Colombia: Paramilitary successor groups and new criminal bands (bandas criminales, BACRIM), including areas of operation and criminal activities; state response to successor groups and BACRIM, including reintegration of combatants and assistance offered (April 2012-April 2016) [COL105469.E]

Colombie : information sur les groupes ayant succédé aux paramilitaires et les nouveaux gangs criminels (bandas criminales - BACRIM), y compris leurs zones d’activité et leurs activités criminelles; les mesures prises par l’État en réponse à ces groupes et aux BACRIM, y compris la réintégration des combattants et l’aide offerte (avril 2012-avril 2016)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Groupes ayant succédé aux paramilitaires et nouveaux gangs criminels (BACRIM)

Selon Colombia Reports, une agence de presse de langue anglaise à Medellín, [traduction] « un grand nombre de membres des AUC [1] [Autodéfenses unies de Colombie (Autodefensas Unidas de Colombia - AUC)] ont rejeté la démobilisation et ont formé des groupes successeurs qui ont pris le contrôle des filières d’acheminement de la drogue des AUC » (Colombia Reports 2 févr. 2016). Dans un rapport publié par Human Rights Watch, on explique que :

[traduction]

[d]e nombreux termes ont été utilisés pour décrire les groupes ayant succédé aux paramilitaires; on les a notamment qualifiés de paramilitaires, de gangs criminels, de groupes armés illégaux et de cartels de la drogue. Diverses organisations non gouvernementales parlent d’une « nouvelle génération de paramilitaires » ou de « nouveaux groupes paramilitaires » (Human Rights Watch févr. 2010, 92).

D’autres sources signalent que les BACRIM sont les descendants des paramilitaires des AUC (Bagley mai 2013, 15; Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 4) ayant été démobilisés entre 2003 et 2006 (ibid.).

InSight Crime, une organisation qui fait des analyses et rédige des rapports sur le crime organisé en Amérique latine et dans les Caraïbes (InSight Crime s.d.), signale que le terme « BACRIM » [dérivé du terme espagnol bandas criminales], ou gangs criminels, a été créé par le gouvernement de la Colombie après la démobilisation des AUC (ibid. 2 mai 2004). Human Rights Watch affirme que [traduction] « de son côté, le gouvernement de la Colombie refuse de désigner les groupes successeurs sous le nom de paramilitaires - il soutient que les paramilitaires se sont démobilisés - et les qualifie plutôt de "gangs criminels émergents" » [ou BACRIM] (Human Rights Watch févr. 2010, 92). D’après InSight Crime, [traduction] « les organisations qui se sont livrées au trafic de la drogue après 2006 » ne sont pas « considérées comme étant des groupes paramilitaires, mais plutôt comme » des BACRIM (InSight Crime 2 mai 2014). La même source ajoute que le terme BACRIM [traduction] « sert à décrire un large éventail de groupes et d’entreprises criminels - essentiellement toute structure criminelle qui n’est pas liée aux rebelles marxistes » (ibid.).

Jane's Intelligence Review souligne que certains groupes criminels, tels que les Rastrojos et l’Oficina de Envigado, sont issus de cartels : les Rastrojos sont issus du cartel de la drogue Norte del Valle dans le département de Valle del Cauca et l’Oficina de Envigado regroupait initialement des [traduction] « assassins » au service de Pablo Escobar à Medellín (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 5). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

Selon un profil dressé par Mapping Militant Organizations [2], un projet de recherche universitaire de l’Université Stanford qui [traduction] « suit l’évolution des organisations militantes et les interactions qui se développent entre elles avec le temps » (s.d.), sur la base d’un suivi des médias,

[traduction]

[b]ien que les BACRIM soient issus principalement des AUC, ils diffèrent des AUC dans la mesure où ils n’ont pas de programme politique précis. Les groupes paramilitaires étaient des gangs criminels, mais ils combattaient activement les groupes de guérilléros et leurs partisans. Les BACRIM, par contre, se vouent entièrement à la production de cocaïne, à la contrebande et à la violence extrême. Les buts des BACRIM sont l’expansion de leur territoire et le contrôle du commerce de la drogue à l’intérieur des régions sous leur emprise (Mapping Militant Organizations 28 août 2015).

Dans un mémoire de recherche rédigé pour la conférence de la Société internationale d’étude des politiques en matière de drogues (International Society for the Study of Drug Policy - ISSDP) à l’Université des Andes à Bogotá en 2013, Bruce Bagley, un professeur d’études internationales à l’Université de Miami qui s’intéresse aux relations entre les États-Unis et l’Amérique latine, notamment aux questions liées au trafic de la drogue et à la sécurité (University of Miami s.d.), affirme de même que les BACRIM diffèrent des groupes paramilitaires sur plusieurs plans, y compris les suivants :

  • ils tendent à se montrer beaucoup plus habiles et plus subtils sur le plan politique pour ce qui est de chercher des alliances politiques au sein des milieux politique et économique de la Colombie, camouflant souvent leurs liens politiques au moyen de contacts indirects et de candidats [traduction] « propres » sans affiliations connues aux paramilitaires ou sans liens avec eux par le passé;
  • ils mettent l’accent sur l’établissement d’une influence politique au niveau des municipalités et des départements (niveau provincial), plutôt qu’au niveau national (Bagley mai 2013, 15).

D’après Jane's Intelligence Review, en date de mars 2014, le Bureau du procureur public (Fiscalía General de la Nación) avait relevé [traduction] « environ 100 gangs criminels, comptant chacun de 25 à 50 membres » (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22). D’autres sources affirment qu’il y avait entre 3 800 et 10 000 gangs criminels en 2014 (Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 47). Selon El Espectador, un journal colombien, il y avait entre 1 800 et 2 000 gangs criminels dans le pays, ayant une présence dans [traduction] « au moins » 27 des 32 départements, en date de février 2016 (El Espectador 10 févr. 2016).

1.1 Structure des BACRIM

InSight Crime explique que les BACRIM

[traduction]

sont des réseaux criminels qui fonctionnent comme des franchises. Ils sont constitués de nombreux groupes ou « nœuds » différents, qui fonctionnent tous dans le même ensemble, mais qui se vouent souvent à des activités différentes.

Les réseaux criminels sont des entreprises beaucoup plus fluides que les cartels ou les fédérations, recrutant des membres et réduisant leurs effectifs selon les services qu’ils offrent et le marché criminel qui existe pour leurs services. Ces réseaux sont constitués de différentes unités ou différents nœuds qui sont interconnectés afin de favoriser et de faciliter leurs activités (InSight Crime 2 mai 2014).

De plus, la même source affirme que les BACRIM

[traduction]

sont constitués de plusieurs cellules différentes réparties sur un vaste territoire, comptant plusieurs composantes armées, du personnel affecté au versement de pots-de-vin aux fonctionnaires de l’État, des ressources vouées au blanchiment de fonds et l’aptitude à mener à bien, ou à sous-traiter, un large éventail d’activités criminelles. Il s’agit d’un réseau criminel plutôt que d’une organisation intégrée et hiérarchisée (ibid.).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés concernant la structure des BACRIM, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

1.2 Noms des BACRIM

Des sources signalent que les gangs suivants font partie des BACRIM :

Los 115 Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22
Águilas Negras Bagley mai 2013, 15; Sullivan avr./mai 2014, 48
Autodefensas Gaitanistas de Colombia Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48; Verdad Abierta 21 déc. 2015
Banda Criminal de Uraba Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48
Cacique Pipinta Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48
Don Juan Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22
ERPAC - Armée populaire révolutionnaire antiterroriste de Colombie Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48; FIP 16 oct. 2014
Grupo de Martin Llanos Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48
La 25 Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22
La Empresa Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22
La Galera Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22
La Oficina de Envigado Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48; FIP 16 oct. 2014
Los Anticristo Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22
Los Camacoleros Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22
Los Machos Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48; Verdad Abierta 21 déc. 2015
Los Nevados Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48
Los Paisas Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48
Los Petecuy Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22
Los Rastrojos Bagley mai 2013, 15; Sullivan avr./mai 2014, 48; Verdad Abierta 21 déc. 2015
Los Rolos Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22
Los Urabeños Mapping Militant Organizations 28 août 2015; FIP 16 oct. 2014
Nueva Generación Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48
Renacer Mapping Militant Organizations 28 août 2015; Sullivan avr./mai 2014, 48

1.3 Zones d’activité

D’après InSight Crime, les BACRIM sont [traduction] « habituellement » présents dans plusieurs départements : « les BACRIM les plus faibles ont une présence régionale; les plus forts ont une portée nationale et peuvent mener des activités partout au pays » (InSight Crime 2 mai 2014). Dans un rapport en date du 2 avril 2014, Jane's Intelligence Review signale que les Urabeños sont en train de devenir le BACRIM [traduction] « prédominant » en Colombie et qu’ils sont « les seuls ayant une portée nationale » et une présence « importante » à Medellín, le long de la côte des Caraïbes en Colombie et le long de la côte du Pacifique (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 21). Pour obtenir de plus amples renseignements sur les Urabeños, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information COL105044.

Dans un article publié dans le Counter Terrorist Magazine, une revue de Miami à l’intention des professionnels des domaines de l’application de la loi, du renseignement et des opérations spéciales (The Counter Terrorist Magazine s.d.), John Sullivan, un chercheur principal au Small Wars Journal [3], affirme que les BACRIM étaient présents dans 347 municipalités en 2011 (Sullivan avr./mai 2014, 48). Sans fournir de précisions, Mapping Militant Organizations a déclaré en 2015 que les BACRIM seraient [traduction] « actifs dans 130 à 170 municipalités à l’échelle du pays, et dans 15 à 31 des 32 provinces du pays », y compris Barbacoas, Nariño, Córdoba, Antioquia, Vichada et Guaviare (Mapping Militant Organizations 28 août 2015). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

Selon Bruce Bagley, le [traduction] « lieu central » des activités des BACRIM englobe la côte des Caraïbes de la Colombie et le sud-ouest du Pacifique (Bagley mai 2013, 15). Jane's Intelligence Review écrit que les gangs criminels sont présents à Medellín [p. ex., Los Camacoleros, La Galera et Los 115], à Cali [p. ex., Los Anticristo, La 25 et Los Petecuy], à Buenaventura [p. ex., La Empresa], à Bogotá [La Empresa], dans les départements de Santander et de Norte de Santander, au nord-est du pays, dans les départements de Córdoba, d’Atlántico et de La Guajira, sur la côte des Caraïbes, ainsi que dans des régions caféicoles des départements de Caldas, de Quindío et de Risaralda (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22).

D’après John Sullivan, les zones d’activité des BACRIM se sont élargies au-delà des frontières de la Colombie (Sullivan avr./mai 2014, 51). Selon le profil dressé par Mapping Militant Organizations, les BACRIM mènent des activités en Espagne et en Italie et ont [traduction] « une très forte présence » en Équateur et au Venezuela (Mapping Militant Organizations 28 août 2015). La même source précise que des chefs des BACRIM [traduction] « ont été capturés partout en Argentine, en Bolivie, au Honduras, au Panamá, au Pérou et au Venezuela » (ibid.). Sans fournir de précisions, InSight Crime signale également que les BACRIM disposent de cellules dans d’autres pays, en mesure de mener à bien [traduction] « un large éventail d’activités criminelles », y compris le trafic de la drogue et le blanchiment de fonds (InSight Crime 2 mai 2014). La même source affirme que les BACRIM à Medellín ont des liens avec les cartels mexicains; l’organisation Los Rastrojos, une BACRIM, est alliée au cartel mexicain Sinaloa, tandis que Los Urabeños sont liés à Los Zetas (ibid.).

1.4 Activités des BACRIM

D’après InSight Crime, les BACRIM constituent la troisième génération des organisations de trafic de stupéfiants [4] (InSight Crime 2 mai 2014). La même source signale que les BACRIM sont impliqués dans le trafic de la drogue aux États-Unis par l’entremise d’organisations criminelles mexicaines (ibid.). InSight Crime ajoute que les BACRIM tirent la moitié de leurs revenus de l’exportation de la cocaïne et se livrent à d’autres activités criminelles, telles que l’extorsion, l’extraction d’or, le microtrafic, le jeu, la contrebande et la traite de personnes (ibid.). Bruce Bagley affirme que les BACRIM ont élargi leurs intérêts [traduction] « au-delà du trafic de la drogue de façon à inclure d’autres activités illégales [telles que] la piraterie foncière, l’extraction d’or, la récolte du bois, ainsi que des entreprises légales (Bagley mai 2013, 15). John Sullivan cite des propos publiés sur LatAm-Threads, un blogue politique qui propose des commentaires sur des questions touchant l’Amérique latine (s.d.), selon lesquels les BACRIM sont impliqués dans la prostitution, l’exploitation forestière non autorisée, le trafic d’armes et la contrebande de carburant (Sullivan avr./mai 2014, 50).

D’après InSight Crime, les BACRIM [traduction] « exercent un contrôle territorial » et « contrôlent des corridors de déplacement partout au pays » (InSight Crime 2 mai 2014). La même source affirme que les BACRIM [traduction] « peuvent assurer des points de départ et ont la capacité de punir quiconque perturbe la circulation de stupéfiants » (ibid.). Dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2014, le Département d’État des États-Unis signale, sans fournir de précisions, que les groupes criminels organisés ont déplacé des civils [traduction] « qui habitaient le long des corridors de transit clés pour les stupéfiants et les armes » (É.-U. 25 juin 2015, 24). Amnesty International (AI) écrit que les BACRIM commettent des crimes et de graves violations des droits de la personne, menaçant et tuant - entre autres - des défenseurs des droits de la personne (AI 2015/2016, 4). D’après un rapport de Human Rights Watch, à Buenaventura, [traduction] « des quartiers entiers » étaient dominés par des groupes ayant succédé aux paramilitaires - Los Urabeños et La Empresa - « qui restreignent les déplacements des résidents, recrutent leurs enfants, extorquent de l’argent à leurs entreprises et se livrent couramment à d’horribles actes de violence contre quiconque s’oppose à leur volonté » (Human Rights Watch 2014, 2). Dans le même rapport, on peut lire que plus de 150 personnes ont été portées disparues à Buenaventura entre janvier 2010 et décembre 2013 et que [traduction] « les autorités présument qu’elles ont été enlevées » par des BACRIM (ibid.). Pour obtenir de plus amples renseignements sur les activités des BACRIM à Buenaventura, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information COL105044.

Voici d’autres exemples d’activités criminelles menées par les BACRIM :

  • en novembre 2012, les Rastrojos ont tué 10 agriculteurs au nord-est de Bogotá parce que ces derniers n’auraient pas donné suite aux demandes d’extorsion des BACRIM (Mapping Militant Organizations 28 août 2015; AP 8 nov. 2012);
  • en juin 2013, un ressortissant espagnol a été enlevé par les Rastrojos, un BACRIM, à Corinto dans le département de Cauca (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 11). Son corps a été trouvé le 23 août 2013, criblé de balles (ibid.);
  • le 5 juin 2013, un Espagnol a été enlevé par les Rastrojos à Santander de Quilichao, dans le département de Cauca (ibid.);
  • en septembre 2014, les Urabeños et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia - FARC) étaient à l’origine d’une attaque contre la police à Córdoba qui aurait entraîné la mort de sept personnes (Mapping Militant Organizations 28 août 2015);
  • le 11 janvier 2016, le Bloc de la côte atlantique nord des Aigles noirs (Bloque Norte Costa Atlántica Águilas Negras) a distribué un tract dans le département d’Atlántico proférant des menaces de mort à l’endroit d’une quarantaine de personnes, y compris des défenseurs des droits de la personne, des syndicalistes, des personnes ayant revendiqué des terres et un représentant du gouvernement affecté à la restitution des terres (AI 2015/2016, 4).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés concernant les incidents survenus, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

1.5 Relations avec les autres groupes

La BBC cite les propos des autorités colombiennes selon lesquels, dans certaines régions, les BACRIM [traduction] « ont uni leurs forces avec des rebelles de gauche pour mener leurs activités de trafic de stupéfiants, tandis que dans d’autres régions, les nouveaux gangs et les guérilléros se sont affrontés » (BBC 29 août 2013). Dans une entrevue avec Verdad Abierta, un site Internet qui compile des renseignements sur les conflits armés, les groupes criminels et les paramilitaires en Colombie, le coordonnateur de la défunte Commission nationale de réparation et de réconciliation (Comisión Nacional de Reparación y Reconciliación) a déclaré que [traduction] « plusieurs groupes criminels » collaborent avec les FARC et l’Armée de libération nationale [Ejército de Liberación Nacional - ELN] (Verdad Abierta 16 janv. 2016). Par exemple, à Nariño, il existe des liens entre les groupes criminels et l’ELN dans le commerce de la drogue (ibid.). La Fondation Idées pour la paix (Fundación Ideas para la Paz - FIP), un [traduction] « groupe de réflexion indépendant » de Bogotá qui s’emploie à générer du savoir et des idées pour la consolidation de la paix en Colombie (FIP s.d.), déclare que [traduction] « les alliances entre les groupes rebelles et les factions criminelles ont été consolidées [durant les négociations de paix entre les FARC et le gouvernement de la Colombie]. En témoigne le découpage territorial, avec ses frontières invisibles qui déterminent qui exerce le contrôle » sur quel secteur (ibid. janv. 2016, 14). Pour obtenir de l’information sur les négociations de paix entre les FARC et le gouvernement, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information COL105467.

Dans une entrevue avec Verdad Abierta, le directeur de l’Observatoire pour la paix (Observatorio para la Paz) du département de Valle del Cauca a déclaré qu’il y a des disputes territoriales entre les FARC et les groupes criminels à Bajo San Juan [à la frontière entre les départements de Valle del Cauca et de Chocó (El Pueblo 30 nov. 2015)] (Verdad Abierta 16 janv. 2016). D’après la FIP, il y a des alliances liées au commerce de la drogue entre les FARC et d’autres groupes criminels, y compris les alliances suivantes : le 57e front des FARC et les Urabeños dans la région d’Urabá [départements de Chocó, d’Antioquia et de Córdoba] et dans le Nœud de Paramillo [départements d’Antioquia et de Córdoba]; le 59e front et les Rastrojos et les Urabeños dans les départements de La Guajira et de Cesar; le 48e front et [traduction] « certains groupes criminels » dans le département de Putumayo; le 7e front et l’ERPAC dans le département de Meta; et les 6e, 30e et 57e fronts et les Rastrojos sur la côte du Pacifique (FIP 16 oct. 2014). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

Sans fournir de précisions, Jane's Intelligence Review cite des médias colombiens et InSight Crime, qui ont écrit que [traduction] « les FARC transmettent des techniques de fabrication de bombes à certaines unités des BACRIM » (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 5). La même source signale que les BACRIM et les FARC se font souvent la lutte pour les droits d’extorsion visant les profits de l’exploitation minière dans les régions éloignées de la Colombie, où la présence des forces de sécurité est restreinte (ibid., 13). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

1.6 Infiltration du gouvernement

Selon Mapping Militant Organizations, les BACRIM se servent de liens avec des fonctionnaires colombiens pour protéger leurs intérêts commerciaux (Mapping Militant Organizations 28 août 2015). John Sullivan affirme également que les BACRIM tentent de prévenir l’ingérence gouvernementale [traduction] « en corrompant et en enrôlant les agents et les institutions de l’État » (Sullivan avr./mai 2014, 52). La même source précise que les [traduction] « agents enrôlés » couvrent les BACRIM et les aident à éviter les poursuites judiciaires (ibid.). D’après Mapping Militant Organizations, [traduction] « grâce à la corruption et au versement de pots-de-vin, les BACRIM font appel à des policiers, des membres des forces de sécurité, des conseillers municipaux et des maires pour protéger leurs intérêts commerciaux » (Mapping Militant Organizations 28 août 2015). De même, on peut lire dans les Country Reports 2014 que des membres des forces de sécurité de l’État, y compris de simples soldats, des sous-officiers et des officiers, [traduction] « collaboraient aux activités des groupes criminels organisés ou les toléraient » (É.-U. 25 juin 2015, 2).

Selon Colombia Reports, [traduction] « il est fréquent que des soldats et des policiers soient arrêtés pour trafic de stupéfiants ou d’armes de connivence » avec les BACRIM (Colombia Reports 2 févr. 2016). Sans fournir de précisions, Mapping Militant Organizations a signalé en août 2015 qu’il y aurait eu [traduction] « plus de 200 enquêtes anticorruption visant des fonctionnaires colombiens soupçonnés d’avoir des liens » avec les BACRIM (Mapping Militant Organizations 28 août 2015). D’après les Country Reports 2014, entre le 1er janvier et le 8 juillet 2015, 41 employés de l’État, y compris des membres des forces armées, ont été arrêtés et accusés d’avoir des liens avec des groupes criminels illégaux (É.-U. 25 juin 2015, 3). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

2. Mesures prises par l’État

Selon Jane's Intelligence Review, en 2011, le gouvernement de la Colombie a déclaré que les BACRIM constituaient [traduction] « la plus grande menace à la sécurité nationale en Colombie » et a réaffecté des fonds destinés à la sécurité de la force militaire à la force policière afin de lutter contre les organisations criminelles (4 avr. 2014, 5). De même, Human Rights Watch cite une directive en date de 2009 du ministère de la Défense de la Colombie selon laquelle [traduction] « "la Police nationale aura le premier rôle dans la lutte contre les BACRIM" » (Human Rights Watch févr. 2010, 94). La même source cite aussi des sources au sein du gouvernement de la Colombie selon lesquelles la Division des carabiniers et de la sécurité rurale est l’unité policière chargée de mener à bien la plupart des opérations contre les BACRIM (ibid.). Citant des renseignements fournis par la police colombienne, Human Rights Watch précise que 51 escouades policières mobiles sur 71 étaient affectées à la lutte contre les BACRIM dans les régions rurales (ibid.).

Dans un article publié en février 2016, l’agence de presse Agencia EFE signale qu’une unité de recherche policière (bloque de búsqueda) a été créée pour combattre le crime organisé en Colombie (Agencia EFE 24 févr. 2016). Selon la même source, 161 opérations ont été assignées à cette unité, [traduction] « y compris celles ayant pour but de trouver les principales têtes dirigeantes des BACRIM » (ibid.). D’après El Espectador, l’unité de recherche a été créée en février 2016 et est constituée de 500 agents en provenance de huit divisions opérationnelles de la police (El Espectador 7 mars 2016). La même source cite un général de la police nationale qui, dans le cadre de remarques sur les activités de l’unité de recherche, a déclaré que, en date de mars 2016, 147 personnes avaient été arrêtées, y compris neuf têtes dirigeantes, et 150 armes à feu et 12 tonnes de cocaïne avaient été saisies (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés concernant les activités de l’unité de recherche, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

Sans fournir de précisions, un article publié le 1er février 2016 dans Vanguardia, un journal de Bucaramanga, cite les propos du président de la Colombie Juan Manuel Santos selon lesquels 19 000 personnes ont été arrêtées, 59 têtes dirigeantes ont été [traduction] « neutralisées » et des milliers d’armes ont été saisies dans le cadre de la lutte contre les gangs criminels (Vanguardia 1er févr. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

D’après Vanguardia, en février 2016, le président Santos a annoncé de nouvelles mesures pour combattre les BACRIM et le crime organisé (ibid.). Selon des sources, le gouvernement a annoncé que des opérations militaires cibleront les BACRIM afin d’empêcher les groupes ayant succédé aux paramilitaires de prendre le relais des activités criminelles après la démobilisation des unités des FARC (El Espectador 10 févr. 2016; Colombia Reports 2 févr. 2016). Dans un article d’El Tiempo, un journal de Bogotá, on peut lire que le Bureau du procureur général a autorisé des bombardements aériens contre [traduction] « les groupes criminels les plus puissants » (El Tiempo 19 déc. 2015). Par exemple, selon le même journal, en novembre 2015, 12 membres des Urabeños ont été tués durant un bombardement dans le Chocó (ibid. 3 nov. 2015).

Jane's Intelligence Review précise qu’il est [traduction] « difficile pour les autorités de s’attaquer » aux gangs criminels de taille restreinte, qui « sont peu susceptibles de compter plus de 50 membres ou de disposer de ressources militaires importantes » (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 21). Selon Bruce Bagley, les organisations criminelles ou les réseaux de trafic criminels sont [traduction] « moins vulnérables aux mesures policières et à la répression de l’État » que les grands cartels (Bagley mai 2013, 15). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Notes

[1] D’après InSight Crime, les Autodéfenses unies de Colombie (Autodefensas Unidas de Colombia - AUC) étaient [traduction] « une coalition d’escadrons de la mort de la droite » qui se livraient au trafic de la drogue, à des déplacements, à des enlèvements et à des actes d’extorsion.

[2] Le rapport de Mapping Militant Organizations cite des renseignements tirés d’une variété de sources secondaires, y compris des articles de revues universitaires et des reportages de médias locaux.

[3] Le Small Wars Journal, qui est dirigé par la Small Wars Foundation, une société sans but lucratif, [traduction] « facilite l’échange d’information entre les intervenants, les grands penseurs et les étudiants des "petites guerres" » (Small Wars Journal s.d.). L’article de John Sullivan dans le Counter Terrorist Magazine repose sur des sources secondaires, y compris un suivi des médias et des articles de revues universitaires.

[4] Des sources expliquent que la première génération de trafiquants de stupéfiants était constituée de grands cartels (Mapping Militant Organizations 28 août 2015; InSight Crime 2 mai 2014), tels que les cartels de Medellín et de Cali; la deuxième génération était constituée de [traduction] « "minicartels" » - « des fédérations de trafiquants de drogues et de mafiosos qui travaillaient ensemble et qui, dans de nombreux cas, ont fini par se battre les uns contre les autres »; les BACRIM sont la troisième génération de trafiquants de drogues (ibid.).

Références

Agencia EFE. 24 février 2016. « La Policía colombiana se enfoca en el crimen organizado en la transparencia interna ». [Date de consultation : 30 mars 2016]

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Verdad Abierta. 21 décembre 2015. « ¿Neoparamilitares o criminales? » [Date de consultation : 18 mars 2016]

Autres sources consultées

Sources orales : Fundación Ideas Para la Paz; Human Rights Watch; professeurs à la University of Miami; professeur à la Universidad Eafit.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Centro Nacional de Memoria Histórica; Colombie – Defensoría del Pueblo, Ministerio de Defensa Nacional, Ministerio del Interior; Conflict Analysis Resource Center; Corporación Nuevo Arco Iris; Council of the Americas; Diálogo: Digital Military Magazine; The Economist; El Colombiano; Elnuevosiglo.com; El País; Freedom House; Instituto de Estudios Internacionales y Europeanos Francisco de Vitoria; Instituto de Estudios para el Desarrollo y la Paz; International Crisis Group; Las2Orillas.co; Nations Unies – Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, Refworld; Organisation des États américains; Semana; Universidad Nacional Periódico; Washington Office on Latin America (WOLA); The Woodrow Wilson International Center for Scholars.

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