Uganda: Information on the presence of witchdoctors in Uganda; treatment of those who refuse to succeed the duties of their deceased brother who was the clan leader and clan witchdoctor, particularly among the Mpologoma clan; state protection available (2011-Februrary 2017) [UGA105739.E]

Ouganda : information sur la présence de sorciers en Ouganda; traitement réservé aux personnes qui refusent de reprendre les fonctions de leur frère décédé qui était le chef et le sorcier du clan, y compris au sein du clan Mpologoma; protection offerte par l’État (2011-février 2017)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Présence et influence des sorciers en Ouganda

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur d’anthropologie du développement à l’École d’économie et de sciences politiques de Londres (London School of Economics and Political Science - LSE), qui a effectué des recherches sur la conception de la santé et de la guérison à l’échelle locale en Ouganda, a affirmé que les sorciers [traduction] « existent sous diverses formes partout au pays » (professeur 7 févr. 2017). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur agrégé de sciences sociales à l’Université Eastern Shore du Maryland, qui a écrit sur la culture populaire et l’histoire sociale en Ouganda, a affirmé qu'en ce qui concerne la popularité et l’influence des sorciers en Ouganda, [traduction] « les sorciers sont importants et nombreux » (professeur agrégé 3 févr. 2017). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le directeur principal de Kyampisi Childcare Ministries (KCM), un organisme de bienfaisance ougandais qui s’emploie à sauver des enfants devant être sacrifiés sur l’ordre de sorciers et de guérisseurs traditionnels (KCM s.d.), a affirmé que les sorciers [traduction] « sont omniprésents au pays, certains étant plus visibles et connus que d’autres, puisqu’ils gèrent des sanctuaires à l'échelle nationale et sont considérés comme des personnalités influentes au sein de notre société » (KCM 7 févr. 2017). Selon Narrow Road, une organisation d’aide des États-Unis gérée par des bénévoles, qui exerce ses activités en Ouganda et au Honduras (Narrow Road s.d.a), et dont les programmes comprennent notamment des initiatives visant à mettre fin au sacrifice d’enfants, les sorciers sont [traduction] « nombreux dans les régions rurales de l’Ouganda » (Narrow Road s.d.b).

Dans un rapport intitulé Child Sacrifice in Uganda, publié en 2011 par Jubilee Campaign, une ONG établie au Royaume-Uni qui s’emploie à protéger les enfants partout dans le monde (Jubilee Campaign s.d), en collaboration avec KCM, il est écrit qu’il y a environ trois millions de guérisseurs traditionnels/sorciers qui exercent leurs activités en Ouganda (Jubilee Campaign et KCM 2011, 56). Sans fournir d’autres détails, la même source cite des statistiques provenant de RACHO-Uganda, une ONG établie en Ouganda qui tente d’exercer des pressions sur le gouvernement pour qu’il mette en place des réformes sociales en vue de mettre fin aux sacrifices humains (RACHO-Uganda S.d.), selon lesquelles [traduction] « il y a environ 650 000 sorciers et guérisseurs traditionnels enregistrés » (Jubilee Campaign et KCM 2011, 56).

Dans une autre communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le professeur d’anthropologie du développement a affirmé que le terme « sorcier » pouvait vouloir dire [traduction] « guérisseur local », expliquant qu’il « [e]xiste plusieurs types [de sorciers] qui offrent diverses formes de thérapies » et ajoutant « [qu’]il y a également des variations importantes selon les groupes linguistiques et ethniques » (professeur 6 févr. 2017). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur adjoint d’histoire et d’études africaines et afro-américaines au Collège Mount Holyoke, qui a mené des recherches sur l’Ouganda, notamment sur l’histoire sociale du royaume du Buganda, a d’ailleurs affirmé que [traduction] « le rôle du guérisseur peut comprendre la guérison physique, la réparation de fractures, etc., mais également la guérison spirituelle. Certains qualifient ces personnes de sorciers, même si ce terme a une connotation négative. Il y a des variations parmi les groupes ou les clans » (professeur adjoint 8 févr. 2017).

Le professeur agrégé a affirmé qu’il [traduction] « est normal pour presque tout le monde » en Ouganda de consulter des sorciers (professeur agrégé 3 févr. 2017). On peut lire dans un rapport sur le sacrifice d’enfants en Ouganda, publié en 2014 par la KidsRights Foundation, une organisation internationale de défense des droits des enfants établie aux Pays-Bas (KidsRights s.d.), que de [traduction] « [n]ombreuses personnes en Ouganda croient qu’un sorcier peut leur apporter du succès en affaires, de la chance ou la santé en accomplissant un rituel » (KidsRights avr. 2014, 10). Selon le rapport publié par Jubilee Campaign et KCM, le fait de [traduction] « consulter des guérisseurs traditionnels, des devins, des sorciers et des astrologues est une pratique acceptée, qui est maintenant considérée comme normale, voire à la mode, [et] [c]e comportement social de même que l’acceptation des sorciers ont encouragé davantage de personnes à consulter ouvertement des sorciers » (Jubilee Campaign et KCM 2011, 49). La même source ajoute ce qui suit :

[traduction]

[da]ns notre monde moderne, les sorciers sont devenus bien organisés et font de grandes campagnes de publicité et de promotion près de leurs sanctuaires. En outre, leurs annonces, publicités et commerciaux à la radio donnent un large écho à des affirmations fantastiques, tout comme leurs publicités imprimées dans les journaux (Jubilee Campaign et KCM 2011, 49).

Selon le directeur principal de KCM, les sorciers :

[traduction]

bénéficient d’appuis qui ont une valeur politique aux yeux des politiciens et du gouvernement. Ils ont des associations de guérisseurs traditionnels ainsi qu’[un] système gouvernemental décentralisé dirigé par un chef national élu plus ou moins chaque année afin de représenter leurs intérêts en Ouganda (KCM 7 févr. 2017).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

2. Traitement réservé aux personnes qui refusent de reprendre les fonctions de leur frère décédé qui était le chef et le sorcier du clan

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur le traitement réservé aux personnes qui refusent de reprendre les fonctions de leur frère décédé qui était le chef et le sorcier du clan.

D’après le professeur adjoint,

[traduction]

[l]a notion de succession implique d’endosser des éléments de l’identité personnelle d’un membre de la famille décédé. La personne choisie doit assumer les responsabilités sociales de la personne à qui elle succède. La personne peut très bien avoir à prendre le titre ainsi que le rôle social et spirituel d’un membre de sa famille. Cependant, habituellement, on considère que les personnes ne choisissent pas elles-mêmes de jouer un rôle social qui implique une force spirituelle, - elles reçoivent plutôt un appel, un peu comme quand, dans le christianisme, il est question d’un « appel » au ministère (professeur adjoint 8 févr. 2017).

La même source a ajouté que la [traduction] « direction du clan est considérée comme une obligation morale et spirituelle à l’égard de la famille élargie et le fait de la refuser déçoit certainement les membres de la famille et est considéré comme un geste profondément égoïste » (professeur adjoint 8 févr. 2017).

Le directeur principal de KCM a affirmé ce qui suit :

[traduction]

[D]ans tous les clans que je connais, lorsqu’une personne meurt, un membre de la famille immédiate est choisi par le défunt avant son décès pour être son héritier. La plupart du temps, s’il s’agit d’un homme, son fils sera intronisé dans le cadre d’une cérémonie traditionnelle où l’homme transfère la responsabilité à l’héritier de la famille et, lorsque le défunt avait des fonctions spirituelles, cet héritier reprend ces responsabilités sans avoir le choix.

Dans tous les cas, si l’homme n’a pas de fils, la famille ou les aînés du clan choisissent un héritier parmi les frères et sœurs du défunt. Ce type de fonctions ne peut pas être refusé. S’il s’agit d’une femme adulte qui meurt au sein de la famille, la fille du frère de la défunte est choisie, la plupart du temps, contre son gré. J’ai été en contact avec des sorciers qui ont eu des démêlés avec la justice et la plupart d’entre eux affirment qu’ils ont hérité du pouvoir d’accomplir des rituels de leurs parents ou d’un membre de leur famille, ou encore ils soutiennent que les esprits les ont choisis pour exécuter cette tâche. Souvent, ils sont avertis que, s’ils n’exécutent pas la tâche, ils seront frappés par une malédiction. Les malédictions possibles sont notamment la folie, la pauvreté, la maladie et même la mort, pour eux ou un membre de leur famille immédiate (KCM 7 févr. 2017).

La même source a affirmé ce qui suit au sujet des personnes qui refusent de prendre la relève :

[traduction]

[Elles] sont souvent victimes de mauvais traitements, exclues des activités de leur famille et du clan et, parfois, elles sont isolées de la communauté en entier. Que l’initiation soit officielle ou non, si les gens savent que quelqu’un devait prendre la relève et que quelque chose de mauvais ou de pire [comme] la mort frappe la communauté, sa propriété est détruite parce que la communauté le qualifie de sorcier. J’ai vu des personnes qui ont accepté d’exercer des pouvoirs après avoir été initiées, puis être qualifiées de sorciers et, si un certain nombre de décès survient dans la communauté dans un laps de temps donné, la responsabilité est habituellement attribuée à la personne qui a été initiée et qui a obtenu des pouvoirs de sorcellerie. Leurs enfants sont également étiquetés et isolés (KCM 7 févr. 2017).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

2.1 Situation au sein du clan Mpologoma

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur la situation particulière des sorciers au sein du clan Mpologoma.

Selon un site Internet consacré au royaume du Buganda en Ouganda, le clan Mpologoma est l’un des clans présents au Buganda (Buganda s.d.). Le professeur a affirmé que [traduction] « le clan existe peut-être aussi au sein d’un autre groupe de [langue] bantoue » en Ouganda (professeur 7 févr. 2017). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

3. Protection offerte par l’État aux personnes qui refusent de prendre la relève à titre de sorcier

Des sources font état de l’existence d’une loi sur la sorcellerie en Ouganda (KCM 8 févr. 2017; KidsRights avr. 2014, 1). Toutefois, selon le directeur principal de KCM, cette loi [traduction] « n’est pas appliquée » (KCM 7 févr. 2017). De même, KidsRights signale que [traduction] « [l]a loi sur la sorcellerie établit que, en principe, la sorcellerie est illégale en Ouganda, mais comme celle-ci a été rédigée à l’époque coloniale, elle manque de crédibilité et est rarement appliquée », et ajoute que la « [p]lupart des actes criminels ne sont pas dénoncés et, malgré l’existence de lois antisorcellerie en Ouganda, la plupart des sorciers agissent sans crainte de poursuite judiciaire » (KidsRights avr. 2014, 1). D’après la même source,

[traduction]

[l]es sorciers sont souvent très respectés au sein de leur communauté et entretiennent des liens forts avec les politiciens et les gouverneurs à l’échelle locale et nationale. Cela crée un contexte dans lequel les sorciers peuvent mener leurs activités en étant peu ou pas du tout exposés au risque de subir un procès pour leurs agissements (KidsRights avr. 2014, 11).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Références

Buganda. S.d. « The Clans of Buganda ». [Date de consultation : 3 févr. 2017]

Jubilee Campaign. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 8 févr. 2017]

Jubilee Campaign et Kyampisi Childcare Ministries (KCM). 2011. Child Sacrifice in Uganda. [Date de consultation : 3 févr. 2017]

Kyampisi Childcare Ministries (KCM). 7 février 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par le directeur principal.

Kyampisi Childcare Ministries (KCM). S.d. « Child Rescue & Rehabilitation ». [Date de consultation : 8 févr. 2017]

KidsRights. Avril 2014. No Small Sacrifice: Child Sacrifice in Uganda, in a Global Context of Cultural Violence. [Date de consultation : 3 févr. 2017]

KidsRights. S.d. « Kid’s Rights: Children’s Rights Organisation Fighting For Children’s Rights All Over The World ». [Date de consultation : 8 févr. 2017]

Narrow Road. S.d.a. « About ». [Date de consultation : 3 févr. 2017]

Narrow Road. S.d.b « Rose’s Journey ». [Date de consultation : 3 févr. 2017]

Professeur adjoint d’histoire et d’études africaines et afro-américaines, Mount Holyoke College. 8 février 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur agrégé de sciences sociales, University of Maryland - Eastern Shore. 3 février 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur d’anthropologie du développement, London School of Economics and Political Science (LSE). 7 février 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur d’anthropologie du développement, London School of Economics and Political Science (LSE). 6 février 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

RACHO-Uganda. S.d. « Background to Human Sacrifice- Why We Do What We Do ». [Date de consultation : 1er mars 2017]

Autres sources consultées

Sources orales : agrégé supérieur de recherche, Crisis States Research Centre, London School of Economics and Political Science; anthropologue social et chargé de cours, Department of Education, Oxford University; chargé de cours, Department of Social Anthropology, University of St Andrews; Force policière de l’Ouganda; professeur d’anthropologie et de santé, London School of Hygiene and Tropical Medicine; professeur de sociologie, Makerere University, Ouganda; professeur émérite, Department of Anthropology, London School of Economics; professeur émérite, Department of Anthropology, University of London.

Sites Internet, y compris : African Network for the Prevention and Protection against Child Abuse and Neglect; AllAfrica; BBC; Daily Monitor; The East African; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; The Guardian; The Independent; International Business Times; Ireland Refugee Documentation Centre; Nations Unies – Refworld; Ouganda – Ministry of Gender, Labour and Social Development; Réseaux d’information régionaux intégrés; Saturday Vision; Ugandan Diaspora.

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