Whether individuals threatened by the Revolutionary Armed Forces of Colombia (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia, FARC), National Liberation Army (Ejército de Liberación Nacional, ELN) or United Self-Defence Forces of Colombia (Autodefensas Unidas de Colombia, AUC) can avoid such threats by relocating to Bogotá or another region of the country (May 2002 - July 2003) [COL41770.E]

Plusieurs experts sur la Colombie consultés par la Direction des recherches ont qualifié les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia - FARC) et les Autodéfenses unies de Colombie (Autodefensas Unidas de Colombia - AUC) de groupes qui peuvent déclencher des opérations sur l'ensemble du pays (AI USA 30 juin 2003; États-Unis 30 juin 2003; Université de Georgetown 30 juin 2003; College of Law de l'université Stetson 7 juill. 2003). La Section des réfugiés de l'ambassade du Canada à Bogotá considère aussi que les FARC et les AUC possèdent une force de frappe nationale; toutefois, elle signale que [traduction] « des raids effectués par les paramilitaires et l'armée avaient réussi à remettre en cause » la suprématie des FARC dans certains régions rurales (Canada 29 avr. 2003a).

Un professeur auxiliaire du Département de Gouvernement de l'université de Georgetown, qui a écrit abondamment sur la politique colombienne et qui est spécialiste du trafic de stupéfiants, de la violence politique et des négociations avec les mouvements armés d'insurgés, a fait valoir que l'Armée de libération nationale (Ejército de Liberación Nacional - ELN) pouvait aussi lancer des opérations de bout en bout de la Colombie (30 juin 2003). Cette information a été corroborée par le spécialiste sur la Colombie d'Amnesty International (AI) USA qui a ajouté que même si la menace que constituent l'ELN, les FARC et les AUC est beaucoup plus grande dans leurs [traduction] « zones de contrôle » respectives, ces trois groupes peuvent [traduction] « commander des attaques dans les grandes villes » (9 juill. 2003). Cependant, le président de la Fondation pays libre (Fundación País Libre), organisation non gouvernementale établie à Bogotá qui aide les victimes d'enlèvement et leurs familles, a affirmé que, même si la capacité de l'ELN de déclencher des opérations à Bogotá était « faible » (escaza), l'ELN était dotée d'une « forte » (alta) capacité de collecte de renseignements le long de la côte des Caraïbes, dans les départements de Santander, de Norte de Santander, d'Arauca, de Valle del Cauca, dans le nord du Boyacá et dans l'est de l'Antioquia (11 juill. 2003). Dans un rapport d'avril 2003, la Section des réfugiés de l'ambassade du Canada à Bogotá a mentionné que l'ELN [traduction] « ne pouvait déclarer d'une façon crédible qu'elle possédait une force de frappe nationale, compte tenu du nombre d'endroits où elle n'est pas présente » (Canada 29 avr. 2003a).

Lors d'un entretien téléphonique, un conseiller sur les questions touchant la Colombie auprès du Centre de renseignements sur les ressources (Resource Information Center - RIC) du Bureau de la Citoyenneté et des Services d'immigration (Bureau of Citizenship and Immigration Services - BCIS) des États-Unis a fait valoir que le niveau de collaboration entre les FARC et l'ELN avait visiblement augmenté au cours des 12 à 15 derniers mois (États-Unis 30 juin 2003). Un professeur agrégé du College of Law de l'université Stetson, qui était juge de district à Medellín entre 1983 et 1986 et qui se spécialise actuellement dans les aspects juridiques du trafic de stupéfiants et de la sédition des guérilleros, a aussi déclaré ce qui suit à propos de la collaboration entre les groupes armés :

[traduction]
Les FARC et l'ELN possèdent un vaste réseau de renseignements qu'elles partagent, dit-on, lorsqu'il est opportun de le faire, notamment dans les régions de la Colombie où elles sont alignées en masse contre les entités gouvernementales, comme c'est le cas, par exemple, dans les régions de production de pétrole du nord-est de la Colombie, tel que le département d'Arauca (College of Law de l'université Stetson 7 juill. 2003).

En outre, selon plusieurs sources, on signale une forte présence des FARC, de l'ELN et des AUC dans les centres urbains de la Colombie, y compris Bogotá (ibid.; Université de Georgetown 30 juin 2003; AI USA 9 juill. 2003). Par exemple, selon le professeur auxiliaire de l'université de Georgetown,

[traduction]
[c]hacun [de ces groupes] a développé une stratégie de mise sur pied de milices urbaines qui sont liées à leurs combattants armés habituels. En effet, les FARC peuvent avoir jusqu'à 12 000 milices urbaines, fortement concentrées à Bogotá et à Medellín, mais aussi présentes dans de nombreux centres urbains de taille moyenne comme Bucaramanga et Villavicencio. Les AUC entretiennent aussi des relations étroites avec les milices urbaines et les bandes de jeunes. Les milices de gauche et de droite ne sont pas tellement scrutées ou contrôlées et leurs membres deviennent souvent des criminels armées et des sicarios [tueurs à gage] (30 juin 2003).

Selon le conseiller du RIC, les groupes paramilitaires, qui se sont fixés comme priorité d'aller là où les FARC exerçaient leurs activités, sont actifs à Bogotá et utilisent les structures de bande existantes afin de pratiquer des activités criminelles comme l'extorsion (États-Unis 30 juin 2003).

Le professeur agrégé du College of Law de l'université Stetson a signalé que les membres des FARC, de l'ELN et des AUC sont actifs dans [traduction] « presque tous les centres urbains colombiens dignes d'intérêt » (7 juill. 2003). Parmi ceux-ci nous retrouvons Bogotá, Cali, Medellín,

[traduction]
Cucuta, capitale du département de Norte de Santander dans le nord-est de la Colombie (où l'ELN a été très active), Bucaramanga, capitale du département de Santander, et Buenaventura, ville portuaire du département de Valle del Cauca et port d'origine très important pour le trafic de stupéfiants et d'armes auquel se livrent les guérilleros des FARC et les groupes organisés de trafic de stupéfiants. Ils exercent aussi leurs activités à Barrancabermeja, à Cartagena, à Santa Marta, à Cartago et à Villavicencio. Les paras [groupes paramilitaires] et les groupes de guérilla sont organisés en « fronts » (frentes) urbains et sévissent à partir des quartiers les plus pauvres (urbanizaciones), souvent aux abords des villes et, pour certaines villes comme Medellín, dans des taudis à flanc de colline appelés comunas (College of Law de l'université Stetson 7 juill. 2003).

Selon la Section des réfugiés de l'ambassade du Canada, les districts les plus pauvres des villes colombiennes, notamment ceux habités par les personnes déplacées à l'intérieur du pays, peuvent être [traduction] « considérés comme poreux et accessibles aux agents des FARC » (Canada 29 avr. 2003a). Même si l'ELN [traduction] « est puissante » à Cali et qu'elle exploite une petite unité, principalement de collecte de renseignements, [traduction] « dans le sud de Bogotá et de Soacha [Cundinamarca] », la Section des réfugiés a remarqué que le groupe a subi de grosses pertes au cours des deux dernières années, tant sur le plan des combattants que sur le plan financier (ibid.).

Les sources consultées par la Direction des recherches ne partageaient pas la même opinion quant à savoir si des personnes menacées par les FARC, les AUC ou l'ELN pourraient éviter avec succès de telles menaces en se déplaçant dans une autre région du pays.

Le conseiller du RIC et le spécialiste de la Colombie d'AI USA ont fait valoir que la capacité des groupes armés de trouver et d'attaquer les personnes menacées n'a pas changé depuis qu'Alvaro Uribe Velez est devenu président en août 2002 (États-Unis 30 juin 2003; AI USA 9 juill. 2003). Selon le professeur auxiliaire de l'université de Georgetown, les groupes de guérilla et paramilitaires

[traduction]
utilisent souvent des bases de données et des réseaux informatiques extrêmement évolués. Une personne menacée dans une région du pays ne sera pas particulièrement plus en sécurité en se déplaçant dans une autre région. Selon la nature et les motifs des menaces, les victimes peuvent être poursuivies sans relâche. Il existe d'innombrables récits d'hommes ou de femmes ayant été menacés à Bogotá ou à Medellín après s'être déplacés d'une autre région et avoir tenté de vivre anonymement dans la grande ville. Beaucoup ont été assassinés après s'être réfugiés dans une autre région du pays. Il existe aussi des cas où des personnes ont quitté le pays pendant des mois ou des années et qui ont été assassinées à leur retour. Les gens ont la mémoire longue et les données sont systématiquement enregistrées et analysées (30 juin 2003).

Dans le même ordre d'idées, le professeur agrégé du College of Law de l'université Stetson a déclaré que :

[traduction]
Au cours des dernières années, il est devenu de plus en plus difficile pour une personne d'échapper aux tentacules des groupes de guérilla et para [paramilitaires] [...] Ces groupes sont mobilisés et bénéficient d'un réseau de contacts sur l'ensemble du pays [...] Il ne faut pas non plus oublier que la Colombie est l'un des pays occidentaux les plus soucieux des barrières entre les classes et les plus rigidement stratifiés. Il est pratiquement impossible de se déplacer d'une région à une autre du pays sans qu'une personne ne le remarque. L'identité régionale est très importante. La couleur de la peau, les habitudes et les maniérismes courants, l'intonation et l'orientation sociale par rapport à l'environnement externe ne permettent guère, dans l'ensemble, à un Colombien de cacher ses racines ou son origine sociale [...]
[...]
Beaucoup de pauvres des régions rurales ne peuvent échapper à la guerre que dans les comunas des grandes villes. Ils pensent qu'ils y sont en sécurité, mais ils ne comprennent pas à quel point les groupes de guérilla et les paras ont infiltré et contrôlent les collectivités urbaines de paysans. Leurs voisins les dénoncent et leur emplacement est révélé. Les membres de la famille qui ne se sont pas déplacés sont harcelés, intimidés, torturés et assassinés afin qu'ils dévoilent l'emplacement de la personne recherchée. Pour les personnes appartenant aux classes moyenne et supérieure qui ont été victimes d'extorsion et d'intimidation aux mains des guérilleros, il est encore plus difficile de s'enfuir. La capacité de collecte de renseignements des groupes de guérilla est évoluée. Ils peuvent retrouver une personne à l'aide de chauffeurs de taxi, d'employés de maison, de transporteurs aériens et d'agences de voyage. Ils ont accès aux relevés bancaires personnels et aux opérations sur cartes de crédit, et ils peuvent retrouver une personne à l'aide des traces laissées par les documents. Ils peuvent écouter illicitement des conversations entre des membres de la famille afin de déterminer l'emplacement de leur cible ou soudoyer les connaissances de celle-ci afin d'obtenir de l'information. [...] Les paysans des régions rurales se font remarquer dans une foule, comme toute personne qui n'est pas native d'une région. [...] En outre, le système est tellement corrompu qu'il n'est pas difficile d'acheter les renseignements désirés et de soudoyer les fonctionnaires afin de déterminer l'emplacement de qui que ce soit [...]
[...]
En bref, si les groupes de guérilla et paras [veulent] vous retrouver, il y a de fortes chances qu'ils y parviennent. En outre, il existe de solides preuves que les FARC, l'ELN et les paras sévissent en sol étranger, à savoir dans les pays voisins de la Colombie, au Costa Rica et dans les destinations outre-mer des [expatriés] colombiens comme Miami, Madrid, Atlanta, et Los Angeles. La présente situation à l'étranger augmente leur portée. Par exemple, le FBI est profondément conscient que des fronts de groupes de guérilla sont actifs à Miami et dans le sud de la Floride et qu'ils exercent des activités comme le blanchiment d'argent, la traite des êtres humains, le passage illégal de documents, la contrebande d'armes, le trafic de stupéfiants, la collecte de renseignements et le recrutement. Beaucoup de Colombiens qui pensaient avoir échappé aux dangers de la Colombie se sont établis à Miami, pour voir ensuite un membre des FARC communiquer avec eux afin de les informer qu'ils étaient toujours surveillés (7 juill. 2003).

Contrairement aux déclarations susmentionnées, un associé principal et coordonnateur du programme sur la Colombie depuis 1997 au Centre de politique internationale (Center for International Policy - CIP) établi à Washington a déclaré qu'à son avis,

[traduction]
le déplacement interne en Colombie peut, dans une certaine mesure, généralement augmenter la sécurité d'une personne, à moins qu'il ne s'agisse d'une personnalité nationale, puisque les fronts de guérilla et paramilitaires ne sont habituellement pas bien coordonnés. Toutefois, comme un nouvel arrivant dans un village ou un voisinage inspire généralement de la méfiance, il n'est donc pas si facile de se déplacer à l'intérieur du pays (9 juill. 2003).

Selon la Section des réfugiés de l'ambassade du Canada, les personnes qui sont menacées par des groupes armés autres que les FARC ou les AUC peuvent se déplacer à l'intérieur du pays, puisque ces groupes ne possèdent pas de [traduction] « force de frappe nationale » (Canada 29 avr. 2003b). La Section des réfugiés a ajouté que l'ELN est le [traduction] « plus grand de ces groupes non nationaux » (ibid.). Même si les FARC et les AUC disposent d'une capacité d'action sur l'ensemble de la Colombie, la [traduction] « grande majorité des personnes menacées ou déplacées à l'intérieur du pays présentent un intérêt limité aux yeux de [ces groupes] dès qu'elles cessent leurs activités politiques/communautaires et quittent » leur région (ibid. 29 avr. 2003a). La Section des réfugiés a ajouté que :

[traduction]
Si un demandeur [d'asile] veut faire valoir qu'il ne peut pas être déplacé à l'intérieur du pays, [il] doit convaincre le préposé à l'entrevue qu'en raison de son importance et de son rôle dans le conflit, les FARC ou les AUC seraient fortement motivées à le poursuivre de bout en bout d'un vaste pays (ibid. 29 avr. 2003b).

En outre, la Section des réfugiés a déclaré que les AUC en particulier disposaient d'excellentes capacités de recherche de renseignements et que si ce groupe ou les FARC veulent réellement trouver une personne, ils possèdent les ressources pour le faire (ibid. 29 avr. 2003a). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un agent principal préposé aux réfugiés de l'ambassade du Canada à Bogotá a fait valoir qu'il n'avait pas remarqué que [traduction] « la présidence de M. Uribe avait apporté des changements concernant les solutions de rechange au déplacement interne » (ibid. 14 juill. 2003).

Tirant profit de son expérience de travail avec des victimes d'enlèvement, le président de la Fondation pays libre a signalé que même s'il était difficile de retrouver une personne à Bogotá, Medellín ou Cali, le simple fait de poser des questions serait suffisant pour la retrouver dans les autres villes et régions, dans la mesure où elle n'a pas changé d'identité (Fundación País Libre 11 juill. 2003). Selon le président, une fois que la personne est retrouvée, il serait « relativement simple » (relativamente sencillo) d'organiser un assassinat, même si elle est protégée par des « mesures de sécurité rigoureuses » (esquemas de seguridad dura) (ibid.).

Le président a aussi fait remarquer que la possibilité d'échapper aux menaces en se déplaçant à l'intérieur du pays était tributaire de deux facteurs principaux (ibid.). Premièrement, il faut tenir compte de la portée du groupe armé en question, la capacité d'action des FARC sur l'ensemble du pays étant bien plus élevée que celle de l'ELN (ibid.). Deuxièmement, il faut évaluer les raisons pour lesquelles la personne est recherchée (ibid.). Par exemple, si la personne menacée est un témoin dans un procès et peut identifier un membre important d'un groupe armé, tout sera mis en œuvre afin de trouver cette personne et de la tuer, peu importe l'endroit où elle pourrait se cacher (ibid.). Toutefois, même lorsque les groupes sont moins motivés à retrouver des personnes, le président a déclaré qu'elles devraient tout de même déménager si elles demeurent à Bogotá, ou quitter leurs villes de résidence si elles demeurent ailleurs (ibid.). En outre, selon les raisons pour lesquelles les personnes sont menacées, on pourrait aussi leur recommander d'éviter de fréquenter toute personne ou endroit qui pourrait révéler leur emplacement aux groupes armés (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


Amnesty International (AI) USA, New York. 9 juillet 2003. Communication écrite d'un spécialiste de la Colombie.

_____. 30 juin 2003. Communication écrite d'un spécialiste de la Colombie.

Canada. 14 juillet 2003. Ambassade du Canada à Bogotá. Communication écrite d'un agent principal préposé aux réfugiés.

_____. 29 avril 2003a. Ambassade du Canada à Bogotá, Section des réfugiés. « Colombian Refugees: The Canadian Source Country Program (extrait) ».

_____. 29 avril 2003b. Ambassade du Canada à Bogotá, Section des réfugiés. « Colombian Refugee Case Intelligence IV (extrait) ».

Center for International Policy (CIP), Washington, DC. 9 juillet 2003. Communication écrite d'un associé principal.

College of Law de l'université Stetson, Gulfport, Floride. 7 juillet 2003. Communication écrite d'un professeur agrégé.

États-Unis. 30 juin 2003. Département de la Sécurité intérieure, Bureau de la Citoyenneté et des Services d'Immigration, Centre de renseignements sur les ressources, Washington, DC. Entretien téléphonique avec un conseiller.

Fundación País Libre, Bogotá. 11 juillet 2003. Communication écrite du président.

Université de Georgetown, Département de Gouvernement, Washington, DC. 30 juin 2003. Communication écrite d'un professeur auxiliaire.

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