Sudan: The Girifna movement, including origin, objectives, members, regions of operation, activities, methods of communication within the group, funding; treatment of group members by authorities (2010-December 2014) [SDN105025.E]

Soudan : information sur le mouvement Girifna, y compris sur ses origines, ses objectifs, ses membres, les régions où il est présent, ses activités, ses méthodes de communication à l'interne et son financement; information sur le traitement que réservent les autorités aux membres du groupe (2010-décembre 2014)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Mouvement Girifna
1.1 Origines et objectifs

D'après des sources, le mouvement Girifna a été créé en octobre 2009 par des étudiants universitaires (Nations Unies 26 juill. 2012; Girifna s.d.a) à Omdurman, au Soudan (ibid.). Des sources précisent que le mot Girifna signifie [traduction] « nous en avons assez », en arabe (The Washington Post 14 août 2010; VOA 6 sept. 2012). On peut lire sur le site Internet du mouvement Girifna que ce groupe en a [traduction] « assez de la guerre, de la corruption, de la dictature, de l'injustice et de la discrimination à l'égard des minorités » (Girifna s.d.a). Le site Internet du mouvement et l'International Crisis Group signalent que Girifna avait pour objectif initial d'entraîner la défaite du parti au pouvoir, le Parti du congrès national (National Congress Party - NCP), lors des élections nationales de 2010 (ibid.; International Crisis Group 29 nov. 2012). D'autres sources précisent que Girifna a amorcé ses activités en tant que mouvement chargé d'assurer l'inscription des électeurs avant les élections de 2010 (ACJPS 15 déc. 2014; Sudan Tribune 8 juill. 2010). L'International Crisis Group attire l'attention sur le fait que Girifna a élargi son objectif et vise maintenant à [traduction] « déclencher un soulèvement populaire » (International Crisis Group 29 nov. 2012, 18).

On peut lire sur son site Internet que le mouvement Girifna a pour objectif de renverser le NCP au pouvoir par la résistance pacifique (s.d.a). Freedom House qualifie d'ailleurs Girifna de [traduction] « mouvement de jeunes appelant à la résistance pacifique » (2014a). Selon un document d'une page intitulé « Demands of a Nation », publié sur le site Internet de Girifna et annexé à la présente réponse, ce mouvement vise à remplacer le gouvernement du NCP par un gouvernement de transition et à rétablir un [traduction] « État-nation démocratique » (Girifna s.d.b).

1.2 Membres

D'après son site Internet, le mouvement Girifna est ouvert à tous les citoyens soudanais (ibid. s.d.c). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une agente de programme de l'African Centre for Justice and Peace Studies (ACJPS), ONG établie à New York qui assure la surveillance des droits de la personne et qui milite pour une réforme juridique au Soudan, a expliqué que, puisque Girifna est un [traduction] « mouvement ouvert », il est difficile de déterminer le nombre de membres qu'il compte (ACJPS 15 déc. 2014). Selon un article publié en 2010 par le Washington Post, Girifna comptait environ 5 000 bénévoles dans l'ensemble du Soudan (14 août 2010). D'après un article paru en 2010 dans le Globe and Mail, le mouvement Girifna estimait compter près de 18 000 partisans dans l'ensemble du pays (14 avr. 2010). Amnesty International (AI) qualifie ce groupe [traduction] « [d']important » (23 mai 2013). On peut lire sur le site Internet de Girifna que ce mouvement ne cesse de croître (s.d.a). L'agente de programme de l'ACJPS a d'ailleurs affirmé que Girifna a [traduction] « connu une croissance phénoménale depuis sa création » (ACJPS 15 déc. 2014).

Girifna souligne que son effectif est [traduction] « diversifié » et qu'il est « composé de personnes dont l'âge, l'origine ethnique et la religion varient grandement » (s.d.a). Selon l'agente de programme de l'ACJPS, [traduction] « la principale base de soutien de Girifna est constituée de jeunes militants provenant surtout du centre du Soudan » (ACJPS 15 déc. 2014). IHS Global Insight, site Internet d'information assurant la [traduction] « couverture financière et économique détaillée » de plus de 200 pays grâce au travail d'analystes, de chercheurs et d'économistes professionnels (IHS Global Insight s.d.a), a par ailleurs signalé que Girifna est essentiellement composé de jeunes (ibid. 20 juin 2012). Selon certains médias, ce mouvement serait [traduction] « dirigé par des étudiants » (Sudan Tribune 13 févr. 2012; The Globe and Mail 14 avr. 2010).

On peut lire sur le site Internet de Girifna que ce mouvement compte, au sein de son effectif, des membres de tous les partis politiques importants au pays (s.d.a). L'agente de programme de l'ACJPS a affirmé que Girifna est ouvert à [traduction] « tous, quelles que soient leurs convictions politiques » (ACJPS 15 déc. 2014). De même, l'International Crisis Group a signalé que Girifna est composé tant d'étudiants indépendants que d'étudiants affiliés à des partis politiques (International Crisis Group 29 nov. 2012, 18).

Des sources affirment que parmi les cofondateurs de ce mouvement figurent Nagi Musa (The Washington Post 14 août 2010; The Globe and Mail 14 avr. 2010) et Rudwan Dawod (AI 23 mai 2013; VOA 6 sept. 2012).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucune information indiquant s'il existe un processus d'adhésion officiel ou si Girifna remet des cartes de membre.

1.3 Régions où le mouvement Girifna est présent

Le siège central de Girifna serait situé à Khartoum (Girifna s.d.a). Sans fournir de détails, le site Internet de Girifna précise que le mouvement est très présent dans [traduction] « diverses régions du Soudan » (ibid.). L'agente de programme de l'ACJPS a déclaré que, même si Girifna compte des membres [traduction] « dans l'ensemble de l'État », le rôle dirigeant est concentré à Khartoum et qu'il est particulièrement actif à Khartoum, à Khartoum Bahri et à Omdurman (ACJPS 15 déc. 2014). On peut lire sur le site Internet de Girifna que ce mouvement a tenu des activités dans les villes de Madani, d'Al-Qadarif, d'Al Jazeera, d'Atbara, d'El Obeid, de Méroé, de Dongola et de Nyala (Girifna s.d.a).

Le site Internet de Girifna fait état du fait que le mouvement a une forte présence au sein de la diaspora et que nombre de membres ont quitté le Soudan pour échapper aux forces de sécurité du gouvernement (ibid.). De même, l'agente de programme de l'ACJPS a déclaré que certains dirigeants de Girifna sont à l'extérieur du Soudan, certains d'entre eux ayant été contraints de quitter le pays (ACJPS 15 déc. 2014). Elle a précisé que ces dirigeants exilés ont organisé des campagnes à l'étranger pour le groupe et qu'ils [traduction] « contribuent à la vision stratégique de Girifna » (ibid.).

1.4 Activités

Sur le site Internet de Girifna, on peut lire que l'une des activités du groupe consiste à informer le public et les jeunes du Soudan de leurs droits ainsi que des [traduction] « méthodes des mouvements de résistance pacifique » (s.d.a). L'agente de programme de l'ACJPS a affirmé qu'entre 2010 et 2014, que le mouvement Girifna a principalement participé à des [traduction] « campagnes d'éducation civique » et qu'il a organisé plusieurs forums publics, dont des discussions sur l'économie, la succession dans le Sud et d'autres questions politiques (ACJPS 15 déc. 2014). Elle a ajouté que le groupe avait également organisé des expositions artistiques (ibid.). D'après le site Internet de Girifna, les activités de ce mouvement [traduction] « portent sur des questions telles que la corruption, les disparités économiques, la pauvreté et la limitation des libertés politiques, et mettent l'accent sur la participation citoyenne, par l'entremise de l'inscription et de la sensibilisation des électeurs » (s.d.a). Selon l'agente de programme de l'ACJPS figurent notamment parmi les activités de Girifna la diffusion du travail d'autres mouvements de jeunes et la surveillance des droits de la personne (ACJPS 15 déc. 2014).

Des membres de Girifna auraient participé à des mukhatabat (discussions publiques) au marché et distribué des dépliants contre le NCP dans les marchés, les universités, les écoles et les transports publics (ibid.). On peut lire par ailleurs dans le Washington Post que des membres de Girifna prennent la parole dans les marchés et les stations d'autobus et qu'ils y distribuent des dépliants (14 août 2010). L'agente de programme de l'ACJPS a également déclaré que des membres de Girifna organisent [traduction] « des discussions dans des lieux publics à Khartoum, comme des arrêts d'autobus » (ACJPS 15 déc. 2014). En 2010, le Globe and Mail a fait état du fait que des membres de Girifna avaient organisé des [traduction] « mobilisations éclair » dans les rues, en opposition au président el-Béchir (14 avr. 2010).

Selon des sources, le mouvement Girifna a organisé des manifestations (ACJPS 15 déc. 2014; Girifna s.d.a) dans diverses régions du Soudan (ibid.). On peut lire dans un rapport conjoint de REDRESS, ONG établie à Londres qui [traduction] « aide les victimes de torture à obtenir justice et réparation » (REDRESS s.d.), et de l'ACJPS que Girifna faisait partie d'une coalition de mouvements étudiants qui, entre janvier et mars 2011, a organisé à Khartoum, à El Obeid, à Wad Medoni et à Kosti des manifestations qui se sont heurtées au déploiement [traduction] « d'une force excessive par les autorités du Soudan » (REDRESS et ACJPS juin 2014, 42). L'ACJPS a souligné que des groupes de défense des droits de la personne auraient constaté que [traduction] « la police anti-émeute et les services nationaux de renseignements et de sécurité (National Intelligence and Security Services - NISS) du Soudan ont été déployés pour disperser les manifestants, [que] certains d'entre eux ont été battus, [que] des détentions massives ont eu lieu et [que] des détenus ont été victimes de mauvais traitements et d'actes de torture » lors de ces manifestations (ACJPS 16 déc. 2014).

Selon IHS Global Insight, Girifna et d'autres groupes ont lancé un appel en vue de la tenue d'une manifestation générale en juin 2012 pour protester contre les mesures d'austérité mises en place par le gouvernement, et le mouvement constituait [traduction] « un élément central de l'opposition au gouvernement » en 2012 (IHS Global Insight 20 juin 2012). De même, le Sudan Tribune, site Internet établi à Paris qui vise à promouvoir [traduction] « la diversité de l'information ainsi qu'un débat libre et démocratique sur le Soudan » (s.d.), a fait état du fait que Girifna était [traduction] « en première ligne des manifestations » de juin et juillet 2012, au cours desquelles « des centaines » de manifestants à Khartoum et dans dix villes régionales ont dénoncé les augmentations de tarifs et exigé la chute du régime (2 juill. 2012). On peut également lire dans un rapport conjoint publié en 2014 par AI et l'ACJPS que Girifna a participé aux manifestations de juin 2012 (AI et ACJPS 2014, 15). Pour obtenir de plus amples renseignements sur les manifestations étudiantes qui ont eu lieu au Soudan en 2012, veuillez consulter la Réponse à la demande d'information SDN104454.

1.5 Communications internes

Des sources signalent que Girifna utilise les médias sociaux (Girifna s.d.a; ACJPS 15 déc. 2014; The Globe and Mail 14 avr. 2010), y compris Facebook, Twitter et YouTube (ibid.). Girifna communiquerait de l'information par l'entremise d'une page Facebook où les membres peuvent afficher des mises à jour provenant de leurs régions (Girifna s.d.c). Selon l'agente de programme de l'ACJPS, toutes les communications de Girifna passaient initialement par Facebook, mais cette façon de faire a changé à la suite d'arrestations [de membres du groupe] (ACJPS 15 déc. 2014). On peut lire sur le site Internet de Girifna que les membres de ce mouvement communiquent également par clavardage, par courriel, par Skype (Girifna s.d.a) et par téléphone cellulaire (ibid. s.d.c).

Girifna encouragerait des bénévoles à effectuer des visites à domicile dans leur voisinage pour communiquer de l'information de vive voix et au moyen de dépliants d'une page (ibid.). Girifna incite également des bénévoles à organiser des activités d'information sans caractère officiel dans leur communauté et à faire preuve de délicatesse à l'égard des groupes non arabophones et analphabètes (ibid.). Des membres de Girifna auraient créé des poèmes, des chansons, des vidéoclips, des annonces, des entrevues audio ainsi qu'un bulletin d'information dans le but de se faire connaître dans les régions du Soudan situées au-delà de Khartoum de même qu'auprès de la diaspora (ibid. s.d.a). Des médias signalent que Girifna possède un magazine (Sudan Tribune 8 juill. 2010; The Washington Post 14 août 2010). Selon les Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN) des Nations Unies, Girifna fait passer son message au moyen [version française des Nations Unies] « de manifestations publiques, de Radio Girifna, d'un magazine en ligne, de discours publics [et] de bulletins d'information » (Nations Unies 26 juill. 2012).

En 2010, le Washington Post a fait état du fait que des membres de Girifna gardaient sur eux des caméras vidéo de la taille d'un téléphone cellulaire pour capter des images des foules enthousiastes ou des mesures prises par la police lors de leurs activités (14 août 2010). De même, le Globe and Mail a signalé que Girifna produisait des [traduction] « vidéos maison » et a cité un exemple où le groupe a affiché sur YouTube une vidéo montrant la police en train de disperser l'un de leurs rassemblements publics (14 avr. 2010).

L'agente de programme de l'ACJPS affirme que Girifna a été [traduction] « infiltré par le passé » (15 déc. 2014). On peut lire dans un rapport publié en 2012 par l'International Crisis Group que Girifna serait infiltré par les forces de sécurité (29 nov. 2012, 18). Selon Freedom House, le site Internet de Girifna a fait l'objet d'une [traduction] « tentative de piratage » en octobre 2013 (2014a).

1.6 Soutien et financement

On peut lire sur le site Internet de Girifna que la base de soutien de ce mouvement est constituée de Soudanais qui vivent au pays ou au sein de la diaspora et que le mouvement bénéficie également du soutien de partis politiques (s.d.d). Il est précisé sur le site Internet que Girifna n'accepte pas les dons des gouvernements étrangers ou des organismes internationaux (Girifna s.d.d). Toutes les contributions seraient versées à titre individuel (ibid. s.d.a). L'agente de programme de l'ACJPS a déclaré que le mouvement Girifna est financé au moyen de dons privés et qu'il ne reçoit aucuns fonds des États (ACJPS 15 déc. 2014).

Elle a ajouté que le mouvement Girifna a reçu de la formation de diverses organisations de défense des droits de la personne, parmi lesquelles l'ACJPS, et qu'il a établi des réseaux avec ces organisations (ibid.).

2. Traitement que réservent les autorités aux membres de Girifna

Selon l'agente de programme de l'ACJPS, les membres de Girifna [traduction] « exercent leurs activités dans un environnement extrêmement restrictif et dangereux » (ibid.). On peut lire sur le site Internet de Girifna que les membres de ce mouvement sont victimes de harcèlement de la part des forces de sécurité (s.d.a). Dans le rapport annuel pour 2011 de l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), on peut lire que les membres de Girifna ont été [version française de l'Observatoire] « particulièrement visés » par les autorités (Observatoire 2011, 131). De même, Freedom House a signalé que les membres de Girifna sont l'un des groupes ciblés par les NISS du Soudan et qu'ils sont exposés à la détention [traduction] « systématique » et à la « torture » (2014b). Dans un rapport publié en décembre 2014, l'ACJPS fait état du fait que les membres de Girifna ont fait l'objet de [traduction] « harcèlement accru » au cours des dernières semaines, certains ayant notamment reçu des appels « de menaces » des NISS (10 déc. 2014).

Des sources signalent que les membres de Girifna ont été victimes des traitements suivants de la part des forces de sécurité :

  • sévices corporels (The Washington Post 14 août 2010; Sudan Tribune 29 juin 2012; Nations Unies 26 juill. 2012);
  • agressions à l'arme blanche (Sudan Tribune 20 mars 2010);
  • harcèlement sexuel (Girifna s.d.a);
  • viols (ibid.; ACJPS 15 déc. 2014);
  • enlèvements (Nations Unies 26 juill. 2012);
  • arrestations (Girifna s.d.a; Sudan Tribune 8 juill. 2010; AI et ACJPS 2014, 15);
  • emprisonnement (Nations Unies 26 juill. 2012);
  • détention arbitraire (ACJPS 15 déc. 2014);
  • [traduction] « torture » (ibid.; Girifna s.d.a; The Washington Post 14 août 2010).

2.1 Incidents survenus en 2010

Des sources signalent qu'en mars 2010, trois membres de Girifna ont été arrêtés à la suite d'un rassemblement pacifique à un arrêt d'autobus de Khartoum (VOA 9 mars 2010; Observatoire 2011, 131) et qu'ils ont été accusés de nuisance publique (ibid.; Sudan Tribune 5 mars 2010). Selon l'Observatoire, l'un de ces membres a été enlevé le 15 mars 2010 par des hommes armés, emmené dans un lieu inconnu, [version française de l'Observatoire] « passé à tabac » et interrogé sur les activités et les sources de financement de Girifna (Observatoire 2011, 131). Il aurait reçu des menaces de mort des NISS après avoir parlé de sa détention lors d'une conférence de presse et aurait quitté le Soudan en avril 2010 (ibid.).

Des sources signalent qu'en juillet ou en août 2010, trois militants de Girifna ont été arrêtés pour avoir distribué le magazine du mouvement et qu'ils ont été accusés d'avoir violé la paix publique (The Washington Post 14 août 2010; Observatoire 2011, 131; Sudan Tribune 8 juill. 2010) et de sédition (ibid.). Ils auraient été emmenés à l'extérieur et battus (ibid.; The Washington Post 14 août 2010; Observatoire 2011, 131) par des agents des NISS (ibid.; Sudan Tribune 8 juill. 2010).

2.2 Incidents survenus en 2011

L'Observatoire signale que, le 22 janvier 2011, trois personnes ont été arrêtées pour avoir distribué le magazine de Girifna; ces personnes ont été libérées sans accusation quelques jours plus tard (2011, 131). Selon Reuters, en janvier 2011, neuf membres de Girifna ont été placés en détention la nuit précédant une manifestation à Khartoum contre le gouvernement (30 janv. 2011).

Freedom House souligne qu'en janvier 2011, une militante de Girifna a été arrêtée et qu'elle a été placée en détention (Freedom House 2013). Après sa libération, elle a affirmé, détails à l'appui, avoir été violée par trois agents des NISS alors qu'elle était en détention, et Girifna a publié sa déclaration sur YouTube (ibid.). L'ACJPS a fourni des renseignements similaires, mais précise que l'arrestation et les mauvais traitements ont eu lieu en février 2011 (ACJPS avr. 2011, 14; ibid. 16 déc. 2014). Selon les Country Reports on Human Rights Practices for 2012, publiés par le Département d'État des États-Unis (É.-U.), cette femme avait été arrêtée pour avoir organisé des manifestations par l'entremise de Facebook; à la fin de 2012, aucune mesure n'avait été prise contre les agents de sécurité (É.-U. 19 avr. 2013, 4). La femme a porté plainte contre les autorités, mais son dossier a été fermé après une enquête initiale (REDRESS et ACJPS juin 2014, 20). Selon cette même source, des accusations au criminel ont été portées contre cinq journalistes qui ont exigé une enquête sur les allégations de viol (ibid.). La victime de viol présumée aurait quitté le Soudan après avoir reçu des menaces des autorités (ibid.).

On peut lire dans le Guardian, un journal du Royaume-Uni (R.-U.), l'entrevue d'un membre de Girifna qui a affirmé qu'en 2011, il avait été gardé en détention pendant 12 jours, qu'il avait été battu et qu'il avait reçu des décharges électriques (8 déc. 2014).

2.3 Incidents survenus en 2012

Selon le Sudan Tribune, six membres de Girifna, dont le cofondateur Nagi Musa, ont été arrêtés le 25 janvier 2012 pour avoir participé à un forum public visant à commémorer un massacre survenu en 2005 et à discuter des droits de la personne dans l'Est du Soudan (Sudan Tribune 13 févr. 2012). Ils auraient été détenus pendant près de deux semaines sans qu'aucune accusation ne soit portée contre eux et sans qu'ils puissent communiquer avec un avocat ou leur famille (ibid.). L'un d'entre eux aurait été victime de [traduction] « torture et autres mauvais traitements » pendant sa détention (ibid.).

Selon le Sudan Tribune, Girifna a affirmé que nombre de ses militants avaient été blessés ou arrêtés en raison de la répression exercée par le gouvernement lors de manifestations en juin et en juillet 2012 (29 juin 2012). En août 2012, AI a signalé que des [version française d'AI] « dizaines » de militants et de manifestants, dont quatre membres de Girifna, étaient gardés en détention administrative depuis plus d'un mois (3 août 2012). D'après l'Observatoire, les quatre mêmes membres de Girifna ont été gardés en détention pendant [traduction] « plusieurs semaines », sans accès à un avocat, mais ont, selon l'information fournie par l'ACJPS, été libérés le 20 août 2012 (Observatoire 20 août 2012).

AI précise que, dans l'un des cas susmentionnés, une militante de Girifna a été arrêtée le 24 juin 2012 et qu'elle a été gardée par les NISS dans un lieu inconnu, privée de tout contact avec sa famille ou un avocat jusqu'à sa libération le 16 août 2012 (AI 23 août 2012). Selon AI, ses conditions de détention étaient [version française d'AI] « déplorables » (ibid.).

Dans un autre cas, Rudwan Dawod, cofondateur de Girifna et résident des États-Unis, a été arrêté le 3 juillet 2012 pour avoir participé à des manifestations pacifiques (VOA 6 sept. 2012; AI 23 mai 2013). Il a été détenu pendant six semaines et accusé de terrorisme, un crime passible de la peine de mort (ibid.; VOA 6 sept. 2012). Rudwan Dawod aurait affirmé avoir été torturé par des agents des NISS pendant cette période (ibid.; AI 23 mai 2013); il aurait notamment été [traduction] « passé à tabac », privé de sommeil et menacé de viol (ibid.). AI signale qu'il a été appréhendé de nouveau par les agents des NISS et détenu du 13 au 16 août 2012 dans un lieu inconnu et sans communications extérieures jusqu'à sa libération le 16 août 2012 (ibid. 20 août 2012). AI précise également que Rudwan Dawod a été placé en détention [version française d'AI] « juste après avoir été acquitté du chef d'inculpation de terrorisme. À la place, il a été sanctionné d'une amende pour avoir "tenté de troubler l'ordre public" » (ibid.). Selon la Voix de l'Amérique, il est retourné aux États-Unis en septembre 2012 (VOA 6 sept. 2012).

Selon le Christian Science Monitor, la police a utilisé des matraques et des gaz lacrymogènes contre des militants de Girifna qui ont manifesté à Jabrah, un quartier de Khartoum, le 13 juillet 2012 (16 juill. 2012).

2.4 Incidents survenus en 2013-2014

On peut lire dans Al-Arab, un quotidien arabe publié au Royaume-Uni, qu'un jeune militant soudanais affilié à Girifna a été gardé en détention sans accusation pendant cinquante jours, du 12 mai au 2 juillet 2014, et que les membres de sa famille ont affirmé qu'il avait été torturé pendant sa détention, étant donné les blessures qu'ils ont aperçues lorsqu'ils lui ont rendu visite en prison (2 juill. 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information allant dans le même sens ni aucun autre renseignement.

L'Agence panafricaine de presse (PANAPRESS) a signalé qu'en septembre 2014, au moins neuf membres de Girifna ont été [traduction] « brutalement arrêtés » par les NISS à Khartoum dans le cadre de mesures préventives visant à empêcher la commémoration de manifestations à grande échelle survenues un an plus tôt (23 sept. 2014).

L'ACJPS souligne qu'un jeune militant a été arrêté et battu le 2 décembre 2014 après avoir assisté à une discussion publique organisée par Girifna concernant la réforme des lois qui restreignent les droits de la personne (ACJPS 10 déc. 2014). Il aurait été accusé le 4 décembre 2014, sans représentation juridique, d'avoir troublé l'ordre public et diffusé de faux renseignements et il a été condamné à un mois d'emprisonnement (ibid.). L'ACJPS signale par ailleurs que d'autres personnes ayant assisté à cette discussion, tenue dans une station d'autobus de Khartoum, ont été pourchassées par la police, qui a confisqué les dépliants de Girifna (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucune information allant dans le même sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

African Centre for Justice and Peace Studies (ACJPS). 16 décembre 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par une agente de programme.

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Autres sources consultées

Source orales, y compris : Les tentatives faites pour joindre des représentants des organismes suivants dans les délais voulus ont été infructueuses : International Refugee Rights Initiative; mouvement Girifna.

Sites Internet, y compris : Africa Confidential; Africa Research Bulletin; ecoi.net; Factiva; Human Rights Watch; Institute for War and Peace Reporting; International Refugee Rights Initiative; Nations Unies – Refworld.

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