Colombie : information sur la ville de Tunja, y compris la situation en matière de sécurité et la présence de groupes armés et criminels; l'accès au logement, à l'emploi, à l'éducation et aux services de santé (2020-février 2022) [COL200905.EF]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

D'après l'Encyclopaedia Britannica, la ville de Tunja, capitale du département du Boyacá dans le Centre-Nord de la Colombie, accessible par l'autoroute panaméricaine, est un [traduction] « centre pour l'agriculture, le commerce et les communications », avec des mines d'or et d'émeraudes avoisinantes (Encyclopaedia Britannica 12 déc. 2013). Des sources signalent que Tunja figure aussi parmi les villes universitaires de la Colombie (professeure 1er févr. 2022; gestionnaire de projet 31 janv. 2022; Tunja 9 févr. 2022).

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, parmi les 130 629 [traduction] « personnes nécessiteuses » qui se trouvent dans le département du Boyacá, 646 d'entre elles sont des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (PDIP) qui n'ont pas encore surmonté leur « vulnérabilité » (Nations Unies avr. 2021, 16, 17). La même source signale que, en avril 2020, 87 p. 100 des petits exploitants agricoles interrogés dans 20 départements de la Colombie faisaient face à [traduction] « de multiples secousses » ayant une incidence sur la production, la hausse des prix des intrants agricoles étant « un des principaux facteurs »; le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a qualifié de « critique » la situation qui en résulte dans les départements du Córdoba, du Boyacá et du Tolima (Nations Unies avr. 2021, 92).

2. Situation en matière de sécurité
2.1 Possibilité de se rendre à Tunja

Des sources signalent qu'il est difficile de se déplacer en toute sécurité dans la région de la côte du Pacifique en raison de la présence de groupes armés (ACAPS déc. 2021, 12; gestionnaire de projet 31 janv. 2022). D'après ACAPS, un [traduction] « fournisseur d'informations indépendant » qui se spécialise dans « l'analyse et l'évaluation des besoins humanitaires » en situation de crise (ACAPS s.d.), l'accès humanitaire en Colombie s'était [traduction] « détérioré » au cours des six mois précédant décembre 2021, particulièrement dans les départements le long de la côte du Pacifique et de la frontière avec le Venezuela, à cause de disputes territoriales et de « [l]a diversité et [du] nombre élevé de groupes armés » (ACAPS déc. 2021, 12). La même source ajoute que des groupes armés et des cartels ont mis en place des postes de contrôle [traduction] « un peu partout dans » leurs territoires, limitant l'accès à l'aide et aux services humanitaires (ACAPS déc. 2021, 12). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une gestionnaire de projet pour la Colombie chez Equilibrium Social Development Consulting (Equilibrium SDC), qui travaille aussi comme consultante en matière de migration en Colombie, a fait remarquer que, étant donné que le Boyacá est près du centre du pays, la possibilité de se rendre en toute sécurité à Tunja dépend du lieu de départ, et qu'il [traduction] « peut être risqué » de se déplacer depuis la côte du Pacifique ainsi que depuis les départements du Córdoba et du Sucre, à cause des activités des groupes armés organisés dans ces régions (gestionnaire de projet 31 janv. 2022).

Des sources signalent que les migrants en provenance de certaines régions transitent par Tunja pour se rendre dans des villes plus grandes (Caracol Radio 31 janv. 2019; professeure 1er févr. 2022) ou dans d'autres pays d'Amérique latine (Caracol Radio 31 janv. 2019). Au cours d'un entretien avec la Direction des recherches, une professeure à l'Université Santo Tomás à Tunja, qui donne des cours sur le développement local, l'administration publique et les droits de la personne et qui est également chercheuse à l'Observatoire des droits fondamentaux (Observatorio de derechos fundamentales) [1], a signalé qu'il est [traduction] « plus facile » de se déplacer vers Tunja depuis le nord de la Colombie, y compris la côte des Caraïbes, plutôt que depuis le sud, y compris la côte du Pacifique (professeure 1er févr. 2022). La même source a expliqué que, en raison de la proximité géographique du Boyacá et des départements du nord, y compris le Norte de Santander et le Magdalena, et de l'île de San Andrés, et des liens plus étroits entre ces départements, Tunja accueille [traduction] « plus » de migrants en provenance du nord que du sud (professeure 1er févr. 2022). D'après la professeure, les migrants provenant des départements du sud tels que le Cauca, le Chocó, le Nariño et la Valle del Cauca ont tendance à [traduction] « transiter » par Tunja, s'y établissant « rarement » et poursuivant plutôt leur chemin vers Bogotá ou Cali; le climat de Tunja est relativement froid et « la plupart des gens » s'y adaptent difficilement (professeure 1er févr. 2022). Toutefois, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant du Secrétariat de l'administration municipale de Tunja, dont le mandat comprend [traduction] « le maintien de l'ordre public » et la protection des droits de la personne, a déclaré, sans fournir de précisions additionnelles, qu'il est « faisable » pour les migrants des autres régions, y compris celles des côtes du Pacifique et des Caraïbes, de se rendre à Tunja (Tunja 9 févr. 2022).

2.2 Étendue de la violence et de la criminalité

La gestionnaire de projet d'Equilibrium SDC a déclaré que, [traduction] « historiquement », le département du Boyacá, dont la population est majoritairement rurale, a fait face à des « problèmes de sécurité » principalement attribuables à la présence de groupes de guérilleros (gestionnaire de projet 31 janv. 2022). La même source a attiré l'attention sur le fait que le nombre d'agressions contre des civils [traduction] « diminue » depuis la signature de l'accord de paix de La Havane [2]; la situation en matière sécurité est maintenant semblable à celle des autres régions de la Colombie, qui sont en proie à des problèmes de sécurité « répandus » à cause de « crimes de droit commun » (gestionnaire de projet 31 janv. 2022). Toutefois, Sabine Kurtenbach, une politicologue qui s'intéresse particulièrement à la consolidation de la paix et à la transformation des conflits, et Andrés Rodas Vélez, un [traduction] « [a]nthropologue et chercheur dans le domaine de la paix et des conflits » à l'Université Philipps de Marbourg, ont souligné dans un chapitre consacré à des études de cas sur la transformation des conflits en Colombie que le Boyacá a des taux de violence « nettement plus faibles » que ceux d'autres départements de la Colombie (Kurtenbach et Vélez août 2021, 70, 378, 379).

Selon l'Institut national de médecine légale et de sciences judiciaires (Instituto Nacional de Medicina Legal y Ciencias Forenses – INMLCF), un organisme public qui supervise les services judiciaires à l'échelle de la Colombie (Colombie s.d.), il y a eu 7 homicides à Tunja en 2019, soit un taux de 3,97 par 100 000 habitants (Colombie [2020]). La même source signale qu'il y a eu 8 homicides dans la ville en 2020, soit un taux de 4,46 par 100 000 habitants (Colombie [2021a]). La professeure a affirmé que, contrairement à d'autres endroits dans le département du Boyacá et en Colombie, Tunja est [traduction] « pacifique » et qu'il n'y a « pas beaucoup » de violence dans les espaces publics (professeure 1er févr. 2022). Toutefois, un professeur-chercheur à l'Université de Bogotá, interviewé pour un article publié par le réseau de radio colombien Caracol Radio, a cité des statistiques préliminaires de l'INMLCF selon lesquelles, en 2021, il y a eu 59 morts violentes à Tunja, le bilan le plus élevé de toute ville du département du Boyacá (Caracol Radio 30 janv. 2022). Le professeur-chercheur a ajouté que Tunja comptait le nombre le plus élevé d'homicides (9) et de suicides (12) de toutes les villes du département (Caracol Radio 30 janv. 2022). Cependant, l'article attirait aussi l'attention sur le fait que le nombre de morts violentes avait moins augmenté dans le département du Boyacá que dans l'ensemble de la Colombie : 11,92 p. 100 comparativement à 17,34 p. 100 (Caracol Radio 30 janv. 2022).

Le représentant du Secrétariat de l'administration municipale de Tunja a transmis les statistiques sur la criminalité suivantes, recueillies par la police métropolitaine de Tunja pour la période du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2021 :

[traduction]

Homicides : 9

Vols de personnes : 917

Vols de domiciles : 167

Vols de commerces : 247

Vols de motocyclettes : 34

Vols de véhicules : 7

Violence conjugale : 1 407

Crimes sexuels : 134

Préjudices corporels : 745 (Tunja 9 févr. 2022).

La professeure a souligné qu'une [traduction] « grande partie » de la violence à Tunja, y compris la violence conjugale et sexuelle, se produit dans la sphère privée (professeure 1er févr. 2022). La même source a ajouté qu'on [traduction] « commence seulement » à offrir des services de soutien aux victimes de violence conjugale et sexuelle à Tunja (professeure 1er févr. 2022). Dans son évaluation de la situation en matière de droits de la personne en Colombie durant la grève nationale lancée le 28 avril 2021, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) en Colombie signale avoir reçu des informations touchant 60 personnes ayant subi de la violence sexuelle et fondée sur le genre de la part de la police, dont une qui se trouvait à Tunja (Nations Unies déc. 2021, paragr. 1, 121).

Les renseignements contenus dans le paragraphe suivant sont tirés du chapitre écrit par Sabine Kurtenbach et Andrés Rodas Vélez, d'après des renseignements recueillis localement au moyen d'entrevues et de groupes de discussion à Ramiriquí, une municipalité agricole [traduction] « à faible revenu » dans le Boyacá [située à environ 30 km de Tunja] :

[traduction] « [A]u cours des dernières années », la violence à Ramiriquí s'est produite « surtout » dans les foyers, les femmes et les enfants en étant les cibles. « [L']accès aux droits collectifs [à Ramiriquí] est difficile, particulièrement en ce qui touche la violence fondée sur le genre et la stigmatisation de la communauté LGBTI ». Les conflits qui perdurent ont trait « principalement » à des questions environnementales; les personnes interrogées ont signalé que les oléoducs et les gazoducs dans la région nuisent à l'alimentation en eau et posent un risque d'explosions (Kurtenbach et Vélez août 2021, 71).

3. Présence de groupes armés et criminels
3.1 Tunja

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur la présence de groupes armés et criminels à Tunja.

Selon des sources, il n'y a pas de groupes armés et criminels à Tunja (professeure 1er févr. 2022; Tunja 9 févr. 2022). D'après la professeure, Tunja et les municipalités avoisinantes de la région centrale du Boyacá sont [traduction] « pacifiques » et les groupes armés ne sont pas une source de préoccupation (professeure 1er févr. 2022). De même, le représentant du Secrétariat de l'administration municipale de Tunja a déclaré que la police et les autorités militaires n'avaient signalé aucun groupe armé dans les secteurs urbains ou ruraux de Tunja (Tunja 9 févr. 2022). Toutefois, dans un rapport de l'Institut des études sur la paix et le développement (Instituto de Estudios para el Desarrollo y la Paz – Indepaz), une ONG qui milite pour la consolidation de la paix en Colombie (Indepaz s.d.), on signale, sans fournir de précisions additionnelles, que l'Armée de libération nationale (Ejército de Liberación Nacional – ELN) a une présence [traduction] « importante » à Tunja et que « des actions d'une certaine nature » entreprises par le groupe ont été constatées dans la ville en 2018, 2019 et 2020 (Indepaz févr. 2020, 28, 54).

3.2 Département du Boyacá

D'après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, les groupes armés n'ont pas de [traduction] « présence active » ou exercent un « faible niveau d'influence ou d'activité » dans le département du Boyacá (Nations Unies avr. 2021, 69). Sabine Kurtenbach et Andrés Rodas Vélez font observer que, même si la violence entre les groupes criminels a augmenté [traduction] « de façon significative » durant la première vague de restrictions liées à la pandémie de COVID-19 de janvier à avril 2020 dans les départements étudiés — La Guajira, Valle del Cauca, Cauca, Meta et Norte de Santander —, il n'y a pas eu de changement marqué au taux de violence dans le Boyacá (Kurtenbach et Rodas Vélez août 2021, 70).

Toutefois, d'autres sources affirment que des groupes criminels organisés sont présents dans le Nord du Boyacá (FIP 24 mai 2020, 5; professeure 1er févr. 2022). Dans son rapport sur les conflits armés en Colombie durant le premier trimestre de 2020, la Fondation Idées pour la paix (Fundación Ideas para la Paz – FIP), un [traduction] « groupe de réflexion indépendant » mis sur pied par des entrepreneurs colombiens pour contribuer à « une paix stable et durable » en Colombie (FIP s.d.), inclut le Nord du Boyacá dans la liste des régions où il y a des [traduction] « signes » d'un accroissement des violences et des affrontements armés causés par l'arrivée de groupes criminels dans la région (FIP 24 mai 2020, 5). La FIP ajoute que des [traduction] « factions » du groupe armé ELN établies dans le département de l'Arauca se sont étendues dans le Nord du Boyacá, assassinant des leaders sociaux et environnementaux et proférant des menaces à l'encontre de responsables publics (FIP 24 mai 2020, 12). Dans le rapport de l'Indepaz, il est écrit qu'il y a 20 municipalités dans le département du Boyacá où l'ELN mène des activités, dont 5 qui constatent [traduction] « une activité récurrente liée à des disputes ou à la consolidation » (Indepaz févr. 2020, 25-26). La même source ajoute que l'ELN [traduction] « a peut-être consolidé » son emprise sur le département du Boyacá, où il n'y aucune « menace récente » à son « contrôle et [à ses] intérêts », et signale que les activités de l'ELN « s'étendent » dans l'Est du Boyacá « vers » les municipalités de Cubará, Güicán, el Cocuy, Chita, Labranzagrande et Pajarito (Indepaz févr. 2020, 21, 43).

Dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2020 publiés par le Département d'État des États-Unis, on peut lire que, d'après les forces de sécurité, des groupes criminels tels que l'ELN et des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia – FARC) se livrent à [traduction] « l'exploitation minière illégale de l'or, du charbon, du coltan, du nickel, du cuivre et d'autres minéraux » et que le Boyacá était l'un des cinq départements où ces activités minières illégales étaient « particulièrement courantes » (É.-U. 30 mars 2021, 48).

Selon des sources, au moins un leader social a été assassiné dans le département du Boyacá en 2020 (FIP 24 mai 2020, 17; SOMOS [2021]). L'Indepaz fait remarquer que, en 2020, des habitants de la municipalité d'El Cocuy [située dans le nord-est du département] ont signalé avoir subi des déplacements forcés et des [traduction] « exécutions ciblées » attribuables à l'ELN (Indepaz févr. 2020, 43). Le programme Nous sommes des défenseurs (Programa Somos Defensores – SOMOS), qui est dirigé par trois ONG colombiennes et qui vise à protéger les défenseurs des droits de la personne en Colombie [3] (Somos Defensores s.d.), a enregistré un meurtre d'un leader communautaire entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021; en février 2020, le trésorier d'un conseil d'action communautaire dans une agglomération rurale près du village d'El Cocuy a été abattu chez lui par des malfaiteurs [traduction] « soupçonnés » d'appartenir à l'ELN (Somos Defensores [2021]). Pour obtenir des renseignements additionnels au sujet de l'ELN et d'autres groupes criminels qui mènent des activités en Colombie, veuillez consulter les réponses aux demandes d'information COL200696 publiée en juillet 2021 et COL200703 publiée en août 2021.

4. Accès aux services

D'après le HCDH, la présence d'institutions de l'État et d'une infrastructure de services [traduction] « développée » dans le département du Boyacá fait en sorte que ce dernier résiste mieux aux catastrophes et aux situations d'urgence comme la pandémie de COVID-19 (Nations Unies avr. 2021, 69). La gestionnaire de projet d'Equilibrium SDC a souligné que Tunja est dotée d'une [traduction] « infrastructure relativement robuste » à la disposition des nouveaux arrivants (gestionnaire de projet 31 janv. 2022). Sans fournir de précisions additionnelles, le représentant du Secrétariat de l'administration municipale de Tunja a signalé que la ville [traduction] « offre un éventail de services » tenant compte des besoins des citoyens (Tunja 9 févr. 2022). Toutefois, la professeure a déclaré que l'accès aux services est restreint en raison de la forte demande depuis l'afflux de migrants vénézuéliens qui a commencé en 2018 (professeure 1er févr. 2022). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

4.1 Accès au logement

Les renseignements contenus dans le paragraphe suivant ont été fournis par la professeure :

L'accès au logement à Tunja est [traduction] « très difficile » pour les nouveaux arrivants et figure parmi les enjeux les plus « complexes » pour les migrants à Tunja. Des « barrières culturelles » concourent à ce que les résidents locaux ne soient pas « ouverts » aux gens appartenant à un autre groupe ethnique ou possédant une autre nationalité. De plus, « la plupart du temps », les nouveaux arrivants à Tunja doivent connaître quelqu'un qui habite sur place pour les aider à trouver un logement. Par exemple, il y a des annonces dans les journaux pour la location de logements qui comportent des exclusions expresses : « pas de Vénézuéliens ». Les femmes célibataires « en particulier » se heurtent à des obstacles dans leurs recherches d'un logement à Tunja parce que « de nombreux » propriétaires les refusent comme locataires, les percevant comme de « futurs fardeaux potentiels » du fait qu'elles pourraient tomber enceintes (professeure 1er févr. 2022). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Selon des sources, l'Université Santo Tomás à Tunja a une clinique juridique qui vient en aide aux migrants vénézuéliens, notamment en leur offrant des services d'assistance juridique (professeure 1er févr. 2022; Universidad Santo Tomás – Seccional Tunja 23 août 2021) afin de défendre leurs droits en matière d'accès aux services dans la ville, y compris le droit à un logement (professeure 1er févr. 2022). En 2019, Caracol Radio a signalé que des migrants du Venezuela qui s'étaient arrêtés à Tunja avaient dû trouver refuge dans de vieilles maisons abandonnées pour s'abriter du [traduction] « froid extrême à Tunja » (Caracol Radio 31 janv. 2019).

4.2 Accès à l'emploi

D'après les données de la grande enquête intégrée auprès des ménages (Gran Encuesta Integrada de Hogares – GEIH) [4] réalisée par le Département administratif national de statistique (Departamento Administrativo Nacional de Estadística – DANE) de la Colombie, le taux de chômage à Tunja était de 18,6 p. 100 pour la période allant de mai à juillet 2021; la moyenne pour l'ensemble des 23 villes à l'étude était de 16,4 p. 100 (Colombie 31 août 2021, 22). Selon la professeure, le chômage est élevé à Tunja et les emplois sont [traduction] « difficiles d'accès » tant pour les migrants que pour les habitants de l'endroit, même si la situation peut s'avérer moins difficile pour les nouveaux arrivants qui sont des « travailleurs qualifiés » (professeure 1er févr. 2022). La même source a fait remarquer que les premiers employeurs de la ville sont la municipalité et l'université; il y a un [traduction] « petit » secteur agricole et « une certaine activité » dans le domaine touristique, mais les emplois dans le « secteur privé structuré » sont en nombre « très limité » (professeure 1er févr. 2022). D'après les statistiques de la GEIH du DANE, le taux d'emploi dans le secteur non structuré à Tunja était de 44,4 p. 100 pour la période allant de mai à juillet 2021, alors que la moyenne pour l'ensemble des villes à l'étude était de 48,1 p. 100 (Colombie 10 sept. 2021, 3, 5). La professeure a souligné que, depuis l'arrivée des migrants vénézuéliens, le secteur non structuré a pris de l'ampleur dans la ville (professeure 1er févr. 2022).

El Diario, un journal de langue espagnole dont le siège est au Boyacá (El Diario s.d.), écrit que les autorités locales ont consenti [traduction] « divers efforts » pour donner un nouvel élan à l'économie de Tunja et combattre le chômage (El Diario 31 août 2021). De même, la professeure a fait observer qu'il existe des programmes gouvernementaux visant à réduire le chômage à Tunja et à aider les gens à trouver des emplois (professeure 1er févr. 2022). Toutefois, la même source a ajouté que ces programmes gouvernementaux sont [traduction] « inefficaces » (professeure 1er févr. 2022). D'après la gestionnaire de projet d'Equilibrium SDC, le secteur touristique du Boyacá est en expansion, faisant de Tunja une [traduction] « sorte de point d'escale » et créant de l'emploi dans le secteur des services; de plus, le développement des infrastructures municipales a augmenté la demande pour les travailleurs de la construction, les gardiens de sécurité et les opérateurs de machinerie lourde (gestionnaire de projet 31 janv. 2022). Selon les données du DANE, le taux de chômage à Tunja pour la période allant de mai à juillet 2021 a baissé de 6,7 p. 100 comparativement à la même période en 2020 (passant de 25,3 p. 100 à 18,6 p. 100), alors que le taux de chômage moyen pour l'ensemble des villes à l'étude dans la GEIH a baissé de 8,6 p. 100 pour cette même période (passant de 25,0 p. 100 à 16,4 p. 100) (Colombie 31 août 2021, 22).

4.3 Accès à l'éducation

Selon des sources, l'accès à l'éducation est [traduction] « facile » à Tunja (professeure 1er févr. 2022) ou les infrastructures destinées à l'enseignement primaire et secondaire sont [traduction] « amples et suffisantes » (gestionnaire de projet 31 janv. 2022). D'après la professeure, lorsque les Vénézuéliens se sont mis à arriver en plus grand nombre à Tunja en 2018, le système a su [traduction] « s'adapter » et les enfants des migrants continuent d'avoir accès à l'éducation; toutefois, l'accès aux programmes tels que le transport scolaire et les repas servis à l'école a « diminué » (professeure 1er févr. 2022). Par ailleurs, la gestionnaire de projet d'Equilibrium SDC a fait remarquer que le programme des repas scolaires (Programa de Alimentación – PAE) a connu des problèmes et qu'un nouvel arrivant à Tunja ne pourra [traduction] « fort probablement » pas accéder à ces services (gestionnaire de projet 31 janv. 2022).

4.4 Accès aux services de santé

Selon la gestionnaire de projet d'Equilibrium SDC, les services de santé à Tunja [traduction] « ont toujours été suffisants pour la population » de la ville (gestionnaire de projet 31 janv. 2022). La même source a ajouté que les nouveaux arrivants à Tunja peuvent s'inscrire à une des entités de promotion de la santé (Entidades Promotoras de Salud – EPS) [5] de la ville, bien que leurs services ne soient [traduction] « pas réputés pour leur vitesse » (gestionnaire de projet 31 janv. 2022). D'après la professeure, bien que les services de santé soient [traduction] « garantis par la loi » dans les hôpitaux publics en Colombie et que les nouveaux arrivants à Tunja puissent s'attendre à recevoir des services médicaux d'urgence, il est « très difficile » d'avoir accès à tout service qui dépasse les soins de base; par exemple, une femme enceinte aura accès aux services de santé au moment d'accoucher, mais il lui sera très difficile d'accéder aux soins prénataux (professeure 1er févr. 2022). La même source a signalé que [traduction] « beaucoup » ont dû recourir à des moyens légaux pour faire respecter leur droit aux soins de santé (professeure 1er févr. 2022). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Des sources font observer que, dans le contexte des manifestations qui ont débuté le 28 avril 2021 [6], l'accès aux services de santé dans le département du Boyacá est devenu plus difficile (ACAPS juill. 2021, 14; Nations Unies déc. 2021, paragr. 169). Sans fournir de précisions additionnelles, le HCDH signale, suivant des données provenant du ministère de la Défense de la Colombie, que le recours [traduction] « à la force et à la violence » par les forces de sécurité contre les travailleurs et les bénévoles de la santé durant la réponse à la grève nationale du 28 avril 2021 a eu un impact sur l'accès aux services de santé et aux missions médicales dans le Boyacá ainsi que dans plusieurs autres départements (Nations Unies déc. 2021, paragr. 169). Dans un rapport publié par le ministère de la Santé et de la Protection sociale (Ministerio de Salud y Protección Social), on peut lire que, en date du 2 juin 2021, il y avait eu 256 agressions à l'encontre de missions médicales dans le cadre des manifestations sociales ayant lieu à l'échelle du pays [depuis avril 2021], 5 de ces agressions ayant eu lieu dans le Boyacá (Colombie 2 juin 2021). D'après ACAPS, des barrages routiers ont ralenti le transport de médicaments et ont entraîné des pénuries de [traduction] « marchandises de base » dans certaines régions, y compris le Boyacá (ACAPS juill. 2021, 14).

La professeure a souligné que Tunja a un [traduction] « taux élevé » de suicide (professeure 1er févr. 2022). Selon l'INMLCF, 14 cas de suicide ont été signalés à Tunja en 2020, soit un taux de 8,37 par 100 000 habitants (Colombie [2021b]). En guise de comparaison, l'INMLCF fait état d'un taux de suicide pour l'ensemble de la Colombie de 5,21 par 100 000 habitants en 2020 (Colombie [2021b]). D'après un article publié en août 2021 par Siete Días, un quotidien en ligne qui couvre la région du Boyacá (Siete Días s.d.), l'administrateur social (Gestora Social) et le Secrétariat de protection sociale (Secretaría de Protección Social) de la ville ont lancé une nouvelle plateforme en ligne appelée 40 Segundos (40 secondes), qui donne accès à des conseils et à un soutien professionnel en matière de santé mentale grâce à des plateformes de médias sociaux tels que Facebook, Instagram et WhatsApp (Siete Días 19 août 2021). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement sur la fréquence d'utilisation et l'efficacité de cette mesure.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] L'Observatoire des droits fondamentaux (Observatorio de derechos fundamentales) a été créé conjointement par la Faculté de droit et la Faculté de génie des systèmes de l'Université Santo Tomás à Tunja (Universidad Santo Tomás – Seccional Tunja 13 juill. 2020).

[2] L'accord de La Havane est un accord conclu entre le gouvernement de la Colombie et les guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia – FARC) en 2016, à la suite de pourparlers de paix visant à mettre fin à 50 ans de guerre et à permettre au groupe de participer au processus politique (CBC 23 sept. 2016).

[3] Le programme Nous sommes des défenseurs (Programa Somos Defensores – SOMOS) est constitué des ONG de défense des droits de la personne suivantes : Asociación MINGA, Benposta Nation des enfants (Benposta Nación de Muchachos) et la Commission colombienne des juristes (Comisión Colombiana de Juristas – CCJ) (SOMOS s.d.).

[4] La grande enquête intégrée auprès des ménages (Gran Encuesta Integrada de Hogares – GEIH) est une enquête nationale continue qui vise à recueillir des données sur le marché du travail de la Colombie et englobe les 23 capitales et régions métropolitaines de la Colombie, de même que San Andrés (Colombie 31 août 2021, 2).

[5] D'après le site Internet officiel du Secrétariat de planification de district (Secretaría Distrital de Planeación) de Bogotá, les entités de promotion de la santé (Entidades Promotoras de Salud – EPS) recueillent les cotisations et supervisent la mise en oeuvre du plan national de santé obligatoire de la Colombie et sont également chargées de l'inscription au système de sécurité sociale (Bogotá s.d.).

[6] Selon des sources, le mouvement de grève nationale en Colombie, amorcé à la fin d'avril 2021, était une série de manifestations massives déclenchées par la présentation d'un projet de loi introduisant une réforme fiscale, et s'est transformé en un appel en faveur d'autres changements (Atlantic Council 18 juin 2021; CIVICUS 19 mai 2021).

Références

ACAPS. Décembre 2021. Humanitarian Access Overview. [Date de consultation : 26 janv. 2022]

ACAPS. Juillet 2021. Humanitarian Access Overview. [Date de consultation : 26 janv. 2022]

ACAPS. S.d. « In Short ». [Date de consultation : 26 janv. 2022]

Atlantic Council. 18 juin 2021. Camila Hernandez et Jason Marczak. « Colombia's National Strike: Overview of the Situation and Strategies Moving Forward ». [Date de consultation : 7 févr. 2022]

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Caracol Radio. 30 janvier 2022. Caracol Tunja. « Se dispararon las cifras de violencia en Boyacá en el ultimo año ». [Date de consultation : 2 févr. 2022]

Caracol Radio. 31 janvier 2019. Caracol Tunja. « Venezolanos ocupan ilegalmente casas abandonadas en Tunja ». [Date de consultation : 27 janv. 2022]

CIVICUS. 19 mai 2021. « Protests Against Tax Reform Lead Thousands to the Streets in Colombia, Face Brutal Police Repression ». [Date de consultation : 7 févr. 2022]

Colombie. 10 septembre 2021. Departamento Administrativo Nacional de Estadística (DANE). Medición de empleo informal y seguridad social: Trimestre móvil mayo - julio 2021. [Date de consultation : 28 févr. 2022]

Colombie. 31 août 2021. Departamento Administrativo Nacional de Estadística (DANE). Principales indicadores del mercado laboral: Julio de 2021. [Date de consultation : 28 févr. 2022]

Colombie. 2 juin 2021. Ministerio de Salud y Protección Social. « Minsalud presentó informe de ataques a la Misión Médica a cooperantes internacionales ». [Date de consultation : 1er mars 2022]

Colombie. [2021a]. Instituto Nacional de Medicina Legal y Ciencias Forenses (INMLCF). Comportamiento del homicidio en Colombia, año 2020. [Date de consultation : 1er mars 2022]

Colombie. [2021b]. Instituto Nacional de Medicina Legal y Ciencias Forenses (INMLCF). Comportamiento del suicidio en Colombia, año 2020. [Date de consultation : 1er mars 2022]

Colombie. [2020]. Instituto Nacional de Medicina Legal y Ciencias Forenses (INMLCF). Comportamiento del homicidio en Colombia, año 2019. [Date de consultation : 25 janv. 2022]

Colombie. S.d. Instituto Nacional de Medicina Legal y Ciencias Forenses (INMLCF). « ¿Quiénes somos? ». [Date de consultation : 25 janv. 2022]

El Diario. 31 août 2021. « Constant and Resounding Unemployment in Tunja ». [Date de consultation : 27 janv. 2022]

El Diario. S.d. « Quiénes Somos ». [Date de consultation : 2 févr. 2022]

Encyclopaedia Britannica. 12 décembre 2013. « Tunja ». [Date de consultation : 10 janv. 2022]

États-Unis (É.-U.). 30 mars 2021. « Colombia ». Country Reports on Human Rights Practices for 2020. [Date de consultation : 10 janv. 2022]

Fundación Ideas para la Paz (FIP). 24 mai 2020. Dinámicas de la confrontación armada y su impacto humanitario y ambiental: Tendencias en la pandemia. Enero a abril de 2020. [Date de consultation : 10 janv. 2022]

Fundación Ideas para la Paz (FIP). S.d. « ¿Qué hacemos? ». [Date de consultation : 27 janv. 2022]

Gestionnaire de projet, Equilibrium Social Development Consulting (Equilibrium SDC). 31 janvier 2022. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Instituto de Estudios para el Desarrollo y la Paz (Indepaz). Février 2020. Balance sobre las dinámicas del Ejército de Liberación Nacional -ELN- en Colombia 2018, 2019 y 2020-I. [Date de consultation : 19 janv. 2022]

Instituto de Estudios para el Desarrollo y la Paz (Indepaz). S.d. « ¿Quiénes somos? ». [Date de consultation : 2 févr. 2022]

Kurtenbach, Sabine et Andrés Rodas Vélez. Août 2021. « Local Diversity and Case Studies ». The Entanglements of Peace: Reflections on the Long Road of Transformation in Colombia. Sous la direction de Kristina Birke Daniels et de Sabine Kurtenbach. Bogotá : Friedrich-Ebert-Stiftung. [Date de consultation : 26 janv. 2022]

Nations Unies. Décembre 2021. Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH). El Paro Nacional 2021: Lecciones aprendidas para el ejercicio del derecho de reunión pacífica en Colombia. [Date de consultation : 25 janv. 2022]

Nations Unies. Avril 2021. Bureau de la coordination des affaires humanitaires. Panorama de las necesidades humanitarias: Colombia. [Date de consultation : 11 janv. 2022]

Professeure, Universidad Santo Tomás – Seccional Tunja. 1er février 2022. Entretien avec la Direction des recherches.

Programa Somos Defensores (SOMOS). [2021]. « Mapa asesinatos ». [Date de consultation : 25 janv. 2022]

Programa Somos Defensores (SOMOS). S.d. « ¿Quiénes Somos? ». [Date de consultation : 25 janv. 2022]

Siete Días. 19 août 2021. « 40 Segundos, la plataforma de apoyo emocional que salva vidas ». [Date de consultation : 19 janv. 2022]

Siete Días. S.d. Facebook. « About ». [Date de consultation : 2 févr. 2022]

Tunja. 9 février 2022. Secrétariat de l'administration municipale. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

Universidad Santo Tomás – Seccional Tunja. 23 août 2021. Tomás Noticias. « Santoto sigue apoyando a migrantes venezolanos ». [Date de consultation : 1er mars 2022]

Universidad Santo Tomás – Seccional Tunja. 13 July 2020. « 2.2. Proyecto de responsabilidad social 'Observatorio de derechos fundamentales frente a la inclusión, promoción, atención, acompañamiento y defensa de grupos y personas con necesidades especiales o de situaciones de marginalidad y de pobreza de Tunj ». [Date de consultation : 1er mars 2022]

Autres sources consultées

Sources orales : avocat dans une université en Colombie qui se spécialise en droit administratif et du travail; chargée d'enseignement dans une université au Royaume-Uni dont les recherches portent sur le genre, la consolidation de la paix et les droits des victimes des conflits en Colombie; Colombie – Instituto Colombiano de Bienestar Familiar; Corporación de Apoyo a Comunidades Populares; directeur de programme dans une université en Colombie dont les recherches portent sur le rôle de la société civile et la justice transitionnelle dans les régions touchées par des conflits armés en Colombie; Friedrich-Ebert-Stiftung en Colombia; Fundación Solidaridad y Compromiso; MSD Consulting; Open Society Foundations; Première urgence internationale; Profamilia; professeure adjointe dans une université en Colombie dont les recherches portent sur le genre et la politique, la politique nationale et locale ainsi que la gouvernance des villes en Colombie; professeure dans une université au Canada dont les recherches portent sur la mémoire historique et la vie après la violence de masse en Colombie; professeur dans une université en Colombie dont les recherches portent sur l'administration publique et la gouvernance en Colombie; professeure et chercheuse dans une université en Colombie dont les recherches portent sur la réconciliation, le droit international et le système judiciaire en Colombie; Programa Somos Defensores; stagiaire postdoctorale dans un établissement américain dont les recherches portent notamment sur la violence politique, la consolidation de la paix à l'échelle locale et les mouvements sociaux en Colombie.

Sites Internet, y compris : Al Jazeera; Amnesty International; Colombia Reports; Colombie – Instituto Colombiano de Bienestar Familiar, Ministerio de Educación Nacional, Ministerio del Interior; Danemark – Danish Immigration Service; El Espectador; El País; El Tiempo; France – Office français de protection des réfugiés et apatrides; Fundación Paz y Reconciliación; Human Rights Watch; Infobae; International Crisis Group; Nations Unies – Haut Commissariat pour les réfugiés, Refworld; Royaume-Uni – Home Office; Tunja – Alcaldía Mayor, Policía Metropolitana; Washington Office on Latin America.

Associated documents