Nigéria : information sur la société Ogboni, y compris sur sa structure, ses rituels, ses cérémonies et sa situation actuelle; adhésion et conséquences associées à un refus de se joindre à cette société ou à une tentative de la quitter; relations avec la police et les autorités judiciaires (2017-avril 2019) [NGA106269.EF]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Difficultés à recueillir de l’information

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant du haut-commissariat du Canada à Abuja a affirmé qu’il y a [traduction] « très peu d’information ou de preuves concrètes sur la société Ogboni », et très peu d’information qui ne repose pas sur des hypothèses (Canada 27 mars 2019a). Aux fins de la présente réponse, le représentant a recueilli de l’information auprès d’autres représentants au Nigéria qui ont fourni des commentaires et qui ont fait état [traduction] « [d']hypothèses […] fondées sur des connaissances locales et des recherches ou consultations auprès de sources locales à Abuja et à Lagos » (Canada 27 mars 2019b). Le représentant du Canada a également souligné que les croyances locales au sujet de la secte sont bien ancrées et que les sources locales craignaient de parler ouvertement de la société Ogboni, ce qui a mené à des extrapolations et à des inférences fondées sur l’information disponible (Canada 27 mars 2019b). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure de langue et culture yorouba à l’Université de l’Indiana a affirmé que seuls les membres de la société Ogboni et les personnes qui sont très proches d’un membre ont accès à de l’information sur la structure et les rituels de cette société (professeure 27 mars 2019).

2. Aperçu

Pour obtenir de plus amples renseignements sur l’historique, les rituels et les cérémonies de la société Ogboni, veuillez consulter la réponse à la demande d’information NGA104213 publiée en novembre 2012. Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé de renseignements plus récents sur ces sujets.

Selon un représentant de la National Human Rights Commission (NHRC), ainsi qu'il l'a écrit dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le mot [traduction] « Ogboni » est un terme générique qui peut faire renvoyer à « plusieurs sociétés Ogboni », par exemple, l’Osugbo, la société Ogboni indigène, l’Awo Opa et la Confrérie réformée des Ogbonis (Reformed Ogboni Fraternity - ROF) (Nigéria 21 avr. 2019). Toutefois, certaines sources ont précisé que la société Ogboni [traduction] « traditionnelle » est distincte de la ROF (sociologue 27 mars 2019; centennial professor 18 mars 2019), qui est décrite comme une [traduction] « version nigériane de la franc-maçonnerie à laquelle s’ajoute des éléments "traditionnels" » (centennial professor 18 mars 2019) et qui a été fondée en 1915 par des chrétiens yoroubas faisant partie de l’élite instruite; l’adhésion y est volontaire et vise le réseautage (centennial professor 14 mars 2019).

Des sources soutiennent que la société Ogboni traditionnelle a été mise sur pied au sein du groupe ethnique des Yoroubas au Nigéria en tant que société d’aînés (sociologue 27 mars 2019; Canada 27 mars 2019a; centennial professor 20 mars 2019) dans laquelle le rang (sociologue 27 mars 2019), le pouvoir (Canada 27 mars 2019a) et le prestige au sein du groupe sont fondés sur la vieillesse (centennial professor 14 mars 2019).

Le représentant de la NHRC a décrit la société Ogboni comme une institution socioculturelle dans le pays des Yoroubas, qui [traduction] « fonctionnait comme un conseil municipal, une secte civique et un collège électoral lorsqu’il s’agissait de choisir un nouveau roi et d’en détrôner un mauvais ou impopulaire » (Nigéria 21 avr. 2019). La société Ogboni est considérée comme une [traduction] « secte » (Canada 27 mars 2019a), une [traduction] « société secrète » (centennial professor 14 mars 2019), ou une « société secrète traditionnelle » (France 27 févr. 2015, 3). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur d’anthropologie détenteur du titre centennial à l’École d’économie de Londres (London School of Economics - LSE), dont les recherches portent sur les régions du Nigéria où l’on parle le yorouba, a affirmé que, [traduction] « historiquement », la société Ogboni suscitait des « craintes » en tant que société d’aînés yoroubas du fait que ses membres étaient « très vieux » et qu’ils étaient considérés comme ceux qui exerçaient le pouvoir en raison de leur grande proximité avec leurs ancêtres (centennial professor 20 mars 2019). Les rituels et les pratiques de la société Ogboni sont inconnus des personnes de l’extérieur de l’organisation et des non-initiés (professeure 27 mars 2019; Canada 27 mars 2019a; France 27 févr. 2015, 2).

La professeure d’études yoroubas a également fait remarquer que la croyance dans le surnaturel qui est ancrée dans la culture touche toutes les sphères de la vie au pays des Yoroubas, même parmi les chrétiens et les musulmans peu pratiquants et, [traduction] « en particulier », parmi les « adeptes d’une religion traditionnelle » (professeure 27 mars 2019). Sans fournir davantage de détails, le représentant du Canada a signalé qu’il y a, parmi les non-membres, une croyance selon laquelle la société Ogboni s’engage dans des pratiques et des rituels [traduction] « surnaturels » qui peuvent être « brutaux et violents » (Canada 27 mars 2019a). Des sources soutiennent que la société Ogboni participerait à des activités telles que des sacrifices humains rituels [ou des sacrifices impliquant des parties du corps (Canada 27 mars 2019a)] (sociologue 29 mars 2019; professeure 27 mars 2019), des rituels de sang ou des rituels visant à s’enrichir (professeure 27 mars 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel concernant les rituels et les activités de la société Ogboni. Pour obtenir de plus amples renseignements sur les pratiques rituelles dans le pays des Yoroubas, veuillez consulter la réponse à la demande d’information NGA104602 publiée en novembre 2013.

3. Situation actuelle

Selon un article publié en 2018 par le journal nigérian The Guardian, la société Ogboni joue un rôle dans les [traduction] « affaires sociopolitiques et religieuses des Yoroubas » et, à l’époque précoloniale, le système judiciaire des royaumes yoroubas était sous la « tutelle de la société Ogboni », mais « cela a changé et s’est transformé en tendances douteuses qui renvoient une image désobligeante du groupe » (The Guardian 16 sept. 2018). La professeure d’études yoroubas a déclaré que, [traduction] « traditionnellement », les Yoroubas disposaient de leur propre système politique de gouvernement, dans lequel la société Ogboni jouait un rôle s’apparentant à celui d’un « service secret » pour la ville, en appliquant la loi et en conduisant les criminels aux rois yoroubas afin qu’ils soient jugés; toutefois, depuis la colonisation et l’indépendance du Nigéria, les rois yoroubas n’ont plus qu’un rôle honorifique et ont perdu le rôle et le pouvoir qu’ils avaient auparavant (professeure 27 mars 2019). Des sources signalent que la société Ogboni a perdu de son influence au cours des dernières décennies (centennial professor 14 mars 2019; France déc. 2016, 49-50) ou qu’elle a [traduction] « décliné » (sociologue 29 mars 2019). Une source a précisé que ce déclin a commencé dans les années 1950 (centennial professor 14 mars 2019), alors que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) soutient que ce déclin s’est amorcé dans les années 1990 (France déc. 2016, 50). Le professeur détenteur du titre centennial est d’avis que, [traduction] « de nos jours, [la société Ogboni] compte peu de membres, est peu présente et [que] ses activités sont limitées » (14 mars 2019), et que la société Ogboni traditionnelle est « désormais presque inexistante » (18 mars 2019). Selon la même source, aujourd’hui, la société Ogboni traditionnelle [traduction] « n’a aucun pouvoir ni aucune influence », et elle est stigmatisée en tant que « vestige païen » du passé (centennial professor 14 mars 2019). De même, les responsables de la mission d’enquête menée en 2016 par l’OFPRA se sont entretenus avec un chercheur nigérian qui a affirmé ce qui suit : « "À l’époque [les années 1990], si vous n’étiez pas Ogboni, vous ne pouviez pas faire partie du gouvernement, avoir un emploi décisionnel. Désormais, la christianité a pris le dessus, c’est une honte d’en faire partie" » (France déc. 2016, 49, crochets dans l’original). La même source a donné des exemples selon lesquels, pour devenir le directeur de l’université ou pour obtenir un poste dans d’autres institutions, la police, etc., il fallait être Ogboni, mais elle a fait remarquer que « ce n’est plus le cas aujourd’hui » (France déc. 2016, 49). Lors d’un entretien dans le cadre de la mission d’enquête de l’OFPRA, un représentant de l’International Crisis Group a également déclaré que l’influence du groupe n’a pas totalement disparu, mais qu’elle est bien moindre que jadis, soulignant que, aujourd’hui, ce qui importe en politique, c’est l’argent, et que l’influence des « "parrains [politiques]" » est aujourd’hui bien plus grande que celle des sociétés traditionnelles telles que la société Ogboni (France déc. 2016, 50, crochets dans l’original). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un sociologue à la National Open University of Nigeria (NOUN), qui a mené des recherches sur les sectes au Nigéria, a soutenu que la société Ogboni [traduction] « n’est pas répandue comparativement à d’autres mouvements religieux » et que les « systèmes de croyances traditionnels, comme la société Ogboni », cèdent la place à d’autres religions comme le christianisme et l’islam (sociologue 29 mars 2019).

4. Adhésion, structure et recrutement
4.1 Emplacement des membres

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information indiquant s’il y a des membres de la société Ogboni dans les principales villes du Nigéria, y compris dans les régions qui ne sont pas habitées par les Yoroubas. Selon le Guardian du Nigéria, la société Ogboni [traduction] « fonctionne dans quelques royaumes éloignés et est populaire dans les communautés de langues yorouba et igbo au Nigéria » (The Guardian 16 sept. 2018). Des sources signalent que les membres de la société Ogboni se trouvent dans la région du pays des Yoroubas (professeure 27 mars 2019) ou dans [traduction] « les régions du Nigéria où la langue principale est le yorouba », comme les États d’Ogun, d’Oyo, de Lagos, d’Osun, d’Ondo et d’Ekiti dans le Sud-Ouest du pays, de même que dans certaines régions de l’État d’Edo dans le Sud du Nigéria (sociologue 27 mars 2019). Le sociologue a ajouté que, dans des villes comme Abeokuta, Warri, Benin, Ibadan et Osogbo, de même que dans [traduction] « plusieurs régions rurales », les « pratique des Ogboni sont répandues » (sociologue 29 mars 2019). Selon la professeure d’études yoroubas, les croyances traditionnelles sont plus ancrées dans les régions rurales du pays des Yoroubas que dans les grandes villes, mais elles existent également dans les villes (professeure 27 mars 2019).

4.2 Recrutement et motif d’adhésion

Des sources soulignent que l’adhésion à la société Ogboni est volontaire (Canada 27 mars 2019a; sociologue 29 mars 2019; professeure 27 mars 2019) ou qu’elle se fait sur invitation d’un contact (professeure 27 mars 2019). La professeure a fait remarquer qu’une personne doit accepter de se joindre à la société et que, de façon générale, elle ne peut pas être forcée d’y adhérer, mais signale toutefois que, des [traduction] « pouvoirs surnaturels » peuvent être utilisés pour tenter de « convaincre » une personne de devenir membre (27 mars 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Selon le sociologue, les gens adhèrent volontairement à la société

[traduction]

parce qu’ils croient que, selon le système de croyances Ogboni, les dieux leur confèrent des pouvoirs et des habiletés extraordinaires, en particulier lorsque des sacrifices humains seraient accomplis dans le cadre des rituels. Toutefois, les personnes qui devraient rester membres en raison de leur héritage familial peuvent être obligées par la contrainte ou la force de rester membre malgré leur opposition (sociologue 29 mars 2019).

Le sociologue a fait observer que les personnes qui se joignent à la société Ogboni [traduction] « cherchent une protection spirituelle contre les forces du mal ou souhaitent utiliser les pouvoirs des Ogboni pour obtenir des avantages dans les milieux politique ou religieux » (sociologue 29 mars 2019). De même, la professeure a expliqué que les gens deviennent membres de groupes comme la société Ogboni en raison des promesses relatives à la protection, aux faveurs, au patronage et à l’établissement de liens (professeure 27 mars 2019).

4.3 Structure et adhésion

Le sociologue a expliqué que la société Ogboni est organisée selon des classes d’âge et une hiérarchie fondée sur l’ancienneté et que, traditionnellement, l’adhésion aux divers rangs est exclusive et que même le nom des plus hauts dirigeants n’est pas connu des membres de rangs inférieurs (27 mars 2019). La professeure d’études yoroubas a affirmé que, souvent, on apprend qu’une personne était membre de la société seulement à son décès, lorsque les membres de la société Ogboni se présentent aux funérailles pour accomplir des rites funéraires (professeure 27 mars 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

D’après les renseignements fournis par le représentant du Canada, l’adhésion serait fondée sur le fait d’être une personne riche dans la communauté et [traduction] « est associée à un niveau de pouvoir et de prestige élevé que certains membres ne cachent pas », et ceux-ci peuvent montrer leur appartenance au groupe au moyen de bannières, de marques ou de vêtements (Canada 27 mars 2019a). Les membres sont principalement des hommes et, [traduction] « de façon générale, [ils sont] considérés » comme faisant partie d’une lignée de nobles liés aux royaumes yoroubas (Canada 27 mars 2019a). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

Pour adhérer au groupe, une personne doit promettre de ne pas révéler les secrets du groupe et de protéger les autres membres (professeure 27 mars 2019). De même, le représentant du Canada a affirmé que la [traduction] « structure organisationnelle est un secret dont seuls les membres de la société Ogboni sont au courant » (Canada 27 mars 2019a).

Des sources signalent qu’il est possible pour des non-Yoroubas de devenir membres de la société (Canada 27 mars 2019a; sociologue 29 mars 2019) s’ils satisfont à certaines [traduction] « exigences »; toutefois, celles-ci ne sont pas de notoriété publique (Canada 27 mars 2019a).

4.4 Héritage des postes au sein de la société Ogboni et recrutement

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur l’héritage des postes au sein de la société Ogboni. La professeure d’études yoroubas a affirmé qu’elle n’avait entendu parler d’aucun cas où une personne avait été forcée de reprendre un poste dont elle avait hérité au sein de la société Ogboni après le décès d’un parent, même si les parents qui sont membres peuvent tenter de convaincre leurs enfants de se joindre au groupe (professeure 27 mars 2019). Sans fournir davantage de détails, le sociologue a soutenu que les [traduction] « enfants de sexe masculin devraient hériter des droits de leur père décédé au sein de l’organisation » (27 mars 2019). Selon la professeure, il n’y a pas d’enfants mineurs membres de la société Ogboni (27 mars 2019). Le représentant du Canada a fait observer qu’il serait courant que le fils aîné [traduction] « hérite » du poste de son père au sein de la société Ogboni, mais qu’il n’est pas obligatoire d’accepter ce poste, à moins que le membre de la société Ogboni [traduction] « ait promis de confier son enfant à naître ou son adolescent au groupe », auquel cas l’enfant serait « obligé de se joindre à la société lorsqu’il sera en âge de le faire », c’est-à-dire à 21 ans pour les hommes et à 40 ans pour les femmes (Canada 27 mars 2019a). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

Le chercheur du Nigéria qui s’est entretenu avec des responsables de l’OFPRA pendant la mission d’enquête menée en 2016 a présenté les observations suivantes sur le recrutement héréditaire :

Quand le parent décède, l’aîné doit être dans la maison et il sera initié, c’est normal. Un homme ou femme Ogboni initie toujours son aîné dans la société Ogboni pour perpétuer le lignage. Si mon père était Ogboni, vu que je suis l’aîné, je me refuserai à désacraliser la dépouille de mon père, mais si j’en fais partie, je comprendrai que c’est mon destin, et je serai volontaire pour le faire. C’est normal, beaucoup d’aînés en font partie (France déc. 2016, 50).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

5. Conséquences associées à un refus de se joindre à la société ou à une tentative de la quitter, et cas consignés de préjudices et de violence de la part de la société Ogboni

Selon le représentant du Canada, les sources consultées par les responsables de la mission [traduction] « présument » que l’enfant d’un membre qui refuse de se joindre à la société Ogboni pourrait être harcelé par la société, « même jusqu'à mort », et que les personnes qui souhaitent quitter le groupe peuvent subir des « conséquences graves » ou même être tuées pour avoir divulgué les secrets du groupe à des non-membres, mais elles signalent toutefois « [qu’]aucune information récente n’étaye ou ne réfute une telle affirmation » (Canada 27 mars 2019a). Selon la professeure d’études yoroubas, [traduction] « si vous êtes déjà membre de la société, il est très difficile de la quitter parce qu’il s’agit d’une rupture de serment. La personne connaît déjà les secrets de la secte »; « [i]l est très difficile de quitter le groupe parce que les gens craignent » les graves conséquences surnaturelles infligées pour avoir quitté le groupe, lesquelles découlent du pouvoir « magique » ou « spirituel » du groupe (professeure 27 mars 2019).

Les médias du Nigéria ont fait état des cas suivants de préjudices dont les groupes Ogboni seraient responsables (il n’est pas mentionné clairement qu’il s’agit de la société Ogboni traditionnelle) :

  • Dans un article publié en 2016 par le Vanguard, on peut lire qu’une femme s’est adressée au tribunal d’Ikole, dans l’État d’Ekiti, pour demander le divorce parce que son époux l’a menacée de [traduction] « s’occuper d’elle en la dénonçant à la secte Ogboni », qui, selon les affirmations de la femme, l’aurait déjà « citée à comparaître » devant le groupe en 2012 (Vanguard 15 juin 2016). La femme a soutenu que son époux l’avait menacée d’utiliser ses [traduction] « "cheveux et ses pantalons lors de rituels afin de la [rendre] folle" » si elle tentait de le quitter (Vanguard 15 juin 2016);
  • Sans fournir plus de détails, un article publié en 2018 dans le Daily Trust relate le cas d’une femme de Lagos qui a déposé une requête en divorce devant le tribunal parce que, selon ses allégations, son époux était membre de la [traduction] « "confrérie Ogboni" »; elle a affirmé qu’il était « "diabolique et démoniaque" » et l’a accusé de « s’en prendre à elle et à leurs enfants sur le plan spirituel » grâce à ses « "pouvoirs diaboliques" » afin d’empêcher ses enfants de se marier (30 juill. 2018);
  • En 2018, le Nation a écrit un article dans lequel un homme a affirmé que, quelques années auparavant, [traduction] « "[l’]oracle" » de la société Ogboni l’avait « "choisi" » et que des membres avaient essayé de l’initier par la force parce qu’il avait du « "sang royal" »; il a soutenu que « "les adeptes de la secte" » l’avaient agressé en 2006 à Ijebu Ode [État d’Ogun] et qu’ils ont tenté de « "[l’]enlever" » et de l’initier de « "force" » et, lors de deux incidents distincts en 2013, ils ont mis le feu à sa grange à Lagos et ont tenté de l’enlever le jour de son mariage, le forçant à se cacher (The Nation 5 oct. 2018). L’article cite les propos d’un membre de la famille selon lesquels [traduction] « "toutes ces agressions contre lui ont été signalées à la police, mais rien n’en est ressorti" » (The Nation 5 oct. 2018);
  • On peut lire dans un article publié en janvier 2019 par le Nation qu’un homme de l’État d’Ogun a affirmé que des [traduction] « membres présumés de la confrérie Ogboni intimident et harcèlent » son neveu depuis 2014 parce qu’il a refusé de se joindre au groupe et de reprendre le rôle de dirigeant que son père avait occupé (The Nation 5 janv. 2019). L’homme a soutenu que son neveu avait été [traduction] « sauvagement agressé » en 2016 et que la police avait traité l’affaire « avec légèreté » et n’avait pas assuré la sécurité de son neveu (The Nation 5 janv. 2019). Selon le même article, le domicile du neveu à Lagos avait été [traduction] « pris d’assaut » par des « vieillards » qui menaçaient de le punir pour avoir « refusé sa nomination comme nouveau chef du groupe sectaire » (The Nation 5 janv. 2019).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens concernant ces incidents.

Le représentant du haut-commissariat du Canada à Abuja a déclaré que parmi les personnes-ressources de la mission, les contacts locaux et les médias qu’ils ont consultés, les responsables de la mission n’ont pas eu connaissance de cas crédibles, qu'ils soient actuels ou récents, de ciblage ou d’assassinats de Nigérians par les Ogboni, ni de personnes fuyant la société Ogboni, y compris dans les grands centres de l’Ouest du Nigéria et de la capitale (Canada 27 mars 2019a). Le sociologue a précisé que, au cours de ses recherches sur les groupes sectaires au Nigéria, il n’avait pas trouvé de mention directe indiquant que la société Ogboni traditionnelle avait participé à des agressions violentes, par exemple, contre des personnes qui refusaient de se joindre au groupe ou qui l’avaient quitté (sociologue 2 avr. 2019). Le représentant de la NHRC a déclaré qu’aucun cas de personnes prises pour cible par la société Ogboni qui aurait eu recours à la violence parce qu’une personne a refusé de se joindre au groupe ou l’a quitté ne lui a été signalé (Nigéria 21 avr. 2019).

6. Relation avec la police et les autorités judiciaires

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur la relation entre la société Ogboni et les autorités, y compris avec la police et les autorités judiciaires. Le représentant de la NHRC a déclaré qu’il n’y a [traduction] « aucune preuve » que la société Ogboni exerce une influence sur la police dans les principales villes du Nigéria, comme Abuja et Lagos (Nigéria 21 avr. 2019). Le représentant du Canada a affirmé que, à Abuja, le groupe n’est pas reconnu et n’est pas considéré comme ayant une influence sur les autorités nigérianes (27 mars 2019a). Le représentant du Canada a fait remarquer que la société Ogboni [traduction] « n’a pas d’influence légitime ou légale dans quelque institution fédérale que ce soit », mais qu’il existe une « ferme conviction » selon laquelle, pour obtenir un poste important au sein du gouvernement ou dans le domaine de l’application de la loi, il faut en être membre (Canada 27 mars 2019a).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Canada. 27 mars 2019a. Immigration, Réfugiée et Citoyenneté Canada (IRCC). Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant du haut-commissariat à Abuja.

Canada. 27 mars 2019b. Immigration, Réfugiée et Citoyenneté Canada (IRCC). Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant du haut-commissariat à Abuja.

Centennial Professor, London School of Economics (LSE). 20 mars 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Centennial Professor, London School of Economics (LSE). 18 mars 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Centennial Professor, London School of Economics (LSE). 14 mars 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Daily Trust. 30 juillet 2018. Mabel Nwaneri. « 56-yr-old Businesswoman Seeks End to 33-yr-old Marriage ». [Date de consultation : 19 mars 2019]

France. Décembre 2016. Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Rapport de mission en République fédérale du Nigéria -du 9 au 21 septembre 2016. [Date de consultation : 2 avr. 2019]

France. 27 février 2015. Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Sociétés secrètes traditionnelles et confraternités étudiantes au Nigéria. [Date de consultation : 20 mars 2019]

The Guardian [Nigéria]. 16 septembre 2018. Chidirim Ndeche. « The Most Prominent Secret Societies in Nigeria ». [Date de consultation : 15 mai 2019]

The Nation. 5 janvier 2019. Kunle Akinrinade. « Man Cries Out over Suspected Cultists' Attack on Nephew ». [Date de consultation : 1 avr. 2019]

The Nation. 5 octobre 2018. Kunle Akinrinade. « Family Condemns Attack on Farmer by Suspected Cultists ». [Date de consultation : 19 mars 2019]

Nigéria. 21 avril 2019. National Human Rights Commission (NHRC). Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

Professeure, University of Indiana. 27 mars 2019. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Sociologue, National Open University of Nigeria (NOUN). 2 avril 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Sociologue, National Open University of Nigeria (NOUN). 29 mars 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Sociologue, National Open University of Nigeria (NOUN). 27 mars 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Vanguard. 15 juin 2016. Akintayo Eribake. « Wife Wants 16-Year Marriage Dissolved over Summons to Ogboni Cult by Husband ». [Date de consultation : 27 mars 2019]

Autres sources consultées

Sources orales : avocat et spécialiste du développement au Nigéria; chercheur principal au Peace Research Institute Oslo; Civil Resource Development and Documentation Centre; CLEEN Foundation; Committee for the Defence of Human Rights; Human Rights Watch; Institute for Security Studies; International Crisis Group; Legal Defense and Assistance Project (LEDAP); Network on Police Reform in Nigeria; professeurs (15) qui étudient divers sujets pertinents liés au Nigéria; United States Institute of Peace.

Sites Internet, y compris : The Abuja Times; Africa Confidential; African Arguments; Amnesty International; ecoi.net; Factiva; Human Rights Watch; International Crisis Group; Leadership; Minority Rights Group International; Nations Unies – Refworld; News Agency of Nigeria; The Nigerian Observer; Nigerian Tribune; Nigeria Watch; Peoples Daily; The Punch; This Day; Union européenne – European Asylum Support Office; University of Ibadan – Institute of African Studies.

Verknüpfte Dokumente