Haïti : information sur les principaux groupes criminels, y compris sur leurs zones d'opération, leur structure et leurs activités; réponse de l'État (2016-mai 2019) [HTI106293.F]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Des sources soulignent que l'insécurité serait en hausse dans plusieurs régions d'Haïti (Le National17 avr. 2019; RNDDH 3 mai 2019, 1-2; HaïtiLibre 3 mai 2019). Les mêmes sources signalent que cette situation est liée aux activités des groupes criminels qui contrôlent plusieurs régions du pays (Le National17 avr. 2019; RNDDH 3 mai 2019, 1-2; HaïtiLibre 3 mai 2019). Dans un article publié en mai 2019, Le Nouvelliste, un quotidien haïtien, signale que la Commission nationale de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (CNDDR) [1] a dénombré au moins 76 « gangs armés » en Haïti (Le Nouvelliste6 mai 2019). La source précise que certains gangs sont constitués de dix à quinze membres alors que d'autres en comptent soixante ou quatre-vingts (Le Nouvelliste6 mai 2019). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

1.1 Présence géographique

Des sources rapportent que des groupes criminels s'affrontent dans différents quartiers de Port-au-Prince pour en gagner le contrôle (France 2017, 24; RNDDH 3 mai 2019, 4). Dans le rapport d'une mission en Haïti menée en 2017 par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), avec la participation de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA), on peut lire que les habitants craignent de se déplacer dans leurs quartiers, car ils doivent traverser « différentes zones internes tenues par des bandes adverses » (France 2017, 24). Par exemple, dans un rapport publié en mai 2019, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) [2] rapporte que l'affrontement entre deux groupes dans la zone de Nan Tokyo entre mars et avril 2019 a causé la mort de 11 personnes et que des maisons ainsi que des véhicules ont été incendiés (RNDDH 3 mai 2019, paragr. 15-16).

Selon le Haiti 2019 Crime & Safety Reportdu Département d'État des États-Unis, certains quartiers de Port-au-Prince, qui ne sont pas des [traduction] « zones touristiques [ou] commerciales traditionnelles », sont principalement touchées par les violences liées aux gangs, notamment Cité Soleil, Carrefour et Martissant (É.-U. 29 mars 2019, 2). De plus, le National, un quotidien haïtien, rapporte qu'à Port-au-Prince, on retrouve des « groupes armés » ou des « gangs armés » dans les quartiers de Grand-Ravine, de Cité de l'Éternel, de Martissant, de La Saline et de Cité Soleil (Le National17 avr. 2019). La source signale aussi qu'un chef de gang, Arnel Joseph, « a établi son quartier général à Poste Pierrot » dans le département de l'Artibonite, département où l'on retrouve aussi des organisations criminelles aux Gonaïves [chef-lieu de ce département] (Le National17 avr. 2019). Dans un rapport sur différents enjeux en Haïti, l'Interuniversity Institute for Research and Development (INURED) [3] mentionne aussi la présence de gangs à Cité Soleil, ainsi qu'à Raboteau, aux Gonaïves, à Lafossette et aux alentours (INURED août 2017, 30). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une représentante du RNDDH a dit que les activités de gangs criminels ont été observées dans les localités suivantes : Cité Soleil, Carrefour Feuilles, Cité Vincent, Tokyo, Corail-Cesselesse et Petite Rivière de l'Artibonite (RNDDH 17 mai 2019).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure adjointe en travail social à l'University of North Carolina Wilmington (UNCW), qui étudie depuis plusieurs années les gangs criminels en Haïti, a mentionné que certains groupes ont étendu leur présence géographique jusque dans les zones rurales, bien que les gangs soient moins actifs en dehors des centres urbains (professeure adjointe 20 mai 2019). D'après le Haiti 2019 Crime & Safety Reportdes États-Unis, les organisations criminelles ont [traduction] « étendu ou déplacé » leurs activités vers des zones « plus aisées » telles que Pétion-Ville ainsi que dans des zones « en dehors de » Port-au-Prince; la source ne fournit pas plus de détails sur les zones affectées (É.-U. 29 mars 2019, 2). Allant dans le même sens, le Nationalrapporte, dans un article portant sur l'insécurité et les groupes armés en Haïti, que les activités de ces organisations sont de plus en plus observées au-delà de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, dans les « zones reculées » (Le National17 avr. 2019). Le rapport de l'INURED mentionne que des gangs sont actifs au Cap Haïtien (INURED août 2017, 30). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

1.2 Activités

Plusieurs sources rapportent que les gangs organisent des raids contre les véhicules de transport de marchandises qui se rendent dans les villes de province (RNDDH 3 mai 2019, 2) ou vers le Grand Sud [département du Sud] (Le National17 avr. 2019). De même, au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un représentant de Défenseurs Plus, un organisme à but non lucratif œuvrant à la défense des droits de la personne en Haïti (Défenseurs Plus s.d.), a expliqué que des camions transportant des marchandises telles que des ordinateurs, sont détournés par des membres de gangs vers des quartiers ou des régions où ces derniers opèrent (Défenseurs Plus 15 mai 2019). Le Haiti 2019 Crime & Safety Reportdes États-Unis souligne [traduction] « l'augmentation du taux de criminalité sur les routes principales » hors de Port-au-Prince et l'utilisation de barrages routiers par des « [p]etits groupes de criminels », afin d'extorquer toute personne qui tente de passer (É.-U. 29 mars 2019, 2). Par exemple, Haïti24, une agence de presse haïtienne (Haïti24 s.d.), rapporte qu'à Gran Ravin, des jeunes « [l]ourdement armés » extorquent les automobilistes qui y circulent (Haïti24 16 janv. 2019).

Selon le rapport du RNDDH sur les liens entre les autorités et les gangs armés, des « bandits armés » contrôlent les zones qu'ils occupent et extorquent de l'argent aux « petits détaillants et [aux] entreprises commerciales » afin que ceux-ci puissent continuer d'exercer leurs activités commerciales (RNDDH 3 mai 2019, 2). De même, le rapport de l'OFPRA rapporte que les gangs commettent des « enlèvements, [des] vols à main armée, [des] agressions ou [des] extorsions de commerçants » (France 2017, 25). La professeure adjointe rapporte aussi que les groupes criminels se livrent à [traduction] « de l'extorsion de protection » (professeure adjointe 20 mai 2019). Des sources rapportent qu'en septembre 2018, trois ou quatre commerçants de Léogâne ont été enlevés; les sources expliquent que, dans de telles situations, les kidnappeurs se font passer pour des policiers qui font croire aux victimes qu'ils souhaitent les rencontrer dans le cadre d'une enquête (Loop 27 sept. 2018; Le Nouvelliste26 sept. 2018). Selon le Nouvelliste, un des commerçants a été libéré contre une rançon après son enlèvement (Le Nouvelliste26 sept. 2018), alors que d'après Loop, un site de nouvelles des Caraïbes, de l'Amérique centrale et du Sud du Pacifique (Loop s.d.), ce serait quatre commerçants qui auraient été libérés contre le paiement d'une rançon (Loop 27 sept. 2018).

Dans un rapport publié en décembre 2018 sur la situation dans le quartier de La Saline, le RNDDH signale que les gangs du quartier luttent pour contrôler le marché de la Croix-des-Bossales, ce qui a été la cause de « centaines » de décès (RNDDH 1erdéc. 2018, paragr. 16-17). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens. La même source rapporte que, dans la soirée du 13 novembre 2018, lors du « massacre de La Saline », des membres de l'organisation Base Nan Chabon, dirigée par Serge Alectis, alias Ti Junior, « se sont introduits dans au moins [150] maisons localisées entre autres au Projet La Saline […] [où] [i]ls ont arraché des hommes et des femmes de leur foyer pour les exécuter en pleine rue » (RNDDH 1erdéc. 2018, paragr. 38-39). Selon la même source, 59 personnes ont été tuées, dont 6 mineurs, tandis que 7 femmes ont été violées et 5 personnes ont été blessées par balles (RNDDH 1erdéc. 2018, paragr. 43, 45). La source ajoute que 150 maisons du Projet La Saline « ont été vandalisées ou criblées de balles » tandis que les mêmes auteurs ont « totalement incendié » « de nombreuses maisons situées à Nan Chabon [Nanchabon] » (RNDDH 1erdéc. 2018, paragr. 46). De son côté, la Fondasyon Je Klere (FJKL), une organisation citoyenne œuvrant pour la transformation de l'État haïtien (FJKL s.d.), dénombre entre 15 et 25 morts, « au moins » 6 femmes violées et « [p]lus de 15 maisons pillées », lors du « massacre de La Saline » (FJKL nov. 2018, 3-5). Le RNDDH signale aussi que des témoins et des victimes des attaques du 13 novembre 2018 ont accusé « certaines autorités » d'avoir organisé les attaques à La Saline en novembre 2018 (RNDDH 1erdéc. 2018, paragr. 53). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

La professeure adjointe signale que dans certains quartiers populaires, les gangs fournissent des services qui, normalement, devraient être assurés par les municipalités (par exemple, la collecte des déchets, l'entretien de la voirie et la gestion de la distribution de l'eau) (professeure adjointe 20 mai 2019). La même source ajoute que les maires ont souvent recours aux gangs pour s'occuper de [traduction] « situations difficiles comme les évictions, la collecte de paiements dus au bureau du maire pour l'affichage de publicité dans la rue ou pour des permis de construction » (professeure adjointe 20 mai 2019). De façon similaire, le rapport du RNDDH sur les évènements de La Saline signale que, dans ce quartier, les chefs des gangs font partie d'organisations communautaires de base qui « travaillent de concert avec » les autorités étatiques et « [qu'en] échange de la loyauté des chefs de gangs, de leurs soldats et de la communauté, ces autorités mettent régulièrement à la disposition de leurs organisations, les moyens devant leur permettre de continuer à aider les plus démunis » (RNDDH 1erdéc. 2018, paragr. 14). Allant dans le même sens, l'INURED explique qu'à Cité Soleil, les gangs participent à l'offre de services relevant traditionnellement de l'État, ce qui leur permet de jouir de revenus additionnels tout en étendant leur influence dans le quartier (INURED août 2017, 30).

2. Principaux groupes criminels

La représentante du RNDDH a signalé que les organisations criminelles « s'identifient à partir de leur leader » (RNDDH 17 mai 2019). Selon des sources, les principaux chefs de groupes criminels sont les suivants :

  • Arnel [Anel] Joseph, chef du groupe de gang de Village de Dieu [zone du Bicentenaire] (RNDDH 17 mai 2019; Haiti24 16 janv. 2019), actuellement basé à Marchand Dessalines (RNDDH 17 mai 2019) ou à Petite Rivière de l'Artibonite (Haiti24 16 janv. 2019);
  • Serge Alectis alias Ti Junior, chef de la Base Nan Chabon, de la localité de La Saline (RNDDH 17 mai 2019);
  • Jimmy Cherizier [Cherisier] alias Barbecue, un ancien policier (Haiti24 16 janv. 2019; RNDDH 17 mai 2019), dans le quartier Delmas 4 (Haiti24 16 janv. 2019) ou Delmas 6 (RNDDH 17 mai 2019);
  • Black Satan et Valès, chefs de gang à Canaan 50, Corail Cesselesse (RNDDH 17 mai 2019);
  • Iscar Andris (RNDDH 17 mai 2019) ou « "Isca" » (Haiti24 16 janv. 2019), chef dans le quartier Belekou à Cité Soleil (RNDDH 17 mai 2019; Haiti24 16 janv. 2019);
  • « "Ti Ougan" », quartier Boston à Cité Soleil (Haiti24 16 janv. 2019);
  • « "Gabriel" » dans le « bas de la cité » à Cité Soleil (Haiti24 16 janv. 2019);
  • Jimmy Joseph [Jimmy Jean (RNDDH 1erdéc. 2018)], chef du gang armé Nan Bwadom [Nan Bwa Dòm], situé à la Croix des Bossales (RNDDH 17 mai 2019);
  • Antoine Gregory [Grégory Antoine] alias Ti Greg (Haiti24 16 janv. 2019; RNDDH 17 mai 2019; Loop 9 janv. 2019), [un policier (Haiti24 16 janv. 2019; Loop 9 janv. 2019)], chef du gang Base Pilate [Baz Pilat] (RNDDH 17 mai 2019; Loop 9 janv. 2019), composé « à priori de policiers » (RNDDH 17 mai 2019);
  • [Sony Jean (RNDDH 17 mai 2019; AlterPresse 30 avr. 2019)] alias Ti Je [Tije], un chef de gang et ses hommes à Savane [Savann] Pistache, localité de Carrefour-Feuilles, à Port-au-Prince (Haiti24 16 janv. 2019; RNDDH 17 mai 2019). Sony Jean serait décédé le 29 avril 2019 lors d'échanges de tirs avec la police (RNDDH 17 mai 2019; AlterPresse 30 avr. 2019);
  • Christ-Roi Chery alias Chrislat (RNDDH 17 mai 2019) ou « [l]e nommé "Chrisla" » (Haiti24 16 janv. 2019), chef du gang de Ti Bwa [Tibwa] (Haiti24 16 janv. 2019; RNDDH 17 mai 2019);
  • Félix Pyram alias Toutou Number One, chef du gang de Kafou Labatwa de la localité de La Saline (RNDDH 17 mai 2019);
  • Julio Pyram alias Kiki, secondé par Hervé Bonnet Barthelemy alias Bout Jeanjan et par Noël Joël, chef de Base Projet La Saline (RNDDH 17 mai 2019).

Selon des sources, en novembre 2018, le chef de gang « "Kiki" » a été tué par balles lors d'un affrontement avec la police; par la suite, [son remplaçant (Haiti24 16 janv. 2019)] « "Bout Jean Jean" » a été arrêté, puis emprisonné au pénitencier national (Haiti24 16 janv. 2019; VBI 6 nov. 2018). D'après Haiti24, « l'assassinat par balles du policier Grégory Antoine alias "Ti Greg", par le [c]hef de gangs qui contrôle le quartier "Savann Pistach" » a eu lieu le 9 janvier 2019 dans la zone de Carrefour-Feuilles (Haiti24 16 janv. 2019). Selon Loop, Grégory Antoine alias « Ti Greg » aurait été abattu le 9 janvier 2019 à Savane Pistache par « "Ti Je" » (Loop 9 janv. 2019).

3. Réponse de l'État
3.1 Réponse de la Police nationale d'Haïti (PNH)

Le Nouvellisterapporte les propos de Rosny Desroches, le directeur exécutif de l'Initiative de la société civile (ISC), un regroupement d'associations et d'organisations haïtiennes travaillant à renforcer la société civile haïtienne (ISC s.d.) qui souligne « l'effectif insignifiant » de la PNH, qui n'est doté que d'environ 15 000 agents pour une population de 12 millions d'Haïtiens (Le Nouvelliste15 avr. 2019). Le rapport de mission de l'OFPRA explique que les capacités de la PNH ne sont pas suffisantes, tant au niveau du nombre de policiers qui sont surtout présents dans la capitale qu'en ce qui concerne l'équipement mis à la disposition des policiers, notant en particulier le manque d'essence, de voitures et d'ordinateurs (France 2017, 30-31). Abondant dans le même sens, le Haiti 2019 Crime & Safety Reportdes États-Unis signale que la PNH a une [traduction] « capacité de réponse limitée » et qu'elle manque de ressources pour mener à termes les enquêtes, ce qui compromet l'effet dissuasif sur les criminels qui agissent sans craindre les autorités policières (É.-U. 29 mars 2019, 6).

Des sources rapportent que durant la fin de semaine du 1eret 2 décembre 2018, des opérations policières anti-gangs ont donné lieu à l'interpellation de 88 personnes, dont trois présumés chefs de gang : Saint-Fort Pierre Richard [Pierre Richard Saint-Fort], Dossous Pollesse [Polès Dossous] [alias « Mazora » (HaïtiLibre 4 déc. 2018; VBI 4 déc. 2018)] et Sadrac Brice (Le Nouvelliste 3 déc. 2018; HaïtiLibre 4 déc. 2018; VBI 4 déc. 2018). Selon les mêmes sources, plusieurs armes à feu et des munitions ont également été saisies durant ces opérations (Le Nouvelliste 3 déc. 2018; HaïtiLibre 4 déc. 2018; VBI 4 déc. 2018). Des sources rapportent qu'une opération policière à Limbé, dans le département du Nord, a permis d'arrêter, le 9 mai 2019, 53 présumés membres du gang d'Arnel Joseph qui opère (VBI mai 2019) ou dont les membres avaient pris refuge dans le département de l'Artibonite (AlterPresse 13 mai 2019; Loop 13 mai 2019). Selon le National, la PNH est dépassée par les actions des groupes armés, ayant mené depuis la fin de l'année 2018 des « opérations policières sans succès » au cours desquelles les cibles des policiers ont réussi à s'échapper tandis que des policiers ont perdu la vie (Le National17 avr. 2019). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements sur les résultats de ces opérations. Haïti Progrès, un journal qui rapporte des nouvelles haïtiennes, explique que selon la Commission épiscopale [nationale] justice et paix (CE-JILAP), une institution pastorale de l'Église catholique en Haïti (CE-JILAP s.d.), les groupes armés qui œuvrent près dans la zone de l'entrée Sud de Port-au-Prince « continuent de défier la [PNH], malgré les différentes opérations policières menées dans la zone » (Haïti Progrès29 sept. 2018). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Selon la professeure adjointe, la PNH comprend en son sein une unité anti-gang (professeure adjointe 20 mai 2019). Elle a ajouté que cette unité collecte des renseignements à propos des groupes armés et de leurs chefs, mais qu'elle manque de [traduction] « capacité d'investigation de base » (professeure adjointe 20 mai 2019). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

3.2 Protection des groupes criminels par les autorités

Des sources rapportent que des groupes criminels bénéficient du soutien de différents acteurs étatiques ou politiques (RNDDH 17 mai 2019; professeure adjointe 20 mai 2019; HaïtiLibre 3 mai 2019). Par exemple, selon des sources, le sénateur de la région de l'Artibonite, Garcia Delva, aurait entretenu des contacts téléphoniques fréquents avec le chef de gang Joseph Arnel (Le Nouvelliste23 avr. 2019; Loop 23 avr. 2019). D'autres sources signalent qu'un inspecteur de la PNH, Gabriel Faveur Désir [Désir Faveur Gabriel], aurait contacté Arnel Joseph pour lui fournir des renseignements concernant les opérations policières le concernant (Rezo Nódwes 11 mai 2019; Loop 8 avr. 2019). Loop rapporte que cet inspecteur aurait reçu des menaces visant sa famille, de la part du chef de gang (Loop 8 avr. 2019). Selon des sources, la famille de l'inspecteur habite dans Village de Dieu, le quartier contrôlé par Arnel Joseph (Loop 8 avr. 2019; Le Nouvelliste8 avr. 2019).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] La Commission nationale de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (CNDDR) est « [u]ne structure chargée de coordonner et d'appliquer la politique de l'État [haïtien] en matière de désarmement, de démantèlement des groupes armés et de réinsertion des individus désarmés » (Nations Unies 12 mars 2019).

[2] Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) est une ONG haïtienne qui, d'une part, travaille dans le domaine de l'éducation en matière des droits de la personne, et, d'autre part, mène un programme de surveillance au sein des « institutions-clés de l'État en ce qui concerne leurs obligations de protéger les droits » de la personne (RNDDH s.d.).

[3] L'Interuniversity Institute for Research and Development (INURED) est basé sur un réseau international d'universités et de centres de recherche et a pour but de [traduction] « contribuer au développement de la recherche de haut niveau et de la formation scientifique en Haïti afin d'améliorer les conditions éducatives, socio-économiques et politiques du peuple haïtien » (INURED s.d.).

Références

AlterPresse. 13 mai 2019. « Haïti-Insécurité : Un important coup de filet de la police dans le Nord ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

AlterPresse. 30 avril 2019. « Haïti-Insécurité : Le chef de gang Ti je (Sony Jean) abattu par la police ». [Date de consultation : 31 mai 2019]

Commission épiscopale nationale justice et paix (CE-JILAP). S.d. Accueil. [Date de consultation : 31 mai 2019]

Défenseurs Plus. 15 mai 2019. Entretien téléphonique avec un représentant.

Défenseurs Plus. S.d. Facebook. « À propos ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

États-Unis (É.-U.). 29 mars 2019. Department of State, Overseas Security Advisory Council (OSAC). Haiti 2019 Crime & Safety Report . [Date de consultation : 22 mai 2019]

Fondasyon Je Klere (FJKL). Novembre 2018. Situation de terreur à La Saline : La Fondayson Je Klere (FJKL) déplore l'incapacité de l'État à garantir la sécurité des citoyens et des citoyennes . [Date de consultation : 29 mai 2019]

Fondasyon Je Klere (FJKL). S.d. Facebook. « À propos ». [Date de consultation : 28 mai 2019]

France. 2017. Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et Cour nationale du droit d'asile (CNDA). Rapport de mission en République d'Haïti du 26 mars au 7 avril 2017 . [Date de consultation : 22 mai 2019]

Haïti24. 16 janvier 2019. Luckson Saint-Vil. « Port-au-Prince ou port aux gangs ? ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Haïti24. S.d. Facebook. « À propos ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

HaïtiLibre. 3 mai 2019. « Haiti - Security: The Civil Society Initiative Denounces the Situation of Insecurity in the Country ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

HaïtiLibre. 4 décembre 2018. « Haïti - Sécurité : dernier bilan de la vaste opération anti-gang de la PNH ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Haïti Progrès. 29 septembre 2018. Altidor Jean Hervé. « Un bilan de la CE/JILAP, met à nu l’état de la sécurité nationale ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Initiative de la société civile (ISC) . S.d. « Accueil ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Interuniversity Institute for Research and Development (INURED). Août 2017. Republic of Haiti: Country of Origin Information Paper . [Date de consultation : 22 mai 2019]

Interuniversity Institute for Research and Development (INURED) . S.d. « Mission ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Loop. 13 mai 2019. Jésula Simon. « La police arrête 53 personnes soupçonnées d'être des soldats d'Arnel ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Loop. 23 avril 2019. Jésula Simon. « Garcia Delva et Arnel se sont parlé 24 fois en février, selon Sénatus ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Loop. 8 avril 2019. « Cet inspecteur avoue avoir informé à Arnel des stratégies de la PNH ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Loop. 9 janvier 2019. Jésula Simon. « Des tirs nourris à Carrefour-Feuilles ». [Date de consultation : 31 mai 2019]

Loop. 27 septembre 2018. « 4 commerçants kidnappés à Léogâne libérés après avoir payé une rançon ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Loop. S.d. « À propos de nous ». [Date de consultation : 30 mai 2019]

Le National. 17 avril 2019. Woovins St Phard. « L'État haïtien, ébranlé par l'insécurité, perd le contrôle du territoire ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Nations Unies. 12 mars 2019. Mission des Nations Unies pour l'appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH). « Rétablissement d'un Comité national de désarmement, de démantèlement et de réinsertion ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Le Nouvelliste. 6 mai 2019. Danio Darius. « 76 gangs armés répertoriés en Haïti par la Commission de désarmement ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Le Nouvelliste. 23 avril 2019. Roberson Alphonse. « Communications téléphoniques fréquentes entre le chef de gang Arnel Joseph et le sénateur Garcia Delva ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Le Nouvelliste. 15 avril 2019. Michelson Césaire. « Des groupes armés déjouent le plan sécuritaire de la PNH, la société civile préoccupée ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Le Nouvelliste. 8 avril 2019. Jean Daniel Sénat. « L'inspecteur principal Gabriel Faveur Désir arrêté pour avoir été en contact avec le chef de gang Arnel Joseph ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Le Nouvelliste. 3 décembre 2018. Ricardo Lambert. « Saisie d'armes et de munitions par la PNH, 88 personnes arrêtées ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Le Nouvelliste. 26 septembre 2018. Diery Marcelin. « Des cas de kidnapping sur des commerçants léogânais, des magasins ferment leurs portes en guise de protestation ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Professeure adjointe, University of North Carolina Wilmington (UNCW). 20 mai 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

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Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). 3 mai 2019. Situation chaotique des droits humains en Haïti et banditisme d’État : Le RNDDH dénonce l’inertie des autorités et la protection des gangs armés . (Rapport/A2019/No3) [Date de consultation : 22 mai 2019]

Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). 1erdécembre 2018. « Les événements survenus à La Saline : de la lutte hégémonique entre gangs armés au massacre d'État ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

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Vant bèf info (VBI). Mai 2019. « Haïti/Sécurité : Arrestation de 53 présumés bandits qui opèrent dans l'Artibonite ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Vant bèf info (VBI). 4 décembre 2018. « Sécurité : 88 personnes interpellées par la PNH le weekend écoulé dont 3 chefs de gang ». [Date de consultation : 22 mai 2019]

Vant bèf info (VBI). 6 novembre 2018. « Sécurité : le présumé chef de gang « bout jeanjean » écroué au pénitencier national ». [Date de consultation : 30 mai 2019]

Autres sources consultées

Sources orales :Haïti – Police nationale d'Haïti; professeur adjoint en science politique; professeur agrégé en études de la mondialisation qui travaille sur les processus de réconciliation en période post-conflit; professeur agrégé en études sur la mondialisation qui travaille sur les réformes du secteur de la sécurité et sur les processus de consolidation et maintien de la paix; professeur associé en sociologie qui étudie les inégalités sociales, la pauvreté et la violence en Haïti; professeur associé en anthropologie étudiant notamment le rôle du pouvoir, de la violence et de la marginalisation en Haïti.

Sites Internet, y compris :Amnesty International; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; Human Rights Watch; Union européenne – European Asylum Support Office.

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