Socioeconomic situation (This Response replaces an earlier version dated 11 January 1999.) [DJI31019.FE]

Quelques données disponibles montrent que l'économie djiboutienne est dans une mauvaise situation. En effet, la dette extérieure du pays se chiffrait à la fin de 1996 à 217 millions de dollars américains (La Lettre Hebdomadaire de la FIDH sept. 1997, 5). Le taux de chômage se situait entre 40 et 50 p. 100 (ibid.; CIA Factbook 1998 1998, 4). On évalue que la consommation a diminué de 35 p. 100 au cours de six dernières années (ibid.).

Selon Africa Confidential, le pays en 1996 devait affronter de multiples problèmes : réinstallation des personnes déplacées à la suite d'affrontements antérieurs entre le Front pour la restauration de l'unité et de la démocratie (FRUD) et l'armée gouvernementale, reconstruction des infrastructures détruites au cours de ces affrontements, démobilisation et réinsertion d'une partie de l'armée, mise en application des conditions du Fonds monétaire international (FMI), à savoir entre autres la réduction des effectifs et des salaires au sein de la fonction publique (5 juill. 1996, 5-6).

Un professeur à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris a donné, au cours d'un entretien téléphonique tenu le 8 décembre 1998, l'information suivante concernant l'économie du pays. Djibouti avait, jusqu'au début des années 1990, connu une situation économique privilégiée par rapport aux autres pays de la région et la présence importante française y était pour quelque chose. Cependant, le pays est soumis aux fortes pressions extérieures afin de rationaliser son économie et de démocratiser son système politique. L'octroi de l'aide au développement et l'obtention des prêts sont soumis aux conditions de rigueur par des institutions financières internationales et des pays donateurs. Le Fonds monétaire international (FMI) notamment insiste sur la réduction de la taille de l'État. Et, comme il subsiste un phénomène de clientélisme au sein de l'administration en général, la réduction des effectifs au sein de la fonction publique, consécutive à cette vague de compression budgétaire, ne se fait pas nécessairement sur la base de critères objectifs. Ceci est d'autant plus facile que dans la société djiboutienne, les gens se connaissent beaucoup les uns des autres, leur appartenance clanique et leur affiliation politique incluses (8 déc. 1998).

En ce qui a trait à la procédure d'embauche au sein de l'administration djiboutienne, un représentant de l'Association pour le respect des droits de l'homme à Djibouti (ARDHD) a signalé, au cours d'un entretien téléphonique tenu le 11 décembre 1998, que celle-ci est davantage basée sur des connaissances personnelles et des recommandations que sur des critères objectivement établis (11 déc. 1998). Lors de promotion, de recrutement ou de réduction des effectifs, ce sont des personnes qui ont des liens proches avec les décideurs qui s'en tirent à bon compte (ibid.).

Le phénomène de clientélisme dans le système de recrutement au sein de la fonction publique et dans l'administration djiboutienne a également été souligné par un spécialiste des questions djiboutiennes et auteur d'ouvrages sur Djibouti dans un entretien téléphonique tenu le 22 décembre 1998. Selon lui, les relations sociales et familiales priment sur les critères objectifs d'embauche et de promotion. Il a souligné qu'à la suite des compressions budgétaires et à cause du désengagement progressif de la France à l'égard de Djibouti, il est tout à fait plausible que certains membres des partis politiques d'opposition ou des membres de certains clans écopent lors de la réduction des effectifs au sein de la fonction publique.

Enfin, au cours d'une conférence de presse tenue le 13 septembre 1998, le président du Parti national démocratique (PND), Aden Robleh Awaleh, a énuméré « les maux qui frappent l'État djiboutien, [à savoir] : le tribalisme, le clientélisme, la corruption, la prévarication, l'incompétence des agents d'exercice du pouvoir et l'absence de consultations électorales honnêtes et transparentes » (Awaleh 13 sept. 1998, 5). Il a soutenu que devant la situation qu'il qualifie de « dramatique », beaucoup de Djiboutiens n'avaient pas d'autres choix que d'aller en exil (ibid. 7). Il a par ailleurs précisé que « des dizaines de milliers de familles djiboutiennes se sont exilées au Canada, en Hollande, en Belgique et en Angleterre. Beaucoup d'autres familles se préparent à faire de même » (ibid., 7).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié.

Références


Africa Confidential [Londres]. 5 juillet 1996. Vol. 37, no 14. « Djibouti: My Uncle, the President ».

Awaleh, Aden Robleh [Djibouti]. 13 septembre 1998. « Conférence de presse ». [Internet] http://www.djibouti.org/Pages/actu.html [Date de consultation : 24 déc. 1998]

La lettre hebdomadaire de la FIDH [Paris]. Septembre 1997. No 248. « Djibouti, 20 ans après l'indépendance : une république en perdition ».

Association pour le respect des droits de l'homme en Djibouti (ARDHD). 11 décembre 1998. Entretien téléphonique avec un représentant.

Professeur à l'École des hautes études en sciences sociales. 8 décembre 1998. Entretien téléphonique.

Spécialiste des questions djiboutiennes. 22 décembre 1998. Entretien téléphonique.

United States Central Intelligence Agency (CIA). 1998. CIA Factbook 1998. [Internet] http://www.odci.gov/cia/publications/factbook/dj.html [Date de consultation : 13 nov. 1998]

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