Widowhood rites performed by the Akan people, particularly for chiefs and sub-chiefs; whether the widow has to marry the customary successor of the sub-chief and consequences for refusal (2004 - 2006) [GHA101539.E]

L'information suivante a été fournie par un chargé de cours en sociologie au Collège Camosun à Victoria, en Colombie-Britannique, également ancien maître de conférence à l'Université de Cape Coast au Ghana, et détenteur d'un doctorat en sociologie et en anthropologie de l'Université du Ghana.

En général, les veuves des chefs ou d'autres membres polygames de ce groupe sont âgées et considèrent pour la plupart que leur remariage avec le nouveau chef est une forme de sécurité sociale pour aînées.
Comme les Akans constituent une société matrilinéaire, aucune femme n'est obligée de se marier contre son gré. (Cette situation ne s'applique pas aux groupes ethniques du Nord du Ghana où les femmes sont plus soumises. J'ai également entendu parler de mariages forcés parmi les Éwés de la région de la Volta et dans des villages de pêcheurs le long de la côte du Ghana.)
Le mariage d'une femme à un chef constitue une représentation de la confédération des sociétés matrilinéaires qui forment la base de l'Akan oman (organisation socio-politique). Ce n'est peut-être pas le cas, exceptionnellement, si l'homme était marié avant d'accéder au rang de chef. La lignée qui fournit une femme à un chef est donc obligée de lui fournir une nouvelle femme quand la première épouse meurt ou choisit de divorcer. Cette dernière situation, quoique rare, peut se produire quand le chef meurt et est remplacé par son successeur matrilinéaire. Les aînés de la lignée peuvent exercer des pressions sur une des femmes du chef si elle hésite à épouser le nouveau chef, mais le refus n'entraîne pas de sanctions. La lignée devra sacrifier une brebis afin d'apaiser les ancêtres et trouver une autre femme de la lignée afin de satisfaire aux obligations de la confédération. Cela n'est pas difficile, car c'est un honneur d'épouser le chef.
Il n'y a pas de rites de veuvage en tant que tels, mais on peut sacrifier une brebis et le chef peut offrir du vin de tête (« tiri nsa ») au PÈRE (non à l'oncle matrilinéaire!) de la veuve afin de reconfirmer le mariage. C'est une sorte d'obligation politique ou de la confédération, et ne comporte pas en général de tâches conjugales (les relations sexuelles). La veuve peut cuisiner un repas au chef et, s'ils en conviennent, en cuisiner d'autres. La veuve reste dans sa propre maison matrilinéaire et se rend à la maison du chef pour une nuit, s'il l'appelle et si elle est d'accord. Elle peut divorcer avec lui si elle le désire, mais en raison des obligations politiques, elle doit consulter les aînés de sa lignée afin qu'ils fournissent une remplaçante. Il incombe à la lignée de le faire, et non à elle, au niveau individuel (4 juill. 2006).

Aucune autre information concernant les rites de veuvage suivants des veuves des chefs ou des sous-chefs n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

Bien que les sources n'aient pas précisé si ces rites de veuvage s'appliquent au peuple akan, cette information additionnelle concernant les rites de veuvage au Ghana est intéressante. Le ministère des veuves et des orphelins (Widows and Orphans Ministry -WOM) a été fondé en 1993 par Mme Betty Ayagiba [ou Ayageba] (Public Agenda 19 juin 2006; CUSO automne 2005, 4; CBC 7 juillet 2004). Cette organisation non gouvernementale installée à Bolgatanga (Accra Daily Mail 24 mai 2004), a pour mission de défendre les droits des veuves et des orphelins, y compris de s'opposer aux répercussions négatives des rites de veuvage (Public Agenda 19 juin 2006; WOM s.d.; CUSO automne 2005, 4). À la suite de recherches sur l'héritage effectuées dans le Nord-Est du pays, le WOM a constaté que pour un grand nombre de femmes, les rites de veuvage étaient déshumanisants (Accra Daily Mail 24 mai 2004). Le WOM a relevé les rites de veuvage suivants : déshabiller la veuve et ne la laisser se vêtir que de feuilles de karité, obliger la veuve à se laver en public, forcer la veuve à épouser un homme de la famille de son mari décédé, obliger la veuve à nourrir le ritualiste pendant et après les funérailles, et isoler la veuve et l'exposer aux piqûres de fourmis noires (WRI 3 janv. 2006; Accra Daily Mail 24 mai 2004). Selon le WOM, si la veuve se fait piquer par les fourmis noires, cela signifie qu'elle a trompé son mari décédé (ibid; voir aussi Public Agenda 19 juin 2006 et CBC 7 juill. 2004). Dans le cadre de sa contribution à l'étude du secrétaire général des Nations Unies sur la violence contre les femmes, le WOM a ajouté que, selon les rites de veuvage, la veuve peut être obligée de boire une concoction préparée à partir des feuilles portées par une ancienne veuve (s.d.).

La Canadian Broadcasting Corporation (CBC) a signalé que le rituel qui consiste à déshabiller une veuve est répandu dans le Nord-Est du Ghana et que, dans certains cas, [traduction] « on amène la veuve se laver près d'un dépotoire »; on lui lance alors de l'eau chaude et de l'eau froide, et elle se brûle parfois (7 juill. 2004). Selon un article publié dans Public Agenda, cette coutume se pratique dans le district de Kasena Nankana et si la veuve se brûle, c'est une indication qu'elle a été infidèle à son mari (19 juin 2006). Dans d'autres cas, les veuves doivent passer la nuit dehors, assises sur un matelas, et alors seules leurs parties intimes sont recouvertes de feuilles (Public Agenda 19 juin 2006; CBC 7 juill. 2004). En outre, un des rites de veuvage consiste à raser la tête de la veuve et à lui faire porter une corde autour du cou (ibid.). Le fait de porter une corde autour du cou est considéré comme un rite de veuvage chez les Kusasis (Public Agenda 19 juin 2006). De nombreuses veuves sont également forcées de se remarier à l'un des membres de la famille de leur mari décédé (CBC 7 juill. 2004).

Public Agenda a également signalé qu'une veuve doit être accompagnée en tout temps et porter un couteau, un bâton et une calebasse (un bol ou une louche faite à partir de l'écorce de ce fruit) qu'on lui aura donnés (19 juin 2005). En outre, l'article indique que [traduction] « [l]e quatrième jour, on amène la veuve nue à l'extérieur et on la baigne » (ibid.).

Un article du Ghanaian Chronicle a signalé une augmentation des rites de veuvage dans le district d'Asutifi dans la région de Brong Ahafo (6 juin 2006). L'article décrit l'expérience vécue par une veuve à la suite de la mort de son mari : celle-ci avait été forcée de se laver à l'eau froide trois fois par jour, qu'elle devait pleurer quand elle se trouvait dans la maison de son mari décédé et qu'elle n'avait pas le droit de manger des [traduction] « plantes racines » (The Ghanaian Chronicle 6 juin 2006). La veuve a ajouté que cette situation avait duré pendant un an et que la famille de son mari décédé ne voulait plus s'occuper de ses enfants (ibid.).

Dans un rapport sur la violence faite aux femmes au Ghana, la Division de la promotion de la femme des Nations Unies a indiqué que l'un des rites de veuvage consistait à confiner la veuve dans une chambre, à lui raser la tête, à lui faire porter une corde autour du cou et à lui faire prendre un bain rituel (11-14 avr. 2005). Le rapport a également indiqué que [traduction] « [...] 31 p. 100 des veuves qui ont répondu à des questions dans le cadre de ce rapport ont déclaré qu'on leur avait demandé d'épouser le frère de leur mari décédé, tandis que 23 p. 100 des autres répondantes ont affirmé qu'on avait demandé à leurs parentes veuves d'épouser le frère de leur mari décédé » (Nations Unies 11-14 avr. 2005). Aucune information sur les conséquences du refus d'épouser le successeur coutumier ou le sous-chef n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

Des sources ont signalé que les rites de veuvage sont interdits en vertu du code pénal ghanéen (Accra Daily Mail 1er mars 2006; CBC 7 juill. 2004). Cependant, selon Mme Ayageba, fondatrice du WOM, de nombreuses veuves ne connaissent pas cette loi et celles qui la connaissent sont peu enclines à intenter un procès en raison de la longueur du processus et parce qu'elles pourraient s'exposer à [traduction] « des sévices encore plus nombreux » (ibid.). Aucune référence claire à la loi n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


Accra Daily Mail. 1er mars 2006. « Pass Domestic Violence Bill! Workshop Participants Tell Parliament ». http://www.accra-mail.com/mailnews.asp?ID=15723 [Date de consultation : 6 juill. 2006]

_____. 24 mai 2004. « Upper East Widows Bear the Brunt of Poverty ». http://www.accra-mail.com/mailnews.asp?ID=10121 [Date de consultation : 6 juill. 2006]

Canadian Broadcasting Corporation (CBC). 7 juillet 2004. Lyndsay Duncombe. « Woe for the Widows of Ghana ». http://www.cbc.ca/news/viewpoint/vp_duncombe/20040707.html [Date de consultation : 6 juill. 2004]

Chargé de cours au Collège Camosun, Victoria (Colombie-Britannique). 4 juillet 2006. Communication écrite.

CUSO. Automne 2005. « CUSO Promotes Women's Rights in Ghana ». CUSO News. http://www.cuso.org/_files/donors_newsletter/cuso_newsletter_fall05.pdf [Date de consultation : 6 juill. 2006]

The Ghanaian Chronicle [Accra]. 6 juin 2006. Michael Boateng. « Widowhood Rites on Ascendancy in Asutifi ... A Victim Narrates her Ordeal ». http://www.ghanaian-chronicle.com/thestory.asp?ID=10210 [Date de consultation : 5 juill. 2006]

Nations Unies. 11-14 avril 2005. Division de la promotion de la femme (DAW). Violence Against Women: The Ghanaian Case. http://www.un.org/womenwatch/daw/egm/vaw-stat-2005/docs/expert-papers/Ardayfio.pdf [Date de consultation : 6 juill. 2006]

Public Agenda [Accra]. 19 juin 2006. « Woman Accused of Killing her Husband Brings Solace to Women ». http://www.ghanaweb.com/public_agenda/article.php?ID=5419 [Date de consultation : 6 juill. 2006]

Widows and Orphans Ministry (WOM). S.d. « Contribution by: Widows and Orphans Ministry (WOM, Ghana) ». United Nations Secretary-General's In-depth Study on Violence Against Women. http://www.un.org/womenwatch/daw/vaw/ngocontribute/Widows%20and%20Orphans%20Ministry%20_WOM.pdf [Date de consultation : 6 juill. 2006]

Widows Rights International (WRI). 3 janvier 2006. « Work of Widows and Orphans Ministry Ghana ». http://www.widowsrights.org/ghana1.htm [Date de consultation : 6 juill. 2006]

Autres sources consultées


Sources orales : Un professeur du Centre d'études transnationales et des diasporas (Centre for Diaspora and Transnational Studies) à l'Université de Toronto n'a pas répondu à une demande d'information dans les délais prescrits.

Un professeur agrégé de l'Université de l'Indiana et un professeur du Centre d'études africaines (Centre of African Studies) à l'Université d'Édimbourg n'avaient pas de renseignements sur le sujet.

Publications : Africa Research Bulletin.

Sites Internet, y compris : Africa Confidential, AllAfrica.com, Amnesty International, British Broadcasting Corporation, Commission on Human Rights and Administrative Justice Ghana, Factiva, Freedom House, Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, Human Rights Watch, Integrated Regional Information Networks, Jeuneafrique.com, Lawa (Ghana) Alumnae Inc., Legislationline, MATCH International Centre, United States Department of State et World News Connection.

Associated documents