Document #1447416
IRB – Immigration and Refugee Board of Canada (Author)
Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa
Des sources signalent que la population de l’Afrique du Sud est d’environ 56,7 ou 57,7 millions de personnes (Afrique du Sud 20 juill. 2018; Banque mondiale 6 juill. 2018). D’après des sources, les Sud-Africains blancs comptent pour huit ou neuf pour cent de la population totale (The Guardian 23 août 2018; Campbell 30 août 2018; Al Jazeera 30 août 2018; WSJ 23 août 2018). Des sources soulignent que les Sud-Africains blancs se divisent en deux groupes linguistiques : les locuteurs de l’afrikaans, et les locuteurs de l’anglais (Campbell 30 août 2018; vice-chancelier 4 sept. 2018). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, John Campbell [1], Senior Fellow de l’Institut Ralph Bunche en études de la politique africaine au Conseil des relations internationales (Council on Foreign Relations - CFR) à Washington, a déclaré [traduction] « [qu’]aucune différence n’existe entre ces deux groupes pour ce qui est de l’accès à la richesse et de la représentation politique » (Campbell 30 août 2018). Des sources précisent que les Sud-Africains blancs occupent une place privilégiée dans la société sud-africaine (Campbell 30 août 2018; vice-chancelier 4 sept. 2018). John Campbell a expliqué que les Sud-Africains blancs
[traduction]
sont nettement plus riches que les autres groupes raciaux. La valeur nette détenue par les Sud-Africains noirs n’équivaut qu’à environ cinq pour cent de la valeur nette moyenne détenue par les Sud-Africains blancs. Ces derniers vivent en Afrique du Sud comme dans un pays industrialisé; leur niveau de vie sur les plans économique et social ressemble à celui que l’on trouve en Europe de l’Est ou en Israël (Campbell 30 août 2018).
Selon des sources, les Sud-Africains blancs dominent dans les domaines suivants :
Des sources affirment que les Sud-Africains blancs ne sont confrontés à aucune difficulté ni menace particulière au sein de la société (SAHRC 7 sept. 2018; Campbell 30 août 2018; vice-chancelier 4 sept. 2018), [traduction] « par exemple, pour ce qui est de l’accès à l’emploi, à l’éducation, aux soins de santé ou à un logement » (Campbell 30 août 2018). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le vice-chancelier de l’Université du Witwatersrand à Johannesburg, qui est également professeur de sciences politiques, a expliqué que
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[s]ur le plan de l’accès aux systèmes publics de santé et d’éducation, les Sud-Africains blancs sont confrontés aux mêmes problèmes que leurs compatriotes noirs. Cependant, le fardeau des Sud-Africains noirs est plus lourd parce qu’ils n’ont pas le même accès aux ressources. À titre d’exemple, ils ne disposent pas des mêmes moyens que les Sud-Africains blancs pour se payer des soins de santé privés (vice-chancelier 4 sept. 2018).
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant d’AfriForum, un [traduction] « organisme [non gouvernemental] de défense des intérêts des Afrikaners et de surveillance des droits civils » ayant pour mission de « protég[er] les droits des minorités » (AfriForum s.d.), a fait observer qu’il n’existe [traduction] « [a]ucune loi […] discriminatoire à l’endroit des Sud-Africains blancs en particulier » en matière de soins de santé (AfriForum 7 sept. 2018).
John Campbell a déclaré que [traduction] « [l]e gouvernement de l’Afrique du Sud est explicitement impartial quant à la race » (Campbell 30 août 2018). De même, le vice-chancelier a souligné que [traduction] « [l]es politiques et les services publics s’appliquent à tout un chacun » (vice-chancelier 4 sept. 2018). Le représentant d’AfriForum a toutefois précisé que les droits relatifs à l’afrikaans et l’enseignement dans cette langue sont [traduction] « attaqués », car des politiques linguistiques sont modifiées, par exemple dans des universités, pour que l’emploi de l’afrikaans soit exclu; il a ajouté que « les efforts déployés pour protéger les droits linguistiques des étudiants sont […] dénaturés et présentés comme […] des efforts visant à protéger le "privilège d’être Blanc" » (AfriForum 7 sept. 2018).
D’après des sources, il existe des programmes d'autonomisation économique destinés aux Noirs qui sont comparables aux programmes de promotion sociale qu’on trouve aux États-Unis (Campbell 30 août 2018; vice-chancelier 4 sept. 2018), et [traduction] « qui consistent en des mesures d’assistance visant les Sud-Africains noirs en particulier » (vice-chancelier 4 sept. 2018). Au dire du vice-chancelier, [traduction] « [c]es politiques de promotion sociale ciblent les Sud-Africains noirs et, en ce sens, leurs compatriotes blancs n’y ont pas droit » (vice-chancelier 4 sept. 2018). Selon John Campbell, [traduction] « [d]es plaintes […] ont été reçues de la part de Sud-Africains blancs selon lesquelles divers programmes d'autonomisation économique destinés aux Noirs […] rendent l’accès à l’emploi difficile » (Campbell 30 août 2018). D’après le représentant d’AfriForum, [traduction] « [l]a politique de promotion sociale qui s’applique en Afrique du Sud [n’a pas de] clause de temporisation. Ainsi, il arrive souvent que la candidature de Sud-Africains blancs ne soit même pas prise en considération pour certains postes, et ce, peu importe qu’ils aient ou non les compétences, les qualifications et l’expérience requises » (AfriForum 7 sept. 2018). Des sources font observer que le taux de chômage chez les Sud-Africains blancs est inférieur à celui observé chez les Sud-Africains noirs (vice-chancelier 4 sept. 2018; Campbell 30 août 2018; Al Jazeera 30 août 2018). Al Jazeera signale que, en 2017, [traduction] « 30 p. 100 des […] Sud-Africains noirs se trouvaient sans emploi, comparativement à 6,7 p. 100 des » Sud-Africains blancs (Al Jazeera 30 août 2018). Le vice-chancelier a expliqué que [traduction] « [l]es Sud-Africains blancs ont un taux de chômage inférieur à 3 p. 100, [alors que] chez les Sud-Africains noirs, ce taux […] oscille entre 50 et 60 p. 100 environ » (vice-chancelier 4 sept. 2018).
Le représentant d’AfriForum a affirmé que [traduction] « [l]es tensions raciales sont exacerbées à l’heure actuelle » et que les « discours haineux sont légion » en Afrique du Sud (AfriForum 7 sept. 2018). Au dire du vice-chancelier, [traduction] « [u]n discours tenu en Afrique du Sud est le fait d’un petit groupe d’acteurs de la sphère politique, qui ont axé sur la race leurs approches visant à comprendre la société, comme c’est le cas des Combattants pour la liberté économique (Economic Freedom Fighters [- EFF]) » (vice-chancelier 4 sept. 2018). Des sources précisent que l’EFF est le troisième parti politique en importance en Afrique du Sud (Campbell 8 août 2018; Al Jazeera 30 août 2018), [traduction] « en grande partie parce qu’il défend "[l’]expropriation sans compensation" des biens appartenant aux Blancs en général, [et] des terres agricoles et des mines en particulier » (Campbell 8 août 2018). Le vice-chancelier a expliqué que l’EFF
[traduction]
s’exprime en termes raciaux. Le parti décrit l’économie capitaliste comme étant une économie dont les Blancs ont le monopole. Il le formule de façon telle que cela semble une évidence liée à la race. Ce n’est pas - et de loin - le point de vue que partage la majorité. Rien n’indique ou ne prouve que des actes de violence ont été commis sur la foi de ce discours (vice-chancelier 4 sept. 2018).
D’après la Commission électorale de l’Afrique du Sud (Electoral Commission of South Africa - IEC), l’EFF a obtenu 8,31 p. 100 des voix au terme des élections locales en 2016 (Afrique du Sud 11 août 2016) et 6,35 p. 100 des voix au terme des élections nationales de 2014 (Afrique du Sud 12 mai 2014). Des sources ajoutent que, en 2016, le chef de l’EFF a appelé ses partisans à occuper les [traduction] « "terres que se sont accaparées […] les Blancs par la force en procédant à un génocide" » (The Guardian 26 juin 2018; Reuters 14 nov. 2016; AFP 7 mars 2017).
On peut lire dans le Guardian que, lorsque l’apartheid a pris fin en 1994, 85 p. 100 des terres agricoles appartenaient à des agriculteurs blancs (The Guardian 26 juin 2018). Des sources soulignent que la redistribution des terres et la réforme agraire ont été introduites dans le discours politique sud-africain en 1994 (Al Jazeera 30 août 2018; Forbes 14 mars 2018). Des sources ajoutent que 72 p. 100 des terres agricoles appartiennent actuellement à des agriculteurs blancs (Afrique du Sud nov. 2017, 2; CBS en collaboration avec l’AFP 23 août 2018). Il est en outre écrit dans le Guardian que [traduction] « une grande partie » des agriculteurs blancs possédant des terres « appartiennent à la […] communauté des Afrikaners » (The Guardian 26 juin 2018).
Des sources signalent que le président de l’Afrique du Sud a annoncé le 31 juillet ou le 1er août 2018 qu’il est prévu de réviser la constitution pour permettre l’expropriation foncière sans compensation (Reuters 7 sept. 2018; The Guardian 23 août 2018; CNN 23 août 2018). Selon Fox News, le président du pays a [traduction] « entamé le processus visant à saisir des terres à ses propres citoyens, et ce sans compensation, simplement en raison de la couleur de leur peau » (Fox News 22 août 2018). Toutefois, CNN souligne [traduction] « [qu’]il n’y a pas en Afrique du Sud de saisies d’exploitations agricoles telles que les a décrites Fox [News] dans son reportage » (CNN 23 août 2018). D’après la publication sud-africaine en ligne News24, le vice-président du pays [traduction] « a promis qu’aucune exploitation agricole ne serait envahie ou saisie, et que les agriculteurs n’avaient pas à craindre pour leur sécurité » (News24 23 août 2018).
On peut lire dans le Wall Street Journal (WSJ) que, [traduction] « [s]uivant le droit sud-africain, les propriétaires fonciers […] sont autorisés à contester en cour toute mesure gouvernementale visant la saisie des terres sans compensation » (WSJ 23 août 2018). La même source ajoute que, jusqu’ici, [traduction] « la réforme agraire [en Afrique du Sud] est surtout le fait de la vente volontaire par des agriculteurs blancs et d’autres propriétaires fonciers à l’État, au prix courant - une politique connue sous le nom de "vendeur consentant, acheteur consentant" » (WSJ 23 août 2018). De même, Reuters signale que, [traduction] « [d]epuis la fin de l’apartheid en 1994, le [Congrès national africain (African National Congress - ANC), le parti au pouvoir,] applique un modèle de "vendeur consentant, acheteur consentant" selon lequel l’État achète les exploitations agricoles de propriétaires blancs pour les redistribuer à des Noirs » (Reuters 7 sept. 2018).
Des sources soulignent que la criminalité est un grave problème en Afrique du Sud (CNN 23 août 2018; vice-chancelier 4 sept. 2018; CBS en collaboration avec l’AFP 23 août 2018). D’après John Campbell, [traduction] « [i]l n’y a en Afrique du Sud aucune région dangereuse pour les Sud-Africains blancs en particulier; il y a en fait des régions dangereuses pour tout le monde » (Campbell 30 août 2018). Le représentant d’AfriForum a affirmé que [traduction] « [m]alheureusement, il y a très peu d’endroits en Afrique du Sud qui soient sûrs pour quiconque, peu importe sa race ou son sexe » (AfriForum 7 sept. 2018). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le directeur général de la Commission sud-africaine des droits de la personne (South African Human Rights Commission - SAHRC) [2] a expliqué que [traduction] « les Blancs […] sont victimes de moins de crimes que les autres groupes raciaux » en Afrique du Sud (SAHRC 7 sept. 2018). Le vice-chancelier a déclaré que [traduction] « [c]e sont les Sud-Africains noirs qui subissent le plus de violence » (vice-chancelier 4 sept. 2018). Selon l’Enquête auprès des collectivités de 2016 (Community Survey 2016) menée par Statistics South Africa, [traduction] « les ménages ayant à leur tête des Blancs ou des Indiens/Asiatiques risquaient davantage d’être affectés par la criminalité que les autres groupes de la population »; les crimes visés comprenaient les cambriolages, le vol de biens, le vol qualifié et le vol de véhicules motorisés ou de motocyclettes (Afrique du Sud 2016, 94). La même source rapporte que, [traduction] « dans les 12 mois précédant l’enquête », « [e]nviron un sur dix ménages ayant un Blanc à leur tête a été victime de crimes, puis venaient les ménages ayant à leur tête des Indiens/Asiatiques (8,4 p. 100); du côté des ménages dirigés par des Noirs, le pourcentage de ceux touchés par la criminalité était d’environ 7,1 p. 100 » (Afrique du Sud 2016, 91). Des sources soulignent qu’on entend davantage parler des Sud-Africains blancs lorsqu’il est question de criminalité, car ce groupe de la population jouit d’un meilleur accès aux médias (vice-chancelier 4 sept. 2018; SAHRC 7 sept. 2018), et que [traduction] « [l]es Sud-Africains noirs vivant en milieu rural ne sont pas en mesure de faire entendre leur voix de la même façon [que leurs compatriotes blancs] » (vice-chancelier 4 sept. 2018). Des sources précisent que les Sud-Africains blancs ont les moyens de vivre dans des secteurs recherchés et de se payer des services de sécurité privés (vice-chancelier 4 sept. 2018; SAHRC 7 sept. 2018).
Des sources signalent que le nombre d’attaques perpétrées contre des exploitations agricoles en Afrique du Sud a augmenté (WSJ 23 août 2018; Agri SA 19 avr. 2018). Selon un communiqué publié en avril 2018 par Agri SA [3] pour demander une intervention d’urgence en vue de contrer ce genre d’attaques, [traduction] « [l]es attaques perpétrées contre des exploitations agricoles se sont accrues de 22 p. 100 » en 2018 (Agri SA 19 avr. 2018). Citant des données provenant du Service de police de l’Afrique du Sud (South African Police Service - SAPS), Agri SA fait état des statistiques annuelles suivantes concernant les attaques perpétrées contre des exploitations agricoles en Afrique du Sud :
La même source ajoute que, de 2012-2013 à 2017-2018,
[traduction]
24 p. 100 des attaques perpétrées contre des exploitations agricoles […] se sont produites dans la province du Nord-Ouest, suivie par celles du Gauteng (21 p. 100), du KwaZulu-Natal (15 p. 100) et de Free State (10 p. 100). Toujours au sujet de ces attaques, le Cap-Nord, qui en a enregistré 1 p. 100, était la province la plus sûre, tandis que le Nord-Ouest était la plus violente (Agri SA 2018, 5).
D’après des données provenant du SAPS, en 2017-2018, le territoire sud-africain a été le théâtre de 20 336 meurtres, ce qui représente une augmentation de 6,9 p. 100 par rapport à l’année précédente (Afrique du Sud 11 sept. 2018). Al Jazeera précise que, selon les statistiques du service de police, en 2016-2017 ont été commis sur des exploitations agricoles de l’Afrique du Sud 74 meurtres, dont les victimes étaient des agriculteurs et des travailleurs agricoles, tous groupes raciaux confondus (Al Jazeera 30 août 2018). La même source souligne que, selon Agri SA, 47 agriculteurs ont été tués en 2017-2018, ce qui représente le nombre de meurtres [traduction] « le plus bas depuis 20 ans » (Al Jazeera 30 août 2018). La même source cite les propos du directeur général d’Agri SA selon lesquels [traduction] « "le nombre de meurtres commis sur des exploitations agricoles [est] disproportionné" » en Afrique du Sud (Al Jazeera 30 août 2018). Il est écrit dans le communiqué publié par Agri SA que le nombre de meurtres commis visant des exploitants agricoles s’est accru de 27 p. 100 en 2018 (Agri SA 19 avr. 2018). Cependant, citant des données du SAPS, Agri SA fait état des statistiques annuelles suivantes concernant les meurtres visant les exploitants agricoles en Afrique du Sud :
La même source explique en outre que, de 2012-2013 à 2017-2018,
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le plus grand nombre de meurtres (20 p. 100) a été enregistré dans le Gauteng, le Nord-Ouest et le KwaZulu-Natal venant ensuite à égalité (18 p. 100 chacun). […] [À] 1 p. 100, le Cap-Nord est la province ayant enregistré le plus petit nombre de meurtres visant des exploitants agricoles (Agri SA 2018, 5).
Des sources signalent, sans autres détails, qu’il est arrivé que des agriculteurs sud-africains subissent de la torture lors d’attaques perpétrées contre des exploitations agricoles (The Guardian 26 juin 2018; News.com.au 17 mars 2018; RT 9 avr. 2018).
D’après le Guardian, [traduction] « [l]e débat fait rage au sujet du motif expliquant la hausse du nombre d’attaques perpétrées contre des exploitations agricoles au cours des dernières années. Certains avancent que cela suit l’augmentation générale du nombre de crimes violents; d’autres, qu’il s’agit d’une conséquence des tensions grandissantes entre les différents groupes sociaux » (The Guardian 26 juin 2018). Selon des sources, on prétend que les agriculteurs blancs sont pris pour cible et tués (Campbell 30 août 2018; Al Jazeera 30 août 2018). Le Guardian cite les propos d’un ancien policier et chercheur à l’Institut d’études de sécurité (Institute for Security Studies - ISS), situé à Pretoria, selon lesquels [traduction] « [c]ertains affirment que les auteurs d’attaques [perpétrées contre des exploitations agricoles] sont mus uniquement par une haine raciale, mais c’est très difficile à quantifier » (The Guardian 26 juin 2018). Le vice-chancelier a déclaré, sans fournir d’autres détails, que [traduction] « [l’]intention derrière les attaques [perpétrées contre des exploitations agricoles] n’est pas raciale, mais plutôt liée à des problèmes de santé mentale » (vice-chancelier 4 sept. 2018).
Dans un billet publié sur le site Internet du CFR, John Campbell écrit que [traduction] « [l]a multiplication des meurtres d’agriculteurs blancs sont une image déformée qu’utilise AfriForum » et décrit AfriForum comme une organisation « opposée à la réforme agraire au motif qu’elle constitue une menace pour la population blanche sud-africaine » (Campbell 23 août 2018). Dans un article publié par Columbia Broadcasting System (CBS) en collaboration avec l’Agence France-Presse (AFP), on cite les propos d’un journaliste de CBS selon lesquels
[traduction]
des Sud-Africains blancs de droite ont richement financé une campagne visant à véhiculer l’idée que les agriculteurs blancs sont délibérément tués et que le nombre de ces victimes est plus élevé que pour tout autre groupe racial, ce qui constitue un « génocide des Blancs ». Rien de tel n’est observé en Afrique du Sud (CBS avec l’AFP 23 août 2018).
Au dire du vice-chancelier, des [traduction] « [s]tatistiques montrent que le taux de crimes violents commis contre des agriculteurs blancs est plus bas aujourd’hui qu’il y a 15 ans. Si l’intention était de commettre un génocide contre les Sud-Africains blancs, ces statistiques montreraient le contraire » (vice-chancelier 4 sept. 2018). Toutefois, des sources signalent que les statistiques produites par la police relativement aux meurtres commis sur des exploitations agricoles ne sont pas consignées [traduction] « par race » (Afrika Check 8 mai 2017; BBC 3 nov. 2017). La BBC explique que, étant donné l’absence de données à jour sur le nombre d’agriculteurs que compte l’Afrique du Sud et [traduction] « la proportion de Blancs sur les exploitations agricoles du pays », il est « impossible de dire si les agriculteurs blancs sont plus à risque que leurs homologues noirs - ou d’ailleurs plus à risque que la population en général » (BBC 3 nov. 2017). Selon l’Enquête auprès des collectivités menée en 2016 par Statistics South Africa, 143 361 des 2 329 043 ménages agricoles ont à leur tête un Blanc (Afrique du Sud 2016, 83). La BBC fait cependant observer que le nombre de personnes composant ces ménages n’est étayé par aucune donnée, pas plus que [traduction] « le nombre de ménages composés de races différentes »; il est donc difficile, dans ces conditions, d’évaluer la probabilité qu’un agriculteur sud-africain blanc soit tué (BBC 3 nov. 2017).
Des sources soulignent que les localités rurales sont plus vulnérables aux crimes (CBS avec l’AFP 23 août 2018; vice-chancelier 4 sept. 2018; Agri SA 2018, 5) parce que les propriétés sont éloignées (CBS avec l’AFP 23 août 2018; Agri SA 2018, 5) et ne peuvent compter que sur une [traduction] « protection minime » (CBS avec l’AFP 23 août 2018). Selon Al Jazeera, toutefois, [traduction] « aucune preuve ne donne à penser que les agriculteurs constituent un groupe victime de plus d’agressions que tout autre au pays » (Al Jazeera 30 août 2018). Il est écrit dans le Guardian que [traduction] « [l’]isolement des exploitations agricoles et la protection limitée fournie par la police sont […] des facteurs souvent mis de l’avant pour expliquer le niveau de violence constaté dans les attaques [perpétrées contre des exploitations agricoles] » (The Guardian 26 juin 2018). On peut lire dans le rapport d’Agri SA que le milieu agricole travaille de concert avec des organismes comme le Agri Securitas Trust Fund et le service de police en vue d’élaborer des plans visant à garantir la sécurité des agriculteurs (Agri SA 2018, 6). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun autre renseignement à ce sujet.
Au dire du vice-chancelier, [traduction] « [b]ien que le taux de criminalité demeure élevé [en Afrique du Sud], il n’y a pas toujours de postes de police ni d’infrastructure appropriée auxquels faire appel pour s’employer à le faire baisser » (vice-chancelier 4 sept. 2018). Des sources soulignent que l’État offre les mêmes services à tous les Sud-Africains victimes de crimes, sans égard à leur race (vice-chancelier 4 sept. 2018; AfriForum 7 sept. 2018). Le vice-chancelier a expliqué que
[traduction]
les institutions de l’État […] ne sont pas aussi efficaces qu’elles devraient l’être. […] Certains secteurs sont entachés par l’incompétence des pouvoirs publics. Ces facteurs ont des répercussions sur les citoyens, toutes races confondues. Les citoyens noirs ressentent ces effets bien plus que leurs compatriotes blancs (vice-chancelier 4 sept. 2018).
Des sources signalent que des organes de l’État comme la SAHRC voient au respect des droits de la personne (vice-chancelier 4 sept. 2018; SAHRC 7 sept. 2018). Selon le vice-chancelier,
[traduction]
[t]oute personne victime de discrimination peut le signaler à [la SAHRC et au protecteur du citoyen]. L’appareil judiciaire en Afrique du Sud est dynamique. La presse est solide, éveillée, vivante et indépendante, et elle oblige l’élite politique à rendre des comptes. Les médias prennent [la] défense des citoyens, peu importe la couleur de leur peau (vice-chancelier 4 sept. 2018).
D’après John Campbell,
[traduction]
[l]es Sud-Africains blancs victimes de violence peuvent se prévaloir de mesures de protection offertes par l’État. À titre d’exemple, le SAPS et l’appareil judiciaire (qui est assez indépendant) offrent une protection. Concrètement, si une personne est agressée et victime de vol dans la rue, des policiers feront enquête et arrêteront le coupable, qui subira ensuite son procès et recevra une peine d’emprisonnement, et ce sans égard aucun à la race (Campbell 30 août 2018).
De même, d’autres sources qualifient l’appareil judiciaire de l’Afrique du Sud [traduction] « [d’]indépendant » (Al Jazeera 30 août 2018) ou de [traduction] « solide » (SAHRC 7 sept. 2018).
Des sources soulignent qu’il existe des organisations défendant les intérêts des Sud-Africains blancs (Campbell 30 août 2018; vice-chancelier 4 sept. 2018), [traduction] « comme Agri SA » (Campbell 30 août 2018) ou AfriForum (vice-chancelier 4 sept. 2018). Au dire du vice-chancelier, [traduction] « [i]l y a […] des organisations de la société civile, par exemple des organismes pour l’afrikaans, qui représentent les intérêts des Afrikaners » (vice-chancelier 4 sept. 2018).
D’après John Campbell, [traduction] « [l]es Sud-Africains blancs sont actifs en politique, tout particulièrement au sein du parti de l’Alliance démocratique (Democratic Alliance - DA), le parti de l’opposition officielle » (Campbell 30 août 2018). Selon le directeur général de la SAHRC, les partis politiques Front pour la liberté (Freedom Front) et la DA [traduction] « défendent traditionnellement les intérêts des Blancs et font en sorte que ceux-ci ne sont victimes d’aucune discrimination injuste en tant que groupe » (SAHRC 7 sept. 2018). Reuters ajoute que la DA compte [traduction] « de nombreux partisans blancs » (Reuters 14 nov. 2016). Le vice-chancelier a déclaré que les partis politiques d’Afrique du Sud, y compris l’ANC, la DA et l’EFF, sont [traduction] « tous officiellement impartiaux quant à la race; ils représentent les intérêts de tous les Sud-Africains » (vice-chancelier 4 sept. 2018).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.
Notes
[1] John Campbell est un ancien ambassadeur des États-Unis maintenant à la retraite qui a notamment été affecté à Pretoria; il a écrit sur la situation post-apartheid de l’Afrique du Sud dans son livre intitule Morning in South Africa (CFR s.d.).
[2] La SAHRC est [traduction] « l’institution nationale établie afin d’appuyer la démocratie constitutionnelle. Elle a pour mission de favoriser le respect et la protection des droits de la personne pour tous, sans crainte de représailles ni favoritisme » (SAHRC s.d.).
[3] Agri SA est [traduction] « une fédération d’organismes agricoles qui a été établie en 1904 sous le nom d’Union agricole sud-africaine (South African Agricultural Union) » (Agri SA s.d.). [Traduction] « Par l’entremise de ses membres affiliés, [Agri SA] représente un regroupement diversifié d’agriculteurs et d’agricultrices, sans égard à leur race ou leur religion » (Agri SA s.d.).
AfriForum. 7 septembre 2018. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
AfriForum. S.d. « About AfriForum ». [Date de consultation : 7 sept. 2018]
Afrika Check. 8 mai 2017. Kate Wilkinson. « Fact Sheet: Statistics on Farm Attacks and Murders in South Africa ». [Date de consultation : 11 sept. 2018]
Afrique du Sud. 11 septembre 2018. South African Police Service (SAPS). Crime Statistics 2017/2018. [Date de consultation : 11 sept. 2018]
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Campbell, John. 8 août 2018. « Despite Land Reform, South Africa Is Not Becoming Zimbabwe or Venezuela ». Council on Foreign Relations (CFR). [Date de consultation : 28 août 2018]
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The Guardian. 26 juin 2018. Jason Burke. « Murders of Farmers in South Africa at 20-Year Low, Research Shows ». [Date de consultation : 7 sept. 2018]
News24. 23 août 2018. Alex Mitchley. « Deputy President Steps In, Puts SA Farmers at Ease After Trump's Land Expropriation Comments ». [Date de consultation : 30 août 2018]
News.com.au. 17 mars 2018. Debra Killalea. « South Africa Farm Attacks: Brutal Crimes Landowners Face ». [Date de consultation : 7 sept. 2018]
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Reuters. 14 novembre 2016. James Macharia et Andrew Heavens. « South Africa's Malema Tells Backers to Seize White-Owned Land, Defying Court ». [Date de consultation : 7 sept. 2018]
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South African Human Rights Commission (SAHRC). 7 septembre 2018. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par le premier dirigeant.
South African Human Rights Commission (SAHRC). S.d. « Overview ». [Date de consultation : 10 sept. 2018]
Vice-chancelier, Witwatersrand University. 4 septembre 2018. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.
Wall Street Journal (WSJ). 23 août 2018. Gabriele Steinhauser et Thandi Ntobela. « Trump Tweet on South African Land Overhauls Draws Government's Ire ». (Factiva) [Date de consultation : 7 sept. 2018]
Sources orales : Agri SA; Centre for Development and Enterprise; Centre for the Study of Violence and Reconciliation; chercheurs universitaires spécialistes de questions liées aux droits de la personne en Afrique du Sud; Civicus; Council on Foreign Relations; Helen Suzman Foundation; Human Rights Watch; Institut d’études de sécurité; journaliste sud-africain; Minority Rights Group International; Solidariteit; South African Institute for Race Relations; Transvaal Agricultural Union.
Sites Internet, y compris : American Broadcasting Company (ABC); Consumer News and Business Channel (CNBC); ecoi.net; Financial Times; Gulf Times; The Independent (Londres); Independent Online; Nations Unies – Refworld; TimesLIVE.