Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada
1. Gangs, cartels de la drogue et groupes criminels organisés
Des sources soulignent que comparativement à d’autres pays d’Amérique latine (professeur titulaire 14 avr. 2021; InSight Crime 3 juin 2020; É.-U. 10 mars 2020), le Chili a [traduction] « des taux de criminalité plus bas » (professeur titulaire 14 avr. 2021) ou a [traduction] « un des plus faibles taux d’homicides » (InSight Crime 3 juin 2020) ou est [traduction] « modérément sécuritaire avec des crimes comparativement moins violents » (É.-U. 10 mars 2020). Selon des statistiques fournies par les Carabineros [1] et les Services policiers d’enquête (Policía de Investigaciones – PDI) [2] du Chili et présentées par le Centre d’étude et d’analyse de la criminalité (Centro de Estudios y Análisis del Delito – CEAD), il y a eu 4,6 homicides par 100 000 habitants en 2020, comparativement à 3,6 en 2019 et à 3,5 en 2018 et en 2017 (Chili 2020).
Selon un rapport publié en 2020 par l’Observatoire du trafic de stupéfiants (Observatorio del Narcotráfico), qui fait partie de l’Unité spécialisée en trafic illicite de narcotiques et de substances psychotropes (Unidad Especializada en Tráfico Ilícito de Estupefacientes y Sustancias Sicotrópicas) du Bureau du procureur public national du Chili (Fiscalía de Chile ou Ministerio Público), il y a [traduction] « une tendance à la hausse » dans le nombre de plaintes au criminel et de saisies de stupéfiants, d’argent et de véhicules (Chili mai 2020, 71). Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un professeur titulaire de l’Université de Santiago au Chili qui a mené des recherches sur la criminalité au Chili a affirmé que le Chili a [traduction] « généralement » connu une diminution des activités criminelles au cours des cinq dernières années avec une réduction des crimes comme les cambriolages et les vols; toutefois, il y a une « présence plus évidente de groupes ayant des liens avec le trafic de stupéfiants » qui est lié à la croissance du « pourcentage de personnes ayant des problèmes de consommation de stupéfiants » et à une demande accrue pour des stupéfiants (professeur titulaire 14 avr. 2021).
Le professeur titulaire a souligné que
[traduction]
comparativement à la Colombie, au Mexique ou à l’Amérique centrale, la situation criminelle est complètement différente au Chili. Il n’y a aucun cartel national, aucune guerre entre les cartels et la police. Le [Chili] [a] une présence croissante de gangs très localisés qui ont un contrôle territorial précis dans certains quartiers, en particulier dans les quartiers pauvres, qui sont liés au trafic de stupéfiants (professeur titulaire 14 avr. 2021).
Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, le directeur général de la Fondation Chili 21 (Fundación Chile 21 – Chile 21), un groupe de réflexion chilien qui s’intéresse notamment aux questions de sécurité (Chile 21 s.d.), a de même affirmé qu’aucun groupe criminel ne contrôle de grands territoires au Chili (directeur général 20 avr. 2021). La même source a expliqué qu’il y a des [traduction] « micro-organisations » qui mènent leurs activités sur « de plus petits territoires » et qu’il y a davantage de gangs (bandas) que de cartels (directeur général 20 avr. 2021).
1.1 Zones d’influence
Le directeur général de Chile 21 a dit que les organisations criminelles sont situées [traduction] « surtout » dans la région métropolitaine de Santiago et dans le Nord du Chili, y compris dans les régions d’Arica, d’Antofagasta et de Tarapacá (directeur général 20 Apr. 2021). Selon le rapport de 2020 de l’Observatoire du trafic de stupéfiants, les régions d’Antofagasta et de Tarapacá, au Nord, ont des niveaux élevés de saisie de stupéfiants, alors que la région métropolitaine de Santiago et la région de Valparaíso ont le [traduction] « plus grand nombre » de saisies d’argent et de véhicules, ainsi que d’arrestations et de condamnations; les groupes criminels sont également « concentrés » dans la région métropolitaine de Santiago et la région de Valparaíso (Chili mai 2020, 71-72). Selon le professeur titulaire, le gouvernement a désigné [traduction] « 30 ou 33 » quartiers ayant des activités de trafic de stupéfiants « évidentes » comme étant à « haut risque »; ces quartiers sont « surtout » situés dans le sud de Santiago, soit les secteurs les plus « pauvres » de la capitale, et aux environs des villes méridionales de Valparaíso et de Concepción (professeur titulaire 14 avr. 2021). La même source a ajouté qu’il y a [traduction] « de plus en plus de preuves » d’activités de trafic de stupéfiants dans le Nord du Chili, car ces régions sont reliées aux itinéraires de transit des stupéfiants (professeur titulaire 14 avr. 2021).
Selon un rapport sur le trafic de stupéfiants dans la région métropolitaine de Santiago, publié en avril 2021 par le Centre de journalisme d’enquête (Centro de Investigación Periodística – CIPER) [3] et le Centre d’enquête et de projets journalistiques (Centro de Investigación y Proyectos Periodísticos – CIP) [4], parmi les 31 [traduction] « communes » (comunas) de la région métropolitaine de Santiago, il y avait 174 « zones occupées » (zonas ocupadas), définies comme étant des secteurs où les résidents vivent « presque en marge des interventions de l’État, sans protection policière, dans un environnement avec un haut niveau de violence et de surpeuplement » et un accès limité aux services essentiels et aux services d’urgence (CIPER et CIP 20 avr. 2021). Selon la même source, ce nombre a [traduction] « doublé » depuis 2009 lorsque le CIPER a relevé 80 zones occupées (CIPER et CIP 20 avr. 2021). Le rapport signale qu’il y avait 1 012 000 résidents vivant dans ces secteurs sur une population totale de 6,5 millions dans la région métropolitaine, selon le recensement de 2017 (CIPER et CIP 20 avr. 2021). Le rapport du CIPER et du CIP remarque qu’en 2012 il y avait trois [traduction] « macro-zones », définies comme des zones occupées qui se sont étendues aux municipalités ou aux villages avoisinants et, dans certains cas, elles recouvrent « un quartier complet » – elles sont situées à Bajos de Mena, dans la commune de Puente Alto; à San Luis, dans la commune de Quilicura et à Santo Tomás dans la commune de La Pintana (CIPER et CIP 20 avr. 2021). La même source signale qu’en date d’avril 2021, les macro-zones se sont élargies dans sept autres communes : San Joaquín, Maipú, Cerro Navia, Pudahuel, La Florida, Recoleta et El Bosque (CIPER et CIP 20 avr. 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.
Selon le professeur titulaire, les gangs sont [traduction] « très localisés » et « ne sont pas en mesure de se déplacer » dans un autre secteur; aucune organisation « n’a une capacité régionale ou nationale » pas plus qu’elles ont « de l’influence à l’extérieur de [leur] quartier » (professeur titulaire 14 avr. 2021). Le directeur général de Chile 21 a affirmé que les gangs ont [traduction] « généralement » de l’influence sur des territoires « plus petits », mais qu’il y a des régions où le trafic de stupéfiants à une influence « assez importante » (directeur général 20 avr. 2021).
1.2 Niveaux de violence des gangs, des cartels et des groupes criminels organisés par région
Le directeur général de Chile 21 a affirmé que la majorité des villes et des municipalités sont [traduction] « plutôt sécuritaires » et il a en outre souligné que même s’il y a des quartiers dangereux, il y a également des secteurs sécuritaires dans la majorité des villes (directeur général 20 avr. 2021). Le professeur titulaire a expliqué que les activités violentes sont [traduction] « en général concentrées géographiquement » dans les quartiers à risque élevé (professeur titulaire 14 avr. 2021).
Le rapport de 2020 de l’Observatoire du trafic de stupéfiants fournit les données suivantes sur le nombre d’infractions en lien avec les stupéfiants visant cinq accusés ou plus, de 2015 à 2019, comme indicateur de la présence régionale des groupes criminels :
Région | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | Total |
---|---|---|---|---|---|---|
Arica-Parinacota | 22 | 21 | 18 | 11 | 16 | 88 |
Tarapacá | 19 | 19 | 17 | 25 | 10 | 90 |
Antofagasta | 18 | 15 | 29 | 15 | 14 | 91 |
Atacama | 11 | 9 | 15 | 18 | 14 | 67 |
Coquimbo | 16 | 14 | 15 | 14 | 15 | 74 |
Valparaíso | 39 | 43 | 37 | 35 | 32 | 186 |
[Bernardo] O’Higgins | 18 | 17 | 22 | 18 | 27 | 102 |
Maule | 18 | 14 | 11 | 17 | 13 | 73 |
Ñuble | 1 | 2 | 6 | 3 | 12 | 24 |
Bío Bío | 10 | 21 | 25 | 27 | 17 | 100 |
Araucanía | 8 | 3 | 5 | 5 | 5 | 28 |
De Los Ríos | 4 | 5 | 6 | 4 | 7 | 26 |
De Los Lagos | 4 | 9 | 5 | 8 | 9 | 35 |
Aysén | 0 | 3 | 2 | 3 | 1 | 9 |
Magallanes | 3 | 0 | 1 | 1 | 2 | 7 |
Bureau du procureur de la région métropolitaine (Fiscalía Regional Metropolitana – FRM) Centro-Norte [dans la région métropolitaine de Santiago] | 13 | 37 | 43 | 44 | 33 | 170 |
FRM Oriente [dans la région métropolitaine de Santiago] | 15 | 21 | 23 | 20 | 7 | 86 |
FRM Occidente [dans la région métropolitaine de Santiago] | 33 | 24 | 50 | 22 | 24 | 153 |
FRM Sur [dans la région métropolitaine de Santiago] | 28 | 33 | 33 | 41 | 40 | 175 |
Total | 280 | 310 | 363 | 331 | 300 | 1 584 |
(Chili mai 2020, 68-70)
1.3 Alliances
Des sources soulignent que des groupes criminels ont des alliances avec des groupes internationaux [ou régionaux (InSight Crime 3 juin 2020)] pour faciliter le transit des stupéfiants (InSight Crime 3 juin 2020; professeur titulaire 14 avr. 2021; directeur général 20 avr. 2021). Le directeur général de Chile 21 a dit que même s’il y a une croissance de la capacité locale de produire des stupéfiants, les groupes criminels ont des liens avec des cartels de pays producteurs de cocaïne, comme la Colombie, le Mexique et le Pérou, ainsi qu’avec des groupes criminels de pays producteurs de marijuana, comme le Paraguay (directeur général 20 avr. 2021). Au cours d’un entretien avec InSight Crime, un groupe de réflexion et un média sans but lucratif qui s’intéresse au crime organisé en Amérique latine et dans les Caraïbes (InSight Crime s.d.), le directeur général du groupe de réflexion sur la politique chilienne AthenaLab a affirmé que les liens avec les groupes internationaux sont formés pour des [traduction] « opérations très précises » et il a en outre souligné que ces liens sont « temporaires » (InSight Crime 3 juin 2020). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.
Le directeur général de Chile 21 a signalé qu’il y a des alliances entre les groupes locaux, car les activités des cartels sont [traduction] « en majeure partie segmentées », ce qui fait en sorte que des cartels et des organisations « de petite échelle » travaillent ensemble (directeur général 20 avr. 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.
1.4 Présence de cartels de la drogue colombiens
Le professeur titulaire a affirmé qu’il n’y a [traduction] « aucune preuve réelle » dans les rapports policiers ou judiciaires ni aucune « preuve officielle » qui indique la présence de cartels colombiens au Chili; il y a seulement des preuves « anecdotiques » (professeur titulaire 14 avr. 2021). Le directeur général de Chile 21 a signalé qu’il y a des cartels internationaux, comme des cartels colombiens et paraguayens qui exercent des activités au Chili (directeur général 20 avr. 2021). La même source a en outre affirmé que même s’il y a des liens entre des Chiliens et des ressortissants étrangers, ces liens ne se manifestent pas par un cartel ou une organisation d’envergure (directeur général 20 avr. 2021). D’après le profil sur le Chili publié par InSight Crime, des organisations criminelles opérant à partir de la Colombie, du Pérou, de la Bolivie et [traduction] « d’autres pays voisins » ont participé à des activités illégales au Chili (InSight Crime [2018]). Dans un article de septembre 2019 publié par InSight Crime, on peut lire qu’un chef du gang colombien La Terraza a été arrêté pour avoir exploité un réseau de prêts usuraires au Chili (InSight Crime 2 sept. 2019). Dans un article du 6 décembre 2019 publié par InSight Crime, on peut lire que la marine chilienne a arrêté six ressortissants colombiens à bord d’un bateau contenant 4,2 tonnes de marijuana au large de la côte de l’O’Higgins dans le Sud du Chili et que le Chili est une [traduction] « destination de choix pour les trafiquants de marijuana colombiens » (InSight Crime 6 déc. 2019).
Le professeur titulaire a signalé qu’il y a eu deux affaires judiciaires l’année dernière concernant des tueurs à gages colombiens qui ont été engagés pour tuer au Chili, mais qu’il s’agit d’une situation [traduction] « particulière » et non pas « généralisée » (professeur titulaire 14 avr. 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens ni aucune information additionnelle indiquant si les cartels colombiens qui exercent des activités au Chili peuvent représenter une menace pour un individu.
1.5 COVID-19
Au cours d’un entretien pour un article publié le 4 décembre 2020 par InSight Crime, le directeur général d’AthenaLab a affirmé que des groupes criminels ont profité de la COVID-19 pour élargir leurs activités de trafic de stupéfiants et a en outre souligné que cette expansion a apporté des [traduction] « niveaux plus importants de micro-trafic et de violence » (InSight Crime 4 déc. 2020). D’après un article publié par l’agence de presse d’Espagne Agencia EFE (EFE), le trafic de stupéfiants au Chili a gagné des régions que [traduction] « l’État n’atteint pas ou tarde à atteindre » et qu’en raison de la COVID-19 et de la crise économique, « “acheter la loyauté” » est devenu « beaucoup plus courant » dans ces régions (EFE 2 févr. 2021). Le même article cite le directeur de l’Unité spécialisée en trafic illicite de narcotiques et de substances psychotropes qui a affirmé que des groupes criminels ont acheté de la nourriture et d’autres biens pour des personnes vulnérables pendant la pandémie (EFE 2 févr. 2021). Au dire du directeur général de Chile 21, même si [traduction] « certaines » activités criminelles, comme les homicides, ont augmenté, la « majorité » de ces activités a diminué; toutefois, cela n’indique pas qu’il y a « moins d’activités criminelles », mais plutôt qu’il y a davantage de restrictions, comme les couvre-feux, et que les gens « pourraient être moins portés » à signaler les crimes (directeur général 20 avr. 2021). Selon l’article d’EFE, il y a eu [traduction] « plus de 700 » homicides au Chili en 2020, une augmentation de 33,6 p. 100 par rapport à 2019; dans le Sud de Santiago, le taux d’homicides a augmenté de 80 p. 100 et les autorités attribuent cette augmentation « directement » au trafic local de stupéfiants (EFE 2 févr. 2021).
2. Protection offerte par l’État
2.1 Police
Le directeur général d’AthenaLab, cité dans l’article de juin 2020 d’InSight Crime, a dit que [traduction] « la force des institutions chiliennes, en particulier de la police, » est la raison pour laquelle les groupes criminels locaux n’ont pas « connu une croissance importante » (InSight Crime 3 juin 2020). Dans son 2020 Crime and Safety Report, le Conseil consultatif de sécurité outre-mer (Overseas Security Advisory Council – OSAC) des États-Unis souligne que les Carabineros figurent [traduction] « parmi les forces policières les plus professionnelles, les mieux entraînées et les moins corrompues en Amérique latine » (É.-U. 10 mars 2020). Le professeur titulaire a affirmé qu’une personne ne sera pas ignorée par la police au Chili si elle signale qu’elle est prise pour cible par une organisation; toutefois, il n’y a pas de programme de protection des témoins ni aucune autre organisation gouvernementale qui peut offrir une protection à long terme (professeur titulaire 14 avr. 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.
Selon le directeur général de Chile 21, il y a eu des cas très médiatisés de corruption policière, de violations des droits de la personne et de brutalité policière, et la perception de la population concernant la police et les interventions policières au sujet des activités liées aux stupéfiants au cours de la dernière année a été [traduction] « très défavorable », et ce, de plus en plus au fil du temps; par conséquent, les gens perdent confiance dans la police, y compris au moment de porter plainte à la police (directeur général 20 avr. 2021). Dans un rapport annuel de Human Rights Watch (HRW) portant sur les événements de 2020, on peut lire que les Carabineros ont utilisé une [traduction] « force excessive » pendant des manifestations en 2019 et que des « milliers » de personnes ont été blessées ou « ont signalé avoir subi des mauvais traitements graves en détention » (HRW 13 janv. 2021). La même source précise qu’en janvier 2021, une unité du ministère de l’Intérieur a été désignée pour mettre en œuvre des recommandations émises par une commission du Sénat pour réformer les Carabineros (HRW 13 janv. 2021).
Le professeur titulaire a affirmé que l’efficacité de la protection policière dépend de la personne qui a besoin de protection; les membres des [traduction] « groupes plus vulnérables », comme les résidents des « quartiers pauvres », les migrants irréguliers et les hommes jeunes, sont « essentiellement harcelés par la police parce qu’ils sont soupçonnés de participation à des activités criminelles » (professeur titulaire 14 avr. 2021). La même source a ajouté que [traduction] « la police n’intervient manifestement pas » dans certains quartiers (professeur titulaire 14 avr. 2021). Selon le rapport du CIPER et du CIP, [traduction] « la violence liée aux stupéfiants et la négligence de la police » sont devenues la norme pour les résidents des zones occupées (CIPER et CIP 20 avr. 2021). Le même rapport signale qu’on reproche aux Carabineros en poste dans les zones occupées d’être [traduction] « incompéten[ts], indifféren[ts] et, dans certains cas, corromp[us] » (CIPER et CIP 20 avr. 2021).
2.1.1 Liens entre la police et les cartels de la drogue
Au dire du professeur titulaire, il n’y a eu aucune enquête policière au sujet des liens de la police avec des organisations criminelles internationales (professeur titulaire 14 avr. 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.
Le professeur titulaire a affirmé qu’il y a de plus en plus de preuves d’interactions entre des policiers et des organisations criminelles locales et il a dit que ces interactions [traduction] « ouvrent la voie à l’impunité » au niveau local; toutefois, il n’y a aucun « système de corruption institutionnel » (professeur titulaire 14 avr. 2021). La même source observe en outre que la [traduction] « principale menace » n’est pas que des policiers travaillent pour des organisations criminelles, mais plutôt que la police est « absente » ou n’intervient pas dans certains quartiers (professeur titulaire 14 avr. 2021). Le directeur général a déclaré qu’il y a eu [traduction] « de nombreux cas » de corruption liée aux stupéfiants; toutefois, Chile 21 n’a pas été en mesure d’obtenir de l’information de la part de la police au sujet de cas de corruption (directeur général 20 avr. 2021). Un rapport publié en mars 2021 par le CIPER sur la corruption policière liée aux stupéfiants souligne qu’à l’échelle nationale – selon un examen des médias, faute de renseignements officiels –, il y a eu 21 cas de corruption policière liée aux stupéfiants et 66 policiers ont fait l’objet d’une enquête entre 2010 et 2020 et la [traduction] « majorité » des cas ont eu lieu en 2018, 2019 et 2020 (CIPER 3 mars 2021). En s’appuyant sur les dossiers publics et des documents internes du gouvernement, le même rapport signale que les postes de police ayant le [traduction] « plus grand nombre de responsables impliqués dans des actes criminels » sont le poste 41 à La Pintana, le poste 49 à Quilicura, le poste 50 à San Joaquín et le poste 58 à Estación Central, tous situés dans la région métropolitaine de Santiago (CIPER 3 mars 2021).
2.2 Système judiciaire
Selon le directeur général de Chile 21, le système judiciaire à une [traduction] « meilleure réputation » que la police, mais le manque de confiance est « généralisé » envers les institutions de l’État (directeur général 20 avr. 2021). Le professeur titulaire a dit que la corruption judiciaire est [traduction] « l’exception et non pas la norme » (professeur titulaire 14 avr. 2021). La même source a affirmé que l’efficacité du système judiciaire [traduction] « dépend de qui [vous] êtes »; les poursuites pénales visent des trafiquants de drogues individuels plutôt que l’ensemble de l’organisation, ce qui « n’est pas efficace lorsque seuls les petits trafiquants sont mis à l’écart » (professeur titulaire 14 avr. 2021). Le professeur titulaire a en outre fait observer que les autorités ne disposent pas d’un processus d’enquête [traduction] « intelligent » sur le blanchiment d’argent (professeur titulaire 14 avr. 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.
Notes
[1] Selon le profil sur le Chili publié par InSight Crime, les Carabineros sont les [traduction] « forces policières nationales militarisées » (InSight Crime [2018]).
[2] Selon le profil sur le Chili publié par InSight Crime, les Services policiers d’enquête (Policía de Investigaciones – PDI) du Chili sont les [traduction] « forces policières civiles responsables d’enquêter sur les crimes, y compris le trafic de stupéfiants et le crime organisé » (InSight Crime [2018]).
[3] Selon le site Internet du Réseau international de journalisme d’investigation, le Centre de journalisme d’enquête (Centro de Investigación Periodística – CIPER) est une fondation chilienne sans but lucratif vouée au journalisme d’enquête et la transparence (Réseau international de journalisme d’investigation s.d.).
[4] Selon son site Internet, le Centre d’enquêtes et de projets journalistiques (Centro de Investigación y Proyectos Periodísticos – CIP), de la Faculté des lettres et des communications (Facultad de Comunicación y Letras) de l’Université Diego-Portales (Universidad Diego Portales) au Chili, examine les événements politiques, économiques, sociaux et culturels pour produire du journalisme d’enquête (CIP s.d.).
Références
Agencia EFE (EFE). 2 février 2021. Sebastian Silva. « Drug Traffickers Gaining Clout in Chilean Capital ». (Factiva) [Date de consultation : 31 mars 2021]
Centro de Investigación Periodística (CIPER). 3 mars 2021. Benjamín Miranda et Graciela Pérez Campbell. « Documentos policiales reservados: Al menos 40 Carabineros fueron investigados por nexos con narcos y asaltantes entre 2014 y 2016 ». [Date de consultation : 22 avr. 2021]
Centro de Investigación Periodística (CIPER) et Centro de Investigación y Proyectos Periodísticos (CIP), Facultad de Comunicación y Letras, Universidad Diego Portales. 20 avril 2021. Gabriela Pizarro et Pablo Arriagada. « 'Zonas ocupadas' se duplicaron en una década: Territorios dominados por el narco en la región metropolitana pasaron de 80 a 174 ». [Date de consultation : 20 avr. 2021]
Centro de Investigación y Proyectos Periodísticos (CIP), Facultad de Comunicación y Letras, Universidad Diego Portales. S.d. « Centro de Investigación y Proyectos Periodísticos (CIP) ». [Date de consultation : 20 avr. 2021]
Chili. Mai 2020. Unidad Especializada en Tráfico Ilícito de Estupefacientes y Sustancias Sicotrópicas, Fiscalía Nacional. Observatorio del Narcotráfico: Informe 2020. [Date de consultation : 31 mars 2021]
Chili. 2020. Subsecretaría de Prevención del Delito, Centro de Estudios y Análisis Delictual (CEAD). « Estadísticas delictuales: Estadísticas por delito ». Recherche dans la base de données avec Medida : « Tasa cada 100.000 habitantes », Tipo de datos : « Casos policiales », Unidad territorial : « Total país », Delito : « Homicidios », Año : « 2020, 2019, 2018, 2017 ». [Date de consultation : 15 avr. 2021]
Directeur général, Fundación Chile 21 (Chile 21). 20 avril 2021. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.
États-Unis (É.-U.). 10 mars 2020. Department of State, Overseas Security Advisory Council (OSAC). Chile 2020 Crime and Safety Report. [Date de consultation : 15 avr. 2021]
Fundación Chile 21 (Chile 21). S.d. « Áreas de Trabajo: Seguridad ». [Date de consultation : 20 avr. 2021]
Human Rights Watch (HRW). 13 janvier 2021. « Chile ». World Report 2021: Events of 2020. [Date de consultation : 22 avr. 2021]
InSight Crime. 4 décembre 2020. Alejandra Rodríguez. « Record Drug Seizure Caps Off Difficult Year for Chile ». [Date de consultation : 22 avr. 2021]
InSight Crime. 3 juin 2020. Chris Dalby. « Chile Sees Drug Trafficking as Most Severe National Security Threat: Survey ». [Date de consultation : 31 mars 2021]
InSight Crime. 6 décembre 2019. Katrine Thompson. « Chile's Status as Marijuana Destination of Choice Confirmed by Record Bust ». [Date de consultation : 21 avr. 2021]
InSight Crime. 2 septembre 2019. Javier Villalba. « Colombia's 'Gota a Gota' Loan Sharks Exploit Chile Market ». [Date de consultation : 21 avr. 2021]
InSight Crime. [2018]. « Chile Profile ». [Date de consultation : 21 avr. 2021]
InSight Crime. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 21 avr. 2021]
Professeur titulaire, Universidad de Santiago de Chile. 14 avril 2021. Entretien avec la Direction des recherches.
Réseau international de journalisme d’investigation. S.d. « Centro de Investigación Periodistica (CIPER), Chile ». [Date de consultation : 20 avr. 2021]
Autres sources consultées
Sources orales : chargé de cours dans une université du Royaume-Uni qui a mené des recherches sur le crime organisé au Chili; Chili – ambassade à Ottawa, Fiscalía Nacional, Policía de Investigaciones; Fundación Paz Ciudadana; professeur de droit criminel et de criminologies dans une université au Chili qui a mené des recherches sur le crime organisé.
Sites Internet, y compris : Amnesty International; AthenaLab; Chili – Ministerio del Interior y Seguridad Pública; ecoi.net; Équipe internationale de conseil au secteur de la sécurité; Freedom House; The Guardian; INTERPOL; La Tercera; Nations Unies – Office contre la drogue et le crime, Refworld; The New Yorker; Organisation de coopération et de développement économiques; teleSUR; Wilson Center.