Mali: Information on the treatment of members of the Tuareg ethnic group by authorities and society (2013-March 2014) [MLI104822.E]

Mali : information sur le traitement réservé par les autorités et la société aux membres du groupe ethnique touareg (2013-mars 2014)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Survol

Plusieurs sources mentionnent que les Touaregs sont un groupe ethnique berbère qui vit dans des régions de l'Algérie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et de la Libye (NPR 23 janv. 2013; Asfura-Heim mai 2013, 3; Ilahiane 2006, 133). L'auteur Hsain Ilahaine affirme, dans le Historical Dictionary of the Berbers, que certains Touaregs vivent aussi dans les villes d'El Fasher et du Darfour au Soudan, de Kano et Katsina au Nord du Nigéria, ainsi qu'à [traduction] « l'étranger » (ibid.). Selon des estimations, le nombre de Touaregs varierait entre 1,2 million et plus de 3,5 millions à l'échelle mondiale (ibid.; Cline 2013, 617; Asfura-Heim mai 2013, 3). Les Touaregs sont surtout concentrés dans le Nord du Mali où ils représentent environ 10 p. 100 de la population du pays (ibid.; Cline 2013, 617). La population totale du Mali était estimée à 16 455 903 habitants en juillet 2014 (É.-U. 19 mars 2014). Des sources soulignent que les Touaregs ne se désignent pas ainsi eux-mêmes, mais plutôt comme des imushagh [ou imuhag], ce qui signifie [traduction] « les gens qui parlent le tamasheq [ou tamahak] » (Lecocq 2010, 2; Ilahiane 2006, 133).

Des sources expliquent que les Touaregs sont divisés en confédérations autonomes sur le plan politique, qui, à leur tour, sont divisées en clans (Ilahiane 2006, 134; Asfura-Heim mai 2013, 4). Les confédérations touarègues que l'on retrouve au Mali, en Algérie, au Niger, au Nigéria et au Burkina Faso comprennent les suivantes :

  • Kel Ahaggar, Kel Aïr, Kel Ajjer, Kel Ataram, Kel Dennek [ou Dinnik], Kel Gress, Kel Tademaket (Ilahiane 2006, 75-77).
  • Touaregs de la vallée du Niger (Asfura-Heim mai 2013, 4).
  • Kel Adagh, Touaregs du Damergou et du Sud-est (ibid.).
  • Kel Adrar (Ilahiane 2006, 75).

Des sources signalent que les clans de Touaregs sont très hiérarchisés (Asfura-Heim mai 2013, 4; Ilahiane 2006, 134). Selon certaines sources, les Touaregs sont divisés en castes (Cline 2013, 617; Lecocq 2010, 4). Selon le Historical Dictionary of the Berbers, les [traduction] « divisions fondamentales » des clans comportent « les nobles, les vassaux, les serviteurs et les esclaves » (Ilahiane, 2006, 134). De même, l'Encyclopaedia Britannica décrit les rôles sociétaux des Touaregs allant des nobles au clergé, en passant par les « vassaux » et les artisans, puis les ouvriers, anciennement considérés comme des esclaves (s.d.). Selon certaines sources, les Bellahs [ou Bellas] [soit les membres à la peau foncée de la société touarègue (É.-U. 28 févr. 2014, 22; The Guardian 6 juill. 2012)], seraient des descendants des esclaves touaregs (ibid.; Nations Unies 10 janv. 2014, paragr. 63). Depuis que l'esclavage a été interdit dans les années 1960 au Mali, il y aurait pas moins de 200 000 descendants d'esclaves qui vivent de nos jours sous le joug de [traduction] « l'esclavage héréditaire », précisent certaines sources (The Guardian 23 oct. 2012; USA Today 15 févr. 2013). USA Todaysignale que ces quelque 200 000 personnes seraient des Bellahs (ibid.).

Depuis que le Mali a décrété l'indépendance en 1960, plusieurs rébellions touarègues ont vu le jour, précisent certaines sources : dans les années 1960, dans les années 1990, et de nouveau en 2006 (NOREF mars 2013, 2 ; Cline 2013, 619-621). Les rébellions ont toutes été suivies d'ententes de cessez-le-feu à court terme (ibid., 617; Keenan 1er déc. 2013). À la fin de 2011, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) a été formé par plusieurs factions touarègues et une rébellion a été lancée contre le gouvernement malien en janvier 2012 (Asfura-Heim mai 2013, 6-7; Cline 2013, 621, 626). Le MNLA visait à créer un État indépendant, l'Azawad, pour les Touaregs qui vivaient dans le nord du Mali (ibid., 621; Al Jazeera 17 janv. 2013). On peut lire dans certaines sources qu'une [traduction] « minorité » de Touaregs militait en faveur du MNLA (Mali 3 avr. 2014; Asfura-Heim mai 2013, 2). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant de la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH), un organisme gouvernemental de « promotion et de protection des droits de l'homme au Mali » (Mali s.d.), a écrit que ce ne sont pas tous les Touaregs qui prennent part au conflit qui sévit actuellement au Mali, mais uniquement un [traduction] « petit groupe civilo-militaire, formé en Libye au départ, qui souhaite accéder à l'indépendance » (ibid. 3 avr. 2014). Dans un rapport portant sur les Touaregs au Mali produit par le US Center for Naval Analysis (CNA), un [traduction] « centre de recherche et développement financé par le gouvernement fédéral desservant le ministère de la Marine et d'autres organismes de défense » (CNA s.d.a), Patricio Asfura-Heim, avocat de même que chercheur scientifique principal et chef de projet dont les travaux portent sur le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et l'Asie du Sud (ibid. s.d.b), affirme que le MNLA [traduction] « est blâmé par plusieurs pour les très mauvaises conditions dans lesquelles [les Touaregs] se trouvent actuellement » (Asfura-Heim mai 2013, 2). Aux dires de certaines sources, en mars 2014, les négociations entre le MNLA et le gouvernement malien avaient été différées (Reuters 25 mars 2014; All Africa 25 mars 2014).

2. Traitement réservé par les autorités gouvernementales

Le représentant de la CNDH a déclaré que le gouvernement a [traduction] « une bonne attitude » envers les Touaregs, et que ceux-ci sont considérés comme étant des [traduction] « citoyens maliens à part entière » (Mali 3 avr. 2014). Il a aussi déclaré que [traduction] « les droits des Touaregs et de tous les citoyens maliens sont protégés par l'État » (ibid.). Sans plus de précisions, le représentant a déclaré qu'il estimait que les protections offertes par l'État aux Touaregs sont [traduction] « efficaces » (ibid.).

En revanche, selon Asfura-Heim, les Touaregs [traduction] « n'ont pas eu de bonnes relations avec les gouvernements de l'État [et] ils prétendent qu'ils ont été systématiquement marginalisés, tant au plan politique qu'économique » (mai 2013, 2). Certaines sources rapportent que les Touaregs ont été victimes de mauvais traitements, entre autres, d'exécutions sommaires, de disparitions forcées et d'actes de torture qui auraient été perpétrés par les forces de sécurité maliennes (Human Rights Watch 2014, 144; Nations Unies 10 janv. 2014, paragr. 41). Selon un rapport des Nations Unies produit en 2014 par un expert indépendant sur la situation des droits de la personne au Mali, les forces armées maliennes se livrent à [traduction] « des viols, du pillage, des arrestations et des détentions arbitraires, des actes de torture et des traitements cruels, inhumains et dégradants » à l'endroit des Touaregs et d'autres communautés dans le Nord du Mali (ibid.). Human Rights Watch signale un incident survenu en mai 2013, au cours duquel des soldats [traduction] « ont proféré, à maintes reprises, des menaces de mort et tenu des propos racistes, et ont parfois fait défiler, maltraité et humilié [les Touaregs ou Bellahs] devant la population locale » (7 juin 2013). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur de l'Université Ghent, en Belgique, qui effectue des travaux de recherche sur la culture, les politiques et l'histoire du Sahara contemporain, a affirmé que [traduction] « des soldats de l'armée indisciplinés attaquent les populations touarègues et arabes », et que dans certains cas, ces attaques constituent une « tactique délibérée » plutôt qu'un « manque de discipline » (professeur 27 mars 2014). Selon les Country Reports on Human Rights Practices for 2013 du Département d'État des États-Unis portant sur le Mali, le gouvernement [traduction] « a parfois omis d'exercer un contrôle efficace sur les forces de sécurité, et certaines unités au sein des forces de sécurité ont commis des violations des droits de la personne » (É.-U. 28 févr. 2014, 1).

Certaines sources affirment aussi que le peuple touareg a été touché par la [traduction] « guerre contre le terrorisme » (Asfura-Heim mai 2013, 5; Keenan 1er déc. 2013). Dans le rapport du CNA, Asfura-Heim précise que les gouvernements des régions habitées par les Touaregs utilisent la [traduction] « guerre mondiale contre le terrorisme » pour « sévir contre les minorités ethniques, y compris les Touaregs » (Asfura-Heim mai 2013, 5). Dans un article publié par Good Governance Africa (GGA), un [traduction] « organisme de recherche et de défense des droits, financé par le secteur privé et situé en Afrique, qui vise à améliorer le l'efficacité des gouvernements sur le continent » (GGA s.d.), Jeremy H. Keenan, professeur d'anthropologie et de sociologie à l'Université de Londres, dont les travaux de recherches portent sur la région du Sahara et du Sahel, affirme également que les gouvernements ont utilisé la [traduction] « guerre contre le terrorisme » dans le territoire traditionnel des Touaregs pour « renforcer leur répression à l'endroit des mouvements politiques d'opposition légitimes, plus précisément les Touaregs, qui sont en général perçus comme s'opposant à l'administration centrale, donc comme des "fauteurs de troubles" » (Keenan 1er déc. 2013). Dans un rapport sur les Touaregs et le conflit au Mali préparé à l'intention du Centre for Military Relations des États-Unis, rapport qui a été publié dans Studies in Conflict and Terrorism, Lawrence E. Cline explique que [traduction] « plusieurs groupes armés dont les intérêts sont divergents » sont impliqués dans le conflit malien (Cline 2013, 617). Parmi ces groupes figurent des milices locales, les rebelles touaregs et des militants islamistes aux [traduction] « objectifs différents », qui « coopèrent ou sont en conflit à différents degrés » (ibid.). De plus, Cline déclare, à la lumière de reportages réalisés par des médias sur le conflit, que les militants islamistes ont parfois [traduction] « pris en otage » le mouvement indépendantiste touareg (ibid.).

D'après le professeur de l'Université Ghent,

[traduction]

[o]fficiellement, le gouvernement malien établit une nette distinction, au sein des Touaregs et des autres populations du Nord, entre les civils et les « rebelles » ou les autres groupes militants. Cependant, il arrive assez souvent que le gouvernement justifie des massacres à l'aveugle commis par les forces armées maliennes à l'endroit de gens perçus comme étant des civils touaregs, en déclarant après coup les victimes comme étant des rebelles ou des complices (27 mars 2014).

Des sources signalent aussi que l'armée malienne est soupçonnée d'avoir commis des actes de torture, des exécutions sommaires et des mauvais traitements à l'endroit de présumés collaborateurs des rebelles armés (Asfura-Heim mai 2013, 8; Human Rights Watch 2014, 144). On peut lire dans les Country Reports for 2013 que les personnes soupçonnées d'avoir des liens avec les rebelles armés ont été [traduction] « arrêtées arbitrairement [...] souvent sans qu'il y ait de preuve ou de mandat » (28 févr. 2014, 6). Selon le World Report 2014 de Human Rights Watch portant sur le Mali, les soldats maliens sont soupçonnés d'avoir commis [traduction] « au moins 26 exécutions extrajudiciaires, 11 disparitions forcées, et plus de 50 cas de torture ou de mauvais traitements » contre de « présumés rebelles islamistes et de présumés collaborateurs » (Human Rights Watch 2014, 144).

Asfura-Heim affirme que [traduction] « [d]es dizaines de milliers » de Touaregs, y compris des dirigeants et des membres du parlement malien, ont fui le pays et ont demandé l'asile dans les camps de réfugiés en Mauritanie et dans d'autres pays (Asfura-Heim mai 2013, 8). Aux dires de Keenan, près de 200 000 Touaregs du Mali vivent dans des camps de réfugiés en Mauritanie, au Burkina Faso et au Niger (1er déc. 2013). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autre information allant en ce sens.

2.1 Actes de violence perpétrés par les autorités gouvernementales envers des Touaregs

Les sources font état des actes de violence suivants qui ont été perpétrés par les autorités gouvernementales envers des Touaregs :

  • Le 19 février 2013, des éléments de l'armée obt assassiné trois civils touaregs de la tribu des Imrad à proximité de Gao, ville du Nord du Mali (AFP 23 févr. 2014). Une source militaire a affirmé à l'Agence France-Presse (AFP) que la mort de ces civils serait survenue « dans des conditions qui n'ont pas encore été éclaircies » (ibid.).
  • Le 28 novembre 2013, cinq civils touaregs ont été [traduction] « grièvement blessés » et un a été tué par les forces armées lors d'une manifestation qui a eu lieu à l'aéroport de Kidal à laquelle ont pris part 300 sympathisants du MLNA pour protester contre la présence du premier ministre malien dans la région (Nations Unies 10 janv. 2014, paragr. 44).
  • Entre les 26 et 28 mai 2013, des soldats maliens [traduction] « ont sévèrement battu 14 bergers, dont trois enfants » et ont volé des vaches, des chèvres et des moutons, aux dires de membres de trois camps de nomades de Touaregs et de Bellahs dans le Nord du Mali (Human Rights Watch 7 juin 2013).
  • En avril 2013, cinq hommes touaregs soupçonnés d'entretenir des liens avec un groupe islamiste ont été blessés et capturés par les forces gouvernementales (É.-U. 28 févr. 2014, 4). Les hommes seraient morts dans la prison centrale de Bamako après avoir été privés de soins médicaux (ibid.).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements concernant ces incidents.

3. Traitement réservé par la société

Le représentant de la CNDH a déclaré que les Touaregs ne font l'objet [traduction] « d'aucune discrimination » (Mali 3 avr. 2014). Il a souligné que [traduction] « certains » d'entre eux sont élus en tant que députés à l'Assemblée nationale alors que d'autres occupent des [traduction] « postes à responsabilité » au sein de ministères, notamment celui des Affaires étrangères (ibid.). Le représentant a en outre affirmé qu'il n'y a pas de problèmes entre les différents groupes ethniques au Mali (ibid.). Cependant, on peut lire dans les Country Reports for 2013 que les « Tamashèques de couleur noire », qui ont été soumis à des pratiques analogues à celles de l'esclavage, en particulier dans le Nord du Mali, subissent de la discrimination sociale (28 févr. 2014, 1, 25).

En dépit d'ententes politiques et de transactions commerciales privées entre les élites politiques et les élites touarègues, a déclaré le professeur,

[traduction]

[l]a population malienne est relativement hostile à l'égard des Touaregs, les considérant, en général, comme des « étrangers » ou des « apatrides » (terme français utilisé ici pour désigner des non-patriotes, des traîtres de la nation) [...] [et qu'] elle utilise de nombreux stéréotypes ethniques pour désigner les Touaregs, les considérant en général comme des voleurs, des esclavagistes, des racistes, des paresseux et des personnes violentes (27 mars 2014).

De même, Cline reprend les propos d'un officier de l'armée malienne affirmant que les [traduction] « Africains de l'Ouest perçoivent les Touaregs comme des personnes paresseuses, prédisposées à être violentes et criminelles, opportunistes, chauvines, et antipatriotiques » (Cline 2013).

On peut lire dans certaines sources que dans les années 1990, un groupe paramilitaire appelé Ganda Koy a vu le jour pour cibler les Touaregs (Al Jazeera 17 janv. 2013; Asfura-Heim mai 2013, 8). Selon Asfura-Heim, le Ganda Koy, issu du gouvernement, [traduction] « terrorisait » les communautés minoritaires dans le nord du Mali (ibid.). Al Jazeera signale que le Ganda Koy a combattu les Touaregs aux côtés de l'armée malienne et [traduction] « aurait commis des massacres contre des civils touaregs » (17 janv. 2013). Aux dires du professeur, même si [traduction] « presque aucun » de ces groupes organisés n'est en activité actuellement, certains villages organisent des [traduction] « pogroms plus ou moins spontanés » contre les Touaregs (27 mars 2014). On peut lire dans les Country Reports for 2013 que, le 11 août 2013, le frère touareg du ministre de la Culture de l'époque a été tué par des groupes d'autodéfense pour ses liens présumés avec le MNLA, alors qu'il exerçait son droit de vote à Lere, près de Tombouctou (28 févr. 2014, 9). Human Rights Watch rapporte que les autorités ont capturé quatre membres d'une [traduction] « milice progouvernementale » après avoir tué deux bergers touaregs à Gossi (7 juin 2013). L'expert indépendant des Nations Unies fait aussi état de [traduction] « récentes vagues d'arrestations » par l'armée malienne de gens vivant dans les collectivités du Nord, notamment des Touaregs, sous de fausses accusations formulées par des membres de milices locales ou de la population en général (Nations Unies 10 janv. 2014, paragr. 45).

3.1 Actes de violence perpétrés par la société envers des Touaregs

Le 6 février 2014, 30 Touaregs ont été tués par des hommes armés de la communauté peule tout près de Gao, ville du Nord du Mali (AFP 7 févr. 2014; Reuters 7 févr. 2014). Selon certaines sources, il s'agissait d'une riposte (ibid.; AFP 7 févr. 2014) en réponse à l'enlèvement d'un membre de la communauté peule (ibid.). Reuters reprend les propos tenus par le ministre malien de la Défense qui a déclaré qu'il [traduction] « n'est pas rare de voir ces deux groupes se battre » (7 févr. 2014).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres cas de violence.

4. Réponse de l'État

On peut lire dans les Country Reports for 2013 que « [g]énéralement, les mécanismes visant à permettre la tenue d'enquête et à sanctionner les membres des forces de sécurité qui se rendent coupables de mauvais traitements et de corruption ne sont pas efficaces » (28 févr. 2014, 6). L'expert indépendant des Nations Unies explique que les actes de violence commis par les groupes armés, y compris les militaires, ne font pas l'objet d'enquêtes et que le système judiciaire [traduction] « ne dispose pas du personnel et des outils [...] pour faire face à la diversité et à la complexité des crimes commis dans le Nord du Mali » (Nations Unies 10 janv. 2014, paragr. 34 et 35). On peut aussi lire dans le rapport de Human Rights Watch que le système judiciaire est caractérisé par [traduction] « des manquements à l'éthique professionnelle, des pratiques de corruption, une pénurie de personnel, des lacunes au niveau de la logistique [...] et des violations du droit à l'équité des procédures » (2014, 146). Les problèmes que l'expert indépendant des Nations Unies a relevés comprennent [traduction] « le manque de ressources financières et matérielles, la relative indépendance du système judiciaire, la corruption, les coûts élevés d'accès au système judiciaire, l'isolement des champs de compétence, [et] l'absence de formation liée aux droits de la personne » (10 janv. 2014, paragr. 35). Même si les autorités maliennes ont mené des enquêtes sur quelques incidents de violations des droits de la personne, soutient Human Rights Watch, [traduction] « plusieurs autres incidents n'ont pas fait l'objet d'enquêtes, et aucune accusation n'a été portée contre les soldats impliqués dans de récents cas de violation des droits de la personne » (2014, 145). L'expert indépendant des Nations Unies affirme aussi que les membres de l'armée interviennent dans les procédures judiciaires menées contre des civils (10 janv. 2014, paragr. 46). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel à ce sujet.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Agence France-Presse (AFP). 23 février 2014. « Trois Touareg tués par l'armée dans le Nord ». [Date de consultation : 20 mars 2014]

_____. 7 février 2014. « At Least 30 Tuaregs Killed in Northern Mali ». [Date de consultation : 20 mars 2014]

Al Jazeera. 17 janvier 2013. May Ying Welsh. « Making Sense of Mali's Armed Groups ». [Date de consultation : 31 mars 2014]

All Africa. 25 mars 2014. Peter Tinti. « Lines in the Malian Sand - Tuareg Fractures Widens As Talks Continue to Stall ». (Factiva)

Asfura-Heim, Patricio. Mai 2013. « The Tuareg: A Nation Without Borders? A CNA Strategic Studies Conference Report ». Conference Report du Center for Strategic Studies, réunion du 22 mars 2013 du Center for Naval Analyses (CNA). [Date de consultation : 20 mars 2014]

Center for Naval Analyses (CNA). S.d.a. « Centre for Naval Analyses: Cutting Edge, Expert Analysis and High Quality, Impartial Information for Effective Decision Making ». [Date de consultation : 31 mars 2014]

_____ S.d.b. « Patricio Asfura-Heim ». [Date de consultation : 26 mars 2014]

Cline, Lawrence E. 2013. « Nomads, Islamists, and Soldiers: The Struggles for Northern Mali ». Studies in Conflict & Terrorism, no 36. [Date de consultation : 26 mars 2013]

Encyclopaedia Britannica. S.d. « Tuareg ». [Date de consultation : 26 mars 2014]

Good Governance Africa (GGA). S.d. « FAQ ». [Date de consultation : 31 mars 2014]

The Guardian. 23 octobre 2012. Mark Tran. « Mali Conflicts Puts Freedom of 'Slave Descendants' in Peril ». [Date de consultation : 31 mars 2014]

_____ 6 juillet 2012. Afua Hirsch. « Mali's Conflict and a 'War over Skin Colour' ». [Date de consultation : 31 mars 2014]

Human Rights Watch. 2014. « Mali ». World Report 2014: Events of 2013. [Date de consultation : 20 mars 2014]

_____7 juin 2013. « Mali: New Abuses by Tuareg Rebels, Soldiers ». [Date de consultation : 20 mars 2013]

Ilahiane, Hsain. 2006. Historical Dictionary of the Berbers (Imazighen). Lanham, Maryland : Scarecrow Press.

Keenan, Jeremy H. 1er décembre 2013. « The Tuareg and the Terror ». Good Governance Africa. Africa in Fact, no 18. [Date de consultation : 31 mars 2014]

Lecocq, Baz. 2010. Disputed Desert: Decolonisation, Competing Nationalisms and Tuareg Rebellions in Northern Mali. Afrika-Studiecentrum Series. Vol. 19. Leiden : Brill Publishers. [Date de consultation : 26 mars 2014]

Mali. 3 avril 2014. Commission nationale des droits de l'homme (CNDH). Correspondance d'un représentant adressée à la Direction des recherches.

_____S.d. « Présentation ». [Date de consultation : 3 avr. 2014]

National Public Radio (NPR). 23 janvier 2013. All Things Considered. Entrevue de Bruce Whitehouse, Université Lehigh, réalisée par Robert Siegel, « Nomadic 'Blue Men' of Sahara Receive New Attention with Mali Fight ». [Date de consultation : 21 mars 2014]

Norwegian Peacebuilding Resource Centre (NOREF). Mars 2013. Morten Bøås et Liv Elin Torheim. Mali Unmasked: Resistance, Collusion, Collaboration. [Date de consultation : 20 mars 2014]

Professeur, Université Ghent. 27 mars 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Reuters. 25 mars 2014. Emma Farge. « Tuareg Leader to Mali Government: Start Talks or Risk New Revolt ». [Date de consultation : 1er avril 2014]

_____ 7 février 2014. Tiemoko Diallo. « Inter-ethnic Fighting in North Mali Leaves 30 Dead ». [Date de consultation : 31 mars 2014]

Nations Unies. 10 janvier 2014. Conseil des droits de l'homme. Rapport de l'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali, Suliman Baldo. (A/HRC/25/71) [Date de consultation : 26 mars 2014]

États-Unis (É.-U.). 19 mars 2014. Central Intelligence Agency (CIA). « Mali ». The World Factbook. [Date de consultation : 1er avr. 2014]

_____ 28 février 2014. Department of State. « Mali ». Country Reports on Human Rights Practices for 2013. [Date de consultation : 26 mars 2014]

USA Today. 15 février 2013. Clare Morgana Gillis. « Mali Slavery Problem Persists after French Invasion ». [Date de consultation : 31 mars 2014]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites dans les délais fixés pour joindre des représentants de l'Association malienne des droits de l'homme et un professeur de l'Université de Bayreuth ont été infructueuses.

Les représentants de l'Association pour la consolidation de la paix, le développement, la promotion et la protection des droits humains n'ont pas été en mesure de fournir des renseignements dans les délais fixés.

Un professeur du département d'anthropologie de l'Université de London n'a pas pu fournir de renseignements.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; ecoi.net; Ethnologue; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; Le Figaro; Freedom House; Front Line Defenders; Jeune Afrique; Maliweb.net; Minority Rights Group International; Le Monde; Oxfam; Reporters sans frontières; Nations Unies – ONU Femmes, Réseaux d'information régionaux intégrés, Refworld, Reliefweb.

Verknüpfte Dokumente