Sudan: Differences between the Burhaniyya and Burhamiyya Sufi orders; information on the Burhaniyya Sufi order; treatment of followers of the Burhaniyya Sufi order by society and authorities (2014-July 2016) [SDN105593.E]

Soudan : information sur les différences entre l’ordre soufi Burhaniyya et l’ordre soufi Burhamiyya; l’ordre soufi Burhaniyya; le traitement réservé aux adeptes de l’ordre soufi Burhaniyya par la société et les autorités (2014-juillet 2016)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Des sources signalent que l’ordre (tariqa) Burhaniyya [ou Burhani, Burhaniya, Burhaniya et Burhaniyya] est une organisation soufie fondée en Égypte au 13e siècle par Burhan al-Din al-Disuqi [ou Ibrahim al-Dasuqi (Hallenberg 1993, 116) et Sayyidi Ibrahim Qurashi Disuqui (Tariqa Burhaniya s.d.a)] (Tariqa Burhaniya s.d.a; Hallenberg 1993, 115-116; Abu Hanieh déc. 2011, 100). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur agrégé de sociologie à l’Université de Calgary qui mène notamment des recherches sur l’immigration et les relations ethniques et qui a écrit sur l’identité et la diaspora soudanaises, a expliqué que l’ordre Burhaniyya

[traduction]

a été importé au Soudan de l’Égypte dans les années 1960 par Shaik Mohammed Osman Abdel Burhani, qui s’est d’abord installé à Halfa, puis à Atbara, avant de déménager à Khartoum, où il a établi l’ordre à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Le premier Burhaniyya Zawia (centre) a été établi à Khartoum 2. Il a ensuite été déplacé à Al Soq Alshabi (le marché public) dans un lieu qui est devenu le principal siège de l’ordre au Soudan […] L’ordre est présent partout au Soudan (c’est-à-dire la République du Soudan), et il y a des centres dans toutes les villes et dans la plupart des localités du pays (26 juill. 2016).

Tariqa Burhaniya, un site Internet qui [traduction] « donne des nouvelles et des renseignements généraux à tous les frères et à toutes les sœurs [de l’ordre] Burhani » ainsi qu’au public (Tariqa Burhaniya s.d.b), fournit cette [traduction] « version étendue » de la chaîne des sheikhs de l’ordre Burhaniyya :

  • Sayyidi Sheikh Mohamed Sheikh Ibrahim Mohamed Osman
  • Sayyidi Sheikh Ibrahim Mohamed Osman Abduh al Burhani
  • Sayyidi Sheikh Mohamed Osman Abduh al Burhani
  • Sayyidi Ahmad Arabi ash-Sharnubi
  • Sayyidi Musa abu-l Umran
  • Sayyidi Ibrahim al Qurashi ad-Disuqi
  • Sayyidatuna Fatima ash-Shadhiliya
  • Sayyidi Abdu-l Aziz al Mukannabi abi-l Majd
  • Sayyidi Abu-l Hasan ash-Shadhuli
  • Sayyidi Abdu-s-Salam ibn Bashish
  • Sayyidi Ahmad al Badawwi
  • Sayyidi Abdu-l Qadir al Jilani
  • Sayyidi Ahmad ar-Rifa'i
  • Sayyidi Ali Zayinu-l Abidin
  • Sayyidatuna as-Sayyida Zainab
  • Sayyiduna wa Mawlana al Imam al Husain
  • Sayyiduna wa Mawlana al Imam al Hasan
  • Sayyidatuna as-Sayyida Fatimatu-z-Zahra
  • Sayyiduna wa Mawlana-l Imam Ali
  • Sayyiduna wa Mawlana-l Imam Uthman ibn Affan
  • Sayyiduna wa Mawlana-l Imam Umar ibnu-l Khattab
  • Sayyiduna wa Mawlana-l Imam Abu Bakr as-Sidiq
  • Ziyadatan fi sharafi-l Mustafa ([le] prophète Mahomet) Salla-llahu 'alaihi wa sallam (Tariqa Burhaniya s.d.c).

Des sources affirment que le chef spirituel actuel est Sheikh Mohamed [ou Sheikh Mohamed Sheikh Ibrahim Sheikh Mohamed Osman (Tariqa Burhaniya s.d.a)] (Tariqa Burhaniya s.d.a; professeur agrégé 26 juill. 2016). Selon le professeur agrégé, il réside dans le quartier Al Soq Alshabi de Khartoum (ibid.).

Le professeur agrégé a souligné que l’ordre Burhaniyya comptait [traduction] « un peu plus de 2 000 adeptes au Soudan, [ce qui constitue] un nombre relativement important pour une tariqa [au Soudan] » (ibid.). Le professeur agrégé a aussi souligné

[traduction]

[qu’a]l-Burhaniyya est [un ordre] très actif et populaire au Soudan. Son congrès annuel - qui a lieu chaque année en avril - est un événement international auquel participent des adeptes et des partisans de partout au Soudan et de nombreux pays dans le monde. Le congrès dure une semaine et consiste en un grand nombre d’activités et d’ateliers religieux et éducatifs qui attirent généralement de nombreux adeptes et des membres du public (ibid.).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés concernant le nombre d’adeptes et l’importance de l’appui populaire, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

2. Différences entre l’ordre al-Burhaniyya et l’ordre al-Burhamiyya

Dans un document présenté lors de la deuxième conférence nordique sur les études moyen-orientales (Second Nordic Conference on Middle Eastern Studies) qui a eu lieu à Copenhague en 1992, Helena Hallenberg, de l’Université d’Helsinki, a écrit que l’ordre d’Ibrahim al-Dasuqi's [traduction] « est connu sous le nom se rapportant à celui de son fondateur, al-Burhamiyya, sous le nom se rapportant à la ville dont ce dernier est originaire, Dasuq, al-Dasuqiyya, ou sous le nom se rapportant à son laqab [nom épithète de l’homme], Burhan al-Din, al-Burhaniyya » (1992, 116). Par contre, le professeur agrégé a écrit que

[traduction]

les avis sur cette question divergent et sont également dichotomiques. Certains […] disent que les deux ordres sont liés entre eux, et certains croient même que, si l’ordre s’appelle Burhaniyya au Soudan, c’est uniquement parce que, lorsque le Burhaniyya - qui est selon eux lié de très près au Burhamiyya - a été importé au Soudan, certains Égyptiens adeptes du Burhamiyya ne voulaient pas que le Soudan s’attribue la paternité de leur tariqa (l’histoire est longue en ce qui concerne […] les relations entre le Soudan et l’Égypte […]). Ces Égyptiens ont donc insisté pour que le nom de la tariqa au Soudan soit changé. Cela signifie [que] l’origine [des ordres] est la même, mais que les groupes dans les deux pays ont été divisés pour des raisons politiques. Il existe un point de vue divergent (celui de la plupart [des adeptes] du Burhaniyya au Soudan) voulant que cette tariqa soit différente de l’ordre Burhamiyya en Égypte et ailleurs. Ils croient au contraire qu’il s’agit d’une continuité de l’ordre Burhaniyya en Égypte (26 juill. 2016).

3. Traitement réservé aux adeptes de l’ordre al-Burhaniyya par les autorités et la société
3.1 Traitement réservé par les salafistes

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur le traitement réservé aux adeptes de l’ordre al-Burhaniyya par les autorités et la société au Soudan.

D’après le professeur agrégé,

[traduction]

[l’ordre a]l-Burhaniyya est une cible du fait qu’il est très présent et qu’il est apprécié et respecté par le public. Étant donné que les al-salifs (les fondamentalistes wahhabites Ansar Al-Suna et islamistes dirigés par Al-Bashir et les autres, dirigés jusqu’à tout récemment par Al-Turabi) ressentent depuis longtemps du mécontentement (et, bien souvent, de l’animosité) envers les sofis [soufis] au Soudan en général, […] les adeptes de [l’ordre a]l-Burhaniyya ont été et sont pris pour cible. J’entends par là qu’ils sont surveillés, interrompus et intimidés lors de leurs prières - par exemple pendant leurs dars (leçons religieuses) et leurs zikir [ou dhikr, la récitation du nom d’Allah (Maruyama mars 2015, 46)]. Ils ont aussi été publiquement intimidés durant les célébrations d’al-molid (naissance du prophète Mahomet), y compris récemment, en mai 2016. On intimide également les fidèles en criant contre eux dans des microphones et en les empêchant de prier. La police a dû intervenir pour protéger les adeptes de [l’ordre] Burhaniyya à la suite d’un incident récent (26 juill. 2016).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés concernant cet incident, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

Dans un article publié dans le Kyoto Bulletin of Islamic Area Studies, Daisuke Maruyama, un chercheur universitaire au niveau postdoctoral à la Société japonaise pour la promotion de la science (Japan Society for the Promotion of Science), écrit que les salafistes, spécialement le Jama'a An?ar al-Sunna al-Muhammadiya, connu sous le nom An?ar al-Sunna, sont une

[traduction]

menace pour les soufis et le style soufi [en italiques dans l’original] particulier, comme le montre le fait que les salafistes - selon ce qui a été avancé - sont responsables de la destruction en 2011 de la sépulture de sheikhs soufis et des affrontements violents qui ont eu lieu l’année suivante pendant le mawlid al-nabi ([fête pour commémorer] la naissance du prophète Mahomet) (mars 2015, 48).

Al-Akhbar, un site de nouvelles en ligne de Beyrouth, signale dans un article publié en 2012 qu’il y a un [traduction] « conflit latent » opposant les salafistes et les soufis au Soudan (Al-Akhbar 14 mars 2012). D’après la même source, ce [traduction] « "conflit éternel" » entre les deux groupes tire son origine de la « croyance du mouvement salafiste selon laquelle les idées et les actions propres au soufisme se résument à des "hérésies et [à des] perversions" sans fondement qu’il faut anéantir » (ibid.). Dans un autre article, Daisuke Maruyama écrit aussi que les [traduction] « soufis appellent régulièrement les salafistes des "wahhabites" (al-wahhabiya), ce qui se veut une insulte étant donné que l’expression a une forte connotation négative. Les soufis insinuent que les wahhabites sont ignorants, ridicules et fondamentalistes » (Maruyama 27 déc. 2013, 113).

3.2 Traitement par les autorités

Le 1er août 2015, le portail de nouvelles Sudan Tribune a cité le principal conseiller présidentiel du Soudan et fils du chef de l’ordre soufi Khatmiyya, qui a dit que [traduction] « les ordres soufis constituent un puissant remède à l’extrémisme religieux violent et aux mouvements djihadistes » (Sudan Tribune 1er août 2015). La même source précise que le conseiller présidentiel [traduction] « "a fait l’éloge" » du rôle des soufis dans la propagation de l’islam « "au moyen d’une persuasion douce et d’une belle prédication sans exagérations" » (ibid.). On peut également lire dans l’article que les [traduction] « ordres soufis ont grandement souffert durant le régime du président Omer al-Bashir, qui est arrivé au pouvoir en 1989 » (ibid.). Dans un article publié en 2013, Daisuke Maruyama souligne que, d’après des soufis qu’il a interviewés au Soudan de 2008 à 2013, les soufis étaient [traduction] « préoccupés par la possibilité » que le gouvernement collabore avec les salafistes et non avec eux, ce qui explique pourquoi ils « se sont efforcés de mettre en évidence leur grande influence sur la politique au Soudan, qui est ancrée dans leur opposition solidaire et efficace contre les salafistes » (27 déc. 2013, 114).

Selon le professeur agrégé, [traduction] « [l]a plupart des actes d’intimidation, qui prennent parfois la forme de répression fondée sur la religion, sont commis par Ansar Al Suna. Les membres de ce groupe agissent comme bon leur semble au Soudan parce que le gouvernement évite de les "contrarier" principalement pour des raisons politiques » (professeur agrégé 26 juill. 2016). Le professeur agrégé s’est dit d’avis qu’Ansar Al Suna est appuyé par l’Arabie saoudite et que le gouvernement soudanais ne veut pas [traduction] « "contrarier" » le gouvernement saoudien afin de maintenir les relations diplomatiques (ibid.). Le professeur agrégé s’est également dit d’avis que, par conséquent, les actes [traduction] « [d’]intimidation et [de] répression commis directement par Ansar Al Suna sont [des actes d’]intimidation et [de] répression commis indirectement par le gouvernement [ce qui signifie qu’un membre de l’ordre Burhaniyya] peut être pris pour cible à n’importe quel moment » (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Références

Abu Hanieh, Hassan. Décembre 2011. Sufism and Sufi Orders: God's Spiritual Paths Adaptation and Renewal in the Context of Modernization. Friedrich-Ebert-Stiftung. [Date de consultation : 26 juill. 2016]

Al-Akhbar. 14 mars 2012. May Ali. « Salafis vs Sufis: A Simmering Conflict in Sudan ». [Date de consultation : 18 juill. 2016]

Hallenberg, Helena. 1992. « The Theme of Light and Illumination in Stories Concerning Ibrahim Al-Dasuqi ». The Middle East Unity and Diversity. Documents présentés lors de la Second Nordic Conference on Middle Eastern Studies, à Copenhague, du 22 au 25 octobre 1992. Nordic Proceedings in Asian Studies, no 5. Sous la direction de Heikki Palva et de Knut S. Vikør.

Maruyama, Daisuke. Mars 2015. « Redefining Sufism in its Social and Political Contexts: The Relationship Between Sufis and Salafis in Contemporary Sudan ». Kyoto Bulletin of Islamic Area Studies. No 8. 40-56.

Maruyama, Daisuke. 27 décembre 2013. « Clashes, Conflicts and Contradictions: The External Policies of Sufi Tariqas in Contemporary Sudan ». The Journal of Sophia Asian Studies. No 31.103-122.

Professeur agrégé, Department of Sociology, University of Calgary. 26 juillet 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Sudan Tribune. 1er août 2015. « Sudan's Presidential Aide Calls for Promoting Sufism to Combat Religious Extremism ». (Factiva).

Tariqa Burhaniya. S.d.a. « Burhaniya ». [Date de consultation : 26 juill. 2016]

Tariqa Burhaniya. S.d.b. « Welcome ». [Date de consultation : 26 juill. 2016]

Tariqa Burhaniya. S.d.c. « The Burhaniya Chain of Sheikhs ». [Date de consultation : 26 juill. 2016]

Autres sources consultées

Sources orales : International Refugee Rights Initiative; professeur, Department of Global Studies, Sophia University, Tokyo; Tariqa Burhaniya à Montréal et à New York.

Sites Internet, y compris : Africa Research Bulletin; African Centre for Justice and Peace Studies; Aljazeera; AllAfrica; Amnesty International; ecoi.net; États-Unis – Central Intelligence Agency, Department of State; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l’homme; Institute for War and Peace Reporting; International Crisis Group; IRIN; Jane's Intelligence Review; Nations Unies – Refworld.

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