Document #2125189
HRW – Human Rights Watch (Author)
|Point de vue
Une enquête est nécessaire suite au rapatriement en Ukraine du corps de Viktoria Roshchyna
Viktoria Roshchyna, une journaliste d'investigation ukrainienne âgée de 27 ans, a disparu en août 2023 dans la région de Zaporijia, occupée par la Russie. Un an plus tard, elle a appelé sa famille alors qu’elle se trouvait en détention en Russie. Ce fut la seule fois où ses parents ont eu des nouvelles de Viktoria, après sa disparition.
Lors de cet appel en août 2024, Viktoria Roshchyna a dit à ses parents qu'elle les aimait et qu'elle rentrerait chez elle dans le cadre d'un échange de prisonniers d'ici septembre. Mais en octobre 2024, ses parents ont reçu un message de trois lignes des autorités russes, indiquant que leur fille était décédée un mois plus tôt.
La famille de Viktoria Roshchyna n'a reçu aucune autre information sur les circonstances de sa mort jusqu'à la semaine dernière, lorsque le parquet général d'Ukraine a annoncé que le corps de Viktoria Roshchyna avait été identifié parmi d’autres corps, ceux de soldats ukrainiens, rapatriés en Ukraine en février. L'examen médico-légal a révélé de nombreux signes de torture et d'autres traitements inhumains sur son corps, notamment des ecchymoses, une côte cassée et des « signes possibles d'électrocution ».
Une enquête menée par des médias ukrainiens et internationaux a révélé que Viktoria Roshchyna a d’abord été détenue pendant quatre mois à Melitopol, ville dans la région de Zaporijia occupée par la Russie. Elle y a été détenue au secret, et aurait été torturée à l'électricité. Elle a ensuite été transférée vers un centre de détention provisoire à Taganrog, en Russie, connu comme un « enfer sur terre » et tristement célèbre pour la torture infligée aux prisonniers de guerre ukrainiens et aux détenus civils.
Human Rights Watch et d'autres organisations ont largement documenté les disparitions forcées et les actes de torture commis par les forces russes pendant leur occupation de l'Ukraine. Nous avons constaté que les forces d'occupation russes dans les régions de Kherson et de Zaporijia ont détenu arbitrairement, et dans certains cas fait disparaître de force, des civils, et en ont transféré illégalement de nombreuses personnes vers des centres de détention russes où elles ont été torturées.
En mars 2025, une enquête des Nations Unies a conclu que le recours à la torture et aux disparitions forcées par les autorités russes constituait des crimes contre l'humanité « dans le cadre d'une attaque généralisée et systématique contre la population civile [ukrainienne], et conformément à une politique étatique coordonnée ».
Le traitement odieux infligé par la Russie à Viktoria Roshchyna et sa mort en détention nécessitent une enquête urgente, et mettent en évidence la nécessité de rendre justice pour les diverses atrocités commises par les autorités russes.
Alors que les négociations se poursuivent pour mettre fin à la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine, tous les acteurs impliqués devraient veiller à ce que, conformément au droit international, aucune amnistie ne soit accordée pour les crimes graves ; la libération immédiate de milliers de civils ukrainiens détenus illégalement par la Russie devrait être une priorité. Toute personne détenue en Russie est exposée au risque de torture et d'autres mauvais traitements.
Torture, Death of a Ukrainian Journalist in Russian Custody (Appeal or News Release, English)