Brésil : information sur l’organisation criminelle Commandement rouge (Comando Vermelho - CV), y compris sur ses activités, ses zones d’opération, ses membres, sa structure, ses réseaux, ses relations avec le milieu politique et ses ressources; la protection offerte par l’État aux victimes de crimes commis par le Commandement rouge (2017-mars 2019) [BRA106243.EF]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Pour de l’information sur les origines et l’histoire du Commandement rouge, veuillez consulter la réponse à la demande d’information BRA105251 publiée en août 2015.

Des sources qualifient le Commandement rouge de [traduction] « gang de narcotrafiquants » (Reuters 24 avr. 2018) ou de groupe criminel (Agencia EFE 20 sept. 2018; InSight Crime 18 mai 2018). Reuters affirme que le Commandement rouge est [traduction] « le gang de narcotrafiquants le plus puissant » de Rio de Janeiro (Reuters 24 avr. 2018). D’après un coordonnateur à l’Institut Igarapé (Instituto Igarapé) [1], le Commandement rouge est [traduction] « au deuxième rang des organisations criminelles les plus puissantes du Brésil […] et demeure parmi les groupes criminels les mieux organisés du pays » (coordonnateur 22 mars 2019).

Des sources qualifient aussi le Commandement rouge de [traduction] « gang de détenus » (InSight Crime 9 janv. 2019; Reuters 7 janv. 2019). Selon l’agence de presse espagnole Agencia EFE, le groupe mène ses activités depuis les prisons dans l’État de Rio de Janeiro (Agencia EFE 20 sept. 2018). InSight Crime affirme que le Commandement rouge a pris naissance dans les prisons dans les années 1970 [traduction] « à titre de groupe d’autoprotection pour les détenus » (InSight Crime 18 mai 2018). D’après InSight Crime, les dirigeants du Commandement rouge qui sont incarcérés supervisent les activités depuis l’intérieur des prisons (InSight Crime 9 janv. 2019).

Selon le coordonnateur de l’Institut Igarapé, le nombre total de membres du Commandement rouge est inconnu (coordonnateur 22 mars 2019). En ce qui a trait à l’appartenance et au recrutement, la même source a signalé que

[traduction]

[l]es détenus se joignent à des factions du CV (et à d’autres groupes) pour se protéger et maintiennent leur association après leur libération. De plus, les dirigeants du groupe se servent de leur accès à des articles dont les détenus ne disposent pas habituellement, tels que du savon et de la marijuana, pour coopter de nouvelles recrues (coordonnateur 22 mars 2019).

Le coordonnateur a aussi affirmé que

[traduction]

[l]e groupe recrute des jeunes, y compris des mineurs, en parrainant des associations de voisinage et des clubs d’intérêts spéciaux, en organisant des événements sportifs et en subventionnant des spectacles musicaux dans les favelaset les zones périphériques. […] Il y a des femmes qui sont membres ou associées, mais leur proportion est inconnue. Parfois, des femmes atteignent des postes de direction […] (coordonnateur 22 mars 2019).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

2. Activités

D’après des sources, les activités du Commandement rouge comprennent le trafic de drogues (coordonnateur 22 mars 2019; AFP 8 févr. 2019) et le trafic d’armes (coordonnateur 22 mars 2019; Agencia EFE 20 sept. 2018).

Des sources affirment que le Commandement rouge joue un rôle [traduction] « social » dans de nombreuses favelas de Rio de Janeiro en fournissant des services sociaux que l’État n’offre pas (coordonnateur 22 mars 2019) ou en [traduction] « donnant des emplois à des citoyens exclus de la société brésilienne depuis longtemps » (InSight Crime 18 mai 2018). Selon le Guardian, dans les favelas pauvres près de Rio de Janeiro, [traduction] « la présence du gouvernement se fait à peine sentir, et les gangs et les églises évangéliques ont comblé le vide » (The Guardian28 févr. 2018). Des sources ajoutent que le Commandement rouge exerce aussi un contrôle sur la population des favelas par [traduction] « la coercition » (coordonnateur 22 mars 2019), ou a créé [traduction] « un système de gouvernement parallèle à l’intérieur des favelas » (InSight Crime 18 mai 2018). D’après Reuters, dans les favelas de Rio, [traduction] « il y a longtemps que les gangs exercent une autorité là où le gouvernement n’en exerce aucune. Les gangs sont tolérés, et même accueillis avec soulagement, par de nombreux résidants qui craignent les policiers qui, à leurs yeux, ont la gâchette facile » (Reuters 24 avr. 2018).

Le coordonnateur de l’Institut Igarapé a fourni les renseignements suivants concernant les activités criminelles du Commandement rouge :

[traduction]

Le CV se livre régulièrement à des affrontements armés avec les forces policières et militaires ainsi qu’avec des groupes criminels rivaux, qu’il s’agisse de réseaux de trafic de drogues ou de milices de droite. De plus, le CV recourt régulièrement aux assassinats, à la violence sexuelle, aux menaces et à l’extorsion à l’endroit des civils qui collaborent avec des groupes rivaux. Il a persécuté des dirigeants communautaires, des défenseurs des droits de la personne, d’anciens membres de factions rivales, et des personnes apparentées aux membres de ces factions (parfois en présumant à tort qu’ils en faisaient partie). Il arrive souvent que ces personnes soient contraintes de quitter leur communauté et leur municipalité par crainte de ces menaces (coordonnateur 22 mars 2019).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

3. Structure et dirigeants

Selon InSight Crime, [traduction] « [l]e Commandement rouge a une structure de direction relativement souple et a été décrite comme un réseau d’acteurs indépendants plutôt que comme une organisation rigoureusement hiérarchique dirigée par un seul chef » (InSight Crime 18 mai 2018). Le coordonnateur de l’Institut Igarapé a déclaré que [traduction] « [l]e CV a une structure cellulaire et, souvent, des chefs de premier plan atteignent une notoriété nationale et internationale » (coordonnateur 22 mars 2019). La même source a aussi signalé que [traduction] « [l]es chefs du CV continuent habituellement de diriger les activités du groupe même quand ils sont en prison, grâce à des moyens de communication tels que des téléphones cellulaires, et grâce à la collaboration de fonctionnaires et d’avocats corrompus » (coordonnateur 22 mars 2019).

Des sources affirment que Marcinho VP [Marcio Nepomuceno, Márcio dos Santos Nepomuceno], qui est incarcéré au Brésil, est le chef du Commandement rouge (Ayoobi 6 sept. 2018; UOL 20 oct. 2017). Toutefois, les mêmes sources précisent qu’il nie publiquement cette allégation (Ayoobi 6 sept. 2018; UOL 20 oct. 2017).

Des sources déclarent que Marcelo Pinheiro [aussi appelé Marcelo Pinheiro Veiga ou Marcelo Fernando Pinheiro Veiga], alias « Marcelo Piloto », est une figure dominante au sein du Commandement rouge (The Guardian22 nov. 2018; InSight Crime 26 oct. 2018). Marcelo Pinheiro a été arrêté au Paraguay (coordonnateur 22 mars 2019; InSight Crime 26 oct. 2018; AFP 13 déc. 2017) en décembre 2017 et accusé de meurtre et de trafic d’armes (InSight Crime 26 oct. 2018; AFP 13 déc. 2017). Selon le Guardian, en novembre 2018, les autorités du Paraguay ont extradé Marcelo Pinheiro au Brésil après qu’il eut tué une femme en prison; il a été incarcéré dans une prison à sécurité maximale (The Guardian22 nov. 2018). Le New York Timessignale que Marcelo Pinheiro est présentement incarcéré au Brésil (The New York Times3 janv. 2019).

D’après des sources, les personnes suivantes sont des dirigeants du Commandement rouge :

  • Nestor Baez Alvarenga, recherché au Brésil pour trafic de drogues, arrêté au Paraguay en septembre 2018 (Agencia EFE 20 sept. 2018);
  • Luiz Fernando da Costa, alias Fernandinho Beira-Mar, incarcéré (coordonnateur 22 mars 2019; InSight Crime 18 mai 2018);
  • Isaias da Costa Rodrigues, alias Isaias do Borel, libéré de prison en 2012 (InSight Crime 18 mai 2018);
  • Luis Claudio Machado, alias Marreta, arrêté en 2014 au Paraguay (InSight Crime 18 mai 2018);
  • Mineuro da Cidade Alta, Elias Maluco et Fabiano Atanazio (coordonnateur 22 mars 2019).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information sur les ressources du Commandement rouge.

4. Zones d’opération
4.1 Au Brésil

Des sources signalent que le Commandement rouge contrôle certaines favelas à Rio de Janeiro (InSight Crime 18 mai 2018; The Guardian28 févr. 2018). D’après le coordonnateur de l’Institut Igarapé, depuis la fin de 2017, le Commandement rouge a élargi sa zone de contrôle à l’intérieur de Rio de Janeiro (coordonnateur 22 mars 2019). InSight Crime affirme que le groupe est présent dans d’autres parties du Brésil, y compris à São Paulo (InSight Crime 18 mai 2018) et dans les régions du Nord et de l’Ouest du pays (InSight Crime 8 janv. 2018). Selon le coordonnateur, le Commandement rouge a étendu sa présence à d’autres municipalités de l’État de Rio de Janeiro, notamment à Baixada Fluminense, à Niterói et à Friburgo, et dans d’autres États du Sud-Est (São Paulo, Espírito Santo), du Nord (Acre, Amazonas, Roraima, Rondônia et Tocantins), du Nord-Est (Ceará, Maranhão, Rio Grande do Norte), du Centre-Ouest (Goiás, Mato Grosso) et du Distrito Federal, où se trouve la capitale (coordonnateur 22 mars 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

4.2 À l’étranger
4.2.1 Au Paraguay

Des sources affirment que le Commandement rouge est présent au Paraguay (coordonnateur 22 mars 2019; InSight Crime 18 mai 2018). D’après InSight Crime, le Commandement rouge est présent dans ce pays [traduction] « depuis des années […] pour acheminer les cargaisons de drogues » (InSight Crime 26 oct. 2018). Le coordonnateur de l’Institut Igarapé a signalé que les membres du Commandement rouge arrêtés au Paraguay poursuivent leurs activités criminelles depuis l’intérieur du système carcéral en recrutant des membres et en corrompant des fonctionnaires paraguayens (coordonnateur 22 mars 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

4.2.2 En Bolivie

Des sources affirment que le Commandement rouge exerce ses activités en Bolivie (coordonnateur 22 mars 2019; InSight Crime 19 juin 2018). BBC Monitoring Americas signale que, selon le journal bolivien La Razón, les services du renseignement de la Bolivie, du Brésil et du Pérou ont affirmé que le Commandement rouge recrutait des membres en Bolivie pour se procurer des armes et des drogues (BBC 13 juill. 2018). InSight Crime signale que la région de Pando en Bolivie est contrôlée par le Commandement rouge (InSight Crime 19 juin 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

4.2.3 En Colombie

Selon InSight Crime, le Commandement rouge [traduction] « est soupçonné » d’avoir des liens avec les rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia - FARC), récemment démobilisées (InSight Crime 18 mai 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

5. Ennemis et alliés
5.1 Premier commando de la capitale (Primeiro Comando da Capital - PCC)

D’après le Guardian, le PCC est actuellement un ennemi ou un rival du Commandement rouge (The Guardian4 janv. 2018). Il est établi à São Paulo (AFP 8 févr. 2019; Reuters 7 janv. 2019). Des sources décrivent le PCC comme l’un des plus importants gangs du Brésil (The Guardian9 janv. 2019; InSight Crime 8 janv. 2018) ou [traduction] « le gang le plus puissant du pays » (InSight Crime 15 mai 2018). Le coordonnateur de l’Institut Igarapé a déclaré que le Commandement rouge est [traduction] « au deuxième rang des organisations criminelles les plus puissantes » du Brésil, « après avoir cédé du terrain » au PCC (coordonnateur 22 mars 2019).

Des sources affirment que le PCC et le Commandement rouge ont brisé une alliance ou une trêve de longue date en 2016 ou en 2017 (InSight Crime 9 janv. 2019; The Guardian4 janv. 2018). Selon le coordonnateur, la fin de cette alliance

[traduction]

a déclenché une vague de violentes agressions et de massacres dans les prisons brésiliennes. Ce conflit a touché neuf États : Acre, Amapá, Alagoas, Ceará, Pará, Rio Grande do Norte, Rondônia, Roraima [et] Tocantins. De plus, le conflit avec le PCC s’est répandu à l’extérieur du système carcéral, provoquant des affrontements violents à Rio de Janeiro et un peu partout dans les régions du Nord et de l’Ouest du Brésil pour le contrôle des itinéraires de trafic de drogues et les marchés locaux de drogues, particulièrement dans les régions frontalières près du Paraguay, du Pérou et de la Colombie (coordonnateur 22 mars 2019).

D’autres sources affirment également que le PCC et le Commandement rouge se livrent actuellement une guerre pour la mainmise sur le commerce local des drogues (The Guardian9 janv. 2019; InSight Crime 15 mai 2018).

5.2 Troisième commando pur (Terceiro Comando Puro)

Reuters affirme que le Troisième commando pur est un ennemi ou un rival du Commandement rouge (Reuters 24 avr. 2018). D’après InSight Crime, le Troisième commando pur est établi à Rio de Janeiro, est issu d’une scission à l’intérieur du Commandement rouge dans les années 1980 et mène lui aussi une guerre contre le Commandement rouge pour le contrôle de territoires (InSight Crime 26 avr. 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

5.3 Amigos dos Amigos (ADA)

InSight Crime affirme que les ADA sont un ennemi du Commandement rouge (InSight Crime 18 mai 2018). Selon la même source, les ADA sont un gang de Rio de Janeiro (InSight Crime 26 avr. 2018). Les ADA auraient formé une alliance avec le PCC pour contester le contrôle territorial du Commandement rouge à Rio de Janeiro (InSight Crime 18 mai 2018). Toutefois, le coordonnateur de l’Institut Igarapé a signalé que, d’après un article paru sur le site de nouvelles Folha de S. Paulo en juillet 2018, les ADA ont aussi collaboré avec le Commandement rouge à Rio de Janeiro (coordonnateur 22 mars 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

5.4 Famille du Nord (Família do Norte - FDN)

En janvier 2018, le Guardiana décrit la Famille du Nord (FDN) comme un gang allié du Commandement rouge (The Guardian4 janv. 2018). Selon des sources, ce gang est établi à Manaus, dans l’État d’Amazonas (InSight Crime 15 mai 2018; The Guardian4 janv. 2018; coordonnateur 22 mars 2019). Des sources signalent qu’une trêve entre les deux groupes a pris fin en 2018 et qu’ils s’affrontent maintenant pour le contrôle d’un itinéraire stratégique pour le trafic des drogues (coordonnateur 22 mars 2019; InSight Crime 15 mai 2018). Toutefois, des sources signalent aussi que la FDN a récemment conclu, avec le Commandement rouge, le PCC et les Gardiens de l’État (Guardiões do Estado - GDE), un pacte contre leur [traduction] « ennemi commun », l’État brésilien (The Guardian15 janv. 2019; InSight Crime 9 janv. 2019).

5.5 Gardiens de l’État (Guardiões do Estado - GDE)

Des sources affirment que les GDE sont des [traduction] « rivaux locaux » du Commandement rouge (The Guardian15 janv. 2019; InSight Crime 9 janv. 2019). D’après le Guardian, les GDE sont établis à Fortaleza, dans l’État de Ceará (The Guardian9 janv. 2019). Selon des sources, les GDE ont conclu une trêve avec le Commandement rouge et le PCC en janvier 2019 (The Guardian15 janv. 2019; InSight Crime 9 janv. 2019).

5.6 Milices

Des sources affirment que les milices figurent parmi les ennemis du Commandement rouge (coordonnateur 22 mars 2019) et, d’après Insight Crime, ces milices sont [traduction] « constituées d’agents des forces de sécurité, anciens et actuels » (InSight Crime 18 mai 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel à ce sujet.

6. Relations politiques

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur les relations politiques du Commandement rouge.

Le coordonnateur de l’Institut Igarapé a déclaré ce qui suit :

[traduction]

Le CV a de solides relations politiques, particulièrement dans l’État de Rio de Janeiro, et on sait qu’il s’ingère dans la vie politique locale et étatique. Par exemple, en 2018, dans l’État de Ceará dans le Nord-Est du pays, des membres du CV ont empêché des personnes liées à des campagnes spécifiques de distribuer de la documentation électorale et de travailler dans certaines communautés. En raison de cette ingérence, la présence des Forces armées a été demandée dans dix municipalités du Ceará durant la période électorale (coordonnateur 22 mars 2019).

La même source a aussi signalé que, comme l’a annoncé le service de nouvelles brésilien Universo Online (UOL), une entreprise soupçonnée d’avoir versé des pots-de-vin à des politiciens en 2018 avait reçu des dépôts bancaires d’une personne rattachée au Commandement rouge (coordonnateur 22 mars 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

7. Protection offerte par l’État

Des sources signalent que le nouveau président Jair Bolsonaro a promis de [traduction] « sévir contre la criminalité » (AFP 8 févr. 2019; The Guardian9 janv. 2019). Selon des sources, ses mesures contre la criminalité au Brésil comprennent le recours à du personnel militaire pour affronter les criminels (The Guardian9 janv. 2019; TVLibertés 5 janv. 2019). Le coordonnateur de l’Institut Igarapé a affirmé ce qui suit au sujet de cette mesure :

[traduction]

Ces incursions hautement militarisées dans les favelas visent apparemment à extirper les dirigeants des cartels de la drogue et à saisir des armes et des drogues. Toutefois, ces opérations font l’objet de fortes critiques en raison de leur inefficacité et de leur contribution à la violence, y compris à l’endroit de civils innocents. Du 16 février au 31 décembre 2018, le gouvernement de Michel Temer a mis en œuvre une intervention fédérale pour la sécurité publique dans l’État de Rio de Janeiro, menée par l’armée. En plus d’efforts visant à améliorer les pratiques organisationnelles, les soldats ont pris part à des incursions policières. Cette approche a suscité de fortes critiques, notamment parce que le nombre d’homicides commis par la police -- déjà un problème endémique dans l’État de Rio de Janeiro -- a augmenté davantage. Plus de 1 000 personnes sont mortes à la suite des affrontements durant cette période (coordonnateur 22 mars 2019).

Les mesures gouvernementales de lutte contre les activités criminelles visaient également à combattre les activités des gangs dans les prisons (InSight Crime 9 janv. 2019; The Guardian9 janv. 2019). Les moyens pris pour parvenir à cette fin consistaient à empêcher les détenus de diriger les gangs depuis l’intérieur de la prison (Reuters 7 janv. 2019) en effectuant des fouilles exhaustives pour réprimer l’usage de téléphones cellulaires par les détenus (InSight Crime 9 janv. 2019), et à cesser de diviser les populations carcérales en fonction de leur allégeance à un gang (The Guardian15 janv. 2019; InSight Crime 9 janv. 2019). Toutefois, des sources signalent que les efforts du gouvernement en vue de réduire le pouvoir des gangs en prison ont probablement déclenché une flambée de violence dans l’État de Ceará en janvier 2019 (InSight Crime 9 janv. 2019; Reuters 7 janv. 2019). Des sources ajoutent que les groupes criminels forment maintenant des alliances contre les autorités (The Guardian15 janv. 2019; InSight Crime 9 janv. 2019).

7.1 Réponse de la police

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur la réponse de la police aux plaintes déposées par les victimes du Commandement rouge.

Selon le coordonnateur de l’Institut Igarapé,

[traduction]

[l]es gens peuvent dénoncer les activités criminelles organisées à la police (en personne, en ligne ou à l’aide des services d’assistance téléphonique) ou au Bureau du défenseur public. À la lumière des faits signalés, la police mène des enquêtes sur les allégations ou les consigne dans un dossier. Toutefois, en raison de la corruption policière généralisée et du taux d’impunité élevé, ainsi que des menaces, assassinats et disparitions forcées subies par les personnes qui dénoncent des crimes, de nombreux citoyens préfèrent ne pas s’adresser à la police.

[…]

Dans l’État de Rio de Janeiro, les résidants peuvent également accéder à Disque Denúncia, qui permet aux utilisateurs de signaler les activités des organisations criminelles de manière anonyme. L’information est ensuite acheminée aux autorités compétentes. Depuis sa création en 1995, Disque Denúnica a enregistré plus de 2,3 millions de signalements. Il s’agit d’une initiative non gouvernementale de l’Instituto Movrio, un organisme privé, mais elle est gérée en collaboration avec le Bureau de la sécurité publique de l’État de Rio de Janeiro. Au début de 2019, le gouverneur Winston Witzel a démantelé ce bureau, mais Disque Denúncia fonctionne encore (coordonnateur 22 mars 2019).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

7.2 Programme de protection des témoins

Pour de l’information sur le programme de protection des témoins du Brésil (Programa de Proteção a Vítimas e Testemunhas Ameaçadas do Brasil - PROVITA), veuillez consulter les réponses aux demandes d’information BRA105474 publiée en mars 2016 et BRA105251 publiée en août 2015.

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur l’efficacité du PROVITA.

Le coordonnateur de l’Institut Igarapé a signalé que, de l’avis de spécialistes en matière de sécurité et de droits de la personne, le PROVITA est [traduction] « déficient » à plusieurs égards, notamment en raison de l’absence d’un service de sécurité efficace, d’une mauvaise intégration avec les programmes d’autres pays et d’un financement inadéquat (coordonnateur 22 mars 2019). D’après la même source, le manque de financement peut rendre la protection des témoins [traduction] « inutile » et « non viable » (coordonnateur 22 mars 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Note

[1] L’Institut Igarapé est un organisme indépendant sans but lucratif ni affiliation politique qui se décrit comme [traduction] « un centre de réflexion et d’action qui se voue à l’intégration des programmes de développement, de justice et de sécurité »; l’administration centrale est à Rio de Janeiro et l’Institut a du personnel au Brésil, en Colombie et au Mexique (Igarapé Institute s.d.). L’Institut participe à des projets avec des organisations partenaires dans plus de 20 pays (Igarapé Institute s.d.).

Références

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Agence France-Presse (AFP). 13 décembre 2017. « Brazil's 'Most Wanted' Drugs Suspect Caught in Paraguay ». [Date de consultation : 5 mars 2019]

Agencia EFE. 20 septembre 2018. « Reputed Brazilian Drug Lord Nabbed in Paraguay ». [Date de consultation : 5 mars 2019]

Ayoobi, Thayana Marques Araujo. 6 septembre 2018. « Rio de Janeiro's Military Intervention: Treating Bullet Wound with Band-Aid ». The Globe Post. [Date de consultation : 4 mars 2019]

British Broadcasting Corporation (BBC). 13 juillet 2018. BBC Monitoring Americas. « Brazil Crime Gangs 'Recruit Members' in Bolivia to Expand ». Résumé d’un reportage en espagnol publié par le journal bolivien La Razón. (Factiva) [Date de consultation : 5 mars 2019]

Coordonnateur, Igarapé Institute. 22 mars 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

The Guardian. 15 janvier 2019. Jo Griffin. « 'Climate of Panic': Bombings in Brazil Reveal Growing Power of Gangs ». [Date de consultation : 5 mars 2019]

The Guardian. 9 janvier 2019. Anna Jean Kaiser. « 'It's Complete Chaos': Brazilian State Overwhelmed by Rash of Gang Violence ». [Date de consultation : 5 mars 2019]

The Guardian. 22 novembre 2018. Laurence Blair. « Outrage in Paraguay After Brazil Cartel Boss Kills Woman in His Prison Cell ». [Date de consultation : 28 mars 2019]

The Guardian. 28 février 2018. Dom Phillips. « Brazil's Military's Growing Role in Crime Crackdown Fuels Fears Among Poor ». [Date de consultation : 5 mars 2019]

The Guardian. 4 janvier 2018. Dom Phillips. « 'It Is a War': Brazil Prison Authorities Warn of More Violence After Deadly Riot ». [Date de consultation : 4 mars 2019]

InSight Crime. 9 janvier 2019. Chris Dalby. « Ceará Gang Truce Shows Brazil Government Could Be Common Enemy ». [Date de consultation : 4 mars 2019]

InSight Crime. 26 octobre 2018. Parker Asmann. « Paraguay Authorities Foil New Plan to Free Red Command Leader ». [Date de consultation : 5 mars 2019]

InSight Crime. 19 juin 2018. James Bargent. « Red Command Arrests in Bolivia Point to Group's Likely Expansion ». [Date de consultation : 5 mars 2019]

InSight Crime. 18 mai 2018. « Red Command ». [Date de consultation : 4 mars 2019]

InSight Crime. 15 mai 2018. Parker Asmann. « Turf Dispute Breaks North Brazil Gang Pact, Opening Door for PCC ». [Date de consultation : 4 mars 2019]

InSight Crime. 26 avril 2018. « Pure Third Command ». [Date de consultation : 4 mars 2019]

InSight Crime. 8 janvier 2018. Mike LaSusa. « GameChangers 2017: Government and Gangs Battle for Brazil ». [Date de consultation : 5 mars 2019]

Instituto Igarapé. S.d. « About Igarapé ». [Date de consultation : 28 mars 2019]

The New York Times. 3 janvier 2019. Ernesto Londoño. « A Defiant Interview in a Jail Cell, Soon to Turn Into a Murder Scene ». [Date de consultation : 28 mars 2019]

Reuters. 7 janvier 2019. Leonardo Benassatto. « Brazil Gang Attacks Challenge Bolsonaro's Security Strategy ». [Date de consultation : 28 mars 2019]

Reuters. 24 avril 2018. Brad Brooks. « Insight - Unfazed by Brazil's Army, Rio Drug Gangs Willing to Wait Out Occupation ». [Date de consultation : 5 mars 2019]

TVLibertés. 5 janvier 2019. « Maintien de l’ordre musclé au Brésil ». [Date de consultation : 5 mars 2019]

Universo Online (UOL). 20 octobre 2017. Flávio Costa et Vinícius Andrade. « O poder do crime ». (« The Power of Crime: Ties Between Drug Trafficking and Politics in Brazil ».) Traduction anglaise d’Arman Kazemi pour RioOnWatch. [Date de consultation : 28 mars 2019]

Autres sources consultées

Sources orales :anthropologue qui s’intéresse notamment aux gangs et à la vie carcérale au Brésil; Human Rights Watch; Justiça Global; professeur d’anthropologie sociale qui s’intéresse notamment au Brésil; professeur de sciences sociales qui s’intéresse notamment au Brésil; professeurs à l’Université de Rio de Janeiro qui s’intéressent notamment à la criminalité au Brésil.

Sites Internet, y compris :Amnesty International; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Freedom House; Human Rights Watch; International Crisis Group; Nations Unies – Refworld; Transparency International.

 
 
 
 

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