Pakistan : information sur les différences entre les musulmans chiites et les musulmans sunnites; la démarche pour se convertir au chiisme; la situation des musulmans chiites et le traitement qui leur est réservé par la société et les autorités, particulièrement dans les grandes villes (Lahore, Islamabad, Karachi, Hyderabad); la protection offerte par l’État (2018-novembre 2020) [PAK200384.EF]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Différences entre les musulmans chiites et les musulmans sunnites

Selon des sources, il n’y a pas de chiffre officiel pour ce qui est du nombre de musulmans chiites au Pakistan (chargé de cours 23 nov. 2020; chercheur principal 19 nov. 2020). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chargé de cours en études islamiques et moyen-orientales à l’Université de Fribourg en Allemagne, dont les champs d’intérêt incluent l’islam moderne et tout particulièrement dans le chiisme en Asie du Sud et au Moyen-Orient, a déclaré [traduction] « [qu’]il est généralement admis que les musulmans chiites représentent à peu près de 15 à 20 p. 100 de la population du Pakistan » (chargé de cours 23 nov. 2020). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chercheur principal à l’Institut Manohar Parrikar d’études et d’analyses de la défense (Manohar Parrikar Institute for Defence Studies and Analyses - MP-IDSA) [1] qui a rédigé des articles sur les relations entre les sunnites et les chiites au Pakistan, a signalé que, d’après l’Oxford Dictionary of Islam, de 10 à 15 p. 100 des musulmans au Pakistan sont chiites (chercheur principal 19 nov. 2020). De même, dans un rapport sur les pays préparé par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (Department of Foreign Affairs and Trade - DFAT) de l’Australie et paru en février 2019, on peut lire que, selon les résultats provisoires du recensement national de 2017, de 10 à 15 p. 100 des musulmans au Pakistan sont chiites (Australie 20 févr. 2019, paragr. 3.72).

1.1 Différences sur le plan religieux

La scission entre les sectes chiite et sunnite de l’islam remonte à une dispute au sujet de l’identité de celui qui devait diriger la communauté musulmane après le décès du prophète Mahomet (The New York Times 3 janv. 2016; CFR [févr. 2016]; Business Insider 4 oct. 2015).

Selon le chercheur principal,

[traduction]

la fracture entre les sunnites et les chiites existe depuis près de 1 400 ans, remontant à une dispute au sujet de l’identité de celui qui devait succéder au prophète Mahomet à la tête de la communauté musulmane, après le décès du Prophète en 632 [de notre ère]. Ces groupes distincts ont d’abord pris forme peu après la mort du prophète Mahomet, en raison d’un différend concernant sa succession. La majorité appuyait la succession d’Abou Bakr, un des plus fidèles compagnons du Prophète et [son] beau-père, tandis qu’un groupe assez important appuyait Ali, le cousin et gendre du Prophète. Les partisans d’Ali étaient appelés Chiat Ali (ce qui signifie à peu près « le parti d’Ali ») (chercheur principal 19 nov. 2020).

D’après le chargé de cours en études islamiques et moyen-orientales,

[traduction]

initialement, la divergence entre les sunnites et les chiites portait seulement sur la question de savoir qui devait diriger la communauté musulmane. De l’avis des chiites, il ne revenait pas aux premiers membres de la communauté musulmane de décider qui serait à sa tête. Dieu avait [plutôt] choisi une lignée de descendants masculins du prophète Mahomet, les imams. Il s’ensuit également que les chiites se reportent à des écrits qui diffèrent. Bien qu’ils lisent le même Coran que les sunnites, ils ont des récits du Prophète et des imams qui diffèrent de ceux des sunnites (un recueil d’écrits qui sont désignés sous le nom de hadiths) (chargé de cours 23 nov. 2020).

La même source a ajouté que, [traduction] « au Pakistan particulièrement, il y a une grande diversité parmi les chiites » (chargé de cours 23 nov. 2020). Le rapport publié par le DFAT de l’Australie souligne que [traduction] « [l]a plupart des chiites au Pakistan sont des adeptes du chiisme duodécimain (athna ashariya), avec un plus petit nombre d’ismaéliens nizarites, de bohras daoudis et de bohras sulaymanis. La plupart des groupes ethniques, linguistiques et tribaux du Pakistan comprennent des adeptes de l’islam chiite » (Australie 20 févr. 2019, paragr. 3.74, en italique dans le texte original).

Le chercheur principal a signalé que, avec le temps, la fracture entre les chiites et les sunnites s’est élargie en raison de différences sur le plan de la théologie et des pratiques religieuses (chercheur principal 19 nov. 2020). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur d’études islamiques à l’université Clemson en Caroline du Sud a affirmé que les sunnites et les chiites ont des différences religieuses et théologiques, ainsi que des pratiques et des rituels distincts (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020).

Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un représentant de l’Institut Jinnah (Jinnah Institute), un laboratoire d’idées pour la recherche sur les politiques et la défense des intérêts publics au Pakistan (Jinnah Institute s.d.), a affirmé que les chiites ont des mosquées distinctes et des lieux de culte distincts, et que les personnes qui fréquentent les mosquées chiites seront identifiées comme étant de confession chiite (Jinnah Institute 19 nov. 2020). La même source a signalé que les chiites tiennent [traduction] « de grandes commémorations » (Jinnah Institute 19 nov. 2020). De même, au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un professeur d’islam et de politique au département de religion à l’École des études orientales et africaines (School of Oriental and African Studies - SOAS) de Londres a déclaré qu’une des différences entre les chiites et les sunnites a trait aux cérémonies auxquelles ils assistent (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). La même source a souligné que les chiites tiennent des cérémonies publiques à l’extérieur, particulièrement durant les dix premiers jours de moharram [2], et que, dans les quartiers mixtes, les sunnites assistent aux cérémonies chiites (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). Le chargé de cours en études islamiques et moyen-orientales a affirmé que la participation aux cérémonies de deuil est [traduction] « très importante » pour les chiites, « particulièrement celles liées à la bataille de Karbala en 680 où Hussein, le petit-fils du prophète Mahomet, a été tué » (chargé de cours 23 nov. 2020). La même source a signalé que [traduction] « les défilés publics sont d’une importance cruciale pour créer des liens communautaires, pour afficher la présence chiite au Pakistan et à l’étranger, et pour respecter l’obligation de pleurer Hussein » (chargé de cours 23 nov. 2020).

Selon des sources, les chiites et les sunnites prient de façons différentes (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020; chargé de cours 23 nov. 2020; professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). Le professeur d’islam et de politique a signalé que, [traduction] « pendant la prière, les chiites laissent leurs mains sur le côté au lieu de les joindre » (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). De même, le chargé de cours a déclaré que, [traduction] « quand les chiites se lèvent pendant la prière, ils laissent les mains sur les côtés du corps, au lieu de les placer l’une sur l’autre à la hauteur de la poitrine comme le font les musulmans sunnites. Après la prière, les chiites lèvent les mains depuis leurs genoux trois fois et récitent "Allahou Akbar" trois fois » (chargé de cours 23 nov. 2020). La même source a souligné que, bien que les chiites prient cinq fois par jour comme les sunnites, ils combinent ces cinq prières en trois périodes de prière (chargé de cours 23 nov. 2020). Dans un article publié en mai 2017 dans The Conversation [3], article rédigé par un candidat au doctorat qui étudie la religion dans les Amériques et l’islam dans le monde à l’Université de la Floride, on peut lire que [traduction] « les chiites et les sunnites divergent d’avis sur la prière » : « [t]ous les musulmans sunnites croient qu’ils doivent prier cinq fois par jour, mais les chiites peuvent grouper ces prières en trois périodes » (Chitwood 23 mai 2017). Selon le site Internet du Centre des études islamiques chiites (Centre for Islamic Shi'a Studies - CISS), un centre de recherche qui [traduction] « vise à offrir un regard chiite éclairé et érudit sur des questions traditionnelles et contemporaines qui touchent autant les musulmans que les non-musulmans » (CISS s.d.a), les chiites [traduction] « croient que l’islam permet de combiner les prières de Dohr et d’Asr et les prières de Maghreb et d’Icha » (CISS s.d.b). Le chargé de cours a ajouté que les croyants chiites utilisent [traduction] « souvent » un morceau d’argile séché pendant la prière « qui provient normalement du sol de Karbala en Iraq » (chargé de cours 23 nov. 2020). Sur le site Internet du CISS, il est signalé que, d’après la jurisprudence chiite, les prières doivent être récitées seulement sur [traduction] « des éléments naturels tirés de la terre qui ne peuvent être ni mangés ni usés » et que « [c]ette interprétation a poussé de nombreux chiites à adopter la solution commode de prier sur des tablettes d’argile » (CISS s.d.b). La même source souligne que [traduction] « les chiites préfèrent se prosterner sur l’argile en provenance de Karbala, en raison des nombreuses traditions liées au caractère spirituel et sacré de son sol » (CISS s.d.c).

1.2 Traits distinctifs

Pour obtenir des renseignements au sujet des traits distinctifs des musulmans chiites, veuillez consulter la réponse à la demande d’information PAK106393 publiée en janvier 2020. Le professeur d’islam et de politique a signalé que, [traduction] « dans le quotidien, il y a peu de différences » entre les sunnites et les chiites au Pakistan, et il n’existe pas de « différences véritables sur le plan physique » (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). De même, dans le rapport publié par le DFAT de l’Australie, il est signalé que [traduction] « [l]a plupart des chiites pakistanais ne se distinguent pas des sunnites pakistanais par des traits physiques ou par leur langue » (Australie 20 févr. 2019, paragr. 3.92). Le professeur d’études islamiques a affirmé que si les chiites n’appartiennent pas à un groupe ethnique, linguistique ou culturel distinct, il est moins facile de les reconnaître (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020). D’après le représentant de l’Institut Jinnah, il est facile de reconnaître les chiites hazaras et les gens du Nord, et on présume généralement que les gens provenant de ces régions sont chiites; toutefois, [traduction] « cela n’est pas aussi manifeste » chez les habitants de la province du Pendjab et d’autres régions (Jinnah Institute 19 nov. 2020). La même source a ajouté que [traduction] « [m]ême dans les grandes villes, les gens peuvent distinguer les chiites du reste de la population », en signalant que les chiites portent la barbe différemment et ont une bague à la main droite (Jinnah Institute 19 nov. 2020). Selon le professeur d’islam et de politique, certains chiites portent un anneau turquoise; toutefois, le port d’un tel anneau est à la mode [traduction] « de nos jours » et, par conséquent, ne permet pas de conclure que celui qui le porte est chiite (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). La même source a déclaré que certains chiites s’adonnent à [traduction] « plus que de la flagellation légère (se frappant avec de gros couteaux) », ce qui laisse des cicatrices (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). Dans un article paru en août 2020, Al Jazeera écrit que, à l’occasion de l’Achoura, une fête religieuse chiite qui commémore la mort de l’imam Al-Hussein, le petit-fils du prophète Mahomet, [traduction] « certains » chiites se flagellent avec des chaînes et des épées émoussées pour « illustrer la souffrance que l’imam Al-Hussein a éprouvée » avant sa mort (Al Jazeera 28 août 2020). D’après le rapport publié par le DFAT de l’Australie, [traduction] « [l’]automutilation, comme l’autoflagellation durant les défilés de l’Achoura, peut laisser des marques permanentes » (Australie 20 févr. 2019, paragr. 3.93).

Selon des sources, certains noms sont des indices que les personnes qui les portent sont chiites (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020; professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020; Jinnah Institute 19 nov. 2020). Le professeur d’études islamiques a signalé que certains prénoms, tels qu’Ali et Jaffar, sont courants chez les chiites (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020). Le représentant de l’Institut Jinnah a signalé que le préfixe Syed [Sayyid] est utilisé avec des prénoms chiites et que certains noms de famille tels que Saah, Zaidi et Rizi sont des noms chiites typiques (Jinnah Institute 19 nov. 2020). Dans le rapport publié par le DFAT de l’Australie, il est signalé [traduction] « [qu’]il est possible de reconnaître certains chiites du fait qu’ils portent un nom chiite courant, par exemple Naqvi, Zaidi ou Jafri » (Australie 20 févr. 2019, paragr. 3.92).

2. Démarche pour se convertir au chiisme

D’après des sources, il n’existe pas de rituel (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020; professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020; Jinnah Institute 19 nov. 2020) ou de démarche officielle pour se convertir au chiisme (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020; Jinnah Institute 19 nov. 2020). Le professeur d’islam et de politique a souligné [traduction] « [qu’]il n’est pas rare que des gens se convertissent du sunnisme au chiisme » et que, afin de se convertir, il faut se mettre à fréquenter des mosquées chiites et à assister aux cérémonies chiites (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). La même source a ajouté que la conversion [traduction] « est beaucoup moins courante de nos jours à cause du niveau élevé d’hostilité [envers les chiites] » (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). Le représentant de l’Institut Jinnah a déclaré que la conversion est [traduction] « une question de conviction » (Jinnah Institute 19 nov. 2020). Le chargé de cours a précisé que, [traduction] « [d]ans la plupart des cas », le converti chiite « prononcerait tout simplement en public la profession de foi chiite » (chargé de cours 23 nov. 2020). La même source a ajouté que

[traduction]

« devenir chiite » voudrait dire […] prier d’une manière différente des sunnites [et] participer aux séances (majalis) et défilés de deuil. Cela voudrait fort probablement (mais pas nécessairement) dire [choisir] un grand ayatollah comme guide sur les plans rituel et juridique à titre de « source d’émulation » (marji' al-taqlid) et [commencer à verser] 20 p. 100 de son revenu à cet ayatollah ou plutôt à son représentant au Pakistan (khums) (chargé de cours 23 nov. 2020).

Selon le représentant de l’Institut Jinnah, une personne peut se procurer une attestation juridique de son appartenance à la confession chiite, en vue d’obtenir un certificat d’exemption liée aux dons de bienfaisance exigés par l’État (Jinnah Institute 19 nov. 2020). La même source a affirmé que de nombreux chiites se procurent ce certificat d’exemption, mais pas tous (Jinnah Institute 19 nov. 2020). Le professeur d’études islamiques a signalé qu’une personne peut se présenter à un séminaire chiite et demander une attestation de sa conversion, mais qu’il ne s’agit pas d’une pratique courante (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020). La même source a affirmé que le Pakistan n’exige pas que ses citoyens déclarent leur secte, en ajoutant que l’appartenance religieuse est consignée dans le passeport, mais pas la secte (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020).

3. Situation des musulmans chiites et traitement qui leur est réservé

Pour obtenir des renseignements additionnels au sujet de la situation des musulmans chiites, y compris les Hazaras et les Turis, le traitement qui leur est réservé et la réaction de l’État, veuillez consulter la réponse à la demande d’information PAK106393 publiée en janvier 2020.

D’après un rapport publié en 2020 par Amnesty International sur les droits de la personne dans la région de l’Asie-Pacifique en 2019, les musulmans chiites sont [traduction] « victimes de disparitions forcées » au Pakistan, « particulièrement dans les provinces du Sind et du Baloutchistan » (Amnesty International 29 janv. 2020, 49). Le représentant de l’Institut Jinnah a déclaré qu’il y a eu des assassinats ciblés et des attaques contre des mosquées et des sanctuaires dans la région sud de la province du Pendjab, dans le Nord, dans la province du Baloutchistan, et à Karachi (Jinnah Institute 19 nov. 2020). La même source a signalé qu’il y a eu une recrudescence de la violence du fait de groupes d’activistes et que des groupes sectaires qui se tenaient tranquilles étaient redevenus violents (Jinnah Institute 19 nov. 2020). Le professeur d’études islamiques a fait remarquer que, même si [traduction] « l’existence de la persécution à l’endroit des chiites au Pakistan est indéniable dans les faits », la persécution n’est pas la même partout et cette « persécution n’est pas présente dans toutes les régions du Pakistan » (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020). La même source a déclaré que [traduction] « ce que vivent les chiites varie d’une personne à l’autre » (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020). Selon le chercheur principal, [traduction] « il n’y a pas de ville où la violence sévit d’une manière plus particulière, exception faite de la récente flambée d’agressions contre des chiites hazaras au Baloutchistan, principalement près de la ville de Quetta » (chercheur principal 19 nov. 2020). La même source a fait remarquer que des incidents de violence [traduction] « peuvent se produire n’importe où, dans n’importe quelle province » et « [qu’]il y a eu des incidents [à Lahore, Islamabad, Karachi et Hyderabad], Karachi étant l’endroit où on a relevé le plus grand nombre d’incidents de violence contre des chiites » (chercheur principal 19 nov. 2020).

3.1 Situation des musulmans chiites à Lahore et traitement qui leur est réservé

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur le traitement réservé aux musulmans chiites à Lahore. Le professeur d’études islamiques a signalé que la situation dans certaines villes, y compris à Lahore, [traduction] « n’est pas aussi grave » que dans d’autres villes et régions (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020). Le professeur d’islam et de politique a souligné que, même si les gens tendent à se regrouper dans certains quartiers, ce qui [traduction] « pourrait témoigner d’une certaine discrimination », la discrimination est un problème relativement mineur à Lahore (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). Par contre, selon le représentant de l’Institut Jinnah, bien que Lahore compte de denses communautés de chiites, elle est une des [traduction] « pires » villes pour les chiites parce qu’elle compte aussi des groupes d’activistes (Jinnah Institute 19 nov. 2020).

3.2 Situation des musulmans chiites à Islamabad et traitement qui leur est réservé

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur le traitement réservé aux musulmans chiites à Islamabad. Le professeur d’études islamiques a signalé que la situation dans certaines villes, y compris à Islamabad, [traduction] « n’est pas aussi grave » (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020). De même, le professeur d’islam et de politique a fait observer que, à Islamabad, [traduction] « il ne se passe presque rien parce la surveillance policière est excellente » (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020).

3.3 Situation des musulmans chiites à Karachi et traitement qui leur est réservé

D’après le professeur d’études islamiques, Karachi est une des villes où sévit [traduction] « la persécution la plus grave » envers les musulmans chiites (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020). La même source a fait observer que [traduction] « les chiites à Karachi proviennent de tous les groupes ethniques; la situation s’est avérée un terrain fertile pour l’islam sunnite et certains groupes ont mis l’accent sur la violence à l’encontre des chiites. De plus, la criminalité est plus élevée à Karachi » (professeur d’études islamiques 19 nov. 2020). De même, dans le rapport publié par le DFAT de l’Australie, on peut lire que [traduction] « de tout temps, Karachi a connu des niveaux de violence élevés en raison de la rivalité des intérêts ethniques, sectaires, politiques, commerciaux et criminels » (Australie 20 févr. 2019, paragr. 3.105). La même source affirme que le plan d’action national 2014 du gouvernement et la présence visible de Rangers, des paramilitaires, [traduction] « ont mené à une baisse significative de la violence, y compris la violence sectaire » à Karachi (Australie 20 févr. 2019, paragr. 2.36, 3.105). Par contre, le professeur d’islam et de politique a fait observer que la situation à Karachi [traduction] « a empiré » au cours des deux ou trois dernières années (professeur d’islam et de politique 19 nov. 2020). Le représentant de l’Institut Jinnah a déclaré que, même si Karachi compte de denses communautés de chiites, elle figure parmi les [traduction] « pires » villes pour les chiites à cause de la présence de groupes d’activistes (Jinnah Institute 19 nov. 2020). Des sources signalent que, à Karachi, plus de 30 000 manifestants anti-chiites ont tenu des rassemblements sur une période de deux jours en septembre 2020 (AFP 12 sept. 2020; The Guardian 21 oct. 2020).

3.4 Situation des musulmans chiites à Hyderabad et traitement qui leur est réservé

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur le traitement réservé aux musulmans chiites à Hyderabad. Le représentant de l’Institut Jinnah a souligné qu’il existe une culture soufie à Hyderabad et que la ville [traduction] « est très accueillante à l’égard des minorités » (Jinnah Institute 19 nov. 2020). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

4. Protection offerte par l’État à Lahore, Islamabad, Karachi et Hyderabad

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement au sujet de la protection offerte par l’État à Lahore, Islamabad, Karachi et Hyderabad.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] L’Institut Manohar Parrikar d’études et d’analyses de la défense (Manohar Parrikar Institute for Defence Studies and Analyses - MP-IDSA) est [traduction] « un organisme indépendant et non partisan qui mène des études stratégiques et des travaux de recherche objectifs touchant toutes les facettes de la défense et de la sécurité » (MP-IDSA s.d.).

[2] D’après un article d’Al Jazeera paru en août 2020, [traduction] « l’Achoura est célébrée le 10e jour de moharram, le premier mois du calendrier islamique, par tous les musulmans » (Al Jazeera 28 août 2020). La même source souligne que, pour les chiites, l’Achoura est un événement religieux important qui commémore [traduction] « le martyr d’Al-Hussein ibn Ali, le petit-fils du prophète Mahomet, qui est mort à la bataille de Karbala en 680 de notre ère » (Al Jazeera 28 août 2020). Pour obtenir des renseignements additionnels au sujet de la commémoration et les processions de l’Achoura, veuillez consulter la réponse à la demande d’information PAK106393 publiée en janvier 2020.

[3] The Conversation est [traduction] « une source indépendante d’information et d’opinions des milieux universitaires et scientifiques, communiquées directement au public » (The Conversation s.d.).

Références

Agence France-Presse (AFP). 12 septembre 2020. « Anti-Shia Protesters March for Second Day in Karachi ». [Date de consultation : 20 nov. 2020]

Al Jazeera. 28 août 2020. Abdul-Ilah As-Saadi. « Ashoura: Why Muslims Fast and Mourn in Muharram ». [Date de consultation : 25 nov. 2020]

Amnesty International. 29 janvier 2020. Human Rights in Asia-Pacific: Review of 2019. (ASA 01/1354/2020) [Date de consultation : 28 oct. 2020]

Australie. 20 février 2019. Department of Foreign Affairs and Trade (DFAT). DFAT Country Information Report: Pakistan. [Date de consultation : 28 oct. 2020]

Business Insider. 4 octobre 2015. Barbara Tasch. « The Differences Between Shia and Sunni Muslims ». [Date de consultation : 28 oct. 2020]

Centre for Islamic Shi'a Studies (CISS). S.d.a. « Mission ». [Date de consultation : 25 nov. 2020]

Centre for Islamic Shi'a Studies (CISS). S.d.b. « Shia Praying Differences: Introduction ». [Date de consultation : 25 nov. 2020]

Centre for Islamic Shi'a Studies (CISS). S.d.c. « Shia Praying Differences: Intermediate ». [Date de consultation : 25 nov. 2020]

Chargé de cours, University of Freiburg. 23 novembre 2020. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Chercheur principal, Manohar Parrikar Institute for Defence Studies and Analyses (MP-IDSA). 19 novembre 2020. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Chitwood, Ken. 23 mai 2017 (mis à jour le 2 août 2017). « What Is the Shia-Sunni Divide? ». The Conversation. [Date de consultation : 4 déc. 2020]

The Conversation. S.d. « Who We Are ». [Date de consultation : 4 déc. 2020]

Council on Foreign Relations (CFR). [Février 2016]. Mohammed Aly Sergie. « The Sunni-Shia Divide ». [Date de consultation : 28 oct. 2020]

The Guardian. 21 octobre 2020. Shah Meer Baloch et Hannah Ellis-Petersen. « Pakistani Shias Live in Terror as Sectarian Violence Increases ». [Date de consultation : 25 nov. 2020]

Jinnah Institute. 19 novembre 2020. Entretien avec un représentant.

Jinnah Institute. S.d. « About ». [Date de consultation : 20 nov. 2020]

Manohar Parrikar Institute for Defence Studies and Analyses (MP-IDSA). S.d. « About Us ». [Date de consultation : 27 nov. 2020]

The New York Times. 3 janvier 2016. John Harney. « How Do Sunni and Shia Islam Differ? ». [Date de consultation : 28 oct. 2020]

Professeur d’études islamiques, Clemson University. 19 novembre 2020. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Professeur d’islam et de politique, School of Oriental and African Studies (SOAS). 19 novembre 2020. Entretien avec la Direction des recherches.

Autres sources consultées

Sources orales : Asia Human Rights Commission; The Centre for Academic Shi'a Studies; Centre for Islamic Shi'a Studies; chargé de cours de religion dans une université au Pays de Galles, qui a rédigé des articles sur le chiisme.

Sites Internet, y compris : Asia Times; BBC; Bertelsmann Stiftung; Dawn; The Diplomat; ecoi.net; États-Unis – Congressional Research Service, Library of Congress; The Express Tribune; Factiva; Freedom House; Global Centre for the Responsibility to Protect; Human Rights Commission of Pakistan; Human Rights Watch; International Crisis Group; Minority Rights Group International; The Nation; Nations Unies – Refworld; The News International; Pak Institute for Peace Studies; Pakistan – National Commission for Human Rights, Pakistan Bureau of Statistics; Pakistan Today; Pew Research Center; Royaume-Uni – Home Office; South Asia Terrorism Portal; The Washington Post.

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