Activities of the Abu Sayyaf Group (ASG) (2004 - 2006) [PHL101105.E]

Information générale

Abu Sayyaf (porteur de l'épée) (Abuza sept. 2005, 2; AFP 2 févr. 2006) est un groupe relativement petit de militants islamiques qui compterait entre 200 et 500 membres (Abuza sept. 2005, 27; AFP 8 avr. 2004; Country Reports on Terrorism 2004 27 avr. 2005, chap. 6). Établi principalement dans le Sud des Philippines depuis le début des années 1990 (ibid.), Abu Sayyaf aurait des liens avec la Jemaah Islamiyah (JI), organisation régionale de jihad (ICG 19 déc. 2005, 1) et le réseau terroriste international al-Qaïda (Asia Times Online 18 janv. 2006; The Economist 17 févr. 2005); toutefois, l'Agence France-Presse (AFP) a signalé qu'Oussama Ben Laden avait cessé de contribuer financièrement au groupe au milieu des années 1990 (AFP 8 avr. 2004). Abu Sayyaf est actif dans diverses régions du Sud, y compris dans l'archipel de Sulu (notamment Basilan, Jolo et Tawi Tawi), son bastion traditionnel, et plus récemment dans l'île de Mindanao (Abuza sept. 2005, 27; ICG 19 déc. 2005, 8; Time Asia 23 août 2004), bastion traditionnel du front de libération islamique moro (Moro Islamic Liberation Front - MILF) (ibid.; ICG 19 déc. 2005, 8). Selon Zachary Abuza, agrégé supérieur de recherches à l'institut pour la paix des États-Unis (United States Institute of Peace) et auteur de plusieurs livres sur le terrorisme en Asie du Sud-Est, la capacité de commandement et de contrôle d'Abu Sayyaf est limitée, le nombre de membres fluctue; l'effectif est [traduction] « peu discipliné ou uni » et il est divisé en [traduction] « petites cellules cloisonnées chargées d'opérations distinctes » (Abuza sept. 2005, 27). Même si on connaît peu de choses sur la structure dirigeante, on croit qu'Abu Sayyaf est dirigé par Khadaffi Janjalani, jeune frère du fondateur (ibid., 28; Time Asia 23 août 2004), Ustadz Abdurajak Janjalani (Abuza sept. 2005, 2). Khadaffi Janjalani est appuyé par un groupe de lieutenants dans le quartier général de Mindanao, et d'autres commandants sont installés dans l'archipel de Sulu (ibid., 28). Le Département d'État des États-Unis (United States Department of State) a inscrit Abu Sayyaf sur sa liste d'organisations terroristes étrangères (Country Reports on Terrorism 27 avr. 2005, chap. 6).

Activités de formation et liens avec d'autres groupes militants

Dans un rapport de 2005 sur le terrorisme aux Philippines, l'International Crisis Group (ICG) a affirmé que les liens entre les fugitifs indonésiens et malaisiens de la Jemaah Islamiyah (JI) et Abu Sayyaf s'étaient resserrés après 2002 (19 déc. 2005, 1). Selon les autorités philippines, certains militants indonésiens ont enseigné à des membres dl'Abu Sayyaf à construire des bombes (Dow Jones Newswires 2 févr. 2006). Le groupe Abu Sayyaf a également établi des liens avec le mouvement Rajah Solaiman (Rajah Solaiman Movement - RSM), petit groupe de militants convertis à l'islam dont le but est la [traduction] « "réislamisation" du Nord des Philippines » (ICG 19 déc. 2005, 1; voir aussi AFP 2 sept. 2005). L'ICG a mentionné que [traduction] « la relation entre l'Abu Sayyaf, le RSM et la JI était mutuellement bénéfique à plusieurs égards : le RSM et Abu Sayyaf tirent directement parti de l'expertise et de l'aide technique de la JI et des [membres du RSM] viennent grossir les rangs des agents sur le terrain d'Abu Sayyaf » (19 déc. 2005, 1).

Après des attaques militaires conjointes des États-Unis et des Philippines contre le groupe Abu Sayyaf dans l'archipel de Sulu, un groupe central de membres d'Abu Sayyaf s'est établi dans le [traduction] « territoire traditionnel » du MILF, groupe indépendantiste négociant la paix avec le gouvernement des Philippines (Time Asia 23 août 2004), sur l'île de Mindanao (ibid.; ICG 19 déc. 2005, 8, 11). Selon l'ICG, ce déménagement a permis aux membres d'Abu Sayyaf d'utiliser [traduction] « les installations de formation les plus élaborées » de la JI de septembre 2003 à octobre 2004 (ibid., 11). En 2003, un agent de la JI aurait également donné de la formation en matière d'infanterie à certaines recrues d'Abu Sayyaf et il aurait peut-être enseigné à propos des explosifs (ibid.). Un membre d'Abu Sayyaf, capturé par la police philippine au début de 2005, a déclaré aux autorités que des membres du groupe avaient suivi des cours de plongée autonome en guise de préparation à des attaques maritimes devant être effectuées à l'extérieur des Philippines en collaboration avec la JI (AP 17 mars 2005). Le membre capturé a également affirmé aux autorités que la JI avait remis 18 500 $US au groupe Abu Sayyaf au cours de l'année précédente aux fins de formation sur les explosifs (ibid.). Deux militants associés au groupe et reconnus coupables d'un attentat à la bombe contre un autobus le 14 février 2005 à Manille auraient été formés par la JI (ICG 19 déc. 2005, 17). Selon Zachary Abuza, la capacité de fabriquer des bombes d'Abu Sayyaf s'est [traduction] « considérablement » améliorée entre 2004 et 2005 (Abuza sept. 2005, 29).

Activités criminelles et arrestations

Selon le Département d'État des États-Unis, l'objectif avoué d'Abu Sayyaf est de préconiser un État islamique indépendant dans l'Ouest de Mindanao et l'archipel de Sulu (Country Reports on Terrorism 2004 27 avr. 2005, chap. 6), seules régions des Philippines où les musulmans sont majoritaires (Asia Times Online 18 janv. 2006). Pourtant, pendant plusieurs années, le groupe Abu Sayyaf a été responsable d'enlèvements [traduction] « mortels, mais guère politiques » aux fins de rançon et de profit (Abuza sept. 2005, 1; voir aussi Country Reports on Terrorism 2004 27 avr. 2005, chap. 6; Time Asia 23 août 2004). Cependant, le dirigeant actuel d'Abu Sayyaf, Khadaffi Janjalani, a déclaré publiquement que le groupe lutterait à nouveau pour l'indépendance, qui était son but à l'origine (Time Asia 23 août 2004). En 2003, Abu Sayyaf a abandonné ses tactiques d'enlèvements aux fins de rançon et a commencé à participer à un certain nombre d'attaques terroristes (Abuza sept. 2005, 10), marquant un retour à [traduction] « ses racines islamiques » et aux tentatives pour obtenir l'indépendance du Sud en utilisant divers moyens, y compris les attentats à la bombe et les assassinats (Time Asia 23 août 2004).

Les attaques auxquelles Abu Sayyaf a participé entre 2003 et 2005 comprennent :

des attentats à la bombe contre l'aéroport de Davao et le quai de Sasa, en collaboration avec des membres de la JI et du MILF, qui ont eu lieu à Mindanao en mars et en avril 2003 et qui ont fait 48 morts et 204 blessés (Abuza sept. 2005, 10);
l'attentat à la bombe contre le SuperFerry 14 dans la baie de Manille en février 2004, qui a tué plus de 100 passagers (ibid., 1; Country Reports on Terrorism 2004 27 avr. 2005, chap. 6; Time Asia 23 août 2004);
l'attentat à la bombe contre un marché dans la ville de General Santos sur l'île de Mindanao en décembre 2004, qui a fait 14 morts et 70 blessés (Abuza sept. 2005, 11);
trois attentats à la bombe qui ont eu lieu presque simultanément le 14 février 2005 à Manille, à General Santos et à Davao, et qui ont tué plus de 10 personnes et en ont blessé plusieurs autres (ibid.; AFP 14 févr. 2005; Asia Times Online 18 janv. 2006);
attentats à la bombe à Zamboanga et à Basilan, dans l'archipel de Sulu, en août 2005, qui ont fait 50 blessés (ibid.).

Un porte-parole d'Abu Sayyaf a déclaré que les attaques du 14 février 2005 avaient été lancées en représailles aux présumées atrocités commises par le gouvernement philippin à l'égard des musulmans (AFP 14 févr. 2005; The Economist 17 févr. 2005). Le porte-parole a accusé l'armée philippine d'avoir assassiné des familles entières sur l'île de Jolo durant des combats avec des rebelles indépendantistes dans le Sud, et a juré qu'Abu Sayyaf ne cesserait ses attaques qu'après s'être vengé de ces atrocités passées (AFP 14 févr. 2005). Selon des sources, la JI a aidé les agents de l'Abu Sayyaf à organiser les attaques du 14 février 2005 (Asia Times Online 18 janv. 2006; voir aussi ICG 19 déc. 2005, 8), et Zachary Abuza souligne que, depuis 2004, des personnes converties à l'islam et associées au groupe Abu Sayyaf participent à chaque attaque planifiée par le groupe (Abuza sept. 2005, 36).

Un certain nombre d'autres attaques terroristes d'Abu Sayyaf ont pu être évitées (Abuza sept. 2005, 10-11; Country Reports on Terrorism 2004 27 avr. 2005, chap. 5). Par exemple, en juin 2004, la police a arrêté six agents d'Abu Sayyaf en possession d'explosifs et qui étaient soupçonnés par les autorités de planifier d'autres attaques contre des traversiers en juillet 2004 (Abuza sept. 2005, 10). En décembre 2004, trois membres d'Abu Sayyaf planifiant un attentat à la bombe contre l'ambassade des États-Unis à Manille ont également été arrêtés (ibid., 11).

Selon un article du 18 janvier 2006 paru dans l'Asia Times Online, Abu Sayyaf était responsable de la [traduction] « plupart des actes violents » commis aux Philippines en 2005 et, outre les attaques susmentionnées, le groupe a participé à des dizaines de plus petits combats avec l'armée et la police dans le Sud. Par exemple, en 2004, des militants d'Abu Sayyaf auraient tiré sur des troupes philippines sur l'île de Tawi Tawi et, en raison de la ripostes des troupes, deux membres de l'Abu Sayyaf sont décédés (AFP 1er août 2004). Pendant quatre jours en novembre 2005, des militants d'Abu Sayyaf et des soldats philippins ont échangé des coups de feu sur l'île de Jolo; quatre soldats et jusqu'à 20 militants ont été tués; le combat a poussé environ 2 000 villageois à s'enfuir de leur maison (ibid. 15 nov. 2005).

Selon Zachary Abuza, entre octobre 2004 et février 2005, le groupe Abu Sayyaf était à l'origine d'une série d'enlèvements qui se sont soldés par des exécutions au lieu des demandes usuelles de rançon (sept. 2005, 11-12). Zachary Abuza a signalé que le groupe [traduction] « avait maintenant tendance à tuer tous les présumés indicateurs ou agents du renseignement » (sept. 2005, 11). Toutefois, en mai 2004, Abu Sayyaf aurait libéré quatre otages enlevés sept mois plus tôt dans un centre de villégiature malaisien situé à Bornéo en échange d'une rançon de 200 000 ringgit (52 000 $US) (AFP 24 mai 2004; DPA 25 mai 2004).

En plus des attentats à la bombe et des enlèvements, Abu Sayyaf serait en train de mettre sur pied une escouade d'assassins urbains appelée Fisabillilah ou «Voie de Dieu » (Time Asia 23 août 2004) et dirigée par Khadaffi Janjalani et d'autres membres d'Abu Sayyaf ou de la JI (Abuza sept. 2005, 11). Selon les autorités, de présumés membres d'Abu Sayyaf arrêtés en juin 2004 auraient été membres de cette escouade (Time Asia 23 août 2004). Les autorités ont également soutenu qu'Abu Sayyaf avait commencé à déployer jusqu'à 80 agents à Manille, lesquels étaient chargés d'organiser des attentats à la bombe; toutefois, Zachary Abuza a mentionné dans son rapport qu'il n'y avait [traduction] « aucune présence organisationnelle connue » d'Abu Sayyaf à Manille en septembre 2005 (Abuza sept. 2005, 36).

Un petit groupe de détenus, composé notamment de présumés membres d'Abu Sayyaf, a tenté de s'évader en mars 2005 à Manille en prenant le contrôle d'un bâtiment d'une prison à sécurité maximale où plus de 100 rebelles musulmans étaient détenus, la plupart étant des membres présumés d'Abu Sayyaf (AP 17 mars 2005; DPA 14 mars 2005). L'affrontement de 29 heures s'est terminé par une descente policière au cours de laquelle 22 prisonniers, dont trois commandants [traduction] « éminents » d'Abu Sayyaf, sont morts (AP 17 mars 2005).

Selon un article de l'Asia Times Online paru le 18 janvier 2006, Abu Sayyaf est [traduction] « en voie de devenir un lien pour les membres mécontents de groupes révolutionnaires et [...] terroristes ». De son côté, Zachary Abuza a affirmé à Time Asia qu'Abu Sayyaf avait le potentiel pour devenir le principal groupe fondamentaliste islamique dans le Sud des Philippines et [traduction] « attirer [les jeunes musulmans] insatisfaits », y compris ceux de retour après avoir étudié au Moyen-Orient (23 août 2004). Même si les autorités philippines ont réussi à arrêter certains membres d'Abu Sayyaf et à les faire condamner, il est difficile de poursuivre des terroristes en raison des problèmes endémiques des systèmes de l'exécution de la loi et des tribunaux aux Philippines, comme les maigres salaires et la corruption (Country Reports on Terrorism 2004 27 avr. 2005, chap. 5). Malgré la présentation de nouveaux projets de loi contre le terrorisme devant le Congrès, aucune loi à cet égard n'a été adoptée en 2004, et les actes terroristes ne sont pas encore définis ni codifiés (ibid.). Aucune information sur l'état actuel de ces projets de loi n'a été trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


Abuza, Zachary. Septembre 2005. « Balik-Terrorism: The Return of the Abu Sayyaf ». http://www.strategicstudiesinstitute.army.mil/pdffiles/PUB625.pdf [Date de consultation : 16 févr. 2006]

Agence France-Presse (AFP). 2 février 2006. « Six Killed in Attack on Christians in Southern Philippines ». (Factiva)

_____. 15 novembre 2005. « Four Days of Fighting Ends in Southern Philippines ». (Factiva)

_____. 2 septembre 2005. « Muslim Convert Group Biggest Security Concern in Philippine Capital ». (Factiva)

_____. 14 février 2005. Karl Wilson. « Onze morts, 93 blessés dans des attentats revendiqués par Abou Sayyaf ». http://www.afp.com [Date de consultation : 21 févr. 2005]

_____. 1er août 2004. « Two Abu Sayyaf Guerrillas Killed, One Wounded in Southern Philippines ». (Dialog)

_____. 24 mai 2004. « Ransom Paid for Four Alleged Abu Sayyaf Hostages: Malaysian Police ». (Dialog)

_____. 8 avril 2004. Cecil Morella. « Les islamistes d'Abu Sayyaf ouvrent un nouveau front à Manille ». http://www.afp.com [Date de consultation : 8 avr. 2004]

Asia Times Online. 18 janvier 2006. Fabio Scarpello. « Jihadi Threat Looms Over Philippine Peace Hopes ». http://www.atimes.com/ [Date de consultation : 20 janv. 2006]

Associated Press (AP). 17 mars 2005. Jim Gomez. « Philippine Military Report Says Abu Sayyaf Guerrillas Training for Seaborne Terror Attacks ». (Dialog)

Country Reports on Terrorism 2004. 27 avril 2005. United States Department of State. Washington, DC. http://www.state.gov/s/ct/rls/45394.htm [Date de consultation : 16 févr. 2006]

Deutsche Presse-Agentur (DPA). 14 mars 2005. « Five Dead in Abu Sayyaf Prison Siege in Philippines ». (Dialog)

_____. 25 mai 2004. « Philippines Vows to Crush Abductors of Indonesians, Filipino ». (Dialog)

Dow Jones Newswires. 2 février 2006. « Philippines: Abu Sayyaf Plotting Fresh Attacks in Manila ». (Factiva)

The Economist [Manille]. 17 février 2005. « New Abu Sayyaf ». http://www.economist.com/displayStory.cfm?story_id=3675637 [Date de consultation : 16 févr. 2006]

International Crisis Group (ICG). 19 décembre 2005. Philippine Terrorism: The Role of Militant Islamic Converts. http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?id=3844&1=1 [Date de consultation : 16 févr. 2006]

Time Asia. 23 août 2004. Simon Elegant. « The Return of Abu Sayyaf ». http://www.time.com/asia/magazine/prinout/0,13675,501040830-686107,00.html [Date de consultation : 16 févr. 2006]

Autres sources consultées


Sites Internet, y compris : Amnesty International (AI), Human Rights Watch (HRW).

Associated documents