ONU/Bangladesh: Le chef de l'armée bangladaise visé par de graves allégations

 

Un documentaire dévoile des liens présumés entre le général Aziz et des abus commis par les forces de sécurité

(New York, le 5 février 2021) - Les représentants des Nations Unies devraient profiter de leurs réunions avec de hauts responsables militaires bangladais la semaine prochaine pour dénoncer toute tentative d'utiliser leurs liens avec l'ONU pour dissimuler des abus commis dans leur pays, ont déclaré aujourd'hui sept organisations de défense des droits humains. L'ONU devrait réexaminer de manière approfondie ses relations avec les forces armées bangladaises, qui contribuent le plus grand nombre de troupes aux missions de maintien de la paix dans le monde.

Au cours de la semaine du 8 février, le chef d'État-major du Bangladesh, le général Aziz Ahmed, est censé rencontrer de hauts fonctionnaires de l'ONU dans le but d'accroître davantage encore le rôle du Bangladesh dans les missions de maintien de la paix de l'ONU. Cependant, le général Aziz est aussi le sujet d'une troublante enquête menée par Al Jazeera, alléguant l'implication de membres de sa famille dans des exactions commises par les forces de sécurité bangladaises. Le documentaire évoque aussi de graves abus perpétrés par des unités militaires sous le commandement du général Aziz.

« Au-delà d'une longue série d'exécutions extrajudiciaires, de disparitions et de tortures commises par les forces de sécurité bangladaises sous le contrôle du général Aziz, de nouvelles informations suggèrent que l'armée bangladaise tente de dissimuler des tactiques de surveillance abusives employées par le gouvernement dans le pays », a déclaré Louis Charbonneau, directeur du plaidoyer auprès des Nations Unies à Human Rights Watch. « L'ONU devrait mener sa propre enquête sur ces allégations, et examiner de près le bilan en matière de droits humains de toutes les unités et personnes bangladaises impliquées dans des missions de maintien de la paix. »

L’enquête d’Al Jazeera, diffusée le 1er février, contient des enregistrements dans lesquels un individu présumé être le général Aziz décrit la protection politique que la Première ministre Sheikh Hasina lui aurait offerte. Cette protection serait aussi accordée à ses frères, qui avaient été condamnés en 2004 pour le meurtre d'un rival politique de la Première ministre.

Le gouvernement bangladais a nié les allégations, les qualifiant d’ « d’insinuations trompeuses » s’apparentant à une « campagne de dénigrement à motivation politique. »

Dans une autre séquence de la vidéo d’Al Jazeera, filmée secrètement, l'un des frères du général Aziz semble affirmer qu’il est en mesure de déployer les forces de sécurité du Bangladesh à ses propres fins personnelles et politiques. Parmi ces forces figure le Bataillon d'action rapide (Rapid Action Battalion, RAB), une unité paramilitaire tristement connue pour ses graves exactions.

Le RAB est officiellement rattaché au ministère de l'Intérieur, mais se trouve effectivement sous le contrôle de l'armée, dirigée par le général Aziz.

Human Rights Watch a appelé à la dissolution du RAB, qui fonctionne parfois comme un escadron de la mort, responsable d’exécutions extrajudiciaires, de torture et de disparitions forcées. Le Comité des Nations Unies contre la torture ainsi que le Comité des droits de l'homme des Nations Unies ont demandé l’ouverture d’enquêtes sur le RAB. En octobre 2020, un groupe de sénateurs américains a recommandé l’imposition de appelant à des sanctions contre les hauts commandants du RAB.

Les sept organisations cosignataires de ce communiqué sont Human Rights Watch, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), la Commission asiatique des droits humains (AHRC), l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), le Forum asiatique pour les droits humains et le développement, la fondation Robert F. Kennedy Human Rights, et Eleos Justice.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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