Sri Lanka : information sur la situation et le traitement réservé aux Tamouls, notamment aux femmes tamoules célibataires; capacité de déménager à Colombo, y compris l'accès au logement, à l'éducation, à l'emploi et aux soins de santé; capacité du gouvernement ou des groupes paramilitaires de retrouver les Tamouls, y compris les femmes tamoules célibataires, après leur déménagement à Colombo, y compris les méthodes utilisées; répercussions de la COVID-19 à Colombo (2020–avril 2022) [LKA200989.EF]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Selon le Sri Lanka Census of Population and Housing, [[traduction] « le plus récent disponible » (Australie 23 déc. 2021, paragr. 3.2)], mené en 2012, les Tamouls du Sri Lanka représentent 11,2 p. 100 des 20,3 millions d'habitants que compte la population du pays alors que les [traduction] « Tamoul[s] indien[s] » représentent 4,2 p. 100 (Sri Lanka 2012). Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (Department of Foreign Affairs and Trade – DFAT) de l'Australie signale que les Tamouls représentent 15 p. 100 des 21,8 millions d'habitants du Sri Lanka et que [traduction] « [p]lus du quart de la population tamoule (et 4,1 p. 100 de la population totale du Sri Lanka) est d'origine indienne et ses membres sont connus sous les noms de Tamouls des plantations, Tamouls des collines ou de Tamouls de l'arrière-pays » (Australie 23 déc. 2021, paragr. 2.6). Minority Rights Group International (MRG) précise qu'il y a deux groupes de Tamouls au Sri Lanka : les [traduction] « "Tamouls sri-lankais" (également appelés "Tamouls de Ceylan" ou "de Jaffna"), qui sont les descendants des groupes d'expression tamoule qui ont émigré du Sud de l'Inde il y a de nombreux siècles et les "Tamouls des collines" (également appelés Tamouls "indiens" ou Tamouls "des plantations", qui descendent d'immigrants relativement récents » (MRG mars 2018).

Des sources remarquent que le tamoul est l'une des langues officielles du Sri Lanka (Australie 23 déc. 2021, paragr. 2.6; É.-U. 12 avr. 2022) ou des langues nationales (MRG mars 2018; É.-U. 12 avr. 2022) et qu'il est parlé par 28,5 p. 100 de la population selon les estimations de 2012 (É.-U. 12 avr. 2022). Selon le DFAT, le tamoul est [traduction] « principalement » utilisé dans le « Nord, l'Est et la région des collines » (Australie 23 déc. 2021, paragr. 2.6). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice exécutive du Law & Society Trust (LST), une organisation à but non lucratif au Sri Lanka qui vise à promouvoir et à protéger les droits de la personne par la recherche juridique et la défense (LST s.d.), a écrit que [traduction] « malgré les dispositions constitutionnelles qui font du tamoul une langue officielle, il est absent de toutes les communications, circulaires, avis, etc. du gouvernement » (directrice exécutive 16 mars 2022).

Selon le recensement de 2012, les [traduction] « Tamouls sri-lankais » représentent 10 p. 100 des 2,3 millions d'habitants de Colombo alors que les « Tamouls indiens » représentent 1,2 p. 100 (Sri Lanka 2012). Le DFAT explique que Colombo [traduction] « a attiré les Tamouls et les musulmans des autres régions du pays à la recherche de plus grandes possibilités économiques. De nombreux Tamouls et musulmans ont également déménagé à Colombo pendant la guerre, pour échapper aux combats dans le Nord et dans l'Est » (Australie 23 déc. 2021, paragr. 3.2). Au cours d'un entretien avec la Direction de la recherche, un professeur adjoint au Collège chrétien de Chennai, en Inde, qui s'intéresse surtout à la paix, aux conflits et à la politique étrangère au Sri Lanka, a affirmé qu'il y a [traduction] « un bon nombre » de Tamouls vivant actuellement à Colombo, dont 4 à 5 p. 100 appartiennent à des castes supérieures (professeur adjoint 21 mars 2022).

2. Situation et traitement des Tamouls

Dans un rapport sur sa mission d'enquête au Sri Lanka menée du 28 septembre au 5 octobre 2019, le ministère de l'Intérieur (Home Office) du Royaume-Uni, en citant ses entrevues avec le Bureau du procureur général (Attorney General's Department) du Sri Lanka, l'Alliance nationale tamoule (Tamil National Alliance – TNA) [un parti politique] et un journaliste, a écrit que les Tamouls [traduction] « ne sont pas expressément pris pour cible et ne sont pas persécutés au simple motif qu'ils sont Tamouls »; toutefois, selon un entretien avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), les Tamouls « subissent de la discrimination tout comme les autres minorités » (R.-U. 20 janv. 2020, paragr. 2.1.1). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure agrégée d'anthropologie à l'Université de Santa Clara en Californie, qui étudie les pratiques liées au genre et à la création de lieux chez les Tamouls au Sri Lanka, a signalé que depuis [traduction] « le retour et la consolidation de la famille Rajapaksa » en novembre 2019 avec l'élection du président Gotabaya Rajapaksa et du premier ministre Mahinda Rajapaksa, il y a eu

des attaques injustifiées contre des civils de la minorité tamoule. En outre, depuis le changement de direction, le gouvernement du Sri Lanka a sans détour fait fi de ses engagements antérieurs en matière de droits de la personne et de justice transitionnelle. Il s'agit notamment de résolutions et d'engagements imposés publiquement par des acteurs internationaux en matière de droits de la personne, y compris les Nations Unies, le Conseil de sécurité des Nations Unies, des organisations internationales de défense des droits de la personne et le Bureau des personnes disparues (Office of Missing Persons – OMP) du Sri Lanka (professeure agrégée 1er avr. 2022).

Human Rights Watch (HRW) précise que depuis que l'actuel [traduction] « gouvernement nationaliste cinghalais » a pris le pouvoir en novembre 2019, il a « adopté des politiques et des pratiques discriminatoires à l'encontre des minorités musulmanes et tamoules du pays » (HRW 2 mars 2021). Dans le Guardian, on peut lire que le Sri Lanka est [traduction] « plus ségrégé que jamais; la majorité bouddhiste cinghalaise est concentrée dans le sud, riche, et les Tamouls sont dans le nord et l'est du pays, moins développés et fortement militarisés » (The Guardian 26 mars 2022). Selon un rapport du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, les minorités tamoules et les musulmanes [version française des Nations Unies] « sont de plus en plus marginalisées et exclues de la vision nationale et de la politique gouvernementale, tandis que le discours clivant et discriminatoire des représentants de l'État au plus haut niveau risque de diviser encore davantage la population et d'attiser la violence » (Nations Unies 9 févr. 2021, paragr. 53). Par exemple, l'Associated Press (AP) a signalé que le gouvernement a [traduction] « refusé de chanter l'hymne national en tamoul » lors des célébrations du Jour de l'indépendance en février 2020 (AP 4 févr. 2020).

La professeure agrégée a signalé que depuis l'indépendance du Sri Lanka en 1948, les Tamouls subissent de la discrimination résultant

[traduction]

  1. de normes sociales de discrimination ethnique;
  2. de mécanismes juridiques permettant de fournir moins de représentation et de ressources à leurs communautés;
  3. de la violence extrajudiciaire directe sanctionnée par l'État, perpétrée sous diverses formes par les forces de l'ordre – y compris la Police, la Force d'intervention spéciale [Special Task Force], l'Armée et la Marine du Sri Lanka (professeure agrégée 1er avr. 2022).

Le professeur adjoint a affirmé que les Tamouls de caste supérieure et les Cinghalais peuvent interagir sans problème; toutefois, les Tamouls qui appartiennent à des castes inférieures sont [traduction] « toujours en concurrence » avec les Cinghalais pour travailler et ils sont « accusés de prendre leurs emplois » (professeur adjoint 21 mars 2022). Le DFAT a écrit que [traduction] « [c]ertains membres de la communauté tamoule font état de discrimination en emploi, en particulier en ce qui concerne les emplois au gouvernement, mais d'autres sources suggèrent que c'est parce que de nombreux Tamouls ne parlent ni cinghalais ni anglais » (Australie 23 déc. 2021, paragr. 3.5). Selon Freedom House, des [traduction] « Tamouls signalent une discrimination systématique dans des domaines tels que l'emploi public, l'enseignement universitaire et l'accès à la justice » (Freedom House 4 mars 2021, sect. F4).

Selon le Guardian, la Loi sur la prévention du terrorisme (Prevention of Terrorism Act – PTA) adoptée en 1979 [traduction] « a été une tache dans le dossier du Sri Lanka en matière de droits de la personne; elle permet l'arrestation arbitraire, la détention sans accusation ni preuve, l'obtention d'aveux par la force et la torture de toute personne soupçonnée de terrorisme » (The Guardian 26 mars 2022). Cependant, la même source rapporte que le gouvernement Rajapaksa a [traduction] « nié tout abus de la PTA » (The Guardian 26 mars 2022). Tamil Guardian, un portail d'informations en ligne sur les questions tamoules, déclare que la PTA [traduction] « a été liée à des cas de disparitions forcées, de violences sexuelles et de torture » et que « [m]algré les appels nationaux et internationaux pour que la PTA soit abrogée », le gouvernement Rajapaksa continue de l'utiliser pour arrêter des Tamouls et des musulmans (Tamil Guardian 26 avr. 2022). Freedom House fait observer que la police et les forces de sécurité [traduction] « ont commis – de manière disproportionnée à l'endroit de Tamouls – des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des viols en détention et de la torture » (Freedom House 4 mars 2021, sect. F3).

Pour obtenir des renseignements additionnels au sujet du traitement réservé aux citoyens tamouls au Sri Lanka, y compris aux présumés membres ou partisans des Tigres libérateurs de l'Eelam tamoul (TLET) et du traitement réservé par le gouvernement aux partisans des TLET qui ne sont pas d'origine tamoule, veuillez consulter la réponse à la demande d'information LKA200298 publiée en août 2020.

2.1 Femmes tamoules célibataires

La professeure agrégée a écrit ce qui suit : [traduction] « Au quotidien, les femmes tamoules font particulièrement face à la discrimination, au harcèlement sexuel et à l'attention et la surveillance non désirées de la part des autorités sri-lankaises, y compris la Police, l'Armée, la Marine et la Force d'intervention spéciale » (professeure agrégée 1er avr. 2022). Le MRG explique que les [traduction] « répercussions » du conflit entre l'armée sri-lankaise et les TLET exposent les Tamoules « à l'insécurité économique et à la violence sexuelle » et elles sont « nombreuses » à avoir été touchées par les « disparitions non résolues » d'hommes dans leur famille (MRG déc. 2020, 28). La professeure agrégée a expliqué que parce qu'elles sont considérées comme [traduction] « libres », les Tamoules subissent « souvent » du « harcèlement sexuel » en raison du « passé de violence fondée sur le genre » contre les femmes tamoules (professeure agrégée 1er avr. 2022). Dans le Guardian, on peut lire qu'en mars 2022, [traduction] « les épouses et les enfants de plusieurs Tamouls détenus au titre de la [PTA] depuis 2020 » ont tenu des manifestations devant un bureau gouvernemental au Sri Lanka (The Guardian 26 mars 2022). La même source attire l'attention sur le fait que selon l'une des épouses, sans son époux elle n'a [traduction] « "pas de revenus. La vie est si difficile" » (The Guardian 26 mars 2022).

3. Situation des Tamouls à Colombo

Le professeur adjoint a dit que les Tamouls [traduction] « ne sont pas traités équitablement » par le gouvernement ou les autorités à Colombo (professeur adjoint 21 mars 2022). La même source a en outre souligné que les Tamouls ne font [traduction] « habituellement » pas appel aux tribunaux ou à la police de Colombo en raison « de la discrimination, de l'animosité et de l'iniquité »; les Tamouls signalent parfois des problèmes à la police, mais « dans la plupart des cas », les policiers ne produisent pas de rapport (professeur adjoint 21 mars 2022). La directrice exécutive du LST a écrit que même s'il y a des gens d'affaires ou des professionnels tamouls [traduction] « très réputés » qui « s'en sortent et qui sont même prospères », il y a aussi des Tamouls à Colombo qui « se sentent vulnérables », car la classe et le lieu « jouent un rôle » (directrice exécutive 16 mars 2022). Selon la même source, étant donné que le tamoul est [traduction] « absent » des communications gouvernementales, si une personne ne parle pas cinghalais, elle ne peut pas « interagir avec les responsables » (directrice exécutive 16 mars 2022).

3.1 Femmes tamoules célibataires à Colombo

La professeure agrégée a souligné que [traduction] « les soldats et les policiers sri-lankais harcèlent les Tamoules et formulent des commentaires suggestifs à leur égard à Colombo » et que les Tamoules seules ont affirmé « ne pas se sentir en sécurité en public, par exemple lorsqu'elles prennent les transports en commun ou marchent dans la rue, dans les pensions ou sur les lieux de travail » (professeure agrégée 1er avr. 2022). La même source a en outre expliqué que les problèmes liés au logement, à l'éducation, à l'emploi et aux soins de santé auxquels sont confrontés les Tamouls à Colombo

[traduction]

sont aggravés par des indicateurs liés au genre, à la classe et à la caste. En tant que femmes appartenant à une minorité ethnique, les Tamoules n'ont aucune garantie en particulier pour leur sécurité corporelle et leur protection dans les espaces publics en raison de la violence patriarcale aggravée par la discrimination ethnique sanctionnée par l'État et la société à majorité cinghalaise (professeure agrégée 1er avr. 2022).

La directrice exécutive du LST a écrit que les Tamoules célibataires à Colombo [traduction] « sont généralement exposées à des difficultés lorsqu'elles interagissent avec des responsables » et elles « doivent surmonter les préjugés dans leur propre famille et leur propre communauté » (directrice exécutive 16 mars 2022). Selon le professeur adjoint, au Sri Lanka, les femmes tamoules qui ne sont pas mariées sont [traduction] « toujours » protégées par leur famille (professeur adjoint 21 mars 2022). La même source a en outre affirmé que les femmes mariées qui vivent seules, par exemple parce que leur époux travaille à l'étranger, sont bien traitées parce que la société sait qu'elles ont des moyens financiers; toutefois, les veuves tamoules ne sont pas considérées comme des êtres humains et le fait de vivre seule devient un [traduction] « péché » (professeur adjoint 21 mars 2022). Au dire de la même source, les veuves ne suscitent pas de [traduction] « préoccupations » chez les policiers et elles sont perçues comme une « marchandise » par la société (professeur adjoint 21 mars 2022).

3.2 Accès au logement, à l'éducation, à l'emploi et aux soins de santé à Colombo

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur l'accès au logement, à l'éducation, à l'emploi et aux soins de santé pour les Tamouls à Colombo.

La directrice exécutive du LST a précisé que [traduction] « [b]eaucoup » de Tamouls cherchent un logement dans les secteurs habités par d'autres Tamouls (directrice exécutive 16 mars 2022). Selon la même source, les Tamouls à Colombo peuvent aller à l'école en tamoul, mais l'éducation en langue tamoule [traduction] « pourrait ne pas » être offerte dans les régions ayant une petite population tamoule (directrice exécutive 16 mars 2022). De plus, même si les soins de santé sont accessibles à tous, les barrières linguistiques peuvent [traduction] « entraver » l'accès pour certains (directrice exécutive 16 mars 2022).

Les renseignements contenus dans le paragraphe suivant ont été fournis par la professeure agrégée :

La communauté tamoule connaît une [traduction] « marginalis[ation] » sociale « additionne[lle] » à Colombo. Même si le Sri Lanka a une politique de trilinguisme, à Colombo, les lieux de travail et les espaces publics fonctionnent « principalement » en cinghalais. De plus, la « majorité » des formulaires commerciaux et officiels n'est disponible qu'en cinghalais. Le défaut de parler cinghalais dans des contextes « commerciaux » et « officiels », comme dans les banques et les hôpitaux, est considéré comme un « signe de non-appartenance » et entraîne « un traitement inégal et de la discrimination ».

En conséquence, les locuteurs tamouls ont un accès inégal aux possibilités d'emploi et aux activités génératrices de revenus en raison des barrières ethniques et linguistiques et de la discrimination et ils subissent également des inégalités au chapitre des possibilités en matière de logement, d'emploi et de soins de santé.

Les Tamouls « peinent » à obtenir des emplois dans le secteur structuré et cherchent « souvent » des emplois dans les secteurs « informels » ou « non organisés ». Par conséquent, ils subissent « souvent » des « violations des droits des travailleurs », notamment le « vol de salaire », le refus de pension ou d'avantages sociaux, les « mauvais traitements » et la « discrimination » en matière d'évaluation et de promotion des employés (professeure agrégée 1er avr. 2022).

3.2.1 Accès au logement, à l'éducation, à l'emploi et aux soins de santé à Colombo

La directrice exécutive du LST a souligné que même si les Tamoules célibataires à Colombo ont accès à un logement, [traduction] « c'est difficile » et « elles sont prises pour cible parce qu'elles vivent seules »; par conséquent, « beaucoup » choisissent de vivre en groupes, car cela est moins cher et plus sûr (directrice exécutive 16 mars 2022).

Les renseignements contenus dans les deux paragraphes suivants ont été fournis par le professeur adjoint :

Étant donné que le Sri Lanka est une [traduction] « société très traditionnelle » dans laquelle les personnes restent « en général » dans leurs villages d'origine, il est « difficile » et n'est « pas faisable » de déménager à Colombo pour une personne qui n'a pas de famille ou de parenté qui vit là-bas. Il est aussi « cher » de vivre à Colombo. Alors que les Tamoules célibataires peuvent obtenir un logement par le biais d'un « intermédiaire », les propriétaires demanderont pourquoi les Tamoules sont célibataires, y compris si leur époux a fait partie des TLET. De plus, si la police apprend qu'une Tamoule célibataire « vit dans un secteur particulier, elle commencera à harceler [non seulement] la locataire, mais aussi le propriétaire ».

Il y a « beaucoup de discrimination » dans l'admission aux études postsecondaires et « les meilleures écoles sont réservées » aux Cinghalais. Il est « presque impossible » pour les Tamoules célibataires « d'origine modeste » d'avoir accès à l'enseignement supérieur en raison d'un manque de ressources financières. Les Tamoules célibataires qui terminent des études supérieures peuvent obtenir un emploi dans les ateliers et les petites entreprises. Sans études supérieures, une Tamoule célibataire peut obtenir un emploi dans les magasins, dans les marchés ou en tant que « femmes de ménage ». Les veuves, par contre, peuvent seulement obtenir des « emplois modestes », comme dans les restaurants ou les hôtels. Il est « plus facile » d'obtenir un emploi dans les entreprises tamoules. Toutefois, les femmes ont « toujours » peur d'être « harcelées » au travail et elles vivent « constamment » dans un état « d'urgence » (professeur adjoint 21 mars 2022).

Selon le professeur adjoint, les Tamoules célibataires ont [traduction] « généralement » accès aux centres de soins de santé primaires et aux hôpitaux publics si elles ne peuvent pas payer un hôpital privé (professeur adjoint 21 mars 2022). La professeure agrégée a expliqué que les Tamoules sont [traduction] « particulièrement […] vulnérab[les] » dans les hôpitaux gérés principalement par des Cinghalais, en particulier lorsqu'elles cherchent des soins pour la douleur, et ce, à tous les âges – des jeunes filles aux femmes enceintes en passant par les femmes âgées (professeure agrégée 1er avr. 2022).

La professeure agrégée a écrit ceci :

[traduction]

Les personnes marginalisées socioéconomiquement du fait de leur histoire migratoire – qui viennent des régions du Nord, de l'Est et du Centre-Sud de la région des collines (principales régions d'origine des Tamouls) – seront repérées par leur lieu de naissance, leurs noms de famille et les signes physiques de leur appartenance religieuse (hindoue et chrétienne) lorsqu'elles tentent d'obtenir un logement, un emploi, des soins de santé et d'accéder à l'éducation. […] En outre, les castes s'ajoutent aux questions de genre et de classe pour créer d'autres stigmates pour les communautés panchamar (opprimées en raison de leur caste) hindoues ou chrétiennes qui subissent de la discrimination au travail au regard de la commensalité, de la socialisation, des promotions ou des traitements injustes par des supérieurs (professeure agrégée 1er avr. 2022).

3.3 Répercussions de la COVID-19 sur la situation à Colombo

Selon Asian News International (ANI), une agence de presse indienne, [traduction] « l'économie du Sri Lanka est sous pression depuis le début de la pandémie COVID-19 » (ANI 19 avr. 2022). Le Diplomat, un magazine d'actualités couvrant la région de l'Asie-Pacifique (The Diplomat s.d.), en citant un avocat des droits de la personne et un chercheur principal du Centre de politiques alternatives (Centre for Policy Alternatives) à Colombo, au Sri Lanka, explique ce qui suit :

[traduction]

À l'heure actuelle, le Sri Lanka fait face à de multiples défis et la pandémie exacerbe certains problèmes. Les défis posés par les confinements en 2020 et 2021 ont eu des répercussions sur les moyens de subsistance et ont mis en lumière les inégalités structurelles au Sri Lanka. De nombreuses communautés, y compris celles qui dépendent du travail à salaire journalier et du secteur informel, ont éprouvé des difficultés. La pandémie a également mis en lumière l'insuffisance des programmes de protection sociale au Sri Lanka et la distribution inéquitable de l'aide; de nombreuses communautés vulnérables ne recevant pas l'aide dont elles ont besoin (The Diplomat 26 avr. 2022).

L'Agence France-Presse (AFP) signale que la [traduction] « situation difficile » actuelle et les manifestations à Colombo ont été « motivées » par la pandémie et « exacerbées par la mauvaise gestion du gouvernement et les années d'emprunts accumulés », qui a laissé le pays avec une « dette énorme » et a conduit à « des pénuries généralisées de biens essentiels et des hausses de prix brutales » (AFP 1er avr. 2022). Selon la professeure agrégée, [traduction] « la récente crise économique découlant de la gestion de la COVID par le gouvernement, les manifestations actuelles contre le gouvernement actuel, et le rétablissement de l'état d'urgence pour réprimer les opinions dissidentes et le public » « continueront d'avoir des répercussions négatives pour les femmes tamoules en particulier », car elles ont « moins de soutien financier » (professeure agrégée 1er avr. 2022).

Le professeur adjoint a signalé que la pandémie a eu des répercussions sur l'emploi dans les industries du vêtement, des plantations et du tourisme à Colombo (professeur adjoint 21 mars 2022). Selon la professeure agrégée, les Tamoules occupent des emplois partout à Colombo, y compris dans les services domestiques, la fabrication de vêtements, la vente au détail, le travail de bureau et le secteur informel (professeure agrégée 1er avr. 2022). Dans certaines situations de travail, comme les usines de vêtements et les logements des employés d'usine, la distanciation sociale n'est [traduction] « pas possible »; par conséquent, « de nombreuses femmes sont plus exposées » à la COVID-19 (professeure agrégée 1er avr. 2022). La même source ajoute qu'en raison de la [traduction] « crise économique », ces femmes n'ont pas accès aux « soins hospitaliers, à l'équipement de protection individuelle (EPI) et à d'autres formes de soins préventifs distaux et proximaux » (professeure agrégée 1er avr. 2022). Au dire du professeur adjoint, ceux qui ont perdu leur emploi ont quitté Colombo et sont retournés dans leurs villages (professeur adjoint 21 mars 2022).

4. Capacité du gouvernement ou des groupes paramilitaires de retrouver les Tamouls, y compris les femmes tamoules célibataires, à Colombo

Selon la professeure agrégée,

[traduction]

il est possible pour les autorités sri-lankaises et les groupes paramilitaires de suivre une personne tamoule qui a déménagé ou s'est réinstallée à Colombo depuis un autre endroit au Sri Lanka. La surveillance des activités en ligne ou au téléphone cellulaire et la surveillance des déplacements avec l'aide du personnel en civil sont les formes que prennent la surveillance et le suivi (professeure agrégée 1er avr. 2022).

Lorsqu'il lui a été demandé si les autorités peuvent suivre les Tamouls ou les Tamoules célibataires, le professeur adjoint a répondu que le Sri Lanka est un [traduction] « État de surveillance » où les organisations sont « toujours » en train de surveiller (professeur adjoint 21 mars 2022). La même source a en outre souligné que [traduction] « dès lors » qu'un Tamoul migre, la police et les organisations militaires sont « alertées » et elles « tent[eront] » de trouver la raison, le but et la destination du déménagement, car le gouvernement considère que les Tamouls sont des agents des TLET (professeur adjoint 21 mars 2022).

4.1 Répercussions de la COVID-19 sur la capacité du gouvernement ou des groupes paramilitaires de retrouver les Tamouls, y compris les femmes tamoules célibataires, à Colombo

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur les répercussions de la COVID-19 sur la capacité du gouvernement ou des groupes paramilitaires de retrouver les Tamouls, y compris les femmes tamoules célibataires, à Colombo.

Le professeur adjoint a déclaré que la pandémie de COVID-19 n'a pas eu de répercussions sur la capacité du gouvernement ou des groupes paramilitaires de trouver les Tamouls ou les Tamoules célibataires qui déménagent à Colombo (professeur adjoint 21 mars 2022).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Note

[1] Selon le World Factbook, publié par la CIA des États-Unis, l'anglais est couramment utilisé dans la communication gouvernementale et est appelé la [traduction] « "langue de lien" » dans la Constitution (É.-U. 12 avr. 2022).

Références

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The Diplomat. 26 avril 2022. Shannon Tiezzi. « Bhavani Fonseka Explains Sri Lanka's Protests ». [Date de consultation : 26 avr. 2022]

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Professeur adjoint, Madras Christian College. 21 mars 2022. Entretien avec la Direction des recherches.

Professeure agrégée, Santa Clara University, États-Unis. 1er avril 2022. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

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Tamil Guardian. 26 avril 2022. « Tamils Arrested, Detained and Now Finally Released for Lighting Candles ». [Date de consultation : 26 avr. 2022]

Autres sources consultées

Sources orales : Adayaalam Centre for Policy Research; American Institute for Sri Lankan Studies; Amnistie internationale – section canadienne; avocat spécialisé en droits de la personne à Colombo; Centre for Equality and Justice; Centre for Policy Alternatives; Collective for Economic Democratisation; Congrès tamoul canadien; Council of NGOs – Jaffna District; chargé d'enseignement supérieur dans une université au Sri Lanka qui s'intéresse en particulier aux droits des minorités au Sri Lanka; chargé d'enseignement supérieur dans une université en Australie qui se penche sur les répercussion de la politique de développement sur les systèmes d'emploi, le travail et les moyens de subsistance des femmes en milieu rural en Asie du Sud; chargé d'enseignement supérieur en géographie humaine dans une université en Écosse qui effectue des recherches sur les Tamouls au Sri Lanka; chercheur dans université au Royaume-Uni qui effectue des recherches sur la mobilité, la classe sociale et l'ethnographie au Sri Lanka; chercheur dont les recherches portent sur le droit et la justice pour les femmes tamoules au Sri Lanka; chercheur dont les recherches portent sur les Tamouls des collines, les droits de la personne et les droits des minorités linguistiques au Sri Lanka; chercheur indépendant qui étudie les droits des femmes sri-lankaises, les déplacements et les mouvements sociaux au Sri Lanka; Comité international de la Croix-Rouge; Entraide universitaire mondiale du Canada; Global Initiative Against Transnational Organized Crime; INFORM Human Rights Documentation Centre; International Centre for Ethnic Studies; International Crisis Group; International Truth and Justice Project; Mannar Women's Development Federation; Nations Unies – Haut Commissariat pour les réfugiés; National Peace Council of Sri Lanka; People for Equality and Relief in Lanka; professeur agrégé dans une université américaine qui se concentre sur la paix, les guerres civiles et interétatiques, le terrorisme, la démocratisation et les tendances historiques de la guerre; professeur auxiliaire dans une université aux États-Unis qui mène des recherches sur les Tamouls et les conflits ethniques au Sri Lanka; professeur d'anthropologie et de sociologie dans une université au Sri Lanka dont les recherches portent sur les Tamouls; professeur dans une université au Sri Lanka qui s'intéresse en particulier aux Tamouls indiens et à la culture au Sri Lanka; professeur principal dans une université en Inde qui s'intéresse en particulier aux études sur l'Asie du Sud et l'Asie du Sud-est; Sri Lanka Foundation for Human Rights; Sri Lanka – Human Rights Commission of Sri Lanka; Stanford University – Mapping Militant Organizations Project; Suriya Women's Development Centre.

Sites Internet, y compris : Adayaalam Centre for Policy Research; Al Jazeera; Allemagne – Federal Office for Migration and Refugees; American Broadcasting Company; American Institute for Sri Lankan Studies; Amnesty International; Asylum Research Centre; Banque mondiale; BBC; Belgique – Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides; Bertelsmann Stiftung; Brookings Institution; Center for Strategic and International Studies; The Citizen; CNN; Colombo Gazette; Colombo Telegraph; The Conversation; Council on Foreign Relations; ecoi.net; États-Unis – Department of State, Library of Congress; Fédération internationale pour les droits humains; France – Office français de protection des réfugiés et apatrides; The Hindu; Hindustan Times; INFORM Human Rights Documentation Centre; Institute for War and Peace Reporting; Internal Displacement Monitoring Center; International Centre for Ethnic Studies; International Crisis Group; International Feminist Journal of Politics; International Relations Review; Journalists for Democracy in Sri Lanka; Médecins sans frontières; National Peace Council of Sri Lanka; Nations Unies – Fonds des Nations Unies pour la population, Haut Commissariat pour les réfugiés, Haut-Commissariat aux droits de l'homme, ONU femmes, Organisation internationale pour les migrations, OMS, PNUD, Refworld; The New Humanitarian; The New Indian Express; The New York Times; Norvège – Landinfo; Organisation de coopération et de développement économiques; Organisation suisse d'aide aux réfugiés; The Organization for World Peace; Pays-Bas – Ministry of Foreign Affairs; People for Equality and Relief in Lanka; Reporters sans frontières; Reuters; The South Asia Collective; South Asia Monitor; Sri Lanka – Human Rights Commission of Sri Lanka; Stiftung Wissenschaft und Politik; The Straits Times; The Sunday Times; TamilNet; Times Online; Transparency International; Union européenne – European Union Agency for Asylum; Wilson Center; Women's Action Network; World Socialist Web Site.

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