Peru: Domestic violence, including femicide; legislation; state protection and support services available to victims (2014-February 2018) [PER106062.E]

Pérou : information sur la violence familiale, y compris les fémicides; les lois; la protection offerte par l’État et les services de soutien offerts aux victimes (2014-février 2018)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Situation

D’après des sources, la violence à l’endroit des femmes est un problème grave au Pérou (Human Rights Watch 18 janv. 2018; É.-U. 3 mars 2017, 17; Nations Unies mars 2017, 26). En se fondant sur une mission d’enquête réalisée en septembre 2014, le Groupe de travail du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies affirme que, au Pérou, [traduction] « les femmes et les filles subissent de la violence dans toutes les sphères de la vie, que ce soit à la maison, à l’école, au travail ou dans les espaces publics » (Nations Unies 26 juin 2015, 18). Selon la même source, [traduction] « le taux de violence à l’endroit des femmes au Pérou est l’un des plus élevés de la région » (Nations Unies 26 juin 2015, 18). La mission d’enquête du Conseil des droits de l’homme a fait état de [traduction] « la permanence des attitudes et valeurs patriarcales traditionnelles (machisme) dans l’ensemble du territoire, qui perpétue une culture de violence à l’endroit des femmes » (Nations Unies 26 juin 2015, 19). Il est écrit dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2016 publiés par le Département d’État des États-Unis que [traduction] « [l]a violence à l’endroit des femmes et des filles - y compris le viol, la violence conjugale, les mauvais traitements physiques et psychologiques ainsi que les sévices sexuels - était toujours un problème grave à l’échelle nationale » (É.-U. 3 mars 2017, 17).

Freedom House affirme que [traduction] « [l]a violence familiale a atteint des proportions épidémiques au Pérou; en effet, plus de la moitié des Péruviennes ont déjà dénoncé des cas de violence physique ou émotionnelle » (Freedom House 2016). Selon un article publié par The Conversation [1] et écrit par Jelke Boesten, maître de conférences (professeure) en étude des genres et du développement au King’s College de Londres, dont le champ de recherche est axé sur la violence à l’endroit des femmes en Amérique latine et qui a récemment publié un livre sur le Pérou (The Conversation s.d.a), [traduction] « la violence sexuelle, physique, émotionnelle et économique à l’endroit des femmes dans leur propre foyer est répandue, mais est largement ignorée, tant par les autorités que par la société » (Boesten 10 août 2016). Dans un rapport de 2017 produit par l’Observatoire national des politiques criminelles (Observatoria Nacional de Política Criminal - INDAGA) du ministère de la Justice et des Droits de la personne (Ministerio de Justicia y Derechos Humanos - MINJUS), on peut lire que les signalements de violence familiale à l’endroit des femmes ont [traduction] « considérablement augmenté » au cours des dernières années : selon la Police nationale du Pérou, il y a eu 100 611 signalements de violence familiale en 2011; 112 736 en 2012; 114 026 en 2013; 121 578 en 2014; 122 197 en 2015; et 146 261 en 2016 (Pérou août 2017, 16). D’après les Country Reports 2016 publiés par les États-Unis, de janvier à septembre 2016, le ministère de la Femme et des Populations vulnérables (Ministerio de la Mujer y Poblaciones Vulnerables - MIMP) [traduction] « a répertorié 38 567 cas de violence à l’endroit des femmes, soit une augmentation de 18 p. 100 par rapport à 2015 » (É.-U. 3 mars 2017, 17).

Au dire de Jelke Boesten, 2016 a été marquée par des manifestations ayant eu lieu après que, en juillet de la même année, deux cas très médiatisés de violence à l’endroit de femmes se furent soldés par des peines légères pour les agresseurs de sexe masculin qui, dans les deux affaires, étaient le petit ami de la victime (Boesten 10 août 2016). Un article publié en 2016 dans The Guardian cite les propos d’Ana María Romero, alors ministre de la Femme, selon qui la manifestation était [traduction] « "un cri contre l’impunité" » (The Guardian 13 août 2016). À la suite de ces manifestations, Peru Reports [2] a signalé, en août 2016, que [traduction] « [l]es voies de fait contre les femmes et les meurtres de femmes au Pérou ont grimpé en flèche depuis que 50 000 personnes ont pris part à la manifestation "Pas une femme en moins" visant à dénoncer la violence familiale à Lima » (Peru Reports 21 août 2016).

D’après des sources, la violence à l’endroit des femmes au Pérou touche toutes les couches de la société et frappe en zones urbaines comme rurales (Flora Tristán 19 févr. 2018; Boesten 10 août 2016). Il est écrit dans un article publié par Inter Press Service (IPS) [3] que la violence familiale est plus fréquente en zones rurales et chez les femmes peu instruites (IPS 4 août 2017). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant du Centre Flora Tristán pour la femme péruvienne (Centro de la Mujer Peruana Flora Tristán), une organisation féministe à but non lucratif créée en 1979 dont le mandat est d’améliorer la situation des femmes au Pérou (Flora Tristán 11 août 2010), a déclaré que la pauvreté, le manque d’information et l’inaccessibilité de l’éducation sont des facteurs de vulnérabilité accrue à la violence (Flora Tristán 19 févr. 2018).

1.1 Fémicide

Human Rights Watch signale que, selon les statistiques officielles, plus de 700 fémicides ont été commis de 2009 à août 2015 (Human Rights Watch 12 janv. 2017). On peut lire dans l’article de 2016 publié par The Guardian et dans lequel on cite les propos d’Ana María Romero, alors ministre de la Femme du Pérou, que, [traduction] « [e]n moyenne, 10 femmes sont tuées chaque mois au Pérou […] et, selon les chiffres du ministère, ce nombre s’accroît de 20 si on tient compte des victimes de tentative de fémicide » (The Guardian 13 août 2016). D’après des statistiques du MIMP établies sur la base des cas enregistrés par les Centres de services d’urgence pour les femmes (Centros Emergencia Mujer - CEM), en 2014, il y a eu 96 fémicides et 186 tentatives de fémicide; en 2015, 95 fémicides et 198 tentatives de fémicide (Pérou 2016). Selon la même source, en 2016, il y a eu 124 fémicides et 258 tentatives de fémicide; en 2017, 121 fémicides et 247 tentatives de fémicide (Pérou 2018). On peut lire dans les Country Reports 2016 publiés par les États-Unis que, de janvier à septembre 2016, le MIMP a répertorié 85 fémicides - soit une augmentation de l’ordre de 33 p. 100 par rapport aux 64 en 2015 - et 171 tentatives de fémicide - soit une augmentation de 38 p. 100 par rapport aux 124 en 2015 (É.-U. 3 mars 2017, 17).

Selon le rapport de 2017 publié par l’INDAGA, dans lequel sont reproduits des renseignements provenant du ministère public (Ministerio Público), pour 100 cas de fémicide enregistrés par le bureau d'enregistrement de fémicides du ministère public en 2016, 92 étaient des affaires [traduction] « intimes », c’est-à-dire que la victime entretenait (ou avait déjà entretenu) une relation de couple avec son meurtrier; cette catégorie comprend également les meurtres commis par un membre de la famille comme le père, le beau-père, le frère ou le cousin (Pérou août 2017, 20). Parmi ces 92 p. 100, 46 p. 100 des fémicides ont été commis par un époux ou un partenaire, 16 p. 100 par un ex-partenaire, 13 p. 100 par un petit ami, et 8 p. 100 par un ex-petit ami (Pérou août 2017, 21). Il est écrit dans un article publié par l’IPS que, en 2017, 79 p. 100 des fémicides se sont produits dans une zone urbaine, et dans [traduction] « près de 80 p. 100 des cas, l’agresseur était un homme ayant une relation intime avec sa victime » (IPS 15 janv. 2018).

2. Lois

D’après un rapport de 2016 publié par l’INDAGA, le fémicide est devenu une [traduction] « infraction distincte » dans le code pénal (Código Penal) en décembre 2011 (Pérou août 2017, 9). D'après Human Rights Watch, en septembre 2015, le Pérou a adopté une nouvelle loi [traduction] « prévoyant des mesures intégrales en vue de prévenir et de punir la violence à l’endroit des femmes. La loi s'appuie sur des mesures judiciaires existantes afin de protéger les femmes à risque et rend obligatoire la création de refuges pour permettre aux victimes de se soustraire temporairement aux mauvais traitements » (Human Rights Watch 12 janv. 2017). Des sources affirment que la loi 30364, soit la loi visant à prévenir, sanctionner et éradiquer la violence à l’endroit des femmes et des membres de la famille (Ley para prevenir, sancionar y eradicar la violencia contra las mujeres y los integrantes del grupo familiar) a été adoptée en novembre 2015; il s’agit d’une loi axée sur la protection des victimes (RPP 25 nov. 2017; Pérou 26 juill. 2016). En juillet 2016, le gouvernement a également pris un décret suprême par lequel il approuvait le Plan national 2016-2021 de lutte contre la violence fondée sur le sexe, un instrument visant à fournir des mesures de protection supplémentaires en sus de la loi (Pérou 26 juill. 2016). Des sources précisent que le nombre de fémicides a augmenté depuis l’adoption de la loi 30364 (RPP 25 nov. 2017; É.-U. 3 mars 2017, 17).

3. Protection offerte par l’État

Flora Tristán signale que le Pérou dispose de lois contre le fémicide, la violence sexuelle, le harcèlement sexuel dans les rues et le harcèlement en milieu de travail, de même que de la loi 30364; cependant,

[traduction]

bien que ces lois puissent être améliorées, le problème a trait à leur mise en œuvre adéquate et au financement prévu pour leur application, de même qu’aux lacunes en matière de sensibilisation et de formation des fonctionnaires judiciaires et des fournisseurs de service, qui ne gèrent pas toujours comme il se doit les cas de violence fondée sur le sexe au pays (Flora Tristán 19 févr. 2018).

On peut lire dans les Country Reports 2016 publiés par les États-Unis que la loi criminalise le viol, y compris le viol conjugal, le fémicide et la violence familiale; toutefois, [traduction] « [l’]application de ces mesures législatives » est « souvent inefficace » ou « empreinte de négligence » (É.-U. 3 mars 2017, 17). Dans l’article de 2016 publié par The Guardian, on cite les propos d’Ana María Romero, alors ministre de la Femme, selon lesquels [traduction] « "[n]otre problème n’est pas attribuable à une absence de loi, mais bien à la manière dont nous l’appliquons" » (The Guardian 13 août 2016). Flora Tristán souligne que les mesures de protection sont lacunaires, qu’il manque d’endroits pour offrir un soutien aux femmes, que l’impunité règne et que les fonds destinés à la lutte contre la violence à l’endroit des femmes dans les lieux publics ou dans la sphère privée sont insuffisants (Flora Tristán 19 févr. 2018). La même source ajoute que les règlements en vigueur concernant les cas de violence sont méconnus, tout comme les endroits où l’accès à de tels services est possible (Flora Tristán 19 févr. 2018).

D’après les Country Reports 2016 publiés par les États-Unis,

[traduction]

[d]es experts de la société civile ont déclaré que les cas de viol et de violence familiale faisaient très rarement l’objet de plaintes en raison de la réprobation sociale, de mauvais traitements, d’une confiance défaillante envers les autorités et d’une crainte de représailles, notamment sous la forme de violences supplémentaires. Des études ont démontré que seuls 27 p. 100 des femmes âgées de 18 ans ou plus ayant été agressées l’ont signalé, et dans la plupart des cas, la dénonciation n’a pas donné lieu à une peine appropriée (É.-U. 3 mars 2017, 17).

Selon les propos du MIMP du Pérou, tels que les cite le Conseil des droits de l’homme, [traduction] « seuls 4 cas sur 10 [de violence fondée sur le sexe] sont signalés dans les faits » (Nations Unies 26 juin 2015, 18). D’après les résultats de l’Enquête démographique et de santé familiale (Encuesta Demográfica y de Salud Familiar - ENDES) menée en 2016 au Pérou, 27,2 p. 100 des femmes en situation de violence ont demandé de l’aide auprès d’une institution (Pérou mai 2017, 427).

Les renseignements contenus dans le paragraphe suivant ont été fournis par un représentant de Flora Tristán dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches :

Au titre de la loi 30364, la marche à suivre pour signaler les actes de violence familiale et d’autres formes de violence à l’endroit des femmes a été accélérée, et les plaintes peuvent être déposées soit par la victime elle-même, soit par un tiers agissant en son nom à elle, entre autres dans un poste de police ou auprès du ministère public; il demeure toutefois des obstacles à la mise en œuvre de la réglementation. La formation et la sensibilisation du personnel qui reçoit ces plaintes comportent également leur lot de problèmes. Il arrive souvent que les autorités refusent d’admettre la plainte parce qu’elle n’est pas jugée sérieuse, qu’elle ne suscite aucun intérêt ou qu’elle n’est pas étayée par une preuve fournie par la victime, bien qu’une telle preuve ne soit pas requise suivant la loi 30364. La victime a le droit de recevoir une copie du rapport, et les autorités sont tenues de la fournir. Pour obtenir une copie depuis l’étranger, le plaignant doit donner procuration à un tiers résidant au Pérou (Flora Tristán 19 févr. 2018).

Selon l’article de 2016 paru dans The Guardian, l’ombudsman des droits de la personne du Pérou, Eduardo Vega, a déclaré que le traitement réservé par l’État aux femmes ayant subi de la violence physique ou sexuelle équivalait à une [traduction] « "négligence totale" » (The Guardian 13 août 2016). Il est écrit dans les Country Reports 2016 publiés par les États-Unis que [traduction] « l’ombudsman a établi que 40 p. 100 des postes de police ne disposaient pas des installations nécessaires pour interroger les victimes et que la majorité des policiers et des employés du ministère public ne possédaient pas de formation spécialisée dans la manière de traiter avec les femmes victimes de violences » (É.-U. 3 mars 2017, 17). On peut lire dans un article de 2017 de Radio Programas del Perú (RPP), une source d’information péruvienne, que, [traduction] « [s]elon le ministère de la Femme, dans 70 p. 100 des cas de mauvais traitements à l’endroit de femmes qui sont dénoncés, la plainte est déposée à un poste de police. Or il arrive souvent que les policiers n’envoient pas leur rapport au tribunal de la famille ou ne démontrent aucun intérêt à traiter la plainte » (RPP 25 nov. 2017). D’après la même source qui cite les propos de Beatriz Ramírez, une avocate en droit constitutionnel spécialisée dans les questions de genre, [traduction] « la majorité des employés du corps policier ignoraient jusqu’à l’existence même de la loi 30364, et ce, malgré leur travail dans le domaine de la criminalité et leurs enquêtes sur des fémicides » (RPP 25 nov. 2017).

Selon les Country Reports 2016 publiés par les États-Unis, en août 2016, [traduction] « les autorités judiciaires ont créé une commission sur l’égalité entre les sexes composée de femmes juges dont le rôle est de promouvoir la notion de justice sensible à la spécificité des sexes au sein de l’appareil judiciaire » ainsi que « 24 instances compétentes dédiées exclusivement aux affaires de violence familiale » (É.-U. 3 mars 2017, 18). En 2017, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a fait observer que les victimes de violence, y compris de violence familiale, font face à des [traduction] « obstacles » lorsqu’elles tentent d’accéder à la justice (Nations Unies mars 2017, 26).

On peut lire dans le guide de juin 2017 du MIMP relatif à la loi 30364 que le MINJUS fournit des services juridiques aux victimes et aux agresseurs par l’entremise des Centres d’aide juridique gratuite (Centros de Asistencia Legal Gratuita - ALEGRA) (Pérou juin 2017, 16). Selon la même source, le ministère public offre le Programme d’aide aux victimes et aux témoins (Programa de Asistencia a Victimas y Testigos) par l’entremise des Unités d’aide aux victimes et aux témoins, qui sont dirigées par des professionnels des domaines du droit, de la psychologie et du travail social et qui visent à fournir de l’aide en vue de composer avec les conséquences émotionnelles de la violence à l’endroit des femmes (Pérou juin 2017, 17).

Flora Tristán affirme qu’il est possible d’obtenir certaines formes de protection, comme des ordonnances de non-communication, lesquelles peuvent être prononcées par un juge et doivent être exécutées par la Police nationale; cependant, il peut y avoir des retards dans les interventions policières, ce qui limite l’efficacité de telles mesures et n’éradique pas le risque auquel est exposée la victime (Flora Tristán 19 févr. 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

3.1 Fémicide

Selon le rapport annuel d’Amnesty International publié en 2017, en 2016, la plupart des affaires de meurtre et de tentative de meurtre à l’endroit de femmes et de filles [version française d’AI] « ne donnaient lieu à aucune enquête, ou bien débouchaient sur une condamnation à une peine d’emprisonnement avec sursis » (Amnesty International 22 févr. 2017). Dans son rapport de mars 2017 pour l’Examen périodique universel, le HCR a souligné [traduction] « le faible nombre d’enquêtes et de poursuites » menées dans des cas de violence familiale ou sexuelle et de fémicide (Nations Unies mars 2017, 26). Selon Human Rights Watch, même si plus de 382 femmes ont été victimes de fémicide ou de tentative de fémicide en 2016, les tribunaux péruviens [traduction] « ont condamné 54 personnes pour "fémicide" de janvier 2015 à mars 2016 » (Human Rights Watch 18 janv. 2018).

L’article de 2016 paru dans The Guardian fournit les renseignements suivants :

[traduction]

D’après une étude de 2015 réalisée par le bureau de l’ombudsman du Pérou, La Defensoría del Pueblo, dans 81 p. 100 des cas examinés, aucune mesure n’a été prise en vue de protéger les femmes ayant été victimes d’une tentative de fémicide. Par conséquent, selon l'étude, 24 p. 100 de ces survivantes, qui avaient demandé de l’aide, ont été tuées par l’agresseur qu’elles avaient dénoncé aux autorités (The Guardian 13 août 2016).

On peut lire dans l’article de 2018 de l’IPS, portant lui aussi sur un rapport de 2015 provenant du bureau de l’ombudsman, qu'en février 2017, un cas [traduction] « s’est produit dans la région centrale des hauts plateaux d’Ayacucho : Evelyn Corahua, une avocate, a été assassinée après avoir dénoncé la tentative de fémicide dont elle avait été victime, et après [avoir] demandé des mesures de protection » (IPS 15 janv. 2018). La même source ajoute que, [traduction] « dans 30 p. 100 des cas de fémicide, la victime avait porté plainte contre son agresseur pour violence familiale »; l’article cite les propos d’un commissaire du bureau de l’ombudsman adjoint responsable des droits des femmes, du bureau de l’ombudsman du Pérou, selon lesquels « "[u]ne des affaires était celle d’une femme qui avait porté plainte quatre fois sans jamais recevoir de protection" » (IPS 15 janv. 2018).

4. Services de soutien

Selon les Country Reports 2016 publiés par les États-Unis, le MIMP

[traduction]

dirige le Programme de services d’urgence pour les femmes. Il s’agit de 238 centres de services où travaillent des policiers, des procureurs, des conseillers et des agents du bien-être social qui viennent en aide aux victimes de violence familiale. Le programme vise également les problèmes juridiques, psychologiques, sociaux et médicaux des victimes (É.-U. 3 mars 2017, 18).

Toutefois, la même source fait observer que [traduction] « les ONG se sont dites préoccupées par la qualité et la quantité des services offerts dans le cadre du programme, surtout en zones rurales » (É.-U. 3 mars 2017, 18).

D’après un guide relatif à la loi 30364 publié par le MIMP en juin 2017, qui renvoie à un répertoire de 2016, les Centres de services d’urgence pour les femmes (CEM) sont au nombre de 245 (Pérou juin 2017, 14). La même source affirme que ces centres fournissent dans tout le pays des services spécialisés ainsi que des services publics gratuits aux victimes de différents types de violence à l’endroit des femmes et de membres de la famille, dont des services juridiques, sociaux et psychologiques (Pérou juin 2017, 14). Flora Tristán précise que, [traduction] « bien que le nombre de centres de cette nature ait augmenté au fil des années, il n’y en a pas dans toutes les régions du pays et ils ne permettent toujours pas de desservir les zones rurales les plus éloignées » (Flora Tristán 19 févr. 2018). La même source ajoute qu’une surveillance de ces services a démontré qu’il est nécessaire d’améliorer la qualité du soutien offert dans ces centres, de même que [traduction] « d’accroître le nombre de régions desservies, de prolonger les heures d’ouverture et de garantir l’emploi d’une approche interculturelle, en particulier dans les régions des Andes et de l’Amazone du pays » (Flora Tristán 19 févr. 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Suivant le guide de juin 2017 relatif à la loi 30364, le MIMP comptait aussi, en mai 2017, dix CEM ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, situés dans les postes de police de Villa María del Triunfo (Lima), Chorrillos (Lima), Imperial (Cañete-Lima), Surco (Lima), Carmen Alto y Huanta (Ayacucho), Cerro Colorado (Arequipa), El Milagro (Trujillo-La Libertad), Leonardo Ortiz (Chiclayo-Lambayeque), et Ciudad Nueva (Tacna) (Pérou juin 2017, 14).

Selon la même source, le MIMP offre un service appelé « Línea 100 », à savoir un service téléphonique gratuit d’information, d’orientation, de conseil et de soutien émotionnel aux victimes de violence familiale ou sexuelle (Pérou juin 2017, 15). De même, il est écrit dans les Country Reports 2016 publiés par les États-Unis que le MIMP [traduction] « assurait un service d’assistance téléphonique sans frais et a mis sur pied des projets visant à sensibiliser les employés du gouvernement et les citoyens à la violence familiale » (É.-U. 3 mars 2017, 18). Il est écrit dans le guide relatif à la loi 30364 que le MIMP fournit aussi le Service d’intervention en cas d’urgence (Servicio de Atención Urgente - SAU), un service gratuit permettant de venir en aide immédiatement aux victimes de violence familiale ou sexuelle nécessitant des soins d’urgence, par l’entremise de la Línea 100 et/ou d’autres moyens; ce service est offert de 7 h à minuit à Lima et à Callao (Pérou juin 2017, 15). D’après la même source, le MIMP offre aussi le service Internet « CHAT 100 », par l’entremise duquel des professionnels du Programme national de lutte contre la violence familiale et sexuelle (Programa Nacional Contra la Violencia Familiar y Sexual) fournissent information et soutien en ligne et en temps réel de 8 h à 22 h, du lundi au vendredi (Pérou juin 2017, 15).

Selon les Country Reports 2016 publiés par les États-Unis, le gouvernement a en outre fourni [traduction] « une assistance technique aux gouvernements régionaux à l’appui de refuges temporaires mis en place dans 9 des 25 régions » du pays, mais « des ONG et des membres du Congrès ont déclaré que le nombre de refuges pour les victimes de violence familiale et de la traite de personnes est insuffisant » (É.-U. 3 mars 2017, 18). Le HCR a aussi souligné le [traduction] « nombre insuffisant de refuges ouverts » aux victimes de violence familiale ou sexuelle et de harcèlement (Nations Unies mars 2017, 26). De même, Flora Tristán a fait état du faible nombre de refuges (Flora Tristán 19 févr. 2018).

Flora Tristán souligne que peu d'organisations de la société civile fournissent des conseils aux femmes vivant des situations de violence (Flora Tristán 19 févr. 2018). Selon la même source, Flora Tristán offre gratuitement depuis 1988 des conseils aux femmes victimes de violence; l’aide est donnée en personne au bureau de l’organisation, de même que par téléphone ou par courriel (Flora Tristán 19 févr. 2018).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Notes

[1] The Conversation [traduction] « est une source indépendante de nouvelles et d’opinions provenant d’universitaires et de chercheurs, transmises au public sans intermédiaire », qui vise à « favoriser la compréhension de l’actualité et de questions complexes » (The Conversation s.d.b). Lancé en Australie en 2011, le média compte maintenant des plateformes actives dans plusieurs pays, dont le Canada (The Conversation s.d.b).

[2] Peru Reports n’est [traduction] « affilié à aucune organisation politique ou sociale ni à aucune entreprise commerciale » et consiste en un « prolongement de Colombia Reports, la première source de nouvelles en langue anglaise de Colombie » dont « l’équipe est composée de journalistes et de photographes professionnels ainsi que d’expatriés qualifiés originaires des Amériques, de l’Europe et de l’Australie » (Peru Reports s.d.).

[3] L’IPS est une agence de presse mondiale ayant pour rôle d’agir à titre de [traduction] « mode de communication mettant à l’avant-scène les opinions et les préoccupations des plus démunis » (IPS s.d.).

Références

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Boesten, Jelke. 10 août 2016. « Anger at Violence Against Women in Peru Spills Over into Protest ». The Conversation. [Date de consultation : 16 févr. 2018]

The Conversation. S.d.a. « Jelke Boesten ». [Date de consultation : 16 févr. 2018]

The Conversation. S.d.b. « Who We Are ». [Date de consultation : 16 févr. 2018]

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Flora Tristán, Centro de la Mujer Peruana. 19 février 2018. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

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Nations Unies. Mars 2017. Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR). Submission by the United Nations High Commissioner for Refugees for the Office of the High Commissioner for Human Rights’ Compilation Report. Universal Periodic Review: 3rd Cycle, 28th Session. [Date de consultation : 16 févr. 2018]

Nations Unies. 26 juin 2015. Conseil des droits de l’homme. Report of the Working Group on the Issue of Discrimination Against Women in Law and in Practice. Addendum: Mission to Peru. (A/HRC/29/40/Add.2) [Date de consultation : 16 févr. 2018]

Pérou. 2018. Ministerio de la Mujer y Poblaciones Vulnerables (MIMP). Programa Nacional Contra la Violencia Familiar y Sexual. Resumen estadístico de casos de feminicidio y tentativa de feminicidio atendidos por los centros emergencia mujer. Período: Enero-Diciembre 2017. [Date de consultation : 13 févr. 2018]

Pérou. Août 2017. Ministerio de Justicia y Derechos Humanos, Consejo Nacional de Política Criminal (CONAPOC), Observatorio Nacional de Política Criminal - INDAGA. Femenicidos en el Perú. Boletín V. [Date de consultation : 7 févr. 2018]

Pérou. Juin 2017. Ministerio de la Mujer y Poblaciones Vulnerables (MIMP). Conoce la ley No 30364: Ley para prevenir, sancionar y erradicar la violencia contra las mujeres y los integrantes del grupo familiar y su Reglamento D.S. No 009-2016-MIMP. [Date de consultation : 19 févr. 2018]

Pérou. Mai 2017. Instituto Nacional de Estadística e Informática (INEI). Encuesta Demográfica y de Salud Familiar 2016: Nacional y Regional. [Date de consultation : 5 mars 2018]

Pérou. 26 juillet 2016. Ministerio de la Mujer y Poblaciones Vulnerables (MIMP). Decreto Supremo que apruaba el "Plan Nacional Contra la Violencia de Género 2016-2021" : Decreto Supremo No 008-2016-MIMP. [Date de consultation : 7 févr. 2018]

Pérou. 2016. Ministerio de la Mujer y Poblaciones Vulnerables (MIMP). Programa Nacional Contra la Violencia Familiar y Sexual. Resumen estadístico de violencia feminicida. Período: Enero-Diciembre 2015. [Date de consultation : 13 févr. 2018]

Peru Reports. 21 août 2016. Jack Dylan Cole. « Domestic Violence Spikes After Historic Women’s Protest in Peru ». [Date de consultation : 7 févr. 2018]

Peru Reports. S.d. « About Peru Reports ». [Date de consultation : 7 févr. 2018]

Radio Programas del Perú (RPP). 25 novembre 2017. Melissa Barrenechea. « La ley no es suficiente para detener la violencia contra las mujeres en el Perú ». [Date de consultation : 7 févr. 2018]

Autres sources consultées

Sources orales : Equal Futures Partnership; Latin American and Caribbean Committee for the Defense of Women’s Rights; Nations Unies – ONU Femmes; Pérou – Ministerio de la Mujer y Desarollo Social.

Sites Internet, y compris : Al Jazeera; BBC; ecoi.net; El Comercio; Factiva; France 24; The Huffington Post; The Independent; International Crisis Group; National Public Radio; Nations Unies – Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, ONU Femmes, Refworld; Pérou – Ministerio de Desarollo y Inclusión Social; Raidió Teilifís Éireann; Thomson Reuters Foundation.

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