Information on the situation of homosexuals: interview with the director of Movimiento Ambiente de Venezuela (MAV) [VEN28658.FE]

Entrevue avec le directeur de Movimiento Ambiente de Venezuela (MAV) tenue à Caracas le 14 février 1997. Le MAV a été fondé en 1993 et est la seule organisation légalement reconnue de défense des droits des homosexuels au Venezuela. Elle compte environ 500 membres. Le MAV possède des départements juridique, d'éducation, de prévention et de santé. Les opinions exprimées dans le texte sont celles du directeur. Pour plus d'information sur la situation des homosexuels au Venezuela, veuillez consulter les Réponses aux demandes d'information VEN28654.F et VEN28664.F du 21 janvier 1998.

La situation des homosexuels au Venezuela

Le fait d'être homosexuel est un problème grave au Venezuela. Les gens ne tentent pas de comprendre que l'homosexualité est une condition aussi naturelle que l'hétérosexualité. La discrimination se fait sentir dès l'enfance car la famille n'est pas préparée à affronter la question et elle considère l'homosexualité comme une perversion et un péché. Beaucoup d'enfants et de jeunes adolescents de 12 à 15 ans sont abandonnés par leurs parents parce que ces derniers les considèrent comme homosexuels. Ce sont souvent ces jeunes que l'on retrouve sur l'avenue Libertador à Caracas travaillant comme prostitués et travestis.

Un autre problème est que les psychologues et les psychiatres vénézuéliens véhiculent l'idée que l'homosexualité s'acquiert. Cette idée présentée à une population ignorante envoie le message que l'on peut changer ou modifier l'orientation sexuelle d'un individu. C'est là une tactique de manipulation employée par ces spécialistes pour maintenir une clientèle qui les consulte pour des problèmes d'orientation sexuelle en les convainquant de venir à leur cabinet de consultation le plus fréquemment possible afin d'augmenter leurs honoraires.

Il n'existe pas de loi contre l'homosexualité au Venezuela mais il n'y a pas de condamnation plus grande que celle que prononce la société. Les homosexuels sont perçus comme des personnes faibles, sans défense, ce qui incite les agents de police à les traiter violemment. La loi sur les vagabonds et les malfaisants1 (Ley de Vagos y Maleantes) est souvent utilisée pour incommoder les homosexuels qui ont une apparence ou une conduite très efféminée. L'article 538 du code pénal associe l'homosexualité, sans la nommer, à un geste qui attente à la morale et à l'ordre publics. Cet article est également invoqué par les policiers procèdent à des descentes dans des établissements gay. La conduite homosexuelle est donc perçue comme tellement immorale et préjudiciable qu'elle justifie à elle seule l'application de la loi des vagabonds et des malfaisants et peut conduire la personne à la prison.

Perception de l'homosexualité chez les organisations non gouvernementales de défense des droits de la personne et possibilité de recours légal

Le thème de l'homosexualité incommode nombre de personnes. Les gens préfèrent défendre d'autres types de causes que celle des droits des homosexuels. Un hétérosexuel qui défend un homosexuel sera réticent à le faire puisqu'il aura peur que ses collègues pensent qu'il est gay lui aussi. Il aura peur de perdre l'estime de ses amis et collègues. L'autre seule organisation qui défend les homosexuels est Acción Ciudadanía contra el SIDA (ACCSI); toutefois elle ne se porte à leur défense que lorsqu'ils sont séropositifs. ACCSI défend également les droits des personnes séropositives hétérosexuelles. Elle intervient si une personne emprisonnée est séropositive afin de la faire remettre en liberté. Cette organisation travaille donc davantage sur le droit et l'éthique juridique appliqués au problème du sida. Dans le cas d'une descente dans un bar homosexuel, ce n'est pas ACCSI qui intervient mais le MAV, de même lorsqu'un employé est renvoyé de son travail pour raison d'homosexualité.

Le MAV entretient des relations avec la Red de Apoyo por la Justicia y la Paz. Des représentants de leur organisme sont venus à notre bureau pour y faire des exposés sur les moyens de défendre nos droits mais leur appui est davantage didactique que direct. Ce qui aiderait vraiment notre organisation serait de voir le Programa Venezolano de Educación-Acción en Derechos Humanos (PROVEA) et la Red de Apoyo por la Justicia y la Paz participer à une marche avec le MAV. Cela donnerait davantage de résultats. Le problème en est un de mentalité et il rejoint tout le monde, du plus intellectuel au plus ignorant. C'est une homophobie partagée par tous les secteurs de la société qui est attribuable à l'éducation que la population a reçue. Si cette éducation avait été différente, nous aurions une disposition tout aussi différente à l'égard de l'homosexualité. Une des tâches du MAV est de parler d'homosexualité sur toutes les tribunes. Si on ne fait pas de pressions, nos dénonciations meurent d'elles-mêmes. Elles demeurent sur une tablette pour toujours car personne n'est vraiment intéressé à défendre nos droits. Mais l'espace essentiel à la communauté gay doit être revendiqué ici, pas en quittant pour l'étranger.

Homosexualité et classe sociale

La situation de l'homosexuel varie selon qu'il appartienne à une classe sociale pauvre, moyenne ou supérieure. L'appartenance à la classe moyenne permet à un homosexuel de mieux composer avec sa condition puisqu'il possède les moyens économiques lui donnant une certaine autonomie et peut fréquenter des personnes d'un niveau culturel et social plus élevé. L'homosexuel qui appartient à la classe sociale inférieure ou marginale affronte de véritables problèmes. L'homosexuel de cette classe est celui qui souffre le plus puisqu'il n'a aucune protection ni orientation, sa famille ne le comprend pas et ne veut pas l'accepter.

Il n'y a pas nécessairement davantage de tolérance pour l'homosexualité dans les classes sociales plus favorisées mais il est certes plus facile de vivre son homosexualité si une personne occupe une position professionnelle élevée, si elle contrôle sa propre vie et ne dépend pas des autres, c'est-à-dire si elle a son amant, son appartement et si elle mène sa vie de façon autonome. Mais une personne de milieu pauvre affronte un type de milieu social distinct et animé d'une perception clairement négative de l'homosexualité.

Le MAV a eu connaissance du cas d'un Américain et d'un Canadien qui formaient un couple d'homosexuels ou étaient amants qui marchaient la main dans la main et se sont embrassés dans l'Ateneo de Caracas, un secteur qui est fréquenté par beaucoup d'homosexuels puisque c'est le quartier des arts et de la culture et où il existe une tolérance plus ou moins grande de l'homosexualité. Les gens qui ont vu les deux hommes s'embrasser leur ont lancé des pierres, comme s'ils voyaient quelque chose d'un autre monde. C'est là l'expression des gens qui considèrent l'homosexualité comme un phénomène immoral.

L'homophobie se manifeste de diverses façons. Il y a des enfants et des adolescents qui sont expulsés de leur lycée parce qu'ils manifestent un comportement homosexuel. Les parents des autres élèves et les professeurs considèrent qu'un homosexuel ne peut fréquenter la même école et décident de rendre la vie tellement difficile à cet élève qu'il n'a pas d'autre choix que d'abandonner ses études et de quitter ou de se faire expulser. Si une personne est séropositive, elle ne sera pas discriminée parce qu'elle est séropositive mais bien parce qu'elle est homosexuelle. Les médias présentent des émissions de télévision par exemple qui sont humoristiques mais au cours desquelles on se moque d'une façon horrible des homosexuels. Si cela se passe dans les médias, il n'est pas difficile de s'imaginer la perception qu'ont les gens vivant dans un bidonville, sans culture et sans respect pour la dignité des autres, des homosexuels.

Homosexualité et droit à la santé

Selon les statistiques cliniques, il y a beaucoup de cas de changement de sexe au Venezuela. Auparavant c'était davantage d'homme à femme. Maintenant nous assistons au phénomène contraire. Le problème est que plusieurs de ces personnes ne possèdent pas les ressources économiques pour couvrir le coût de l'opération chirurgicale nécessaire. Le médecin peut donc procéder aux étapes de stimulation hormonale et à la préparation psychologique de son patient mais il ne peut effectuer l'opération puisque celui-ci n'a pas les moyens de le payer. En ce sens, on nie le droit à la santé de cet individu.

Il y a également le cas, connu du MAV, d'une personne qui attend depuis 10 ans de changer de sexe mais les médecins qui pourraient procéder à la chirurgie ne veulent rien savoir car ils associent l'opération à un péché. Il existe donc d'un côté l'Église, qui véhicule l'idée que l'homosexualité est un péché et de l'autre, l'homophobie de la population en général, causée par l'ignorance puisque l'éducation sexuelle n'est pas enseignée au Venezuela. Sans cette éducation sexuelle, il ne peut y avoir d'ouverture d'esprit ni de compréhension de l'autre. Le MAV tente de combler cette lacune en sensibilisant les gens à la question de l'homosexualité. Nous devons le faire puisqu'aucune institution ne désire s'en charger.

Situation des homosexuels dans l'intérieur du pays

La plus grande tolérance pour les homosexuels se retrouve à Caracas et à Valencia dans l'État de Carabobo. Il y a aussi une très grande ouverture à Puerto La Cruz et à Ciudad Bolivar. C'est horrible dans le reste du pays.

Attaques contre des homosexuels

Il y a des groupes de jeunes snobs de classe moyenne-supérieure à Caracas qui s'amusent à lancer des bouteilles et des pierres aux travestis de l'avenue Libertador. Ils se divertissent en harcelant les homosexuels. Cela n'arrive qu'aux travestis. Il y aussi des groupes de pendilleros, de jeunes âgés entre 18 et 25 ans qui s'amusent à bousculer des homosexuels qu'ils rencontrent dans la rue. Le MAV a dénoncé ce phénomène dans un rapport remis à Vladimir Villegas, le président de la sous-commission des droits de la personne du Congrès de la République, et à des journaux. C'est la première fois dans l'histoire du Venezuela qu'était déposée une dénonciation offcielle pour violations des droits des homosexuels. Vladimir Villegas lui-même nous a répondu, au moment du dépôt de la dénonciation, que c'était là un sujet brûlant (papa caliente) pour les députés et les sénateurs qui ne s'imaginaient pas recevoir une dénonciation de ce type. La sous commission a transmis la dénonciation à la division de politique intérieure qui l'a transmise à son tour au ministère des relations interinstitutionnelles qui l'a retransmise au docteur je-ne-sais-qui du bureau du procureur général de la République. Cela fait trois ans que cela dure et nous n'avons toujours pas reçu de réponse. L'inéfficacité et l'irresponsabilité s'ajoutent à l'homophobie.

Les gens préfèrent ne pas parler de la question, l'ignorer et prétendre que cela n'existe pas. Il arrive aussi que des hétérosexuels fréquentent un bar gay, se mélangent à la clientèle homosexuelle pour voler les personnes car ils savent que les homosexuels forment un groupe qui n'ira pas dénoncer le geste, ce qui ouvre la porte à toute sorte d'abus.
Endroits fréquentés par les homosexuels à Caracas (2)

Le centre Simón Bolivar, situé au centre-ville de Caracas, est fréquenté par les homosexuels marginaux ou pauvres. Le secteur de Parque Central est fréquenté par plusieurs travestis et prostitués masculins. L'ateneo de Caracas (station de métro Bellas Artes au centre-ville) est fréquenté par des artistes et des musiciens gay. Plusieurs bars gay se trouvent aussi sur la rue Sabana Grande. Les quartiers du centre géographique de la ville comme Chacaito, Chacao, Las Mercedes sont également très fréquentés par les homosexuels. Il y a environ 22 bars gay à Caracas qui sont connus quasi exclusivement par la clientèle homosexuelle. Il y a encore beaucoup d'hétérosexuels qui ignorent qu'il existe des endroits où des hommes dansent avec d'autres hommes.

Les proprétaires de bars gay ne sont pas tous homosexuels. Des 22 établissements fréquentés par les homosexuels, il y a en peut-être 5 ou 6 qui sont la propriété d'homosexuels. Il y a un établissement qui s'appelle le Punch dans le centre commercial Cedilla qui ouvre la matinée le dimanche. On y retrouve des mineurs, des transexuels, des homosexuels, des travestis, des prostitués, des pédophiles, de tout. Le propriétaire de ce bar est un hétérosexuel qui ne se soucie que de l'argent que lui rapporte son établissement. Il paie la police pour ne pas être dérangé car il sait très bien que s'il refuse elle fermera l'établissement immédiatement.

Relations de la communauté gay avec les corps policiers

On ne peut nier que tous les corps policiers sont homophobes. Ils procèdent souvent à des descentes qu'ils appellent de prophylaxie sociale. Ces descentes ont pour but d'extorquer de l'argent aux propriétaires d'établissement gay, d'emprisonner les homosexuels afin, une fois rendu à la station de police, de leur voler leur argent, leur montre et de les violer s'ils sont d'apparence efféminée ou réagissent avec aggressivité envers les policiers. Certains policiers s'amusent à faire défiler les homosexuels à l'intérieur de la station de police et croient qu'ils peuvent faire d'eux ce que bon leur semble. Si lors de ces descentes, l'homosexuel paie le policier, il s'en sortira sans que rien ne lui arrive. S'il ne paie pas, il se verra enfreindre la loi sur les vagabonds et les malfaisants et emprisonné sous le faux motif qu'il était vêtu en femme... Pour que l'homosexuel n'ait pas de problèmes, il lui faut payer le policier.

Les organismes de sécurité les plus reconnus pour leurs attaques contre les homosexuels sont la Garde nationale, la police métropolitaine et la Police technique judiciaire (PTJ). La Dirección de Servicios de Inteligencia y Prevención (DISIP) se tient plus tranquille depuis le moment où nous avons déposé une dénonciation à la division des droits de la personne au bureau du procureur général de la République (Fiscalía) contre la présence d'agents de la DISIP dans quelques bars gay de la rue Sabana Grande qui se sont livrés à des affrontements physiques avec la clientèle. Depuis la dénonciation, nous n'avons plus aucun problème avec la DISIP. Au Venezuela, la police se considère comme une organisation très puissante ce qui lui donne le droit de faire ce que bon lui semble avec les homosexuels. Parfois les agents de police, dans la seule intention d'humilier un homosexuel, le font monter dans la voiture de police et le dépose à l'autre extrémité de la ville, sans ses vêtements, en pleine rue. Ce genre de mésaventure peut arriver à n'importe quel homosexuel peu importe sa situation sociale. Le MAV a eu connaissance d'homosexuels exerçant une profession libérale expulsés par la police d'une discothèque dans le quartier Las Mercedes, qui est un quartier de la classe moyenne-supérieure et où beaucoup de professionnels travaillent. Le problème c'est qu'une personne peut posséder un statut social élevé mais ne désire absolument pas que sa condition d'homosexuel soit connue à la maison ou au travail. Le fait de dénoncer de tels comportements policiers expose donc l'homosexuel à dévoiler sa vie privée et ce faisant à causer un scandale dont il fera les frais. L'option à choisir à ce moment-là est de ne rien dire.

La détention dans un commissariat est généralement d'une durée de 48 heures et ne doit pas dépasser 3 jours au maximum. Après, on est remis en liberté. Pendant la détention on peut s'attendre à n'importe quoi, à être violé ou agressé physiquement ou les deux.

Pratiques d'identification des homosexuels par les corps policiers

Le MAV a eu connaissance que certains policiers ont aposé une sorte de liquide à la carte d'identité d'homosexuels lors de descentes ou d'opérations de prophylaxie sociale. Ce liquide laisserait une marque quelconque sur le document permettant ainsi à un autre policier lors d'une descente ultérieure de savoir que cette personne a déjà été arrêtée pour prostitution ou parce qu'elle est homosexuelle. Ce serait une sorte de code entre certains policiers pour pouvoir identifier ces homosexuels. Il faut bien comprendre que lorsqu'une personne est arrêtée une première fois, son nom est inscrit sur une liste au commissariat. Si cette personne est arrêtée une seconde fois, le policier va nécessairement vérifier si elle l'a déjà été en recourant à cette liste. À la troisième arrestation, la police ouvre une enquête (expediente) sur la présomption que cette personne est un criminel selon la loi sur les vagabonds et les malfaisants.

Homosexualité et medias

Il y a moins de « presse jaune » (amarillismo) que par le passé. La perception des médias est un peu plus équilibrée mais il y a encore des journalistes qui ridiculisent l'homosexualité. Il est important de bien savoir à qui l'on parle car il y a des gens qui rendent la condition d'homosexuel pire qu'elle ne l'est réellement. Il n'y a pas d'émission de télévision animée par la communauté gay ou qui lui est destinée. L'homosexualité se traite mieux à la radio, avec plus de facilité au cours d'émission d'opinion mais là encore il n'y a pas d'émission faite par et pour la communauté homosexuelle. Le MAV pense proposer une émission de radio dans le futur.

Situation des lesbiennes

Le MAV regroupe environ 80 p.100 d'homosexuels masculins et 20 p. 100 de lesbiennes. Les femmes lesbiennes sont plus passives que les homosexuels masculins pour ce qui est de réclamer leurs droits. Dans la culture vénézuélienne où l'on considère comme normal que deux femmes s'embrassent ou se tiennent la main, la lesbienne vit une situation moins problématique que l'homme. Il n'y a pas de problème si deux femmes veulent louer un appartement. Il n'y aura aucun soupçon de la part du propriétaire. Par contre, si deux hommes veulent faire la même chose, immédiatement ils éveillent les soupçons. Les femmes lesbiennes ont moins de problèmes avec la police. Elle sont beaucoup moins harcelées pour leur orientation sexuelle que les hommes homosexuels en raison du machisme qu'il y a au pays. En général, la femme lesbienne au Venezuela est davantage bisexuelle qu'homosexuelle.

Cette réponse ne prétend pas être un traitement exhaustif du pays étudié, ni apporter de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié.

Références


Movimiento Ambiente de Venezuela (MAV), Caracas. 12 février 1997. Entrevue réalisée avec le directeur à Caracas.

Amnesty International, Caracas. 15 janvier 1998. Entretien téléphonique avec le directeur de la section vénézuélienne.

The Daily Journal [Caracas, en anglais]. 18 octobre 1997. « Committee Seeks Plan for 'Vagrants' ».

Documents annexés


Carte n° 1. Metroguía Planos de Caracas. 1995. Caracas : Guía Metropolitana de Caracas, p. 34-35.

Carte n° 2 à 6. Venezuela : A Lonely Planet Survival Kit. 1994. Krzysztof Dydyinski et al. Hawthorn : Lonely Planet Plublications, p. 110-111, 114-115, 132, 129, 131.

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