Liberia: The Sande secret society, its activities, organization, leaders and consequences of refusing the role of leader; Sande’s power, its treatment of those who speak out against or oppose its practices; state protection for individuals threatened by Sande (2012-November 2016) [LBR105687.FE]

Libéria : information sur la société secrète Sandé, y compris sur ses activités, son organisation, ses dirigeants et les conséquences de refuser le rôle de dirigeant; information sur le pouvoir de la Sandé, sur le traitement réservé aux personnes qui dénoncent ou s'opposent à ses pratiques et la protection offerte par l'État pour les personnes qui font l'objet de menaces de sa part (2012-novembre 2016)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. La Sandé et les sociétés secrètes au Libéria

Dans un rapport de décembre 2015 portant sur les pratiques traditionnelles au Libéria, la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) décrit ainsi les sociétés secrètes :

[traduction]

Les sociétés Sandé et Poro sont considérées comme des dépositaires de confiance de la « culture » à travers la majeure partie du Libéria et sont présentes dans la région depuis des siècles. La croyance veut que ces sociétés permettent d’inculquer les valeurs et les habiletés propices à l’établissement de l’harmonie au sein de la communauté, ainsi qu’à préparer les enfants aux difficultés de l’âge adulte. Bien qu’elles ne soient pas considérées comme des institutions religieuses en soi, elles comportent également une dimension spirituelle, et la plupart de leurs membres sont aussi des fidèles du christianisme ou de l’islam (Nations Unies déc. 2015, paragr. 14).

La Sandé est une société secrète féminine (Norvège 30 mars 2010, 3; Equality Now 2 oct. 2015, 2). La société Poro est son équivalent masculin (IBIS 18 avr. 2012, 7; Nations Unies déc. 2015, paragr. 7). Pour de plus amples renseignements sur cette société, veuillez consulter la réponse à la demande d'information LBR27521 publiée en août 1997.

Les sociétés Sandé et Poro sont présentes dans le Nord, l'Ouest (IBIS 18 avr. 2012, 7; Nations Unies déc. 2015, paragr. 15) ainsi que dans le centre du Libéria (ibid.). Par contre, elles seraient peu ou pas présentes dans le Sud-Est (ibid.; IBIS 18 avr. 2012, 7). Dans cette dernière région, d'autres sociétés secrètes sont présentes, mais elles diffèrent des premières en ce que les filles n'y subissent pas nécessairement de mutilations génitales féminines (MGF) (IBIS 18 avr. 2012, 7; Nations Unies déc. 2015, paragr. 16). 28 Too Many, une œuvre de charité travaillant à mettre fin aux MGF, rapporte que 85 p. 100 de la population du Libéria est composée de groupes ethniques adeptes de la Sandé (28 Too Many déc. 2014, 9, 31). Des sources notent que la Sandé est surtout présente en milieu rural (AFP 30 mars 2012; 28 Too Many déc. 2014, 10). De plus, le rapport de la MINUL rapporte que les personnes issues des franges les plus pauvres de la population libérienne sont plus susceptibles de faire partie de la Sandé (Nations Unies déc. 2015, paragr. 8). Selon la Demographic and Health Survey 2013, menée par le Liberia Institue of Statistics and Geo-Information Services (LISGIS), 49,8 p. 100 des Libériennes âgées de 15 à 49 ans ont été initiées à la Sandé (LISGIS et al. 2014, 276).

1.1 Définition, rôle et activités

Le rôle de la Sandé est de préparer les jeunes filles au passage à l'âge adulte (Norvège 30 mars 2010, 3; Equality Now 2 oct. 2015). Selon les sources, leur préparation se fait à travers une initiation où elles apprennent

  • à devenir des épouses et à prendre soin de leur mari (Pulitzer Center 30 mars 2012; IBIS 18 avr. 2012, 7; VOA 13 oct. 2016);
  • à gérer leur foyer (ibid.; Pulitzer Center 30 mars 2012);
  • à devenir des mères (IBIS 18 avr. 2012, 7);
  • à avoir un bon comportement sexuel (VOA 13 oct. 2016);
  • à vivre en société (ibid.; IBIS 18 avr. 2012, 7);
  • à occuper des fonctions sociales (Equality Now 2 oct. 2015).

Au cours du processus d'initiation, des [traduction] « secret[s] » leur sont révélés qu'elles sont tenues de garder (Pulitzer Center 30 mars 2012; 28 Too Many déc. 2014, 20). Pour des renseignements sur ces secrets et sur la Sandé en général, veuillez consulter les réponses aux demandes d'information LBR27521 d'août 1997 et LBR38472 de mars 2002.

Au sein de la Sandé, la formation des membres se fait dans des écoles de brousse [bush schools, Sande bush, Sande grove, forest camps] (Nations Unies déc. 2015, paragr. 46; VOA 13 oct. 2016). Les jeunes filles s'y retirent le temps d'être formées à la vie domestique et sociale et en ressortent prêtes à se marier (ibid.; Equality Now 2 oct. 2015; IFEECH 14 oct. 2015). Les MGF feraient partie du rituel d'initiation (Nations Unies déc. 2015, paragr. 15; É.-U. 13 avr. 2016, 16; VOA 13 oct. 2016).

1.2 Organisation, hiérarchie, fonctionnement

La Sandé est dirigée par les zoes, des praticiennes traditionnelles (Nations Unies 20 mars 2014, 13; Nations Unies déc. 2015, 19; 28 Too Many déc. 2014, 9) qui gèrent les écoles de brousse, pratiquent les MGF et sont aussi des accoucheuses (ibid.). Des sources rapportent que les zoes ont une grande influence dans leur communauté (International Crisis Group 30 janv. 2004, 21; 28 Too Many déc. 2014, 9). Une zoe en chef exerce une supervision nationale sur toutes les sociétés Sandé (Nations Unies déc. 2015, paragr. 19).

L'organisation de la Sandé est hiérarchique (Lavenda et al. 16 févr. 2007 in Australie 6 avr. 2009, sect. 1; Bledsoe 1980 in Norvège 30 mars 2010, 6). Sa hiérarchie est liée au secret : plus le statut de la personne est élevé, plus grande est la connaissance secrète qui lui a été révélée (ibid.; Lavenda, Robert et al. 16 févr. 2007 in Australie 6 avr. 2009, sect. 1). Elle est aussi liée à l'âge :

[traduction]

Les jeunes initiés sont ceux dont le statut est le moins élevé, quoiqu’ils jouissent d’un plus grand prestige que les quelques personnes parmi leur groupe tribal qui ne sont pas membres de la société secrète, puisque beaucoup croient que les non-initiés ignorent des secrets culturels importants. […] En général, plus une personne est âgée, plus son statut est élevé au sein de la société secrète, et ce même s’ils n’occupent pas de poste important (Bledsoe 1980 in Norvège 30 mars 2010, 6).

1.2.1 Choix des zoes

Dans la Sandé, selon B.L. Bellman, auteur de The Language of Secrecy [1984], le pouvoir des zoes se transmet de façon héréditaire de mère en fille (Australie 12 juin 2007, sect. 5). Il est habituellement transmis à l'aînée, mais le choix de la remplaçante peut aussi tenir compte de l'intérêt et de l'habileté de cette enfant à travailler avec les [traduction] « remèdes » [[medicines]] (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement sur les conséquences pour une personne de refuser d'assumer le rôle de zoe.

2. Les rapports entre l'État et les sociétés secrètes
2.1 Le pouvoir des sociétés secrètes

Les sociétés secrètes Sandé et Poro sont considérées comme des institutions puissantes (Norvège 30 mars 2010, 3; Thomson Reuters Foundation 4 août 2016) et [traduction] « influen[tes] » (Equality Now 2 oct. 2015; Nations Unies déc. 2015, paragr. 15). On peut lire dans le rapport de la MINUL qu'elles sont tenues en haute estime par la population en raison de leur rôle dans la transmission des valeurs et des compétences de génération en génération (Nations Unies déc. 2015, paragr. 7).

Les sociétés secrètes exercent un pouvoir sur les communautés en s'occupant de résoudre les conflits (International Crisis Group 6 avr. 2006, i; Australie 5 août 2009, 1) et de condamner les membres qui ont défié les normes sociales établies (ibid.). Aussi, les décisions politiques importantes dans les villages sont prises par les sociétés secrètes (International Crisis Group 8 déc. 2004, 26; Pulitzer Center 30 mars 2012).

Dans certaines sources, l'appartenance aux sociétés secrètes est décrite comme une condition pour exercer un pouvoir dans sa communauté (28 Too Many déc. 2014, 20; Equality Now 2 oct. 2015). On explique que les familles qui se désengagent des sociétés secrètes sont considérées comme des [traductions] « pécheresses » et sont « traitées comme des proscrites » (Pulitzer Center 30 mars 2012). Seuls les membres des sociétés Sandé et Poro peuvent prendre part aux décisions qui concernent le village (Thomson Reuters Foundation 6 févr. 2014; Pulitzer Center 30 mars 2012).

L'International Crisis Group rapportait également en 2004 que, comme les zoes ont un pouvoir et une influence considérables dans la communauté, les politiciens s'en servent pour gagner des appuis et une légitimité en milieu rural (International Crisis Group 30 janv. 2004, 21). Ils s'efforcent aussi de faire partie des sociétés secrètes et de les contrôler (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Selon la MINUL, le zoe en chef de la société Poro préside au Conseil national des chefs et des anciens (National Council of Chiefs and Elders - NCCE), qui est l'organe représentatif des autorités traditionnelles du Libéria (Nations Unies déc. 2015, paragr. 20). Ce conseil est [traduction] « très influent » et consulté par les autorités de l'État sur toutes les questions en lien avec la société; il joue un rôle de conseiller dans les affaires internes du pays; et il a le mandat d'assister le gouvernement dans le maintien de la paix (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

2.2 Le pouvoir de l'État sur les sociétés secrètes

La MINUL explique qu’au Libéria, les sociétés secrètes relèvent de deux ministères : le ministère des Affaires intérieures (Ministry of Internal Affairs - MIA), qui supervise les activités des sociétés secrètes et du NCCE, mais dont le ministre se soumet à l'autorité du zoe en chef de la Poro en ce qui concerne les affaires culturelles; et le ministère de l'Information, des Affaires culturelles et du Tourisme (Ministry of Information, Cultural Affairs and Tourism - MICAT), qui s'occupe de la promotion et de la protection de la culture, mais qui ne contrôle pas les pratiques traditionnelles ni celles des sociétés culturelles (Nations Unies déc. 2015, paragr. 21-22). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens, ni d’autres renseignements sur l’autorité qu’exercerait l’État sur les sociétés secrètes.

3. Traitement réservé par la Sandé aux personnes qui dénoncent ou s'opposent à ses activités

Lors de leur initiation, les membres de la Sandé s'engagent à garder secret tout ce qui se passe dans la brousse (Pulitzer Center 30 mars 2012; Thomson Reuters Foundation 6 févr. 2014; Nations Unies déc. 2015, paragr. 18). Il leur est interdit de révéler les pratiques de la société secrète, au risque de s'exposer à des sanctions surnaturelles ou physiques (28 Too Many déc. 2014, 20). Ces sanctions peuvent aller jusqu'à la mort (Pulitzer Center 30 mars 2012; Nations Unies déc. 2015, paragr. 13 et 18). Il est également défendu aux non membres de parler des activités de la société secrète, ou d'y assister, sous peine de diverses sanctions (ibid., 13). Selon 28 Too Many, ces sanctions peuvent inclure des initiations forcées (28 Too Many déc. 2014, 21; AFP 30 mars 2012), alors que d’autres sources mentionnent des MGF (AFP 30 mars 2012; Equality Now 2 oct. 2015).

Des sources rapportent que les activistes et journalistes qui parlent contre les MGF ou contre les sociétés secrètes se mettent en danger (Thomson Reuters Foundation 6 févr. 2014; 28 Too Many déc. 2014, 10). Par exemple, Phyllis Kimba [dirigeante de l’Association nationale concernant les pratiques traditionnelles qui touchent la santé des femmes et des enfants (National Association on Traditional Practices Affecting the Health of Women and Children - NATPAH) (28 Too Many déc. 2014, 10)], a vu sa maison incendiée à la suite d'un discours contre les MGF prononcé devant les Nations Unies (28 Too Many déc. 2014, 10; PRI 19 nov. 2012) en mars 2012 (ibid.). La journaliste libérienne Mae Azango, qui a publié un reportage sur la pratique rituelle des MGF par la Sandé dans le quotidien libérien Front Page Africa le 8 mars 2012 (Front Page Africa 8 mars 2012), a pour sa part fait l'objet de menaces de la part des membres de la Sandé (Pulitzer Center 30 mars 2012; AFP 30 mars 2012; Thomson Reuters Foundation 6 févr. 2014). Selon l'Agence France-Presse (AFP), elle a reçu des appels téléphoniques anonymes, a été recherchée à son domicile et au journal, et sa fille a presque été enlevée de force pour être excisée (AFP 30 mars 2012). Selon des sources, elle a reçu des menaces de mort (AI 13 mars 2012; PRI 19 nov. 2012), alors que d’autres sources rapportent qu’elle a dû se cacher (AFP 30 mars 2012; Thomson Reuters Foundation 6 févr. 2014; IFEECH 14 oct. 2015).

La MINUL rapporte ce qui suit :

Au cours de la période sur laquelle porte ce rapport, la Division pour la protection et les droits de la personne (Human Rights and Protection Section – HRPS) de la MINUL a documenté 7 cas (touchant 11 victimes) où la société Sandé a initié ou tenté d’initier de force des femmes d’âge adulte. Dans au moins 5 de ces cas, les MGF ont été utilisées pour proférer des menaces ou pour punir ce qui était considéré comme des torts infligés à des membres de la Sandé. Par exemple, en février 2012 dans la ville de Tweh, du district Tappita, comté de Nimba, 5 femmes auraient été menacées de subir une initiation forcée à la suite d’une dispute avec 2 zoes. En janvier 2013, à Bacconee, dans le district 5, comté de Grand Bassa, une femme et son enfant de 3 mois ont été enlevés, et la mère aurait subi une MGF à titre de représailles pour avoir insulté un membre de la Sandé. En juillet 2013, une infirmière de 48 ans de la ville de Zuluyee, dans le comté de Nimba, aurait été menacée de subir une initiation forcée et une MGF pour avoir affirmé que les accoucheuses traditionnelles devraient encourager les femmes enceintes à recourir aux services de santé locaux afin de prévenir les cas de mortalité maternelle. Sa prise de position aurait été considérée comme un affront aux traditions et à la culture de la Sandé (Nations Unies déc. 2015, paragr. 63).

En janvier 2010, la Libérienne Ruth Berry Peal a été condamnée par un chef de village à subir une MGF et à être initiée de force à la Sandé pour avoir eu un différend avec des initiées (28 Too Many déc. 2014, 21 et 58; Equality Now 2 oct. 2015). Lorsqu'elle a intenté un procès aux femmes qui l'avaient excisée contre son gré, elle, son mari et ses enfants ont été menacés notamment par des zoes de la Sandé parce qu'elle avait révélé les secrets de la Sandé (ibid.).

4. Protection offerte par l'État

Le droit pénal du Libéria criminalise certaines activités qui peuvent être associées aux pratiques traditionnelles, comme les voies de fait, les enlèvements, la séquestration, la mise en danger du bien-être d'un enfant ou l'homicide par négligence (Nations Unies déc. 2015, paragr. 41). Certaines pratiques des sociétés secrètes sont aussi officiellement interdites par la loi du Libéria : les initiations forcées, les ordalies et les meurtres rituels (ibid., paragr. 39-41). De même, les MGF pratiquées sur des enfants ou des personnes non consentantes sont interdites par la loi (ibid.; Nations Unies 29 oct. 2015).

Cependant, des sources rapportent que les sociétés secrètes, dont la Sandé, agissent en toute impunité au Libéria (Equality Now 2 oct. 2015; Nations Unies 18 déc. 2015). Selon la MINUL,

[e]n dépit de l’existence d’un cadre juridique national qui interdit certaines de ces pratiques, ces dernières ainsi que d’autres pratiques néfastes sont dans leur grande majorité ignorées par le système judiciaire officiel, car elles sont généralement considérées comme faisant partie des traditions et de la culture nationale. Ainsi, ces dernières constituent un obstacle à l’État de droit et à la protection des victimes (Nations Unies déc. 2015, paragr. 3).

Au Libéria, selon certaines sources, un système de droit coutumier traditionnel fonctionne en dehors du système de justice officiel pour les questions liées à la culture et aux traditions (Australie 5 août 2009; Nations Unies 29 oct. 2015; Nations Unies déc. 2015, paragr. 10). Selon un avocat libérien qui commentait à titre d’exemple, le cas de Mae Azango, « "la loi ne peut rien faire" » en cas de viol d’un droit coutumier comme les MGF (AFP 30 mars 2012).

Des agences des Nations Unies rapportent que les autorités hésitent à intervenir dans les affaires des sociétés secrètes pour des raisons politiques (Nations Unies 29 oct. 2015; Nations Unies in Australie 5 août 2009) ou financières (ibid.). Le fait de s'opposer à elles pourrait leur faire perdre des votes (Nations Unies 29 oct. 2015; 28 Too Many déc. 2014, 10). D'autres évoquent la simple peur (AFP 30 mars 2012; Nations Unies déc. 2015, paragr. 18) ou la loyauté, de la part de fonctionnaires qui sont parfois eux-mêmes membres de ces sociétés (ibid.).

Les sources rapportent d'un autre côté que les autorités libériennes ont fait des efforts au cours des dernières années pour tenter d'encadrer les pratiques des sociétés secrètes et de réduire les abus, comme les initiations forcées (Nations Unies 20 mars 2014, 13; Nations Unies déc. 2015, paragr. 105). En 2012, le gouvernement a voulu arrêter les activités de la Sandé et a cessé de délivrer des permis permettant aux zoes de procéder aux MGF (28 Too Many déc. 2014, 58; Pulitzer Center 30 mars 2012) à la suite de l'indignation causée par l'affaire Mae Azango (ibid.). Le NCCE a recommandé l'abolition des initiations forcées d'enfants et d'adultes non-pratiquants (Nations Unies déc. 2015, paragr. 106). Ces engagements ont été repris par le gouvernement en 2013 (Nations Unies 20 mars 2014, 13; Equality Now 2 oct. 2015). Cependant, en 2014, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies estimait encore que les enlèvements, les initiations forcées, les MGF et les écoles de brousse continuaient d'échapper à la protection de l'État (Nations Unies 23 févr. 2015, paragr. 32-33). Selon la MINUL, les lignes directrices communiquées par le gouvernement prévoyaient que les poursuites se feraient dans le cadre du système judiciaire traditionnel et non formel, car les zoes ne peuvent être poursuivies que selon le droit coutumier (Nations Unies déc. 2015, paragr. 45). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens. Selon des sources, en 2016, pour que la nouvelle loi sur la violence familiale du Libéria puisse être amenée devant la Chambre des représentants, il a fallu en retirer l'interdiction des MGF, qui risquerait de faire perdre des votes aux représentants lors des élections de 2017 (Front Page Africa 4 oct. 2016; Thomson Reuters Foundation 4 août 2016), et qui allait à l'encontre des intérêts de la Sandé (ibid.).

4.1 Exemples

À la Suite de son initiation forcée et des MGF qu'elle a subies contre son gré en 2010, Ruth Berry Peal a pu amener ses agresseurs devant la loi, grâce à des soutiens nationaux et internationaux, et obtenir qu'elles soient condamnées (28 Too Many déc. 2014, 21; Equality Now 2 oct. 2015). Celles-ci n'ont cependant jamais été arrêtées (ibid.). La victime continuait d'être menacée par la Sandé en 2015 et, selon Equality Now, aucune mesure n'avait été prise par l'État pour la protéger (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Dans le cas de Mae Azango, qui a eu une résonance internationale et a suscité un appel d'Amnesty International (AI 13 mars 2012), le ministre de l'Information du Libéria a assuré que [traduction] « "toutes les mesures de précaution nécessaires" », dont une enquête policière, avaient été prises (The Daily Beast 23 mars 2012). Il a affirmé à l'AFP que « "la police a reçu l'ordre de protéger la journaliste" » (AFP 30 mars 2012).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

28 Too Many. Décembre 2014. Country Profile: FGM in Liberia. [Date de consultation : 2 nov. 2016]

Agence France-Presse (AFP). 30 mars 2012. « Liberia : une journaliste menacée pour ses enquêtes sur des pratiques d’excision ». [Date de consultation : 9 nov. 2016]

Amnesty International (AI). 13 mars 2012. Libéria. « La police doit prendre des mesures immédiates pour protéger une journaliste ». (AFR 34/001/2012) [Date de consultation : 9 nov. 2016]

Australie. 5 août 2009. Refugee Review Tribunal (RRT). Liberia : Please provide information on state protection in Liberia. Would the police protect someone who refuses to be initiated into Poro (tattoos) by the family? [Date de consultation : 9 nov. 2016]

Australie. 6 avril 2009. Refugee Review Tribunal (RRT). Liberia: 1. Please provide information on the Kpelle, including their traditional practices, and their location within Liberia. 2. Is conversion to Christianity and refusal to adhere to traditional practices a problem for Kpelle living in Liberia? 3. Please provide information on the NPFL and their use of child soldiers, including information on the peace agreement and their demobilisation. 4. Please provide information on passport procedures in December 2007 and whether it is possible to get a passport through connections or bribes. 5. Please advise if there is a special deal between Liberia and China re entry into and employment of persons. 6. Please provide brief information on the current political environment in Liberia. [Date de consultation : 9 nov. 2016]

Australie. 12 juin 2007. Refugee Review Tribunal (RRT). Liberia: 1. What evidence is there of the existence of the Neegee Society? 2. Does the Society operate in particular provinces of Liberia and if so which ones? 3. Is there any information about the purposes or practices of the Society? 4. How are members of the Society recruited? 5. Is there any information on leadership of the Society? Is there a group of elders (Zoes) and if so how are elders selected? 6. Is there any documented evidence or research on recruitment and succession practices of any other secret societies in Liberia? 7. What is the attitude of state authorities towards secret societies such as the Neegee Society? Are people found to be members of such a society punished in any way? 8. How strong is the rule of law throughout Liberia currently? 9. Are state agencies able to protect people in rural areas? 10. Are refugees and others who fled Liberia or were internally displaced during the war able to return to their homes and reclaim property? 11. Would a person with no family be able to survive independently in Monrovia today? [Date de consultation : 9 nov. 2016]

The Daily Beast. 23 mars 2012. Danielle Shapiro. « Liberian Writer Mae Azango Forced into Hiding for Story on Female Genital Cutting ». [Date de consultation : 23 nov. 2016]

Equality Now. 2 octobre 2015. Information on Liberia for Consideration by the Committee on the Elimination of Discrimination Against Women at its 62nd Session (26 October – 20 November 2015). [Date de consultation : 2 nov. 2016]

États-Unis (É.-U.). 13 avril 2016. Department of State. « Liberia ». Country Reports on Human Rights Practices for 2015. [Date de consultation : 2 nov. 2016]

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Pulitzer Center. 30 mars 2012. Mae Azango. « The Costs for Girls: “Why I Welcome Leader’ Decisions” ». [Date de consultation : 1er nov. 2016]

Thomson Reuters Foundation. 4 août 2016. Kieran Guilbert. « Lack of FGM Ban in Domestic Violence Law Fails Liberia’s Girls, Activists Say ». (Factiva)

Thomson Reuters Foundation. 6 février 2014. Emma Batha. « Secret Societies Make Liberia One of the Hardest Places to end FGM ». [Date de consultation : 22 nov. 2016]

Voice of America (VOA). 13 octobre 2016. James Butty. « Liberian Girls Discuss Hurdles to Their Education ». [Date de consultation : 2 nov. 2016]

Autres sources consultées

Sources orales : Action Aid Liberia; Equality Now; Forum for African Women Educationalists; Inter-African Committee on Traditional Practices; Kvinna Till Kvinna Foundation; Open Society Initiative for West Africa.

Sites Internet, y compris : ecoi.net; Fédération internationale des ligues de droits de l'homme; Freedom House; Human Rights Watch; IRIN; Nations Unies – Refworld; ReliefWeb.

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