Mexique : information sur la corruption policière, y compris l'affiliation de la police aux cartels et l'efficacité de la police; la protection offerte par l'État, y compris les mécanismes de plainte qui existent pour signaler les cas de corruption (2017-septembre 2020) [MEX200314.EF]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Corruption policière

Selon un article paru en 2017 dans le Washington Post, [traduction] « la police mexicaine est entravée par la corruption depuis des décennies » (The Washington Post 24 août 2017). Transparency International, une organisation internationale active dans plus de 100 pays qui vise à enrayer la corruption et à promouvoir la transparence (Transparency International s.d.), s'appuyant sur son Baromètre mondial de la corruption (Global Corruption Barometer), a produit en 2017 un rapport sur la corruption en Amérique latine et dans les Caraïbes; ce rapport, [traduction] « fondé sur des enquêtes auprès de 22 000 citoyens vivant dans 20 pays en Amérique latine et dans les Caraïbes », souligne que les citoyens ont coté la corruption policière au Mexique comme un facteur « [n]égatif/[à] haut risque » (Transparency International 9 oct. 2017, 4, 29). Un rapport publié en 2018 par l'International Crisis Group sur la situation de sécurité avec laquelle doit composer l'administration López Obrador précise que [traduction] « [l]a corruption, y compris au sein des forces armées et de la Police fédérale [Policía Federal], sous-tend la collusion entre l'État et les criminels » (International Crisis Group 11 oct. 2018, 2). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur de science politique au Middle Tennessee State University et chercheur à l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), qui s'intéresse à la corruption policière au Mexique et qui a publié un livre et plusieurs articles à ce sujet, a fait observer que [traduction] « [l]a corruption policière demeure un problème majeur au Mexique et il y a peu d'indications faisant état d'une amélioration de la situation au cours des dernières années » (professeur 29 juill. 2020).

Selon une enquête sur la sécurité et la participation publique réalisée en 2018 par le Centre d'études sociales et d'opinion publique (Centro de Estudios Sociales y de Opinión Pública – CESOP) de la Chambre des députés du Mexique et fondée sur des entretiens avec 1 200 citoyens (Mexique août 2018, 65), 44,9 p. 100 des répondants croient que les autorités sont un élément de criminalité (Mexique août 2018, 6). L'Enquête nationale de qualité et d'impact gouvernemental (Encuesta nacional de calidad e impacto gubernamental – ENCIG) de 2019, réalisée par l'Institut national des statistiques et de la géographie (Instituto Nacional de Estadística y Geografía – INEGI), [traduction] « une entité publique autonome » responsable de la collecte et de la publication d'information au sujet du Mexique (Mexique s.d.), montre que le plus haut pourcentage de corruption en 2019 était vécu par contact avec les autorités de la sécurité publique, 59,2 p. 100 des participants ayant répondu qu'ils avaient vécu un acte de corruption au contact des autorités de la sécurité publique (Mexique mai 2020, 132). De même, Daniel Zizumbo-Colunga, un professeur de recherche au Centre de recherche et d'enseignement économiques (Center for Economic Research and Teaching – CIDE-RC), et Benjamín Martínez-Velasco, un étudiant à la maîtrise au CIDE-RC qui s'intéresse aux méthodes d'analyse des politiques publiques (Zizumbo-Colunga et Martínez-Velasco mai 2020, 115), font observer que, selon le l'enquête AmericasBarometer 2019 du Projet d'opinion publique de l'Amérique latine (Latin American Public Opinion Project – LAPOP), une institution universitaire qui réalise de sondages d'opinion publique (LAPOP s.d.), lorsque des citoyens ordinaires vivent de la corruption, cette dernière implique [traduction] « le plus souvent » des agents de police (Zizumbo-Colunga et Martínez-Velasco mai 2020, 116). En outre, selon les mêmes auteurs, 24,7 p.100 des répondants ont signalé s'être fait demander un pot-de-vin par un policier au cours des 12 mois précédents (Zizumbo-Colunga et Martínez-Velasco mai 2020, 118).

Un article sur la police en Amérique latine publié en 2017 par InSight Crime, une fondation qui étudie le crime organisé en Amérique latine et dans les Caraïbes (Insight Crime s.d.), précise [traduction] « [qu'au] Mexique, le crime organisé a profondément infiltré les institutions policières » (InSight Crime 20 mars 2017). De même, l'indice de transformation 2020 de la Fondation Bertelsmann (Bertelsmann Stiftung Transformation IndexBTI), qui [traduction] « examine la transition vers la démocratie et l'économie de marché ainsi que la qualité de la gouvernance dans 137 pays », montre que, dans la plupart des États mexicains outre le Yucatán, le Campeche et l'Aguascalientes, la police locale « a été infiltrée par le crime organisé » (Bertelsmann Stiftung 2020, 2, 29).

Le professeur a souligné que [traduction] « des analyses consacrées au trafic de drogue, au crime organisé et aux violations des droits de la personne mettent également en lumière le rôle que joue la police à diverses échelles – fédérale, étatique, locale – pour faciliter le commerce illégal, le travail à la solde du crime organisé et la violation systématique des droits de la personne » (professeur 29 juill. 2020). Il est écrit dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2019 du Département d'État des États-Unis que [traduction] « [d]es sources crédibles ont fait état de la participation de la police à des enlèvements avec demande de rançon, et il est arrivé que des fonctionnaires fédéraux ou des membres des forces nationales de défense soient accusés d'avoir perpétré ce crime » (É.-U. 11 mars 2020, 3-4).

Selon des sources, les faibles salaires contribuent à la corruption policière (KPBS 7 févr. 2020; Al Jazeera 2 août 2018). Un article publié en 2018 par InSight Crime fait observer que [traduction] « [l]es forces policières locales sont particulièrement vulnérables à la corruption et à l'infiltration de groupes criminels, car elles sont surchargées de travail et sous-payées, en plus de manquer d'effectifs » (InSight Crime 27 août 2018). Il est précisé dans un rapport de l'International Crisis Group sur le crime organisé dans l'État mexicain de Guerrero que les piètres conditions de travail de la police et les possibilités de s'impliquer au sein de groupes criminels contribuent à la corruption policière (International Crisis Group 4 mai 2020, 18). Il ressort d'une enquête sur les attitudes et les perceptions de 4 422 agents de police menée en 2019 par Causa en Común, une organisation qui étudie et qui analyse les politiques publiques sous l'angle plus particulier de la sécurité et de la justice (Causa en Común s.d.), que 34 p. 100 des répondants ont précisé que la lutte contre la corruption au sein même de l'institution est une mesure qui améliorerait le maintien de l'ordre dans leur État (Causa en Común 2019, 17).

Un article publié en août 2018 par El Sol de Puebla, un journal mexicain de langue espagnole, souligne que le ministère de la Sécurité publique (Secretaría de Seguridad Pública – SSP) a pris le contrôle de la sécurité publique à Tehuacán le 23 août, en raison de l'augmentation de la criminalité dans la municipalité et pour pouvoir établir si la force policière avait été infiltrée (El Sol de Puebla 23 août 2018). De même, selon un article publié en 2018 par InSight Crime, une force policière municipale complète a été démantelée dans la ville de Tehuacán, au centre de l'État de Puebla, en raison d'allégations de corruption et de liens avec le crime organisé (InSight Crime 27 août 2018). La même source explique que [traduction] « [l]a suspension en bloc de toute une force policière municipale démontre à quel point le crime organisé et les réseaux de corruption pénètrent l'État à l'échelle locale » (InSight Crime 27 août 2018). El Sol de Puebla fait également remarquer que le ministère de la Sécurité publique avait également pris le contrôle des forces policières à San Martín Texmelucan et à Ciudad Serdán au cours des [traduction] « mois précédents » (El Sol de Puebla 23 août 2018). D'après des sources, en septembre 2018, les autorités ont désarmé l'entièreté de la force policière municipale de la ville d'Acapulco dans le Sud du Mexique parce qu'elles la soupçonnaient d'avoir été infiltrée par des groupes criminels (AP 26 sept. 2018; El País 26 sept. 2018; BBC 26 sept. 2018). Des sources soulignent que, en août 2019, tous les membres de la force policière municipale de Madera dans l'État de Chihuahua, au nord, avaient été arrêtés pour avoir protégé les trafiquants de drogue locaux (InSight Crime 21 août 2019; Excélsior 15 août 2019).

1.1 Affiliation de la police aux cartels

D'après le BTI 2020, [traduction] « [d]ans de nombreuses localités du Mexique, les organisations de trafic de drogue contrôlent la police locale » (Bertelsmann Stiftung 2020, 6). Selon la même source, [traduction] « les différentes forces policières ne se font aucunement confiance, étant donné que les forces policières municipales et étatiques ont été infiltrées par les cartels de drogue et, par conséquent, elles sont donc rarement informées des opérations menées par la Police fédérale ou par l'armée » (Bertelsmann Stiftung 2020, 34). De même, il est fait observer dans un article de KPBS, un service de nouvelles de San Diego (KPBS s.d.), que [traduction] « [l]e gouvernement fédéral a déclaré que l'infiltration du crime organisé est un problème pour de nombreuses forces policières dans le Sonora et partout au pays » (KPBS 7 févr. 2020). Le professeur a affirmé que [traduction] « le consensus qui se dégage de la littérature est que le crime organisé ne peut fonctionner sans corruption, tout particulièrement dans ses relations avec les responsables de l'application de la loi » (professeur 29 juill. 2020). Il ressort du rapport de l'International Crisis Group sur le crime organisé dans le Guerrero que [traduction] « plus de 80 p. 100 des propres agents de la force affirment que leurs collègues se livrent à des comportements "illégaux" » (International Crisis Group 4 mai 2020, i).

Des sources font état des cas suivants d'affiliation de la police aux cartels :

  • En décembre 2019, l'ancien chef de la police fédérale de 2006 à 2012 a été arrêté aux États-Unis et accusé d'avoir accepté des pots-de-vin de la part du cartel de Sinaloa (LA Times 10 déc. 2019; NPR 10 déc. 2019; professeur 29 juill. 2020).
  • En janvier 2020, Ivan Reyes Arzate, l'ancien chef de l'Unité des enquêtes de nature délicate (Sensitive Investigative Unit – SIU) de la Police fédérale mexicaine a été accusé par des procureurs américains d'avoir aidé des cartels de drogue du Mexique en échange de pots-de-vin (NBC 24 janv. 2020; Reuters 24 janv. 2020). Selon les procureurs, M. Reyes a accepté des pots-de-vin du cartel El Seguimiento 39 et a aidé à protéger ses opérations de trafic de drogue (Reuters 24 janv. 2020). Des témoins allèguent en outre que M. Reyes a accepté des pots-de-vin d'autres cartels, y compris l'Organisation Beltrán Leyva (Reuters 24 janv. 2020).
  • Une descente effectuée dans le quartier Tepito de la ville de Mexico en 2019 a révélé des éléments de preuve selon lesquels 120 policiers protégeaient le cartel Unión Tepito (El Universal 24 oct. 2019).
  • En 2016, des policiers locaux du Veracruz ont conspiré avec le cartel de Jalisco Nouvelle génération et ont appréhendé cinq jeunes et les ont livrés au cartel de Jalisco Nouvelle génération, qui les a assassinés et qui a brûlé leurs corps (BBC 5 mars 2019; Reuters 4 mars 2019).
  • De 2013 à 2016, le cartel Los Zetas a versé des pots-de-vin à des policiers de l'État de Cohahuila et a intégré des policiers à son organisation (The Guardian 10 nov. 2017).

Pour obtenir des renseignements au sujet des cartels de drogue, y compris de l'Organisation Beltrán Leyva et de Los Zetas, veuillez consulter les réponses aux demandes d'information MEX106302, publiée en août 2019, et MEX200313, publiée en septembre 2020.

2. Efficacité de la police

Il ressort du rapport du CESOP que 27,2 p. 100 des répondants croient que les autorités policières [traduction] « ne font pas leur travail ou ne fonctionnent pas » (Mexique août 2018, 6). De même, l'ENCIG 2019 de l'INEGI montre que le degré de confiance envers la police est de 33,5 p. 100, alors que ce taux était de 30,2 p. 100 parmi les répondants à l'ENCIG de 2017 (Mexique mai 2020, 144). Selon une enquête sur la victimisation et la perception de la sécurité publique réalisée en 2018 par l'INEGI, 93,2 p. 100 des crimes n'étaient pas signalés ou ne faisaient l'objet d'aucune enquête (Mexique 24 sept. 2019, 31).

Selon le BTI 2020, [traduction] « [e]n raison de l'impunité et du fait que les forces officielles sont très souvent impliquées dans des actes criminels, les personnes victimes de criminalité signalent rarement les crimes à la police. Étant donné l'implication possible de la police, ces personnes craignent d'être victimisées de nouveau ou jugent que la démarche est inutile » (Bertelsmann Stiftung 2020, 13). Par ailleurs, le professeur a souligné que [traduction] « l'impunité au Mexique est en grande partie attribuable au fait que les crimes ne sont pas signalés, ce qui, comme pour la corruption non signalée dont il était question précédemment, vient du manque de confiance envers la police et les forces de sécurité » (professeur 29 juill. 2020). Selon l'Indice mondial d'impunité de 2017 (2017 Global Impunity Index), une mesure quantitative de l'impunité dans le monde compilée par le Centre d'études sur l'impunité et la justice (Centro de Estudios sobre Impunidad y Justicia – CESIJ) de l'Université des Amériques à Puebla (UDLAP), le Mexique est un pays [traduction] « à [i]ndice d'[i]mpunité [é]levé », qui se classe au 4e rang des 69 pays inclus dans l'étude (Le Clercq Ortega et Sánchez Lara août 2017, 7, 8, 9).

3. Protection offerte par l'État
3.1 Efforts déployés par le gouvernement pour lutter contre la corruption policière

Il est écrit dans un article publié en 2018 par Al Jazeera que [traduction] « [m]ême s'il est question de réforme policière depuis des années, peu a changé » (Al Jazeera 2 août 2018). De même, il est fait observer dans le rapport de 2018 de l'International Crisis Group que [traduction] « les forces de police sont faibles et les efforts déployés dans le passé pour les réformer se sont soldés tour à tour par des échecs » (International Crisis Group 11 oct. 2018, 28).

Selon le BTI 2020, le [président du Mexique] Andrés Manuel López Obrador [traduction] « a fait de la lutte contre la corruption la principale priorité du gouvernement » et il y a eu une « amélioration de la transparence gouvernementale, réalisée grâce à des institutions comme l'Institut national de la transparence, de l'accès à l'information et de la protection des données personnelles ([Instituto Nacional de Transparencia, Acceso a la Información y Protección de Datos Personales] – INAI) et différentes [ONG] » (Bertelsmann Stiftung 2020, 34). Selon l'International Narcotics Control Strategy Report des États-Unis,

[traduction]

Le président López Obrador a pris des mesures législatives et politiques particulières pour lutter contre la corruption endémique au Mexique, y compris de nouveaux règlements concernant confiscation d'actifs et des lois pour convertir le Bureau du procureur général (PGR) en une entité plus indépendante [Fiscalía General de la República – FGR]. De nombreuses parties prenantes mexicaines voient la création de la FGR comme une occasion de rétablir le système de poursuites, de lutter contre la corruption et de soutenir la primauté du droit (É.-U. mars 2020, 193).

Un livre publié en 2018 sur les mesures anticorruption prises par la Police fédérale en matière de sécurité publique explique que, en décembre 2016, la Police fédérale et le ministère de la Fonction publique (Secretaría de la Función Pública) ont signé une entente relevant du Système national anticorruption (Sistema Nacional Anticorrupción – SNA) (Mexique 26 nov. 2018, 11). La même source signale que, depuis la signature de cette entente, la Police fédérale a participé à divers ateliers, y compris des ateliers internes et des ateliers avec le gouvernement fédéral et avec des gouvernements étatiques (Mexique 26 nov. 2018, 11).

D'après le professeur, une réforme majeure a été amorcée en 2009 et le gouvernement exécute un programme national visant à [traduction] « purifier » les services de police, qui comprend notamment des mesures comme des tests psychologiques, des vérifications des antécédents et de la formation sur les droits de la personne (professeur 29 juill. 2020). Cependant, le professeur a précisé que [traduction] « la progression est affreusement lente » (professeur 29 juill. 2020). Il est écrit dans un article publié en 2019 par Animal Político, une plateforme numérique mexicaine qui s'intéresse à des dossiers comme la corruption, l'insécurité l'inégalité, la violence fondée sur le sexe et la discrimination (Animal Político s.d.), que seulement 25,4 p. 100 des policiers locaux et fédéraux ont rempli les exigences menant à l'obtention du certificat de police officiel (Certificado Único Policial – CUP) requis et que, selon la loi sur le Système national de sécurité publique (Ley del Sistema Nacional de Seguridad Pública), les agents qui n'ont pas obtenu le certificat obligatoire ne devraient plus avoir la permission de travailler (Animal Político 13 sept. 2019). Un article publié en 2020 par Expansión Política, une plateforme mexicaine d'actualité politique en ligne (Expansión Política s.d.), précise également qu'il est obligatoire d'obtenir le CUP pour pouvoir entrer ou demeurer dans les forces de l'ordre; cependant, en décembre 2019, le taux moyen de certification de la police à l'échelle nationale était de 46,3 p. 100 (Expansión Política 26 juin 2020). D'après un article publié en 2020 par Reporte Índigo, un journal mexicain distribué à Mexico, à Guadalajara et à Monterrey (Reporte Índigo s.d.), le délai initial d'obtention du CUP, créé en 2016, pour tous les policiers d'État était septembre 2019; cependant, le Conseil national de sécurité publique (Consejo Nacional de Seguridad Pública – CNSP) a prolongé le délai de 18 mois, et les policiers ont maintenant jusqu'en mars 2021 pour obtenir le CUP (Reporte Índigo 6 août 2020). La même source précise que, selon les [traduction] « plus récentes données », 50,48 p. 100 des policiers étatiques ont obtenu le CUP, car, sur 124 767 policiers, seuls 62 975 ont obtenu le CUP; la source ajoute que Querétaro est le seul État entièrement conforme (Reporte Índigo 6 août 2020).

La loi sur le Système national de sécurité publique prévoit ceci :

Article 39.

[…]

B. Dans l'exercice de leurs compétences respectives, la Fédération, les entités fédératives et les municipalités ont l’obligation suivante :

[…]

VIII. Ne pas recruter et employer au sein des institutions policières des personnes qui ne sont pas inscrites au registre et qui ne possèdent pas un certificat émis par le centre d’évaluation et de contrôle de la fiabilité respectif;

[…]

Article 65.- Pour entrer dans les institutions de l'administration de la justice, les candidats sont tenus de posséder un certificat et une inscription au registre pertinents, conformément aux dispositions de la présente Loi.

Personne ne peut être embauché ou conserver son emploi au sein des institutions de l’administration de la justice sans certificat et inscription au registre valides (Mexique 2009).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement additionnel sur l'application de cette loi.

3.2 Mécanismes pour signaler la corruption

Il ressort d'un rapport sur le Système anticorruption national du Mexique produit en 2018 par le Bureau de Washington sur l'Amérique latine à Washington (Washington Office on Latin America – WOLA), une [traduction] « organisation de recherche et de défense qui veille à l'avancement des droits de la personne dans les Amériques » (WOLA s.d.), que, en juillet 2016, le Mexique a adopté une réforme anticorruption qui a permis la création du Système anticorruption national, une entité de coordination pour différentes institutions préexistantes de lutte contre la corruption (WOLA mai 2018, 8, 9). La même source souligne que le gouvernement mexicain n'avait pas encore mis en oeuvre [traduction] « plusieurs aspects importants » du projet de réforme anticorruption qui sont nécessaires à son fonctionnement (WOLA mai 2018, 10). D'après le BTI 2020, une loi anticorruption qui [traduction] « a habilité l'institution de la transparence, l'INAI, et établi des systèmes similaires à l'échelle étatique » a été adoptée en 2016 (Bertelsmann Stiftung 2020, 34). Toutefois, selon la même source, à la mi-2018, ces systèmes n'avaient toujours pas été mis en place (Bertelsmann Stiftung 2020, 34). Des sources signalent qu'un procureur spécial de lutte contre la corruption n'a pas été nommé, et que d'autres postes du Système national anticorruption demeurent vacants (Bloomberg 24 déc. 2018; Brookings Institution mars 2019, 10, 11; WOLA 2018, 10). Il est écrit dans le rapport du WOLA que [traduction] « des systèmes destinés à coordonner les efforts de lutte contre la corruption à l'échelle étatique n'ont toujours pas été mis en oeuvre dans la plupart des États » (WOLA mai 2018, 10).

Selon les Country Reports 2019 des États-Unis,

[traduction]

[l]e 7 août, le Secrétariat d'administration publique (Public Administration Secretariat) a lancé une plateforme sur son propre site Web où les personnes peuvent signaler les cas de corruption. La plateforme permet aux citoyens de signaler les actes de corruption, les violations des droits de la personne et le harcèlement lorsque des fonctionnaires sont impliqués. Le secrétariat répond à ces signalements en se fondant sur trois principes : la garantie de confidentialité, la surveillance continue du cas et l'imposition de sanctions efficaces (É.-U. 11 mars 2020, 20).

Selon le professeur, il existe des mécanismes pour signaler la corruption à l'échelle municipale, étatique et fédérale (professeur 29 juill. 2020). La même source a affirmé [traduction] « [qu'à] l'échelle fédérale, toutes les agences sont dotées d'un bureau de contrôle interne chargé de recevoir et de traiter les plaintes. La même structure de base existe dans les États » (professeur 29 juill. 2020). Le professeur a souligné que les plaintes pour abus peuvent également être signalées à la Commission nationale des droits de la personne (Comisión Nacional de Derechos Humanos – CNDH) (professeur 29 juill. 2020). Le professeur a déclaré que des [traduction] « enquêtes montrent qu'il est fort peu probable que des citoyens portent officiellement plainte pour corruption et que les motifs les plus souvent invoqués sont la "perte de temps" et la "crainte de représailles" » (professeur 29 juill. 2020). Un rapport sur la corruption et l'impunité publié au Mexique en 2019 par Mexicains contre la corruption et l'impunité (Mexicanos Contra la Corrupción y la Impunidad – MCCI), une ONG mexicaine dont les activités sont axées sur l'élimination de la corruption et de l'impunité (MCCI s.d.), souligne que 36,2 p. 100 des personnes qui savent comment signaler la corruption considèrent la démarche comme [traduction] « inutile » (MCCI 2019, 67). La même source explique que, lorsqu'il a été demandé aux répondants de préciser les raisons pour lesquelles ils ne signalaient pas la corruption, 13,2 p. 100 d'entre eux ont répondu qu'il est [traduction] « inutile » de signaler la corruption, et 4,9 p. 100 ont répondu qu'ils ne signalaient pas la corruption parce qu'ils craignaient les représailles (MCCI 2019, 69).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

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Mexique. 26 novembre 2018. Policía Federal. Anticorrupción en la Seguridad Pública. [Date de consultation : 31 juill. 2020]

Mexique. Août 2018. Cámara de Diputados, Centro de Estudios Sociales y de Opinión Pública (CESOP). Seguridad y Participación Ciudadana 2018. [Date de consultation : 31 juill. 2020]

Mexique. 2009 (version modifiée en 2019). Ley General del Sistema Nacional de Seguridad Pública. Extraits traduits par le Bureau de la traduction, Services publics et Approvisionnement Canada. [Date de consultation : 25 août 2020]

Mexique. S.d. Instituto Nacional de Estadística, Geografía e Informática (INEGI). « About Us ». [Date de consultation : 6 août 2020]

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Professeur, Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM) et Middle Tennessee State University. 29 juillet 2020. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Reporte Índigo. 6 août 2020. Eduardo Buendia. « Certificación de policías a paso lento ». [Date de consultation : 28 août 2020]

Reporte Índigo. S.d. Facebook. « Reporte Índigo – Información ». [Date de consultation : 28 août 2020]

Reuters. 24 janvier 2020. Jonathan Stempel. « U.S. Charges Former Mexico Police Commander in El Chapo-Linked Cocaine Probe ». [Date de consultation : 27 juill. 2020]

Reuters. 4 mars 2019. Lizbeth Diaz. « Mexico Government Apologizes for Deaths of Youths Taken by Police ». [Date de consultation : 16 août 2020]

Transparency International. 9 octobre 2017. People and Corruption: Latin America and the Caribbean. Global Corruption Barometer. [Date de consultation : 23 juill. 2020]

Transparency International. S.d. « About ». [Date de consultation : 7 août 2020]

Washington Office on Latin America (WOLA). Mai 2018. Maureen Meyer et Gina Hinojosa. Mexico's National Anti-Corruption System: A Historic Opportunity in the Fight Against Corruption. [Date de consultation : 28 août 2020]

Washington Office on Latin America (WOLA). S.d. « About Us ». [Date de consultation : 28 août 2020]

The Washington Post. 24 août 2017. Joshua Partlow. « Acapulco Is Now Mexico's Murder Capital ». [Date de consultation : 10 août 2020]

Zizumbo-Colunga, Daniel et Benjamín Martínez-Velasco. Mai 2020. « Corruption at Dawn of the Fourth Transformation ». The Political Culture of Democracy in Mexico and in the Americas, 2018/19: Taking the Pulse of Democracy. Sous la direction de Vidal Romero, et al. Latin American Public Opinion Project (LAPOP). [Date de consultation : 4 août 2020]

Autres sources consultées

Sources orales : Causa en Común; chercheur qui a publié un livre sur la réforme de la police au Mexique; professeur d'études juridiques dans une université du Mexique dont les travaux portent sur la réforme et l'imputabilité de la police; professeur de science politique dans une université en Californie dont les travaux portent que la politique en Amérique latine, y compris la criminalité et le terrorisme transnationaux.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Center for Strategic and International Studies; Commission interaméricaine des droits de l'homme; Council on Foreign Relations; États-Unis – Drug Enforcement Agency, Overseas Security Advisory Council, US Agency for International Development; Factiva; Freedom House; GAN Integrity; Human Rights Watch; INTERPOL; Justice in Mexico; México Evalúa; Mexique – Comisión Nacional de los Derechos Humanos, Fiscalía General de la República, Guardia Nacional, Secretaría de Seguridad y Protección Ciudadana; Nations Unies – Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Refworld; The New York Times; Observatorio Nacional Ciudadano; Organisation de coopération et de développement économiques; Organisation des États américaine; Organized Crime and Corruption Reporting Project; Vice; Wilson Center – Mexico Institute; World Justice Project.

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