Dokument #1270650
IRB – Immigration and Refugee Board of Canada (Autor)
Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa
Des sources affirment qu’il y a en Somalie quatre [traduction] « clans nobles » majoritaires : les Darood [Darod], les Hawiye, les Dir et les Isaaq [Isaq] (EASO août 2014, 43-44; Austrian Red Cross et ACCORD 15 déc. 2009, 11). Selon des sources, les Biyomal sont un sous-clan des Dir (ibid., 18; Nations Unies s.d.). Selon un rapport publié conjointement par la Croix-Rouge autrichienne (Austrian Red Cross) et le Centre autrichien de recherche et de documentation sur les pays d’origine et le droit d’asile (Austrian Centre for Country of Origin & Asylum Research and Documentation - ACCORD) en 2009, [traduction] les « "clans nobles" » sont nomades pastoraux et parlent l’Af-Maxaa-tiri (Austrian Red Cross et ACCORD 15 déc. 2009, 11). La même source affirme que la majorité des clans nomades pastoraux sont [traduction] « unis par une perception mythologique commune selon laquelle ils sont des descendants directs de l’ancêtre Samaal [Samale] et de la famille du prophète Mahomet » (ibid.). De même, Forced Migration Online, une collection de ressources [traduction] « concernant la situation des migrants forcés dans le monde » coordonnée par le Centre d’études sur les réfugiés (Refugee Studies Centre - RSC) de l’Université d’Oxford (RSC s.d.), affirme que les quatre familles des clans nobles descendent directement de Samale (ibid. juill. 2003).
Des sources déclarent que les Biyomal se trouvent dans la région du Bas-Chébéli, en Somalie (Norvège 18 oct. 2013, 8; Nations Unies s.d.; Austrian Red Cross et ACCORD 15 déc. 2009, 18), ainsi que dans les régions du Moyen-Djouba et du Bas-Djouba (ibid.). Landinfo, le Centre d’information sur les pays d’origine (Country of Origin Information Centre) du gouvernement de la Norvège, cite une étude menée par Ioan Lewis, un ancien professeur d’anthropologie de l’École d’économie et de sciences politiques de Londres (London School of Economics and Political Science - LSE) qui a concentré ses recherches sur la culture somalienne (LSE s.d.), selon laquelle la ville de Marka est le [traduction] « territoire traditionnel des Biimaal du clan Dir » (Norvège 18 oct. 2013, 8). La même source signale que [traduction] « [d]ans la zone littorale, y compris les villes portuaires de Marka et de Barawe, le commerce et la pêche sont les moyens de subsistance les plus courants » (ibid., 9). Landinfo note aussi que le Bas-Chébéli est [traduction] « une des régions les plus fertiles de la Somalie », et que la production d’aliments est « le principal moyen de subsistance » dans la région (ibid.). D’après le rapport conjoint de la Croix-Rouge autrichienne et d’ACCORD, dans certaines régions, des clans comme les Biyomal [traduction] « vivent en petits groupes, et peuvent donc raisonnablement être désignés comme étant des "minorités" à l’échelle locale, mais pas à l’échelle de la Somalie entière, étant donné qu’ils appartiennent à une famille clanique forte » (Austrian Red Cross et ACCORD 15 déc. 2009, 14). D’après la même source, ces clans
[traduction]
peuvent sortir de la région où ils sont considérés comme une « minorité » et être protégés là où leur clan est une majorité (malgré le fait que la notion de « dominant » ne signifie nulle part qu’on exerce un contrôle total, car il y a toujours plusieurs clans et « minorités » dans le Centre-Sud de la Somalie). Néanmoins, cela signifie souvent que ces groupes se voient obligés de quitter leur région locale où ils vivaient sans doute depuis des générations (ibid.).
Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur la présence du clan des Biyomal à Nus Dunya.
Des sources affirment que les Rahanwen [aussi appelés Digil-Mirifle (EASO août 2014, 44; Austrian Red Cross et ACCORD déc. 2009, 11)] sont un clan [traduction] « minoritaire » en Somalie (ibid., 7; RSC juill. 2003). Cependant, d’après un article de Catherine Besteman, une professeure d’anthropologie du Collège Colby dans le Maine, aux États-Unis (Colby College s.d.), publié par la Fondation pour la paix dans le monde (World Peace Foundation), une institution de recherche universitaire affiliée à la Faculté de droit et de diplomatie Fletcher (Fletcher School of Law and Diplomacy) de l’Université Tufts (World Peace Foundation s.d.), [traduction] « [p]eu de chercheurs incluent le clan des Rahanwen parmi les minorités depuis la création de la milice armée [Rahanwen] en 1996 et la formule du partage du pouvoir en 2000 selon laquelle les Rahanwen ont été déclarés égaux aux trois autres clans somaliens » (Besteman 31 oct. 2013). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.
Selon un article publié dans la revue African Languages and Culture et rédigé par Bernhard Helander, un ancien chargé de cours d’anthropologie culturelle à l’Université d’Uppsala, en Suède, dont les recherches portaient en particulier sur la culture et la société somaliennes (Somalia Watch 3 janv. 2001), le clan des Rahanwen se compose d’environ 30 sous-clans de tailles variées, qui ont un sens de l’unité commun fondé sur [traduction] « leurs formes communes d’attachement envers la terre, leur dépendance à l’égard de l’agriculture et de l’élevage, la fierté qu’ils ont de leur dialecte et, dans une certaine mesure, leurs formes communes de culte islamique » (Helander 1996, 197). De même, la Croix-Rouge autrichienne et ACCORD soulignent que les Rahanwen sont un peuple [traduction] « agropastoral principalement sédentaire » (Austrian Red Cross et ACCORD 15 déc. 2009, 11). Selon des sources, les Rahanwen parlent une autre langue que la majorité des clans somaliens (RSC juill. 2003; Austrian Red Cross et ACCORD 15 déc. 2009, 11), l’Af Maay-tiri (ibid.). Au dire de Bernhard Helander, le clan des Rahanwen compte parmi sa population [traduction] « une forte proportion de membres adoptés » d’autres clans; certains sous-clans des Rahanwen se composeraient de plus de « membres adoptés » que de « membres originaux » (Helander 1996, 197). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.
Des sources déclarent que les clans des Rahanwen vivent dans les régions de Bay et de Bakool [Bakol] (Austrian Red Cross et ACCORD 15 déc. 2009, 13; Nations Unies s.d.) dans le Bas-Chébéli, ainsi que dans la région de Gedo (ibid.). Selon le rapport conjoint de la Croix-Rouge autrichienne et d’ACCORD, [traduction] « depuis 1999, les clans des Rahanwen ont acquis un contrôle croissant de leurs "propres" régions de Bay et de Bakool dans la zone interfluviale entre le Djouba et le Chébéli dans le Sud de la Somalie » (Austrian Red Cross et ACCORD 15 déc. 2009, 13).
Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur la relation entre le clan des Biyomal et celui des Rahanwen. Selon un rapport publié par OODA Loop, un fournisseur [traduction] « de renseignements, d’analyses et de perspectives utilisables sur la sécurité mondiale » (s.d.), les Biyomal et les Digil-Mirifle occupent le Bas-Chébéli du groupe des six du Sud-Ouest (OODA Loop 23 mars 2014). La même source signale que [traduction] « [l]es dirigeants des Digil-Mirifle du groupe des six du Sud-Ouest soutiennent le clan des Dir, surtout les aînés Biyomaal dans le district de Marka du Bas-Chébéli », et que
[traduction]
[l]es Biyomaal Dir sont dans une position délicate : ils doivent appuyer le groupe des six du Sud-Ouest pour que leurs territoires relèvent de l’administration contrôlée par les Digil-Mirifle, et s’opposer au groupe des trois du Sud-Ouest qui les laisseraient faire partie de l’État de Shabelle contrôlé par les Hawiye (ibid.).
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur agrégé d’histoire de l’Université de Pennsylvanie, dont les recherches portent principalement sur la culture et la société somaliennes, a aussi déclaré que [traduction] « [d]e nombreux groupes de Rahanwen dans le Bas-Chébéli ont la même méfiance que les Biyomal à l’endroit du GF [gouvernement fédéral] de la Somalie sous domination Hawiye et, pour cette raison, se sont quelquefois tournés vers Al Chabaab comme contrepoids au gouvernement » (professeur agrégé 2 oct. 2015). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.
Selon des sources, il existe un conflit entre les Biyomal et les Hawiye (ibid.; Nations Unies 13 oct. 2014, paragr. 17; Norvège 18 oct. 2013, 11). La Croix-Rouge autrichienne et ACCORD déclarent que les Biyomal ont failli être [traduction] « supprimés » par les clans des Hawiye et des Ogaden/Darood, et qu’un conflit armé les a opposés aux Hawiye dans le Bas-Chébéli et dans les régions du Moyen-Djouba et du Bas-Djouba (Austrian Red Cross et ACCORD 15 déc. 2009, 18). De même, les Réseaux d’information régionaux intégrés (IRIN) signalent que les Biyomal et les Habar Gidir [Haber Gedir] (un sous-clan des Hawiye) se sont battus pour le contrôle de territoires de la région du Bas-Chébéli à maintes reprises, et que [version française des IRIN] « [l]e gouvernement somalien a pu servir de médiateur entre les groupes, mais un cessez-le-feu durable n’a jamais été obtenu » (Nations Unies 11 juin 2014). Selon le professeur agrégé, [traduction] « la majeure partie de la violence et des tentatives d’oppression exercées à l’endroit des Biyomal au cours des dernières années est attribuée aux forces des Habar Gidir (principalement un sous-clan des Ayr) qui tentent d’obtenir le contrôle du district et du port de Marka » (professeur agrégé 2 oct. 2015). Un rapport du Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée du Conseil de sécurité des Nations Unies publié en octobre 2014 cite des entrevues avec des personnes déplacées dans le Bas-Chébéli selon lesquelles, de novembre 2013 à août 2014, [traduction] « des civils ont été tués, des maisons et des fermes incendiées, des femmes violées et des personnes déplacées, principalement dans la région de Janale, Marka et K50 », en raison de la violence qui a éclaté entre les Biyomal et les Habar Gidir (Nations Unies 13 oct. 2014, paragr. 44). Les Country Reports on Human Rights Practices for 2014 publiés par le Département d’État des États-Unis citent aussi les Nations Unies qui auraient déclaré que, dans la région du Bas-Chébéli, [traduction] « le conflit entre les milices Biyomal et Habar Gidir a été la cause de signalements d’enlèvements et de meurtres toutes les semaines en juin et juillet » (É.-U. juin 2015, 12). Selon des sources, les incidents suivants de violence entre les Biyomal et les Habar Gidir se sont produits :
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Austrian Red Cross et Austrian Centre for Country of Origin & Asylum Research and Documentation (ACCORD). 15 décembre 2009. Clans in Somalia: Report on a Lecture by Joakim Gundel, COI Workshop Vienna, 15 May 2009 (Revised Edition). Sous la direction de Daisuke Yoshimura.
Besteman, Catherine. 31 octobre 2013. « Conflicting Over Resources and the Victimization of the Minorities in the South of Somalia ». World Peace Foundation.
British Broadcasting Corporation (BBC). 16 décembre 2013. « Clan Leaders Accuse Government of 'Fuelling' Clan Fighting in Southern Somalia ». (Factiva)
Colby College. S.d. « Catherine L. Besteman ».
États-Unis (É.-U.). 25 juin 2015. Department of State. « Somalia ». Country Reports on Human Rights Practices for 2014.
European Asylum Support Office (EASO). Août 2014. EASO Country of Origin Information Report: South and Central Somalia Country Overview.
Helander, Bernhard. 1996. « Rahanwen Sociability: A Model for Other Somalis? ». African Languages and Cultures, no 3.
London School of Economics and Political Science (LSE). S.d. Anthropology Department. « News Archive 2010-2014 ».
Nations Unies. 13 octobre 2014. Conseil de sécurité. Report of the Monitoring Group on Somalia and Eritrea Pursuant to Security Council Resolution 2111 (2013): Somalia..
_____. 11 juin 2014. Réseaux d’information régionaux intégrés (IRIN). « Clans Clash in Somalia's Lower Shabelle ».
_____. S.d. Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). « Genealogical Table of Somali Clans ».
Norvège. 18 octobre 2013. Landinfo: Country of Origin Information Centre. Somalia: Lower Shabelle.
OODA Loop. 23 mars 2014. Security and Political Awareness Report.
_____. S.d. « About ».
Professeur agrégé d’histoire, University of Pennsylvania. 2 octobre 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
Refugee Studies Centre (RSC). Juillet 2003. David Griffiths. Somalia. Forced Migration Online.
_____. S.d. « Forced Migration Online ».
Somalia Watch. 3 janvier 2001. « Dr. Bernhard Helander Has Left Us (Died) ».
World Peace Foundation. S.d. « About ».
Sources orales : Minority Rights Group International; professeur d’anthropologie, Colby College; professeur d’études internationales en environnement et en développement, Norwegian University of Life Sciences; professeur d’histoire, University of Pennsylvania; professeur d’histoire, Wellesely College.
Sites Internet, y compris : African Union; Afrol News; Agence France-Presse; Al Jazeera; AllAfrica.com; Amnesty International; BBC; Brookings Institution; CNN; Deutsche Welle; ecoi.net; Factiva; Fragile States.org; The Globe and Mail; Governance and Social Development Resource Center; Hiiraan Online; Human Rights Watch; Joshua Project; Minority Rights Group International; Nations Unies – HCR, OCHA, Refworld; The New York Times; Radio Daslan; Reuters; UCDP Conflict Encyclopedia; The Washington Post; Woodrow Wilson International Center for Scholars; World Policy Blog.