Haïti : information sur les actes de vengeance commis par les gangs, les groupes criminels, les groupes de justiciers ou d’autres structures du crime organisé; la capacité et la volonté de ceux-ci de suivre et de prendre pour cible des personnes, y compris celles qui retournent en Haïti après une longue absence et celles qui déménagent dans d’autres régions du pays (2023-janvier 2025) [HTI202165.EF]

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Selon InSight Crime [1], les gangs et les groupes du crime organisé sont devenus plus [traduction] « forts et influents » à la suite de l’assassinat du président haïtien en 2021, et des « centaines » sont actifs dans l’ensemble du pays (2023-03-21). La même source signale qu’Haïti n’a pas de [traduction] « gouvernement élu fonctionnel » et que ses forces de sécurité sont « faibles », ses agents « se tourn[ant] souvent vers la criminalité » (InSight Crime 2023-03-21). L’organisation Human Rights Watch écrit dans son rapport pour 2023 que [version française de Human Rights Watch] « les crises affectant Haïti dans les domaines sécuritaire, judiciaire, politique et humanitaire se sont aggravées », soulignant que les crimes violents commis par les groupes criminels ont augmenté de façon « considérabl[e] », que la réponse de l’État a été « faible, voire inexistante » et que le système judiciaire « a à peine fonctionné » (2024-01-11). Dans son rapport sur les droits de la personne en Haïti pour la période allant du 29 février au 1er juillet 2024, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) fait observer que les groupes criminels ont [version française des Nations Unies] « joué un rôle déterminant » dans l’affaiblissement de l’ancien gouvernement, ont « profité » de l’agitation politique et, maintenant, « réclament une influence politique et des amnisties » et menacent d’user d’une « violence accrue » s’ils ne les obtiennent pas (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 9).

D’après le HCDH, du 1er janvier au 30 juin 2024, 2 652 personnes ont été tuées en raison de la violence des gangs, parmi lesquelles 2 345 étaient des civils, et 1 280 personnes ont subi des blessures (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 10). Le même rapport signale que [version française des Nations Unies] « [p]lus de » 91 p. 100 des décès et des blessures ont eu lieu dans le département de l’Ouest, et « près de » 6 p. 100 dans le département de l’Artibonite (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 10). Le HCDH écrit aussi que les groupes criminels ont détruit [version française des Nations Unies] « au moins » 600 maisons en les incendiant lors d’attaques contre des quartiers (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 19).

2. Auteurs d’actes de vengeance

Selon des sources, des actes de vengeance seraient commis notamment par les acteurs suivants :

  • des gangs (chancelier 2025-01-29; Freedom House 2024-02-29, sect. F3);
  • des membres des gangs (Dominican Today 2024-12-12; AFP 2024-12-11);
  • des groupes de justiciers (Radio-Canada 2023-05-08) ou d’autodéfense (chancelier 2025-01-29);
  • le mouvement Bwa Kale [voir la section 2.2 de la présente réponse] (CARDH 2023-07-03, paragr. 7);
  • des personnes qui ont déjà été des [traduction] « victimes » menant des vendettas personnelles (chancelier 2025-01-29).

2.1 Gangs et groupes criminels

L’Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale (Global Initiative Against Transnational Organized Crime – GI-TOC), [traduction] « une organisation de la société civile indépendante ayant son siège à Genève » (GI-TOC s.d.), signale dans son indice de criminalité pour Haïti de 2023 que le pays compte un [version française de la GI-TOC] « grand nombre de gangs armés de type mafieux » qui contrôlent une « grande partie » d’Haïti, dont certains entretiennent des liens avec des acteurs politiques et étatiques et bénéficient de leur soutien (2023, 4). Le Projet de données sur les lieux et les événements des conflits armés (Armed Conflict Location & Event Data – ACLED), une organisation à but non lucratif établie aux États-Unis qui recueille des données sur la violence et les manifestations politiques dans diverses régions du monde (ACLED s.d.), signale que, en 2023, il y a eu dans la région métropolitaine de Port-au-Prince un certain nombre d’expansions et de conflits territoriaux qui ont donné lieu à des [traduction] « violences meurtrières » (2024-01-17). Des sources signalent que la violence a également augmenté à l’extérieur de Port-au-Prince (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 7; ACLED 2024-01-17). Les mêmes sources soulignent que, dans le département de l’Artibonite, [traduction] « les décès liés aux gangs » ont augmenté de 70 p. 100 en 2023 comparativement à 2022 (ACLED 2024-01-17) ou que la violence des groupes criminels a augmenté [version française des Nations Unies] « notamment » entre février et juin 2024 (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 7). Le HCDH fait remarquer que, entre le 29 février et le 1er juillet 2024, les violences des groupes criminels se sont [version française des Nations Unies] « étend[ues] » aux régions du nord du pays, où elles « étaient auparavant rares » (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 7).

2.2 Groupes de justiciers et groupes civils d’autodéfense soutenus par la police

Dans un rapport soumis en septembre 2024 par le Groupe d’experts sur Haïti du Conseil de sécurité des Nations Unies, on peut lire que, entre novembre 2023 et août 2024, les groupes d’autodéfense, [version française des Nations Unies] « les exécutions extrajudiciaires, y compris de mineurs, et les lynchages collectifs » « se sont multipliés » (Nations Unies 2024-09-30, paragr. 26). Radio-Canada signale que, en avril 2023, un mouvement [version française de Radio-Canada] « d’autodéfense » luttant contre les gangs, connu sous le nom de « "Bwa Kale" », a vu le jour à Port-au-Prince; « [e]n créole, [le nom du mouvement] signifie "bois écorcé" », et le terme est « une métaphore pour la justice expéditive » (2023-05-08). Dans les rapports sur les pratiques des pays en matière de droits de la personne pour 2023 (Country Reports on Human Rights Practices for 2023) publiés par le Département d’État des États-Unis, on peut lire que le mouvement Bwa Kale est un groupe de justiciers [traduction] « national » composé de « résidents de quartiers » qui tuent des « membres présumés de gangs » (É.-U. 2024-04-22, 13). La GI-TOC souligne que, à des [traduction] « moments cruciaux » de l’histoire du mouvement Bwa Kale, « plusieurs centaines » de personnes étaient « mobilis[ées] » (2024-02, 14). Radio-Canada ajoute, au sujet du mouvement Bwa Kale, que [version française de Radio-Canada] « [p]lusieurs » membres présumés de gangs ont été « lynchés ou sommairement exécutés » par des groupes de citoyens (2023-05-08). La GI-TOC, citant des sources locales, fait observer que les justiciers du mouvement Bwa Kale ont commis [traduction] « plus de » 600 exécutions et lynchages en public entre avril 2023 et février 2024 (2024-02, 14).

Des sources signalent que le mouvement Bwa Kale collabore [version française de Radio-Canada] « parfois » (Radio-Canada 2023-05-08) ou [version française de Human Rights Watch] « [s]ouvent » (Human Rights Watch 2024-01-11) avec la police pour tuer des membres présumés de gangs (Radio-Canada 2023-05-08; Human Rights Watch 2024-01-11). La GI-TOC souligne que le mouvement Bwa Kale et d’autres activités de justiciers sont [traduction] « intimement liés » à la police, et que les groupes « comprennent généralement des policiers qui appuient et tolèrent les mouvements et/ou y prennent part, habituellement de manière non officielle » (2024-02, 15).

Dans un rapport publié par le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), une ONG haïtienne qui surveille et promeut la démocratie, la primauté du droit et la bonne gouvernance en Haïti et mène des recherches sur ces sujets (CARDH s.d.) [2], il est écrit que, « dans certains cas », des personnes « auraient » collaboré avec la police pour utiliser le mouvement Bwa Kale « à des fins revanchardes » (CARDH 2023-07-03, paragr. 7).

Selon les renseignements de l’ACLED, la violence a augmenté en 2023 dans les départements du Centre, de la Grande-Anse [Grand’Anse] et du Nord en raison [traduction] « d’affrontements impliquant les forces de l’ordre et les groupes d’autodéfense cherchant à circonscrire les activités des gangs » (2024-01-17). La même source signale que, en 2023, les groupes de justiciers et la police ont collaboré pour mener des [traduction] « opérations de lutte contre les gangs » qui ont entraîné « la mort d’un grand nombre de membres de gangs » (ACLED 2024-01-17).

Le HCDH souligne que, le 25 juin 2024, 4 policiers ont été arrêtés à Pétion-Ville pour leur [version française des Nations Unies] « implication présumée » dans le gang Ti Bois et le groupe de justiciers Caravanne, qui entretient des « liens » avec le gang Ti Bois et est « composé principalement d’officiers de police actifs et anciens »; les deux groupes sont présents dans les communes de Gressier et de Carrefour (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 29). Selon la même source, les [version française des Nations Unies] « "brigades" » d’autodéfense « recourent de plus en plus à des stratégies similaires à celles employées par les gangs », comme les points de contrôle, l’extorsion et les meurtres, et, dans certaines régions, forment des coalitions « avec des gangs pour s’opposer aux gangs rivaux » (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 13).

L’organisation Human Rights Watch souligne que, [version française de Human Rights Watch], « [e]n représailles » au mouvement Bwa Kale, les groupes criminels ont aussi créé leur « propre mouvement » qui porte le nom de Zam Pale (2024-01-11).

2.3 Autres acteurs

Selon un rapport trimestriel soumis en avril 2024 par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), le commissaire du gouvernement du département des Nippes, Jean Ernest Muscadin, [version française des Nations Unies] « aurait continué d’exécuter sommairement des personnes accusées d’appartenir à des gangs », dont 2 « individus non armés », l’un dans la commune de Fonds-des-Nègres le 25 janvier 2024, et l’autre dans la commune de Miragoâne le 25 février 2024 (Nations Unies 2024-04-19, 7). Dans un rapport d’enquête sur la crise des gangs en Haïti publié par la GI-TOC en février 2024, on peut lire que, pendant [traduction] « plus de » 2 ans, Jean Ernest Muscadin a dirigé « un grand groupe de type justicier » dont les membres « réglementent la vie » dans leurs communautés et suivent et « élimin[ent] » les membres des gangs (2024-02, 16). La même source fait observer que, à la lumière des entretiens menés pour les besoins du rapport, Jean Ernest Muscadin est [traduction] « très populaire » malgré l’existence de « vidéos qui le montreraient en train d’exécuter des membres présumés de gangs en plein jour » (GI-TOC 2024-02, 16).

3. Actes de vengeance

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le chancelier de l’Institut interuniversitaire de recherche et de développement (INURED), une organisation établie en Haïti qui mène des recherches et élabore des formations pour améliorer les [traduction] « conditions socioéconomiques, politiques et en matière de scolarité du peuple haïtien » (INURED s.d.), a affirmé que les actes de vengeance commis par les gangs et « divers groupes » sont « répandus » et comprennent « des exécutions, des actes d’intimidation, des attaques contre des propriétés » ainsi que « des viols en série et des enlèvements, entre autres » (chancelier 2025-01-29).

3.1 Raisons

D’après des sources, des actes de vengeance sont commis notamment :

  • pour [traduction] « punir » ou « dissuader » les personnes qui s’opposent ou pourraient être tentées de s’opposer aux groupes armés (professeur adjoint 2018-06-01);
  • pour saisir et contrôler de nouveaux territoires pour les gangs (chancelier 2025-01-29);
  • pour régler des conflits ou des comptes (CARDH 2023-07-03, paragr. 7);
  • dans le contexte d’un [traduction] « comportement criminel général » (chancelier 2025-01-29);
  • pour punir la collaboration avec la police (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 6);
  • en réponse à la contestation de l’autorité d’un gang (Nations Unies 2024-07-03, 6);
  • en réponse aux rivalités entre des groupes criminels (chancelier 2025-01-29; Nations Unies 2024-07-03, 6);
  • en l’absence de dissuasion de la part de l’État [traduction] « associée à un sentiment d’impunité » (chancelier 2025-01-29);
  • en raison de relations amoureuses (RNDDH 2018-06-08; chancelier 2018-06-18) ou [traduction] « pour régler des griefs personnels liés à la fierté ou aux femmes » (CDA 2015-05, 6);
  • pour des motifs politiques (Défenseurs plus 2018-06-07; chef de projet 2018-05-29) ou lorsque [traduction] « des politiciens cherchent à contrôler des quartiers » afin d’obtenir les votes des « populations mécontentes » qui vivent sous l’autorité des gangs (chancelier 2025-01-29).

D’après le rapport du CARDH, « [d]ans certains cas », Bwa Kale est utilisé par des personnes, alliées à des policiers et à d’autres acteurs inconnus, pour se venger et « régler des comptes avec des tiers » avec lesquels ils ont divers conflits qui ne sont pas réglés (2023-07-03, paragr. 7).

Le HCDH signale que des personnes sont prises pour cible par les groupes criminels [version française des Nations Unies] « pour avoir prétendument informé la police ou les autorités, ou pour s’être opposées aux activités de gangs » (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 11). La même source souligne que, dans les communes de Carrefour et de Gressier, les gangs ont exercé des [version française des Nations Unies] « représailles » contre « la collaboration présumée avec la police » en procédant à des exécutions et à des « mutil[ations] » (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 6). Dans le rapport publié par le BINUH en juillet 2024, on peut lire que, entre le 1er avril et le 30 juin 2024, 28 résidents de Cité Soleil ont été tués par les gangs de la coalition Viv Ansanm pour [version française des Nations Unies] « avoir contesté leur "autorité" », notamment pour « avoir pris des photos de membres de gangs, avoir commis des vols mineurs ou avoir tenté de quitter le quartier » (Nations Unies 2024-07-03, 6). Dans un autre cas dont il est fait état dans le même rapport, un gang appelé Kraze Baryè a exécuté et blessé [version française des Nations Unies] « au moins » 10 personnes « lors de tirs indiscriminés ou en représailles pour avoir contesté son "autorité" » dans ses zones d’activité (Nations Unies 2024-07-03, 6).

Selon l’ACLED, la violence meurtrière a augmenté en 2023 en partie parce que les gangs et les groupes criminels ont riposté aux attaques de plus en plus fréquentes des justiciers (2024-01-17). Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), une ONG haïtienne engagée dans l’éducation en matière de droits de la personne et la surveillance de la police et du système judiciaire haïtiens (RNDDH s.d.), signale que les auteurs d’un massacre à Pont-Sondé dans l’Artibonite en octobre 2024 [version française du RNDDH] « reprochaient à la population de cette localité de s’être acoquinée avec » les membres d’un groupe d’autodéfense qui « tentent de circonscrire » les activités criminelles de Gran Grif (2024-10-04, 1). De même, International Crisis Group (Crisis Group) souligne que Gran Grif a affirmé que l’attaque avait été menée [traduction] « en représailles à la coopération de la population locale avec les justiciers » (2024-10). Dans un article de la GI-TOC publié en octobre 2024, on peut lire que les [version française de la GI-TOC] « tensions » avaient été « exacerbées » dans les semaines précédant l’attaque, après que Gran Grif eut affirmé que les résidents « collabor[aient] avec un groupe d’autodéfense qui s’opposait à l’extorsion » et « empêcha[it] les checkpoints et le racket de fonctionner [sans encombre] » dans la région (2024-10-09).

3.2 Attaques contre les quartiers résidentiels et les populations civiles

Dans un article publié en avril 2024, l’Associated Press (AP) signale que [traduction] « [p]lus de » 95 000 personnes avaient fui Port-au-Prince en un mois seulement en raison des attaques des gangs contre des quartiers résidentiels contrôlés par des groupes rivaux (2024-04-21). L’ACLED fait observer que les gangs et les groupes criminels utilisent la violence contre les habitants des quartiers résidentiels pour [traduction] « assujettir » les quartiers « sous leur contrôle ou faisant l’objet d’un conflit », ou pour prendre pour cible les résidents « qui coopéreraient avec des gangs rivaux ou se soustrairaient à l’autorité du gang dirigeant » (2024-01-17). Par exemple, selon le rapport publié par le BINUH en avril 2024, [version française des Nations Unies] « au moins » 66 personnes résidant dans le quartier de Brooklyn à Cité Soleil, dont des enfants, ont été la cible des coups de feu de tireurs embusqués alors qu’elles vaquaient à « leurs activités quotidiennes », « simplement parce qu’elles vivaient sur un territoire contrôlé par un gang rival » (Nations Unies 2024-04-19, 6).

Il ressort du rapport du HCDH que des gangs ont procédé à des exécutions [version française des Nations Unies] « en plein jour » pour punir des personnes considérées comme travaillant avec la police ou contre les gangs (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 11).

Des sources signalent que, au début du mois d’octobre 2024, des membres du gang Gran Grif ont perpétré un [version française du RNDDH] « massacre » à Pont-Sondé, dans l’Artibonite (Crisis Group 2024-10; RNDDH 2024-10-04, 1). Selon des sources, le nombre de morts s’élève à plus de 70 (RNDDH 2024-10-04, 2) ou à [traduction] « au moins » 115, ce qui en fait « l’un des pires massacre en Haïti depuis des années » (Crisis Group 2024-10). Des sources soulignent que le chef du gang (Crisis Group 2024-10) ou les auteurs du massacre (RNDDH 2024-10-04, 1) ont déclaré que l’attaque avait été motivée par la coopération des habitants de la localité avec les justiciers (Crisis Group 2024-10; RNDDH 2024-10-04, 1).

L’organisation Crisis Group fait observer que, après que la police a repris aux gangs le contrôle de la commune de Petite-Rivière-de-l’Artibonite le 7 décembre 2024, les groupes de défense [traduction] « ont pris pour cible les membres présumés de gangs et les collaborateurs présumés » dans la communauté, et les gangs ont commencé à perpétrer des « attaques de représailles » contre les résidents (2024-12). Des sources soulignent que, dans la nuit du 10 décembre 2024, les membres d’un gang à Petite-Rivière ont tué 9 personnes (AFP 2024-12-11) ou [traduction] « au moins » 20 (Dominican Today 2024-12-12). Des sources ajoutent que les meurtres [traduction] « auraient été commis en représailles » à la résistance de la communauté et de la police au gang (Dominican Today 2024-12-12) ou étaient perçus comme une [traduction] « vengeance » contre les résidents qui avaient aidé la police à reprendre le contrôle de son quartier général (AFP 2024-12-11).

D’après des sources, au début de décembre 2023, dans le quartier de Wharf Jérémie à Port-au-Prince, le gang de Wharf Jérémie, dirigé par Micanor Altès, a tué [version française des Nations Unies] « au moins » 207 résidents (Crisis Group 2024-12; Nations Unies 2024-12-23, 1) ou [traduction] « "au moins" » 110 personnes (ACLED 2024-12-09). Dans un rapport du HCDH et du BINUH, on peut lire que la [version française des Nations Unies] « majorité » des personnes tuées étaient âgées (Nations Unies 2024-12-23, 1). Des sources soulignent que les victimes étaient accusées de [traduction] « recourir à la sorcellerie » (ACLED 2024-12-09) ou de [version française des Nations Unies] « pratiquer le vaudou » [voodoo] (Crisis Group 2024-12; Nations Unies 2024-12-23, 1) et d’avoir causé la maladie de l’enfant du chef du gang (ACLED 2024-12-09; Crisis Group 2024-12; Nations Unies 2024-12-23, 1). Il ressort du rapport du HCDH et du BINUH que les meurtres visaient également les membres de la famille des résidents âgés [version française des Nations Unies] « soupçonnés d’avoir divulgué des informations sur ces crimes aux médias locaux » (Nations Unies 2024-12-23, 1).

D’après le CARDH, le mouvement Bwa Kale a détruit des biens, « particulièrement » des résidences, dans le cadre de « règlements de comptes » (2023-07-03, paragr. 10).

3.3 Attaques contre les autorités de l’État et les infrastructures publiques

Selon l’ACLED, les attaques contre des personnalités publiques, comme des [traduction] « représentants du gouvernement, des juges, des politiciens et des militants », ont été « deux fois plus meurtrières » en 2023 qu’en 2022, un changement qui démontre, en partie, une « volonté croissante » des gangs de faire pression sur les personnes qui « dénoncent les activités des gangs » (2024-01-17). La même source signale que les attaques perpétrées par les gangs contre les forces de sécurité, y compris les postes de police, dans les zones visées à des fins d’expansion territoriale [traduction] « se sont intensifi[ées] » en 2023 (ACLED 2024-01-17). D’après le HCDH, les gangs ont [version française des Nations Unies] « délibérément » incendié les maisons de policiers et de représentants des autorités locales au cours de la période visée par le rapport (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 19).

Le HCDH fait état d’attaques menées par des groupes criminels contre l’aéroport international d’Haïti, l’Autorité portuaire nationale et les Services portuaires des Caraïbes (Caribbean Port Services) en mars 2024 (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 20). Dans le rapport du Groupe d’experts des Nations Unies, il est écrit que la coalition de gangs Viv Ansanm [3] a mené [version française des Nations Unies] « au moins 10 attaques d’envergure » contre le Palais national depuis mars 2024 (Nations Unies 2024-09-30, paragr. 31). La même source fait également état de [version française des Nations Unies] « plusieurs » attaques perpétrées par Viv Ansanm contre des postes de police, des immeubles gouvernementaux et l’hôpital général (Nations Unies 2024-09-30, paragr. 32).

3.4 Actes de violence filmés et diffusion des images

Selon les Country Reports 2023 publiés par les États-Unis, les [traduction] « graves » violations des droits de la personne commises par des groupes criminels « ont été rendues publiques afin de produire un effet psychologique maximal » (É.-U. 2024-04-22, 13). La même source souligne, par exemple, que les membres du gang Canaan ont diffusé des images [traduction] « [d’]eux battant et torturant » des résidents qui avaient manifesté contre la mainmise du groupe sur le quartier de Canaan en août 2023 (2024-04-22, 16). La source ajoute que des images montrant des [traduction] « actes de décapitation, de boucherie et de cannibalisme » ont été diffusées sur les réseaux sociaux « pour terroriser » les autorités et les groupes criminels rivaux (É.-U. 2024-04-22, 16). De même, selon le HCDH, les corps des personnes tuées pour [version française des Nations Unies] « s’être opposées » aux gangs ou avoir agi de connivence avec les autorités ont été « mutilés à coups de machette puis brûlés », et les groupes criminels ont « filmé les scènes et les ont largement partagées sur les réseaux sociaux pour semer la peur et contrôler la population » (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 11).

D’après les Country Reports 2023 publiés par les États-Unis, des groupes de justiciers ont également enregistré et diffusé des vidéos de [traduction] « membres présumés de gangs brûlés vifs » (É.-U. 2024-04-22, 16). Radio-Canada signale que certains membres de gangs ont été forcés d’admettre leurs crimes ou leur association à un gang sur vidéo; [traduction] « [b]on nombre » d’entre eux sont brûlés avec des pneus, « bien souvent alors qu’ils sont encore vivants », ce qui indique des « représailles en nature contre des membres de gangs qui ont nargué la police avec des vidéos des outrages infligés aux corps de policiers tués » (2023-05-08).

3.5 Enlèvements et exécutions

Le chancelier a affirmé que les actes de vengeance commis par les gangs et [traduction] « divers groupes » incluent des exécutions et des enlèvements (chancelier 2025-01-29).

Selon Radio-Canada, les groupes criminels [version française de Radio-Canada] « ont kidnappé des enfants de façon routinière et ont torturé » les personnes qu’ils gardaient prisonnières (2023-05-08). D’après le HCDH, du 1er janvier au 30 juin 2024, [version française des Nations Unies] « au moins » 893 personnes ont été enlevées contre rançon par des groupes criminels, dont 360 étaient des femmes, 13 étaient des garçons et 12 étaient des filles (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 10). La même source ajoute que les [version française des Nations Unies] « enlèvements massifs » dans les transports en commun sont une « pratique omniprésente » qui vise « de manière disproportionnée » les petites productrices et commerçantes de produits agricoles qui utilisent souvent ces transports pour se rendre dans les marchés locaux (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 12). La source fait observer que 35 p. 100 des enlèvements ont eu lieu dans le département de l’Ouest et 65 p. 100 dans celui de l’Artibonite (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 10).

On peut lire dans le rapport publié par le BINUH en avril 2024 que, entre janvier et mars 2024, [version française des Nations Unies] « au moins » 2 505 personnes ont été tuées ou blessées en raison de la violence des gangs, ce qui représente une augmentation de « plus de » 53 p. 100 par rapport au trimestre précédent (Nations Unies 2024-04-19, 4).

Le HCDH souligne que, dans le cadre du mouvement Bwa Kale, les [version française des Nations Unies] « "brigades d’autodéfense" » utilisent des pierres et des machettes pour tuer « des membres présumés de gangs et des individus accusés de délits mineurs » (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 13). D’après le CARDH, des membres du mouvement Bwa Kale ont procédé à des exécutions et ont fait disparaître des personnes (2023-07-03, paragr. 8). L’ACLED signale que, en 2023, les décès dus à des événements liés à des justiciers représentaient 15 p. 100 de la violence politique (2024-01-17). Selon Freedom House, les justiciers du mouvement Bwa Kale ont commencé à [traduction] « lyncher les membres présumés de gangs » en avril 2023 (2024-02-29, sect. F3). L’ACLED ajoute que, le 24 avril 2023 seulement, des [traduction] « hordes de justiciers » ont exécuté « au moins » 57 membres de gangs dans différents quartiers de Port-au-Prince (2024-01-17).

3.6 Violence sexuelle et violence fondée sur le genre

Le chancelier a affirmé que les actes de vengeance commis par les gangs et [traduction] « divers groupes » incluent des « viols en série » (chancelier 2025-01-29).

D’après Radio-Canada, les gangs ont [version française de Radio-Canada] « violé massivement des femmes et des jeunes filles » (2023-05-08). Le HCDH fait remarquer que, dans les trois premiers mois de 2024, le nombre de survivantes de violence fondée sur le genre a [version française des Nations Unies] « quintuplé », passant de 250 à 1 543 (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 16). Le RNDDH écrit, dans un rapport sur la criminalité dans les communes de Gressier et de Carrefour, que, selon les plaintes reçues par le RNDDH et les informations recueillies auprès de 3 organisations situées à Carrefour [4], 46 femmes et filles ont subi de la violence sexuelle à Carrefour et à Gressier entre janvier et juillet 2024 (2024-08-15, paragr. 18-19).

L’organisation Human Rights Watch souligne que les groupes criminels utilisent la violence sexuelle [version française de Human Rights Watch] « pour terroriser la population » et signaler leur « contrôle » sur celle-ci (2024-01-11). Selon des renseignements fournis par des [traduction] « organisations de défense des droits de la personne » cités dans les Country Reports 2023 publiés par les États-Unis, les groupes criminels avaient recours à la violence fondée sur le genre à titre de « "représailles" » contre les résidents des zones contrôlées par d’autres gangs (É.-U. 2024-04-22, 16). De même, il ressort de la preuve recueillie par le HCDH pour les besoins de son rapport que les groupes criminels ont recours à la violence sexuelle pour [version française des Nations Unies] « punir, semer la peur et asservir la population », ce qui inclut des agressions contre des femmes et des filles qui font le trajet à partir de « "quartiers rivaux" » pour aller à l’école ou obtenir des services de base (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 16). L’AP souligne que les résidents qui tentent de quitter Port-au-Prince en autobus risquent de se faire [traduction] « violer ou tuer par des gangs lorsqu’ils traversent des zones contrôlées par des gangs » (2024-04-21).

Le rapport du HCDH fait également état de femmes [version française des Nations Unies] « contraintes à des relations sexuelles abusives » avec des membres de groupes criminels; celles qui refusaient étaient « tuées en plein jour » (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 16).

Pour obtenir des renseignements additionnels sur la violence sexuelle et la violence fondée sur le genre commise par les gangs et les groupes criminels en Haïti, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information HTI201783 publiée en février 2024.

3.7 Extorsion

Selon l’indice de criminalité de la GI-TOC, le racket d’extorsion et le [version française de la GI-TOC] « chantage à la protection » de la part des gangs, qui prennent pour cible les entreprises et les personnes importantes sur leurs territoires, sont en augmentation en raison de la montée de la violence et du pouvoir des gangs, ainsi que de la « disponibilité des armes »; à Port-au-Prince, « [l]e refus de payer les extorsions a conduit à des meurtres brutaux » (2023, 3). Le Groupe d’experts des Nations Unies a mené une entrevue avec un résident de Port-au-Prince appartenant à la communauté LGBTQI+ qui était [version française des Nations Unies] « constamment soumis à des actes de harcèlement et d’extorsion de la part de membres de gangs »; après qu’il a été incapable de payer les sommes exigées parce qu’il avait perdu son emploi, les membres du gang sont entrés chez lui et « ont violenté son partenaire », ce qui a poussé les deux hommes à quitter Haïti (Nations Unies 2024-09-30, paragr. 123).

On peut lire dans les Country Reports 2023 publiés par les États-Unis que des organisations de la société civile et de défense des droits de la personne ont signalé que des Haïtiens retournés dans leur pays [traduction] « étaient détenus illégalement par les autorités gouvernementales qui cherchaient à obtenir des pots-de-vin en échange de leur mise en liberté » (É.-U. 2024-04-22, 7-8).

4. Profil des personnes prises pour cible

Le chancelier a affirmé que les actes de vengeance visent notamment les personnes qui

  • ont été témoins ou [traduction] « pourraient être témoins » d’actes violents;
  • « se retrouvent par inadvertance » dans un quartier contrôlé par un gang;
  • « dénoncent la présence de gangs dans leur quartier » (2025-01-29).

La même source a ajouté que d’autres groupes étaient visés, notamment les policiers qui font respecter la loi et affrontent les gangs, les procureurs publics, les dirigeants de la société civile qui expriment publiquement leur opposition aux gangs, les journalistes et les anciens membres de gangs [traduction] « qui abandonnent leur groupe et leur quartier » (chancelier 2025-01-29).

4.1 Personnes qui retournent dans leur pays et personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur le traitement réservé aux Haïtiens qui retournent dans leur pays après une longue absence ou qui déménagent dans d’autres régions du pays.

Pour obtenir des renseignements sur le traitement réservé par la société, les groupes criminels et les autorités aux ressortissants haïtiens qui retournent en Haïti après une longue absence, particulièrement à ceux qui reviennent du Canada, et des renseignements indiquant si leur retour représente une menace pour la sécurité des membres de leurs familles en Haïti, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information HTI201784 publiée en février 2024.

Selon l’indice de criminalité de la GI-TOC, les migrants haïtiens, y compris ceux qui reviennent de la République dominicaine, du Brésil, du Mexique, des États-Unis ou des Bahamas, [version française de la GI-TOC] « se retrouvent souvent sans abri et sont stigmatisés par leur famille et la société » (2023, 3).

Les renseignements contenus dans le paragraphe suivant ont été fournis par le HCDH au sujet des personnes déplacées en Haïti.

[version française des Nations Unies] « De nombreuses » personnes déplacées à l’intérieur du pays sont exposées à des « risques majeurs en matière de protection » en Haïti. « [E]nviron » 75 p. 100 des refuges pour personnes déplacées à Port-au-Prince sont situés dans des zones « contrôlées par des gangs ou dans des zones à haut risque, où l’activité des gangs est répandue », et les groupes criminels y ont pénétré « [p]lusieurs » fois lors « [d’]incursions meurtrières ». En outre, dans les 3 premiers mois de 2024, « au moins » 216 cas de violence sexuelle, tels que « des viols collectifs de filles et de garçons de moins de 5 ans », ont été signalés dans les refuges pour personnes déplacées à Port‑au‑Prince. Des personnes déplacées ont également été tuées ou blessées lors de tirs croisés entre les gangs et la police (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 22).

4.2 Civils et résidents

D’après l’ACLED, 53 p. 100 de tous les actes de violence [traduction] « liés aux gangs » répertoriés en Haïti en 2023 visaient des civils (2024-01-17). Dans un rapport trimestriel publié par le BINUH en juillet 2024, on peut lire que, entre avril et juin 2024, les groupes criminels 400 Mawozo, Canaan et Chen Mechan [5] ont continué [version française des Nations Unies] « d’attaquer les populations » de Canaan, de Duval, de Lilavois et de Santo (Croix-des-Bouquets), et ont tué des résidents en raison de leur « soutien présumé à des groupes rivaux » ou à la police (Nations Unies 2024-07-03, 6). De même, le HCDH fait observer que, dans les communes de Carrefour et de Gressier, les gangs ont [version française des Nations Unies] « mutilé » et exécuté en public des résidents pour les punir d’avoir collaboré avec la police (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 6).

Selon le rapport publié par le BINUH en juillet 2024, [version française des Nations Unies] « [c]ertains » enfants ont été exécutés par des groupes criminels en raison de leur « soutien présumé à des gangs rivaux ou à la police », tandis que d’autres ont été « lynchés et tués par des membres de la population » après avoir été accusés de « délits mineurs » (Nations Unies 2024-07-03, 8).

Selon Freedom House, les gangs ont commis des [traduction] « meurtres par vengeance » en « représailles » aux actes des participants au mouvement Bwa Kale (2024-02-29, sect. F3).

Dans le rapport du CARDH, il est écrit que, en ce qui concerne les exécutions et les disparitions, le mouvement Bwa Kale prend pour cible des personnes qui ont des liens familiaux avec des « présumés membres de gangs » ou dont les biens (restaurant, club, etc.) ont été utilisés par lesdits membres de gangs (2023-07-03, paragr. 8).

4.3 Police et autorités de l’État

Il ressort du rapport du HCDH que, après la formation de la coalition de gangs Viv Ansanm à la fin de février 2024, les affrontements entre gangs ont diminué, alors que les [version française des Nations Unies] « institutions clés de l’État et les infrastructures stratégiques » à Port-au-Prince ont été la cible « [d’]attaques coordonnées » (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 4). Il est écrit dans le même rapport que, de mars à juin 2024, après que des [version française des Nations Unies] « chefs de gangs notoires » se sont évadés des deux principales prisons de Port-au-Prince, il y a eu une augmentation « des menaces et des attaques » des groupes criminels contre les autorités de l’État, comme des magistrats et des policiers, ainsi que les membres de leur famille (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 17).

Dans le rapport publié par le BINUH en juillet 2024, on peut lire que des membres du système judiciaire sont la cible [version française des Nations Unies] « de menaces et d’attaques »; « [a]u moins » cinq magistrats et avocats ont été assassinés dans les départements de l’Artibonite et du Nord, et « [d]’autres » magistrats ont reçu des menaces « en raison d’enquêtes qu’ils mènent sur des affaires sensibles » (Nations Unies 2024-07-03, 10). D’après Amnesty International, en mai 2023, des [version française d’Amnesty International] « individus armés » ont tiré sur la voiture d’un éminent juge qui s’était occupé d’affaires de corruption (2024-04-24, 190).

L’organisation Crisis Group signale que, [en mars 2024], des groupes criminels ont pris la police pour cible lors d’attaques menées contre [version française de Crisis Group] « plus d’une douzaine de postes de police », ainsi que contre l’académie de police et le quartier général de la police; ils ont aussi pillé et incendié la résidence d’un chef de police (2024-03-21). Le HCDH a recensé [version française des Nations Unies] « au moins » 22 organisations publiques et 16 commissariats et sous-commissariats de police qui ont été la cible d’attaques de gangs entre mars et juin 2024 à Port-au-Prince et dans le département de l’Artibonite (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 5). Entre le 1er janvier et le 30 juin 2024, le HCDH a répertorié 53 agents des forces de sécurité de l’État qui ont été tués ou blessés en raison de la violence des gangs (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 10). La même source souligne que, au début de juillet 2024, deux policiers ont été tués chez eux à Carrefour après qu’ils ont refusé de quitter la région, malgré les menaces des gangs contre les policiers habitant la commune (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 30).

4.4 Membres de gangs et membres présumés de gangs

D’après Radio-Canada, les groupes de justiciers prennent pour cible les membres présumés de gangs; par exemple, dans les premiers jours du mouvement Bwa Kale, [version française de Radio-Canada] « certains ont même été traînés à l’extérieur de postes de police » par des foules « avant d’être tués dans la rue » (2023-05-08). Toutefois, on peut lire dans le même article que des [traduction] « victimes innocentes » sont parfois identifiées à tort comme des membres de gangs, notamment un policier qui a été « lynché à Saint-Louis-du-Nord » en mai 2023 parce qu’il a été « pris à tort pour un membre de gang » après qu’il a tiré sur deux personnes et les a blessées lors d’une bagarre (Radio-Canada 2023-05-08). En outre, le chancelier a affirmé que, quand des informateurs des gangs dans les quartiers visés par des gangs se font attraper par des groupes de justiciers, [traduction] « ils sont souvent battus à mort ou subissent d’autres conséquences physiques » (2025-01-30).

Dans le rapport du CARDH, qui couvre la période allant du 24 avril au 24 juin 2023, il est écrit que le mouvement Bwa Kale est actif dans 8 des 10 départements haïtiens et a tué 204 « présumés bandits et proches de gangs »; 77,45 p. 100 de ces décès ont eu lieu dans le département de l’Ouest, 11,76 p. 100 dans le département de l’Artibonite et 5,88 p. 100 dans le département de Grande-Anse (2023-07-03, paragr. 5). D’après Freedom House, les justiciers du mouvement Bwa Kale prennent pour cible les [traduction] « membres présumés de gangs » et ont exécuté « plus de 420 personnes » entre janvier et septembre 2023 (2024-02-29, sect. F3).

4.5 Journalistes

Le HCDH fait observer que, de mars à juin 2024, à la suite de l’évasion de [version française des Nations Unies] « chefs de gangs notoires » des deux principales prisons de Port-au-Prince, il y a eu une augmentation « des menaces et des attaques » des groupes criminels contre les journalistes (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 17).

Dans les Country Reports 2023 publiés par les États-Unis, on peut lire que les journalistes qui ont font des reportages sur la violence des gangs [traduction] « craignaient de subir des représailles de la part des gangs », en partie à cause des meurtres suivants commis par des « individus armés » :

  • un journaliste à la radio a été tué en avril 2023 à Carrefour, un quartier « contrôlé par les gangs » à Port-au-Prince;
  • un journaliste de Radio-Télé Evolution Inter a été tué à Saint-Marc en avril 2023;
  • un présentateur à la radio a été tué « près du quartier de Canaan contrôlé par les gangs » en mai 2023 (É.-U. 2024-04-22, 18).

5. Capacité de retrouver des personnes

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur la capacité des personnes à retrouver des gens afin de se venger.

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches en 2018, des sources ont affirmé que les agresseurs se servent principalement du bouche-à-oreille pour trouver leurs victimes (Défenseurs plus 2018-06-07; professeur adjoint 2018-06-01). Des sources ont également fait remarquer que les auteurs d’actes de vengeance prennent en compte les réseaux des personnes prises pour cible, y compris les réseaux informels dans le quartier de la personne visée (directeur exécutif 2018-06-05) ou les [traduction] « réseaux individuels » (chancelier 2018-06-18).

Selon le chancelier, [traduction] « la plupart des gangs » comptent « beaucoup sur des informateurs individuels, appelés "antennes" », le bouche-à-oreille et les réseaux d’information pour combler leurs besoins en matière de renseignements, y compris pour trouver des personnes (2025-01-30). La même source a ajouté que les descentes effectuées par les gangs dans les quartiers ou les résidences [traduction] « sont souvent orchestrées avec l’aide de ces informateurs »; en outre, la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) d’Haïti signale que des antennes ont été « stratégiquement établies » dans diverses régions, y compris dans des régions rurales comme le Sud d’Haïti et l’Artibonite (chancelier 2025-01-30).

Le chancelier a écrit que [traduction] « certains » gangs ont « infiltré la police » pour recruter des informateurs parmi ses agents, et a déclaré que, dans la dernière semaine de janvier 2025, « la police a révélé un complot inquiétant impliquant un policier d’une unité d’intervention d’élite à Pétion-Ville qui collabore avec les gangs » (2025-01-30).

Dans le rapport publié par le BINUH en juillet 2024, on peut lire que, [version française des Nations Unies] « en particulier » à Port-au-Prince et dans le département de l’Artibonite, les groupes criminels ont établi de « nombreux "points de contrôle" » le long des routes nationales 1, 2 et 3, ce qui « entrav[e] » la liberté de circulation; il est « extrêmement dangereux » de franchir ces points de contrôle, et les résidents qui le font risquent de subir de l’extorsion et d’être violés, enlevés et tués (Nations Unies 2024-07-03, 9). La même source signale que des points de contrôle ont été mis en place par le [version française des Nations Unies] « groupe "d’autodéfense" » Caravanne, établi à Carrefour, où des crimes « similaires » sont commis (Nations Unies 2024-07-03, 9). D’après le chancelier, les groupes de justiciers et les gangs utilisent les points de contrôle pour [traduction] « repérer des cibles potentielles » (2025-01-30).

6. Protection offerte par l’État

Le chancelier a affirmé que le système judiciaire [traduction] « inefficace », la police « faible », l’absence d’État de droit et de sécurité publique, le gouvernement « illégitime » et l’impunité généralisée pour les crimes commis « ont tous contribué à créer une situation où la société est accablée par la vengeance organisée » de divers acteurs, y compris les gangs, les groupes d’autodéfense et les personnes menant des vendettas personnelles (chancelier 2025-01-29).

Dans son indice de criminalité de 2023, la GI-TOC signale que l’incapacité de l’État haïtien de répondre aux besoins de base de ses citoyens [version française de la GI-TOC] « a permis à la gouvernance criminelle de s’implanter dans la société » et a amené des « groupes de type mafieux » à jouer le rôle « d’acteurs quasi-étatiques, parfois à la demande de représentants de l’État » (2023, 5). Selon Amnesty International, l’impunité pour les [version française d’Amnesty International] « violences généralisées » dans le pays est « pratiquement absolue » (2024-04-24, 190). De même, Freedom House signale qu’une [traduction] « culture de l’impunité dans l’application de la loi » a eu pour conséquence que l’État offre « peu » de protection contre la violence (2024-02-29, sect. F3). En outre, selon la même source, les centaines de groupes armés qui contrôlent [traduction] « plus de 75 p. 100 » de Port-au-Prince sont à leur tour « généralement contrôlés par des acteurs politiques » (Freedom House 2024-02-29, sect. B1).

En ce qui concerne le système judiciaire du pays, il est écrit dans le rapport publié par le BINUH en juillet 2024 qu’il se trouve dans un état de [version française des Nations Unies] « paralysie » en raison de la situation en matière de sécurité et des « grèves répétitives des magistrats et personnels judiciaires », qui ont fait que les tribunaux ont été « fonctionnels pendant à peine dix jours » entre octobre 2023 et juin 2024 (Nations Unies 2024-07-03, 9). Le HCDH signale que la corruption est [version française des Nations Unies] « l’une des principales causes profondes de la faiblesse de l’État de droit et de la violence qui en découle en Haïti » (Nations Unies 2024-09-26, paragr. 33). Selon l’indice de criminalité de la GI-TOC, le système judiciaire en Haïti est [version française de la GI-TOC] « miné de problèmes » qui compliquent la lutte contre le crime organisé, notamment la « ma[uvaise] » formation et les « faibles salaires » des juges, qui les rendent « vulnérables à la corruption » (2023, 5).

L’organisation InSight Crime fait observer que les forces de sécurité haïtiennes sont embourbées dans [traduction] « la corruption, l’inefficacité, les liens avec les gangs et le manque chronique de personnel et de financement », qui sont exacerbés par « l’absence d’un gouvernement élu fonctionnel », de sorte qu’elles sont « peu supervisées ou orientées » (2023-03-21). De même, le chancelier a déclaré que la police d’Haïti [traduction] « manque d’équipement, est débordée et n’est pas adéquatement formée », et a ajouté que l’institution se concentre sur « réagir aux crimes de gangs médiatisés, tels que des massacres et d’autres formes de violences publiques » (chancelier 2025-01-29). Dans son indice de criminalité, la GI-TOC écrit que les forces policières, y compris l’unité de lutte contre les gangs, sont [version française de la GI-TOC] « débordées » par les groupes criminels et n’ont pas les ressources nécessaires pour résoudre les enquêtes, ce qui contribue à une « culture de l’impunité » (2023, 5). Dans le rapport publié par le BINUH en juillet 2024, on peut lire que, en raison de [version française des Nations Unies] « la violence des gangs et les attaques » contre les biens et le personnel de la police, l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IGPNH) n’a pas pu enquêter sur les violations des droits de la personne « impliquant des éléments de la police » entre avril et juin 2024 (Nations Unies 2024-07-03, 10).

Selon des personnes survivantes citées par Crisis Group, la police [traduction] « n’a pas réussi à contrer ou à empêcher » le massacre perpétré en octobre 2024 à Pont-Sondé, dans l’Artibonite (2024-10). De même, selon le RNDDH, malgré le fait que des rumeurs concernant l’attaque prévue [version française du RNDDH] « circulaient » dans la communauté depuis « plus de » 2 mois, la police n’est pas intervenue et est arrivée « plus de » 24 heures après les faits (2024-10-04, paragr. 15, 18).

La GI-TOC signale que, en l’absence de l’État, des groupes de justiciers ont vu le jour pour protéger leurs quartiers, alors qu’ils mènent [traduction] « paradoxale[ment] » des opérations qui sont « intimement liées aux forces policières », de manière officielle et non officielle (2024-02, 15). Officiellement, les groupes de justiciers [traduction] « coopèrent » avec la police pour « traquer les membres de gangs » et sécuriser leur communauté, et la police coopère avec les groupes de justiciers pour accroître sa légitimité auprès des résidents, recueillir des renseignements et assurer sa présence « par l’intermédiaire d’un partenaire agissant en son nom »; de manière non officielle, les personnes interrogées dans l’article ont affirmé que les policiers sont également impliqués dans des groupes de justiciers actifs à l’endroit où ils habitent et qu’ils accomplissent leur « devoir public en uniforme pendant une partie de la journée, avant de devenir des justiciers, habillés en civil, pendant une autre partie de la journée » (GI-TOC 2024-02, 15).

Selon la GI-TOC, la protection des victimes et des témoins de crimes est [version française de la GI-TOC] « quasiment inexistante en Haïti, ce qui crée un climat de peur dans toute la société » (2023, 6).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Notes

[1] InSight Crime est un groupe de réflexion et organe de presse qui étudie le crime organisé dans les Amériques (Insight Crime s.d.).

[2] En novembre 2023, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) a annoncé qu’il cessait toutes ses activités en réponse au « [d]anger [i]mminent » menaçant son personnel et « attend que des mesures de protection soient prises pour qu’il puisse continuer à les mener » (2023-11-22).

[3] Viv Ansanm est une coalition des [version française de l’ACLED] « principales factions de gangs » – G-9 et G-Pèp – de Port-au-Prince, et a été formée en septembre 2023 (ACLED 2024-10-16).

[4] Les 3 organisations qui ont fourni des renseignements sont Òganizasyon Fanm k ap Konbat pou Lavi Miyò (OFAKOLAM), Jeunesse Combattante (JECO) et [version française du RNDDH] « l’Organisation féministe » Nègès Mawon (RNDDH 2024-08-15, paragr. 19).

[5] Pour obtenir des renseignements sur les principaux groupes criminels en Haïti, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information HTI201332 publiée en juin 2023.

Références

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InSight Crime. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 2024-12-17]

Institut interuniversitaire de recherche et de développement (INURED). S.d. « Mission ». [Date de consultation : 2025-01-30]

International Crisis Group (Crisis Group). 2024-12. « CrisisWatch: Tracking Conflict Worldwide ». [Date de consultation : 2024-12-16]

International Crisis Group (Crisis Group). 2024-10. « CrisisWatch: Tracking Conflict Worldwide ». [Date de consultation : 2024-12-16]

International Crisis Group (Crisis Group). 2024-03-21. Diego Da Rin. « Will a New Government Halt Haiti's Nosedive? ». [Date de consultation : 2024-12-16]

Nations Unies. 2024-12-23. Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) & Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Haiti Flash Report (23 December 2024): 207 People Executed by the Wharf Jérémie Gang (Port-au-Prince). [Date de consultation : 2025-01-23]

Nations Unies. 2024-09-30. Conseil de sécurité. Final Report of the Panel of Experts on Haiti Submitted Pursuant to Resolution 2700 (2023). (S/2024/704) [Date de consultation : 2024-01-13]

Nations Unies. 2024-09-26. Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH). Situation of Human Rights in Haiti. Interim Report of the United Nations High Commissioner for Human Rights. Advance Edited Copy. (A/HRC/57/41) [Date de consultation : 2024-12-19]

Nations Unies. 2024-07-03. Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Quarterly Report on the Human Rights Situation in Haiti: April – June 2024. [Date de consultation : 2024-12-12]

Nations Unies. 2024-04-19. Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Quarterly Report on the Human Rights Situation in Haiti: January – March 2024. [Date de consultation : 2025-01-13]

Professeur adjoint. 2018-06-01. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Radio-Canada. 2023-05-08. Radio Canada International (RCI). Evan Dyer. « In Haiti, a Grassroots Vigilante Movement Is Fighting Back Against Gang Warfare ». [Date de consultation : 2025-01-10]

Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). 2024-10-04. Massacre at Pont-Sondé: National Human Rights Defense Network (RNDDH) Demands Immediate Protection of the Population from State Authorities. (RNDDH - Com.P/A2024/No2) [Date de consultation : 2025-01-17]

Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). 2024-08-15. Murders, Rapes, Looting, and Arson in Carrefour and Gressier Under the Indifferent Gaze of the New State Authorities. [Date de consultation : 2024-12-23]

Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). 2018-06-08. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). S.d. « Who We Are & What We Do ». [Date de consultation : 2025-01-23]

Autres sources consultées

Sources orales : Centre d’étude et de coopération internationale; professeur agrégé dans une université aux États-Unis dont les recherches portent principalement sur la politique et la violence à Port-au-Prince.

Sites Internet, y compris : Al Jazeera; AyiboPost; Austrian Red Cross – Austrian Center for Country of Origin & Asylum Research and Documentation, ecoi.net; Center for Strategic and International Studies; France – Office français de protection des réfugiés et apatrides; The Guardian; Haitian Bridge Alliance; The Haitian Times; HaitiLibre; Médecins sans frontières; Miami Herald; Nations Unies – Refworld; The New York Times; Le Nouvelliste; Organisation des États américains – Commission interaméricaine des droits de l’homme; Radio France internationale; Reporters sans frontières; Reuters; Rezo Nòdwès; US Institute of Peace; Washington Office on Latin America.

Associated documents