Hongrie : information sur la violence conjugale dans la communauté rom, y compris les lois, la protection de l’État et les services offerts aux victimes (2008-février 2012) [HUN103981.EF]

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Des sources constatent qu’en Hongrie, les femmes roms font l’objet de discrimination tant en raison de leur sexe que de leur origine ethnique (CFCF et al. nov.2010, 5; Minnesota Advocates for Human Rights 13 déc.2010; Commission européenne 2008, 122). Une étude menée par deux organisations non gouvernementales (ONG) de Londres - le Groupe de femmes turcophones IMECE (IMECE Turkish Speaking Women's Group - IMECE) et le Réseau d’emploi et de formation de Londres (London Training and Employment Network - LTEN) - ainsi que par le Centre de ressources régional d’aide sociale (Regional Social Welfare Resource Centre - BSZF) de Budapest, explique que l’exclusion sociale des femmes roms en Hongrie

[traduction]

est générée par le chômage, le manque d’éducation, la pauvreté à long terme, la santé précaire, les mauvaises conditions de logement, le manque d’autonomisation sociale et économique, la discrimination et les stéréotypes. Ces problèmes interagissent habituellement pour former un cercle vicieux, renforçant ainsi leurs effets en tant que désavantages multiples (IMECE, LTEN et BSZF nov.2010, 62).

En ce qui concerne leur traitement au sein de la communauté rom, un rapport de 2008 préparé pour la Commission européenne explique que les femmes roms ont une position [traduction] « inégale » dans les familles roms, qui sont décrites comme étant [traduction] « patriarcales »; elles sont subordonnées au chef masculin du ménage et elles demeurent en grande partie à la maison en tant que ménagères (Commission européenne nov.2008, 123). Le rapport souligne en outre que la violence conjugale est considérée comme une [traduction] « pratique socialement admise » dans de nombreuses communautés roms (ibid., 124). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une coordonnatrice de projet de l’Association de défense des droits des femmes NANE (NANE Women's Rights Association - NANE), ONG de Budapest fondée en 1994 qui lutte contre la menace de la violence contre les femmes et qui fournit des services de soutien aux victimes de violence conjugale (NANE s.d.), a écrit qu’une femme rom qui se plaint de violence conjugale est susceptible d’être [traduction] « méprisée et punie par sa propre communauté » (7 févr. 2012).

Des sources signalent que la violence conjugale est considérée comme un [traduction] « problème social » dans la société hongroise (CFCF et al. nov.2010, 5) et qu’historiquement, elle a été traitée comme un sujet [traduction] « tabou » (Fábián 2010, 223). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, une représentante du Centre européen de défense des droits des Roms (European Roma Rights Centre - ERRC), de Budapest, a expliqué qu’en Hongrie, la violence conjugale est un sujet qui [traduction] « n’est pas abordé fréquemment », qui est [traduction] « considéré comme honteux » et qui [traduction] « est souvent gardé secret dans les familles » (ERRC 31 janv.2012). Cet avis est partagé par les participants roms à l’étude de 2010 sur la violence conjugale menée par l’IMECE, le LTEN et le BSZF (nov.2010, 64). Les participants [traduction] « ont affirmé que le fait d’être maltraité était honteux, ne devait pas être révélé, et est un problème qui doit être résolu au sein de la famille ou qui doit simplement être enduré » (IMECE, LTEN et BSZF nov.2010, 64).

Une coordonnatrice de programme de la Fondation pour les femmes de Hongrie MONA (MONA Foundation for the Women of Hungary - MONA), ONG de Budapest qui se concentre sur les droits des femmes, a affirmé, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, qu’une [traduction] « importante preuve anecdotique » montre que la [traduction] « violence conjugale contre les femmes roms est assez répandue et plutôt sérieuse » (10 févr. 2012). Toutefois, elle a également expliqué que

[traduction]

de nombreux cas de violence conjugale contre des femmes roms ne sont pas signalés dans notre région pour un certain nombre de raisons : l’enracinement de cette pratique oppressive souvent dans les familles les plus fortement patriarcales de la communauté, la « crainte de stigmatiser davantage le groupe en exposant la violence au sein du groupe », le fait de ne généralement pas tenir responsable l’auteur d’une telle violence, la méfiance envers la police et un certain nombre d’obstacles pratiques à ce que les femmes quittent de telles situations de façon sûre et commencent une nouvelle vie (MONA 10 févr. 2012).

1.1 Statistiques

Dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2010 , du Département d’État des États-Unis, on peut lire que selon des [traduction] « recherches d’experts » dans le domaine, environ 20 p. 100 des femmes en Hongrie [traduction] « ont été agressées physiquement ou victimes de violence conjugale » (É.-U. 8 avr.2011, sect. 6). Les Country Reports 2010 , s’appuyant sur des statistiques du Quartier général de la police nationale (National Police Headquarters ), attirent l’attention sur le fait que 8 514 femmes ont signalé des incidents de violence conjugale à la police, mais que la majorité des cas ne sont pas signalés (ibid.). L’agence de presse Xinhua souligne que d’après des statistiques de la police de Hongrie, 42 femmes sont décédées à la suite d’incidents de violence conjugale en 2010 (28 nov.2010). L’association NANE et une ONG sœur en Hongrie, Personnes contre le patriarcat (People Against Patriarchy - Patent), citent également des statistiques de la police pour relever dans un rapport de 2011 qu’il y a annuellement 200 homicides en lien avec la violence conjugale (2011, 17).

Plusieurs sources soulignent qu’il n’y a pas de statistiques particulières concernant la violence conjugale chez les Roms en Hongrie, en partie parce que les lois de la Hongrie ne permettent pas de colliger des données selon l’origine ethnique (Hongrie 13 févr. 2012; NANE 7 févr. 2012; MONA 10 févr. 2012). Toutefois, la représentante de l’ERRC a constaté que, lors d’un sondage mené par son organisation en 2007 auprès de 129 femmes roms, 42 p. 100 d’entre elles ont affirmé avoir été victimes de violence conjugale (ERRC 31 janv.2012).

2. Lois

Des sources soulignent qu’aucune disposition législative ne porte précisément sur la violence conjugale (Fábián 2010, 231; CFCF et al. nov.2010, 5; É.-U. 8 avr.2011, sect. 6). La violence conjugale donne plutôt lieu à des poursuites en justice aux termes d’autres lois, comme celles interdisant les voies de fait et les actes de violence grave (IMECE, LTEN et BSZF nov.2010, 27; É.-U. 8 avr.2011, sect. 6). Selon l’étude conjointe de l’IMECE, le code criminel de Hongrie ne considère pas les actes criminels commis contre les femmes dans des relations intimes comme des [traduction] « circonstances aggravantes » ou des [traduction] « circonstances atténuantes » en ce qui concerne la poursuite en justice et la détermination de la peine (IMECE, LTEN et BSZF nov.2010, 28). Les Country Reports 2010 signalent que pour les voies de fait et les actes de violence grave, la peine maximale est un emprisonnement de huit ans (É.-U. 8 avr.2011, sect. 6). Toutefois, l’IMECE et ses coauteurs expliquent que dans la majorité des cas, les incidents de violence conjugale sont considérés comme des [traduction] « "voies de fait simples" » (blessures qui guérissent en huit jours), qui entraînent une peine maximale de deux ans d’emprisonnement, mais qu’ils donnent plus souvent lieu à des amendes payées à même le budget du ménage (nov.2010, 28).

La Hongrie a adopté une loi qui permet aux victimes de violence conjugale d’obtenir une ordonnance de non-communication temporaire (É.-U. 8 avr.2011, sect. 6; Hongrie 26 nov.2010; IMECE, LTEN et BSZF nov.2010, 6). Pour obtenir davantage d’information à ce sujet, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information HUN103823.EF du 12 octobre 2011.

Selon le rapport de 2011 des ONG NANE et Patent, la majorité des crimes en lien avec la violence conjugale entraînent des poursuites en justice si la victime décide de présenter une [traduction] « requête privée » (2011, 16). En cas de lésions corporelles mineures (les blessures guérissent en moins de huit jours), le crime donne lieu à des poursuites en justice dans le cadre d’une [traduction] « poursuite privée » où la victime a le fardeau de prouver la culpabilité de l’accusé (NANE et Patent 2011, 17). Le rapport fait état de plusieurs obstacles que la poursuite privée présente pour la victime, y compris l’incapacité du poursuivant privé d’ordonner la tenue d’une enquête ou la prise d’une [traduction] « mesure coercitive » par l’État et la difficulté que les frais obligatoires imposés aux femmes peuvent représenter pour celles qui n’ont pas d’argent (ibid., 17-19). De plus, les auteurs attirent l’attention sur le fait qu’au début de l’audience, la cour convoque la victime et l’agresseur pour une procédure de [traduction] « conciliation » qui peut causer une [traduction] « détresse psychologique » et représenter un [traduction] « danger physique » pour la victime (ibid., 18). Les auteurs font en outre observer qu’il y a un [traduction] « manque de protection pour la victime » et soulignent qu’il y a eu des cas où l’agresseur a attaqué la victime dans le corridor ou dans la rue avant l’audience, ou il a suivi la femme de la cour jusqu’à son refuge (ibid.). Selon les auteurs, la menace qui plane sur les victimes d’être accusées d’avoir porté de [traduction] « fausses accusations » si leur témoignage n’est pas cru représente un autre obstacle (ibid., 19). Des sources font remarquer que les autorités peuvent [traduction] « blâmer la victime » de violence conjugale qui demande réparation en justice (NANE 7 févr. 2012; IMECE, LTEN et BSZF nov.2010, 66-67).

D’après l’étude conjointe de l’IMECE, [traduction] « très peu » de victimes roms de violence conjugale ont intenté des poursuites judiciaires contre leur agresseur (ibid., 66). Les auteurs précisent que les rares victimes qui se sont tournées vers les tribunaux se sont plaintes [traduction] « des longues procédures, des obligations superflues relatives à la plaidoirie, le mépris de la sécurité personnelle et l’état d’esprit négatif des juges » (ibid.).

2.1 Droit de la famille

Le rapport de la Commission européenne souligne que dans les cas de divorces, selon la coutume dans de nombreuses communautés roms, le père décide de la garde des enfants (nov.2008, 123). En conséquence, de nombreuses femmes roms choisissent de rester avec leur époux, [traduction] « même dans un mariage très difficile ou en présence de violence conjugale » (Commission européenne nov.2008, 123).

La représentante de la NANE a expliqué que suivant le droit de la famille hongrois en général, les victimes de violence conjugale sont susceptibles de rencontrer

[traduction]

des lois et des pratiques qui créent des obstacles au divorce, qui ne tiennent pas compte de la violence conjugale en accordant des droits de visite ou même la garde à des pères violents, une disposition limitative relativement à la demande, après plus de six mois, d’allocations pour les enfants qui demeurent impayées […] des amendes très sévères ou un possible emprisonnement si elles protègent l’enfant contre un agresseur en ne permettant pas les visites accordées par la cour, même si des poursuites criminelles pour violence faite aux enfants ou violence conjugale sont en instance ou n’ont jamais donné lieu à une enquête malgré une demande en ce sens (NANE 7 févr. 2012).

Les ONG NANE et Patent ont souligné que dans tous les cas où elles ont offert une aide juridique à des victimes de violence conjugale, elles [traduction] « n’ont jamais vu un seul cas où les mauvais traitements, même lorsqu’ils étaient prouvés hors de tout doute, ont fourni un fondement pour abolir les droits de visite de l’agresseur à l’égard de ses enfants » (2011, 8). Leur rapport présente plusieurs exemples de cas où la cour n’a pas pris en compte les antécédents violents de l’homme au moment de trancher la question des droits de visite (ibid., 8-10). Les deux ONG, qui ont collaboré pour produire un rapport sur les droits des victimes de violence conjugale en 2010, citent aussi le cas d’une femme tuée par son ex-époux lorsqu’il a exercé son droit de visite à l’égard de leur fille (NANE et Patent 2010, 9).

3. Protection de l’État

Plusieurs sources soulignent qu’il n’y a pas de programmes ni de services gouvernementaux conçus spécifiquement pour les victimes roms de violence conjugale (Hongrie 13 févr. 2012; NANE 7 févr. 2012; MONA 10 févr. 2012). La représentante de la NANE a affirmé qu’une femme rom qui porte plainte pour violence conjugale [traduction] « fera vraisemblablement l’objet de préjugés et de discrimination et est probablement plus susceptible d’essuyer le rejet des autorités » (7 févr. 2012). Dans le même ordre d’idées, la représentante de l’ERRC a déclaré qu’une femme rom subit [traduction] « plus de discrimination » lorsqu’elle accède aux services de l’État (31 janv.2012).

3.1 Police

Des sources affirment que la police et les femmes roms ne se font pas confiance (ERRC 31 janv.2012; IMECE, LTEN et BSZF nov.2010, 64; CFCF et al. nov.2010, 5). Selon le sondage de l’ERRC effectué en 2007 auprès de femmes roms, 20 p. 100 des Roms victimes de violence conjugale ont fait appel à la police pour obtenir de l’aide et la police a [traduction] « répondu efficacement » dans un cas sur sept (ERRC 31 janv.2012). La représentante de l’ERRC soutient que la police ne répond parfois pas aux appels qui viennent de quartiers roms ou qu’elle prend beaucoup de temps avant de répondre (ibid.). Elle a également fait remarquer que la police ne fait rien pour prévenir la violence conjugale et qu’elle [traduction] « réagit uniquement lorsqu’un incident majeur survient, comme lorsqu’il y a des blessures graves » (ibid.). La représentante a en outre affirmé que les femmes roms ont [traduction] « déclaré être les cibles de la surveillance et du harcèlement policiers » (ibid.).

Des sources signalent que la police considère souvent les cas de violence conjugale chez les Roms comme une question qui devrait être résolue au sein de la famille (ibid.; IMECE, LTEN et BSZF nov.2010, 64). On peut lire dans les Country Reports 2010 que la police est réticente à arrêter les auteurs de violence conjugale (É.-U. 8 avr.2011, sect. 6). Des sources précisent également que les policiers ne reçoivent pas une formation régulière sur la violence conjugale (ibid.; IMECE, LTEN et BSZF nov.2010, 67); toutefois, la NANE a fourni des ateliers de formation de trois heures aux agents répartiteurs (NANE et Patent 2010, 14).

Les victimes de violence conjugale peuvent signaler un incident à n’importe quel poste de police (Hongrie 23 févr. 2012; ibid. 13 févr. 2012; NANE 7 févr. 2012). Le cas est ensuite transféré au poste ayant compétence (ibid.; Hongrie 13 févr. 2012). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant de l’ambassade de Hongrie à Ottawa a souligné que la victime peut porter plainte si la police décide de ne pas enquêter ou si un policier viole ses droits (Hongrie 13 févr. 2012).

La représentante de la NANE soutient que les plaintes pour violence conjugale ne sont souvent pas traitées [traduction] « même par le corps policier compétent » (NANE 7 févr. 2012). Elle a dit que lorsqu’elles appellent la police sur les lieux, les femmes demandent parfois à la police d’ouvrir un dossier, mais la police choisit souvent [traduction] « arbitrairement » de ne pas faire un rapport officiel (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées, la Direction des recherches n’a trouvé aucune autre information allant en ce sens.

3.2 Services d’aide sociale à l’enfance

Des sources font observer que les autorités hongroises menacent parfois de retirer leurs enfants aux femmes victimes de violence conjugale (IMECE, LTEN et BSZF nov.2010, 64; NANE et Patent 2011, 21). Le rapport des organisations NANE et Patent font remarquer que les autorités chargées de la protection de l’enfance [traduction] « blâment [fréquemment] la mère » pour la situation, même si la mère est l’une des victimes (ibid.). Les ONG ont fourni un exemple où une femme a été accusée d’être un [traduction] « agresseur secondaire » pour avoir [traduction] « compromis le développement mental et moral des enfants » parce qu’elle a eu des altercations avec son mari avant d’être agressée (ibid., 22). La femme a eu une blessure à la tête, un bras cassé, une commotion et d’autres blessures en raison de son agression (ibid., 24). Il aurait fallu plus de deux ans de litige avant qu’elle ne puisse rentrer chez elle avec ses enfants (ibid.). La représentante de l’ERRC a expliqué que les femmes roms sont souvent réticentes à signaler la violence conjugale par crainte de se faire enlever leurs enfants (31 janv.2012). Elle a souligné que c’est une [traduction] « inquiétude réaliste » parce que les enfants roms sont surreprésentés dans le système d’aide sociale à l’enfance (ERRC 31 janv.2012).

4. Services de soutien
4.1 Services téléphoniques d’urgence

Le gouvernement de la Hongrie assurerait le fonctionnement d’une ligne d’urgence nationale gratuite en service 24 heures sur 24, aussi appelée OKIT, pour les victimes de violence conjugale (ERRC 31 janv.2012; NANE 7 févr. 2012). L’organisation NANE assure également le fonctionnement d’une ligne d’urgence (ibid.).

4.2 Refuges

Selon le représentant de l’ambassade de Hongrie, il y a un refuge à Budapest expressément pour les victimes de violence conjugale avec ou sans enfants (Hongrie 13 févr. 2012). Le refuge, qui aurait ouvert ses portes en 2006, peut héberger 24 personnes (ibid.).

De plus, le représentant de l’ambassade a expliqué que le ministère des Ressources nationales (Ministry of National Resources ) coordonne et finance un [traduction] « Réseau régional de gestion de crise » composé de 14 centres de crise à l’échelle nationale (ibid.). Ces centres de crise fournissent divers services aux victimes de violence conjugale, y compris en matière d’information, d’emploi, de formation, de soutien psychologique, de consultation juridique, de médiation et de réintégration (ibid.). Selon des données fournies par le représentant, les centres de crise ont fourni des services aux personnes suivantes :

Catégories 2008 2009 2010
Femmes seules 53 82 59
Femmes avec enfants 380 420 425
Enfants 858 921 968
Hommes 12 14 3
Total 1 303 1 467 1 480

(ibid.).

La représentante de la NANE a également affirmé que l’État gère des [traduction] « "centres régionaux de crise" » (NANE 7 févr. 2012). Elle a expliqué que depuis 2005, des lits dans les [traduction] « foyers familiaux temporaires » et dans les [traduction] « foyers des mères » - les centres régionaux sont connus sous ces noms - sont réservés aux femmes fuyant la violence (ibid.). Bon nombre de ces foyers seraient gérés par des organisations caritatives, des églises ou des municipalités (ibid.). Selon la représentante de la NANE, à l’échelle nationale, il y avait environ 100 lits dans les centres de crise en 2010, mais ce nombre a diminué en raison de compressions gouvernementales (ibid.). Elle a affirmé qu’en novembre 2011, il y avait de 30 à 40 lits réservés expressément aux victimes de violence conjugale et qu’au début de 2012, il n’y avait pas suffisamment de lits pour les victimes de violence conjugale (ibid.). Les représentantes de la MONA (10 févr. 2012) et de l’ERRC (31 janv.2012) ont elles aussi affirmé qu’il n’y a pas suffisamment de places dans les refuges pour répondre aux besoins des victimes.

La représentante de la NANE a expliqué que pour obtenir un lit réservé aux victimes de violence conjugale, une personne doit être recommandée par des responsables de la ligne d’urgence du gouvernement, de la ligne d’urgence de la NANE ou des services de protection de la famille (NANE 7 févr. 2012). Elle a également dit que les femmes communiquent parfois directement avec les refuges pour demander si des places sont libres (ibid.). Il y a souvent une liste d’attente pour celles qui ne sont pas réputées être en [traduction] « danger immédiat » (ibid.). La représentante de la NANE soutient que les refuges n’adhèrent pas [traduction] « aux normes et aux protocoles reconnus internationalement » et que lors de l’admission, ils n’évaluent pas le niveau de violence ou de risque auquel est exposée la femme et ils n’élaborent pas un plan de sécurité pour elle (ibid.). De plus, les places réservées aux victimes de violence conjugale sont mixtes et même si elles sont principalement utilisées par des femmes, elles peuvent également être utilisées par des hommes (ibid.). La représentante de la NANE a affirmé que les victimes de violence conjugale et leurs enfants peuvent utiliser durant 30 jours les places réservées aux victimes de violence conjugale; après cette période, elles doivent soit partir soit être dirigées vers une place [traduction] « générale » dans les foyers familiaux temporaires ou les foyers des mères (ibid.). Elle a ajouté que les gens peuvent utiliser durant un an les places générales et qu’à de nombreux endroits, il est possible de prolonger le séjour pour six mois (ibid.). La représentante de l’ERRC a affirmé qu’elle croit que les gens peuvent rester dans les refuges familiaux gérés par les comtés uniquement pendant [traduction] « quelques mois » (ERRC 31 janv.2012).

4.2.1 Refuges à Miskolc

Il y aurait un centre de crise régional à Miskolc (Hongrie 13 févr. 2012; NANE 7 févr. 2012). La représentante de la NANE a précisé que dans ce centre, 4 des 40 places disponibles sont réservées aux victimes de violence conjugale (ibid.).

4.2.2 Refuges à Debrecen

Même si le représentant de l’ambassade de Hongrie a affirmé qu’il y a un centre de crise régional à Debrecen (Hongrie 13 févr. 2012), la représentante de la NANE a déclaré que Debrecen ne faisait pas partie du plan de réseau original et qu’il n’y a pas de places réservées aux victimes de violence conjugale dans les foyers de cette ville (NANE 7 févr. 2012). Elle a toutefois souligné que Debrecen a des [traduction] « "foyers familiaux temporaires" » qui ont leurs propres règles d’admission (ibid.). La représentante de l’ERRC a affirmé qu’il y a des refuges administrés par les comtés à Debrecen et que certaines ONG fournissent des services de counselling (31 janv.2012). Cependant, elle était d’avis que les services à Debrecen sont [traduction] « pires » que ceux offerts à Budapest parce qu’il y a moins d’ONG et d’organisations religieuses à cet endroit (ERRC 31 janv.2012).

4.2.3 Refuges à Budapest

En plus du refuge pour les victimes de violence conjugale déjà mentionné, le représentant de l’ambassade de Hongrie a souligné que Budapest fait partie du réseau de centres de crise (13 févr. 2012). Selon la représentante de la NANE, deux établissements de Budapest font partie de ce réseau et comptent en tout 8 places réservées aux victimes de violence conjugale sur un total de 55 places disponibles (7 févr. 2012).

5. Capacité des victimes de violence conjugale de déménager ailleurs en Hongrie

Le représentant de l’ambassade de Hongrie a fait observer qu’il est possible pour une victime de violence conjugale de se rendre à un centre de crise d’une autre région et d’avoir accès aux mêmes services (Hongrie 13 févr. 2012). Il a en outre souligné que les centres de crise ont la possibilité d’organiser des transferts (ibid.).

La représentante de la NANE a expliqué que même s’il est [traduction] « théoriquement » possible pour les victimes de fuir une situation de violence conjugale en déménageant, les victimes [traduction] « ne peuvent pas raisonnablement se fier aux autorités pour régler leur cas équitablement, pas plus qu’elles ne peuvent être certaines d’obtenir une place dans un "refuge", ou que le lieu où elles se trouvent ne sera pas révélé au père de leurs enfants » (NANE 7 févr. 2012). Elle a fourni un exemple où un agresseur présumé qui, après avoir été informé du déménagement de la victime dans un refuge, a rendu visite à leur enfant en présence de travailleurs du refuge et a ensuite enlevé l’enfant (ibid.). La mère a par la suite perdu la garde de l’enfant parce que la cour a conclu qu’il était dans [traduction] « l’intérêt supérieur » de l’enfant de rester avec le père [traduction] « "puisqu’il avait déjà passé tant de temps à cet endroit" » (ibid.).

La représentante de la NANE a affirmé qu’un refuge a effectué une étude selon laquelle une femme ayant deux enfants en Hongrie aura besoin d’environ 2 325 $US pour commencer une nouvelle vie si elle doit fuir et aucune place n’est libre dans les refuges (ibid.). À titre comparatif, la représentante de la NANE a souligné qu’en Hongrie, le revenu moyen est de 627 $US, mais que les femmes gagnent moins d’argent (ibid.). De nombreuses femmes qui restent à la maison avec leurs enfants reçoivent une allocation de 120 $US; la permission de l’époux est requise pour acheminer cet argent à une nouvelle adresse (ibid.).

La représentante de l’ERRC a exprimé son inquiétude face à la capacité des Roms victimes de violence conjugale de déménager ailleurs en Hongrie (ERRC 31 janv.2012). Elle a dit que même si certaines régions, comme le comté de Borsod Abaúj-Zemplén, ont des problèmes de sous-développement, de chômage et de préjugés contre les Roms, la situation pour les Roms dans d’autres régions de la Hongrie [traduction] « n’est guère meilleure » et qu’il serait [traduction] « très difficile » pour une femme rom de trouver un logement et un emploi (ibid.). Dans le même ordre d’idées, un document d’orientation présenté lors d’une conférence sur les femmes roms par les ONG Lobby hongrois des femmes (Magyar Noi Érdekérvényesíto Szövetség - Noi Érdek ), Lobby européen des femmes et Fonds nationaux civils (Nemzeti Civil Alapprogram ) explique que plusieurs [traduction] « difficultés concrètes » font en sorte qu’il est [traduction] « pratiquement impossible » pour une jeune femme rom sans instruction de fuir la violence conjugale (7 avr.2011, 5). Ces difficultés comprennent le manque de logement, les revenus insuffisants et une pénurie de possibilités d’emplois (Noi Érdek , Lobby européen des femmes et Nemzeti Civil Alapprogram 7 avr.2011, 5).

La représentante de l’ERRC a également affirmé que même si Budapest peut offrir de [traduction] « meilleures possibilités », la vie y est chère et de nombreux Roms sont pauvres (ERRC 31 janv.2012). Elle a ajouté que peu de gens vendent leur domicile à des Roms (ibid.).

6. Violence conjugale, traite de personnes et exploitation sexuelle

Des sources soulignent que les femmes roms sont susceptibles d’être victimes de traite de personnes (CFCF et al. nov.2010, 4; MONA 10 févr. 2012). Le rapport de la Commission européenne signale que les femmes roms qui fuient un partenaire violent et qui n’ont pas un emploi stable se heurtent à des [traduction] « problèmes particulièrement graves » pour subvenir à leurs besoins et pourraient risquer de se livrer à la prostitution, au trafic ou à d’autres activités illégales pour survivre (2008, 124). Dans le même ordre d’idées, la représentante de la MONA a expliqué que les femmes et les filles roms risquent particulièrement d’être victimes de traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle et de prostitution et qu’il existe une forte corrélation entre les problèmes de violence conjugale et d’exploitation sexuelle (10 févr. 2012).

Selon le document d’orientation sur les femmes roms, de 25 p. 100 à 30 p. 100 des prostituées à Amsterdam et de 98 p. 100 à 99 p. 100 des prostituées à Zurich sont des citoyennes hongroises, dont 80 p. 100 à 85 p. 100 sont d’origine rom selon les estimations (Noi Érdek , Lobby européen des femmes et Nemzeti Civil Alapprogram 7 avr.2011, 6). En outre, on pense que la majorité de ces prostituées sont victimes de traite ou d’exploitation (ibid., 7). Une étude de l’ERRC rédigée en collaboration avec la filiale slovaque de l’organisation de défense des droits de la personne et d’aide humanitaire Gens dans le besoin (People in Need - PiN) montre que la [traduction] « complicité de la famille » et la violence familiale sont des facteurs ayant une influence sur la probabilité que des femmes et des filles roms soient victimes de traite de personnes (mars 2011, 55, 90). L’étude de recherche - qui portait sur la traite de personnes dans les communautés roms et qui comptait parmi ses participants des Roms de la Hongrie et d’autres pays dans la région - souligne que 13 des 37 Roms victimes de traite de personnes ont déclaré que des membres de leur famille ont joué un rôle dans leur exploitation, et que 9 victimes de la traite de personnes sur 26 ont également été victimes de violence familiale, y compris de violence sexuelle, avant d’être soumises à la traite (ERRC et PiN mars 2011, 55).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Références

Chance for Children Foundation (CFCF), European Roma Rights Centre (ERRC), Foundation for the Women of Hungary (MONA), Hungarian Association for Persons with Intellectual Disability (ÉFOÉSZ), Hungarian Civil Liberties Union (HCLU), Hungarian Helsinki Committee (HHC), Legal Defence Bureau for National and Ethnic Minorities (NEKI), Minority Rights Group International (MRG), People Opposing Patriarchy (PATENT) et The City Is for All (AVM). Novembre 2010. Hungary - Submission to the UN Universal Periodic Review . <http://www.neki.hu/attachments/491_hungary-upr-08112010.pdf> [Date de consultation : 19 janv.2012]

Commission européenne. Novembre 2008. Marcella Corsi, Chiara Crepaldi, Manuela Samek Lodovici, Paolo Boccagni, Cristina Vasilescu et l’Expert Group on Gender Equality, Social Inclusion, Health and Long-Term Care . Ethnic Minority and Roma Women in Europe: A Case for Gender Equality . <http://ec.europa.eu/justice/gender-equality/document/index_en.htm> [Date de consultation : 30 janv.2012]

États-Unis (É.-U.). 8 avril 2011. Department of State. « Hungary ». Country Reports on Human Rights Practices for 2010 . <http://www.state.gov/j/drl/rls/hrrpt/2010/eur/154428.htm> [Date de consultation : 7 févr. 2012]

European Roma Rights Centre (ERRC). 31 janvier 2012. Entretien téléphonique avec une représentante.

European Roma Rights Centre (ERRC) et People in Need (PiN). Mars 2011. Breaking the Silence: Trafficking in Romani Communities . <http://www.errc.org/cms/upload/file/breaking-the-silence-19-march-2011.pdf> [Date de consultation : 19 janv.2012]

Fábián, Katalin. 2010. « Reframing Domestic Violence: Global Networks and Local Activism in Postcommunist Central and Eastern Europe ». Domestic Violence in Postcommunist States . Indiana University Press : Bloomington et Indianapolis.

Hongrie. 23 février 2012. Hungarian National Police, General Directorate for Criminal Investigation . Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par le chef du Crime Prevention Department.

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MONA, Foundation for the Women of Hungary . 10 février 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par une coordonnatrice de programme.

NANE, Women’s Rights Association . 7 février 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par une coordonnatrice de programme.

_____. S.d. « Mission and Goals of NANE Women's Rights Association ». <http://www.nane.hu/english/mission_goals.html> [Date de consultation : 30 janv.2012]

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Noi Érdek , Lobby européen des femmes et Nemzeti Civil Alapprogram . 7 avril 2011. Roma Women in Focus . Current Issues in Europe Regarding the Social and Political Inclusion of Romani Women . Document envoyé à la Direction des recherches par la MONA Foundation for the Women of Hungary le 10 février 2012.

Xinhua News Agency . 28 novembre 2010. Koti Lorant. « Hungarian Women Protest Against Domestic Violence ». (Factiva)

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre un représentant du Victim Support Department ont été infructueuses. Un professeur de la Central European University n’a pas été en mesure de fournir des renseignements.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Central European University ; ecoi.net; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l’homme; Freedom House; Human Rights Watch; Hungarian Helsinki Committee; International Crisis Group ; Lobby européen des femmes; Minority Rights Group International ; Nations Unies – Refworld, ReliefWeb; Open Society Foundation ; Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe; Stop Violence Against Women; Transitions Online .

Associated documents