Dokument #1337894
IRB – Immigration and Refugee Board of Canada (Autor)
Quelques données disponibles
montrent que l'économie djiboutienne est dans une mauvaise
situation. En effet, la dette extérieure du pays se
chiffrait à la fin de 1996 à 217 millions de dollars
américains (La Lettre Hebdomadaire de la FIDH sept.
1997, 5). Le taux de chômage se situait entre 40 et 50 p. 100
(ibid.; CIA Factbook 1998 1998, 4). On
évalue que la consommation a diminué de 35 p. 100 au
cours de six dernières années (ibid.).
Selon Africa Confidential, le pays
en 1996 devait affronter de multiples problèmes :
réinstallation des personnes déplacées
à la suite d'affrontements antérieurs entre le Front
pour la restauration de l'unité et de la démocratie
(FRUD) et l'armée gouvernementale, reconstruction des
infrastructures détruites au cours de ces affrontements,
démobilisation et réinsertion d'une partie de
l'armée, mise en application des conditions du Fonds
monétaire international (FMI), à savoir entre autres
la réduction des effectifs et des salaires au sein de la
fonction publique (5 juill. 1996, 5-6).
Un professeur à l'École des
hautes études en sciences sociales à Paris a
donné, au cours d'un entretien téléphonique
tenu le 8 décembre 1998, l'information suivante concernant
l'économie du pays. Djibouti avait, jusqu'au début
des années 1990, connu une situation économique
privilégiée par rapport aux autres pays de la
région et la présence importante française y
était pour quelque chose. Cependant, le pays est soumis aux
fortes pressions extérieures afin de rationaliser son
économie et de démocratiser son système
politique. L'octroi de l'aide au développement et
l'obtention des prêts sont soumis aux conditions de rigueur
par des institutions financières internationales et des pays
donateurs. Le Fonds monétaire international (FMI) notamment
insiste sur la réduction de la taille de l'État. Et,
comme il subsiste un phénomène de clientélisme
au sein de l'administration en général, la
réduction des effectifs au sein de la fonction publique,
consécutive à cette vague de compression
budgétaire, ne se fait pas nécessairement sur la base
de critères objectifs. Ceci est d'autant plus facile que
dans la société djiboutienne, les gens se connaissent
beaucoup les uns des autres, leur appartenance clanique et leur
affiliation politique incluses (8 déc. 1998).
En ce qui a trait à la
procédure d'embauche au sein de l'administration
djiboutienne, un représentant de l'Association pour le
respect des droits de l'homme à Djibouti (ARDHD) a
signalé, au cours d'un entretien téléphonique
tenu le 11 décembre 1998, que celle-ci est davantage
basée sur des connaissances personnelles et des
recommandations que sur des critères objectivement
établis (11 déc. 1998). Lors de promotion, de
recrutement ou de réduction des effectifs, ce sont des
personnes qui ont des liens proches avec les décideurs qui
s'en tirent à bon compte (ibid.).
Le phénomène de
clientélisme dans le système de recrutement au sein
de la fonction publique et dans l'administration djiboutienne a
également été souligné par un
spécialiste des questions djiboutiennes et auteur d'ouvrages
sur Djibouti dans un entretien téléphonique tenu le
22 décembre 1998. Selon lui, les relations sociales et
familiales priment sur les critères objectifs d'embauche et
de promotion. Il a souligné qu'à la suite des
compressions budgétaires et à cause du
désengagement progressif de la France à
l'égard de Djibouti, il est tout à fait plausible que
certains membres des partis politiques d'opposition ou des membres
de certains clans écopent lors de la réduction des
effectifs au sein de la fonction publique.
Enfin, au cours d'une conférence de
presse tenue le 13 septembre 1998, le président du Parti
national démocratique (PND), Aden Robleh Awaleh, a
énuméré « les maux qui frappent
l'État djiboutien, [à savoir] : le tribalisme, le
clientélisme, la corruption, la prévarication,
l'incompétence des agents d'exercice du pouvoir et l'absence
de consultations électorales honnêtes et transparentes
» (Awaleh 13 sept. 1998, 5). Il a soutenu que devant la
situation qu'il qualifie de « dramatique », beaucoup de
Djiboutiens n'avaient pas d'autres choix que d'aller en exil
(ibid. 7). Il a par ailleurs précisé que
« des dizaines de milliers de familles djiboutiennes se sont
exilées au Canada, en Hollande, en Belgique et en
Angleterre. Beaucoup d'autres familles se préparent à
faire de même » (ibid., 7).
Cette réponse a été
préparée par la Direction des recherches à
l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont
à la disposition du public, et auxquelles la Direction des
recherches a pu avoir accès dans les délais
prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend
apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande
d'asile ou de statut de réfugié.
Références
Africa Confidential [Londres].
5 juillet 1996. Vol. 37, no 14. « Djibouti: My Uncle, the
President ».
Awaleh, Aden Robleh [Djibouti]. 13
septembre 1998. « Conférence de presse ».
[Internet] http://www.djibouti.org/Pages/actu.html
[Date de consultation : 24 déc. 1998]
La lettre hebdomadaire de la
FIDH [Paris]. Septembre 1997. No 248. « Djibouti, 20 ans
après l'indépendance : une république en
perdition ».
Association pour le respect des droits
de l'homme en Djibouti (ARDHD). 11 décembre 1998. Entretien
téléphonique avec un représentant.
Professeur à l'École des
hautes études en sciences sociales. 8 décembre 1998.
Entretien téléphonique.
Spécialiste des questions
djiboutiennes. 22 décembre 1998. Entretien
téléphonique.
United States Central Intelligence
Agency (CIA). 1998. CIA Factbook 1998. [Internet] http://www.odci.gov/cia/publications/factbook/dj.html
[Date de consultation : 13 nov. 1998]
Socioeconomic situation (This Response replaces an earlier version dated 11 January 1999.) [DJI31019.FE] (Anfragebeantwortung, Englisch)