Pakistan: Jaish-e-Mohammed (JeM) militant group, including its leaders, activities, and areas of operation; actions taken by authorities against JeM; state protection offered to people targeted by JeM (2013-January 2015) [PAK105064.E]

Pakistan : information sur le groupe militant Jaish-e-Mohammed (JeM), y compris sur ses dirigeants, ses activités et ses zones d’activités; les mesures prises par les autorités pour lutter contre le JeM; la protection offerte par l’État aux personnes prises pour cible par le JeM (2013-janvier 2015)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Création et objectifs du groupe Jaish-e-Mohammed

Le Département d’État des États-Unis a placé le groupe pakistanais JeM sur la liste des organisations terroristes étrangères en décembre 2001 (É.-U. 30 avr. 2014, 288).

Des sources utilisent les noms suivants pour faire référence au JeM :

  • Armée de Mohammed (Army of Mohammed ou Mohammed's Army), Tehrik ul-Furqaan, Khuddam ul-Islam (KuI), Khudamul Islam, Kuddam e Islami (ibid. [2014]a; Australie 9 mars 2012);
  • Armée du Prophète (Army of the Prophet), Jaish-i-Mohammed, Jaish-i-Mohammad, Jaish-i-Muhammad, Jaish-i-Muhammed, Jaish-e-Mohammad Mujahideen E-Tanzeem, Jamaat ul-Furqan (JuF), Jeish-e-Mahammed, Jesh-e-Mohammadi, Khudamul Islam, Mouvement national pour la restauration de la souveraineté du Pakistan et Armée du Prophète (National Movement for the Restoration of Pakistani Sovereignty and Army of the Prophet) (ibid.);
  • Jish-e-Mohammad (The News International 3 mars 2014).

Dans un rapport sur les organisations terroristes, le portail du gouvernement de l’Australie sur la sécurité nationale, Sécurité nationale en Australie (Australian National Security), décrit le JeM comme une [traduction] « organisation islamiste sunnite deobandi [1] fondamentaliste » qui mène principalement ses activités au Cachemire administré par l’Inde (9 mars 2012). L’Anti-defamation League (ADL), organisme américain et israélien des droits civils et des relations humaines qui lutte contre [traduction] « toutes les formes d’intolérance », y compris l’antisémitisme, l’extrémisme et les crimes haineux, « en élaborant de la documentation et des programmes, ainsi qu’en fournissant des services » (ADL s.d.b), affirme que le JeM est un [traduction] « groupe extrémiste » sunnite du Pakistan qui commet des actes de terrorisme contre le gouvernement du Pakistan, les intérêts indiens au Cachemire et des civils (ibid. s.d.a). Des sources écrivent aussi que le JeM a pris pour cible des groupes sectaires minoritaires au Pakistan (ibid.; Mapping Militant Organizations 3 août 2012a; CFR 9 juill. 2009).

Des sources signalent que le JeM a été fondé au début de l’année 2000 par Masood Azhar [aussi appelé Moulana Muhammad Azhar ou Maulana Masood Azhar], un ancien haut dirigeant d’Harakut ul-Ansar [aussi connu sous les noms Harat-ul-Mujahideen ou Harakat ul-Mujahideen, groupe extrémiste du Pakistan créé pour s’opposer aux forces soviétiques et soutenir le djihad en Afghanistan (Mapping Militant Organizations 3 août 2012a)] (Australie 9 mars 2012; É.-U. 30 avr. 2014, 288). Des sources affirment que Masood Azhar est né à Bahawalpur, dans la province du Pendjab au Pakistan (BBC 16 déc. 2002; Mapping Militant Organizations 3 août 2012a), dans une [traduction] « famille religieuse sunnite » (ibid.). Selon la BBC, la famille de Masood Azhar est [traduction] « riche [et] possède des terres » (BBC 16 déc. 2002).

D’après Sécurité nationale en Australie, le JeM compterait [traduction] « plusieurs centaines de membres, dont 300 à 400 combattants », mais sa structure de commandement complète est inconnue (Australie 9 mars 2012). Le South Asia Terrorism Portal (SATP), base de données regroupant principalement des renseignements sur le terrorisme et la guerre en Asie du Sud (SATP s.d.c), signale aussi que le groupe ne compterait aucun organe ou conseil de direction officiel (ibid. s.d.a).

Des sources écrivent que le JeM a des liens avec les talibans depuis sa création (Mapping Militant Organizations 3 août 2012a; FAS 3 mai 2004). Selon Sécurité nationale en Australie, Masood Azhar aurait fondé le JeM avec l’aide d’Oussama ben Laden, des talibans d’Afghanistan, de la Direction pour le renseignement interservices (Inter-Services Intelligence - ISI [2]) du Pakistan et de d’autres organisations extrémistes sunnites au Pakistan (Australie 9 mars 2012). D’après Mapping Militant Organizations, projet de recherche de l’Université Stanford qui [traduction] « fait état de l’évolution des organisations militantes et des liens qui se sont créés entre elles au fil du temps » (Mapping Militant Organizations s.d.), le JeM a noué des relations importantes avec d’autres organisations djihadistes, y compris les talibans, Al-Qaïda, Lashkar-e-Taiba [3], Al-Rashid Trust [4] et Lashkar-e-Jhangvi (LeJ) [5] (ibid. 3 août 2012a). Des sources soulignent en outre que le JeM a été financé par Al-Qaïda (ibid.; FAS 3 mai 2004; GlobalSecurity.org 11 juill. 2011). Des sources font état du fait que le JeM partage les points de vue du Jamiat Ulema-i-Islam Fazlur Rehman (JUI-F) (ibid.; Mapping Militant Organizations 3 août 2012a; Australie 9 mars 2012), un important parti politique islamiste (ibid.; Mapping Militant Organizations 3 août 2012a).

Des sources expliquent que le JeM a déclaré la guerre aux États-Unis, et qu’il souhaite intégrer le Cachemire au Pakistan (CFR 9 juill. 2009; É.-U. 30 avr. 2014, 288) et expulser les troupes étrangères de l’Afghanistan (ibid.). On peut aussi lire dans le rapport de Mapping Militant Organizations de l’Université Stanford que le JeM [traduction] « vise à unir le Jammu-et-Cachemire et le Pakistan » et milite pour la « "destruction" » de l’Inde et de l’Amérique (Mapping Militant Organizations 3 août 2012a).

2. Zones d’activités

D’après Mapping Militant Organizations, le JeM est une organisation majoritairement pakistanaise qui s’attaque principalement aux [traduction] « cibles gouvernementales de haute sécurité, y compris les bases militaires, les camps de l’armée et les lieux publics » au Pakistan et au Cachemire (ibid.). On peut lire dans un article paru le 6 novembre 2014 dans l’Express Tribune, un quotidien pakistanais, que le groupe [traduction] « continue de se concentrer sur le Cachemire et l’Inde », compte des bases dans le Pendjab et dans la zone urbaine du Sindh et a récemment « refait surface à Karachi, entre autres » (6 nov. 2014). Il ressort d’un rapport sur la violence au Pakistan publié le 23 janvier 2014 par l’International Crisis Group que le JeM possède une base dans le Pendjab et mène ses activités tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Des sources affirment que Masood Azhar mènerait ses activités depuis Bahawalpur, dans la province du Pendjab au Pakistan (Dawn 2 févr. 2014; The Economist 3 juin 2010). De même, selon un article publié le 7 février 2014 par le quotidien indien India Today, le quartier général du JeM se trouve à Bahawalpur.

3. Cibles et activités

Des sources font remarquer que le JeM est la première organisation djihadiste qui a commis des attentats suicides au Cachemire (Kashmir Herald janv. 2002; Mapping Militant Organizations 3 août 2012a). Le JeM aurait perpétré des attentats suicides contre des cibles gouvernementales de haute sécurité, dont des camps de l’armée et des bases militaires, et dans des lieux publics au Cachemire et dans d’autres régions de l’Inde (ibid.; SATP s.d.a). Des sources précisent que les attaques du groupe visent à tuer le plus de personnes possible, y compris des membres des forces de sécurité et des civils (Mapping Militant Organizations 3 août 2012a; ADL s.d.a). Des sources affirment également que le JeM prend pour cible l’État pakistanais (ibid.; CFR 9 juill. 2009) et des groupes sectaires minoritaires (ADL s.d.). D’après Mapping Militant Organizations, le JeM s’attaque aux chrétiens et aux chiites (Mapping Militant Organizations 3 août 2012a).

Le rapport de Mapping Militant Organizations de l’Université Stanford a signalé en 2012 que, depuis le printemps 2011, [traduction] « on dit du JeM qu’il est l’une des organisations terroristes actives les plus violentes au Pakistan » (ibid.). Un article paru en 2011 dans l’Express Tribune décrit le JeM comme le [traduction] « deuxième groupe djihadiste en importance établi dans le Pendjab » (19 août 2011). De même, il est écrit dans un article publié dans la revue Terrorism Monitor de la Jamestown Foundation, organisme qui [traduction] « effectue des recherches et des analyses sur les conflits et l’instabilité en Eurasie » (The Jamestown Foundation s.d.), que le JeM est souvent décrit, [traduction] « parmi ceux qui ciblent l’Inde, [comme]  le deuxième groupe terroriste le plus meurtrier établi dans la province du Pendjab au Pakistan », et que le JeM compte parmi les « organisations terroristes influentes au Pakistan qui ont incité les jeunes musulmans à se tourner vers le militantisme » (11 nov. 2011).

Des sources soulignent que, malgré l’interdiction touchant les activités du JeM, le groupe continue de mener ouvertement celles-ci dans différentes régions du Pakistan (É.-U. [2014]a; Business Standard 21 févr. 2014). Le groupe a notamment commis les actes suivants :

  • une attaque contre le parlement de l’Inde en 2001 (Australie 9 mars 2012; GlobalSecurity.org 11 juill. 2011) à New Delhi, qui a fait 9 morts et 18 blessés (ibid.);
  • le meurtre, en 2002, du journaliste américain Daniel Pearl (É.-U. 30 avr. 2014, 288; Australie 9 mars 2012) qui travaillait pour le Wall Street Journal en tant que responsable du bureau de l’Asie du Sud (ibid.);
  • deux tentatives d’assassinat contre le président pakistanais Musharraf, en 2003 (ibid.; CFR 9 juill. 2009; É.-U. 30 avr. 2014, 288).

De plus, en octobre 2001, le JeM a revendiqué l’attentat suicide contre le siège de l’Assemblée législative à Srinagar, dans le Jammu-et-Cachemire, qui a fait 31 victimes (É.-U. 30 avr. 2014, 288; GlobalSecurity.org 11 juill. 2011), mais a plus tard nié être responsable de l’attaque (ibid.).

4. Mesures prises par l’État
4.1 Le JeM est déclaré illégal

En décembre 2001, le JeM a attaqué le parlement de l’Inde (Asian Tribune 7 mai 2010; Australie 9 mars 2012) à New Delhi, aux côtés de Lashkar-e-Taiba, faisant 9 morts et 18 blessés (Asian Tribune 7 mai 2010; GlobalSecurity.org 11 juill. 2011). À la suite de l’attaque contre le parlement de l’Inde, le JeM s’est donné un nouveau nom, soit Tehrik-ul-Furqan (ADL s.d.a; Mapping Militant Organizations 3 août 2012a). Le rapport de Mapping Militant Organizations de l’Université Stanford signale aussi que le JeM a adopté le nom Tehrik-ul-Furqan [traduction] « après avoir appris que le Département d’État des États-Unis envisageait de déclarer que le JeM était une organisation terroriste étrangère » (ibid.). D’après le SATP, le gouvernement de l’Inde a prononcé l’interdiction du JeM le 25 octobre 2001 suivant les dispositions de la loi sur la prévention du terrorisme (SATP s.d.a). On peut lire dans l’article paru dans le Terrorism Monitor que le JeM a repris ses activités au Pakistan sous le nom d’Al-Rahmat Trust (ART), une [traduction] « organisation caritative à vocation éducative et religieuse » fondée en 2001 (The Jamestown Foundation 11 nov. 2011). L’Express Tribune a aussi écrit en 2011 que le JeM avait [traduction] « ressuscité » l’ART, son aile caritative (19 août 2011). La Jamestown Foundation signale que l’ART a joué un rôle [traduction] « important » dans le parrainage et le recrutement de militants qui ont combattu au Cachemire administré par l’Inde, en Afghanistan et au Pakistan (11 nov. 2011).

En 2002, le Pakistan a prononcé l’interdiction du JeM, et en 2003, l’organisation s’était divisée en deux groupes, Jamaat ul-Furqan (JuF) et Khuddam-ul-Islam (KuI) (Australie 9 mars 2012; FAS 3 mai 2004; É.-U. 30 avr. 2014, 288). Des sources écrivent que les autorités du Pakistan ont prononcé l’interdiction des groupes JuF et KuI en novembre 2003 (ibid.; FAS 3 mai 2004; Australie 9 mars 2012). Même s’il s’est divisé en deux groupes, le JeM est encore la plupart du temps considéré comme une seule entité (ibid.; Mapping Militant Organizations 3 août 2012a).

Selon un article publié par Asian Tribune, un site Internet de nouvelles consacré principalement à l’Asie du Sud, [traduction] « des spécialistes du renseignement dans de nombreux pays sont d’avis que le JeM a en fait été mis en place par l’influent réseau d’espionnage du Pakistan, l’ISI », puisque « l’Inde et le Pakistan se sont livrés plusieurs guerres [relativement à la] province [du Cachemire] qui fait l’objet d’un conflit » (7 mai 2010). De même, il ressort d’un rapport publié en 2013 par le US Institute of Peace (USIP), organisme indépendant de sécurité nationale qui est financé par le gouvernement fédéral et qui se consacre à la prévention et à l’atténuation non violentes des conflits meurtriers à l’étranger (USIP s.d.), que [traduction] « l’ISI, organe puissant au Pakistan, a permis [au JeM] de refaire surface » sous ses nouveaux noms (ibid. 2013, 7).

4.2 Le JeM refait surface

On peut lire dans un article publié le 19 août 2011 dans l’Express Tribune que le JeM a mené clandestinement ses activités durant une décennie après avoir été déclaré illégal en 2001, puis qu’il a repris [traduction] « ses activités publiques à grande échelle, y compris ses collectes de fonds, alors que les organismes responsables de la sécurité semblent fermer les yeux sur sa "réapparition" » (The Express Tribune 19 août 2011). L’India Today écrit que, depuis la destitution du président Musharraf en 2008 et le retour au pouvoir de la Ligue musulmane du Pakistan (Pakistan Muslim League), le JeM a [traduction] « refait discrètement surface » (7 févr. 2014). L’Express Tribune signale que certains agents du renseignement et militants du JeM avaient déclaré que le groupe était en voie de retrouver son ancienne force physique et financière, qu’il tentait de trouver un moyen d’établir le contact avec ses militants, en particulier ceux qui avaient quitté l’organisation, et qu’il avait fait revivre son aile caritative, l’ART (The Express Tribune 19 août 2011). Un coordonnateur associé à l’ART a dit à l’Express Tribune que les collectes de fonds [traduction] « battaient leur plein » dans les provinces du Khyber-Pakhtunkhwa et du Pendjab (ibid.). Le coordonnateur a aussi déclaré que les organismes gouvernementaux n’avaient jamais empêché l’ART de collecter des fonds dans ces régions (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

Dans un article publié le 1er mars 2014 sur la plateforme Web War on the Rocks (WOTR) [6], Michael Kugelman [7], associé principal de programme pour l’Asie du Sud au Centre international pour les chercheurs Woodrow Wilson (Woodrow Wilson International Center for Scholars), affirme que, peu de temps après l’attaque contre le parlement de l’Inde et la tentative d’assassinat visant le président, Masood Azhar s’est retiré de la vie publique pour revenir en 2014, quand [traduction] « l’enregistrement d’un exposé enflammé » a été diffusé lors d’une manifestation contre l’Inde (Kugelman 1er mars 2014). De même, des sources signalent qu’après une [traduction] « longue absence », Maulana Masood Azhar a refait surface en janvier 2014, quand il s’est adressé à des milliers de partisans « par téléphone » lors d’un rassemblement à Muzaffarabad (Dawn 2 févr. 2014; The Economic Times 2 févr. 2014). Des sources précisent que le rassemblement visait à promouvoir un livre écrit par un ancien dirigeant du JeM, Mohammad Afzal Guru, qui a été exécuté en Inde en 2013 en raison du rôle qu’il a joué dans l’attaque contre le parlement de l’Inde (ibid.; Dawn 27 janv. 2014). Des sources rapportent aussi que Masood Azhar a demandé au Pakistan de [traduction] « "lever les restrictions touchant le djihad" » et a affirmé que son groupe « "vengerait" » l’exécution de Mohammad Guru (ibid.; The Economic Times 2 févr. 2014). Des sources affirment qu’environ 10 000 personnes ont pris part au rassemblement; les organisateurs ne permettaient pas aux journalistes d’être munis de téléphones cellulaires ou de caméras, et la police avait installé des [traduction] « portiques de détection » (ibid.; Dawn 27 janv. 2014).

Des sources soulignent que, à la suite de son retour, Masood Azhar a menacé de tuer Narendra Modi [le ministre en chef du Gujarat (Zee News 19 déc. 2013)] si ce dernier devenait le prochain premier ministre de l’Inde (ibid. 19 déc. 2013; Kugelman 1er mars 2014). Des sources soulignent également que Masood Azhar a déclaré avoir 300 kamikazes prêts à attaquer l’Inde (ibid.; First Post 18 févr. 2014).

Des sources écrivent que, depuis décembre 2014, les autorités indiennes ont lancé deux alertes de sécurité dans les aéroports voulant que des membres du JeM tentent de détourner un avion et que le risque soit plus élevé dans le cas des petits terrains d’aviation (ibid.; Business Standard 21 févr. 2014).

On peut lire dans un article publié en janvier 2015 par le Sunday Guardian, un journal de l’Inde, qu’une unité du Groupe de services spéciaux (Special Services Group) du Pakistan, force spéciale de l’armée pakistanaise, avait été déployée [traduction] « près de la frontière internationale afin d’aider des terroristes membres de Lashkar-e-Taiba et du JeM à entrer en Inde » (24 janv. 2015).

4.3 Activités du Pakistan pour lutter contre le terrorisme, y compris contre le JeM

Il est écrit dans le rapport de l’USIP que, en 2003, le gouvernement fédéral du Pakistan a mis en place un groupe spécial d’enquête (Special Investigation Group), qui est une unité de lutte contre le terrorisme chargée [traduction] « de mener des enquêtes conjointes avec les services de police provinciaux relativement à des infractions punissables en application de la loi antiterroriste de 1997 en vigueur au Pakistan » (USIP 2013, 14). Il est également écrit dans ce même rapport que, [traduction] « [e]n réalité, l’unité de lutte contre le terrorisme de l’ISI, l’ISI-CT, a pris la direction des opérations à cet égard et continue de le faire à ce jour » (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

L’Express Tribune souligne que, selon l’article 11-E de la loi antiterroriste, lorsqu’une organisation est déclarée illégale, ses documents et ses publications doivent être saisis, ses bureaux doivent être fermés, ses fonds doivent être gelés, et ses discours et ses communications doivent être interdits (The Express Tribune 10 oct. 2013). D’après l’article publié par la Jamestown Foundation le 11 novembre 2011, un coordonnateur associé au ART a déclaré qu’il était possible de se procurer la plupart des [traduction] « documents opérationnels » et des publications du JeM, comme Muslim Ummah et Al-Qalam, dans des kiosques à journaux, et ce, avec l’autorisation du Bureau de vérification de la diffusion (Audit Bureau of Circulation) (accordée par le ministère de l’Information et de la Radiodiffusion [Ministry of Information and Broadcasting]). On peut aussi lire dans un article paru le 2 février 2014 dans le quotidien pakistanais Dawn que les publications et les audiocassettes contenant les discours de Masood Azhar étaient [traduction] « distribuées gratuitement » et que le Zarb-i-Momin (journal du JeM) continuait d’être publié à vaste échelle (Dawn 2 févr. 2014).

Dans un article publié en juin 2010, l’Economist a cité un analyste politique de Lahore qui a déclaré que, [traduction] « "[n]on seulement le gouvernement du Pendjab fait preuve de complaisance, mais il adopte une attitude quelque peu ambivalente envers les extrémistes. […] Il se bat pour les votes religieux" » (The Economist 3 juin 2010). L’Economist écrit également que

[traduction]

le nombre de décès augmente, tout comme les préoccupations selon lesquelles même une apparence de tolérance de la part du gouvernement donne une légitimité à ces organisations. […] Le ministre fédéral de l’Intérieur, Rehman Malik, a déclaré qu’une « opération » était nécessaire pour éliminer les groupes du Pendjab. Il a affirmé que 44 p. 100 des madrasas - écoles islamiques - du Pakistan sont situées dans le sud du Pendjab et que les groupes comme le […] JeM « font partie des talibans et d’Al-Qaïda ». Le gouvernement du Pendjab a avancé qu’aucune opération de ce genre n’était nécessaire (ibid.).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

En 2014, le gouvernement du Pakistan a publié sa première politique nationale de sécurité intérieure, intitulée National Internal Security Policy (NISP), conçue pour protéger les intérêts nationaux en traitant ses préoccupations et ses principaux problèmes en matière de sécurité (Pakistan 25 févr. 2014). D’après l’Express Tribune, la politique a été critiquée; un journaliste chargé de rédiger un rapport d’analyse sur la politique a dit que, même si la politique [traduction] « "couvre de manière exhaustive les questions touchant la sécurité intérieure" », il avait « peu d’espoir qu’elle soit mise en œuvre » (The Express Tribune 27 mars 2014). Le même journaliste a ajouté que, compte tenu des [traduction] « efforts de coordination herculéens que doivent déployer les provinces et les services de renseignement sur le plan de la sécurité intérieure », il ne voyait pas comment le gouvernement pourrait mettre la politique en œuvre dans un avenir proche (ibid.). On peut lire dans un article paru le 3 mars 2014 dans le News International, un journal du Pakistan, que d’après la NISP, il y a au total 60 organisations illégales au Pakistan, y compris le JeM, et que, même si le gouvernement a pris des mesures pour déclarer certaines organisations illégales, la [traduction] « transformation » de celles-ci et les « lacunes au regard de la mise en œuvre » continuent de nuire à l’efficacité des mécanismes de sécurité intérieure du gouvernement.

Des sources signalent que l’attaque terroriste qui a eu lieu dans une école de Peshawar le 16 décembre 2014 et qui a entraîné la mort de 149 personnes, principalement des enfants (RT 25 déc. 2014; Sydney Morning Herald 18 déc. 2014; The Express Tribune 15 janv. 2015), a été perpétrée par le groupe Tehreek-e-Taliban (ibid.). Des sources font remarquer que, à la suite de l’attaque, les dirigeants du Pakistan ont convenu de mettre en place un plan d’action antiterroriste (ibid.; RT 25 déc. 2014). D’après RT, un réseau de nouvelles russe (RT s.d.), ce plan vise [traduction] « à réformer le système pénal, à détruire les cachettes des groupes terroristes, à mettre un frein à leurs communications et à les empêcher d’avoir accès à leurs sources de revenus, ainsi qu’à établir une force de lutte contre le terrorisme comptant 5 000 personnes » (RT 25 déc. 2014). De même, l’Express Tribune écrit que, dans le cadre du plan d’action national adopté par le Pakistan pour mettre fin au terrorisme, [traduction] « le gouvernement compte prendre des mesures répressives contre les organisations illégales » (The Express Tribune 10 janv. 2015). L’Express Tribune écrit également que le plan [traduction] « prévoit la mise en place de tribunaux militaires afin d’accélérer les procès des personnes soupçonnées de terrorisme » (ibid. 15 janv. 2015).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement sur les mesures prises par les autorités pour lutter contre le JeM, ni sur la protection offerte par l’État aux personnes prises pour cible par le JeM.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Notes

[1] Selon GlobalSecurity.org, site Internet consacré à la sécurité où sont regroupés des renseignements fournis par diverses sources (GlobalSecurity.org s.d.b), [traduction] « l’école deobandi cherche depuis longtemps à purifier l’islam en écartant les éléments soi-disant non islamiques qui se sont greffés à la religion et en remettant l’accent sur les modèles établis dans le Coran et les pratiques coutumières du prophète Mahomet » (ibid. s.d.a).

[2] L’ISI est le service de renseignement du Pakistan; il est chargé de protéger la sécurité et les intérêts de la nation, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays (Pakistan 2 janv. 2006). Le [traduction] « renforcement de l’assise politique du Pakistan dans la région » constitue également l’un de ses principaux objectifs (ibid.).

[3] Selon le Centre national de lutte contre le terrorisme (National Counterterrorism Center) des États-Unis, [traduction] « Lashkar-e-Tayyiba, aussi connu sous le nom Armée des justes (Army of the Righteous), est l’un des groupes militants les plus importants et les plus efficaces à défendre la cause du Cachemire » (É.-U. [2014]b).

[4] Le SATP signale que [traduction] « [l]e Al-Rashid Trust (ART), qui mène ses activités depuis Karachi, compte parmi les 27 groupes et organisations qui, d’après la liste établie par le Département d’État des États-Unis le 22 septembre 2001, ont financé et soutenu un réseau de groupes terroristes islamistes internationaux » (SATP s.d.b).

[5] [Traduction] « LeJ est un groupe militant violent du Pakistan qui s’oppose aux chiites et qui a des liens avec plusieurs autres groupes dans la région, y compris Al-Qaïda » (Mapping Militant Organizations 3 août 2012b).

[6] WOTR est une [traduction] « plateforme [Web de Washington] destinée aux analyses, aux commentaires, aux débats et au contenu multimédia » sur les questions touchant les politiques étrangères et la sécurité nationale, où « l’on peut trouver des articles et des balados produits par un grand nombre d’auteurs ayant une grande expérience dans ces domaines » (WOTR s.d.a).

[7] Les travaux de Michael Kugelman portent sur le Pakistan, l’Inde et l’Afghanistan (WOTR s.d.b).

Références

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Autres sources consultées

Sources orales : Un professeur de sciences sociales à l’Université d’Ottawa n’a pas été en mesure de fournir des renseignements dans les délais voulus.

Les tentatives faites pour joindre les organisations et les personnes suivantes dans les délais voulus ont été infructueuses : Asian Human Rights Commission; Canada – haut-commissariat au Pakistan; directeur, National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism, University of Maryland; directeur, Norman Patterson School of Internal Affairs, University of Carleton; gestionnaire de projet, Canadian Network for Research on Terrorism, University of British Columbia; Human Rights Commission of Pakistan; journaliste, Agence France-Presse; Nations Unies – UNHCR; Pakistan – ambassade à Washington, DC, haut-commissariat à Ottawa, Wafaqi Mohtasib (ombudsman); Pendjab – inspecteur général de police; professeur, Department of Politics and International Affairs, Wakeforest University; professeur adjoint, School of Foreign Service, Georgetown University; professeur adjoint, School of International Service at the American University.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Asia Center for Human Rights; Asian Human Rights Commission; Asia Observer; The Canadian Network for Research on Terrorism; Carnegie Endowment for International Peace; CNN; Combating Terrorism Center; The Conflict Monitoring Center; ecoi.net; European Interagency Security Forum; Factiva; Global Center on Cooperative Security; Global Terrorism Database; The Guardian; Human Rights Watch — Asia; IHS Global Insight; IRIN; Institute of Peace and Conflict Studies; International Crisis Group; The Investigative Project on Terrorism; Kashmir Times; National Counter Terrorism Authority; Nations Unies – Refworld; The New York Times; Pakistan – Human Rights Commission, The Official Gateway to the Government of Pakistan, Pakistan Defence; Reporters sans frontières; Security and Society; SITE Monitoring Service; Small Arms Survey; Société pour les peuples menacés; Terrorism Research and Analysis Consortium.

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