Venezuela : information sur la situation politique, y compris la crise présidentielle (2020-janvier 2021) [VEN200428.EF]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur d’études latino-américaines à l’Université de l’État de New York à Albany qui étudie la politique vénézuélienne a affirmé que [traduction] « la situation politique [au Venezuela] est très instable depuis une vingtaine d’années » (professeur 6 janv. 2021). La même source a déclaré que, depuis 2016, le gouvernement du Venezuela [traduction] « a clairement pris un virage autoritaire [et] ce virage s’est accentué au cours des dernières années » (professeur 6 janv. 2021). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure adjointe de science politique à l’Université de la Caroline du Sud à Aiken qui étudie la politique vénézuélienne a décrit la situation politique au Venezuela comme étant [traduction] « incertaine, changeante et multidimensionnelle » (professeure adjointe 10 janv. 2021). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un analyste principal de l’International Crisis Group pour la région des Andes a fait observer que [traduction] « les libertés politiques font l’objet de sévères restrictions », et qu’il n’y a « pas d’État de droit » ni « aucun système judiciaire indépendant » (analyste principal 5 janv. 2021).

2. Élections à l’Assemblée nationale en décembre 2020

Selon des sources, le parti de Nicolás Maduro et ses alliés ont remporté les élections du 6 décembre à l’Assemblée nationale du Venezuela (International Crisis Group 21 déc. 2020, 2; Reuters 9 déc. 2020; BBC 5 janv. 2021). Des sources signalent que le parti de Nicolás Maduro et les partis qui lui sont alliés ont remporté 91 p. 100 des sièges à l’Assemblée nationale (Reuters 9 déc. 2020; Time 7 déc. 2020). Des sources soulignent que l’opposition (Reuters 9 déc. 2020), les [traduction] « principaux » partis d’opposition (International Crisis Group 21 déc. 2020, 2) ou [traduction] « la plupart » des candidats de l’opposition (BBC 5 janv. 2021) ont refusé de participer aux élections (International Crisis Group 21 déc. 2020, 2; BBC 5 janv. 2021; Reuters 9 déc. 2020). L’analyste principal a précisé que le taux de participation au scrutin était de 30 p. 100 (analyste principal 5 janv. 2021). D’après d’autres sources, le gouvernement du Venezuela a fait état d’un taux de participation de 30 ou 31 p. 100 aux élections de décembre 2020, tandis que les représentants de l’opposition estimaient que le taux était de moins de 20 p. 100, comparativement à un taux de participation de 70 ou 71 p. 100 aux élections législatives de 2015 (The Washington Post 7 déc. 2020; Time 7 déc. 2020).

L’analyste principal a déclaré ceci : [traduction] « c’étaient les pires conditions entourant la tenue d’un scrutin que nous ayons vues depuis de nombreuses années » (analyste principal 5 janv. 2021). De même, le professeur d’études latino-américaines a signalé que les élections de décembre 2020 avaient fait l’objet [traduction] « de critiques les qualifiant d’illégitimes » (professeur 6 janv. 2021). La professeure adjointe a affirmé que les élections parlementaires de 2020 [traduction] « n’étaient pas conformes aux normes internationales » (professeure adjointe 10 janv. 2021). Dans un article de l’Associated Press (AP) paru le 5 janvier 2021, on peut lire que ces élections ont été [traduction] « dénoncées et qualifiées de mascarade » par les États-Unis, l’Union européenne (UE) et plusieurs autres gouvernements étrangers (AP 5 janv. 2021). Selon une déclaration faite en janvier 2021 par le haut représentant au nom de l’UE, [version française de l’UE] « les élections n’ont [pas] respecté les normes internationales pour un processus crédible », et l’UE ne considère pas ces résultats comme « représentatifs de la volonté démocratique du peuple vénézuélien » (UE 6 janv. 2021).

Selon des sources, l’Assemblée nationale était la seule institution [[traduction] « majeure » (BBC 5 janv. 2021)] que le parti socialiste au pouvoir ne contrôlait pas encore (BBC 5 janv. 2021; Al Jazeera 5 janv. 2021; AP 5 janv. 2021). Dans un article paru dans le Time Magazine en décembre 2020, on peut lire que, avant les élections de décembre 2020, l’Assemblée nationale [traduction] « était considérée comme la dernière institution démocratiquement élue au Venezuela » et que, même si Nicolás Maduro avait retiré les pouvoirs de l’Assemblée nationale en 2017, elle demeurait importante pour l’opposition parce que, à compter de février 2019, Juan Guaidó s’était servi de son poste de président de l’Assemblée nationale pour appuyer sa revendication suivant laquelle il était le président intérimaire [traduction] « légitime » du Venezuela (Time 7 déc. 2020). Des sources signalent que l’opposition a tenu une [[traduction] « "consultation populaire" » (AP 12 déc. 2020)], une enquête à laquelle on pouvait répondre en ligne ou en personne et qui demandait aux Vénézuéliens s’ils voulaient un changement de gouvernement (AP 12 déc. 2020; Al Jazeera 12 déc. 2020) et s’ils acceptaient les résultats des élections de décembre 2020 (Al Jazeera 12 déc. 2020). D’après des sources, l’opposition a affirmé que plus de trois millions de personnes avaient participé en personne [au Venezuela (AP 12 déc. 2020)] et que 2,4 millions (Al Jazeera 12 déc. 2020) ou plus de 2,5 millions (AP 12 déc. 2020) avaient participé en ligne (AP 12 déc. 2020; Al Jazeera 12 déc. 2020); ces chiffres [traduction] « n’ont pas pu être vérifiés de façon indépendante » (Al Jazeera 12 déc. 2020).

Reuters a signalé que l’Assemblée nationale constituante (Asamblea Nacional Constituyente - ANC) du Venezuela, [traduction] « une assemblée législative progouvernementale créée en 2017 qui a été fortement critiquée parce qu’elle minait la démocratie, cesser[ait] ses activités » avant la fin de 2020 et que, de l’avis de Nicolás Maduro, l’ANC n’était plus nécessaire à la suite des élections de décembre 2020 (Reuters 19 déc. 2020). Dans un rapport publié en décembre 2020 par l’International Crisis Group sur la situation politique au Venezuela après les élections à l’Assemblée nationale en décembre 2020, on peut lire que l’ANC a été constituée en 2017, à la suite d’élections boycottées par l’opposition, et qu’elle devait servir [traduction] « de substitut » à l’Assemblée nationale qui était contrôlée par l’opposition (International Crisis Group 21 déc. 2020, 1). Reuters explique que l’ANC [traduction] « avait pour mandat officiel de réformer la constitution, mais dans les faits, elle a fini par supplanter l’assemblée législative sous le contrôle de l’opposition et congédier les fonctionnaires qui défiaient le gouvernement » (Reuters 19 déc. 2020).

Selon l’article de l’AP du 5 janvier 2021, en décembre 2020, [traduction] « des législateurs anti-Maduro » se sont rencontrés en ligne et ont voté en vue de prolonger leur mandat découlant de leur « victoire écrasante » aux élections de 2015 pour une période additionnelle de 12 mois et en vue de fonctionner « par l’entremise d’un comité auxiliaire normalement réservé aux périodes de congé de l’assemblée législative » (AP 5 janv. 2021). La même source fait observer que [traduction] « les juges de la Cour suprême fidèles à Nicolás Maduro ont immédiatement invalidé cette mesure » (AP 5 janv. 2021). De même, d’après un article de la BBC de janvier 2021, Juan Guaidó a annoncé le 26 décembre 2020 que l’Assemblée nationale sortante continuerait de se réunir et de légiférer; la source ajoute que [traduction] « l’Assemblée nationale contrôlée par l’opposition a voté pour prolonger sa période législative "jusqu’à ce que la démocratie soit rétablie" » (BBC 5 janv. 2021). La même source signale que, le 5 janvier 2021, l’Assemblée nationale sortante a tenu sa propre cérémonie d’assermentation et que Juan Guaidó a été réélu président de l’Assemblée (BBC 5 janv. 2021). L’analyste principal a affirmé que ce qui reste de l’Assemblée nationale sortante a voté en vue de modifier la loi sur la transition, que le gouvernement ne reconnaît pas, de manière à déclarer que l’Assemblée nationale entrante est illégitime (analyste principal 5 janv. 2021). La même source a affirmé que l’Assemblée nationale sortante avait aussi prolongé la présidence intérimaire pour une période indéfinie et avait voté pour demeurer l’Assemblée nationale jusqu’à ce qu’il y ait [traduction] « des élections libres et équitables » (analyste principal 5 janv. 2021).

La professeure adjointe a déclaré que, [traduction] « [d]epuis les élections de 2020, le Venezuela est en proie à une crise politique encore plus intense et plus incertaine qui entraînera une augmentation de la persécution envers les dirigeants de l’opposition, les citoyens, les membres des médias et les groupes non gouvernementaux », parce que Nicolás Maduro contrôle maintenant tous les pouvoirs du gouvernement et que l’opposition a perdu l’Assemblée nationale (professeure adjointe 10 janv. 2021).

3. Crise présidentielle

Selon l’article de l’AP du 5 janvier 2021, la victoire des alliés de Nicolás Maduro aux élections législatives de décembre 2020 [traduction] « semble avoir réduit à l’insignifiance l’opposition dirigée par le législateur Juan Guaidó et soutenue par les États-Unis » (AP 5 janv. 2021). De même, le professeur d’études latino-américaines a affirmé que le gouvernement Maduro a pris le contrôle de l’assemblée législative et que [traduction] « Juan Guaidó n’a plus véritablement de rôle à jouer » (professeur 6 janv. 2021). Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un chargé d’enseignement principal à l’Université de La Trobe à Melbourne, en Australie, dont les recherches portent sur la démocratie et l’État de droit et sur le Venezuela en particulier, a signalé que [traduction] « la situation de Juan Guaidó est très précaire » (chargé d’enseignement principal 7 janv. 2021). La même source a ajouté que le gouvernement du Venezuela est [traduction] « en train de consolider son pouvoir » et que l’opposition risque de devenir « un gouvernement en exil perpétuel » (chargé d’enseignement principal 7 janv. 2021). Le professeur d’études latino-américaines a aussi déclaré que [traduction] « Nicolás Maduro est effectivement le seul dirigeant – un dirigeant autoritaire, mais le seul véritable dirigeant » (professeur 6 janv. 2021). L’article du Time Magazine de décembre 2020 fait observer que [traduction] « la perte du contrôle officiel de l’assemblée a fragilisé encore plus la revendication de la présidence [par Juan Guaidó] et accentué la dérive du Venezuela vers la dictature pure et simple » (Time 7 déc. 2020). L’analyste principal a affirmé que [traduction] « Nicolás Maduro a consolidé son pouvoir depuis les récentes élections » et que l’opposition est affaiblie (analyste principal 5 janv. 2021). La même source a signalé que, au cours des deux dernières années, [traduction] « il y avait clairement deux parties qui s’affrontaient dans cette crise, mais l’opposition est maintenant fragmentée » (analyste principal 5 janv. 2021). La professeure adjointe a déclaré [traduction] « [qu’]il n’y a pas de fondement constitutionnel pour la crise présidentielle opposant Juan Guaidó et Nicolás Maduro »; le 5 janvier 2021, le mandat de l’Assemblée nationale de 2015-2020 a pris fin, si bien que Juan Guaidó n’est plus le président de l’Assemblée nationale (professeure adjointe 10 janv. 2021). La même source a souligné que [traduction] « [l]a tentative de l’opposition de renouveler son mandat en tenant un référendum consultatif en ligne ne repose pas elle non plus sur aucun fondement constitutionnel » (professeure adjointe 10 janv. 2021). Cependant, la même source a ajouté que, [traduction] « compte tenu des irrégularités de l’élection présidentielle de mai 2018, la réélection de Nicolás Maduro n’est pas légitime » (professeure adjointe 10 janv. 2021).

Le professeur d’études latino-américaines a fait observer que [traduction] « l’UE a fait référence à [Juan Guaidó] en disant qu’il était l’ancien président de l’assemblée législative » (professeur 6 janv. 2021). Selon Reuters, le 6 janvier 2021, l’UE a annoncé qu’elle [traduction] « ne peut plus reconnaître légalement le chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaidó comme chef d’État légitime du pays » puisqu’il a « perdu son poste de chef du parlement » (Reuters 6 janv. 2021). De même, dans un article paru le 6 janvier 2021 dans le Financial Times (FT), qui est à la fois une organisation de presse et un journal portant sur l’actualité économique (FT s.d.), on peut lire que [traduction] « l’UE a retiré sa reconnaissance de facto » de Juan Guaidó comme président intérimaire du Venezuela (FT 6 janv. 2021). D’après un article de l’AP du 6 janvier 2021, l’UE a publié une déclaration [traduction] « promettant de maintenir son "engagement" » envers Juan Guaidó, mais elle ne lui a pas attribué le titre de « président intérimaire », comme elle l’avait fait dans des déclarations précédentes (AP 6 janv. 2021). Toutefois, la même source a précisé que, d’après un représentant anonyme de l’UE, la position de l’UE à l’égard de Juan Guaidó n’a pas changé; la déclaration visait principalement à [traduction] « rejeter les "élections non démocratiques" » à la nouvelle Assemblée nationale, et « "[a]ctuellement, 25 pays membres de l’UE reconnaissent le président de l’Assemblée nationale Juan Guaidó à titre de président intérimaire du Venezuela » (AP 6 janv. 2021). Le haut représentant de l’UE a déclaré ce qui suit en janvier 2021 :

[version française de l’UE]

L’UE maintiendra son engagement auprès de tous les acteurs politiques et de la société civile qui s’efforcent de ramener la démocratie au Venezuela, notamment Juan Guaidó et d’autres représentants de l’Assemblée nationale sortante élue en 2015, qui était la dernière expression libre des Vénézuéliens lors d’un processus électoral (UE 6 janv. 2021).

Reuters signale que les États-Unis et le Royaume-Uni reconnaissent encore Juan Guaidó comme [traduction] « dirigeant légitime du Venezuela » (Reuters 6 janv. 2021). Reuters précise également que, le 4 janvier 2021, le Département du Trésor des États-Unis a réaffirmé son soutien envers Juan Guaidó en délivrant un nouveau permis autorisant certaines transactions avec Juan Guaidó et l’Assemblée nationale contrôlée par l’opposition vénézuélienne, malgré les sanctions américaines visant le Venezuela (Reuters 4 janv. 2021). La même source ajoute que le Département du Trésor des États-Unis n’a pas autorisé de transactions avec l’ANC dirigée par Nicolás Maduro ou avec la nouvelle Assemblée nationale (Reuters 4 janv. 2021). De plus, d’après l’article de l’AP du 6 janvier 2021, le Groupe de Lima, une coalition de pays regroupant notamment la Colombie, le Brésil, le Chili et le Canada, a publié le 5 janvier 2021 une déclaration [traduction] « rejetant la nouvelle assemblée » et reconnaissant « l’ancienne » Assemblée nationale dirigée par Juan Guaidó (AP 6 janv. 2021).

4. Réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19

Des sources signalent que Nicolás Maduro s’est servi de la pandémie de COVID-19 pour renforcer son [traduction] « emprise sur le pouvoir » (FP 10 août 2020; AP 28 juill. 2020). Dans son rapport de décembre 2020, l’International Crisis Group écrit que le président a imposé des mesures de confinement après que le gouvernement a signalé le premier cas de COVID-19 au Venezuela le 13 mars 2020 (International Crisis Group 21 déc. 2020, 5). Selon la même source, le gouvernement a également limité les déplacements en vue de contenir le virus, [traduction] « a restreint davantage la liberté de presse et a accentué la centralisation du pouvoir » (International Crisis Group 21 déc. 2020, 5). Human Rights Watch (HRW) souligne que les autorités au Venezuela [traduction] « se sont servies des mesures visant à freiner la propagation de la COVID-19 comme prétexte pour réprimer les voix dissidentes et intensifier leur contrôle sur la population » et que, depuis que l’état d’urgence a été déclaré en mars 2020, les autorités « ont arbitrairement détenu et traduit en justice des dizaines de journalistes, de travailleurs de la santé, d’avocats spécialisés en droits de la personne et d’adversaires politiques » (HRW 28 août 2020). Le professeur d’études latino-américaines a fait observer que [traduction] « la nature répressive du gouvernement a facilité la lutte contre la pandémie » et que « le gouvernement a aussi tiré avantage de la pandémie » (professeur 6 janv. 2021). La professeure adjointe a affirmé que la gestion de la pandémie de COVID-19 par le Venezuela est devenue [traduction] « autoritaire » et que la pandémie a servi d’excuse pour exercer un contrôle accru sur la vie des citoyens (professeure adjointe 10 janv. 2021). La même source a ajouté que la pandémie de COVID-19 avait donné l’occasion au régime de mettre en place des mesures visant à [traduction] « interdire les manifestations, attaquer des dissidents et emprisonner des citoyens » et avait réduit la capacité de l’opposition à mobiliser des appuis (professeure adjointe 10 janv. 2021). Dans un article publié en août 2020 par Foreign Policy (FP), un magazine des États-Unis sur la politique et l’économie dans le monde (FP 3 janv. 2009), on peut lire que le gouvernement du Venezuela s’est servi de l’armée pour faire respecter un couvre-feu national et des mesures de distanciation sociale, et que Nicolás Maduro et ses alliés [traduction] « se servent [de la crise de la COVID-19] pour renforcer leur domination sur l’opposition » (FP 10 août 2020). D’après un article de l’AP paru en juillet 2020, des militants pour les droits de la personne signalent que le gouvernement [traduction] « utilise la quarantaine pour éroder davantage les libertés civiles » (AP 28 juill. 2020).

Selon l’article de l’AP de juillet 2020, le nombre de cas de COVID-19 recensés par le gouvernement du Venezuela est [traduction] « probablement sous-évalué dans une large mesure en raison du faible taux de dépistage » (AP 28 juill. 2020). L’analyste principal a déclaré que [traduction] « le gouvernement n’a pas fait preuve de transparence concernant le nombre de cas [de COVID-19] », et que « la plupart » des épidémiologistes croient qu’il y a « beaucoup plus » de cas que ce que signale le gouvernement (analyste principal 5 janv. 2021). La même source a affirmé que le gouvernement [traduction] « réagit très fermement envers quiconque diffuse des renseignements divergents », comme les journalistes, et que ces personnes sont traduites en justice au titre de la loi contre la haine (Ley Contra el Odio) (analyste principal 5 janv. 2021). La professeure adjointe a écrit que le gouvernement du Venezuela [traduction] « ne diffuse pas de rapports périodiques sur le dépistage » pour chaque jour ou chaque État (professeure adjointe 10 janv. 2021). D’après l’article du FP, des journalistes ont déclaré avoir été victimes de harcèlement de la part des autorités et des partisans de Nicolás Maduro pendant leurs reportages sur la pandémie (FP 10 août 2020). L’article de l’AP de juillet 2020 cite Foro Penal, un groupe de défense des droits des prisonniers à Caracas, qui a affirmé que [traduction] « 281 personnes que le groupe considère comme étant des prisonniers politiques » avaient été arrêtées au moment de la publication, la majorité de ces arrestations ayant eu lieu durant la quarantaine (AP 28 juill. 2020). La même source signale que des journalistes et des médecins [traduction] « qui [ont] dénoncé la gestion du coronavirus par le gouvernement » figurent parmi les personnes arrêtées (AP 28 juill. 2020). Amnesty International signale que des travailleurs de la santé ont été emprisonnés pour avoir dénoncé leurs conditions de travail; en date du 18 août 2020, l’organisation avait été informée [version française d’Amnesty International] « qu’au moins 12 » personnes travaillant dans le domaine de la santé avaient été détenues au cours de la pandémie, et que « les droits à une procédure équitable ont été violés pour un grand nombre d’entre elles, qui n’ont pas été informées des accusations retenues contre elles » (Amnesty International 18 août 2020). Le chargé d’enseignement principal a déclaré que la société civile est [traduction] « maintenant de plus en plus harcelée et prise pour cible » (chargé d’enseignement principal 7 janv. 2021). D’après HRW, depuis novembre 2020, les autorités vénézuéliennes [traduction] « ont mené une campagne systématique contre les groupes humanitaires et les groupes de défense des droits de la personne présents dans le pays, notamment par le gel de comptes bancaires, la délivrance de mandats d’arrestation et des descentes policières dans leurs bureaux, ainsi que la détention de certains membres pour interrogatoire » (HRW 21 déc. 2020). La même source signale que, le 23 novembre 2020, les autorités ont délivré un mandat d’arrestation contre six travailleurs humanitaires d’Alimenta la Solidaridad, un organisme caritatif qui offre des soupes populaires et distribue des repas aux enfants et aux travailleurs de la santé (HRW 21 déc. 2020). De plus, HRW signale que, le 15 décembre 2020, des agents des Forces d’action spéciales (Fuerza de Acción Especial - FAES), une unité spéciale de la Police nationale bolivarienne (Policía Nacional Bolivariana - PNB), [traduction] « ont fait une descente » dans les locaux de Convite, « une organisation de défense des droits de la personne qui veille au respect des droits des personnes âgées au Venezuela » et qui distribue de l’aide humanitaire (HRW 21 déc. 2020).

4.1 Traitement réservé aux personnes qui retournent au Venezuela pendant la pandémie de COVID-19

D’après l’analyste principal, des dizaines de milliers de Vénézuéliens sont retournés au Venezuela à cause de la pandémie (analyste principal 5 janv. 2021). La même source a fait observer que [traduction] « le gouvernement a traité les rapatriés très durement et que les conditions de quarantaine sont très mauvaises » (analyste principal 5 janv. 2021). L’analyste principal a affirmé que les personnes qui reviennent de l’étranger [traduction] « suscitent la méfiance des autorités » (analyste principal 5 janv. 2021). Dans un rapport sur la situation des Vénézuéliens qui sont retournés au pays pendant la pandémie de COVID-19, publié en septembre 2020 par l’Organisation des États américains (OEA), on peut lire que le gouvernement du Venezuela [traduction] « a mis en œuvre de multiples mesures pour que les gens qui reviennent au pays subissent de la réprobation sociale et de la discrimination et soient traités comme des criminels » (OAS sept. 2020, 7). Selon des sources, des migrants vénézuéliens qui rentraient au pays ont été traités comme des [traduction] « "armes biologiques" » par les autorités (analyste principal 5 janv. 2021; professeure adjointe 10 janv. 2021; The Washington Post 19 juill. 2020). La professeure adjointe a souligné que le gouvernement avait offert des conditions de quarantaine [traduction] « déplorables » aux migrants vénézuéliens de retour au pays, et que les installations de quarantaine gérées par le gouvernement étaient surpeuplées et contaminées (professeure adjointe 10 janv. 2021). Dans un article publié en octobre 2020, HRW fait état d’une étude sur les [traduction] « mauvais » traitements infligés aux rapatriés, menée en collaboration avec le Centre de la santé publique et des droits de la personne (Center for Public Health and Human Rights) et le Centre de la santé humanitaire (Center for Humanitarian Health) de l’Université Johns Hopkins (HRW 13 oct. 2020). Cette étude, fondée sur 76 entrevues réalisées de juin à septembre 2020 auprès d’un éventail de gens, dont 23 rapatriés, a révélé que les centres de quarantaine étaient [traduction] « gravement » surpeuplés et a fait état de leurs conditions insalubres, entre autres du manque d’eau et de produits d’hygiène de base, et de l’accès limité aux soins médicaux et à la nourriture (HRW 13 oct. 2020). La même source souligne que [traduction] « [l]es conditions décrites par les rapatriés contribueront probablement à la propagation du virus » (HRW 13 oct. 2020). De même, des rapatriés interviewés par le Guardian ont fait état de conditions insalubres dans des centres de quarantaine qui pourraient [traduction] « facilement » favoriser la propagation de la COVID-19 (The Guardian 16 avr. 2020). D’après Reuters, des législateurs ont déclaré que les écoles et les édifices publics inutilisés où les rapatriés [traduction] « ont reçu l’ordre » de rester sont surpeuplés et « ne disposent pas » des conditions sanitaires requises pour prévenir la propagation de la COVID-19 (Reuters 7 avr. 2020).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

 

Références

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Reuters. 7 avril 2020. Anggy Polanco et Vivian Sequera. « Venezuelan Migrants Quarantined in Crowded Shelters as They Return Home ». [Date de consultation : 19 janv. 2021]

Time Magazine (Time). 7 décembre 2020. Ciara Nugent. « 'Maduro's Grip on the System Is Now Total.' Venezuela's Opposition Faces Uncertain Future After Parliamentary Elections ». [Date de consultation : 5 janv. 2021]

Union européenne (UE). 6 janvier 2021. Conseil de l’Union européenne. « Venezuela: Declaration by the High Representative on Behalf of the European Union ». [Date de consultation : 6 janv. 2021]

The Washington Post. 7 décembre 2020. Ana Vanessa Herrero. « Maduro Consolidates Power in Venezuela, Dominating Election Boycotted by Opposition ». [Date de consultation : 4 janv. 2021]

The Washington Post. 19 juillet 2020. Ana Vanessa Herrero, Anthony Faiola et Mariana Zuñiga. « As Coronavirus Explodes in Venezuela, Maduro's Government Blames 'Biological Weapon': The Country's Returning Refugees ». [Date de consultation : 4 janv. 2021]

Autres sources consultées

Sources orales : chargé d’enseignement en science politique dans une université canadienne qui étudie la politique latino-américaine; chercheur postdoctoral dans une université britannique dont les études portent sur l’autoritarisme en Amérique latine; professeur dans une université du Venezuela qui étudie l’histoire politique contemporaine du Venezuela; professeur d’études latino-américaines dans une université de la Floride qui étudie le populisme et l’autoritarisme; professeur de sociologie dans une université de la Louisiane dont les études portent sur le Venezuela; Washington Office on Latin America.

Sites Internet, y compris : Bloomberg; Brookings Institution; CBC; CNN; Coordinadora Regional de Investigaciones Económicas y Sociales; Council on Foreign Relations; ecoi.net; Factiva; Fédération internationale pour les droits humains; Inter-American Dialogue; Médecins sans frontières; Nations Unies – Refworld; The New York Times; Pays-Bas – Ministry of Foreign Affairs; Union européenne – European Asylum Support Office; Washington Office on Latin America; Wilson Center.

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