The prevalence of voodoo practice; the societal attitude towards those who practice it; evidence of people being forced into voodooism (2003) [TTO42034.E]

L'information suivante provient d'une communication écrite du 19 septembre 2003 envoyée par une chargée de cours en religion de l'université Wesleyan, spécialiste des traditions religieuses afro-caraïbes. Selon elle, [traduction] « le terme "vaudou" est utilisé par les journalistes et les étrangers » et, à Trinité-et-Tobago, elle s'attendrait plutôt à trouver le terme

[traduction]
vodou, qui est une religion ou un ensemble de rites que je m'attendrais à voir pratiqués par des immigrants haïtiens à Trinité-et-Tobago. Sinon, au sein de la population locale, je m'attendrais à trouver ce qu'on appelle des baptistes ou des adorateurs shango ou orisha, ou alors l'obeah. Ce sont toutes des pratiques afro-créoles, cousines culturelles du vaudou.

L'information suivante a été obtenue le 23 septembre 2003 au cours d'un entretien téléphonique avec un professeur agrégé de philosophie et de religion de l'université de Caroline du Nord à Wilmington, spécialiste des religions caraïbes et africaines. Le professeur a affirmé que « vaudou » est un terme générique utilisé pour désigner les pratiques religieuses de souche africaine adoptées par certains habitants des Caraïbes. À Trinité-et-Tobago, cette pratique serait connue sous le nom d'orisha; cette croyance est connue pour être très éclectique, car elle emprunte à de nombreuses autres religions, dont l'hindouisme et le catholicisme. Il est très difficile de déterminer combien de personnes pratiquent l'orisha, car beaucoup le font secrètement; le professeur croit cependant qu'environ 8 à 10 p. 100 de la population pratique cette religion sous une forme ou une autre.

En ce qui a trait à l'attitude de la société, bien que le professeur ait noté un regain de popularité de l'orisha et d'autres religions d'origine africaine, les religions plus dominantes comme les confessions protestantes de souche chrétienne les considèrent comme diaboliques et démoniaques. Il y a trois manières de devenir un adepte de l'orisha : 1) les relations familiales : les membres de la famille encouragent leurs frères et sœurs, leurs parents ou autres à embrasser la religion, 2) les traumatismes ou les crises : une personne a terriblement besoin d'aide et cherche à y adhérer, 3) une personne cherche du soutien pour affronter les problèmes de la vie quotidienne comme l'emploi, les relations interpersonnelles, etc. Le fait que les prêtres de la religion orisha donnent des consultations pour aider les personnes qui ont des problèmes constitue un aspect de cette religion que d'aucuns trouvent attirant. Lors d'une consultation typique, le prêtre donne au visiteur une amulette ou une breloque qui, par exemple, est censée lui porter chance. En ce sens, il est notoire que même certains politiciens ont consulté des prêtres orisha.

Pour ce qui est de personnes qui auraient été forcées d'adhérer à l'orisha, le professeur a affirmé qu'il s'agissait d'une question de perception. Comme dans toute religion, certains adeptes font du prosélytisme. D'aucuns peuvent percevoir cette démarche comme de la pression ou de l'enrôlement de force, alors que d'autres perçoivent ce comportement comme de l'enthousiasme débordant. Un chef de famille qui serait un adepte de la religion créerait, au sein de sa famille, une atmosphère où les autres ressentiraient l'obligation d'y adhérer également. Encore une fois, le professeur insiste sur le fait que ce phénomène est commun à toutes les religions.

L'information suivante a été obtenue le 24 septembre 2003 au cours d'un entretien téléphonique avec une chargée de cours de l'université Emory dont les recherches et l'enseignement se concentrent sur les théologies et les pratiques religieuses de la diaspora africaine. Elle a fait remarquer que la religion orisha s'est répandue de plus en plus à Trinité-et-Tobago au cours des dernières années, au point où elle s'est institutionnalisée dans certains éléments de la société dominante. En 1989, le président a invité le chef spirituel de la religion yorouba du Nigéria, fondement de la religion orisha, à visiter Trinité-et-Tobago; depuis, la religion orisha a gagné en reconnaissance. Comme preuve de cette popularité, la chargée de cours a affirmé avoir documenté plus de 80 sanctuaires orisha en activité à Trinité seulement.

Néanmoins, il persiste toujours dans les îles l'idée fausse selon laquelle l'orisha et les autres religions de souche africaine n'encouragent qu'une utilisation de la magie ou de la magie noire qui est nuisible pour la société et sont, par conséquent, des religions démoniaques. Bien que la chargée de cours ait fait remarquer que l'utilisation de pouvoirs mystiques est un phénomène général et inhérent à de nombreuses autres traditions culturelles, il existe une possibilité réelle qu'une personne craigne l'utilisation anti-sociale de la magie parce qu'elle n'a pas adhéré à la religion. Cela dépend, bien sûr, de la vision du monde de cette personne, de sa constitution psychologique et de son degré de croyance en ce genre de pouvoir.

Dans un document de travail intitulé Reclaiming African Religions in Trinidad: The Orisha and Spiritual Baptist Faiths Today, publié par le centre de recherche sur l'Amérique latine et les Caraïbes de l'université York, Frances Henry a affirmé que depuis le début des années 1990, le peuple de Trinité-et-Tobago est devenu plus conscient de la religion orisha ou, dans ses propres mots, [traduction] « moins soupçonneux et plus réceptif » (Henry juin 2001). De plus, Mme Henry a déclaré que le mouvement orisha a bénéficié d'une légitimité accrue dans les cercles politiques, publics, médiatiques et culturels (ibid.). Par exemple, le gouvernement a envisagé de tenir des débats sur une politique entourant le statut de religion de l'orisha (ibid.).

Les sources documentaires fournissent également certains renseignements contextuels sur la fréquence de la pratique des religions de souche africaine à Trinité-et-Tobago. Selon le site Internet Trinidad & Tobago Urban Ministries, 10 p. 100 de la population est de confession obeah, l'un des groupes religieux du pays (s.d.). Il convient de noter que la chargée de cours de l'université Emory a signalé qu'obeah est un terme passe-partout désignant l'ensemble des religions de souche africaine dans les Caraïbes (24 sept. 2003). Selon l'International Religious Freedom Report 2002, il y avait peu d'adeptes des religions de souche africaine, et ceux-ci pouvaient également pratiquer d'autres religions (7 oct. 2002).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


Chargée de cours à l'université Emory, Atlanta, Géorgie. 24 septembre 2003. Entretien téléphonique.

Chargée de cours à l'université Wesleyan, Middletown, Connecticut. 19 septembre 2003. Communication écrite.

Henry, Frances. Juin 2001. Reclaiming African Religions in Trinidad: The Orisha and Spiritual Baptist Faiths Today. Centre de recherche sur l'Amérique latine et les Caraïbes, université York. http://www.yorku.ca/cerlac/papers/pdf/henry.PDF [Date de consultation : 19 sept. 2003]

International Religious Freedom Report 2002. 7 octobre 2002. « Trinidad and Tobago ». Département d'État des États-Unis. Washington, DC. http://www.state.gov/g/drl/rls/irf/2002/14060pf.htm [Date de consultation : 18 sept. 2003]

Professeur agrégé à l'université de Caroline du Nord à Wilmington. 23 septembre 2003. Entretien téléphonique.

Trinidad & Tobago Urban Ministries. S.d. « About Trinidad & Tobago ». http://www.ttum.org/trinidad.html [Date de consultation : 18 sept. 2003]

Autres sources consultées


Bases de données de la CISR

Dialog

World News Connection/Dialog

Sites Internet, y compris :

Adherents.com

Amnesty International

Country Reports 2002

Freedom House: Center For Religious Freedom

Human Rights Watch

Religioustolerance.org

Trinidad-Tobago.net

U.S. Commission on International Religious Freedom

Moteur de recherche :

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