Haïti : information sur les efforts déployés à Port-au-Prince après le séisme de janvier 2010 afin de reconstruire et de réparer les logements, en particulier dans les quartiers les plus favorisés; disponibilité des maisons et des appartements à Port-au-Prince [HTI103972.F]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Efforts de reconstruction et de réparation

Selon les sources consultées par la Direction des recherches, les efforts de reconstruction et de réparation qui ont été déployés depuis le séisme qui a frappé Haïti en janvier 2010 avancent lentement (Le Monde 11 janv. 2012; Chronicle of Philanthropy 11 janv. 2012; Oxfam 10 janv. 2012, 1). En janvier 2012, plus de 500 000 personnes vivaient toujours dans des camps de déplacés dans les environs de Port-au-Prince (Le Monde 11 janv. 2012; The Chronicle of Philanthropy 11 janv. 2012; OIM s.d.). Des sources notent également qu'environ la moitié des débris causés par le séisme n'ont toujours pas été nettoyés (Le Monde 11 janv. 2012; La Presse 12 janv. 2012). Par ailleurs, selon un reportage de La Presse, « les nouvelles maisons destinées à durer sont rarissimes » à Port-au-Prince (ibid. 12 janv. 2012).

Des sources soulignent que des problèmes liés à la propriété foncière sont également des obstacles à la reconstruction et à la réparation des logements (The Chronicle of Philanthropy 11 janv. 2012; Nations Unies 9 août 2011). Selon les Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN) des Nations Unies, même avant le séisme, il était difficile de déterminer à qui appartenait les propriétés foncières; ce problème serait devenu plus complexe après le séisme (ibid.). The Chronicle of Philanthropy, une publication basée à Washington qui traite de l'actualité touchant au travail d'organismes à but non lucratif (Chronicle of Philanthropy s.d.), fait état de la [traduction] « confusion » concernant la propriété des terres et explique que des conflits fonciers ont mis un terme à certains projets de construction (11 janv. 2012). De même, les IRIN signalent que ces conflits de propriétés peuvent retarder ou empêcher les efforts de construction d'habitations (Nations Unies 9 août 2011).

1.1 Quartiers favorisés

Des sources consultées par la Direction des recherches s'accordent pour dire que Pétionville est l’un des quartiers relativement aisés de Port-au-Prince (avocate 12 févr. 2012; Courrier international 28 janv. 2010; The New York Times 27 mars 2010). Cependant, le New York Times note également que Pétionville abritait aussi avant le séisme des familles pauvres vivant près de familles plus aisées (ibid.). Une avocate qui travaille pour l'Institute for Justice & Democracy in Haiti (IJDH), une ONG basée aux États-Unis, et qui a écrit un rapport sur le progrès de la reconstruction des logements à Haïti a affirmé que Canapé Vert et Delmas 33 étaient des quartiers de classe moyenne, tout en notant que des personnes plus défavorisées habitaient également dans ces quartiers (avocate 12 févr. 2012).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches le 3 février 2012, un professeur de sociologie à l’Université Wesleyan, au Connecticut, qui s'intéresse aux questions sociales, économiques et politiques en Haïti, a affirmé que les quartiers plus aisés semblaient se faire reconstruire mieux et plus rapidement que les quartiers moins fortunés, car les moyens de le faire y étaient disponibles. Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, l’avocate de l'IJDH a également déclaré que la reconstruction était plus rapide dans les quartiers favorisés (avocate 3 févr. 2012). Des sources notent également que les quartiers plus aisés de Port-au-Prince ont subis moins de dommages lors du séisme (ibid.; Courrier international 28 janv. 2010).

1.2 Situation de la classe moyenne

Selon l'avocate de l'IJDH, jusqu'en août 2011, date à laquelle elle a conclu ses recherches, [traduction] « il n'y avait pas vraiment de plan » pour la reconstruction et la réparation des logements; les gens devaient donc eux-mêmes entreprendre les travaux de reconstruction, mais l'avocate explique que seuls ceux qui appartiennent au moins à la classe moyenne ont les moyens de le faire (avocate 3 févr. 2012). Selon elle, plusieurs des membres de la classe moyenne sont des entrepreneurs qui possèdent des hôtels, des restaurants ou des magasins fréquentés par la communauté d'expatriés travaillant en Haïti, et que, par conséquent, cela leur permet d'avoir accès à du capital pour rebâtir et réparer leurs logements (ibid).

Par contre, selon un article du Seattle Times publié le 10 juillet 2010, six mois après le séisme, la classe moyenne haïtienne avait été négligée dans les efforts initiaux de reconstruction. L'article affirme que ce sont les membres de la classe moyenne qui ont le plus perdu dans ce désastre, puisque la majorité des personnes pauvres du pays n'avait déjà que peu à perdre, alors que l'élite avait les moyens de se remettre sur pied (Seattle Times 10 juill. 2010). L'article cite un économiste haïtien qui affirme que les acquis des gens de la classe moyenne étaient investis dans leurs logements; ils ont donc [traduction] « tout perdu » (ibid.). Selon l'article, les efforts de reconstruction consentis ont surtout visé à reloger ceux qui n'avaient pas de maison avant le séisme (ibid.) D'après le Seattle Times, la classe moyenne haïtienne constitue environ 15 p. 100 de la population (ibid.).

2. Location de logements

Des sources consultées par la Direction des recherches affirment qu'il est possible de louer des habitations à Port-au-Prince (avocate 3 févr. 2012; AlterPresse 31 janv. 2012). Cependant, ces mêmes sources notent que les loyers ont augmenté (AlterPresse 31 janv. 2012; avocate 3 févr. 2012). L'avocate a constaté que, même si, officiellement, l'État devait contrôler le prix des loyers, ce contrôle n'est pas exercé en pratique (ibid). D'après cette dernière, les frais de loyer ont augmenté de 300 à 400 p. 100 depuis le séisme (ibid). Elle a ajouté que les loyers doivent être payés à l'avance pour une année (ibid.). Selon l'avocate, le loyer d'un appartement [traduction] « très simple » avec deux chambres à coucher dans un quartier modeste coûte environ 2 000 dollars américains par année, tandis qu'un appartement dans un quartier plus favorisé, dans un ensemble résidentiel protégé par exemple, peut coûter environ 400 dollars américains par mois (ibid). L'avocate a expliqué qu'en raison des hausses de loyers, certains n'ont plus les moyens de rester ou de retourner dans les habitations qu'ils occupaient avant le séisme (ibid). Selon un article de l'agence de presse haïtienne AlterPresse, malgré l’existence d’un programme du gouvernement qui offrait une subvention de 20 000 gourdes haïtiennes [environ 494 dollars canadiens (XE 7 févr. 2012)] afin de reloger les personnes déplacées qui campaient dans le champ de Mars, certaines d’entre elles ne peuvent se permettre de louer une habitation que dans des « zones à risque », par exemple, les quartiers de Gran Ravin, de Cité Soleil et de Village de Dieu (31 janv. 2012).

3. Possibilité de faire appel à des entrepreneurs

Des sources consultés par la Direction des recherches affirment qu’il est possible d’embaucher des entrepreneurs en construction à Port-au Prince (AU 6 févr. 2012; avocate 3 févr. 2012). L'avocate de l'IJDH a souligné que l’on peut facilement y retenir les services d’entreprises de construction et se procurer des matériaux de construction (ibid). Par ailleurs, selon elle, les programmes de l'Organisation mondiale pour les migrations et du Programme des Nations Unies pour le développement mettent un accent particulier sur le redéveloppement de capacités durables en matière de construction (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

AlterPresse. 31 janvier 2012. « Haïti-relocalisation : Des familles sinistrées au Champ de Mars, insatisfaites ». <http://www.alterpresse.org/spip.php?article12298> [Date de consultation : 7 févr. 2012]

Architectes de l'urgence (AU). 6 février 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant à Haïti.

Avocate, Institute for Justice & Democracy in Haïti (IJDH). 12 février 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

_____. 3 février 2012. Entretien téléphonique.

The Chronicle of Philanthropy [Washington]. 11 janvier 2012. Marisa López-Rivera et Caroline Preston. « Lack of Housing Bedevils Haiti Earthquake Recovery as Cash Runs Low ». <http://philanthropy.com/article/Lack-of-Housing-Hampers-Haiti/130293/> [Date de consultation : 3 févr. 2012]

_____. « About The Chronicle of Philanthropy ». <http://philanthropy.com/page/About-The-Chronicle-of/235/> [Date de consultation : 20 févr. 2012]

Courrier international [Paris]. 28 janvier 2010. Juan Carlos Chavez. « Haïti : Les quartiers riches presque épargnés ». <http://www.courrierinternational.com/article/2010/01/28/les-quartiers-riches-presque-epargnes> [Date de consultation : 3 févr. 2012]

Le Monde [Paris]. 11 janvier 2012. Jean-Michel Caroit. « À Haïti, la reconstruction avance "à pas de tortue" ». <http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/01/11/a-haiti-la-reconstruction-avance-a-pas-de-tortue_1628252_3222.html> [Date de consultation : 13 janv. 2012]

Nations Unies. 9 août 2011. Réseaux d’information régionaux intégrés (IRIN). « Haiti: Political Stalemate Adds to Reconstruction Woes ». <http://www.irinnews.org/printreport.aspx?reportid=93460> [Date de consultation : 7 févr. 2012]

The New York Times. 27 mars 2010. Simon Romero. « Quake Accentuated Chasm that Has Defined Haiti ». <http://www.nytimes.com/2010/03/28/world/americas/28haitipoor.html> [Date de consultation : 3 févr. 2012]

Organisation internationale pour les migrations (OIM). S.d. Displacement Tracking Matrix. « Total Number of Displaced Individuals from July 2010 to January 2012 ». <http://iomhaitidataportal.info/dtm/default.aspx?overviewdtm.aspx> [Date de consultation : 20 janv. 2012]

Oxfam. 10 janvier 2012. Haïti : une reconstruction au ralenti. Deux ans après le tremblement de terre. <http://www.oxfam.org/sites/www.oxfam.org/files/haitibriefingnotefr.pdf> [Date de consultation : 3 févr. 2012]

La Presse [Montréal]. 12 janvier 2012. Agnès Gruda. « Port-au-Prince : des ruines et des promesses ». <http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/seisme-en-haiti/201201/12/01-4485044-port-au-prince-des-ruines-et-des-promesses.php> [Date de consultation : 3 févr. 2012]

Professeur de sociologie, Wesleyan University, Connecticut. 3 février 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

The Seattle Times. 10 juillet 2010. Jacqueline Charles. « Haiti's Middle Class Forgotten in Rush to Rebuild ». <http://seattletimes.nwsource.com/html/nationworld/2012321077_haitimiddleclass11.html> [Date de consultation : 7 févr. 2012]

Autres sources consultées

Sources orales : Un professeur d'études internationales à l'Université d'Ottawa n'a pas pu fournir d'information. Les tentatives faites pour joindre un représentant de l'Organisation mondiale pour les migrations à Haïti ont été infructueuses.

Sites internet, y compris : Agence haïtienne de presse; Amnesty International; ecoi.net; Factiva; Haiti Analysis; Inter Press Service; Nations Unies – Refworld, ReliefWeb; Le Nouvelliste.

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