Bannies des ondes et des bouquets satellites sur décision de la junte depuis le 17 mars dernier, Radio France Internationale (RFI) et France 24, sont de nouveau accessibles en ligne au Mali. RSF a débloqué leurs sites en créant une copie miroir permettant d’échapper à la censure. Celui de France 24 est accessible depuis ce lien et celui de RFI depuis celui-ci. Cette action intervient dans le cadre de l’opération Collateral Freedom lancée par RSF en 2015, qui permet actuellement le contournement de la censure de 47 sites dans 24 pays dont 8 en Russie.
La suspension de RFI et de France 24 avait été ordonnée en mars à travers un communiqué du Colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, après la diffusion d’une enquête de RFI sur des exécutions sommaires et pillages présumés commis par les forces armées maliennes (FAMA) et les mercenaires russes du groupe Wagner dont la présence au Mali a été largement documentée depuis le début de l’année. Les émissions des deux médias à propos de ces révélations avaient alors été qualifiées de “matraquage médiatique” visant à “déstabiliser la transition” et “discréditer” les forces de sécurité du pays. RSF avait alors dénoncé une attaque contre l’indépendance de l’information et contre les Maliens eux-mêmes. Le retrait définitif de l’autorisation d’exploitation de RFI et de France 24 a été confirmé par une décision de la Haute autorité de la communication (HAC) le 25 avril.
“RFI et France 24 occupent une place prépondérante dans le paysage médiatique malien, affirme Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Le retour en ligne pour les internautes maliens de ces médias emblématiques qui produisent une information de qualité, indépendante et sans complaisance est un signal fort envoyé à tous ceux qui voient leur droit à l’information bafoué. Nous sommes heureux d’apporter ce service à France 24 et RFI. ”
RSF est soutenue par une alliance de hackers, informaticiens et ingénieurs dans plusieurs pays d’Europe. Collateral Freedom est capable de rapidement mettre en ligne une copie conforme d’un site censuré et de l’héberger sur des réseaux de diffusions de contenus (CDN) qui abritent également une multitude d’autres services, et qui de ce fait ne sont pas censurés.
Si les régimes autoritaires choisissent de s’en prendre directement aux hébergeurs de sites, tous les autres services hébergés seraient désactivés dans la foulée. Cela engendrerait une myriade de dysfonctionnements collatéraux qui pourraient avoir des répercussions sur le fonctionnement du pays.
Le 15 avril, RSF avait déjà remis en ligne le site de RFI quelques heures seulement après son blocage en Russie. L’opération Collateral Freedom a déjà permis le déblocage de plusieurs sites d’information dans ce pays, dont Deutsche Welle et Meduza. Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Kremlin s’est lancé dans une chasse à toute l’information libre et fiable, concurrente de son récit propagandiste.
Le Mali occupe la 99ème place du classement 2021 de la liberté de la presse dans le monde, qui comporte 180 pays.