India: Ability of Indian Tamils to relocate outside of Tamil Nadu to areas such as Delhi, Bangalore, Mumbai or Chandigarh; treatment by society and access to housing, employment and social services (2012 - May 2016) [IND105526.E]

Inde : information sur la capacité des Indiens tamouls de se réinstaller à l’extérieur du Tamil Nadu dans des régions comme Delhi, Bangalore, Mumbai ou Chandigarh; le traitement que leur réserve la société et l’accès au logement, à l’emploi et aux services sociaux (2012-mai 2016)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

L’article 19 de la constitution de l’Inde (Constitution of India) est ainsi libellé :

[traduction]

19 (1) Tous les citoyens ont le droit --

[…]

(d) de circuler librement dans l’ensemble du territoire de l’Inde;

(e) de résider et de s’établir dans toute partie du territoire de l’Inde (Inde 1949).

Dans une analyse des migrations interétatiques en Inde publiée dans la revue Asian Population Studies, R.B. Bhagat et Soumya Mohanty, tous les deux affiliés au Département des migrations et des études urbaines (Department of Migration and Urban Studies) de l’Institut international des sciences des populations (International Institute for Population Sciences) à Mumbai, montrent qu’entre 200 000 et 300 000 personnes ont migré du Tamil Nadu vers l’État de Karnataka [dont la capitale est Bangalore], et qu’entre 100 000 et 200 000 personnes ont migré du Tamil Nadu vers l’État de Maharashtra [dont la capitale est Mumbai] entre 1991 et 2001 (Bhagat et Mohanty mars 2009, 13, 14, 20). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel au sujet des statistiques démographiques et migratoires concernant les Tamouls du Tamil Nadu.

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur agrégé d’anthropologie à l’Université Cornell, dont les travaux de recherche portent sur les communautés tamoules en Malaisie et à Bangalore, a affirmé, sans donner de détails, [traduction] « [qu’]il est assez courant de trouver des Tamouls installés dans d’autres parties de l’Inde », et qu’il y a « d’importantes colonies » de Tamouls à Bangalore, dans le Sud du Karnataka et à Mumbai (professeur agrégé d’anthropologie 6 mai 2016). De même, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques à l’Université de Toronto, dont les recherches sont axées sur le Tamil Nadu et les Tamouls vivant à Mumbai et à Bangalore, a déclaré que, selon ses connaissances, il est [traduction] « très courant pour une personne tamoule de se réinstaller dans d’autres parties de l’Inde, plus particulièrement à Delhi, à Bangalore et à Mumbai » (professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques 9 mai 2016).

D’après le professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques « il n’existe pas réellement de coutumes limitant les déplacements » des Tamouls; celuici a ajouté que les « limitations concernent plutôt le mariage, en ce sens que la coutume veut qu’une personne épouse une autre personne de sa caste ou communauté, bien qu’il soit possible de le faire dans les villes indiennes » (17 mai 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Selon les estimations de certaines sources, de 20 à 30 p. 100 de la population de Bangalore est constituée de locuteurs du tamoul (ibid.; professeur agrégé d’anthropologie 6 mai 2016). Le professeur agrégé d’anthropologie a expliqué qu’il y a également « de vastes communautés tamoules » à Mumbai, à Delhi et à Trivandrum (ibid.). Le professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques a précisé que Mumbai est dotée d’une « proportion très importante » de locuteurs du tamoul, tandis qu'à sa connaissance, la proportion est moins importante à Delhi (17 mai 2016). Un article publié en avril 2012 dans le New Indian Express, un quotidien de langue anglaise de Madurai (s.d.), souligne la [traduction] « présence de migrants tamouls dans de nombreux districts » de l’État de Kerala (The New Indian Express 19 avr. 2012). Le site Web du Chandigarh Tamil Sangam, [traduction] « une organisation socioculturelle sud-indienne » à Chandigarh, précise qu’il y a « environ 50 000 » Tamouls à Chandigarh (Chandigarh Tamil Sangam s.d.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel au sujet de la taille des communautés tamoules à l’extérieur du Tamil Nadu, y compris à Bangalore, à Chandigarh, à Delhi et à Mumbai.

2. Traitement réservé par la société

Sans donner d’autres détails, le professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques a affirmé que « de nombreux migrants sont victimes de discrimination lorsqu’ils s’installent dans une autre région que la leur » (9 mai 2016). Le professeur agrégé d’anthropologie a expliqué que, bien que des manifestations « parrainées par le nationalisme ethnique/linguistique » aient eu lieu à Bangalore et à Mumbai, « au cours des dernières années, les Tamouls n’ont pas été directement ciblés ou intimidés » (11 mai 2016). La même source a affirmé que, « à [sa] connaissance, aucune discrimination ou violence flagrante [à l’endroit des Tamouls] n’est survenue au titre des politiques étatiques ou municipales » à Mumbai et à Bangalore depuis 2012, bien que « des incidents puissent être survenus en privé » (professeur agrégé d’anthropologie 11 mai 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Sans fournir plus de détails, un article publié en octobre 2014 dans le Free Press Journal, un quotidien de langue anglaise de Mumbai (s.d.), souligne que les Tamouls ont été visés par des [traduction] « campagnes de haine » à Mumbai dans le passé (The Free Press Journal 22 oct. 2014). La même source a rapporté les paroles d’un migrant tamoul élu à l’Assemblée législative de Maharashtra pour un district électoral de Mumbai le 22 octobre 2014, qui aurait affirmé avoir reçu « “un immense soutien de la part de Gujaratis des classes moyenne et moyenne supérieure, ainsi que de vastes groupes d’habitants de bidonvilles” » (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

En outre, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur des incidents particuliers de violence et de discrimination à l’endroit de Tamouls s’étant réinstallés dans d’autres parties de l’Inde entre 2012 et mai 2016.

3. Accès au logement, à l’emploi et aux services sociaux

D’après le professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques, « en règle générale », une personne tamoule qui quitte le Tamil Nadu pour se réinstaller dans une autre région de l’Inde va s’établir dans une région où elle a déjà de la parenté, soulignant que, à Bangalore, « le pourcentage de locuteurs du tamoul est si élevé que la plupart des migrants ont vraisemblablement déjà un quelconque membre de la famille à cet endroit qui pourra les aider à accéder aux services » (9 mai 2016). La même source a fait observer que le degré de soutien requis pour trouver un logement ou un emploi dépend de la caste et de la classe socioéconomique de la personne; par exemple, un « médecin qualifié pourrait se trouver un emploi aisément, alors qu’un domestique ou un travailleur de la construction pourrait devoir s’appuyer dans une mesure beaucoup plus importante sur les réseaux sociaux existants » (professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques 9 mai 2016). En outre, selon la même source, « il y a peu de services gouvernementaux, sinon aucun, offerts » aux personnes qui quittent le Tamil Nadu pour s’installer en milieu urbain, et les ONG ne viennent pas expressément en aide aux Tamouls (ibid.).

Le professeur agrégé d’anthropologie a expliqué qu’à Bangalore, « les enclaves tamoules offrent un environnement confortable où les Tamouls peuvent s’exprimer, pratiquer leur religion et faire rayonner leur culture par le truchement du cinéma, de la musique et de la danse » (ibid.). Cependant, la même source a affirmé que « [d]ans le Nord de l’Inde, où la langue prédominante est l’hindi, les Tamouls peuvent avoir de la difficulté à s’intégrer », parce qu’au Tamil Nadu, l’enseignement se fait en tamoul uniquement; ainsi les Tamouls « maîtrisent [souvent] moins » l’hindi (ibid.). De même, le professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques a précisé que « les difficultés pratiques peuvent également revêtir un caractère linguistique » pour les Tamouls qui se réinstallent dans une autre partie de l’Inde; par exemple, à Delhi, il faut parler l’hindi « pour bien s’en sortir », et peu de locuteurs du tamoul maîtrisent l’hindi avant de déménager (17 mai 2016).

3.1 Soutien et services offerts aux migrants tamouls

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur les systèmes de soutien et les services dont peuvent se prévaloir les migrants tamouls.

Le professeur agrégé d’anthropologie a affirmé qu’à Bangalore, il existe « un certain nombre » d’associations culturelles et commerciales tamoules pouvant offrir du soutien à une personne tamoule réinstallée dans cette ville (6 mai 2016). Le site Web du Mumbai Tamil Sangam, [traduction] « un regroupement de résidants tamouls de Mumbai », précise qu’il offre « des cours de Marathi [1] pour les personnes qui ne parlent pas cette langue », des cours de tamoul « pour d’autres, y compris les Tamouls qui ne savent [pas] lire et écrire en tamoul », et des « bourses d’études aux élèves » (Mumbai Tamil Sangam s.d.). Selon le site Web du Chandigarh Tamil Sangam, l’organisation offre des « activités philanthropiques comme des examens médicaux gratuits, des camps pour personnes dans le besoin [et] des distributions d’articles en laine [aux] démunis » (s.d.). Des sources signalent qu’il existe également des organisations tamoules semblables à Bangalore (Bangalore Tamil Sangam s.d.) et à Delhi (Delhi Tamil Sangam s.d). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel au sujet de ces organisations et des services offerts par cellesci.

3.2. Conditions de vie

Le professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques a affirmé que la sécurité d’une personne tamoule qui se réinstalle à l’extérieur du Tamil Nadu et ses conditions de vie, dont l’accès au logement, à l’emploi et aux services sociaux, dépendent de sa « caste/communauté et de [s]a classe socioéconomique » (9 mai 2016). La même source a fait observer que « [d]e nombreux » Tamouls à Mumbai et à Delhi « vivent dans des bidonvilles et dans la pauvreté extrême », mais qu’« il existe une vaste classe moyenne tamoule dans les deux villes également » (professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques 9 mai 2016). Le professeur agrégé d’anthropologie a de la même façon précisé que « les Tamouls qui occupent des emplois manuels doivent surmonter des difficultés associées à leur statut de migrants et à leur faible statut socioéconomique », tandis que les professionnels s’en sortent bien « dans toutes les villes principales » (professeur agrégé d’anthropologie 6 mai 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel au sujet des conditions de vie des communautés tamoules en Inde à l’extérieur du Tamil Nadu.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Note

[1] Selon Ethnologue: Languages of the World, un catalogue en ligne répertoriant les langues du monde, le marathi [maharashtra, maharathi, malhatee, marthi, muruthu] est une langue de l’Inde parlée dans les États d’Andhra Pradesh, de Chhattisgarh, de Goa, de Karnataka, de Madhya Pradesh, ainsi que dans les districts Karnataka, Belgaum et Bidar de l’État de Maharashtra. Il s’agit d’une langue provinciale obligatoire dans l’État de Maharashtra (Ethnologue 2016).

Références

Bangalore Tamil Sangam. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 13 mai 2016]

Bhagat, R.B. et Soumya Mohanty. Mars 2009. « Emerging Pattern of Urbanization and the Contribution of Migration in Urban Growth in India ». Asian Population Studies. Vol. 5, no 1.

Chandigarh Tamil Sangam. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 13 mai 2016]

Delhi Tamil Sangam. S.d. « Delhi Tamil Sangam ». [Date de consultation : 13 mai 2016]

Ethnologue: Languages of the World. 2016. 19e éd. « Marathi ». Sous la direction de M. Paul Lewis, Gary F. Simons et Charles D. Fennig. Dallas: SIL International. [Date de consultation : 20 mai 2016]

The Free Press Journal. 22 octobre 2014. Ajinkya Gaikwad. « A Tamil Migrant Walks into Maharashtra Assembly! ». [Date de consultation : 12 mai 2016]

The Free Press Journal. . S.d. « About Us ». [Date de consultation : 19 mai 2016]

Inde. 1949 (modifiée en 2015). The Constitution of India. [Date de consultation : 17 mai 2016]

Mumbai Tamil Sangham. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 13 mai 2016]

The New Indian Express. 19 avril 2012. K Surekha. « Tamils Can Learn While They Earn ». [Date de consultation : 12 mai 2016]

The New Indian Express. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 19 mai 2016]

Professeur agrégé d’anthropologie, Cornell University. 11 mai 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur agrégé d’anthropologie, Cornell University. 6 mai 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques, University of Toronto. 17 mai 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur agrégé d’anthropologie et d’études asiatiques, University of Toronto. 9 mai 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Autres sources consultées

Sources orales : Aid India; Asian Human Rights Commission; Bangalore Tamil Sangam; Bombay Tamil Sangam; doctorant, Westfälische Wilhelms-Universität Münster; Chandigarh Tamil Sangam; Delhi Tamil Sangam; Nations Unies – Organisation pour l’éducation, la science et la culture; People’s Watch; professeur, Princeton University; professeur agrégé, College of International Security Affairs.

Sites Internet, y compris : Aajeevika Bureau; Afternoon Despatch and Courier; Agence France Presse; Amnesty International; Asian Age; Bangalore Mirror; Bangalore – Municipal Corporation; BBC; Business Standard; Chandigarh – Municipal Corporation; Citizen Matters; Deccan Chronicle; Delhi – East Delhi Municipal Corporation, government of National Capital Territory, North Delhi Municipal Corporation, South Delhi Municipal Corporation; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; Fédération Internationale des droits de l’homme; Financial Express; Freedom House; The Hindu; Human Rights Watch; Inde – Census India, Ministry for Minority Affairs, Ministry of Statistics and Programme Implementation; India Today; The Indian Express; Internal Displacement Monitoring Centre; IRIN; Jane’s Intelligence Review; Minority Rights Group; Mumbai – municipal corporation of greater Mumbai; Nations Unies – Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Haut Commissariat pour les réfugiés, ONU Femmes, PNUD, Refworld, Reliefweb; New Delhi News; New Delhi Times; News Today; North India Kaleidoscope; Organisation internationale pour les migrations; The Pioneer; Radio France internationale; Radio Free Europe/Radio Liberty; SHRAM Research Portal and Data Repository; The Times of India; Transparency International; The Tribune.

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