Sudan: The Nubian Congress, Ourbi Movement, and Dungala Movement including structure, leaders, objectives, activities, and branches; treatment of members by authorities and other groups (2014-November 2016) [SDN105686.E]

Soudan : information sur le Congrès nubien (Nubian Congress), le Mouvement d’Ourbi (Ourbi Movement) et le Mouvement de Dongola (Dungala Movement), y compris la structure, les dirigeants, les objectifs, les activités et les sections; le traitement que réservent les autorités et d’autres groupes aux membres (2014-novembre 2016)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Le Congrès nubien

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure d’anthropologie à l’Université Erasmus de Rotterdam, qui a effectué des travaux de recherche sur la Nubie [1] et qui a recueilli de l’information auprès de personnes-ressources au Soudan pour cette réponse, a précisé qu’il existe plus d’une organisation nubienne au Soudan portant le nom de Congrès nubien (Nubian Congress) [Mouvement du Congrès nubien (Nubian Congress Movement)] (professeure à l’Erasmus University, 17 nov. 2016). La même source signale que l’une de ces organisations a été fondée en 1996 à Khartoum, que son nom en langue nubienne est Nobiin Karayoos, et qu’en arabe, celle-ci s’appelle al mu’tamr al Nuubii (ibid.). La professeure à l’Université Erasmus a décrit l’organisation comme un [traduction] « parti politique non violent » et a expliqué qu’elle faisait partie du Congrès de la patrie unie du Soudan (Congress of United Sudan Homeland - CUSH), une coalition cherchant à représenter les groupes ethniques marginalisés (ibid.).

Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur d’archéologie et d’anthropologie au Collège du Rhode Island, dont les domaines de recherches comprennent la Nubie au Soudan et qui a effectué des travaux sur le terrain à ces endroits, a affirmé que [traduction] « le peuple nubien se voit comme marginalisé, y compris du point de vue linguistique et culturel, et estime que son patrimoine archéologique et culturel est en péril en raison des politiques [du gouvernement] arabe et islamiste » (professeur au Rhode Island College 9 nov. 2016). La même source a en outre expliqué que les Nubiens, qu’ils vivent en Nubie ou qu’ils appartiennent à la diaspora, protestent contre la marginalisation et contre les projets du gouvernement de Khartoum visant la construction de barrages sur le Nil (ibid.).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur agrégé de sciences politiques à l’Université McGill qui se spécialise en politique africaine et soudanaise a déclaré que le Congrès nubien est une [traduction] « organisation relativement récente » constituée il y a environ trois ans pour protester contre la décision du gouvernement de Khartoum de construire un barrage à la hauteur de la troisième cataracte du Nil (professeur agrégé 14 nov. 2016). La même source a expliqué que le Mouvement de la jeunesse nubienne (Youth Movement of the Nubians) a été créé pour protester contre la décision du gouvernement d’ériger des barrages sans indemniser ou relocaliser les résidents nubiens dans la région (ibid. 14 nov. 2016). La professeure à l’Université Erasmus a précisé que, parmi les Nubiens, le CUSH et le Congrès nubien exercent tous les deux [traduction] « une influence cruciale » pour ce qui est de « l’élaboration de la position publique nubienne quant aux dossiers se rapportant à l’inondation des régions restantes en raison de la construction des barrages projetés » (professeure à l’Erasmus University 17 nov. 2016).

La professeure à l’Université Erasmus a affirmé que le Congrès nubien est, essentiellement, [traduction] « un groupe très petit, mais très puissant, de Nubiens soudanais hautement instruits et laïcs qui s’opposent aux islamistes et qui paraissent travailler individuellement, alors que leurs actions sont hautement coordonnées », ayant comme tactique de travailler [traduction] « dans l’ombre » (ibid.). La même source explique qu’autour du noyau gravitent [traduction] « de nombreux cercles [...] qui adhèrent au Congrès nubien », y compris de nombreux jeunes qui participent à ses activités, mais qui ne peuvent avouer ni prouver leur participation au sein de l’organisation (ibid.). Sans donner de détails, elle a indiqué que [traduction] « certaines actions du Congrès nubien sont très risquées sous le régime islamique de Khartoum » (ibid.).

Le professeur agrégé a affirmé que l’Assemblée du Congrès nubien (Nubian Congress Assembly) est le comité de direction organisationnel au sein du Congrès nubien (21 nov. 2016).

2. Les mouvements d’Ourbi et de Dongola

Le professeur au Collège du Rhode Island a décrit le Mouvement d’Ourbi comme un groupe [traduction] « petit et local » auquel participent « quelques membres de familles du village d’Ourbi ainsi que certains autres en exil » (professeur au Rhode Island College 9 nov. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information allant en ce sens ni aucun renseignement additionnel.

Le professeur agrégé a affirmé que les membres du Mouvement d’Ourbi et du Congrès nubien sont apparentés sur le plan ethnique, et que le premier est issu de la partie nord du Soudan, tandis que le dernier est issu de la partie centrale du Nord du Soudan (ibid.). La même source a en outre expliqué que ces groupes ont les mêmes doléances en ce qui concerne la construction des barrages et le déplacement forcé, et qu’ils ont forgé une alliance (ibid.).

Le professeur agrégé a fait observer que, bien que les membres du Mouvement de Dongola et du Mouvement d’Ourbi soient issus du même groupe ethnique et de la même région, il s’agit d’organisations différentes (ibid. 21 nov. 2016). Selon la même source, le Mouvement de la jeunesse de Dongola (Dungala Youth Movement) ne fait pas partie du Mouvement de Dongola; il s’agit d’un groupe de jeunes distinct faisant partie d’une organisation-cadre de mouvements de la jeunesse au Soudan (ibid.) Le professeur agrégé a souligné que le Mouvement de la jeunesse de Dongola a été fondé par des étudiants du secondaire et de l’université qui voulaient leur propre mouvement et, bien que leurs membres soient issus du même groupe ethnique que les mouvements d’Ourbi et de Dongola et qu’ils appuient les objectifs de ces organisations, ils ne font pas partie de cellesci (ibid.).

3. Sections

Le professeur agrégé a précisé que le Congrès nubien et le Mouvement d’Ourbi ont tous les deux des sections à Khartoum, à Washington et à Londres (ibid. 14 nov. 2016). Il a également affirmé que, puisque les Nubiens sont une [traduction] « communauté dispersée », les organisations sont susceptibles d’avoir des sections en Égypte et « ailleurs » (ibid.). Le professeur au Collège du Rhode Island a de même précisé que les Nubiens ont des groupes de la diaspora dans d’autres pays comme les États-Unis (professeur au Rhode Island College 9 nov. 2016).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information allant en ce sens ni aucun renseignement additionnel sur la structure, les objectifs, les sections et les activités du Congrès nubien, du Mouvement d’Ourbi ou du Mouvement de Dongola. Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur les dirigeants et les membres du Congrès nubien, du Mouvement d’Ourbi ou du Mouvement de Dongola.

4. Traitement réservé par les autorités

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur le traitement réservé aux membres du Congrès nubien et du Mouvement d’Ourbi.

Sans donner de détails, la professeure à l’Université Erasmus a affirmé que les forces de sécurité au Soudan font [traduction] « tout ce qu’elles peuvent afin de sévir [contre] le Congrès nubien, en l’infiltrant et en le désintégrant » (professeure à l’Erasmus University 17 nov. 2016). D’après le professeur agrégé, les membres du Congrès nubien et du Mouvement d’Ourbi ont fait l’objet d’arrestations et [traduction] « [d’]expulsions » de leur territoire (professeur agrégé 14 nov. 2016). Le professeur agrégé a en outre précisé que les membres doivent surmonter des obstacles au moment de faire renouveler leurs passeports, car d’aucuns cherchent à les empêcher de quitter le Soudan et de [traduction] « poursuivre leur opposition [depuis] l’étranger » (14 nov. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens. Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel sur le traitement réservé aux membres du Congrès nubien, du Mouvement d’Ourbi ou du Mouvement de Dongola. Cependant, l’information qui suit au sujet du traitement réservé aux personnes protestant contre les barrages au Soudan pourrait s’avérer utile.

Des sources signalent que, en 2007, au cours d’une manifestation contre un barrage à Kajbar, à la troisième cataracte du Nil, les forces de sécurité ont tiré sur les manifestants, tuant quelque 6 personnes et faisant 16 autres blessés (professeur au Rhode Island College 9 nov. 2016) ou tuant 4 personnes et faisant [traduction] « au moins » 20 autres blessés (The Guardian 12 déc. 2014). Selon un article publié en 2016 par Radio Dabanga, une station radiophonique soudanaise qui diffuse des nouvelles et de l’information sur le Darfour (Radio Dabanga s.d.), [traduction] « [l’]opposition aux barrages proposés s’est intensifiée à la suite de la signature d’accords de financement entre le Soudan et l’Arabie saoudite aux fins de leur construction en novembre [2015] » (Radio Dabanga 18 févr. 2016). Des sources font état des incidents suivants survenus en 2016 dans le cadre de manifestations contre les barrages sur le Nil :

  • Radio Dabanga signale que, le 21 janvier 2016, les forces de sécurité de Khartoum [traduction] « ont arrêté » une réunion contre le barrage au Club El Mahas à Khartoum (22 janv. 2016).
  • Le Sudan Tribune, un site Internet français diffusant de l’information axée sur le Soudan (Sudan Tribune s.d.), précise que, le 17 février 2016, la police soudanaise a dispersé une manifestation contre la construction des barrages Kajbar et Dal et a arrêté [traduction] « des dizaines » de personnes (ibid. 17 févr. 2016). Plusieurs sources signalent que la police a eu recours à une force excessive pour disperser les manifestants (ibid.; Freedom House 17 févr. 2016; Radio Dabanga 19 févr. 2016). Radio Dabanga souligne que [traduction] « au moins neuf » personnes ont été blessées (Radio Dabanga 19 févr. 2016) et que 30 personnes ont été détenues, avant d’être relâchées (ibid. 18 févr. 2016).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Note

[1] Le Joshua Project, une initiative chrétienne de recherche sur les groupes ethniques du monde entier (Joshua Project s.d.a), précise que les Nubiens [traduction] « consistent en sept tribus musulmanes non arabes originaires de la région de la Nubie, entre Assouan dans le Sud de l’Égypte et Dongola dans le Nord du Soudan » et que 73 000 Nubiens vivent au Soudan (Joshua Project s.d.b). Selon le Sudan Country Report de 2004 publié par le ministère de l’Intérieur (Home Office) du Royaume-Uni, les [traduction] « groupes ethniques noirs » appelés Anag, Barabra, Birked, Danagla, Dilling, Mahas et Midobi, situés dans le centre et dans certaines parties du Nord du Soudan, sont collectivement appelés Nubiens (RU avril 2004).

Références

Freedom House. 17 février 2016. « Sudan: Police Forcibly End Protest Against Dam Project ». [Date de consultation : 15 nov. 2016]

The Guardian. 12 décembre 2014. Yosra Akasha. « Sudan’s Anti-dam Movement Fights the Flooding of Nubian Culture ». [Date de consultation : 10 nov. 2016]

Joshua Project. S.d.a. « Joshua Project ». [Date de consultation : 15 nov. 2016]

Joshua Project. S.d.b. « Nubian, Dongola in Sudan ». [Date de consultation : 20 oct. 2016]

Professeur agrégé de sciences politiques, Université McGill. 21 novembre 2016. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Professeur agrégé de sciences politiques, Université McGill. 14 novembre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur d’archéologie et d’anthropologie, Rhode Island College. 9 novembre 2016. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Professeure d’anthropologie, Erasmus University, Rotterdam. 17 novembre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Radio Dabanga. 19 février 2016. « Wounded Dam Protester: "Khartoum Security Was Extremely Violent" ». [Date de consultation : 15 nov. 2016]

Radio Dabanga. 18 février 2016. « Dozens Detained, Wounded at Sudanese Dam Protest ». [Date de consultation : 15 nov. 2016]

Radio Dabanga. 22 janvier 2016. « Khartoum Security Shut Down Anti-dam Meeting in Club ». [Date de consultation : 15 nov. 2016]

Radio Dabanga. « About Us ». [Date de consultation : 15 nov. 2016]

Royaume-Uni. Avril 2004. Home Office. Sudan Country Report. [Date de consultation : 4 nov. 2016]

Sudan Tribune. 17 février 2016. « Sudanese Police Disperse Anti-dams Demonstration, Arrests Several Protesters ». [Date de consultation : 15 nov. 2016]

Sudan Tribune. S.d. « About Sudan Tribune ». [Date de consultation : 15 nov. 2016]

Autres sources consultées

Sources orales : African Centre for Justice and Peace Studies; Arab NGO Network for Development; professeur adjoint, Georgetown University Qatar; Sudanese Human Rights Defenders Network.

Sites Internet, y compris : Africa Confidential; AllAfrica; Amnesty International; BBC; Chr. Michelsen Institute; ecoi.net; États-Unis – Central Intelligence Agency, Department of State; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l’homme; Friedrich Ebert Stiftung; Human Rights Watch; Institute for War and Peace Reporting; International Crisis Group; IRIN; Minority Rights Group International; Nations Unies – Haut Commissariat pour les réfugiés, Refworld, ReliefWeb; Norvège – Landinfo; Political Handbook of the World; Radio France internationale; Stanford University – Mapping Militant Organizations; Sudan News Agency; Sudan Vision; Unrepresented Nations and Peoples Organization.

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