse des musulmans (É.-U. 29 mars 2021, 4);
  • lire le Coran dans une mosquée (É.-U. 29 mars 2021, 4);
  • enseigner le Coran sur l'application WeChat (É.-U. 29 mars 2021, 4);
  • organiser des funérailles islamiques (FP 10 févr. 2020);
  • consulter du contenu religieux en ligne (FP 10 févr. 2020);
  • partager en ligne de la documentation liée au Coran (É.-U. 29 mars 2021, 5);
  • critiquer les mauvais traitements infligés aux musulmans chinois par les autorités (RFA 27 janv. 2020);
  • acheter des livres islamiques (NPR 21 nov. 2020);
  • construire une mosquée (FP 10 févr. 2020);
  • accomplir le hadj, le pèlerinage islamique à La Mecque (NPR 26 sept. 2019).

Selon Foreign Affairs, un magazine sur la politique étrangère américaine et les affaires internationales publié par le Conseil des relations étrangères (Council on Foreign Relations – CFR), [traduction] « une organisation mutuelle non partisane et sans but lucratif qui se voue à améliorer la compréhension de la politique étrangère américaine et des affaires internationales » (Foreign Affairs s.d.), la répression [traduction] « semble se répandre au-delà du Xinjiang aux communautés hui dans d'autres régions de la Chine, où les autorités démolissent les dômes islamiques, retirent les affiches en langue arabe et réduisent au silence l'appel à la prière à l'extérieur » (Foreign Affairs 7 janv. 2019). D'après la même source, les musulmans sont [traduction] « essentiellement laïcisés par la force » dans « des camps de rééducation » (Foreign Affairs 7 janv. 2019). Selon la NPR, des musulmans hui qui détenaient des documents d'identité enregistrés au Xinjiang, mais qui vivaient à l'extérieur de cette région, ont également été envoyés dans des prisons ou des camps de rééducation au Xinjiang (NPR 21 nov. 2020). La NPR signale que, au dire de résidents hui de Tongxin, des responsables locaux offrent des récompenses allant de 700 $US à 2 820 $US aux personnes [traduction] « qui dénoncent les comportements religieux suspects, tels que prêcher l'islam ou enseigner secrètement des textes islamiques » (NPR 26 sept. 2019).

D'après le professeur agrégé, dans le Nord-Ouest de la Chine [traduction] « de nombreuses » autorités locales, comme des policiers, des procureurs et des juges, appartiennent au groupe ethnique hui (professeur agrégé 20 sept. 2022). La même source a expliqué que le gouvernement de la Chine recrute des gens issus des minorités ethniques pour occuper des postes de policier, de procureur et de juge parce que cela crée des liens avec les minorités ethniques locales et procure un moyen [traduction] « facile » d'exercer un contrôle sur ces communautés (professeur agrégé 20 sept. 2022). Toutefois, la chercheuse principale de CHRD a déclaré que les musulmans hui qui se joignent à la fonction publique doivent renoncer à leurs pratiques religieuses islamiques (CHRD 20 sept. 2022).

5. Protection offerte par l'État et services de soutien

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur la protection offerte par l'État et les services de soutien dont disposent les musulmans hui en Chine.

Selon des sources, il n'y a pas de refuges publics ou de refuges privés officiels, ni de lignes d'urgence ou d'autres services d'assistance à la disposition des musulmans hui qui sont victimes de mauvais traitements ou de violence en Chine (professeur agrégé 20 sept. 2022; CHRD 20 sept. 2022). La chercheuse principale de CHRD a signalé qu'il y a seulement l'Association islamique de la Chine, dirigée par le gouvernement, qui peut organiser des activités religieuses, mais que sa mission consiste plutôt à veiller à ce que les pratiques et rites religieux soient conformes à l'idéologie du PCC (professeur agrégé 20 sept. 2022; CHRD 20 sept. 2022). Le professeur agrégé a déclaré qu'il existe des réseaux informels de musulmans hui qui pourraient venir en aide à un membre de la communauté qui aurait besoin d'un refuge, d'une aide à se réinstaller ou des services juridiques (professeur agrégé 20 sept. 2022). Toutefois, la même source a aussi fait observer que ces réseaux font l'objet d'une surveillance accrue et qu'il leur est de plus en plus difficile de continuer de fonctionner (professeur agrégé 20 sept. 2022). D'après un rapport de Human Rights Watch (HRW), le PCC a recours [traduction] « depuis longtemps » à la surveillance de masse et les organismes gouvernementaux recueillent « régulièrement » « une vaste gamme de renseignements personnels sur les gens » et relient ces renseignements à leur numéro de carte d'identification (HRW 1er mai 2019, 10). La même source signale que le gouvernement de la Chine utilise a placé des caméras de surveillance en circuit fermé partout dans le pays et que les autorités ont utilisé des technologies d'intelligence artificielle pour identifier des gens à partir des images de surveillance (HRW 1er mai 2019, 12). Selon le rapport de HRW, les autorités au Xinjiang se servent de la Plateforme intégrée d'opérations conjointes (Integrated Joint Operations Platform – IJOP), un programme qui agrège des données sur les personnes et signale aux autorités celles qu'il considère comme potentiellement dangereuses, pour effectuer une surveillance de masse et cibler et détenir certains d'entre elles (HRW 1er mai 2019, 1). Dans un rapport, le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas souligne qu'il y a un réseau [traduction] « dense » de postes de contrôle au Xinjiang qui « font en sorte qu'il est impossible de se déplacer de manière inaperçue dans la majeure partie de la province » (Pays-Bas 1er juill. 2020, paragr. 9.6.2).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] D'après l'Institut pour le Moyen-Orient (Middle East Institute – MEI), un groupe de réflexion non partisan dont le siège est à Washington (MEI s.d.), l'Association islamique de la Chine a été fondée en 1953 et était [traduction] « la seule association de musulmans chinois légalement agréée » à l'époque (MEI 14 juill. 2020). Dans un article publié dans le Journal of Muslim and Minority Affairs, Jörg Friedrichs, un professeur agrégé de science politique à l'Université d'Oxford qui a étudié les minorités musulmanes en Chine (University of Oxford s.d.), signale que l'Association islamique de la Chine est [traduction] « un organisme central officiel dirigé par l'État » dont le siège est à Beijing (Friedrichs 15 mars 2017, 16). La même source fait observer que les objectifs de l'Association sont les suivants : appuyer le Parti communiste chinois (PCC), [traduction] « "adapt[er] l'islam à la société socialiste" », « "réfut[er] les idées fausses de l'extrémisme religieux" », « "établ[ir] et amélior[er] les règles et règlements de gestion interne de l'islam" » et « "form[er] le personnel responsable de l'enseignement islamique" » (Friedrichs 15 mars 2017, 16).

[2] D'après The Atlas of Religion in China, en plus de l'Association islamique de la Chine au niveau national, au fil du temps, d'autres associations islamiques ont été mises sur pied aux niveaux administratifs inférieurs, y compris au niveau des provinces, des préfectures et des comtés (Yang avec Pettit 1er févr. 2018, 20). La même source souligne que ces associations locales [traduction] « sont indépendantes les unes des autres sur le plan organisationnel » et « ne sont pas des sections de l'association de niveau supérieur » (Yang avec Pettit 1er févr. 2018, 20).

[3] Bitter Winter est un [version française de Bitter Winter] « magazine en ligne sur la liberté religieuse et les droits humains en Chine », publié par le Centre d'étude sur les nouvelles religions (Centro studi sulle nuove religioni – CESNUR) (Bitter Winter s.d.). Selon son site Internet officiel, le CESNUR, dont le siège est en Italie, est un [traduction] « réseau d'organisations savantes indépendantes, néanmoins liées, dans divers pays, vouées à la promotion de la recherche universitaire » sur les nouveaux mouvements religieux (CESNUR s.d.).

Références

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Radio Free Asia (RFA). S.d. « Mission ». [Date de consultation : 18 sept. 2022]

University of Oxford. S.d. « Prof Jörg Friedrichs ». [Date de consultation : 12 oct. 2022]

Yang, Fenggang avec J.E.E. Pettit. 2018. Atlas of Religion in China: Social and Geographical Contexts. Boston : Brill.

Autres sources consultées

Sources orales : ChinaAid Association; China Support Network; Council on Foreign Relations; CSW – East Asia; doctorant et chargé de cours en politique internationale dans une université au Royaume-Uni dont les recherches portent principalement sur les droits de la personne en Chine, les Ouïghours et la politique de l'enfant unique; The Dui Hua Foundation; Human Rights in China; Human Rights in China; Human Rights Watch; International Centre for Criminal Law Reform and Criminal Justice Policy; Laogai Research Foundation; professeur agrégé dans une université américaine dont les recherches portent principalement sur le droit pénal et la réforme du système judiciaire en Chine; professeur agrégé dans une université australienne dont les recherches portent principalement sur les enjeux politiques liés à l'origine ethnique, la race et l'identité nationale dans la Chine contemporaine; professeur agrégé dans une université canadienne dont les recherches portent principalement sur l'autoritarisme et la politique contestataire en Chine; professeur agrégé dans une université chinoise dont les recherches portent principalement sur le droit en matière de procédure pénale, les procédures judiciaires, le droit de la preuve et les droits de la personne; professeur émérite dans une université américaine dont les recherches portent principalement sur l'Asie de l'Est, l'Asie centrale et l'histoire de l'islam; rédacteur et tuteur universitaire en mandarin et études chinoises dans une université australienne dont la thèse doctorale portait sur les minorités religieuses en Chine; Solidarité Chine; stagiaire postdoctoral dans une université américaine dont la thèse portait sur les enjeux touchant les Hui; Uyghur Rights Advocacy Project.

Sites Internet, y compris : Agence de Presse Xinhua; Al Jazeera; Amnesty International; AsiaNews; The Atlantic; Austrian Red Cross – ecoi.net; BBC; Belgique – Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides; Bertelsmann Stiftung; Brookings Institution; CBC; Center for Strategic and International Studies; China Change; China Daily; Chinese Human Rights Defenders; Council on Foreign Relations; The Dui Hua Foundation; États-Unis – Department of State, Library of Congress, US Commission on International Religious Freedom; Factiva; Fédération internationale pour les droits humains; Financial Times; Foreign Policy Research Institute; France – Office français de protection des réfugiés et apatrides; France 24; Global News; Global Times; The Globe and Mail; The Guardian; Hong Kong Free Press; Human Rights Foundation; Institute for War and Peace Reporting; International Center for Not-for-Profit Law; International Crisis Group; International Service for Human Rights; The Lancet; Los Angeles Times; Made in China Journal; Minority Rights Group International; Nations Unies – Refworld; The New Humanitarian; The New Yorker; Norvège – Landinfo; Organisation mondiale contre la torture; Organisation suisse d'aide aux réfugiés; People's Daily; Radio Asia; Reporters sans frontières; Reuters; Royaume-Uni – Home Office; Safeguard Defenders; South China Morning Post; Suisse – Secrétariat d'État aux migrations; The Times; Transparency International; Union européenne – European Union Agency for Asylum; Voice of America; The Washington Post.

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