Honduras : information sur les régions où les gangs exercent leurs activités (2012-juin 2013) [HND104464.F]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Nombre de membres de gangs

Un rapport de l'Agence de développement international des États-Unis (US Agency for International Development - USAID) signale que, en 2012, le nombre de membres de gangs au Honduras pourrait atteindre environ 35 000 (É.-U. nov.2012). Le Programme national pour la prévention, la réadaptation et la réinsertion sociale (Programa Nacional de Prevención, Rehabilitación y Reinserción Social - PNPRRS), un organisme gouvernemental (Honduras s.d.a), souligne qu'en 2002, on évaluait à environ 36 000 le nombre de membres de gangs au Honduras (ibid. [2012], 24). De son côté, un rapport de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) publié en 2012 signale que le nombre de membres des maras au Honduras serait de 12 000 (Nations Unies sept. 2012, 27-28). L'ONUDC ajoute que selon des organismes d'application de la loi locaux, on compterait 149 membres des maras par tranche de 100 000 habitants au Honduras (ibid., 29). Une étude sur les maras et autres gangs menée entre septembre 2010 et janvier 2011 par le PNPRRS signale qu'il y aurait 4 281 membres dans les 14 villes qui ont fait l'objet de l'étude, et que 447 autres membres de gangs étaient en détention en janvier 2011 selon des données de la police (ibid. [2012], 25). Le rapport du PNPRRS a enregistré les nombres suivants de membres de gangs dans les 14 villes à l'étude :

Ville Mara Salvatrucha (MS-13) Pandilla 18 (M-18) Mara 61 Mara Organizada Gánster West Side Total
San Pedro Sula 1 334 1 242 - - - 2 576
Tegucigalpa 408 480 - - - 888
Puerto Cortés 16 15 - - - 31
Choloma 42 50 - - - 92
Villanueva 90 - - - - 90
La Lima - 43 - - - 43
El Progreso 25 - - - - 25
La Ceiba 63 156 - - - 219
Tela 47 - - - - 47
Jutiapa - 10 - - - 10
Roatán 39 13 - 38 25 115
Tocoa - - 67 - - 67
Danli 15 19 - - - 34
El Paraiso 15 19 - - - 34

(ibid., 70-75)

L'étude précise que [traduction] « les côtés clandestin et secret de ces groupes ne permettent pas d'avancer des chiffres exacts sur leur nombre » (ibid.). De même, cité par La Prensa , un fonctionnaire du Département d'État des États-Unis qui travaille sur des sujets concernant les maras affirme [traduction] « [qu']il est très difficile d'établir le nombre de membres de gangs parce que beaucoup d'entre eux vivent dans la clandestinité totale. [...] ''ils sont nombreux [et] il y a plus de membres de gangs que d'agents de police en Amérique centrale'' » (30 mai 2012).

2. Régions où les gangs sont présents

Des sources signalent que les maras sont présents surtout dans les centres urbains (Nations Unies sept. 2012, 27-28; La Prensa 6 mai 2013; chercheuse indépendante 7 juin 2013). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une chercheuse indépendante ayant un doctorat en science politique de l'Université libre de Berlin et qui a publié des articles sur les gangs du Honduras a affirmé que les gangs sévissent aussi dans les zones frontalières (ibid.). Les maras sont notamment présents dans les villes de Tegucigalpa et de San Pedro Sula (Nations Unies sept. 2012, 28; La Prensa 7 mai 2013). Selon un journal de San Pedro Sula , La Prensa , les maras font de l'extorsion aussi à La Ceiba , à Comayagua , à Tela , à Santa Rosa de Copán et à El Progreso (ibid.). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une représentante de la Commission nationale des droits de la personne (Comisionado Nacional de los Derechos Humanos - CONADEH) du Honduras, l'organisation chargée de [traduction] « garantir les droits et libertés reconnus par la Constitution » (Honduras s.d.b), a souligné que les gangs sont présents partout au pays, surtout dans les principales villes (ibid. 11 juin 2013).

La chercheuse indépendante a signalé qu'il n'y aurait pas d'information indiquant la présence des gangs dans les milieux ruraux ou dans les départements d'Intibucá (7 juin 2013). Cependant, la représentante de la CONADEH a signalé que les gangs sont présents dans les zones rurales, bien qu'en petit nombre, et, selon de l'information fournie par d'autres représentants de la CONADEH et de la Commission à Intibucá, [traduction] « [des victimes des gangs] qui ont cherché refuge dans les milieux ruraux ont été retrouvées et exécutées » (Honduras 11 juin 2013). Selon la représentante, la présence d'une personne dans une région rurale sera remarquée parce que les habitants de ces endroits se connaissent entre eux (ibid.). La chercheuse indépendante a signalé que, [traduction] « généralement, une personne qui est poursuivie par les maras ne se réfugiera pas à la campagne, mais cherchera à quitter le pays » (11 juin 2013). La représentante de la CONADEH a aussi signalé que des victimes chercheront une façon de quitter le pays (Honduras 11 juin 2013). La représentante a souligné que des mineurs qui ont quitté le pays pour aller aux États-Unis et qui ont été arrêtés au Mexique [traduction] « demandent aux autorités mexicaines de ne pas les déporter vers le Honduras parce qu'ils y seront assassinés en raison de leur refus de se joindre aux maras » (ibid. 7 juin 2013).

Selon un rapport du Service de recherche du Congrès (Congressional Research Service ) des États-Unis, les maras ont agrandi leurs territoires en Amérique centrale (É.-U. 28 janv.2013, 4). De même, un article publié par La Prensa signale la présence croissante des gangs au Honduras (7 mai 2013). Un rapport réalisé par l'USAID signale que [traduction] « le contrôle de la majorité du territoire par les gangs est de plus en plus inquiétant car leurs activités criminelles vont au-delà de l'extorsion » (É.-U. nov.2012). Le rapport signale aussi que le MS-13 et M-18 « sont en train d'évoluer, devenant plus organisés et établissant des nouveaux systèmes d'opération, de communication et de finance » (ibid.). La Prensa signale que même si les gangs ont commencé comme un [traduction] « phénomène de quartier, ils ont maintenant de l'influence au niveau national. En même temps, ils ont augmenté leur pouvoir et leurs zones d'activités délictueuses » (29 mai 2012). Par ailleurs, selon le rapport de l'ONUDC, des [traduction] « membres des maras sont arrêtés dans des endroits peu probables, souvent dans des zones ayant un faible niveau de criminalité de rue », dans le Triangle du Nord, qui inclut le Honduras, le Guatemala et le Salvador (Nations Unies sept. 2012, 16, 67-69). La Prensa signale dans un article publié en mai 2013 qu'il y a eu des plaintes relatives à de l'extorsion et à des assassinats dans des zones de San Pedro Sula et de Tegucigalpa qui ne figuraient pas auparavant parmi leurs zones d'influence (7 mai 2013).

L'Agence France-Presse (AFP) signale qu'à la suite de l'imposition par les maras d'un couvre-feu dans une zone de Tegucigalpa , il n'y a pas eu de plaintes concernant les menaces des maras, et que le chef de la police a affirmé que [traduction] « peut-être que les habitants demeurent silencieux parce qu'ils ont peur » (4 fév. 2013). La Prensa cite un transporteur de San Pedro Sula qui dit que [traduction] « "[o]n ne dénonce pas parce qu'on ne sait pas si la personne qu'on va dénoncer fait de l'extorsion ou commet des meurtres" » (La Prensa 7 mai 2013). La Prensa cite également le cas d'un commerçant qui aurait été assassiné par les maras moins de 24 heures après avoir dénoncé le fait qu'il était victime d'extorsion (ibid.). La famille du commerçant a affirmé que les gangs sont revenus quelques jours après les obsèques pour les extorquer après leur avoir fait des menaces de mort (ibid.).

3. Trêve

Des médias signalent que les chefs du MS-13 et du M-18 emprisonnés à San Pedro Sula ont annoncé le 28 mai 2013 vouloir faire une trêve et cesser la violence (Al Jazeera 28 mai 2013; BBC 28 mai 2013). L'évêque de San Pedro Sula , qui a facilité le rapprochement entre les deux gangs, a déclaré que cela ne signifie pas qu'un accord de paix a été conclu (ibid.; CNA 3 juin 2013). La Catholic News Agency , une agence de presse catholique (CNA s.d.), cite l'évêque qui dit que les gangs continuent la guerre pour le moment et qu'un projet de paix est [traduction] « un long processus qui peut durer plusieurs décennies » (ibid. 3 juin 2013).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Agence France-Presse (AFP). 4 février 2013. « Gangs Impose Curfews in Honduras ». <http://www.ticotimes.net/More-news/News-Briefs/Gangs-impose-curfews-in-Honduras_Monday-February-04-2013> [Date de consultation : 6 juin 2013]

Al Jazeera. 28 mai 2013. « Rival Honduras Gangs Declare Truce ». <http://www.aljazeera.com/news/americas/2013/05/201352822569919850.html> [Date de consultation : 5 juin 2013]

British Broadcasting Corporation (BBC). 28 mai 2013. « Honduras : maras piden perdón y anuncian fin de la violencia ». <http://www.bbc.co.uk/mundo/ultimas_noticias/ 2013/05/130528_ultnot_honduras_maras_perdon_tregua_jcps.shtml> [Date de consultation : 28 mai 2013]

Catholic News Agency (CNA). 3 juin 2013. « Bishop Says No Truce Yet Between Honduran Gangs ». <http://www.catholicnewsagency.com/news/bishop-says-no-truce-yet-between-honduran-gangs/> [Date de consultation : 5 mai 2013]

_____. S.d. « Who We Are ». <http://www.catholicnewsagency.com/about.php> [Date de consultation : 12 juin 2013]

Chercheuse indépendante ayant un doctorat en sciences politiques de la Freie Universität Berlin . 11 juin 2013. Comunication écrite envoyée à la Direction des recherches.

_____. 7 juin 2013. Comunication écrite envoyée à la Direction des recherches.

États-Unis (É.-U.). 28 janvier 2013. Clare Ribando Seelke. Congressional Research Service (CRS). Gangs in Central America . <http://www.fas.org/sgp/crs/row/RL34112.pdf> [Date de consultation : 6 juin 2013]

_____. Novembre 2012. US Agency for International Development (USAID). « Snapshot: Deconstructing Gang Structures & Operations ». <http://www.usaid.gov/results-data/success-stories/deconstructing-gang-structures-and-operations-honduras> [Date de consultation : 5 juin 2013]

Honduras. 11 juin 2013. Comisionado Nacional de los Derechos Humanos . Comunication écrite envoyée à la Direction des recherches par une représentante.

_____. 7 juin 2013. Comisionado Nacional de los Derechos Humanos . Comunication écrite envoyée à la Direction des recherches par une représentante.

_____. [2012]. Programa Nacional de Prevención, Rehabilitación y Reinserción Social (PNPRRS). Situación de maras y pandillas en Honduras 2010 . <http://www.unicef.org/honduras/Informe_situacion_maras_pandillas_honduras.pdf> [Date de consultation : 5 juin 2013]

_____. S.d.a. Programa Nacional de Prevención, Rehabilitación y Reinserción Social (PNPRRS). « Misión y visión ». <http://www.pnp.gob.hn/index.php/typography> [Date de consultation : 5 juin 2013]

_____. S.d.b. Comisionado Nacional de los Derechos Humanos (CNFH). « Mandato y atribuciones ». <http://www.conadeh.hn/index.php/informacion/mandato-y-atribuciones> [Date de consultation : 12 juin 2013]

Nations Unies. Septembre 2012. Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Transnational Organized Crime in Central America and the Caribbean: A Threat Assessment . <http://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/Studies/TOC_Central_America_and_the_Caribbean_english.pdf> [Date de consultation : 5 juin 2013]

La Prensa [San Pedro Sula ]. 7 mai 2013. « Extorsiones dejan al año L1,200 millones a mareros en Honduras ». <http://www.laprensa.hn/Secciones-Principales/Honduras/Apertura/Extorsiones-dejan-al-ano-L1-200-millones-a-mareros-en-Honduras> [Date de consultation : 7 juin 2013]

_____. 6 mai 2013. « Hay medio millón de hondureños secuestrados por maras ». <http://www.laprensa.hn/Secciones-Principales/Honduras/Apertura/Hay-medio-millon-de-hondurenos-secuestrados-por-maras> [Date de consultation : 5 juin 2013]

_____. 30 mai 2012. « Maras, de la chimba y el robo al narcotráfico y extorsión ». <http://www.laprensa.hn/Secciones-Principales/Sucesos/Maras-de-la-chimba-y-el-robo-al-narcotrafico-y-extorsion> [Dare de consultation : 11 juin 2013]

_____. 29 mai 2012. « En San Pedro Sula está el 60% de pandilleros de Honduras ». <http://www.laprensa.hn/Secciones-Principales/Honduras/Apertura/En-San-Pedro-Sula-esta-el-60-de-pandilleros-de-Honduras> [Date de consultation : 5 juin 2013]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre des représentants de la Secretaría de Seguridad Pública du Honduras ont été infructueuses.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Catholic Relief Services; Council on Hemispheric Affairs ; ecoi.net; États-Unis – Department of State, Overseas Security Advisory Council ; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; Freedom House; The Guardian ; El Heraldo ; Honduras – Secretaría de Gobernación y Justicia ; Human Rights Watch; InSight Crime; International Crisis Group; International Relations and Security Network; Jane's Terrorism and Security Monitor ; Nations Unies – Refworld ; Organisation des États américains; Prensa Libre ; Washington Office on Latin America .

Associated documents