Iraq: Threats made by the Islamic State of Iraq and al-Sham (ISIS) [Islamic State (IS), Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL), or Daesh] to persons who have worked for the US in the Kurdistan region, including methods by which threats are made; information on whether ISIS is recruiting Kurdish men, including the profile of such recruits (2014-October 2016) [IRQ105643.E]

Iraq : information sur les menaces proférées par l’État islamique d’Iraq et d’al-Cham (EIIC) [l’État islamique (EI), l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL), ou Daech] à l’encontre de personnes qui ont travaillé pour les États-Unis dans la région du Kurdistan, y compris les moyens par lesquels ces menaces sont formulées; information indiquant si l’EIIC recrute des hommes kurdes, y compris le profil de telles recrues (2014-octobre 2016)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Menaces proférées par l’EIIC à l’encontre de personnes qui ont travaillé pour les États-Unis au Kurdistan

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chargé de cours au département de sciences politiques de l’Université de Vienne, qui est membre de l’Association autrichienne d’études kurdes (Austrian Association for Kurdish Studies) et qui effectue des visites sur le terrain dans la région du Kurdistan tous les ans depuis dix ans, a déclaré qu’il est [traduction] « au fait d’incidents » concernant des personnes qui ont travaillé pour les États-Unis dans la région du Kurdistan iraquien et qui ont reçu des menaces de l’EIIC pendant leurs séjours (chargé de cours 26 sept. 2016). D’après la même source, [traduction] « ces menaces sont souvent proférées par téléphone en Iraq » (ibid.).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un associé de recherche au Centre pour la paix et la sécurité humaine (Centre for Peace and Human Security) de l’Université américaine du Kurdistan, qui a précédemment travaillé comme analyste de la sécurité pour le Gouvernement régional du Kurdistan (Kurdistan Regional Government - KRG) et dont les recherches actuelles portent en partie sur le KRG, a signalé que, selon des renseignements qu’il a reçus d’un responsable principal de la sécurité des Asayish, les forces de sécurité du Kurdistan, rien n’indique clairement que l’EIIC cible des personnes qui travaillent pour les États-Unis ou qui ont travaillé pour les États-Unis au Kurdistan (associé de recherche 3 oct. 2016). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant du Département d’État des États-Unis qui se spécialise dans la sécurité dans la région du Kurdistan iraquien a affirmé qu’il n’était au fait d’aucun cas où des personnes ayant travaillé pour les États-Unis au Kurdistan avaient reçu des menaces de l’EIIC (É.-U. 5 oct. 2016). Toutefois, d’après les renseignements que l’associé de recherche a obtenus du responsable principal de la sécurité des Asayish, certaines personnes dans la région du Kurdistan ont reçu des menaces téléphoniques de la part d’individus qui font semblant de faire partie de l’EIIC pour tenter d’extorquer de l’argent (associé de recherche 3 oct. 2016). Les Asayish ont fait enquête sur ce type de problèmes et ont constaté que les appels téléphoniques provenaient de criminels qui se faisaient passer pour des personnes liées à l’EIIC (ibid.).

Selon le chargé de cours à l’Université de Vienne, les menaces téléphoniques sont un moyen de [traduction] « soutirer des paiements de protection » en Iraq (chargé de cours 26 sept. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un analyste politique indépendant établi à Washington, qui a écrit des articles pour le Guardian et Al Jazeera et dont les recherches portent sur les enjeux kurdes, a déclaré que l’EIIC a publiquement menacé les dirigeants kurdes iraquiens Jalal Talabani et Masoud Barzani [traduction] « à plusieurs reprises » dans des messages vidéo (analyste politique indépendant 4 oct. 2016). Dans un article publié dans le Terrorism Monitor de la Fondation Jamestown (Jamestown Foundation), Wladimir van Wilgenburg, [traduction] « un analyste politique qui se spécialise dans les questions touchant l’Iraq, l’Iran, la Syrie et la Turquie, et plus précisément la politique kurde » (Jamestown Foundation 7 févr. 2014), affirme ce qui suit :

[traduction]

[l’EIIC] a menacé les deux partis kurdes iraquiens au pouvoir - l’Union patriotique du Kurdistan [(Patriotic Union of Kurdistan - PUK)] et le Parti démocratique du Kurdistan [(Kurdistan Democratic Party - KDP)] - ainsi que les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan [(Kurdistan Workers’ Party - PKK)] qui sont présents en Syrie, dans une vidéo diffusée en novembre 2013 (ibid.).

D’après l’analyste politique indépendant :

[traduction]

[l]es menaces de l’EIIC visent habituellement des politiciens importants, des combattants opposés à l’EIIC, des journalistes au franc-parler, des femmes et des défenseurs des droits des minorités ainsi que des militants opposés à l’EIIC, et de telles menaces sont habituellement faites publiquement au moyen des médias sociaux ou de messages vidéo diffusés par ce groupe. Toutefois, il n’est pas improbable que certaines personnes puissent également avoir reçu des menaces de l’EIIC [pour] des raisons différentes (4 oct. 2016).

2. Recrutement d’hommes kurdes par l’EIIC

L’associé de recherche a affirmé que, selon des entrevues menées dans la région du Kurdistan dans le cadre de sa recherche, l’EIIC a recruté environ 500 combattants au total dans la région du Kurdistan (associé de recherche 3 oct. 2016). Dans un article publié en février 2015, le service kurde d’informations en ligne Rudaw signale aussi que [traduction] « près de 500 Kurdes se sont joints à l’EIIC [en 2014], mais ce nombre a diminué considérablement depuis que l’EIIC a attaqué des secteurs dans la région du Kurdistan » (Rudaw 27 févr. 2015). Dans un article en date de mars 2015 également publié dans le Terrorism Monitor de la Fondation Jamestown, Wladimir van Wilgenburg souligne que,

[traduction]

[d]’après Hemin Hawrami, un haut responsable au sein du [KDP], près de 300 à 350 jeunes kurdes iraquiens se sont joints jusqu’à présent à l’[EI] (Jamestown Foundation 20 mars 2015).

L’associé de recherche a signalé que bon nombre des activistes kurdes de l’EIIC ont été tués sur le champ de bataille ou par les frappes aériennes de la coalition, et qu’il y a un peu plus de 100 combattants kurdes au sein de l’EIIC aujourd’hui (3 oct. 2016). D’après un article publié par Rudaw en juin 2016, le porte-parole du ministère du Patrimoine et des Affaires religieuses (Ministry of Endowment and Religious Affairs) du KRG a déclaré qu’il restait environ 50 Kurdes parmi les rangs de l’EIIC (Rudaw 25 juin 2016).

Des sources affirment que certains Kurdes ont été arrêtés en raison de leurs affiliations avec l’EIIC (É.-U. 5 oct. 2016; analyste politique indépendant 4 oct. 2016). Selon l’article rédigé par Wladimir van Wilgenburg et publié par la Fondation Jamestown en 2015, les Asayish [traduction] « ont intensifié leur surveillance des activistes potentiels et ont arrêté plusieurs partisans et cellules dormantes de l’[EI] » (Jamestown Foundation 20 mars 2015).

2.1 Moyens utilisés par l’EIIC pour recruter des activistes kurdes

Selon un article de 2014 publié par la Fondation Jamestown, en août 2014, le KRG a décidé de fermer temporairement l’accès aux réseaux Twitter et Facebook dans la région du Kurdistan, après que l’EI a tenté de recruter des membres de la population kurde en envoyant des messages dans les médias sociaux (Jamestown Foundation 20 mars 2015). Des sources affirment que l’EIIC tente d’influencer les Kurdes iraquiens au moyen de messages vidéo préparés par des membres kurdes en Iraq (analyste politique indépendant 4 oct. 2016) ou par l’entremise des médias (Rudaw 25 juin 2016). Dans un article publié par Rudaw en juin 2016, on peut lire que deux stations radiophoniques islamiques à Mossoul transmettaient des messages qui, au moment de la publication de l’article, étaient perçus comment étant [traduction] « une menace » à l’endroit des districts kurdes de Barda Rash et d’Akre (ibid.).

L’associé de recherche a affirmé que certaines personnes avaient été recrutées dans des mosquées et des écoles islamiques du Kurdistan (3 oct. 2016). Selon Wladimir van Wilgenburg, en 2014, les forces de sécurité kurdes ont mené [traduction] « plusieurs descentes » dans les mosquées de Souleimaniye pour mettre fin au recrutement de djihadistes kurdes (Jamestown Foundation 7 févr. 2014). Toutefois, la même source explique que, en raison des attaques de l’EIIC en août 2014 dans la région du Kurdistan,

[traduction]

[i]l est difficile aujourd’hui pour les extrémistes kurdes ne serait-ce que d’exprimer de la sympathie envers l’[EI], car la plupart des membres de la population locale signaleraient immédiatement un tel comportement suspect aux Asayish (ibid. 20 mars 2015).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

2.2 Profil des recrues kurdes

Des sources précisent que les recrues kurdes sont habituellement de jeunes hommes (chargé de cours 26 sept. 2016; analyste politique indépendant 4 oct. 2016; conseiller principal en politiques 3 oct. 2016). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un conseiller principal en politiques pour le Moyen-Orient aux Fondations de la société ouverte (Open Society Foundations) à Washington, qui a déjà travaillé pour le Washington Kurdish Institute, une organisation sans but lucratif qui dirige des programmes de recherche dans le Kurdistan iraquien, a déclaré que les recrues de l’EIIC sont habituellement des chômeurs ou des étudiants, et que [traduction] « les régions rurales et plus conservatrices du Kurdistan ont produit des extrémistes par le passé » (ibid.). D’après l’analyste politique indépendant, les recrues kurdes ont habituellement [traduction] « peu ou pas d’instruction », sont « généralement sans emploi ou sous-employés », et sont issus de « famille[s] conservatrice[s] » (4 oct. 2016). L’associé de recherche a ajouté que les activistes kurdes de l’EIIC proviennent des deux partis politiques islamistes kurdes qui sont actifs au sein du KRG, ainsi que d’Ansar al-Islam, l’ancien mouvement d’insurgés islamistes kurdes (3 oct. 2016).

Des sources affirment que la majorité des Kurdes iraquiens recrutés par l’EIIC provient du gouvernorat de Halabja (chargé de cours 26 sept. 2016; associé de recherche 3 oct. 2016). L’associé de recherche a précisé qu’Ansar al-Islam était autrefois actif dans le gouvernorat de Halabja, qui fait partie de la région du Kurdistan iraquien (3 oct. 2016). Selon la même source, les États-Unis et le KRG ont bombardé toutes les bases d’Ansar al-Islam en 2003, mais de nombreux partisans sont encore présents dans la région (ibid.). L’associé de recherche a aussi signalé que certaines recrues kurdes proviennent d’Erbil ou de Dohuk (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Références

Analyste politique indépendant. 4 octobre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Associé de recherche, Centre for Peace and Human Security, American University of Kurdistan. 3 octobre 2016. Entretien téléphonique.

Chargé de cours, Department of Political Science, University of Vienna. 26 septembre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Conseiller principal en politiques, Open Society Foundations, Washington, DC. 3 octobre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

États-Unis (É.-U.). 5 octobre 2016. Department of State. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

Jamestown Foundation. 20 mars 2015. Wladimir van Wilgenburg. « Islamic State Develops New Strategies to Destabilize the KRG ». Terrorism Monitor. Volume 13, numéro 6. [Date de consultation : 30 sept. 2016]

Jamestown Foundation. 7 février 2014. Wladimir van Wilgenburg. « 'With These Guns We Will Return to Kurdistan': The Resurgence of Kurdish Jihadism ». Terrorism Monitor. Volume 12, numéro 3. [Date de consultation : 30 sept. 2016]

Rudaw. 25 juin 2016. « Kurdish ISIS Leader Killed in Airstrike ». [Date de consultation : 4 oct. 2016]

Rudaw. 27 février 2015. « Kurdistan Arrests Six Suspected Pro-ISIS clerics ». [Date de consultation : 6 oct. 2016]

Autres sources consultées

Sources orales : chercheur universitaire, Carnegie Middle East Center; chercheur universitaire, Middlesex University; collaborateur non résident, Carnegie Middle East Center.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; BBC; Danemark – Danish Immigration Service; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; Freedom House; Human Rights Watch; Institute for War and Peace Reporting; International Crisis Group; The National; National Iraqi News Agency; Nations Unies – Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Refworld; Royaume-Uni – Home Office; The Times.

Verknüpfte Dokumente