Treatment of ethnic Albanians [GRC42072.E]

Nombre de sources évaluent le nombre d'Albanais en Grèce entre 300 000 et 500 000 personnes (AI et IHF sept. 2002, 32; AP 20 juin 2003; Kathimerini 1er sept. 2003). En 2000, l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC) estimait que la population d'immigrants albanais était légèrement plus élevée, à savoir que pour environ 900 000 immigrants, presque 585 000 provenaient de l'Albanie (nov. 2001, 87). Malgré cela, l'EUMC a fait valoir que beaucoup d'Albanais de souche en Grèce étaient des migrants sans documents (EUMC nov. 2001, 37).

Traitement des Albanais par la société grecque

Même si la Fédération internationale Helsinki pour les droits de l'homme (IHF) considère que la collectivité des Roms en Grèce est le groupe minoritaire le plus maltraité, il semblerait que les Albanais sont les plus susceptibles d'être tués par les agents d'application de loi en Grèce (28 mai 2002, 153). L'EUMC souligne aussi que les Albanais de souche sont les principales victimes du racisme; toutefois, il a signalé que les Albanais chrétiens d'origine grecque étaient mieux traités que la majorité des migrants albanais, mais il reconnaît qu'il n'existe pas encore de données sur ce traitement différentiel (EUMC nov. 2001, 25, 38 n. 85). En outre, l'EUMC a relevé que les migrants albanais sans documents [Traduction] « sont victimes de discrimination importante dans le domaine de l'emploi, notamment par rapport [au] paiement du salaire et des contributions à la sécurité sociale » (ibid., 37).

Kalliopi Lykovardi, avocate et enquêteuse pour le compte du Bureau de l'ombudsman de la Grèce, décrit la xénophobie en Grèce comme suit :

[traduction]
Le sentiment anti-étranger est dirigé en grande partie, mais non exclusivement, vers les Albanais demeurant au pays [...] Le flux migratoire entre l'Albanie et la Grèce dans les [années 1990] a été marqué par des signes d'hostilité et de peur au sein de la société grecque, [ce qui] a contribué à la manifestation de préjugés et à la vulnérabilité des Albanais au regard de leur exploitation sur le marché du travail. L'attitude négative envers ce groupe est particulièrement alimentée par une représentation contestable du nombre de crimes commis par les Albanais en Grèce. [Les] stéréotypes négatifs à l'égard de ce groupe donnent l'impression que tous les Albanais, ou la majorité, sont enclins au crime. La persistance de cette opinion ne peut que renforcer la tendance marquée vers leur exclusion sociale et économique. Compte tenu de la forte probabilité que ce groupe aura une présence permanente en Grèce, il ne s'agit pas d'un résultat souhaitable. En outre, des déclarations publiques de politiciens et de quelques représentants d'institutions publiques (notamment la police) ont aussi conforté dans certains cas l'opinion contestable sur la criminalité albanaise (OIM janv. 2003, 4).

L'IHF soutient aussi que les médias grecs participent à la diffusion d'une propagande haineuse à l'égard des Roms et des Albanais (28 mai 2002, 157).

Traitement par les agents frontaliers et d'application de la loi; impunité

Une délégation du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) du Conseil de l'Europe (COE) [Traduction] « n'a pu que constater l'attitude irrespectueuse affichée par certains agents [d'application de la loi] lorsqu'ils font allusion aux détenus, particulièrement ceux d'origine albanaise » (20 nov. 2002, 17). Le porte-parole du Greek Helsinki Monitor (GHM), Panayote Dimitris, a soutenu que le peu de respect témoigné par les autorités frontalières grecques envers la vie des Albanais demeurant illégalement en Grèce entraîne [Traduction] « fréquemment des cas de mauvais traitements, de blessures et de décès, qui font rarement l'objet d'enquêtes » (25 sept. 2003). L'EUMC a fait valoir que la population albanaise [Traduction] « fait l'objet d'arrestations de masse lors de descentes policières et est la cible de fréquentes déportations de routine » (nov. 2001, 25). Des sources mentionnent que les Albanais sont déportés par milliers (AI et IHF sept. 2002, 34). Deux exemples probants sont signalés dans un rapport conjoint d'Amnesty International (AI) et de l'IHF, rapport qui souligne que durant une semaine de juin 2001, environ 2 500 Albanais clandestins ont été retournés en Albanie par la force et que selon les dossiers du quartier général de la police de Korça, plus de 30 000 personnes ont été déportées durant les six premiers mois de 2001 (ibid.). Mme Lykovardi, représentante du Bureau de l'ombudsman de la Grèce, signale aussi la discrimination contre les Albanais aux frontières grecques et le [Traduction] « nombre considérable » de déportations

[traduction]
d'immigrants albanais. Même si la majorité de ces personnes n'étaient pas enregistrées légalement, certaines auraient été des immigrants dont les papiers étaient en règle. Les immigrants et les expulsés albanais seraient parfois victimes de mauvais traitements par la police grecque et de discrimination par la population locale dans différents domaines : il arrive que l'accès à des endroits publics leur est interdit (OIM janv. 2003, 4).

Pour ce qui est de la frontière greco-albanaise, nombre d'organisations de défense des droits de la personne affirment qu'en septembre 2003, la police frontalière grecque a tué, détenu et autrement maltraité des migrants albanais, clandestins ou non, qui tentaient d'entrer en Grèce (CHA 25 sept. 2003; GHM 25 sept. 2003; OMCT 16 oct. 2003; ENOUGH 26 oct. 2003; ARCTT 17 sept. 2003). Selon une déclaration de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), les cas de septembre 2003 sont les plus récents d'une série de présumées violations des droits de la personne et d'exécutions extrajudiciaires commises entre 2000 et 2003 par les gardes frontaliers grecs à l'égard des Albanais (16 oct. 2003).

Certaines sources soutiennent que dans les cas de violence contre les Albanais de souche, les agents d'application de la loi en Grèce jouissent de l'impunité (GHM 25 sept. 2003; AI et IHF sept. 2002, 34; IWPR 13 déc. 2002; OMCT 16 oct. 2003; ENOUGH 26 oct. 2003). L'Institut du reportage de guerre et de paix (Institute for War and Peace Monitoring - IWPR) a observé [Traduction] « [qu']en pratique les agents d'application de la loi sont rarement poursuivis en justice » et que lorsqu'ils sont jugés ou reconnus coupables, ils ne reçoivent [Traduction] « qu'une punition nominale, comme une peine d'emprisonnement avec sursis » (13 déc. 2002). Selon le GHM, les Albanais sont maltraités en raison de l'impunité et de [Traduction] « l'albanophobie » au sein de larges secteurs de la société grecque, y compris au sein des organismes d'application de la loi (25 sept. 2003). Pour une analyse détaillée des violations des droits de la personne attribuées aux organismes grecs d'application de la loi et de l'impunité dont ils jouissent, veuillez consulter le rapport conjoint d'AI et de l'IHF de septembre 2002 intitulé : Greece: In the Shadow of Impunity. Ill Treatment and the Misuse of Firearms.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


Albanian Rehabilitation Center for Trauma and Torture (ARCTT). 17 septembre 2003. « Ill Treatment of Three Albanian Emigrants from the Greek Police ». Communiqué de presse. (Balkan Human Rights List) http://groups.yahoo.com/group/balkanhr/message/5962 [Date de consultation : 6 nov. 2003]

Amnesty International (AI) et Fédération internationale Helsinki pour les droits de l'homme (IHF). Septembre 2002. Greece: In the Shadow of Impunity. Ill Treatment and the Misuse of Firearms. (Index AI : EUR 25/022/2002) http://web.amnesty.org/aidoc/aidoc_pdf.nsf/Index/EUR250222002ENGLISH/$File/EUR2502202.pdf [Date de consultation : 7 nov. 2003]

Associated Press (AP). 20 juin 2003. Miron Varouhakis. « EU Citizenship Rules Could Face Test by Greek Offer to Ethnic Brethren in Albania ». (Dialog)

Comité Helsinki albanais (CHA). 25 septembre 2003. « Stop Violence of the Greek Police Towards Albanians ». http://www.ahc.org.al/anglisht/conference/2003/september/25%20STOP.htm [Date de consultation : 24 oct. 2003]

Conseil de l'Europe (COE). 20 novembre 2002. Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT). Report to the Government of Greece on the Visit to Greece Carried out by the European Committee for the Prevention of Torture and Inhuman or Degrading Treatment or Punishment (CPT) from 23 September to 5 October 2001. (CPT/Inf (2002) 31) http://www.cpt.coe.int/documents/grc/2002-31-inf-eng.pdf [Date de consultation : 7 nov. 2003]

ENOUGH Civic Movement (MJAFT). 26 octobre 2003. « "Enough" of Violence on EU Borders (Greece-Albania) ». (Balkan Human Rights List) http://groups.yahoo.com/group/balkanhr/message/6103 [Date de consultation : 6 nov. 2003]

Fédération internationale Helsinki pour les droits de l'homme (IHF). 28 mai 2002. « Greece ». Human Rights in the OSCE Region: The Balkans, the Caucasus, Europe, Central Asia and North America Report 2002 (Events of 2001). http://www.ihf-hr.org/documents/doc_summary.php?sec_id=3&d_id=1782 [Date de consultation : 6 nov. 2003]

Greek Helsinki Monitor (GHM). 25 septembre 2003. « Abuses Against Albanians in Greek-Albanian Border Among Prevailing Impunity in Greece and Indifference of Albanian Government ». Communiqué de presse. http://www.greekhelsinki.gr/bhr/english/organizations/ghm/ghmA_25_09_03.doc [Date de consultation : 6 nov. 2003]

Institute for War and Peace Reporting (IWPR). 13 décembre 2002. Balkan Crisis Report. No 390. Gazmend Kapllani et Jeta Xharra. « Greece: Minorities Face Rough Justice ». (Balkan Human Rights List) http://groups.yahoo.com/group/balkanhr/message/4915 [Date de consultation : 6 nov. 2003]

Kathimerini [Athènes]. 1er septembre 2003. « Immigrants Become Part of Greece ». http://www.ekathimerini.com/4dcgi/_w_articles_politics_100010_01/09/2003_33548 [Date de consultation : 28 oct. 2003]

Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC). Novembre 2001. Diversity and Equality for Europe: Annual Report 2000. (EUMAP) http://www.eumap.org/library/datab/Documents/1049559862.34/63AR_EN.pdf [Date de consultation : 7 nov. 2003]

Organisation internationale pour les migrations (OIM). Janvier 2003. Projet de sensibilisation aux pratiques discriminatoires et formation juridique en la matière. Kalliopi Lykovardi. « General Overview of Discrimination in Greece ». The Handbook. http://www.iom.fi/anti-discrimination/pdf/Greece%20II%20January%202003.PDF [Date de consultation : 29 oct. 2003]

Organisation mondiale contre la torture (OMCT). 16 octobre 2003. « Case GRC 161003 Violation of Personal Integrity/Extrajudicial Execution/Impunity ». (Balkan Human Rights List) http://groups.yahoo.com/group/balkanhr/message/6066 [Date de consultation : 6 nov. 2003]

Autres sources consultées


Dialog

Sites Internet, y compris :

Balkan Human Rights Group, serveur de liste

Balkan Human Rights Web Pages

CSEES

EUMAP
EUMC. 2002.

Diversity and Equality for Europe: Annual Report 2001

European Country of Origin Information Network

Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR)

Human Rights Watch
SEE

Security Monitor

Verknüpfte Dokumente