Bangladesh: information sur le Parti nationaliste [national] du Bangladesh (Bangladesh Nationalist [National] Party – BNP), y compris sur sa structure, ses dirigeants, ses factions, ses organisations affiliées, ses activités, ses membres et les documents d’adhésion; information sur le traitement que réservent les autorités aux membres et aux partisans (2017-mai 2019) [BGD106255.EF]

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Parti nationaliste du Bangladesh

Pour obtenir de l’information sur la fondation, l’histoire, l’idéologie et la structure du BNP jusqu’en 2015, ainsi que de l’information sur l’admissibilité à l’adhésion, veuillez consulter la réponse à la demande d’information BGD105262 publiée en août 2015.

Des sources affirment que le BNP est le principal parti d’opposition au Bangladesh (Odhikar 17 avr. 2019, 6; Al Jazeera 29 déc. 2018). Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (Department of Foreign Affairs and Trade – DFAT) de l’Australie décrit le BNP comme un parti [traduction] « plus conservateur, anti-Inde, urbain et plus souple à l’égard de l’islam politique » [que la Ligue Awami (Awami League – AL) qui dirige le gouvernement] (Australie 2 févr. 2018, paragr. 3.51). En 2017, l’ouvrage Jane’s Sentinel : Security Assessment , cité dans un rapport du ministère de l’Intérieur (Home Office ) du Royaume-Uni, a décrit le BNP de la façon suivante :

[traduction]

« Le BNP suit une politique qui est plutôt de centre droite, combinée à une idéologie nationaliste. Il s’est positionné comme étant plus favorable à la partie de la population qui souhaite voir l’islam jouer un rôle plus important dans la société. Toutefois, même si son nationalisme demeure intact, au fil des ans, le BNP a cherché à réduire son image de parti politique ayant une orientation islamique.

Le parti a du soutien politique partout au pays; cependant, au départ, le soutien était plus fort parmi les électeurs urbains » (R.-U. janv. 2018, paragr. 4.5.1).

Selon des sources, la vie politique au Bangladesh est dominée par le BNP et l’AL dans un système bipartite où des coalitions menées par ces deux partis occupent le pouvoir en alternance (Freedom House 31 janv. 2019; Australie 2 févr. 2018, paragr. 2.20, 3.51).

1.1 Participation aux élections parlementaires de décembre 2018

Des sources signalent que des élections parlementaires ont eu lieu au Bangladesh le 30 décembre 2018 (Prothom Alo 5 mai 2019a; IFES s.d.). Des sources précisent que le BNP a participé à ces élections en étant à la tête du Front d’unité nationale (Jatiya Oikya Front ou National Unity Front – NUF), une coalition de plusieurs partis (Al Jazeera 29 déc. 2018; PTI 30 déc. 2018). Des sources précisent en outre qu’au moment des élections, le NUF était dirigé par Kamal Hossain (Al Jazeera 29 déc. 2018; PTI 30 déc. 2018; IFES s.d.) en l’absence de Khaleda Zia, présidente du BNP qui est emprisonnée (Al Jazeera 29 déc. 2018). Des sources signalent que l’AL [à la tête de la Grande Alliance (Grand Alliance ) (IFES s.d.)] a gagné les élections en remportant 288 des 300 sièges disponibles alors que le NUF a remporté 7 sièges (É.-U. 13 mars 2019, 26; IFES s.d.). La première ministre Sheikh Hasina a ainsi été réélue pour un troisième mandat consécutif (BBC 31 déc. 2018; The Guardian 31 déc. 2018).

Des sources font observer que l’opposition a rejeté les résultats de ces élections et les a qualifiés [traduction] « "d’absurdes" » (BBC 31 déc. 2018; The Guardian 31 déc. 2018). Selon des sources, le BNP prétend qu’il y a eu diverses [traduction] « irrégularités » pendant le vote (The Daily Star 1erjanv. 2019; BBC 31 déc. 2018), y compris le [traduction] « bourrage des urnes » pour 221 des 300 sièges (BBC 31 déc. 2018). Human Rights Watch écrit ce qui suit :

[traduction]

Des partis d’opposition, des journalistes et des électeurs prétendent qu’il y a eu des irrégularités graves, y compris du bourrage d’urnes, des électeurs se voyant refuser l’accès aux bureaux de vote, des militants du parti au pouvoir occupant les bureaux de vote et votant à la place des électeurs, des responsables électoraux et des policiers se comportant de manière partisane et des violations de la confidentialité du vote dans une atmosphère d’intimidation flagrante. Le [BNP] a dit que ses agents de scrutin se sont vu refuser l’accès dans 221 circonscriptions (Human Rights Watch 2 janv. 2019).

De même, l’organisation bangladaise de défense des droits de la personne Odhikar a écrit ceci :

[traduction]

Lors de cette élection, des incidents de bourrage d’urnes la nuit précédant le jour du scrutin, le dépôt de faux votes, des électeurs forcés de voter ouvertement pour les candidats du parti au pouvoir, la « capture » de bureaux de scrutin, des arrestations et des évictions forcé[es] d’agents de scrutin nommés par des candidats du parti de l’opposition et l’intimidation d’électeurs par des partisans des candidats désignés par [l’AL], au pouvoir, n’étaient que quelques-unes des mesures prises pour s’assurer de la victoire (Odhikar 17 avr. 2019, 6-7).

Des sources font en outre observer que les candidats du BNP qui ont été élus ont rejeté les résultats et n’ont pas [traduction] « prêté serment » (Prothom Alo 5 mai 2019a; The Daily Star 1erjanv. 2019).

Des sources expliquent que le BNP a été [traduction] « affaibli par le harcèlement régulier et les arrestations de ses principaux membres » (Freedom House 4 janv. 2018, 3) ou qu’il a été [traduction] « marginalisé » par sa défaite aux élections de décembre 2018 (Jane’s 9 avr. 2019). Al Jazeera affirme qu’il y avait un [traduction] « parti pris manifeste de l’État » contre le BNP et explique ce qui suit :

[traduction]

En 2018, le BNP a accepté de participer pacifiquement aux élections générales, mais il a cependant échoué à regagner le soutien de la population. Alors que la majorité de ses dirigeants et de ses militants vivent cachés ou sont en prison, le parti était presque invisible pendant la campagne et le jour du vote (Al Jazeera 9 mars 2019).

2. Dirigeants

Des sources observent que Khaleda Zia est la présidente du BNP, mais qu’elle est en prison relativement à des accusations de corruption (Al Jazeera 9 mars 2019; Freedom House 31 janv. 2019). Des sources affirment que le président intérimaire du parti est Tarique Rahman (Dhaka Tribune 5 mai 2019; Prothom Alo 5 mai 2019b; PTI 9 févr. 2018), le fils de Khaleda Zia (Dhaka Tribune 5 mai 2019; PTI 9 févr. 2018). Tarique Rahman a également été condamné à une peine d’emprisonnement et il vit en [traduction] « exil » à Londres (Al Jazeera 9 mars 2019; PTI 9 févr. 2018). Selon des sources, le secrétaire général du parti s’appelle Mirza Fakhrul Islam Alamgir (The Daily Star 1erjanv. 2019; Dhaka Tribune 5 mai 2019). Des sources font observer que [traduction] « [d]e nombreux » dirigeants du BNP sont dans une prison ou un pénitencier, en [traduction] « exil » (Al Jazeera 9 mars 2019; Amnesty International 8 mai 2017, 12) ou font face à des accusations (Amnesty International 8 mai 2017, 12).

3. Organisations affiliées

Des sources affirment que le BNP, tout comme l’AL, a des organisations [traduction] « auxiliaires » (Australie 2 févr. 2018, paragr. 3.56) ou [traduction] « de façade » (ACLED 9 nov. 2018). Selon le DFAT, [traduction] « [m]ême si la taille exacte de ces organisations est inconnue, elles sont importantes » (Australie 2 févr. 2018, paragr. 3.56). D’après le Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED)[1], ces organisations permettent au BNP d’être [traduction] « profondément enraciné dans la société au Bangladesh » (ACLED 9 nov. 2018). Comme l’a écrit le Bureau européen d’appui en matière d’asile (European Asylum Support Office — EASO) de l’Union européenne (UE), [traduction] « [l]a constitution du BNP prévoit que les "organisations de façade" du BNP ont leurs propres "proclamations, constitutions, drapeaux et bureaux", mais qu’ils "relèvent de l’autorité" du BNP » (UE déc. 2017, 28-29). Le DFAT souligne en outre que les [traduction] « organisations auxiliaires soutiennent les partis politiques par des activités de financement et des activités en lien avec les élections. Elles jouent également un rôle important dans la violence entre les partis et au sein même des partis » (Australie 2 févr. 2018, paragr. 3.57). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Le DFAT fournit une liste de certaines des organisations [traduction] « auxiliaires » du BNP :

  • Jatiyatabadi Chhatra Dal (JCD) (aile étudiante);
  • Jatiyatabadi Jubo Dal (JJD) (aile jeunesse);
  • Bangladesh Jatiyatabadi Mohila Dal (aile féminine);
  • Bangladesh Jatiyatabadi Krishak Dal (aile des agriculteurs);
  • Bangladesh Jatiyatabadi Muktijoddha Dal (aile des combattants de la liberté);
  • Bangladesh Jatiyatabadi Sechchasebak Dal (aile des bénévoles);
  • Bangladesh Jatiyatabadi Samajik Sangskritik Sangstha (aile culturelle);
  • Bangladesh Jatiyatabadi Sramik Dal (aile travailliste/des travailleurs);
  • Bangladesh Jatiyatabadi Tanti Dal (aile des tisserands);
  • Bangladesh Jatiyatabadi Olama Dal (aile religieuse);
  • Bangladesh Jatiyatabadi Matshayajibi Dal (aile des pêcheurs) (Australie 2 févr. 2018, paragr. 3.58).

4. Membres et documents d’adhésion

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur les documents d’adhésion.

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur le nombre de membres. Le ministère de l’Intérieur du Royaume-Uni précise que selon des renseignements transmis par Transparency International Bangladesh en décembre 2017, le BNP, tout comme l’AL, compte [traduction] « plusieurs millions de membres » (R.-U. janv. 2018, [4.1.2]). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

5. Factions

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur l'existence de factions au sein du BNP.

6. Traitement que réservent les autorités aux membres et aux partisans

Des sources déclarent que la culture politique au Bangladesh est caractérisée par la violence (ACLED 9 nov. 2018; UE déc. 2017, 26) et la confrontation (UE déc. 2017, 26). De janvier à novembre 2018, Odhikar a enregistré 79 décès et 3 826 blessés attribuables à la violence politique (Odhikar 9 déc. 2018, 4). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Le DFAT fait observer que la scène politique est caractérisée par une rivalité de longue date entre les deux principaux partis politiques, l’AL et le BNP (Australie 2 févr. 2018, paragr. 3.52). Selon l’ACLED, le Bangladesh a

[traduction]

un paysage conflictuel extrêmement violent et meurtrier marqué par un bipartisme politique bien ancré qui tire ses origines dans les rivalités historiques entre les deux principaux partis politiques – le parti laïque, socialiste [AL] et le parti nationaliste [BNP] à orientation islamique (ACLED 9 nov. 2018).

La même source explique en outre que les [traduction] « lignes de faille profondes entre les deux blocs [politiques] majeurs ont créé un environnement d’inimitié politique toxique qui donne fréquemment lieu à de la violence » (ACLED 9 nov. 2018).

Le quotidien britannique The Guardian explique que la chef d’AL, la première ministre Sheikh Hasina, [traduction] « a cimenté sa domination au cours de la dernière décennie en utilisant les outils à sa disposition pour affaiblir le BNP et ses organes, freiner la dissidence judiciaire et médiatique et garder un certain contrôle sur le petit mais puissant mouvement islamiste du pays » (The Guardian 31 déc. 2018). Dans son rapport annuel de 2019 sur les événements de 2018, Human Rights Watch décrit une continuelle [traduction] « répression vigoureuse contre les opposants ou les critiques » du parti au pouvoir au Bangladesh (Human Rights Watch 17 janv. 2019). Freedom House affirme que des membres du BNP ont été harcelés ou intimidés par les autorités en 2017 (Freedom House 4 janv. 2018) et en 2018 (Freedom House 31 janv. 2019).

Des sources signalent que les autorités ont bloqué le site Internet officiel du BNP en décembre 2018, avant les élections (Al Jazeera 29 déc. 2018; AFP 22 déc. 2018; The Daily Star 21 déc. 2018). D’après certaines sources, les motifs fournis avaient un lien avec du contenu inapproprié sur le site Internet (Al Jazeera 29 déc. 2018; The Daily Star 21 déc. 2018). L’Agence France-Presse (AFP) a écrit que selon le BNP, la fermeture avait des motifs en lien avec la sécurité (AFP 22 déc. 2018).

Des sources attirent l’attention sur le fait que les autorités empêchent le BNP de tenir des réunions, des assemblées ou des rassemblements (É.-U. 13 mars 2019, 20; Odhikar 1erjuill. 2018, paragr. 20, 22; Australie 2 févr. 2018, paragr. 3.54). Odhikar a écrit qu’entre janvier et juin 2019, [traduction] « des policiers et des membres du parti au pouvoir ont attaqué et mis fin à des rassemblements pacifiques, des réunions, des campagnes de signature, des grèves de la faim, des chaînes humaines et des programmes de distribution de tracts organisés par le BNP partout au pays » (Odhikar 1erjuill. 2018, paragr. 22). Des sources fournissent les exemples suivants :

  • Selon les Country Reports on Human Rights Practices for 2018 publiés par le Département d’État des États-Unis, [traduction] « [l]es demandes du BNP pour tenir des rassemblements à Dhaka les 11, 19 et 29 mars ont été refusées "pour des motifs de sécurité" […], mais il lui a été finalement permis de tenir son rassemblement à un autre endroit » (É.-U. 13 mars 2019, 20). Le parti a obtenu une [traduction] « autorisation verbale » de tenir un rassemblement le 1erseptembre 2018 à Dhaka et de créer une chaîne humaine le 10 septembre 2018; toutefois, des centaines de participants ont été « appréhendés » lors de ces événements (É.-U. 13 mars 2019, 20).
  • Odhikar signale qu’un rassemblement du BNP dans la ville de Narayanganj a été stoppé par un barrage de la police le 9 février 2019 (Odhikar 17 avr. 2019, 17).

Les Country Reports 2018 expliquent également que les déplacements de certains membres de l’opposition sont restreints à l’intérieur du pays et soulignent le cas de Moudud Ahmed, haut dirigeant du BNP, confiné à domicile à deux reprises en 2018 et à qui on a interdit de communiquer avec [traduction] « ses partisans et ses électeurs et d’assister à des événements en lien avec le parti » (É.-U. 13 mars 2019, 22). Des médias signalent eux aussi le confinement de Moudud Ahmed en juin 2018 (New Age 20 juin 2018; Dhaka Tribune 17 juin 2018) et en août 2018 (New Age 19 août 2018; UNB 18 août 2018).

Le DFAT précise qu’il [traduction] « a pris connaissance de cas » où il a été interdit à des dirigeants et des membres du BNP de quitter le pays (Australie 2 févr. 2018, paragr. 5.20). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Des sources soulignent que la police a porté de fausses accusations criminelles [ou des [traduction] « accusations fantômes » (Human Rights Watch 8 févr. 2019)] contre des membres du BNP et donnent en exemple des cas où les accusés étaient morts, hospitalisés ou à l’extérieur du pays au moment de l’infraction présumée (É.-U. 13 mars 2019, 10; Human Rights Watch 8 févr. 2019). Selon les Country Reports 2018 , [traduction] « [l]e 7 novembre [2018], le BNP a présenté au Bureau de la première ministre ce qu’il disait être une liste partielle de 1 046 "cas fictifs" contre ses dirigeants et ses militants » (É.-U. 13 mars 2019, 10). Odhikar remarque qu’en novembre 2018, la police a [traduction] « porté 13 fausses accusations contre 600 dirigeants et militants du BNP et du Jamaat » dans le district de Comilla, alors que 2 autres accusations ont été portées contre 87 dirigeants et militants du BNP et d’organisations affiliées (Odhikar 9 déc. 2018, paragr. 4). Selon les Country Reports 2018 , [traduction] « d’après des données fournies au Dhaka Tribune par le BNP, 434 975 accusations criminelles ont été portées dans 4 429 affaires contre des membres du BNP entre le 1erseptembre et le 14 novembre [2018] » (É.-U. 13 mars 2019, 9).

Des sources font état d’arrestations de membres et de partisans du BNP par les autorités (Freedom House 31 janv. 2019; Odhikar 9 déc. 2018, paragr. 8). Certaines sources attirent l’attention sur des [traduction] « arrestation[s] de masse » de partisans du BNP (OMCT 22 mars 2018) ou sur l’arrestation de [traduction] « plusieurs milliers » de dirigeants et de militants de l’opposition, y compris du BNP (OMCT 22 mars 2018) et de ses organisations affiliées (Odhikar 7 juill. 2018, paragr. 20). Selon Odhikar, le 26 mars 2019, la police a arrêté 12 dirigeants et militants du BNP qui [traduction] « rend[aient] hommage » près d’un monument à des martyrs le jour de l’Indépendance (Odhikar 17 avr. 2019, 18). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens. Selon les Country Reports 2018 , [traduction] « [l]a police a porté des accusations criminelles contre environ 435 000 membres du BNP pendant la période précédant les élections nationales et elle a détenu de nombreux accusés. Des observateurs des droits de la personne ont affirmé qu’un bon nombre de ces accusations avaient des motifs politiques » (É.-U. 13 mars 2019, 27).

Odhikar fait état de plusieurs attaques contre des manifestations et des rassemblements du BNP en 2018, y compris par l’AL (Odhikar 9 déc. 2018, paragr. 18, 19) et par la police (Odhikar 9 déc. 2018, paragr. 8; Odhikar 1erjuill. 2018, paragr. 23). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Odhikar attire l’attention sur des allégations d’exécutions extrajudiciaires de membres du BNP :

[traduction]

Le 22 mai [2018], à Netrokona, un militant du Chhatra Dal [aile étudiante du BNP] s’appelant Amjad Hossain et le 27 mai, à Jhenaidah, un dirigeant du Jubo Dal [aile jeunesse du BNP] s’appelant Rafiqul Islam, auraient été victimes d’exécutions extrajudiciaires selon les allégations de leurs familles. Le BNP a déclaré que des dirigeants et militants du parti ont été tués lors de telles opérations pour des motifs politiques (Odhikar 1erjuill. 2018, paragr. 10).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Human Rights Watch attire également l’attention sur des cas de disparitions forcées de membres de l’opposition, y compris de partisans du BNP (Human Rights Watch 16 mai 2018). Odhikar fait état de la disparition d’Abu Bakar Siddiqui, dirigeant du BNP dans le district de Jessore, en novembre 2018, alors qu'il se rendait à Dhaka pour demander sa nomination dans sa circonscription; son corps a été retrouvé le lendemain (Odhikar 9 déc. 2018, paragr. 10). Selon la même source, des membres du BNP ont affirmé qu’il a été [traduction] « appréhendé par des agents des forces de l'ordre » et que lorsque des membres du BNP se sont adressés à la police, ils n’ont obtenu aucune aide (Odhikar 9 déc. 2018, paragr. 10). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

6.1 Emprisonnement de la dirigeante Khaleda Zia

Des sources signalent qu’en février 2018, Khaleda Zia a été reconnue coupable d’accusations de corruption (É.-U. 13 mars 2019, 27; ACLED 12 avr. 2018) et condamnée à cinq ans d’emprisonnement (ACLED 12 avr. 2018). Des sources soulignent que Khaleda Zia (Al Jazeera 29 déc. 2018) [ou ses partisans (DW 14 août 2018)] considèrent que ces accusations contre elle ont des motifs politiques (Al Jazeera 29 déc. 2018; DW 14 août 2018). Des sources expliquent également que l’emprisonnement de Khaleda Zia l’a empêchée de se présenter aux élections en décembre 2018 (Freedom House 31 janv. 2019; Al Jazeera 29 déc. 2018), car [traduction] « quiconque a été condamné [à] une peine d’emprisonnement de plus de deux ans ne peut se porter candidat à une élection » selon « une récente décision de la Cour suprême » (Freedom House 31 janv. 2019). Reuters fait de même remarquer que [traduction] « [s]elon les règles électorales du Bangladesh, quiconque a été emprisonné pendant plus de deux ans ne peut pas se présenter à une élection pendant cinq ans » (Reuters 12 mars 2018).

Human Rights Watch signale que des [traduction] « centaines » de partisans du BNP, entre autres, ont été arrêtés ou détenus au cours des jours précédant la condamnation de Khaleda Zia et remarque que certains groupes ont affirmé qu’il y a eu jusqu’à 1 786 arrestations ou détentions, selon « le groupe de Dhaka Ain O Salish Kendra », ou qu’elles se comptaient par « milliers », selon le BNP (Human Rights Watch 8 févr. 2018). L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) affirme que les autorités [traduction] « ont commencé à arrêter des partisans du [BNP] avant le verdict » contre Zia, « [d]ès le 30 janvier 2018 » (OMCT 22 mars 2018). L’ACLED attire en outre l’attention sur le fait que [traduction] « [e]nviron mille dirigeants et militants du BNP ont été arrêtés à Dhaka et à Chittagong alors qu’ils manifestaient contre le verdict » en février et en mars 2018 (ACLED 12 avr. 2018). L’OMCT a écrit ceci : [traduction] « [e]n l’espace d’un mois [suivant la condamnation], près de 5 000 partisans de l’opposition, y compris des gens ordinaires soupçonnés d’être des sympathisants de l’opposition, ont été arrêtés dans presque tous les districts du pays. La majorité d’entre eux demeure détenue dans des prisons partout au Bangladesh » (OMCT 22 mars 2018).

6.2 Période préélectorale

Des sources font état de [traduction] « répression » contre l’opposition ou le BNP avant les élections du 30 décembre 2018 (Freedom House 31 janv. 2019; FIDH 29 déc. 2018; OMCT 22 mars 2018). D’après Human Rights Watch , [traduction] « [a]vant [les] élections nationales […], les autorités du Bangladesh ont détenu ou emprisonné des membres importants des principaux partis d’opposition, [et] ont porté de fausses accusations pour des motifs politiques contre des milliers de partisans de l’opposition » (Human Rights Watch 17 janv. 2019). Selon Freedom House , le [traduction] « BNP a affirmé que 6 000 de ses partisans et 10 de ses candidats ont été arrêtés avant les élections et que ses candidats ont été exposés à de l’intimidation et de la violence » (Freedom House 31 janv. 2019). Al Jazeera observe que le [traduction] « BNP affirme que la moitié des 300 candidats de l’opposition ont été attaqués pendant qu’ils faisaient campagne, alors que plus de 11 500 de ses membres, y compris plus d’une dizaine de candidats, [ont été] détenus en [décembre 2018] » au cours des jours menant à l’élection (Al Jazeera 29 déc. 2018). Selon la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), [traduction] « au moins 43 candidats du NUF ont été attaqués et 13 candidats ont été grièvement blessés [et] 17 candidats de l’opposition ont été arrêtés » (FIDH 29 déc. 2018). Des médias signalent qu’en décembre 2018, six personnes ont été tuées lors [traduction] « d’affrontements en lien avec la campagne » électorale (Al Jazeera 29 déc. 2018; AFP 22 déc. 2018), dont quatre membres du BNP (Al Jazeera 29 déc. 2018). Les Country Reports 2018 font observer que [traduction] « [s]elon des données amassées par l’ONG Démocratie international (Democracy International ), il y a eu 1 324 actes de violence contre le BNP, de l’opposition, et ses alliés politiques […] au cours du mois précédant les élections » (É.-U. 13 mars 2019, 27).

Des sources signalent également que les autorités ont déclaré inéligibles des candidats du BNP (Freedom House 31 janv. 2019; FIDH 29 déc. 2018); selon Freedom House , 141 candidats du BNP ont été déclarés inéligibles (Freedom House 31 janv. 2019).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Note

[1] Le Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), qui reçoit du soutien financier de divers gouvernements et organisations, y compris du Département d’État des États-Unis et du Conseil européen de la recherche (CER), est un projet visant à consigner les dates et les lieux de tous les événements de violence et manifestations à caractère politique qui sont signalés à l’échelle de l’Afrique, de l’Asie du Sud, de l’Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient, entre autres (ACLED s.d.).

Références

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Autres sources consultées

Sites Internet, y compris :Allemagne – Bundesamt für Migration und Flüchtlinge ; Bangladesh – National Portal; Bangladesh Nationalist Party ; Bertelsmann Stiftung – Transformation Index ; ecoi.net; Europa World Year Book ; France – Office français de protection des réfugiés et apatrides; International Crisis Group; Political Handbook of the World .

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