Pakistan : information sur la situation des Mojahirs et le traitement qui leur est réservé, tout particulièrement à Lahore, Islamabad et Faisalabad; la situation des membres du Parti du peuple pakistanais (Pakistan People’s Party - PPP) et le traitement qui leur est réservé à Lahore, Islamabad et Faisalabad; information indiquant si le Mouvement national uni (Muttahida Qaumi Movement - MQM) cible les membres du PPP dans ces villes [PAK104126.EF]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Situation des Mojahirs et traitement leur étant réservé

Le terme Mojahir [également orthographié Muhajir ou Mohajir] désigne un descendant des peuples ayant migré au Pakistan à la suite de la partition de l'Inde en 1947 (CFR 6 janv.2011; Nations Unies 27 mai 2010; RFE/RL 3 août 2010). Il peut se traduire par le mot « immigrant » (MEMRI 21 juin 2012; MRG s.d.) ou « réfugié » (InfoChange India juill.2008). Minority Rights Group International (MRG) précise que les Mojahirs se considèrent comme le plus important groupe minoritaire au Pakistan, mais qu'il n'existe aucune donnée fiable attestant leur nombre (s.d.).

Des sources précisent que les Mojahirs sont musulmans (Political Parties of the World 2009, 444; The Jamestown Foundation 4 févr. 2011; InfoChange India juill.2008). Plusieurs sources signalent que les Mojahirs parlent l'ourdou (MEMRI 21 juin 2012; The Jamestown Foundation 4 févr. 2011; CFR 6 janv.2011). D'après certaines sources, les Mojahirs se voient comme une [traduction] « nation distincte » à l'intérieur du Pakistan (MRG s.d.; InfoChange India juill.2008). Dans un article brossant le tableau des Mojahirs au Pakistan, un journaliste indien, également titulaire d'une maîtrise en histoire, souligne qu'en règle générale, d’autres musulmans ayant immigré ailleurs au Pakistan que dans la province du Sindh, notamment au Pendjab pakistanais et dans la province de la frontière du Nord-Ouest, n'ont pas conservé leur sentiment d'identité mojahir et [traduction] « se sont rapidement et aisément intégrés » à la population locale (InfoChange India juill.2008). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information allant dans le même sens.

Selon le journaliste indien, politiquement et ethniquement parlant, les Mojahirs désignent habituellement les personnes ayant migré dans la province du Sindh (ibid.). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant de l'Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (Middle East Media Research Institute - MEMRI), un organisme indépendant sans but lucratif qui a son siège à Washington et qui a été fondé en 1998 (MEMRI s.d.), a également précisé que la présence des Mojahirs est [traduction] « appréciable » dans la province du Sindh (MEMRI 21 juin 2012). MRG souligne également que les Mojahirs constituent un vaste groupe ethnique dans la province, où ils affirment représenter plus de la moitié de la population (MRG s.d.).

Selon MRG, les Mojahirs sont surtout regroupés en milieu urbain (ibid.). Ils vivent notamment dans la ville de Karachi (ibid.; MEMRI 21 juin 2012), où ils compteraient pour près de la moitié de la population (CFR 6 janv.2011; Nations Unies 27 mai 2010) et constitueraient le plus important groupe ethnique (ibid.).

Le représentant du MEMRI a expliqué que les Mojahirs [traduction] « ont été victimes de discrimination et d'attaques en raison de conflits linguistiques les opposant aux locuteurs du sindhi, la langue locale », sans détailler (MEMRI 21 juin 2012). Parmi les sources qu'elle a consultées, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens. Tout en soulignant que les Mojahirs sont moins nombreux à l'extérieur de la province du Sindh, le représentant du MEMRI a donné les précisions suivantes à propos de la situation des Mojahirs à l'extérieur de la province et du traitement qui leur est réservé :

[traduction]

À Quetta, capitale du Baloutchistan et théâtre à l'heure actuelle d'une insurrection restreinte au nom de l'indépendance de la province, les rebelles baloutchis ont ciblé les colons venus d'autres provinces, surtout les Pendjabis, mais aussi les Mojahirs. Les Mojahirs parlant l'ourdou souffrent de discrimination à différents égards, exercée par d'autres communautés - par exemple, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, les groupes pachtounes locaux ont freiné leurs efforts visant à se tailler une place dans la sphère politique; il arrive parfois aux Mojahirs chiites d'être attaqués en raison de leurs convictions religieuses par des groupes de militants sunnites qui, dans l'ensemble, sont constitués de Talibans ou de partisans des Talibans, ou sont affiliés aux Talibans/Al-Qaïda, le plus redoutable d'entre eux étant le Lashkar-e-Jhangvi (LeJ) (ibid.).

Parmi les sources qu'elle a consultées, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information attestant les propos du représentant du MQM.

1.1 Le Mouvement national uni

Le Mouvement national uni (Muttahida Qaumi Movement - MQM) était anciennement appelé Mouvement Mojahir Qami (Muhajir Qaumi Movement ) [ou Mahaz] (MRG s.d.; InfoChange India juill.2008). Selon le Political Handbook of the World 2012 , lorsque le mouvement a été fondé, il [traduction] « se souciait principalement des droits personnes ayant migré au Pakistan à la suite de la partition de l'Inde, voulant voir ces migrants être reconnus en tant que "cinquième nationalité" » (PHW 2012, 1096). Selon certaines sources, le MQM est composé d'une majorité de Mojahirs (The Jamestown Foundation 4 févr. 2011; Nations Unies 15 mai 2007). Selon certaines autres sources, le MQM est un parti séculier (CPJ 7 oct.2011; CFR 6 janv.2011).

Le MQM a obtenu 25 sièges à l'Assemblée nationale lors des élections de 2008 (PWH2012, 1097; Political Parties of the World 2009, 444), sur 342 au total (ibid., 443). Il est précisé dans Political Parties of the World que [traduction] « [l']électorat [du MQM] est presque exclusivement concentré dans la province du Sindh, tout particulièrement à Karachi, capitale provinciale et plus grande ville du Pakistan » (ibid., 444). Le MQM détient 51 sièges à l'Assemblée du Sindh (ibid., 445; Pakistan 27 juin 2012), sur 168 (ibid.). Or, Foreign Affairs , une revue traitant de questions liées à la politique étrangère internationale et des États-Unis et publiée par le Council on Foreign Relations , un centre d'études indépendant (CFR s.d.), écrit que le MQM est en [traduction] « déclin relatif » dans le Sindh, en partie à cause des travailleurs pachtounes dont le nombre ne cesse de croître à Karachi (6 janv.2011).

Selon le représentant du MEMRI, les partisans du MQM et les [traduction] « colons de langue pachtoue issus de la région tribale du Pakistan sont en conflit depuis quelques années » à Karachi (MEMRI 21 juin 2012). Il ressort également du Political Handbook of the World que les partisans du MQM ont [traduction] « participé à des actes de violence politique perpétrés contre les Pachtounes de souche et [les partisans du Parti national Awami] (Awami National Party - ANP) » à Karachi en 2010 et 2011 (PHW 2012, 1097).

Le représentant du MEMRI explique ce qui suit :

[traduction]

au fil des ans, le conflit ethnique/linguistique s'est enraciné à tel point que tous les partis politiques et organisations religieuses disposent désormais d'unités armées non officielles, ayant toutes participé à la violence et à des assassinats ciblés perpétrés à Karachi (ibid.).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information allant dans le même sens que ce qui vient d'être cité.

1.2 Situation des Mojahirs et traitement leur étant réservé à Islamabad, Lahore et Faisalabad

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le représentant du MEMRI a apporté les précisions suivantes en ce qui concerne la situation des Mojahirs à Lahore, Islamabad et Faisalabad :

[traduction]

À Islamabad, Lahore et Faisalabad, les Mojahirs se heurtent à une solide concurrence pour l'obtention des emplois gouvernementaux, principalement de la part des Pendjabis, qui sont aux commandes du gouvernement et de l'armée partout au Pakistan. À Islamabad, la capitale fédérale, les Mojahirs font l'objet de discrimination pour ce qui est des emplois gouvernementaux. En dépit de certaines pratiques discriminatoires à leur endroit, les Mojahirs ne sont pas victimes d'attaques violentes, même si des incidents surviennent à l'occasion (21 juin 2012).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant de la Commission des droits de la personne du Pakistan (Human Rights Commission of Pakistan - HRCP), une ONG indépendante sans but lucratif (HRCP s.d.), a fait observer qu'il n'était pas au courant d'une quelconque [traduction] « discrimination ou victimisation politique » ciblant les membres du MQM à Lahore, Islamabad et Faisalabad (HRCP 27 juin 2012).

Parmi les sources qu'elle a consultées, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information sur la situation des Mojahirs à Lahore, Islamabad et Faisalabad.

2. Situation des membres du Parti du peuple pakistanais et traitement leur étant réservé

Le Parti du peuple pakistanais (Pakistan People's Party - PPP) est un parti socialiste islamique formé en 1967 (PHW 2012, 1095; Political Parties of the World 2009, 446). Lors des élections législatives tenues en 2008, le PPP a obtenu un plus grand nombre de sièges que tout autre parti à l’échelle nationale, prenant ainsi la tête d'une coalition gouvernementale (ibid.). Il a également obtenu la majorité des sièges dans la province du Sindh (ibid.). Selon le Conseil des relations étrangères (Council on Foreign Relations - CFR), le PPP est [traduction] « un parti qui a des assises solides dans la province du Sindh et qui exerce le pouvoir à l'échelle nationale et provinciale, mais qui constitue un groupe minoritaire à Karachi, où il représente en fait les Sindhis et les Baloutchis » (CFR 6 janv.2011). La Fondation Jamestown (The Jamestown Foundation ) indique par ailleurs que le parti représente essentiellement les Sindhis (4 févr. 2011).

Le représentant de la HRCP a affirmé qu'Islamabad [traduction] « est dirigée » par le PPP (HRCP 27 juin 2012). Il a également précisé qu'il n'avait pas perçu de [traduction] « victimisation politique » de la part des membres du PPP à Lahore ou à Faisalabad (ibid). Cependant, parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.

3. Relations entre le MQM et le PPP

Selon les sources consultées, le MQM contrôle Karachi (CFR 6 janv.2011; RFE/RL 3 août 2010). D'après Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), le [traduction] « principal rival politique du MQM est l’ANP, un parti nationaliste laïque qui exerce principalement le pouvoir dans le Nord-Ouest du Pakistan et dont la base à Karachi est la communauté pachtoune » (ibid.). Selon Foreign Affairs , l'ANP forme une alliance avec le PPP (CFR 6 janv.2011).

Des sources affirment qu'il y a des conflits ethniques à Karachi (MEMRI 21 juin 2012; CFR 6 janv.2011; RFE/RL 3 août 2010; The Jamestown Foundation 4 févr. 2011). Selon le représentant de la HRCP, le MQM et le PPP s'accusent mutuellement de cibler leurs membres à Karachi (HRCP 27 juin 2012). De même, la Jamestown Foundation précise que les nationalistes pachtounes imputent la violence au MQM et que le MQM l'attribue aux Pachtounes (4 févr. 2012).

Le représentant du MEMRI a affirmé ce qui suit :

[traduction]

Le MQM […] n'est pas connu pour avoir commis des assassinats ciblés de rivaux politiques à l'extérieur du Sindh. Il y a des escarmouches difficiles entre le MQM et le PPP, mais il n'y a pas d'affrontements violents. Par ailleurs, les villes de Faisalabad et de Lahore sont situées dans la province du Pendjab, le bastion traditionnel de la Ligue musulmane du Pakistan (Pakistan Muslim League - PML-N), le parti de l'ancien premier ministre, Nawaz Sharif. Si le MQM et le PPP en venaient à s'imposer politiquement dans ces villes, ils auraient à faire face à la résistance de la PML-N, mais, à l'heure actuelle, personne ne constate d’actes de violence entre eux (21 juin 2012).

Parmi les sources qu'elle a consultées concernant la relation entre le MQM et le PPP à Lahore, à Islamabad et à Faisalabad, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information allant en ce sens ni aucun renseignement additionnel.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Committee to Protect Journalists (CPJ). 7 octobre 2011. « Pakistani Journalist Killed in Lahore ». <http://cpj.org/2011/10/pakistani-journalist-killed-in-lahore.php> [Date de consultation : 25 juin 2012]

Council on Foreign Relations (CFR). 6 janvier 2011. Taimur Khan. « Letter From Karachi: Pakistan's Urban Bulge ». Foreign Affairs. <http://www.foreignaffairs.com/print/67173> [Date de consultation : 13 juin 2012]

_____. S.d. « Mission Statement ». <http://www.cfr.org/about/mission.html> [Date de consultation : 3 juill.2012]

Human Rights Commission of Pakistan (HRCP). 27 juin 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

_____. S.d. « About Us ». <http://www.hrcp-web.org/aboutus.html> [Date de consultation : 3 juill.2012]

InfoChange India . Juillet 2008. Vikhar Ahmed Sayeed. « The Muhajirs in the Promised Land ». <http://infochangeindia.org/agenda/migration-a-displacement/the-Muhajirs-in-the-promised-land.html> [Date de consultation : 14 juin 2012]

The Jamestown Foundation . 4 février 2011. Tayyab Ali Shah. « Fresh Violence Threatens to Make Karachi the New Mogadishu ». Terrorism Monitor. Vol. 9, no 5. <http://www.jamestown.org/programs/gta/single/?tx_ttnews%5Btt_news%5D=37455&tx_ttnews%5BbackPid%5D=26&cHash=5972ce2527> [Date de consultation : 13 juin 2012]

Middle East Media Research Institute (MEMRI). 21 juin 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

_____. S.d. « About MEMRI ». <http://www.memri.org/content/en/about.htm> [Date de consultation : 25 juin 2012]

Minority Rights Group International (MRG). S.d. « Pakistan: Sindhis and Mojahirs ». World Directory of Minorities and Indigenous Peoples . <http://www.minorityrights.org/ 5619/pakistan/sindhis-and-mohajirs.html> [Date de consultation : 13 juin 2012]

Nations Unies. 27 mail 2010. Réseau d'information régional intégré (IRIN). « Pakistan: Ethnic Violence Stalks Karachi » <http://www.irinnews.org/Report/89273/PAKISTAN-Ethnic-violence-stalks-Karachi> [Date de consultation : 12 juin 2012]

_____.15 mail 2007. Réseau d'information régional intégré (IRIN). « Pakistan . Karachi Violence Stokes Renewed Ethnic Tension ». <http://www.irinnews.org/Report/ 72145/PAKISTAN-Karachi-violence-stokes-renewed-ethnic-tension> [Date de consultation : 12 juin 2012]

Pakistan 27 juin 2012. Election Comission of Pakistan. « Provincial Assemblies. Party Position Including Reserved Seats. » . <http://www.ecp.gov.pk/Misc/PartyPosition/ PAPPosition.pdf> [Date de consultation : 4 juill 2012]

Political Handbook of the World (PHW) 2012. 2012. « Pakistan ». Sous la direction de Tom Lansford. Washington, D.C.: CQ Press. <http://library.cqpress.com/ phw/phw2012_Pakistan> [Date de consultation : 28 juin 2012]

Political Parties of the World . 2009. « Pakistan ». 7th ed . Sous la direction de DJ Sagar. Londres : John Harper Publishing .

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). 3 août 2010. « At Least 40 Die in Violence in Karachi After Politician Slain ». <http://www.rferl.org/content/37_Killed_In_ Karachi_Violence_After_Politician_Murdered/2117040.html> [Date de consultation : 3 juill.2012]

Autres sources consultées

Sources orales :Les tentatives faites pour joindre un professeur spécialiste de la politique ethnique et de la société civile à la School of Humanities and Social Sciences de la Lahore minorités politiques et ethniques du Pakistan à l'Université d'État de New York (SUNY) à Albany ont été infructueuses University of Management Sciences ainsi qu’un professeur émérite de sciences politiques et spécialiste des minorités politiques et ethniques du Pakistan à l'Université d'État de New York (SUNY) à Albany ont été infructueuses..

Sites Internet, y compris :Amnesty International; Australie – Refugee Review Tribunal; Austrian Centre for Country of Origin & Asylum Research and Documentation; Dawn.com ; ecoi.net; Factiva; Human Rights Watch; Human Security Report Project; International Crisis Group; Minorities at Risk ; Nations Unies – Refworld; United Kingdom Border Agency .

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