Lebanon: Recruitment practices of Hezbollah, including forced recruitment, such as Shi'ite youth; consequences for those that refuse to join; availability of state protection; regions controlled by Hezbollah, including ability to locate a person wanted by the group who returns to Lebanon; presence of Hezbollah spies or informers in areas outside the organization's control; whether Lebanese Shi'ite students returning from international study are considered spies upon returning to the country (2013- October 2015) [LBN105332.E]

Liban : information sur les pratiques de recrutement du Hezbollah, y compris sur le recrutement forcé, notamment auprès de jeunes chiites; les conséquences pour ceux qui refusent de se joindre au Hezbollah; la disponibilité d’une protection offerte par l’État; les régions contrôlées par le Hezbollah, y compris la capacité du groupe de trouver une personne qu’il recherche lorsqu’elle retourne au Liban; la présence d’espions ou d’informateurs du Hezbollah à l’extérieur des régions contrôlées par l’organisation; information indiquant si les étudiants libanais chiites revenant au pays après des études à l’étranger sont tenus pour des espions (2013-octobre 2015)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Pratiques de recrutement

Pour des renseignements contextuels sur le Hezbollah, y compris sur sa création et son mandat, veuillez consulter la réponse à la demande d’information LBN103846.

1.1 Recrutement forcé

Selon des sources, le Hezbollah ne recrute pas ses membres [traduction] « par la force » (professeur de sciences politiques 20 oct. 2015; professeur de politique 21 oct. 2015). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur de politique de l’Université d’Otago, en Nouvelle-Zélande, dont les recherches sont axées sur l’histoire et la politique du Liban a déclaré qu’à sa connaissance, le Hezbollah n’avait pas recruté de membres par la force depuis 2013, malgré les pertes qu’il a subies dans le conflit en Syrie (professeur de politique 21 oct. 2015). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur de sciences politiques de l’Université Florida Atlantic dont la recherche est axée sur l’islam politique au Moyen-Orient a aussi déclaré que le Hezbollah n’avait pas pour stratégie de recrutement de forcer des personnes à se joindre à l'organisation (professeur de sciences politiques 20 oct. 2015). Des sources ont signalé que le Hezbollah utilisait un système [traduction] « [d’]incitatifs » lors de ses campagnes d’adhésion au sein de la communauté chiite du Liban (professeur de politique 21 oct. 2015; professeur de sciences politiques 20 oct. 2015). Le professeur de sciences politiques a déclaré que le Hezbollah organisait des campagnes de mobilisation au cours desquelles étaient prononcés des discours devant les membres de la population chiite du Liban, y compris des étudiants d’université (ibid.). La même source a précisé que, dans ces discours, le Hezbollah insistait sur les avantages qu’il pouvait offrir à ses membres, y compris sur une aide financière pour les frais de scolarité universitaire, des prêts pour les propriétaires de petites entreprises et des emplois dans la fonction publique (ibid.). Le professeur de sciences politiques a signalé en outre que le Hezbollah avait ses propres syndicats d’étudiants dans les universités libanaises, qui faisaient régulièrement la promotion de ces incitatifs auprès des étudiants (ibid.). Selon le professeur de politique, le Hezbollah [traduction] « est en mesure d’offrir des salaires raisonnables dans le contexte local » (professeur de politique 21 oct. 2015).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur d’histoire mondiale de l’École d’économie et de sciences politiques de Londres (London School of Economics and Political Science) dont les recherches portent sur le conflit armé au Moyen-Orient a déclaré que des [traduction] « renseignements anecdotiques » laissaient penser que le Hezbollah « a[vait] commencé à se livrer au recrutement forcé depuis qu’il particip[ait] plus activement au conflit en Syrie » (professeur d’histoire mondiale 22 oct. 2015). La même source a précisé que plusieurs chiites libanais [traduction] « se sent[ai]ent libanais et non syriens » et qu’ils hésitaient donc à se joindre au Hezbollah pour « se battre pour Asad » (ibid.). Selon le professeur d’histoire mondiale, le recrutement forcé se produit surtout dans les régions rurales où le Hezbollah a une forte influence, comme le sud du Liban et la vallée de la Bekaa (ibid.). La source a aussi déclaré avoir [traduction] « entendu parler de [la] disparition » de personnes qui avaient refusé de se joindre au Hezbollah, mais qu’à sa connaissance, dans aucun cas, les membres de la famille de ces personnes n’auraient été harcelés (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

1.2 Protection offerte par l’État contre le recrutement

On peut lire dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2014, publiés par le Département d’État des États-Unis, que [traduction] « [l]es forces du gouvernement étaient généralement incapables d’appliquer la loi dans les banlieues sud de Beyrouth qui sont principalement contrôlées par le Hezbollah » (É.-U. 25 juin 2014, 18). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés sur la disponibilité de services de protection offerts par l’État aux personnes qui refusent d’être recrutées par le Hezbollah, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant en ce sens ni aucun autre renseignement.

2. Régions contrôlées par le Hezbollah

Selon des sources, le Hezbollah a une forte influence dans le sud du Liban, la vallée de la Bekaa et certaines zones de Beyrouth (professeur d’histoire mondiale 22 oct. 2015; professeur de sciences politiques 20 oct. 2015; CFR 3 janv. 2014). Le professeur de politique a déclaré que [traduction] « le Hezbollah exer[çait] un contrôle direct sur la sécurité et sur les rues dans toutes les régions chiites (le Sud, le nord de la Bekaa, le sud de Beyrouth et les villages chiites près de Jbail) et une influence considérable dans tout le pays grâce à son infiltration et à son influence dans la majeure partie de l’appareil de sécurité officiel du Liban » (professeur de politique 21 oct. 2015). De même, le professeur de sciences politiques a affirmé que le Hezbollah exerçait un contrôle direct sur le sud du Liban, la Bekaa et les régions proches de la frontière israélienne, tout en bénéficiant aussi d’un appui dans l’ensemble du pays, étant donné que bon nombre des chiites libanais appuyaient la cause de l’organisation (professeur de sciences politiques 20 oct. 2014).

2.1 Capacité de trouver une personne recherchée et présence d’espions ou d’informateurs à l’extérieur des régions contrôlées par le Hezbollah

Selon un document publié en 2014 par le Conseil des relations étrangères (Council on Foreign Relations - CFR), un centre d’études et de recherches et éditeur américain non partisan qui se concentre sur les questions de politique étrangère qui concernent les États-Unis (s.d.), [traduction] « [a]vec un soutien appréciable de la part de l’Iran et de la Syrie, le Hezbollah maintient un appareil de sécurité, une organisation politique et un réseau de services sociaux importants au Liban » (CFR 3 janv. 2014). Michael Young, l’éditorialiste du Daily Star, quotidien de Beyrouth (The Globe and Mail 23 août 2012), a par ailleurs déclaré dans son livre The Ghosts of Martyrs Square: An Eyewitness Account of Lebanon's Life Struggle, racontant une histoire politique du Liban, que le Hezbollah possédait [traduction] « d’énormes capacités de renseignement » (Young 2010, 33). Selon les Country Reports, le Hezbollah [traduction] « a utilisé des réseaux d’informateurs et de surveillance téléphonique pour obtenir des renseignements sur ceux qu’il percevait comme ses adversaires » en 2014 (É.-U. 25 juin 2015, 12).

Des sources ont affirmé que le Hezbollah possédait effectivement la capacité de trouver des individus recherchés au Liban (professeur de sciences politiques 20 oct. 2015; professeur de politique 21 oct. 2015). Le professeur de politique a déclaré qu'à son avis, [traduction] « le Hezbollah n’aurait presque aucune difficulté à trouver une personne, s’il cherchait sérieusement à le faire. Il a des partisans dans tout le pays, y compris chez des aounistes [parti chrétien dominant du Liban, appelé Courant patriotique libre, dont le général Michel Aoun est à la tête (Alakhbar English 31 mai 2013)] dans des régions chrétiennes » (ibid.). La même source a déclaré que [traduction] « le Hezbollah domin[ait] la sécurité à l’aéroport, le groupe pouvant donc suivre quelqu’un dès son entrée au Liban », et a précisé que « la seule branche de sécurité officielle importante qui n’[était] pas coordonnée par le Hezbollah ou son allié aouniste chrétien [était] al-Amn-al-Dakhili, une branche sunnite relevant du ministère de l’Intérieur » (ibid.). De même, le professeur de sciences politiques a signalé que [traduction] « le Hezbollah a[vait] la capacité de trouver des personnes recherchées » en collaborant avec des agences de renseignement partenaires, des alliés chrétiens et des informateurs chiites qui appuyaient le parti (professeur de sciences politiques 20 oct. 2015). La même source a précisé, ajoutant toutefois que cela « arriv[ait] rarement », que, si la personne recherchée était considérée comme [traduction] « une menace véritable », le parti ferait « le nécessaire » pour la trouver (ibid.).

Selon le professeur d’histoire mondiale, « [l]a probabilité pour une personne d’être trouvée dépend dans une certaine mesure de l’endroit où elle se situe dans la géographie religieuse du Liban. [Dans] certaines régions ou collectivités, comme au cœur des zones maronites ou druzes, il est plus difficile pour le Hezbollah » de trouver une personne recherchée (professeur d’histoire mondiale 22 oct. 2015). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

3. Information indiquant si les étudiants libanais chiites revenant au pays après des études à l’étranger sont tenus pour des espions

Des sources déclarent que le fait qu’un étudiant revenant au pays soit considéré comme un espion dépend de plusieurs facteurs (professeur de politique 21 oct. 2015; professeur de sciences politiques 20 oct. 2015; professeur d’histoire mondiale 22 oct. 2015). Selon le professeur d’histoire mondiale, un étudiant revenant au pays pourrait [traduction] « éventuellement » être considéré comme un espion, selon « le pays dans lequel il étudiait, la nature de ses études, ses opinions politiques en général, et s’il faisait déjà l’objet d’une surveillance par le Hezbollah » (ibid.). De même, le professeur de politique a déclaré que l’intérêt que portait le Hezbollah envers un étudiant de retour au pays dépendait des antécédents de cet étudiant et de ceux de sa famille, ainsi que de son domaine d’étude (professeur de politique 21 oct. 2015). La même source a déclaré que [traduction] « l’étudiant de retour risqu[ait] certainement d’être surveillé et peut-être même harcelé ou interrogé » si lui-même ou des membres de sa famille avaient participé à des activités éveillant les soupçons du Hezbollah (ibid.). Le professeur de sciences politiques a aussi déclaré qu’un étudiant qui retournait au pays pouvait être traité comme un espion si des membres de sa famille avaient agi de façon à éveiller les soupçons du Hezbollah ou si, à son retour au Liban, il commençait à poser des questions délicates (professeur de sciences politiques 20 oct. 2015). La même source a fait remarquer toutefois que de nombreux étudiants libanais participaient à des échanges internationaux et qu'ils revenaient au pays sans problème (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Alakhbar English. 31 mai 2013. Ghassan Saoud. « Lebanon's Aounists: Hollow Election Victory ». [Date de consultation : 29 oct. 2015]

Council on Foreign Relations (CFR). 3 janvier 2014. Jonathan Masters et Zachary Laub. Hezbollah (a.k.a. Hizbollah, Hizbu'llah). [Date de consultation : 15 oct. 2015]

_____. S.d. « Mission Statement ». [Date de consultation : 28 oct. 2015]

États-Unis (É.-U.). 25 juin 2015. Department of State. « Lebanon ». Country Reports on Human Rights Practices for 2014. [Date de consultation : 15 oct. 2015]

The Globe and Mail. 23 août 2012. Rayyan Al-Shawaf. « The Tragedy of Lebanon ». [Date de consultation : 15 oct. 2015]

Professeur d’histoire mondiale, London School of Economics and Political Science. 22 octobre 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur de politique, University of Otago, Nouvelle-Zélande. 21 octobre 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur de sciences politiques, Florida Atlantic University. 20 octobre 2015. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Young, Michael. 2010. The Ghosts of Martyrs Square. New York : Simon & Schuster.

Autres sources consultées

Sources orales : La Century Foundation; chargé de cours en étude comparative des politiques des États du Moyen-Orient, King's College London; professeur adjoint en relations internationales et en politiques comparatives, American University of Paris; professeur agrégé de sciences politiques, Chapman University; professeur agrégé de sciences politiques, Lebanese American University; professeur agrégé de sciences politiques, University of Windsor; professeur de politique, Queen's University Belfast; professeur d’études sur la politique et le conflit au Moyen-Orient, King's College London.

Sites Internet, y compris :Al Jazeera; AllAfrica.com; Amnesty International; Atlantic Council; BBC; Brookings Institution; ecoi.net; Factiva; Fair Observer; Freedom House; Human Rights Watch; International Crisis Group; The New York Times; Political Handbook of the World; The Small Arms Survey; The Washington Post; Woodrow Wilson Centre for Scholars.

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