The Alevi faith, principles, beliefs, rituals and practices (1995 - 2005) [TUR43515.E]

La foi alévie

Les alévis vénèrent Ali, neveu et gendre du prophète Mahomet et l'élèvent au rang de dieu (Contemporary Religions 1992, 81; Journal of Ethnic and Migration Studies 1er sept. 2004; Washington Report on Middle East Affairs 1er mars 2005; The Economist 19 mars 2005, 10). Pour cette raison, les alévis ont souvent été qualifiés de musulmans chiites (ibid.; Washington Report on Middle East Affairs 1er mars 2005; Journal of Ethnic and Migration Studies 1er sept. 2004; Contemporary Religions 1992, 81). Toutefois, les alévis [traduction] « maintiennent que leur religion est distincte de l'islam et qu'il s'agit d'une foi purement anatolienne fondée sur le shamanisme et le zoroastrisme, qui remonte à 6 000 ans » (The Economist 19 mars 2005, 10-11). Les Country Reports on Human Rights Practices for 2004 ont mentionné que

[traduction]
[...] le système de croyances des alévis incorpore des aspects de l'islam chiite et sunnite et s'inspire aussi des traditions d'autres religions de l'Anatolie. Les alévis du centre de l'Anatolie fondent leurs croyances sur le chiisme duodécimain. Les Kurdes alévis de la région de Tunceli pratiquent le « culte des anges » kurde ou le Yazdanisme (28 févr. 2005, sect. 2.c.; voir aussi International Religious Freedom Report 2004 15 sept. 2004).

En octobre 2004, Hurriyet, quotidien de centre-droit établi à Istanbul, a cité Ali Dogan, président général de la Fédération unie des organisations alévies-bektasies, qui a décrit la foi alévie comme suit :

[traduction]
[...] l'alévisme n'est ni une religion ni une secte [...]. [L]e seul point commun entre l'alévisme et l'islam est l'existence de « la trinité de Dieu, de Mahomet et d'Ali ». [...] L'alévisme [est] « une philosophie unique, une foi, une façon de vivre, une culture, un enseignement et finalement une formule sociale propre à l'Anatolie qui est anthropocentrique et qui dépasse tout cela ». [...]
« L'alévisme s'est formé bien avant l'islam et a été influencé par des croyances du centre de l'Asie comme le shamanisme, le zoroastrisme et le manichéisme. Par la suite, après l'apparition des religions monothéistes, l'alévisme a été influencé par le judaïsme et le christianisme. Finalement, son influence principale est l'islam et son guide est la trinité de Dieu, de Mahomet et d'Ali » (1er oct. 2004).

Selon un article du Journal of Ethnic and Migration Studies, l'alévisme [traduction] « offre une culture, une philosophie et une version de l'islam parfaitement compatibles avec les idéaux des sociétés démocratiques occidentales et certains aspects de l'alévisme illustrent même ces idéaux » (1er sept. 2004). Le même article ajoute que les alévis possèdent une [traduction] « optique démocratique, laïciste et égalitaire » (Journal of Ethnic and Migration Studies 1er sept. 2004).

The Independent, journal établi au Royaume-Uni, a donné l'information suivante sur la foi alévie :

[traduction]
Les alévis ne font pas face à La Mecque lorsqu'ils prient, ils ont une optique égalitaire [et] ils ont historiquement appuyé des partis de gauche ou non traditionnels [...].
Ils ont souvent fortement critiqué les partis fondamentalistes islamiques, mais en même temps ils sont fiers d'être musulmans (The Independent 2 août 2002).

Dans le même ordre d'idées, le Washington Report on Middle East Affairs a mentionné que les alévis ont [traduction] « historiquement [...] voté pour des partis de gauche et ont fourni au pays certains de ses laïcistes les plus connus et les plus radicaux » (1er mars 2005). L'Agence France-Presse (AFP) a aussi mentionné que l'alévisme était [traduction] « sympathique envers le laïcisme » (15 déc. 2004).

Le World Directory of Minorities, publié en 1997, a expliqué que les alévis appartenaient généralement soit aux kizilbash soit aux bektashis (1997, 379). Selon cette source, ces deux groupes partagent [traduction] « essentiellement le même système de croyances, mais [sont] organisés séparément » (World Directory of Minorities 1997, 379). En outre,

[traduction]
[t]raditionnellement, la plupart des alévis (kizilbash) habitent la campagne et acquièrent leur identité de naissance. Au contraire, les bektashis sont principalement urbains et déclarent formellement que tous les musulmans peuvent adhérer à leur foi. Les croyances alévies et bektashies auraient leurs origines dans la culture turkmène du centre de l'Asie. Cependant, elles ont probablement absorbé des croyances chrétiennes [...] et des idées iraniennes préislamiques (ibid.).

Même si le nombre exact d'alévis en Turquie est inconnu, on estime que les alévis représenteraient un cinquième de la population totale de la Turquie (The Economist 19 mars 2005, 11) ou qu'il y en aurait entre 5 et 12 millions (Washington Report on Middle East Affairs 1er mars 2005; Journal of Ethnic and Migration Studies 1er sept. 2004; International Religious Freedom Report 2004 15 sept. 2004, sect. II).

Dans son livre intitulé Islam and Society in Turkey, David Shankland déclarait que :

[traduction]
[les alévis] sont extrêmement diversifiés : leurs costumes, leurs appellations, leurs danses, leurs prières, leurs rites et même leur calendrier rituel diffèrent souvent de façon importante selon les groupes et leur emplacement. Ils n'ont pas d'églises, pas de doctrine codifiée, pas de clergé reconnu et pas d'école où les coutumes alévies sont enseignées (Middle Eastern Studies 31 oct. 2000).

Les lieux de culte alévis sont appelés cemevis (The Economist 19 mars 2005, 11; Washington Report on Middle East Affairs 1er mars 2005) ou souvent maisons de cem (International Religious Freedom Report 2004 15 sept. 2004, sect. II); toutefois, les alévis demeurant dans les villes ont tendance à pratiquer leur foi en privé (The Economist 19 mars 2005, 11). Selon le Journal of Ethnic and Migration Studies, [traduction] « [l]es alévis utilisent couramment, pour se saluer, l'expression canlar », qui signifie esprit rouge (1er sept. 2004).

Différences entre les alévis et les alaouites (nusayris)

En 1996, un article du Middle East Report a expliqué que

[traduction]
le mot « alévi » est un terme général qui englobe un grand nombre de communautés hétérodoxes dont les croyances et les pratiques diffèrent nettement les unes des autres. Dans la province orientale de Kars, il existe des communautés dont la langue est le turc azerbaïdjanais et dont l'alévisme ressemble de près au chiisme orthodoxe des duodécimains de l'Iran moderne. Les communautés alévies de langue arabe du Sud de la Turquie (notamment de Hatay et d'Adana) font partie de la même ethnie que les alaouites (nusayris) de Syrie et n'ont aucun lien historique avec les autres groupes alévis. Les grands groupes alévis sont ceux qui parlent le turc et le kurde; ces deux groupes semblent être issus des groupes tribaux rebelles qui étaient affiliés sur le plan religieux aux Safavides (Middle East Report juill.-sept. 1996, 7).

Selon l'Encyclopedia of Religion, [traduction] « le nom alaouite (alévi en turc) désigne aussi fréquemment les autres communautés chiites fondamentalistes en Anatolie » (1987, 245). An Introduction to Shi'i Islam énonce également que [traduction] « la communauté alaouite (nusayrie) de langue arabe, centrée sur la côte méditerranéenne entre Antakya et Mersin », est l'un des quatre principaux groupes chiites en Turquie (1985, 269). Toutefois, selon Contemporary Religions, les alévis de Turquie [traduction] « sont parfois pris pour des alaouites, dont certains se trouvent aussi en Turquie, mais la distinction est manifeste si ces derniers sont désignés par leur autre nom, nusayris » (1992, 81).

Différences entre la foi sunnite et l'alévisme

Au cours des dernières années, divers articles ont signalé que les alévis ont une approche plus souple ou modérée que les sunnites envers la religion et l'interprétation de l'islam (BBC 19 nov. 2004; AFP 15 déc. 2004). Particulièrement, la BBC a souligné que

[traduction]
[l]'homme qu'ils vénèrent, Ali, gendre du prophète Mahomet, a été tué dans une mosquée, c'est pourquoi ils ne prient pas dans les mosquées. L'alcool n'est pas interdit et les femmes alaouites ne couvrent pas leur tête.
En réalité, la place des femmes alaouites dans la société de Tunceli semble être beaucoup plus importante qu'ailleurs dans l'Est; elles vont dans des cafés, ensemble ou avec des hommes, se promènent vêtues de tailleurs et agissent généralement de façon occidentale. On est très loin des tables distinctes de la ville de Konya (19 nov. 2004; voir aussi The Independent 2 août 2002, Washington Report on Middle East Affairs 1er mars 2005 et Journal of Ethnic and Migration Studies 1er sept. 2004).

La foi sunnite diffère de l'alévisme sur plusieurs points, dont les suivants : 1) les alévis jeûnent pendant les dix jours du muharram et non pendant le ramadan (World Directories of Minorities 1997, 380); 2) les alévis ne se prosternent pas pendant la prière (ibid.); 3) les alévis ne vont pas dans des mosquées, mais dans des cemevleri, ou lieux de rassemblement religieux, qui servent également de centres socio-culturels (ibid.; CUE 15 avr. 2002, 92; Washington Report on Middle East Affairs 1er mars 2005; International Religious Freedom Report 2004 15 sept. 2004, sect. II); 4) les alévis [traduction] « n'ont pas d'actes de charité officiels à accomplir, même s'ils respectent un fort principe d'aide mutuelle » (World Directory of Minorities 1997, 380); 5) les alévis [traduction] « n'ont pas tendance à accorder une grande importance à la théologie, à une croyance fixe ou à des rites religieux » (Royaume-Uni avr. 2003, paragr. 6.148); 6) les alévis ne prient pas cinq fois par jour (Washington Report on Middle East Affairs 1er mars 2005); 7) l'alévisme permet la consommation de porc et d'alcool (Journal of Ethnic and Migration Studies 1er sept. 2004); et 8) l'alévisme permet aux hommes et aux femmes de prier ensemble (Washington Report on Middle East Affairs 1er mars 2005; International Religious Freedom Report for 2004 15 sept. 2004, sect. I), car cette foi est [traduction] « ouverte [...] à l'égalité entre les sexes » (AFP 15 déc. 2004).

Relation entre sunnites et alévis

La relation entre sunnites et alévis est à l'occasion [traduction] « tendue » et [traduction] « polarisée » (CUE 15 avr. 2002). Radio Free Europe/Radio Liberty mentionnait en février 2002 que les alévis entretiennent [traduction] « des relations difficiles » avec l'État et avec l'islam sunnite (28 févr. 2002). Cependant, dans l'édition mise à jour de novembre 2002 du rapport préparé par des chercheurs ayant eu le mandat de mener une enquête en Turquie en octobre 2000, David McDowall déclare que

[traduction]
Les sunnites stricts considèrent la religion alévie comme étant déviante et lui ont associé toutes sortes de pratiques fictives et immorales. Avec le déplacement beaucoup plus important des alévis vers les villes au cours des 25 dernières années environ, un nombre croissant de citoyens sunnites ordinaires ont connu personnellement des alévis et souvent, les préjugés à leur égard ont disparu. [...]
Bien entendu, il existe toujours un certain préjugé institutionnel et politique (ainsi que social) de la part des sunnites à l'encontre des alévis dans les régions urbaines, qu'expriment les citoyens ordinaires et la police. [...]
[...] Les enfants alévis peuvent faire l'objet de torture lorsqu'ils sont détenus par la police (nov. 2002, 58).

Un article publié par le Groupe d'étude kurde (Kurdish Study Group) de l'université Deakin, en Australie, fournit aussi des détails sur les frictions de longue date entre les populations alévie et sunnite en Turquie :

[traduction]
Les croyances et les pratiques des alévis sont souvent sources de friction entre ces derniers et les sunnites d'Anatolie. Ziya Gökalp a déclaré que « les soi-disant kizilbash étaient considérés comme le groupe le plus hérétique des alévis hétérodoxes ». Certains musulmans sunnites accusent encore les alévis de se livrer à des orgies déchaînées où l'inceste, la pédérastie et autres pratiques scandaleuses sont monnaie courante, et mentionnent l'attitude secrète des alévis comme étant la preuve que ceux-ci ont quelque chose à cacher. Depuis fort longtemps, une section des sunnites en Turquie méprise et, parfois même, persécute les alévis. Le terme « kizilbash » (têtes rouges), qui faisait autrefois simplement référence aux bonnets rouges des premiers alévis, est maintenant utilisé souvent en Turquie comme un terme dénigrant. L'attitude secrète des alévis est donc expliquée bien innocemment comme étant nécessaire pour empêcher les sunnites de découvrir qu'une cérémonie religieuse alévie a lieu et de la perturber (White s.d.). [Notes en bas de page omises]

Pour obtenir de l'information additionnelle sur la foi alévie, ses principes, ses croyances, ses rites et ses pratiques, veuillez consulter l'information contenue dans les documents annexés.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


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An Introduction to Shi'i Islam: The History and Doctrines of Twelver Shi'ism. 1985. Moojan Momen. New Haven : Yale University Press.

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McDowall, David. Novembre 2002. Asylum Seekers from Turkey II. Édition révisée et mise à jour du rapport d'une mission en Turquie, octobre 2000. http://www.ecoi.net/pub/ds/497_02652tur.doc [Date de consultation : 23 oct. 2003]

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World Directory of Minorities. 1997. « Turkey: Religious Communities ». Londres : Minority Rights Group Interational.

Documents annexés


Contemporary Religions: A World Guide. 1992. Sous la direction de Ian Harris et al. The High, Harlow, Essex : Longman Group UK, p. 81-82.

The Netherlands Scientific Council for Government Policy (WRR). 2004. The European Union, Turkey and Islam. http://www.wrr.nl/pdfdocumenten/r69en.pdf [Date de consultation : 5 avr. 2005], p. 123-132.

Shankland, David. 2003. The Alevis in Turkey: The Emergence of a Secular Islamic Tradition. Londres : Routledge Curzon, p. 94-132.

Autres sources consultées


The Oxford Encyclopedia of the Modern Islamic World

Sites Internet, y compris : Al Bawaba, Amnesty International (AI), European Country of Origin Information Network (ECOI), Fédération internationale Helsinki pour les droits de l'homme (IHF), Freedom in the World 2004, Human Rights Watch (HRW), Jane's (en ligne), Mid East Web Gate Way, Middle East Times (en ligne), Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN), TurkishPress.com, World News Connection (WNC), Zaman.

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