Guinée : information sur l’accès aux traitements contre le VIH/sida, y compris sur le soutien offert par les secteurs public et privé, ainsi que par les organisations internationales; traitement réservé par la société aux personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH), notamment lorsqu’elles tentent d’obtenir un traitement (2017-janvier 2020) [GIN106399.F]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Le VIH/sida en Guinée

Selon les résultats d’un test administré au cours de l’Enquête démographique et de santé (EDS V) 2018 menée par l’Institut national de la statistique de la Guinée en collaboration avec l’ICF, organisme chargé du programme international des Enquêtes démographiques et de santé (Demographic and Health Surveys - DHS) pour le compte de l’Agence américaine pour le développement international (United States Agency for International Development - USAID), la prévalence du VIH dans l’ensemble de la population guinéenne âgée de 15 à 49 ans est estimée à 1,5 p. 100 (Guinée et ICF juill. 2019, ii, 293). Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) estime pour sa part cette prévalence à 1,4 p. 100 (Nations Unies 2018a). Selon l’ONUSIDA, environ 120 000 personnes vivaient avec le VIH en Guinée en 2016 (Nations Unies 2018b).

1.1 Accès aux traitements contre le VIH/sida

Dans son Plan national de développement sanitaire 2015-2024, le gouvernement de la Guinée dresse ce portrait de son système de santé :

Dans le domaine de l’offre de soins globale du pays, il existe 1 383 structures publiques toutes catégories confondues, réparties comme suit : 925 postes de santé, 410 centres de santé, 5 centres de santé améliorés, 33 centres médicaux communaux et hôpitaux préfectoraux, 7 hôpitaux régionaux et 3 hôpitaux nationaux. Sur le nombre total d’infrastructures publiques, 51% se trouvent dans un état physique et de fonctionnalité non appropriés par rapport aux standards définis (258 postes de santé, 201 [c]entres de santé, 12 hôpitaux préfectoraux, 5 centres de santé communaux, 4 hôpitaux régionaux et 2 hôpitaux nationaux). La plupart des infrastructures sanitaires du pays ne répondent plus aux normes standards (Guinée mars 2015, 24).

Le gouvernement de la Guinée rapporte dans son Cadre stratégique national de lutte contre le sida 2018-2022 que l’offre de services de dépistage est passé de 101 sites en 2013, à 126 en 2016, et que le nombre de sites de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant est passé de 131 en 2013, à 323 en 2016, mais que « leur degré de fonctionnalité n’est pas optimal notamment dans les régions de Kankan, Mamou et N’Zérékoré » (Guinée août 2018, 21, 24). Pour ce qui est des centres de prises en charge, le rapport souligne qu’en 2017, « seulement 142 sites ont intégré la prise en charge et seulement 86 sites sont fonctionnels. La file active des PVVIH sous ARV [antirétroviraux] n’a cessé de croitre, passant de 27792 en 2013 à 51406 en fin 2017, soit une couverture de 42% » (Guinée août 2018, 26). Le rapport signale également que les « faibles performances » des centres de prise en charge sont attribuables en outre à « [l]’inaccessibilité géographique des sites de prise et [au] faible revenu des patients et/ou des ménages affectés par le VIH » (Guinée août 2018, 27-28).

Dans un rapport publié en avril 2016 sur le traitement du VIH/sida en Afrique occidentale et centrale, Médecins sans frontières (MSF) signale que le système de santé guinéen « fait passer le fardeau financier des soins de santé aux patients et aux familles » (MSF avr. 2016, 21). Dans son Plan national de développement sanitaire de mars 2015, le gouvernement guinéen souligne que l’augmentation des coûts dans le but de financer le système de santé a rendu la prestation des soins inaccessible pour une « partie relativement importante de la population » (Guinée mars 2015, 37). Des sources rapportent que des traitements ARV sont disponibles gratuitement en Guinée (Africaguinee.com 12 avr. 2019; OSAR 12 oct. 2018, 6). Cependant, des sources consultées par l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) soulignent que d’autres frais peuvent entraver l’accès aux traitements, tels ceux de déplacements, de diagnostics, de laboratoire, de dossiers, de traitements de maladies opportunistes, etc. (OSAR 12 oct. 2018, 6).

L’association MSF signale de « fréquentes ruptures de stocks » des ARV (MSF s.d.). D’autres sources interrogées par l’OSAR rapportent également que les ruptures de stocks sont fréquentes pour les médicaments ARV de première et deuxième ligne (OSAR 12 oct. 2018, 7, 8). L’OSAR signale en outre que, selon des sources qu’elle a consultées, les médicaments ARV de troisième ligne ne sont pas disponibles en Guinée (OSAR 12 oct. 2018, 8).

Selon MSF, en 2016, 28 p. 100 des personnes vivant avec le VIH avaient accès à des traitements ARV (MSF 30 nov. 2018). L’organisation rapporte avoir elle-même soutenu près de 11 000 personnes séropositives en 2017 en Guinée (MSF [2017], 43). L’ONUSIDA signale pour sa part qu’environ 40 p. 100 des personnes vivant avec le VIH, c’est-à-dire 49 000 patients, ont reçu un traitement ARV en 2018 (Nations Unies 2018a), pour environ 35 p. 100 en 2016 (Nations Unies 2018b). Le gouvernement de la Guinée signale de son côté, en mai 2019, que « [s]’agissant des personnes atteintes, 30 040 ont accédé aux traitements antirétroviraux (ARV) soit un taux d’accès de 59,1 % » (Guinée 16 mai 2019, paragr. 259).

Se fondant sur des données de 2011 du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique de la Guinée, MSF signale que l’accès aux traitements contre le VIH/sida est plus difficile en zone rurale qu’urbaine :

L’inégalité entre les zones urbaines et rurales se traduit par un accès inégal aux soins de santé : 63 % de la population vit à la campagne, alors que seulement 17 % du personnel médical y travaille. Dans le centre de santé de Matam dans la capitale, 25 % des patients viennent de zones situées en dehors de Conakry, en dépit des longues distances à parcourir et des obstacles liés au transport. La rareté des services de santé dans les zones rurales est aggravée par un niveau élevé de stigmatisation (MSF avr. 2016, 74).

Dans un rapport soumis en 2018 au Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, le gouvernement rapporte que 80 p. 100 des femmes enceintes vivant avec le VIH ont reçu des ARV (Guinée 7 août 2018, paragr. 94).

Selon une docteure spécialiste des maladies infectieuses de l’Hôpital universitaire de Berne, interrogée par l’OSAR, les traitements ARV sont plus difficiles d’accès pour les enfants guinéens, notamment parce que peu de pédiatres sont spécialisés et parce que les médicaments sont souvent indisponibles (OSAR 12 oct. 2018, 7). Dans son rapport au Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies, le gouvernement de la Guinée rapporte que la proportion des enfants recevant un traitement ARV est de 21 p. 100 (Guinée 16 mai 2019, paragr. 260).

En se basant sur des données recueillies auprès d'acteurs sur le terrain, dont MSF, l’OSAR signale que l’accès aux soins est « limité » pour les personnes ayant atteint le stade sida de la maladie (OSAR 12 oct. 2018, 8). L’association MSF fait état d’un taux de mortalité parmi les personnes séropositives pouvant atteindre 40 p. 100 dans les hôpitaux qu’elle soutient en Guinée (MSF s.d.). L’ONUSIDA estime que le nombre de décès causés par le sida en un an était de 4 300 en 2018 (Nations Unies 2018a) et de 5 800 en 2016 (Nations Unies 2018b).

1.1.1 Soutien public

L'Enquête démographique et de santé (EDS V) 2018 montre que 2 p. 100 de la population guinéenne âgée de 15 à 49 ans bénéficie d’une assurance-maladie (Guinée et ICF juill. 2019, 39).

Le Comité national de lutte contre le sida (CNLS) de Guinée a été créé par décret en 2002 (Guinée s.d.). Sur son site Internet, le CNLS se décrit ainsi :

Le CNLS est le seul organe de coordination de toutes les interventions contre l’épidémie du VIH en Guinée. Essentiellement, il a en charge d’impulser et de coordonner les activités multisectorielles y compris les systèmes de contrôle et d’évaluation au niveau national. Il doit entre autres veiller à la création d’un environnement juridique favorable au respect des devoirs et à la protection des droits des [p]ersonnes [v]ivant avec le VIH (PVVIH). Il doit également rechercher les financements et appuis nécessaires aux activités de lutte contre le sida tant pour le secteur public que privé (Guinée s.d.).

Le CNLS a élaboré quatre cadres stratégiques nationaux de lutte contre le sida; le cadre pour la période 2018-2022 signale que le budget prévu s’élève à 246 935 749 $US, mais que 79 p. 100 de ce montant n’est pas disponible et devra être notamment obtenu par la mobilisation « des principaux bailleurs de fonds traditionnels, […] à travers des requêtes de financement et des missions de plaidoyer au niveau régional et international » (Guinée août 2018, 5, 44, 45).

1.1.2 Associations et ONG

Des sources mentionnent que l’association Afrique Arc-en-ciel (AAEC) œuvre dans le domaine de la lutte contre le VIH en Guinée (Belgique 28 nov. 2017, 14; Afrique Arc-en-ciel s.d.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur les activités ou les capacités opérationnelles de cette association. L’AAEC a rapporté au Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) de la Belgique en 2017 qu’elle était «toujours la seule association [LGBTI] avec un agrément officiel en Guinée » et que ses principales activités consistaient dans « la sensibilisation et/ou prévention, le dépistage, la lutte contre la discrimination et la stigmatisation dans le cadre du VIH/sida » (Belgique 28 nov. 2017, 14).

L’ONG française Solidarité thérapeutique et initiatives pour la santé (Solthis), qui lutte contre le VIH/sida dans le monde, signale sur son site Internet qu’elle œuvre en Guinée dans les domaines du diagnostic, du suivi, de la prise en charge thérapeutique et de la recherche, et qu’elle y maintient un bureau permanent (Solthis s.d.). Selon son rapport d’activités 2018, Solthis coordonne trois projets en Guinée :

  • le projet OPP-ERA, visant à améliorer le suivi des PVVIH par l’accès à la charge virale [qui permet de surveiller l’efficacité du traitement], qui « a permis d’introduire pour la première fois, un accès à la charge virale dans le système de santé public guinéen » et qui a mené plus de 26 000 tests de charge virale entre 2014 et 2018 à l’Institut national de santé publique (INSP) et à l’Hôpital national de Donka à Conakry (Solthis juin 2019, 20, 21);
  • le projet de recherche DIAVINA, qui vise la prévention de la transmission du VIH de la mère au nourrisson dès la naissance par un diagnostic de l’infection et un traitement systématique ARV préventif dès la naissance à l’hôpital Ignace Deen et qui a fait en sorte que « le dépistage du VIH en salle de travail est passé de 65% en 2016 à 95% en 2018 et au niveau des services de pédiatrie : 3 fois plus de dépistage VIH et d’enfants infectés par le VIH qui ont bénéficié d’un traitement antirétroviral » (Solthis juin 2019, 22);
  • le projet PACTES, qui vise à optimiser l’efficacité de la prise en charge par la formation des soignants et à appuyer les associations de PVVIH (Solthis juin 2019, 23).

La Plateforme Ensemble luttons contre le sida en Afrique (Plateforme ELSA), « un consortium d’associations françaises actives dans la lutte contre le VIH/sida en Afrique » (Plateforme ELSA s.d.a), signale sur son site Internet que l’Association des femmes de Guinée pour la lutte contre les IST [infections sexuellement transmissibles] et le sida (ASFEGMASSI) est la « [p]remière ONG de lutte contre le sida en Guinée » et qu’elle travaille à prévenir et soigner le VIH dans ce pays où elle gère deux centres de traitement ambulatoires associatifs à Conakry et à Coyah, et que les PVVIH « y reçoivent des prestations diverses de façon gratuite » (Plateforme ELSA s.d.b). Dans un article universitaire portant sur le suivi des patients sous traitement ARV dans le centre de traitement ambulatoire du VIH de l’ASFEGMASSI à Conakry, on peut lire ce qui suit :

Elle [ASFEGMASSI] contribue à la réduction de la propagation des IST/VIH dans le pays à travers l’éducation populaire, la formation du personnel et la protection sociale des femmes et des personnes vivant avec le VIH. Grâce au soutien du Programme national de lutte et de prévention des IST/sida, du Comité national de lutte contre le sida et du Fonds mondial pour la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, l’ASFEGMASSI prend en charge près de 1000 personnes vivant avec le VIH (Touré, et al. mai 2018, 2).

Sans fournir plus de détails, des sources mentionnent au moins une association des PVVIH en Guinée (MSF 30 nov. 2018; BBC 24 juill. 2018).

1.1.3 Organisations internationales

L’association internationale privée MSF signale qu’elle participe à la lutte contre le VIH/sida en Guinée depuis 1984 et y offre des traitements ARV depuis 2003 (MSF avr. 2016, 81). Ses équipes collaborent avec le ministère de la Santé de la Guinée pour offrir des soins aux PVVIH dans six centres de santé de Conakry (MSF s.d.) ainsi que dans une clinique ambulatoire du district de Matam (MSF 20 mai 2016). L’association MSF fournit des services de diagnostic et de traitement (MSF 20 mai 2016), ainsi qu’un « soutien psychosocial, le traitement des infections opportunistes, des formations pratiques et de l’accompagnement au personnel de santé notamment » (MSF s.d.). L’association MSF rapporte également qu’elle « soutient aussi depuis décembre 2016 une unité de soins spécialisés de 31 lits pour les personnes atteintes du sida » à l’hôpital de Donka (MSF [2017], 43). L’association affirme avoir fourni des soins à près de 11 000 PVVIH en 2017 en Guinée (MSF [2017], 43).

L’OSAR rapporte que, selon une docteure spécialisée dans le traitement et le suivi des patients vivant avec le VIH/sida, la communauté chrétienne d’entraide Sant’Egidio opère trois centres Dream à Conakry qui « offrent des traitements aux personnes infectées par le VIH » et dépendent du gouvernement pour l’approvisionnement en médicaments (OSAR 12 oct. 2018, 6). Un article paru sur le blogue Guinée info santé, un site Internet créé par 10 journalistes à la suite d’une formation visant à « mieux comprendre les enjeux et les responsabilités liés à l’information sur la santé », offerte notamment grâce à l’appui du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international (Guinée info santé s.d.), rapporte pour sa part ce qui suit :

Le centre Dream, supporté par la Communauté Sant’Egidio et des « personnes de bonne volonté », a ouvert ses portes depuis 2006 en Guinée. Actuellement, « près de 4.000 personnes vivant avec le VIH/SIDA sont sous traitement antirétroviral dont 70 % de femmes ». Le traitement est gratuit (Guinée info santé 15 oct. 2016).

2. Traitement réservé aux PVVIH par la société

Des sources signalent qu’il y a de la stigmatisation envers les PVVIH en Guinée (Nations Unies 7 déc. 2018, paragr. 17; Guinée et ICF juill. 2019, 262). Selon des sources, les « attitudes discriminatoires » sont « très répandues » (Guinée et ICF juill. 2019, 262) ou « [f]orte[s] » (OSAR 12 oct. 2018, 8). L’association MSF explique, en présentant un projet de dépistage à Conakry en 2016, que [traduction] « [l]a faible prévalence du VIH en Guinée […] signifie que très peu de gens connaissent la maladie et que les personnes vivant avec le VIH font face à une stigmatisation étouffante » (MSF 20 mai 2016). Dans un rapport sur la Guinée publié en décembre 2018, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies souligne, sans fournir plus de détails, des « actes de discrimination, stigmatisation et violence à l’encontre […] des personnes infectées par le VIH/sida » (Nations Unies 7 déc. 2018, paragr. 17).

Selon l’EDS V, « 63 % de femmes et 63 % d’hommes pensent que les enfants séropositifs ne devraient pas aller à l’école avec les enfants séronégatifs; de même, 76 % des femmes et 75 % des hommes n’achèteraient pas de légumes frais à un commerçant qui a le VIH » (Guinée et ICF juill. 2019, 259). Toujours selon les données de l’EDS V, la proportion des Guinéens « ayant exprimé des opinions discriminatoires » à l’égard des personnes infectées par le VIH/sida est globalement de 80 p. 100 chez les femmes et de 79 p. 100 chez les hommes (Guinée et ICF juill. 2019, 263). La même source signale que les taux de stigmatisation varient selon les régions; ils sont plus élevés en milieu rural qu’urbain, et ils diminuent avec le niveau d’instruction : « C’est dans la région de Mamou que le niveau de stigmatisation chez les femmes est le plus élevé (90 %) et dans celle de Kankan qu’il est le plus faible (68 %). Chez les hommes, le niveau de stigmatisation varie d’un maximum de 90 % à Kindia à un minimum de 60 % à Mamou » (Guinée et ICF juill. 2019, 262, 263). Selon les données d’une autre étude menée par le CNLS et Population Services International (PSI) [1], l’Étude de surveillance comportementale et biologique (ESCOMB) sur les IST, le VIH/SIDA et la syphilis auprès des populations clés et groupes vulnérables en Guinée publiée en mars 2018, les pourcentages d’individus, parmi des groupes cibles (jeunes, pêcheurs, miniers et détenus), « déclarant des attitudes discriminatoires à l’égard des personnes vivant avec le VIH » se situent entre 44,3 p. 100 et 61,1 p. 100 (PSI et Guinée mars 2018, 21).

Des sources soulignent que la discrimination et la stigmatisation touchent particulièrement les femmes vivant avec le VIH/sida (É.-U. 13 mars 2019, 21; OSAR 12 oct. 2018, 8). La docteure spécialisée dans le traitement et le suivi des patients vivant avec le VIH/sida a signalé à l’OSAR qu’il est « fréquent » que les femmes vivant avec le VIH/sida « soient ostracisées et rejetées par leurs maris » (OSAR 12 oct. 2018, 6, 8). Selon les Country Reports on Human Rights Practices for 2018 du Département d'État des États-Unis, [traduction] « [l]a plupart des victimes de la stigmatisation sont des femmes que leur famille a abandonnées après que leur mari est mort du sida » (É.-U. 13 mars 2019, 21).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur l’accessibilité au logement et à l’emploi des PVVIH.

2.1 Traitement réservé lors de la recherche de soins

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur le traitement réservé aux PVVIH lors de la recherche de soins. Selon l’Étude de surveillance comportementale et biologique (ESCOMB) sur les IST, le VIH/SIDA et la syphilis auprès des populations clés et groupes vulnérables en Guinée, « la persistance des stéréotypes sociaux, la faiblesse de l’engagement politique et programmatique, et l’environnement légal défavorable […] font des HSH [hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes] une population difficile d’accès et qui échappe le plus souvent aux programmes de prévention et de traitement adéquats » (PSI et Guinée mars 2018, 20). Pour des renseignements sur le traitement réservé aux minorités sexuelles en Guinée, veuillez consulter la réponse à la demande d'information GIN105987 publiée en septembre 2017.

Des sources font état de PVVIH en Guinée qui omettent de se faire soigner ou de rechercher des traitements de peur d’être rejetées par la société (Africaguinee.com 12 avr. 2019; Guinée info santé 15 oct. 2016). Les auteurs de l’EDS V soulignent qu’un « niveau élevé de stigmatisation et de discrimination dans une population peut avoir un impact négatif sur la volonté des individus d’effectuer des tests et sur l’adhésion à des thérapies antirétrovirales (TAR) dans les programmes TAR » (Guinée et ICF juill. 2019, 262). Le site Internet d’information Africaguinee.com rapporte en avril 2019 que, « [s]elon la coordinatrice du projet VIH/Sida de MSF Belgique en Guinée, parmi les 120 mille personnes infectées par le virus en Guinée[,] 42 % n’ont pas bénéficié du dépistage à cause de la stigmatisation dans les communautés et l’auto-stigmatisation » (Africaguinee.com 12 avr. 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

2.2 Lois visant à protéger les PVVIH de la discrimination

Les Country Reports 2018 des États-Unis signalent que des lois pour protéger les PVVIH contre la stigmatisation existent en Guinée (É.-U. 13 mars 2019, 21).

L’Ordonnance n°056/2009/PRG/SGG portant amendement de la loi L/2005/025/AN du 22 novembre 2005 relative à la prévention, la prise en charge et le contrôle du VIH/sida en République de Guinée prévoit ce qui suit :

Article 3: Tous les travailleurs de l’État, forces de défense et de sécurité et prestataires issus des secteurs privés et informel compris, doivent recevoir une formation de base standardisée sur le VIH et le sida portant sur la nature du VIH et du sida, leurs modes de transmission, les moyens de prévention, la conduite à tenir en cas d’exposition et les comportements à adopter envers les PVVIH, en soulignant notamment le devoir de confidentialité et la prohibition de toute forme de discrimination et de stigmatisation.

Le Comité national de lutte contre le sida (CNLS) est chargé de la mise en œuvre des dispositions prévues par le présent article.

Article 4 : Aucun employeur du secteur public, mixte ou privé ne peut demander à un candidat à l’embauche de se soumettre à un test de dépistage du VIH, ni lui refuser l’embauche au motif qu’il ne se serait pas soumis à un test de dépistage du VIH ou aurait refusé de lui soumettre le résultat de son dernier test. Le test de dépistage du VIH ne peut en aucun cas constituer une condition à l’embauche ou un motif de licenciement, quel que soit le sexe du candidat.

Est considéré comme abusif le licenciement d’un travailleur au seul motif qu’il est séropositif (Guinée 2009).

L’Ordonnance prévoit en outre les peines suivantes :

Article 42 : L’employeur qui ne se conforme pas aux dispositions de l'article 4 de la présente ordonnance encourt une amende de 2.000.000 [274 $CAN] à 5.000.000 de francs guinéens, sans préjudice des dommages et intérêts pouvant être alloués au demandeur d’emploi ainsi discriminé.

Article 43: Les personnes suivantes sont rendues coupables d’abandon volontaire d’une PVVIH dépendante et encourent à ce titre une peine d’emprisonnement de 6 mois à 2 ans et une amende de 1.000.000 à 3.000.000 de francs guinéens, ou l’une de ces deux peines seulement :

  1. la personne qui abandonne volontairement son époux ou son épouse légal(e) à cause du statut sérologique de ce(tte) dernie(re);
  2. le père ou la mère qui abandonne volontairement son enfant à cause du statut sérologique de ce dernier;
  3. l’enfant majeur qui abandonne volontairement son père ou sa mère à cause du statut sérologique de ce(tte) dernier(re) (Guinée 2009).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé de renseignements indiquant si les dispositions ci-dessous ont déjà été appliquées.

Les Country Reports 2018 des États-Unis précisent que c’est cependant sur les efforts des donateurs que compte le gouvernement pour lutter contre la discrimination envers ces personnes et qu’il se [traduction] « limite à payer les salaires des prestataires de services de santé » (É.-U. 13 mars 2019, 21). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Note

[1] Population Services International (PSI) est une ONG basée à Washington œuvrant dans une cinquantaine de pays afin de renforcer [traduction] « les bons comportements en matière de santé et l’accès à des médicaments à prix abordables » (PSI s.d.).

Références

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États-Unis (É.-U.). 13 mars 2019. Department of State. « Guinea ». Country Reports on Human Rights Practices for 2018. [Date de consultation : 11 déc. 2019]

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Guinée. 7 août 2018. Rapport valant troisième à sixième rapports périodiques soumis par la Guinée en application de l’article 44 de la Convention, attendus en 2017. (CRC/C/GIN/3-6*) [Date de consultation : 11 déc. 2019]

Guinée. Août 2018. Comité national de lutte contre le sida (CNLS). Cadre stratégique national de lutte contre le sida 2018-2022. [Date de consultation : 14 janv. 2020]

Guinée. Mars 2015. Ministère de la Santé. Plan national de développement sanitaire (PNDS) 2015-2024. [Date de consultation : 13 janv. 2020]

Guinée. 2009. Ordonnance n°056/2009/PRG/SGG portant amendement de la loi L/2005/025/AN du 22 novembre 2005 relative à la prévention, la prise en charge et le contrôle du VIH/sida en République de Guinée. [Date de consultation : 18 déc. 2019]

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Nations Unies. 2018a. Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). « Guinea 2018 ». Country Factsheets. [Date de consultation : 16 déc. 2019]

Nations Unies. 2018b. Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). « Pays : Guinée ». [Date de consultation : 9 déc. 2019]

Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR). 12 octobre 2018. Guinée : traitement du VIH/SIDA. [Date de consultation : 8 janv. 2020]

Plateforme Ensemble luttons contre le sida en Afrique (Plateforme ELSA). S.d.a. « Qui sommes-nous? ». [Date de consultation : 13 janv. 2020]

Plateforme Ensemble luttons contre le sida en Afrique (Plateforme ELSA). S.d.b. « ASFEGMASSI ». [Date de consultation : 14 janv. 2020]

Population Services International (PSI) et Guinée, Comité national de lutte contre le sida (CNLS). Mars 2018. Étude de surveillance comportementale et biologique (ESCOMB) sur les IST, le VIH/SIDA et la syphilis auprès des populations clés et groupes vulnérables en Guinée, 2017. [Date de consultation : 11 déc. 2019]

Population Services International (PSI). S.d. « PSI at a Glance ». [Date de consultation : 13 janv. 2020]

Solidarité thérapeutique et initiatives pour la santé (Solthis). Juin 2019. Rapport d'activités 2018. [Date de consultation : 15 janv. 2020]

Solidarité thérapeutique et initiatives pour la santé (Solthis). S.d. « Nos pays d'intervention ». [Date de consultation : 13 janv. 2020]

Touré, Abdoulaye, et al. Mai 2018. « Facteurs associés aux perdus de vue des patients sous traitement antirétroviral dans un centre de traitement ambulatoire du VIH à Conakry, Guinée ». Revue d’épidémiologie et de santé publique. [Date de consultation : 15 janv. 2020]

Autres sources consultées

Sources orales : Fidesco; Médecins sans frontières; Nations Unies – ONUSIDA, Organisation mondiale de la santé; Plateforme Ensemble luttons contre le sida en Afrique; Solidarité thérapeutique et initiatives pour la santé.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Comité international de la Croix Rouge; Factiva; France – Office français de protection des réfugiés et apatrides; Freedom House; Global Guinée; Human Rights Watch; International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association; Nations Unies – Fonds des Nations Unies pour la population, Refworld.

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