Nigeria: Situation of single women living alone in Abuja, including ability to access employment and housing; threat of violence; support services available to them (2015 - June 2016) [NGA105523.E]

Nigéria : information sur la situation des femmes célibataires qui vivent seules à Abuja, y compris leur capacité à obtenir un emploi et un logement; la menace de violence; les services de soutien qui leur sont offerts (2015-juin 2016)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Situation des femmes célibataires

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un agent principal de programme spécialiste de la santé de la reproduction, des objectifs de développement durable et des questions de genre au Centre de proposition législative de la société civile (Civil Society Legislative Advocacy Centre - CISLAC) au Nigéria, a affirmé que certains groupes ethniques toléraient plus les femmes célibataires que d’autres, mais que, en général, on considérait que la place d’une femme au Nigéria se trouvait [traduction] « auprès de son époux » (17 juin 2016). Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies signale que, au Nigéria, les femmes se marient en moyenne à 18 ans alors que les hommes se marient en moyenne à 27 ans (Nations Unies 16 juin 2016, paragr. 13).

Selon l’agent principal de programme du CISLAC, toutes les catégories de femmes célibataires, soit les femmes jamais mariées, les veuves et les divorcées, sont [traduction] « maltraitées à divers degrés par la société » à Abuja (CISLAC 17 juin 2016). De même, un membre de l’International Federation of Women Lawyers (FIDA) [1] au Nigéria, qui a également déjà été présidente de l’organisation, a déclaré que les femmes qui vivent seules à Abuja font l’objet de [traduction] « réprobation » (membre 20 juin 2016).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice générale du Civil Resource Development and Documentation Centre (CIRDDOC), ONG dont la mission consiste [traduction] « [à] promouvoir et à protéger les droits de la personne et les droits des femmes, l’équité entre les sexes et la bonne gouvernance en renforçant l’autonomie de la société civile et en favorisant l’accès à la justice et la primauté du droit » (CIRDDOC s.d.), a affirmé que le fait pour une femme de ne pas avoir d’homme dans sa vie, que ce soit parce qu’elle est veuve ou divorcée, nuira à sa [traduction] « capacité à avoir accès à des ressources et à des services » (ibid. 18 juin 2016). Cependant, la même source a ajouté que, comme Abuja est une ville [traduction] « diversifiée », les questions comme l’origine ethnique et la religion n’ont pas une grande incidence sur la capacité d’une femme à y vivre seule (ibid.).

La membre de la FIDA a expliqué que la corruption institutionnelle est très présente à Abuja et que l’économie de la ville [traduction] « repose en grande partie sur le favoritisme dont fait preuve le gouvernement »; l’accès aux emplois bien rémunérés et au logement est limité, car seules quelques personnes ont un droit de regard sur ces questions (membre 20 juin 2016). La même source a aussi expliqué que, si une femme célibataire veut obtenir un logement et un emploi à Abuja, elle doit surmonter de [traduction] « nombreux obstacles »; par exemple, des [traduction] « "intermédiaires" » qualifiés et non qualifiés solliciteront ses faveurs sexuelles (ibid.). Elle a ajouté que les femmes de la classe ouvrière qui vivent seules peuvent être la proie d’hommes d’âge moyen qui estiment qu’elles sont [traduction] « en état de manque sur le plan affectif et sexuel » (ibid.).

1.1 Logement

D’après l’agent principal de programme du CISLAC, les femmes célibataires à Abuja sont victimes de [traduction] « discrimination » lorsqu’elles tentent d’obtenir un logement, car elles sont considérées comme des [traduction] « débauchées qui vont nécessairement attirer des voyous dans le quartier » (CISLAC 17 juin 2016). La membre de la FIDA a écrit que [traduction] « [l]es femmes de la classe moyenne se heurtent à de graves préjugés de la part des propriétaires qui habitent sur place » à Abuja, parce que ceux-ci croient qu’elles vont [traduction] « probablement occuper le logement qu’ils leur louent de manière excessive en accueillant des femmes sans abri ou des hommes venus les voir à des fins perçues comme illicites » (membre 20 juin 2016). L’agent principal de programme du CISLAC a aussi signalé que certaines femmes célibataires [traduction] « deviennent la proie d’hommes qui [offrent] de les aider à se loger jusqu’à ce qu’elles soient installées et qui finissent par les agresser sexuellement » (CISLAC 17 juin 2016). La directrice générale du CIRDDOC a expliqué qu’on considère souvent que les femmes non mariées à Abuja ne sont pas [traduction] « respectables » et que les propriétaires ne sont pas toujours disposés à leur faire signer un bail parce qu’ils préfèrent avoir affaire à des hommes (CIRDDOC 18 juin 2016). Selon la même source, les femmes célibataires à Abuja, en particulier celles qui ont peu d’instruction, sont considérées comme des [traduction] « "prostituées" » (ibid.).

Dans un rapport sur la situation au Nigéria, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies écrit que, [traduction] « [d]ans l’ensemble, les femmes ont moins de pouvoir sur les biens comme les maisons ou les terres et sont donc plus vulnérables sur le plan économique » (Nations Unies 16 juin 2016, paragr. 14). On peut lire dans le même rapport que, d’après le Nigeria Demographic and Health Survey 2013 publié par la Commission nationale de la population (National Population Commission), 18 p. 100 des femmes au Nigéria possèdent une maison et 15 p. 100 possèdent une terre, que ce soit seules ou avec d’autres personnes, ce qui représente moins de la moitié du pourcentage d’hommes qui sont propriétaires d’une maison et d’une terre (ibid., paragr. 13). Selon Freedom House, les femmes appartenant à certains groupes ethniques n’ont pas le droit d’hériter d’une propriété en raison des règles de droit coutumier (Freedom House 2016). Le journal nigérian The Guardian a cité les propos du directeur national d’ActionAid, organisation qui lutte contre la pauvreté, pour le Nigéria, qui a dit que le taux de pauvreté était plus élevé chez les femmes que chez les hommes au Nigéria et que celles-ci avaient un accès limité aux biens et aux terres (The Guardian 9 mars 2015).

1.2 Emploi

L’agent principal de programme du CISLAC a fourni les renseignements suivants concernant la capacité des femmes célibataires à obtenir un emploi à Abuja :

[traduction]

[L]es femmes à Abuja doivent surmonter de nombreux obstacles pour obtenir un emploi. En raison de leur vulnérabilité, elles sont des proies faciles pour ceux qui veulent profiter d’elles sexuellement ou financièrement. Un homme promet à une femme célibataire de lui trouver un emploi de choix si elle a des relations sexuelles avec lui ou lui donne beaucoup d’argent. Les cas de ce genre sont nombreux (CISLAC 17 juin 2016).

Au dire de la membre et ancienne présidente de la FIDA, les femmes à Abuja, quels que soient leur état matrimonial, leur niveau d’instruction, leur origine ethnique et leur classe sociale, font face à [traduction] « [d’]énormes difficultés au regard des affaires qui étaient "initialement" réservées aux hommes » (membre 20 juin 2016). On peut lire dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2015 publiés par le Département d’État des États-Unis qu’il est [traduction] « courant [au Nigéria] d’exiger des faveurs sexuelles en échange d’un emploi » (É.-U. 13 avr. 2015, 35). On peut aussi y lire que

[traduction]

[d]es groupes de défense des droits des femmes ont signalé que le Conseil de la protection de l’environnement d’Abuja [Abuja Environmental Protection Board] avait placé des femmes en détention sous prétexte de retirer les travailleuses du sexe des rues de la capitale. Des militants affirment que le Conseil a ensuite obligé les femmes à acheter leur liberté, ou à avouer qu’elles s’étaient prostituées et à suivre un programme de réadaptation (ibid.).

L’agent principal de programme du CISLAC a affirmé que de nombreuses femmes qui s’installent à Abuja ont peu de soutien financier et doivent faire tout ce qu’elles peuvent pour survivre, y compris possiblement se prostituer (CISLAC 17 juin 2016).

D’après Freedom House, [traduction] « [l]es femmes font l’objet de discrimination dans le domaine de l’emploi et se voient souvent confier des postes inférieurs » (Freedom House 2016). Il ressort également des Country Reports 2015 que les femmes subissent [traduction] « beaucoup de discrimination sur le plan économique » (É.-U. 13 avr. 2015, 35). La même source précise que la loi ne contient aucune disposition interdisant la discrimination fondée sur le sexe dans les processus d’embauche et n’exige pas la parité salariale entre les hommes et les femmes (ibid.). Selon le directeur national d’ActionAid, dont les propos ont été cités dans le Guardian, les femmes au Nigéria sont aux prises avec des problèmes comme [traduction] « le chômage, le sous-emploi, le travail non rémunéré et l’absence de sécurité d’emploi » (The Guardian 9 mars 2015).

1.3 Situation des veuves

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice de Widows for Peace through Democracy (WPD), une ONG internationale établie au Royaume-Uni qui s’associe avec des ONG de pays en voie de développement pour [traduction] « éliminer la discrimination et la violence » envers les veuves (WPD s.d.), a affirmé que la capacité d’une veuve à obtenir un logement et un emploi à Abuja dépendrait en partie du groupe ethnique auquel son défunt époux et elle appartiennent, ainsi que de sa classe sociale, de son niveau d’instruction et de la question de savoir si elle est issue d’un milieu urbain ou rural (ibid. 20 juin 2016). La directrice a ajouté que certaines veuves pouvaient être [traduction] « très vulnérables » et que, malgré les dispositions législatives adoptées pour protéger les droits en matière d’héritage et de terre, de nombreuses veuves font l’objet de [traduction] « pratiques traditionnelles préjudiciables », comme [traduction] « l’héritage de la veuve, le remariage forcé, le lévirat, la privation des droits en matière d’héritage, l’appropriation de biens [et] l’éviction » (ibid.). Elle a également expliqué que, pour ces raisons, une veuve pouvait se retrouver dans [traduction] « une situation d’extrême pauvreté et sans abri », de sorte qu’elle est forcée de mendier et de se prostituer pour survivre (ibid.). De plus, elle a souligné que les pensions étaient limitées et que, [traduction] « en raison de la corruption, il [était] difficile d’avoir accès aux services de soutien » (ibid.).

2. Menace de violence

Des sources font état du fait que les femmes qui vivent seules à Abuja sont victimes de harcèlement sexuel et d’actes de violence (CIRDDOC 18 juin 2016; CISLAC 17 juin 2016; membre 20 juin 2016), y compris de voies de fait (ibid.). La directrice générale du CIRDDOC a expliqué que les femmes célibataires étaient vulnérables à la violence et au harcèlement sexuel parce qu’on considère qu’elles [traduction] « ne bénéficient pas de [la] protection d’un homme » (CIRDDOC 18 juin 2016).

Selon le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, au Nigéria, près de 30 p. 100 des femmes ont été victimes de violence physique au moins une fois depuis l’âge de 15 ans, et 7 p. 100 ont été victimes de violence sexuelle (Nations Unies 16 juin 2016). Des sources font remarquer que les cas de viol sont [traduction] « fréquents » au Nigéria (É.-U. 13 avr. 2016, 32; Freedom House 2016) et que [traduction] « peu [d’entre eux] sont signalés et donnent lieu à des poursuites » (ibid.). Il ressort des Country Reports 2015 que les peines infligées aux personnes déclarées coupables de viol et d’agression sexuelle [traduction] « étaient variables et souvent légères » en 2015 (É.-U. 13 avr. 2016, 32).

D’après l’Observatoire des situations de déplacement interne (Internal Displacement Monitoring Centre - IDMC), la majorité des personnes déplacées à l’intérieur du Nigéria sont des femmes et des enfants, et [traduction] « leur sécurité physique est menacée de diverses façons et leur liberté de mouvement est restreinte » (IDMC 9 déc. 2014). La même source souligne que les femmes et les filles, en particulier celles issues de ménages dirigés par une femme ou un enfant, [traduction] « risquent davantage de faire l’objet de [violence fondée sur le sexe] par suite de leur déplacement » dans des camps et des communautés d’accueil (ibid.).

3. Services de soutien

La membre et ancienne présidente de la FIDA a déclaré qu’il n’existait aucun refuge réservé aux femmes célibataires à Abuja, bien que le ministère de la Condition féminine (Ministry of Women’s Affairs) gère un refuge pour femmes battues (membre 20 juin 2016). La directrice générale du CIRDDOC ne connaissait non plus aucun organisme ni aucune ONG à Abuja qui aidait les femmes célibataires à trouver un logement (CIRDDOC 18 juin 2016).

La membre et ancienne présidente de la FIDA a écrit que le Conseil national pour les sociétés de femmes (National Council for Women Societies) avait annoncé le lancement d’une initiative en 2015 visant la conclusion d’un accord avec des banques pour construire des logements qui devaient appartenir particulièrement à des femmes, mais, en juin 2016, le projet avait [traduction] « peu avancé » (membre 20 juin 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel ni aucun autre renseignement allant dans le même sens.

La directrice générale du CIRDDOC et l’agent principal de programme du CISLAC ont affirmé que les femmes célibataires qui déménagent à Abuja pourraient avoir besoin d’un réseau social dans cette ville pour obtenir un logement (CIRDDOC 18 juin 2016; CISLAC 17 juin 2016) ou un emploi (ibid.). La membre et ancienne présidente de la FIDA a aussi fait observer que le réseau social jouait [traduction] « un rôle important » à Abuja (20 juin 2016).

Pour obtenir de plus amples renseignements sur les femmes qui sont à la tête d’un ménage et qui ne bénéficient pas du soutien d’un homme ou de leur famille, y compris dans les grandes villes du Nord et du Sud du Nigéria, et sur leur capacité à trouver un logement et un emploi, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information NGA103907.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Note

[1] La FIDA est une ONG internationale qui a pour mission de [traduction] « promouvoir le bien-être des femmes et des enfants ainsi que les principes et les objectifs des Nations Unies sur le plan juridique et social » (FIDA s.d.). La FIDA jouit d’un statut consultatif auprès des Nations Unies (ibid.).

Références

Civil Resource Development and Documentation Centre (CIRDDOC). 18 juin 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice générale.

Civil Resource Development and Documentation Centre (CIRDDOC). S.d. « About Us ». [Date de consultation : 23 juin 2016]

Civil Society Legislative Advocacy Centre (CISLAC). 17 juin 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un agent principal de programme.

États-Unis (É.-U.). 13 avril 2016. Department of State. « Nigeria ». Country Reports on Human Rights Practices for 2015. [Date de consultation : 23 juin 2016]

Freedom House. 2016. « Nigeria ». Freedom in the World 2016. [Date de consultation : 22 juin 2016]

The Guardian. 9 mars 2015. Emeka Anuforo, Victoria Ojugbana et Tobi Awodipe. « Empowerment Critical to Poverty Eradication - ActionAid ». (Factiva)

Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC). 9 décembre 2014. Elizabeth J. Rushing et Joe Read. Nigeria: Multiple Displacement Crises Overshadowed by Boko Haram. [Date de consultation : 22 juin 2016]

International Federation of Women’s Lawyers (FIDA). S.d. « Who We Are? » [Date de consultation : 27 juin 2016]

Membre et ancienne présidente, International Federation of Women Lawyers (FIDA) Nigeria. 20 juin 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Nations Unies. 16 juin 2016. Conseil des droits de l’homme. Report of the Special Rapporteurs on the Right of Everyone to the Enjoyment of the Highest Attainable Standard of Physical and Mental Health, on the Sale of Children, Child Prostitution and Child Pornography and on Contemporary Forms of Slavery, Including Its Causes and Consequences on their Joint Visit to Nigeria. A/HRC/32/32/Add.2. [Date de consultation : 22 juin 2016]

Widows for Peace through Democracy (WPD). 20 juin 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice.

Widows for Peace through Democracy (WPD). S.d. « Widows for Peace through Democracy ». [Date de consultation : 23 juin 2016]

Autres sources consultées

Sources orales : ActionAid; African Women’s Lawyers Association; avocat; Mothers and Marginalized Advocacy Centre; professeur, University of Kansas; Project Alert on Violence Against Women; Women’s Rights Watch Nigeria.

Sites Internet, y compris : ActionAid; CLEEN Foundation; ecoi.net; Factiva; Human Rights Watch; IRIN; Nations Unies – Refworld; Nigéria – Ministry of Women Affairs and Social Development; Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

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