Document #1324357
IRB – Immigration and Refugee Board of Canada (Author)
Toutes les sources consultées qui faisaient mention de la violence conjugale au Cambodge ont indiqué que ce phénomène est répandu (Fraternet août 2000a; Oxfam mars 1999; Country Reports 2002 31 mars 2003, intro.; FVPF s.d.). On estime qu'entre une femme sur six (Fraternet août 2000a) et une femme sur quatre sont victimes de violence infligée par leur mari (Alternatives 1er mars 2003). Une étude a révélé le fait que 10 p. 100 des hommes cambodgiens admettent être violents avec leur femme (FVPF s.d.). Il existe dans la tradition cambodgienne l'idée que la violence conjugale est une affaire privée et que la femme appartient à son époux (Oxfam mars 1999). Il n'est pas considéré anormal, selon certaines interprétations de cette tradition, qu'un homme tente de « discipliner » son épouse avec la violence (Alternatives 1er mars 2003).
Le Cambodge est signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Déclaration universelle des droits de l'homme (Cambodia Daily 26 mai 2003). Du plus, la constitution et les lois nationales se prononcent contre la violence et la discrimination (Fraternet août 2000b). En outre, le gouvernement donne son appui aux divers organismes qui luttent pour l'amélioration des droits des femmes (FVPF s.d.).
Il est à noter, par contre, qu'il n'existe actuellement au Cambodge aucune loi qui sanctionne spécifiquement la violence conjugale (ibid.; Fraternet août 2000b). En outre, la socitété cambodgienne ne reconnaît pas la possibilité qu'une femme soie violée par son mari (FVPF s.d.). Bien qu'il y ait eu un projet de loi qui définissait la violence conjugale comme un crime, celui-ci est tombé dans l'oubli à la suite des vacances parlementaires amorcées en vue de l'élection générale du 27 juillet 2003 (Asian Political News 28 juill. 2003). Le fait qu'il est très difficile d'obtenir un divorce (ce qui peut prendre jusqu'à trois ans) s'ajoute aux obstacles juridiques que doit surmonter une femme qui vit dans un foyer violent (FVPF s.d.).
Quand le premier ministre cambodgien s'est prononcé en 2001 sur la question de la violence conjugale dans son pays, il a constaté qu'elle avait subi une [traduction] « hausse remarquable » au cours des précédents mois (AFP 9 mai 2001). En fait, entre 2000 et 2001, le taux de violence conjugale a vu une hausse de 19,8 p. 100 (Xinhua News Agency 7 mars 2002). Le premier ministre a aussi mentionné que la violence conjugale se terminait souvent en meurtre (AFP 9 mai 2001). Le ministère de la Condition féminine et le ministère de la Femme et des Anciens combattants sont deux organismes gouvernementaux qui s'occupent des questions relatives aux femmes au Cambodge (LIFPL s.d.). Toutefois, aucune information indiquant si ces organismes étatiques offrent des services de protection aux victimes de violence conjugale n'a pu être trouvée parmi les sources consultées.
Amnesty International met l'accent sur le fait qu'il existe toujours un grand écart entre les obligations du Cambodge en matière de droits de la personne et les mesures prises par le gouvernement pour améliorer la situation (19 juin 2002). Un représentant des Nations Unies au Cambodge a signalé que le corps judiciaire et la police sont inefficaces et qu'en conséquence, la société cambodgienne a perdu confiance envers eux (AFP 9 mai 2001; voir aussi AI 19 juin 2002). Les affaires de viols, par exemple, ne sont que rarement entendues devant un tribunal, et dans les peu de cas où l'agresseur est condamné, la punition est souvent « dérisoir[e] » (Fraternet août 2000b). Bref, bien que la violence contre les femmes augmente au Cambodge, les agresseurs ne sont presque jamais punis (Cambodia Daily 2 déc. 2002). De façon générale, les autorités ne se mêlent pas des [traduction] « disputes conjugales » (Country Reports 2002 31 mars 2003, sect. 5). Si la police intervient, ce n'est que dans les cas de violence conjugale où la femme est sérieusement blessée ou même tuée (FVPF s.d.). Souvent, une femme ne peut même pas compter sur ses voisins ou sa famille pour venir à son secours (ibid.). Au contraire, de nombreuses mères poussent leurs filles à retourner auprès de leur mari violent (ibid.).
En outre, la quasi-totalité du fardeau de la défense des droits des femmes au Cambodge repose sur les organisations non gouvernementales présentes (Fraternet août 2000b) qui offrent des services et des refuges aux victimes de violence conjugale (Country Reports 2002 31 mars 2003, sect. 5). La Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté énumère 10 organisations non gouvernementales au Cambodge qui ont comme but l'amélioration des droits des femmes cambodgiennes (s.d.). Le Projet contre la violence conjugale (Project Aganist Domestic Violence - PADV) est l'une des seules organisations non gouvernementales à se consacrer uniquement à la prévention et à l'élimination de la violence conjugale au Cambodge (Oxfam mars 1999). Le PADV a comme stratégie principale la sensibilisation de la société afin de changer les attitudes face à la violence conjugale (ibid.). Un nouveau programme, avec le soutien du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme, diffuse des émissions à la radio nationale qui encouragent les victimes de violence conjugale à discuter de leur situation et recommandent les services de spécialistes dans les domaines juridique et psychologique (Nations Unies 8 août 2002).
Le 26 mai 2003, le journal Cambodia Daily a annoncé que le gouverneur de Phnom Penh ainsi que le ministre de l'Intérieur ont refusé d'accorder la permission au Comité cambodgien pour les femmes (Cambodian Committee for Women ou Canbow) de manifester devant l'Assemblée nationale. Selon les autorités, la manifestation du groupe, qui revendique entre autres la mise en œuvre d'une loi contre la violence conjugale, aurait pu compromettre la paix dans la capitale (Cambodia Daily 26 mai 2003).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
Agence France-Presse (AFP) [Paris]. 9
mai 2001. « Cambodian PM Bemoans Violent Society, Assassins
». (NEXIS)
Alternatives [Montréal].
1er mars 2003. Vol. 9, no 6. Dominique Jutras. « Une
percée politique conjuguée au féminin pluriel
». http://www.alternatives.ca/article407.html
[Date de consultation : 20 nov. 2003]
Amnesty International (AI). 19 juin
2002. Kingdom of Cambodia: Urgent Need for Judicial
Reform. (Index AI : ASA 23/004/2002) http://web.amnesty.org/library/print/ENGASA230042002
[Date de consultation : 19 nov. 2003]
Asian Political News (APN) [New
York]. 28 juillet 2003. « Focus: Cambodia's Vote Scuttles
Crackdown on Acid Attackers ». (Dialog)
Cambodia Daily [Phnom Penh]. 26
mai 2003. Kuch Naren. « March Permit for Women's Group Denied
». http://cambodia.ahrchk.net/mainfile.php/news200305/612
[Date de consultation : 1er déc. 2003]
_____. 2 décembre 2002. Kuch
Naren et Floora Stubbs. « Hundreds March to Raise Awareness
of Domestic Violence ». http://cambodia.ahrchk.net/mainfile.php/news200212/522/?print=yes
[Date de consultation : 20 nov. 2003]
Country Reports on Human Rights
Practices for 2002. 31 mars 2003. Département
d'État des États-Unis. Washington DC. http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2002/18238pf.htm
[Date de consultation : 20 nov. 2003]
Family Violence Prevention Fund (FVPF),
San Francisco. S.d. « Cambodia: Rattling the Killing Fields
». http://endabuse.org/programs/display.php3?DocID=98
[Date de consultation : 28 nov. 2003]
Fraternet. Août 2000a. « Les
chiffres clés (Cambodge) ». http://www.fraternet.com/femmes/info62.htm
[Date de consultation : 20 nov. 2003]
_____. Août 2000b. « La
femme au Cambodge ». http://www.fraternet.com/femmes/art62.htm
[Date de consultation : 20 nov. 2003]
Ligue internationale des femmes pour la
paix et la liberté (LIFPL), New York. S.d. « Cambodia
». http://www.peacewomen.org/contacts/asia/cambodia/cam_index.html
[Date de consultation : 21 nov. 2003]
Nations Unies. 8 août 2002.
Programme des Nations Unies pour le développement. «
PanAfrica; Ending Violence Against Women Around the World ».
(Africa News/NEXIS)
Oxfam. Mars 1999. « Plates in a
Basket Will Rattle: Domestic Violence in Cambodia ». http://www.oxfam.org.uk/what_we_do/issues/gender/links/0399cambodia.htm
[Date de consultation : 20 nov. 2003]
Xinhua News Agency [Beijing]. 7 mars
2002. Li Chaobi. « Roundup: Cambodia Launches Campaign for
Women's Rights ». (Dialog)
Autres sources consultées
Les tentatives faites pour joindre les
organisations suivantes ont été infructueuses :
Agir pour les femmes en situation
précaire
Cambodian Women Development Agency
Cambodian Women's Voices Center
Khemara
Ligue cambodgienne de défense des
droits de l'homme (LICADHO)
Ministère de la Condition
féminine
Ministère de la Femme et des
Anciens combattants
UNIFEM : Bureau régional pour
l'Asie orientale et du Sud-Est
Women's Media Centre of Cambodia
(WMC)
Bases de données de la CISR
Dialog
Sites Internet, y compris :
The Advocacy Project
Agence américaine pour le
développement international (USAID)
Agence canadienne de
développement international (ACDI)
Amnesty International
Département d'État des
États-Unis
Freedom House
Human Rights Internet (HRI)
Le Monde
South China Morning Post
World News
World News Connection
Moteur de recherche :
Google