Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada
1. Situation sécuritaire et criminalité
1.1 Insécurité
Des sources soulignent que l'insécurité s'est aggravée en Haïti [en 2022] (Défenseurs plus 2023-01-13a; RNDDH 2023-01-12; BAI & IJDH 2022-12, 1, 2). Certaines parlent d'un niveau de violence ou d'insécurité [traduction] « sans précédent » (The Guardian 2023-01-12) ou « à son comble » (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 3). Des sources signalent que plusieurs pays, dont le Canada, le Mexique et l'Espagne, ont fermé leur ambassade en Haïti en septembre 2022 en raison de l'insécurité (AFP 2022-09-15; HaïtiLibre 2022-09-15). Le 21 décembre 2022, la vice-secrétaire générale des Nations Unies a déclaré au Conseil de sécurité qu'Haïti était « plongé dans une crise d'une ampleur et d'une complexité sans précédent » et a souligné « la violence des gangs, qui paralyse le pays et entrave la libre circulation des personnes, des biens et de l'aide humanitaire », en plus de signaler que « [c]ette violence a alimenté la résurgence du choléra, accru l'insécurité alimentaire à des niveaux inimaginables, entraîné le déplacement de 155 000 personnes et perturbé l'éducation de milliers d'enfants » (Nations Unies 2022-12-21). D'après plusieurs sources, cette insécurité affecte la vie de nombreux Haïtiens jusque dans leur quotidien le plus banal, notamment à Port-au-Prince (Al Jazeera 2023-01-02; BBC 2022-12-11; IJDH & BAI 2022-12, 1). Des sources font état de blessés par balles perdues (BBC 2022-12-11; France 24 2022-11-11). Orla Guerin, une correspondante internationale principale de la BBC qui a séjourné en Haïti, rapporte ce qui suit au sujet de la capitale :
Ceux qui vivent ici ont une carte mentale, divisant cette ville grouillante en zones vertes, jaunes et rouges. Le vert signifie qu'il n'y a pas de gangs, le jaune peut être sûr aujourd'hui et mortel demain, et le rouge est une zone interdite. La zone verte se réduit à mesure que les gangs lourdement armés resserrent leur emprise (BBC 2022-12-11).
1.1.1 Personnes déplacées
D'après un rapport de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de personnes déplacées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince – qui comprend notamment Port-au-Prince, Delmas, Croix-des-Bouquets, Cité Soleil, Carrefour, Pétion-Ville et Tabarre – s’élevait en novembre 2022 à 155 166, ce qui représentait 77 p. 100 de plus qu'en août 2022; et dans 97 p. 100 des cas, le motif de leur déplacement était la violence urbaine (Nations Unies 2022-12-28). Des sources signalent que ces personnes doivent [« très souvent » (RNDDH 2023-01-12)] se réfugier dans des camps de fortune ou des espaces publics (RNDDH 2023-01-12; Nations Unies 2022-10-13, paragr. 39), où elles ne reçoivent pas d'assistance des autorités (RNDDH 2023-01-12).
1.2 Territoire
Selon des sources, la violence et l'insécurité sont les plus importantes à Port-au-Prince (RNDDH 2023-01-12; HRW 2023-01-12) ou dans tout le département de l'Ouest (Défenseurs plus 2023-01-13a). Mais des sources signalent que la violence et l'insécurité s'étendent désormais au-delà de la région de la capitale nationale (RNDDH 2023-01-12; BAI & IJDH 2022-12, 2; Nations Unies 2022-10-13, paragr. 19). Certaines parlent de l'ensemble du pays (Défenseurs plus 2023-10-13a; Crisis Group 2022-12-14, 1; GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 12).
Parmi les régions où les gangs sont maintenant plus actifs, des sources indiquent le département de l'Artibonite (Défenseurs plus 2023-01-13a; RNDDH 2023-01-12; Nations Unies 2022-10-13, paragr. 19, 38). D'autres mentionnent le département du Nord (Défenseurs plus 2023-01-13a) ou la ville de Cap-Haïtien dans le nord (The New Humanitarian 2022-11-24). Défenseurs plus, un collectif à but non lucratif qui défend les droits de la personne en Haïti « pour parvenir à un véritable État de droit démocratique » (Défenseurs plus s.d.), a ajouté les départements du Sud (2023-01-13b), particulièrement dans les villes de Jacmel et des Cayes, qui « commencent à avoir de sérieux problèmes d'insécurité » (2023-01-13a), et du Nord-Ouest (2022-11-24). La même source a signalé, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, que le département du Centre est moins affecté, mais qu'il est difficile de s'y rendre car des gangs sont actifs le long des routes qui y mènent (Défenseurs plus 2023-01-13a). Un rapport [1] publié par l'Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale (Global Initiative Against Transnational Organized Crime – GI-TOC), une organisation indépendante internationale de la société civile qui est à la recherche de stratégies pour contrer le crime organisé (GI-TOC s.d.), signale que les gangs sont présents dans 63 communes [sur 146] du pays, dont « des quartiers vulnérables des zones urbaines, périurbaines et rurales » (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 12).
1.2.1 Entraves à la circulation
Des sources rapportent que les activités des groupes criminels entravent la circulation sur les routes entre Port-au-Prince et les autres régions d'Haïti (RNDDH 2023-01-12; Crisis Group 2022-12-14, 2; BBC 2022-12-11). Le long de ces voies, il arrive que les gangs détournent des camions de marchandises, exigent des montants pour les laisser passer, enlèvent des personnes et les violent ou les tuent (Défenseurs plus 2023-01-13a; RNDDH 2023-01-12). Défenseurs plus a affirmé que les routes nationales 1 [qui va de Port-au-Prince vers le nord] et 2 [de Port-au-Prince vers le sud-ouest] étaient affectées par l'activité des gangs (2023-01-13a). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, la même source a ajouté que la route qui mène vers le Plateau central passe sur le territoire des 400 Mawozo et du gang de Canaan; celle qui mène au nord traverse le territoire du G9 et du gang de Canaan; celle qui va vers le sud coupe le territoire des gangs 5 secondes et Tilapli [Ti Lapli]; et celle qui va vers la République dominicaine passe sur le territoire des 400 Mawozo et du gang de Vitelòm [Vitelhomme, Vitel'Homme] (Défenseurs plus 2023-01-13b). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), une ONG haïtienne engagée dans l'éducation en matière des droits de la personne et la surveillance de ses violations (RNDDH s.d.), a, pour sa part, détaillé ce qui suit :
- [Une route qui passe au sud de Port-au-Prince, à Martissant,] est occupée par trois groupes armés qui sont en conflit depuis juin 2021. À plusieurs reprises des camions de marchandises ont été saisis, des personnes ont été enlevées et/ou tuées et des femmes violées en pleine rue. Les personnes qui empruntent cette voie risquent d'être tuées, blessées, violées ou enlevées. De plus, les chauffeurs sont obligés de payer les bandits pour avoir l'autorisation de circuler sur la route.
- À l'est de Port-au-Prince, la route nationale #8 est contrôlée par le gang 400 Mawozo qui enlève, tue et exige de l'argent des usagers de ce tronçon de route.
- Au nord de la capitale, plus précisément à Canaan et à Cité Soleil, des groupes armés commettent toutes sortes d'exactions empêchant la circulation dans cette zone.
- Au niveau de Morne-à-Cabris, sur la route nationale, il y a encore un groupe de bandits qui occupe cette route.
- [Enfin,] des routes donnant accès à Torcelle et à Laboule 12 sont occupées par des bandits (RNDDH 2023-01-12).
2. Criminalité
2.1 Violence des gangs
Des sources ont rapporté des « massacres » perpétrés par les gangs au cours des six derniers mois [de 2022] (Défenseurs plus 2023-01-13a; RNDDH 2023-01-12).
Au début du mois de juillet 2022, à Cité Soleil, des sources signalent le bilan suivant :
- 221 personnes (Nations Unies 2022-10-13, paragr. 16) ou « [p]lus de » 300 ont été tuées (RNDDH 2022-08-16, paragr. 8);
- « au moins » 52 ou 57 femmes et filles ont été violées, dont certaines à répétition (RNDDH 2022-08-16, paragr. 8; Nations Unies 2022-10-13, paragr. 16);
- 183 personnes ont été blessées (Nations Unies 2022-10-13, paragr. 16);
- « [e]nviron » 3 000 personnes ont dû fuir leur domicile et « au moins » 140 maisons ont été détruites ou incendiées (Nations Unies 2022-07-25).
Selon le RNDDH, la violence était due à des affrontements entre le G9 et le G-Pèp (2022-08-16, paragr. 4).
Des sources signalent aussi les incidents suivants :
- L'assassinat, le 20 août 2022, de deux jeunes filles et de leur mère, tuées puis brûlées à Croix-des-Bouquets (Défenseurs plus 2023-01-13a; Nations Unies 2022-10-13, paragr. 20; RNDDH 2023-01-12) par les 400 Mawozo (RNDDH 2023-01-12).
- En octobre 2022, le village de Noailles, dans Croix-des-Bouquets, a été attaqué par le gang de Vitelòm et par les 400 Mawozo; au cours des affrontements, « au moins » 5 (RNDDH 2023-01-12) ou une « quinzaine » de personnes (AlterPresse 2022-10-20) ont été tuées, une dizaine de maisons ont été incendiées et [« un grand nombre » (AlterPresse 2022-10-20)] de résidents ont dû fuir (RNDDH 2023-01-12; AlterPresse 2022-10-20).
- Le 9 novembre 2022, des affrontements entre les gangs de Jean Denis et de Savien ont causé la mort d'une quinzaine de personnes (Défenseurs plus 2023-01-13a).
- Source-Matelas, dans la commune de Cabaret, a été assailli par des gangs à la fin du mois de novembre 2022 et, au cours de cette attaque, [70 (RNDDH 2023-01-12) ou une « vingtaine » de (AlterPresse 2022-12-02)] personnes ont perdu la vie, des dizaines de maisons ont été détruites (RNDDH 2023-01-12; AlterPresse 2022-12-02) et 34 femmes et filles ont été violées (RNDDH 2023-01-12).
Défenseurs plus a affirmé avoir enregistré 1 800 cas d'assassinats au cours de l'année 2022 (2023-01-13a). Lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies du 24 janvier 2023, la représentante spéciale du secrétaire général en Haïti et cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a évoqué une moyenne de quatre meurtres par jour en 2022 dus à la violence « des bandes », ce qui représente une hausse de 33 p. 100 par rapport à 2021 (Nations Unies 2023-01-24a). Des sources datant de 2022 et 2023 font entre autres état de meurtres commis par des tireurs embusqués (Nations Unies 2023-01-24b; Haïti Progrès 2022-09-14; HaïtiLibre 2022-09-13).
Le BINUH et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) ont signalé, en octobre 2022, dans un rapport sur les violences sexuelles à Port-au-Prince, que la violence sexuelle, y compris le viol, est utilisée par les gangs comme une « arme » pour répandre la peur, pour consolider leur contrôle du territoire et pour soumettre la population lors d'attaques, d'enlèvements ou lorsqu'une personne franchit les lignes de front (Nations Unies 2022-10, paragr. 3, 6). Human Rights Watch (HRW) signale « [qu'e]ntre janvier et mars 2022, le BINUH a enregistré une moyenne de 98 cas de violences sexuelles par mois, dans les zones de Port-au-Prince sous l'emprise de gangs », en ajoutant que « leur nombre réel est probablement beaucoup plus élevé, dans la mesure où les violences sexuelles restent généralement peu signalées » (2023-01-12). De nombreux cas de viols collectifs ont été signalés (BBC 2022-12-11; Défenseurs plus 2023-01-13a). À la suite du massacre de Cité Soleil, le RNDDH a publié un rapport circonstancié relatant 52 incidents de viols collectifs sur des femmes et des filles (2022-08-16, paragr. 8). Durant ce massacre, selon le BINUH, [traduction], « [p]as moins de 57 femmes et jeunes filles ont été violées chez elles, sur le chemin du travail, pendant qu'elles faisaient leurs courses ou alors qu'elles tentaient de fuir la zone. Dans certains cas, ces actes de violence sexuelle ont eu lieu devant les enfants et les partenaires des victimes » (Nations Unies 2022-10-13, paragr. 42). Dans un rapport sur le viol utilisé comme arme de guerre par les gangs en Haïti, The New Humanitarian rapporte qu'une [spécialiste en prévention de l'exploitation et des abus sexuels pour l'UNICEF (Nations Unies 2022-03-18)] a déclaré ce qui suit : [traduction] « Parler de 10 cas signifie qu'il y en a 1 000 non signalés; parler de 100 signifie qu'il y en a 10 000 » (2022-11-14).
Les enlèvements, selon des sources, sont fréquents en Haïti (RNDDH 2023-01-12; BBC 2022-12-11). Le 24 janvier 2023, le BINUH en dénonçait 1 359 au cours de l'année 2022, le double de l'année précédente (Nations Unies 2023-01-24a). Défenseurs plus en a compté plus de 700 au cours des six derniers mois de 2022 (2023-01-13a). Un rapport du Bureau des avocats internationaux (BAI) et de l'Institute for Justice and Democracy in Haiti (IJDH) [2] souligne, en faisant référence à un article du Nouvelliste qui porte sur le massacre de Cité Soleil, que, « [s]elon des défenseurs des droits humains sur le terrain, les chiffres réels sont beaucoup plus élevés que ceux rapportés, car les gangs menacent d'exécuter les personnes enlevées si leurs familles contactent la police » (BAI & IJDH 2022-12, 3). Le BINUH et le HCDH signalent de même que la plupart des cas ne sont pas signalés (Nations Unies 2022-10, paragr. 43).
Les enlèvements représentent une importante source de revenus pour les gangs grâce aux rançons qui sont demandées contre la libération des victimes (BBC 2022-12-11; Nations Unies 2022-10, paragr. 43). Ces rançons « peuvent aller de 200 $[US] […] à 1 million de dollars », selon la correspondante de la BBC, qui explique que « la plupart des victimes reviennent vivantes – si la rançon est payée – mais [qu']on les fait souffrir » (BBC 2022-12-11). La même source cite un membre d'un organisme des droits de la personne en Haïti qui explique que les « hommes sont battus et brûlés avec des matériaux comme du plastique fondu », et que les « femmes et les filles sont victimes de viols collectifs. Cette situation incite les proches à trouver de l'argent pour payer la rançon. Parfois, les kidnappeurs appellent les proches pour qu'ils puissent entendre le viol se dérouler au téléphone » (BBC 2022-12-11). Selon Défenseurs plus, « [l]e kidnapping passe de nos jours au sein de la société comme un fait divers tant il est répétitif » (2023-01-13a). La correspondante de la BBC témoigne : « Ils règlent l'heure ici. L'heure de pointe du matin – entre 0600 et 0900 – est l'heure de pointe des enlèvements. Beaucoup sont enlevés dans la rue sur le chemin du travail. D'autres sont ciblés à l'heure de pointe du soir – de 15 h à 18 h » (2022-12-11).
Des sources locales ont signalé que toutes les personnes se trouvant sur le passage des gangs sont visées (RNDDH 2023-01-12) ou encore que « partout sur le territoire, une personne est susceptible de se faire kidnapper », mais que les enlèvements se produisent principalement dans le département de l'Ouest (Défenseurs plus 2023-01-13a).
Des sources mentionnent en outre que les gangs commettent des vols et qu'ils détournent des camions de marchandises (Le Nouvelliste 2022-12-27; Défenseurs plus 2023-01-13a; RNDDH 2023-01-12) en plus de s'adonner aux braquages (Défenseurs plus 2023-01-13a; RNDDH 2023-01-12). Selon le RNDDH, ils taxent ou « rançonnent » des entreprises qui se trouvent sur leur territoire et exigent des droits de passage sur les routes qui le traversent, y compris de la part des conducteurs de transports en commun (2023-01-12).
2.2 Personnes ciblées
Des sources rapportent que la violence des groupes criminels menace maintenant tout le monde en Haïti (Défenseurs plus 2023-01-13b; BAI & IJDH 2022-12-10, 2; Nations Unies 2022-10, paragr. 43). Selon le RNDDH,
[d]e nos jours, personne n'est à l'abri des actes criminels des gangs. Toutes personnes se trouvant sur le territoire d'Haïti sont sujettes à toutes sortes d'exactions. Quel que soit votre rang social, votre statut, votre niveau économique, votre appartenance politique ou religieuse, vous êtes une potentielle proie pour les bandits (2023-01-12).
Des sources signalent que les civils peuvent maintenant être considérés comme les premières victimes des gangs (Défenseurs plus 2022-11-24; France 24 2022-11-11). Le BINUH a souligné en octobre 2022 que [traduction] « les populations locales ne sont plus des victimes collatérales des affrontements armés mais [qu'elles] sont directement visées par les gangs » (Nations Unies 2022-10-13, paragr. 38).
Néanmoins, certains profils d'individus se dégagent comme étant plus souvent l'objet de la violence des gangs :
- les femmes et les filles, notamment lorsqu'il s'agit de violences sexuelles, [parfois des enfants (Défenseurs plus 2022-11-24; The New Humanitarian 2022-11-14)] ou des personnes âgées, sans que cela n'exclue que des hommes et des garçons en soient victimes (Nations Unies 2022-10, paragr. 5);
- les personnes dont l'orientation et les caractères sexuels ainsi que l'identité et l'expression de genre (OCSIEG) ne se conforment pas aux normes sociétales, qui subissent aussi des violences (HRW 2023-01-12), notamment sexuelles (Nations Unies 2022-10, paragr. 38);
- les enfants et les adolescents, qui sont visés par le recrutement des gangs (RNDDH 2023-01-12; Nations Unies 2022-10-13, paragr. 44);
- les journalistes (Défenseurs plus 2023-01-13b), qui sont souvent attaqués (HRW 2023-01-12; GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 13);
- les défenseurs des droits de la personne (Défenseurs plus 2023-01-13b; HRW 2023-01-12);
- les policiers, qui sont la cible d'attaques (Défenseurs plus 2023-01-13b; BBC 2022-08-10);
- les travailleurs de la santé, qui sont la cible d'enlèvements (Nations Unies 2022-10, paragr. 10, 43; IMEDIA 2022-10-08; MSF 2022-05-23);
- les membres de la famille des policiers (HaïtiLibre 2022-09-29);
- les membres de la famille des enfants qui refusent de se joindre à un gang (Nations Unies 2022-10-13, paragr. 44).
3. Groupes criminels
3.1 Aperçu
Des sources signalent que le nombre de gangs en Haïti est de plus de 150 (France 24 2022-11-11; InSight Crime 2022-07-18) ou d'environ 200 (BBC 2022-12-11; The New Humanitarian 2022-11-14). Une centaine de gangs opèrent à Port-au-Prince (The Guardian 2023-01-12; GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 6).
Les sources rapportent que les gangs s'affrontent pour contrôler le territoire (HRW 2023-01-12; The Guardian 2023-01-12; Défenseurs plus 2022-11-24; DW 2022-08-10). Selon le rapport publié par la GI-TOC, « [p]ar le passé, les gangs avaient tendance à rester dans les limites de leur quartier. Cependant, dans tout le pays […], les affrontements violents entre bandes rivales sont de plus en plus fréquents, avec des conséquences graves pour la population civile » (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 13).
3.2 Principaux groupes criminels et leurs territoires
Lorsqu'interrogées au sujet des gangs les plus puissants à l'heure actuelle en Haïti, des sources locales ont répondu ainsi :
- Le RNDDH a nommé le G9 an fanmi e Alye (G9), Baz 5 segonn/Village de Dieu [5 secondes], 400 Mawozo, Baz Timakak [Ti Makak], Baz Chen Mechan [Chen Mechan], Gran Ravin [Tilapli], Nan Brooklyn, Baz Pilate, Tibwa [Ti Bwa] et Vitelòm (2023-01-12);
- Défenseurs plus a cité le G9, 5 secondes, 400 Mawozo, Ti Makak, Aji vit, Gran grif, Krache dife, Kris la, Tilapli et Torcel (2023-01-13a).
Des sources datant de 2022 et 2023 font état de deux grandes coalitions de gangs, les alliances rivales du G9 et du G-Pèp, qui s'affrontent en Haïti (RNDDH 2023-01-12; BBC 2022-07-15; Crisis Group 2022-12-09). Selon InSight Crime, une organisation médiatique et cellule de réflexion sur le crime organisé dans les Amériques (InSight Crime s.d.), le G9 serait lié au Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) et le G-Pèp serait soutenu par les opposants politiques de ce parti (2022-07-21). Pour d'autres renseignements au sujet des liens entre les gangs et les acteurs politiques, veuillez consulter la réponse à la demande d'information HTI201064 publiée en juillet 2022. Sur une carte des principaux territoires des gangs de Port-au-Prince et de ses environs, préparée par le service de recherche de la BBC et accompagnant l'article de décembre 2022 d'Orla Guerin, le territoire est divisé entre la coalition du G-Pèp, celle du G9 et les autres groupes (BBC 2022-12-11). Parmi les principaux gangs haïtiens, le BAI et l'IJDH nomment en outre les 400 Mawozo et Chen Mechan (2022-12, 2). Sur une carte des principales zones de Port-au-Prince contrôlées par les gangs, Les Observateurs de France 24, dans une émission pour laquelle des journalistes en France ont contacté « des dizaines d'Haïtiens, vivant dans le pays et à l'étranger », signalent pour leur part « cinq d'entre eux, parmi les plus puissants » : G9, G-Pèp, 400 Mawozo, Chen Mechan et 5 secondes (France 24 2022-11-11).
Les articles de France 24 et de la BBC, ainsi que le rapport publié par la GI-TOC, incluent des cartes de la région de Port-au-Prince et des gangs contrôlant ces territoires (BBC 2022-12-11; France 24 2022-11-11; GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 17).
3.2.1 G9 [G9 an fanmi/G9 an fanmi e alye/G9 en famille et alliés]
Le G9, selon InSight Crime, était composé en juillet 2022 de neuf gangs [traduction] « puissants » de Port-au-Prince : Belekou, Nan Boston, Baz Nan Chabon, Delmas, Baz Krache Dife, Baz Pilate, Simon Pelé, Nan Ti Bwa et Waf Jérémie (2022-07-18). En janvier 2023, le RNDDH a affirmé que les gangs Lasaline et Chen Mechan en faisaient aussi partie (2023-01-12). Selon le rapport publié par la GI-TOC, le G9 continue « [d']absorber d'autres » gangs (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 13).
Jimmy Cherizier [Cherisier, Cerisier, Cerizier], alias Barbecue [BBQ], est le chef du G9 (Défenseurs plus 2023-01-13a; RNDDH 2023-01-12). InSight Crime le désigne comme [traduction] « sans doute la personne la plus puissante en Haïti » depuis la mort de Jovenel Moïse (2022-11-24). Il a été frappé de sanctions par le Conseil de sécurité des Nations Unies en octobre 2022 pour « "atteintes graves" » aux droits de la personne et « "actes menaçant la paix, la sécurité et la stabilité" » en Haïti (Nations Unies 2022-10-21).
Selon InSight Crime en juillet 2022 et le RNDDH en janvier 2023, les chefs des gangs faisant partie du G9 étaient les suivants :
Gang | InSight Crime (2022-07-18) | RNDDH (2023-01-12) |
---|---|---|
Belekou | Andris Icard, alias Iska | Iscar Andrice |
Nan Boston | Cendy Marcellin, alias Zoé | Mathias |
Nan Chabon | Serge Alectis, alias Ti Junior | - |
Delmas | Jimmy Chérizier, alias Barbecue | Jimmy Chérizier, alias Barbecue |
Krache dife | James Alexander, alias Sonson | - |
Simon Pelé | Albert Stevenson, alias Djouma | - |
Nan Ti Bwa | Christ-Roi Chéry alias Krisla | Christ-Roi Chéry alias Krisla |
Waf Jérémie | Jean Emiliano Micanor, alias Micano | Monel Felix alias Roi Mikanò |
Les deux sources nomment aussi Ézéchiel ou Ezeckiel Alexandre comme chef de Baz Pilate (InSight Crime 2022-07-18; RNDDH 2023-01-12).
Selon le rapport publié par la GI-TOC, le G9 compte dans ses rangs « d'anciens policiers et des policiers en service, de[s] jeunes ayant appartenu au parti Lavalas, la base politique du PHTK issue des quartiers populaires, des personnes expulsées et d'anciens soldats » (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 16).
Des sources rapportent que la principale activité du G9 est l'extorsion (BBC 2022-12-11; InSight Crime 2022-07-18). La BBC souligne qu'il « est connu pour saisir les camions transportant des marchandises et extorquer des entreprises » (2022-08-10). En septembre 2022, le G9 s'est emparé du terminal pétrolier de Varreux [et a interrompu la distribution de carburant (Al Jazeera 2023-01-02)] pour réclamer la démission d'Ariel Henry (Crisis Group 2022-12-14, 2; HaïtiLibre 2022-10-01). Ce blocage a paralysé le pays et sérieusement aggravé sa situation humanitaire (BBC 2022-12-11; Défenseurs plus 2022-11-24). Les autorités ont repris le contrôle du terminal de Varreux au début du mois de novembre 2022 (Al Jazeera 2023-01-02; CNN 2022-11-06), à la suite de présumées négociations avec les criminels qui ont été niées par le gouvernement (CNN 2022-11-06).
Selon un rapport du RNDDH cité par InSight Crime, 11 organisations criminelles de Port-au-Prince entretiennent des [traduction] « relations amicales » et de « soutien » avec le G9 et, ensemble, ils sont désignés comme le « G20 » (InSight Crime 2022-07-18). Selon le rapport publié par la GI-TOC, ces liens feraient partie d'une stratégie visant à étendre l'influence du G9 dans d'autres régions du pays (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 17).
Des sources affirment que la zone d'influence du G9 se concentre à Port-au-Prince (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 16; InSight Crime 2022-07-18). Dans le rapport publié par la GI-TOC en octobre 2022, on peut lire que les gangs rassemblés dans le G9 « exercent leur pouvoir dans la capitale principalement, et notamment dans les communes de Delmas, Pétion Ville et une partie de Carrefour, grâce à des alliances avec d'autres gangs qui contrôlent des quartiers de certaines communes du département de l'Ouest » (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 16). En janvier 2023, le RNDDH a signalé que le gang de Krisla [Tibwa] était présent à Carrefour, que les gangs Nan Boston, Nan Belekou et Warf Jérémie étaient à Cité Soleil, que le G9 était à Delmas, Tibwa, à Martissant, et Baz Pilate, à Portail Léogane (RNDDH 2023-01-12). Des sources soulignent enfin que le G9 domine le territoire côtier de la capitale (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 16) ou le territoire où se situent les ports côtiers et les terminaux pétroliers, ce qui lui fournit un important avantage pour exercer un contrôle sur l'économie du pays (BBC 2022-08-10).
3.2.2 G-Pèp [G-Pep, GPEP]
Le G-Pèp est décrit dans les sources comme une fédération de gangs qui s'oppose au G9 (Haïti Liberté 2022-07-13; InSight Crime 2022-11-24; RNDDH 2022-08-16, paragr. 1). Son chef est Jean Pierre Gabriel [Gabriel Jean Pierre], alias Ti Gabriel [ou Gabo] (Haïti Liberté 2022-07-13; RNDDH 2022-08-16, paragr. 1). Des sources signalent que le G-Pèp est associé à l'opposition (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 18) au PHTK (InSight Crime 2022-11-24).
Le rapport publié par la GI-TOC signale que le G-Pèp combat les gangs membres du G9 à Cité Soleil depuis 2020 (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 18). D'après le RNDDH, le massacre de Cité Soleil en juillet 2022 serait le résultat de leur rivalité sur ce territoire (2022-08-16, paragr. 1, 4).
Le rapport publié par la GI-TOC signale que les 400 Mawozo se sont « alignés » avec le G-Pèp lorsque leur chef a été extradé aux États-Unis, en mai 2022 (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 13, 18). Le RNDDH a, pour sa part, affirmé en janvier 2023 que les deux groupes étaient des alliés (2023-01-12). Selon le rapport publié par la GI-TOC, cette coalition serait considérée « comme une étape en matière d'expansion de la capitale vers d'autres régions d'Haïti » (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 13). Selon InSight Crime, Cité Soleil a longtemps été un bastion du G-Pèp (2022-07-21).
3.2.3 400 Mawozo
Un article de la BBC portant sur la guerre des gangs à Port-au-Prince présente les 400 Mawozo comme « un des gangs les plus redoutés de la capitale » (2022-08-10). Selon le rapport publié par la GI-TOC, il est considéré « le plus grand [gang] d'Haïti » (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 17). Des sources signalent que le groupe est reconnu comme l'auteur de nombreux enlèvements en 2021 (AlterPresse 2023-01-10; The Washington Post 2021-12-16). Ses chefs, Joseph Wilson, alias Lanmò San Jou, et Jermaine Stephenson, alias Gaspiyay, font l'objet de récompenses offertes par le gouvernement américain en échange d'informations pouvant mener à leur arrestation (AlterPresse 2023-01-10; HaïtiLibre 2022-11-08). Sans fournir plus de détails, le rapport publié par la GI-TOC affirme que, selon une étude qu'elle a menée, le groupe est si populaire qu'il a établi une liste d'attente pour le recrutement (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 4). Selon la même source, il est composé « de personnes expulsées, d'anciens dirigeants d'organisations d'opposition populaires, d'anciens passeurs et contrebandiers de bas étage à la frontière haïtiano-dominicaine, ainsi que de policiers » (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 18). Des sources datant de 2022 et 2023 mentionnent que les 400 Mawozo sont alliés au G-Pèp (RNDDH 2023-01-12; GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 13, 18; InSight Crime 2022-05-20).
Selon un article de la BBC paru en août 2022, les 400 Mawozo est le gang « qui contrôle la plus grande partie du territoire » (2022-08-10). Des sources mentionnent que les 400 Mawozo contrôlent Croix-des-Bouquets [à l'est de Port-au-Prince] (BBC 2022-12-11; InSight Crime 2022-11-24; The Haitian Times 2022-09-12). Le rapport publié par la GI-TOC décrit ainsi son territoire en octobre 2022 :
Le gang est principalement basé dans la périphérie de la commune de Ganthier, dans l'est de l'arrondissement de Croix des Bouquets, et dans des communes de Port-au-Prince, comme Tabarre, et des quartiers résidentiels de Pétion Ville, comme Vivy Michel, Belvil et Pernier. Il possède des antennes à Gros Morne, dans le nord d'Haïti, et en République dominicaine (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 17, 18).
La BBC mentionne de même que le groupe contrôle la route qui mène en République dominicaine, en plus de l'accès au nord du pays (2022-08-10).
3.2.4 Chen Mechan
Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information au sujet du gang Chen Mechan. Le RNDDH l'a nommé parmi les gangs les plus puissants [en date de janvier 2023] en Haïti et a rapporté que son chef était « Steevenson ou encore Claudy Célestin, alias Chen Mechan » (2023-01-12). Selon des sources, le groupe fait partie du G9 (RNDDH 2023-01-12; InSight Crime 2022-05-20). Il a affronté les 400 Mawozo en avril 2022 dans la Plaine du Cul-de-Sac (RNDDH 2023-01-12). Pour d'autres renseignements au sujet de la rivalité entre les Chen Mechan et les 400 Mawozo, veuillez consulter la réponse à la demande d'information HTI201064 publiée en juillet 2022. Le territoire de Chen Mechan apparaît sur des cartes disponibles en ligne (France 24 2022-11-11; GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 17). Selon le RNDDH, il se situe autour de Croix-des-Missions, dans la commune de Tabarre (2023-01-12).
3.2.5 Gang 5 secondes [Village de Dieu, Izo, Izo 5 segond, 5 segonn]
Le chef de 5 secondes est Izo (Défenseurs plus 2023-01-13a; HaïtiLibre 2022-10-09; RNDDH 2023-01-12), alias Johnson André (RNDDH 2023-01-12). Le RNDDH a également désigné Emmanuel Salomon, alias Manno, comme un autre chef du groupe (2023-01-12). Selon le rapport publié par la GI-TOC, le groupe est composé « de jeunes gens issus des bidonvilles de la zone métropolitaine. La majorité d'entre eux sont d'anciens membres de brigades d'autodéfense et d'organisations populaires proches de Fanmi Lavalas » (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 18). Le groupe, selon la même source, a pour principales activités les enlèvements et les détournements de véhicules de marchandises et, avec le gang Grand Ravine [ou Tilapli], il contrôle la plupart des files de mototaxis (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 18). Le Guardian rapporte qu'en juin 2022, il a occupé le Palais de justice de Port-au-Prince (2022-09-18). En octobre 2022, il a attaqué la zone des Moulins d'Haïti, à Canaan, à la sortie Nord de Port-au-Prince (InSight Crime 2022-10-13; HaïtiLibre 2022-10-09). Défenseurs plus a signalé qu'il était rival du gang de Tilapli, mais allié du « gang de Torcel » (2023-01-13a).
La zone d'influence du gang est illustrée sur des cartes disponibles en ligne (BBC 2022-08-10; GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 17; France 24 2022-11-11). Des sources rapportent que le gang 5 secondes est présent à Village de Dieu (Le National 2023-01-20; RNDDH 2023-01-12; InSight Crime 2022-06-16). Selon certaines sources, il occupe aussi la zone de Martissant (RNDDH 2023-01-12; GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 18) ou l'accès au sud du pays [à partir de Port-au-Prince] (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 18; InSight Crime 2022-10-13; BBC 2022-08-10). Le rapport publié par la GI-TOC signale qu'il dispute la zone de Martissant aux gangs Grand Ravine et Ti Bwa (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 14). Le RNDDH a ajouté pour sa part qu'il était également actif à Lafiteau et Canaan (2023-01-12). L'attaque sur les Moulins d'Haïti, en octobre, a été interprétée par certaines sources comme une tentative du gang de prendre le contrôle de la sortie nord de la zone métropolitaine (InSight Crime 2022-10-13; HaïtiLibre 2022-10-09). Le Projet de données sur les lieux et les incidents de conflits armés (Armed Conflict Location & Event Data Project – ACLED) [3], citant un article de Radio France internationale (RFI), rapporte que le groupe rivalise avec d'autres gangs dans la région de Cabaret, au nord de la capitale, pour le contrôle du port de Lafiteau, la zone industrielle qui l'entoure et la route nationale 1, qui mène au département de l'Artibonite (ACLED 2022-12-07).
3.2.6 Les gangs par départements
Deux sources locales, interrogées au sujet de la présence des groupes criminels sur le territoire, l'ont ainsi décrite :
Arrondissement | Commune | Gangs selon Défenseurs plus (2023-01-13a) |
Gangs selon le RNDDH (2023-01-12) |
---|---|---|---|
Arcahaie | Cabaret | 5 secondes/Village de Dieu Big-C Bogi |
|
Croix-des-Bouquets | Croix-des-Bouquets | 400 Mawozo Canaan |
400 Mawozo Vitelòm 5 secondes/Village de Dieu |
Cornillon | 400 Mawozo | ||
Port-au-Prince | Carrefour | Kris la Tibwa |
|
Cité Soleil | G-Pèp G9 Brooklyn |
||
Delmas | G9 Krache dife |
G9 | |
Pétion-Ville | Ti Makak Bristou Torcel 2,5,7 |
Timakak Vitelòm |
|
Port-au-Prince | 5 secondes Tilapli Kris la |
5 secondes/Village de Dieu G9 Gran Ravin Tibwa Baz Pilate Maxime Auguste |
|
Tabarre | Torcel | Vitelòm Chen Mechan |
Arrondissement | Commune | Gangs selon Défenseurs plus (2023-01-13a) |
Gangs selon le RNDDH (2023-01-12) |
---|---|---|---|
Artibonite | Jean Denis | ||
Dessalines | Petite-Rivière de l'Artibonite | Gran grif Palmis Kokorat San Ras |
Savien |
Gonaïves | Polda | Kokorat San Ras | |
Gros Morne | Gros Morne |
Arrondissement | Commune | Gangs selon Défenseurs plus (2023-01-13a) |
Gangs selon le RNDDH (2023-01-12) |
---|---|---|---|
Port-de-Paix | 3 millions Krache dife Bon diri Trois rivières |
3 million |
3.3 Puissance des gangs
Quoique des sources locales avancent que les gangs contrôlent maintenant tout le territoire de Port-au-Prince et de ses environs (Le Nouvelliste 2022-12-27; Défenseurs plus 2022-11-08), d'autres parlent plutôt de 60 p. 100 de la capitale (Crisis Group 2022-12-09; AP 2022-10-28).
Des sources affirment que l'État perd le contrôle du territoire en Haïti au profit des gangs (Défenseurs plus 2023-01-13a; AFP 2023-01-10). Certaines signalent que les groupes criminels mettent de plus en plus souvent la main sur des infrastructures économiques (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 3, 12; Crisis Group 2022-12-14, 2), « notamment les marchés, les ports et les routes principales » (Crisis Group 2022-12-14, 2). Le rapport publié par la GI-TOC souligne ce qui suit :
Les gangs se sont également emparés de pans entiers de l'économie haïtienne. Ils se livrent non seulement à des enlèvements, des descentes dans les entreprises et au vol de nourriture, de carburant et d'autres fournitures, mais ont également pris le contrôle de secteurs clés de l'activité économique, tirant des revenus des douanes, des marchés publics, des réseaux de distribution d'eau et d'électricité, et des stations de bus et de taxis collectifs (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 4).
Plusieurs sources soulignent « [l']impunité » avec laquelle les groupes criminels peuvent agir en Haïti (Défenseurs plus 2023-01-13a; Nations Unies 2022-10, paragr. 4; France 24 avec l'AFP 2022-07-26). Une responsable de programme du RNDDH, interviewée par RFI, parle d'une « impunité érigée en système » (RFI 2023-01-03). Le rapport du BAI et de l'IJDH, en se basant sur des sources traitant de la corruption en Haïti, signale que « [l]'impunité chronique […], notamment en raison de la corruption du gouvernement et de la collusion avec les gangs, facilite et aggrave les crises de gouvernance, et est une cause directe de l'insécurité rampante » (2022-12, 1, renvois omis).
Des sources soulignent en outre que les groupes criminels en Haïti ont accès à des armes puissantes (Crisis Group 2022-12-14, 1; Nations Unies 2022-10, paragr. 4) ou qu'ils sont mieux armés que les force de sécurité (DW 2022-08-10).
4. Protection offerte par l'État
4.1 Police et système judiciaire
Plusieurs sources signalent par ailleurs que la Police nationale d'Haïti (PNH) n'est plus en mesure de rivaliser avec les gangs (Défenseurs plus 2023-01-13a; Le Nouvelliste 2022-12-27; Nations Unies 2022-10-13, paragr. 17). Elle est en défaut de ressources (Miami Herald 2023-01-09; France 24 avec l'AFP 2022-07-26). Les policiers, en plus d'être eux-mêmes la cible des gangs, voient ceux-ci attaquer les postes de police et s'emparer de leurs armes (The New Humanitarian 2022-11-14; GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, 12). À la suite de l'assassinat de six de leurs collègues par des membres de gangs à Liancourt, [en Artibonite], en janvier 2023, les policiers ont manifesté leur mécontentement dans les rues de Port-au-Prince (AFP 2023-01-26; RFI 2023-01-27) et ont déclaré ne plus avoir confiance dans les autorités de l'État (RFI 2023-01-27). Le RNDDH a publié le 26 janvier 2023 un rapport sur les « assassinats en série d'agents-tes de la PNH » dans lequel il signale la mort de 18 agents depuis le début de l'année (2023-01-26, paragr. 3).
Les gangs profitent aussi de la corruption de certains policiers ainsi que de la protection de divers acteurs politiques, d'après le RNDDH :
Lors des conflits entre des gangs rivaux, des blindés de la PNH sont souvent mis à la disposition du gang proche du pouvoir en place pour combattre son adversaire. À titre d'exemple : en 2020, lors d'un massacre à Bel Air puis en avril 2022 lors du conflit entre Chen Mechan et 400 Mawozo à la Plaine du Cul-de-Sac, des blindés ont été donnés à Jimmy Chérizier alias Barbecue pour aller en renfort au groupe armé Chen Mechan, allié de G-9 an fanmi e alye.
Récemment, soit en juillet 2022, des engins lourds du Centre national d'équipements (CNE) ont été mis à la disposition de G-9 an fanmi e alye pour démolir des bâtiments et creuser des passages pour atteindre le fief du Caïd de G-Pèp, Gabriel Jean Pierre alias Gabo/Tigabriel (2023-01-12).
Des sources signalent enfin que le système judiciaire haïtien est dysfonctionnel (Défenseurs plus 2023-01-13a; BAI & IJDH 2022-12). HRW, dans son rapport pour 2022, signale que la Cour de cassation ne peut rendre de décisions, que la nomination de nouveaux juges est bloquée, qu'à la suite de la prise du Palais de justice de Port-au-Prince, des éléments de preuve irrécupérables ont disparu, que le nombre de procès qui ont pu se tenir entre octobre 2021 et septembre 2022 est d'environ 200, et que dans certaines régions, aucun procès n'a eu lieu depuis trois ans (2023-01-12).
4.2 Pouvoir étatique
Les sources parlent de plus en plus d'une « absence » ou d'une inexistence de l'État en Haïti (Défenseurs plus 2023-01-13a; The Guardian 2023-01-12; AFP 2023-01-10). HRW signale, « [qu'e]n 2022, en raison de la longue crise politique, sécuritaire et humanitaire qui frappe Haïti, toutes les branches du gouvernement sont restées inopérantes » (2023-01-12). Des sources ont souligné en janvier 2023 qu'avec l'expiration, le 9 janvier, du mandat des dix derniers sénateurs en exercice, Haïti, qui n'a pas réussi à organiser des élections, se retrouve avec plus un seul élu au pouvoir (Nations Unies 2023-01-24a; AFP 2023-01-10). Jacqueline Charles, journaliste du Miami Herald qui couvre Haïti depuis plus de 10 ans (Miami Herald s.d.), résume la situation ainsi :
[traduction]
Aujourd'hui, […] il existe peu d'entités constitutionnelles, hormis la [PNH], qui est mal équipée et en difficulté, une armée reconstituée et la Cour des comptes et du contentieux administratif, dont les mandats de 10 ans des membres arrivent également bientôt à expiration. Il n'y a pas de commission électorale fonctionnelle, pas de Cour suprême fonctionnelle, pas de Cour constitutionnelle.
Il n'y a pas un seul élu dans tout le pays de près de 12 millions d'habitants – pas un membre du conseil, pas un maire et certainement pas un président.
Il ne reste donc qu'Ariel Henry comme premier ministre, […] qui n'a jamais été ratifié par la loi [et qui] est devenu le leader intérimaire du pays lorsque Jovenel Moïse, le dernier président élu, l'a chargé de mener à bien les opérations quotidiennes en tant que chef du gouvernement peu avant son assassinat le 7 juillet 2021 (Miami Herald 2023-01-09).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Notes
[1] « Une équipe de recherche haïtienne qui souhaite rester anonyme pour des raisons de sécurité a mené l'enquête et rédigé [ce] rapport. Les entretiens publiés dans ce rapport ont été réalisés au cours de l'année 2021 par une seconde équipe de chercheurs locaux, qui souhaitent également rester anonymes pour des raisons de sécurité »; le rapport a été complété par des chercheuses de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC), lequel organisation a aussi publié le rapport (GI-TOC & chercheurs haïtiens 2022-10, ii).
[2] L'Institute for Justice and Democracy in Haiti (IJDH) est une organisation à but non lucratif située aux États-Unis et le Bureau des avocats internationaux (BAI) est son organisation sœur située en Haïti (BAI & IJDH s.d.).
[3] Le Projet de données sur les lieux et les incidents de conflits armés (Armed Conflict Location & Event Data Project – ACLED) est un organisme à but non lucratif qui mène [traduction] « un projet de collecte de données désagrégées, d'analyse et de cartographie de crise » (ACLED s.d.).
Références
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Autres sources consultées
Sources orales : enseignant-chercheur en anthropologie en Haïti; historien haïtien au Canada; Institute for Justice and Democracy in Haiti; journaliste et rédacteur en chef d'un journal haïtien; journaliste indépendant en Haïti; professeur adjoint en travail social qui a travaillé et enseigné en Haïti.
Sites Internet, y compris : Bertelsmann Stiftung; CBC; Courrier international; États-Unis – Department of State; Global News; Global Protection Cluster – Protection Sector; The Globe and Mail; Haïti – ambassade au Canada, ministère de la Communication; Makyavel Studios; Le Monde; La Presse; Radio-télévision belge de la Communauté française; Rezo Nòdwès; TV5MONDE.