Document #1282747
IRB – Immigration and Refugee Board of Canada (Author)
Des journaux nigérians ayant récemment fait état d'une série de meurtres et de fusillades, qui auraient été perpétrés par la Confrérie de la hache noire (Black Axe Confraternity - BAC), expliquent la notoriété de la Confrérie (Daily Champion 3 sept. 2004; ibid. 27 janv. 2005; This Day 12 juill. 2004; Vanguard 27 janv. 2005; ibid. 23 sept. 2004; ibid. 17 août 2004; PM News 13 sept. 2004; ibid. 6 sept. 2004). Le meurtre d'un étudiant de l'université Obafemi Awolow à Ile-Ife a incité l'ancien président Olusegun Obasanjo, en 1999, à donner au vice-chancelier un délai de six mois pour éradiquer les sectes (This Day 12 juill. 2004; Daily Champion 3 sept. 2004). Depuis plusieurs années, la BAC est impliquée dans des batailles sanglantes entre confréries (ibid.; ibid. 27 janv. 2005; This Day 12 juill. 2004; Vanguard 27 janv. 2005; ibid. 23 sept. 2004; ibid. 17 août 2004; PM News 13 sept. 2004; ibid. 6 sept. 2004). Les médias font notamment état d'un affrontement qui, croit-on, a eu lieu entre la Confrérie Eiye et la BAC à la Polytechnique d'Ibadan, dans l'État d'Oyo, en septembre 2004, et au cours duquel quatre étudiants sont décédés (PM News 13 sept. 2004; ibid. 6 sept. 2004). Des affrontements entre la BAC, les Vikings et les Bérets noirs (Black Beret) à l'université des sciences et technologies de l'État d'Enugu, en août 2004, ont causé la mort d'au moins 18 personnes (Vanguard 17 août 2004). En outre, des batailles entre les Vikings et la BAC se sont soldées par la mort de deux ou trois personnes à l'université Ambrose Alli d'Ekpoma, dans l'État d'Edo, en janvier 2005 (Vanguard 27 janv. 2005; Daily Champion 27 janv. 2005).
Un journaliste du Daily Champion, Chuma Ifedi, constate que l'on en connaît peu au sujet des sectes universitaires puisque les membres jurent le secret (Daily Champion 3 sept. 2004). Par contre, Daniel Offiong, professeur de sociologie à l'université Clark Atlanta à Atlanta, en Géorgie, a récemment apporté des éclaircissements sur les cultes, leurs origines et leurs activités dans Cults in Nigerian Tertiary Institutions. Publiée en 2003, l'étude a été commandée au départ par l'université de Calabar, au Nigéria, en 1992, à la suite de l'augmentation du nombre de fraternités universitaires ayant menacé et terrorisé d'autres étudiants, des chargés de cours et d'autres membres de la collectivité universitaire dans les années 1980 et au début des années 1990 (Offiong 2003, vii). M. Offiong a étayé sa première étude avec suffisamment de données additionnelles glanées lors d'entrevues informelles et dans des articles de journaux au cours des étés de 1999, 2000 et 2001 pour produire son livre, lequel offre une description de la BAC et de son modus operandi (ibid., viii).
Caractéristiques
D'après M. Offiong, la BAC, aussi connue sous le nom de Nouveau mouvement noir d'Afrique (Neo-Black Movement of Africa), a pris naissance à l'université du Bénin à la fin des années 1970, mais on en trouve également des membres à l'université de Calabar et sur d'autres campus (ibid., 69). Son insigne est une hache verticale avec une large lame fixée à une poignée courte, et sa devise est « Ayei! Axemen » (ibid.). Selon M. Offiong, la devise de la secte, « Aye Axemen », apparaît sur l'en-tête de leurs lettres (ibid., 49-50); une circulaire attribuée à la BAC et adressée à l'administration de l'université d'Ilorin était signée « les propriétaires » (the Landlords) (This Day 16 nov. 2004).
M. Offiong prétend que l'objectif initial du groupe, qui consistait à promouvoir la conscience noire et à se battre pour la dignité des Africains et leur affranchissement du néo-colonialisme, a dégénéré en un comportement intéressé qui est [traduction] « brutalement violent et reconnu comme tel » (Offiong 2003, 69-70). Il maintient que la violence est devenue la marque de la secte (ibid., 70). Les membres de la BAC s'appellent entre eux « Axeneb » ou [traduction] « le boucher », et ils tirent leur fierté de leur volonté à utiliser la violence sur le campus (ibid.).
Les membres de cette confrérie (ou secte) sont reconnaissables à leur habillement : ils portent des pantalons noirs, une chemise blanche à manches longues, un manteau noir avec l'insigne de la hache sur le devant et dans le dos, et un béret noir entouré d'un ruban jaune (ibid.). Les membres sont également connus pour utiliser des breloques et accomplir ce que M. Offiong appelle des [traduction] « rituels à l'aide de fétiches » afin d'être investis de pouvoirs surnaturels et de bénéficier d'une protection contre les membres des sectes rivales et la police (ibid.). C'est en raison de cette pratique, allègue M. Offiong, qu'ils ont été frappés d'ostracisme par les autres confréries (ibid., 72).
Nombre de membres
M. Offiong attribue le faible nombre de
membres de la BAC, qui est estimé à environ 200,
à son identification comme confrérie ethnique
(ibid.). Les nouvelles sections ont tendance à
recruter leurs membres parmi le principal groupe ethnique
présent à l'université où elles sont
situées (ibid., 70-71). Par exemple, M. Offiong
affirme que les sections de la BAC aux universités du
Nigéria, de Nsukka et de Lagos sont composées en
majorité d'Igbos et de Yoroubas (ibid., 71). Plus
récemment, un présumé membre de secte
arrêté en février 2004 pour avoir
participé à une fusillade fatale a informé les
policiers que la section de la BAC à la Polytechnique de
Kwara, à Ilorin, comptait 500 membres (This Day 16
févr. 2004).
Initiation
Le portrait dressé par M. Offiong
des cérémonies d'initiation de la BAC rappelle un
rapport de recherche publié en 2001. M. Sam O. Smah, du
Centre d'études sur le développement (Centre for
Development Studies) de l'université de Jos au
Nigéria, décrit les cérémonies comme
étant [traduction] « horribles, sanglantes et barbares
», et affirme que, fidèle à sa nature
secrète, la BAC organise les cérémonies dans
des forêts ou des cimetières,
généralement autour d'un feu de camp; les membres
dansent, chantent, consomment de la drogue, boivent du sang humain
et violent les femmes (Smah mai 2001, 14). M. Offiong ajoute que
toutes les confréries initient les nouveaux membres le
samedi à minuit (Offiong 2003, 82). Dans certaines sectes,
les initiés subissent ce que M. Offiong appelle [traduction]
« le test de la virilité », au cours duquel
l'initié, vêtu seulement d'un pantalon, est
flagellé, roué de coups de pied et frappé avec
des ceintures et des bâtons, avant d'être amené
à [traduction] « l'île » ou à
l'endroit de l'initiation (ibid.). L'initié
prête serment de garder le secret autour d'un feu de camp et
revêt les vêtements de la confrérie; il
reçoit ensuite un nouveau nom, doit signer un parchemin et
fournir l'empreinte de son pouce avec du sang (ibid.). La
consommation d'alcool et de drogue, la danse et le roulement du
tambour débutent une fois que le nouveau membre a
été présenté au reste du groupe
(ibid., 82-83) et prend fin à l'aube par un
défilé (appelé le « jolly » par la
BAC) jusqu'au logement du nouveau membre (ibid., 83).
Recrutement
Selon M. Offiong, le recrutement des
membres par les sectes universitaires, comme la BAC, peut
être volontaire, mais peut également être
forcé (2003, 77). La confession du membre
présumé de la BAC arrêté en
février 2004, selon laquelle il a été
[traduction] « forcé à adhérer »
au groupe par son ami, appuie la théorie de M. Offiong
(This Day 16 févr. 2004). Décrivant leurs
tactiques comme un mélange de propagande, de mauvaises
informations et de guerre psychologique, M. Offiong a
déclaré que les sectes visent principalement les
étudiants de première année; en effet, elles
leur font croire que le milieu universitaire est hostile et qu'ils
ont par conséquent besoin d'être
protégés (Offiong 2003, 77-78). Toutefois,
d'après les journaux, les sectes ont commencé
à faire du recrutement dans les écoles secondaires
(Daily Champion 3 sept. 2004; Vanguard 17
août 2004). Kingsley Ekwenye, le président du
Comité sur les crimes violents, les crises, et
l'éradication et la gestion des sectes (Violent Crimes,
Crises and Cultism Eradication and Management Committee) de
l'Association nationale des étudiants nigérians,
affirme que les écoles secondaires représentent
maintenant [traduction] « un terreau fertile en nouveaux
membres, jeunes et dispos », et que ces jeunes
étudiants sont utilisés pour recueillir de
l'information et faire des courses (ibid.).
Les sectes feraient de la publicité et confieraient à chacun de leurs membres la tâche de se lier d'amitié avec des recrues potentielles pour ensuite les inciter à devenir membre de la secte (Offiong 2003, 78). Les sectes possèdent également des formulaires d'adhésion à l'intention des membres potentiels (ibid., 78). Lorsque des agents de sécurité du campus Enugu de l'université du Nigéria ont confisqué une voiture utilisée par les auteurs d'une fusillade sur le campus, ils ont trouvé à l'intérieur un formulaire d'adhésion à la BAC (Vanguard 23 sept. 2004). Si, après avoir pris un formulaire d'adhésion, une personne décide de ne pas le retourner dûment rempli, les membres de la secte menacent cette personne, la déclare leur ennemi, jusqu'à ce que la personne, terrorisée, capitule et devienne membre du groupe (Offiong 2003, 79). Comme l'explique M. Offiong, citant N. Osuagwu à titre d'expert écrivant sur les sectes au début des années 1990, les sectes cajolent, harcèlent et menacent les gens pour qu'ils deviennent membres (ibid.). Un article de A. Adebanjo, paru en 1998 dans le Tell Magazine et cité par M. Smah, laisse entendre que le fait de s'opposer aux sectes est dangereux; les membres de sectes ont gravement porté atteinte à ceux qui ont osé les défier et ont donné à la population de bonnes raisons de les craindre (Smah mai 2001, 14).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
Daily Champion [Lagos]. 27
janvier 2005. Vincent Adekoye. « Three Die in Ekpoma Varsity
Cult Clash ». http://allafrica.com/stories/printable/200501270160.html
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_____. 3 septembre 2004. Chuma Ifedi.
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Offiong, Daniel A. 2003. Secret
Cults in Nigerian Tertiary Institutions. Enugu, Nigéria
: Fourth Dimension Publishing Co. Ltd.
P.M. News [Lagos]. 13 septembre
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Akinrosoye. « 4 Feared Killed in Ibadan Poly Cults Clash
». http://allafrica.com/stories/printable/200409071171.html
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Smah, Sam O. Mai 2001. Perception
and Control of Secret Cult and Gang-Induced Difficulties for
Quality Living and Learning in Nigerian Universities: The Case
Study of Universities in the Middle Belt Zone (rapport
envoyé par l'auteur).
This Day [Lagos]. 16 novembre
2004. « UNILORIN: Cultists Deny Involvement in Killings
». http://thisdayonline.com/archive/2003/05/22/20030522news29.html
[Date de consultation : 7 janv. 2005]
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« Students Decry Govt's Inability to Unmask Colleagues'
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Sanni. « Police Arrest Corps Member, 3 for Cultism ».
http://allafrica.com/stories/printable/200402160812.html
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Vanguard [Lagos]. 27 janvier
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». http://allafrica.com/stories/printable/200501270357.html
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_____. 23 septembre 2004. Tony Edike.
« Cultism: Dusk to Dawn Curfew at UNN ». http://allafrica.com/stories/printable/200409230652.html
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_____. 17 août 2004. Tony Edike.
« 18 Die as Cultists Clash in Enugu ». http://allafrica.com/stories/printable/200408170099.html
[Date de consultation : 8 févr. 2005]
Autres sources consultées
Report from a Fact-Finding Trip to Nigeria (Abuja, Kaduna and Lagos) 23-28 February 2004.
Sites Internet, y compris :
Allafrica.com, BBC News, Ingenta Connect.