Somalia: The Bravanese (Barawan) ethnic group, including the location of their traditional homeland, affiliated clans and risks they face from other clans [SOM104240.E]

Somalie : information sur le groupe ethnique des Bravanais (Barawan), y compris leurs terres ancestrales, les clans affiliés et les risques que posent les autres clans

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Les Bravanais [aussi appelé Barawan, Barawani, Baravani, Reer Brava, Reer Baraawe] sont un groupe ethnique minoritaire en Somalie (R.-U. 17 janv. 2012, paragr. 19.21; ACCORD déc. 2009, 17). Ils viennent de la ville côtière de Brava [aussi appelée Barawe ou Baraawe] et parlent chimiini [aussi appelé chimwini, chimbalazi, af baraawe] (chercheur universitaire 15 nov. 2012; MRG oct. 2010, 11), un dialecte du swahili (ibid., 16; Norvège 22 juill. 2011, 11). Selon Minority Rights Group International (MRG), les Bravanais parlent également le dialecte local d’un sous-clan Tunni, af-maymay (oct. 2010, 11). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chercheur universitaire d’origine bravanaise habitant au Royaume-Uni, qui a fait des recherches et fait paraître des ouvrages, a précisé que les Bravanais sont appelés Waantu Wa Miini en chimiini et sont également appelés Wa Mbalazi dans la poésie religieuse bravanaise (15 nov. 2012). Selon un rapport de l’Austrian Centre for Country of Origin and Asylum Research and Documentation (ACCORD), qui est fondé sur une conférence donnée lors d’un atelier sur les clans en Somalie par Joakim Gundel, un analyste politique spécialisé en études somaliennes, les Bravanais sont de descendance arabe (ACCORD déc. 2009, 17).

Le rapport du centre ACCORD sur la conférence donnée par Joakim Gundel souligne que les groupes minoritaires en Somalie [traduction] « ne sont pas pris en compte et leurs langues et cultures ne sont ni acceptées ni respectées » (ibid., 14). Il semble que les minorités font l’objet [traduction] « quotidiennement de violence et de persécution » (Somalia Report 18 mai 2011). En outre, MRG précise que les minorités dans l’ensemble du pays [traduction] « se voient refuser toute la gamme de droits fondamentaux de la personne »; elles font notamment l’objet de propos haineux et se voient limiter l’accès à la justice, à l’éducation et à l’emploi et on leur interdit [traduction] « de participer de façon considérable à la vie politique » (oct. 2010, 3, 14).

1.1 Lien entre les Bravanais et les Benadiris

Certaines sources considèrent les Bravanais comme un sous-groupe des Benadiris [ou Banadiris] (MRG oct. 2010, 11; R.-U. 23 oct. 2012, paragr. 3.9.3), que l’Agence frontalière (Border Agency) du Royaume-Uni estime être [traduction] « un terme générique utilisé pour décrire divers groupes ethniques minoritaires qui habitent dans la région côtière se situant à peu près entre Mogadiscio et Kismayo, qui partagent une culture urbaine et qui sont d’origine mixte » (ibid.). MRG écrit que les Bravanais sont une division des Benadiris qui vivent dans la ville de Brava et ont [traduction] « une histoire et une identité culturelle urbaine partiellement distinctes découlant du seizième siècle » (oct. 2010, 11). On peut lire dans un rapport de l’Agence frontalière du Royaume-Uni que les [traduction] « Benadiris […] sont également appelés Reer Hamar ou Reer Brava » (23 oct. 2012, paragr. 3.9.3).

Par contre, on lit dans le rapport du centre ACCORD que les Bravanais et les Benadiris sont deux groupes ethniques distincts de la région côtière (déc. 2009, 17). Le chercheur universitaire du Royaume-Uni a expliqué que, sur le plan historique, Brava était considérée comme faisant partie de la région de Benadir et que les Bravanais faisaient partie du Congrès national africain, parti politique somalien (également appelé SANU ou Banaadiri), à l’époque coloniale et postcoloniale (15 nov. 2012). Bien que le terme Banadiri ait compris par le passé les Bravanais ainsi que d’autres groupes comme les Bajunis, dans un contexte contemporain, il ne comprend pas les Bravanais (chercheur universitaire 19 nov. 2012). Le chercheur universitaire a également souligné que les Bravanais parlent chimiini, mais les autres Benadiris parlent divers dialectes de la Somalie (ibid. 15 nov. 2012).

Pour obtenir d’autres renseignements sur les Benadiris, veuillez consulter la réponse à la demande d’information SOM104241 du 3 décembre 2012.

1.2 Sous-groupes des Bravanais

Selon le chercheur universitaire, les Bravanais sont divisés en sous-groupes, soit les Wa Hamari (Biida et Haatimi), Walakata (Shangamaas ou Tunni), Ma Shariifu et Ooji (15 nov. 2012). Chacune des sous-divisions est elle-même divisée en d’autres sous-groupes plus petits (chercheur universitaire 15 nov. 2012). Les Bravanais continuent d’exercer leurs métiers traditionnels, qui comprennent leur industrie primaire, le commerce, ainsi que le tannage de cuir, la fabrication de chaussures, la pêche, le tissage et la confection de vêtements, ainsi que la fabrication de chapeaux bravanais et de friandises (ibid. 19 nov. 2012). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune autre information allant en ce sens.

2. Régions où on retrouve des Bravanais en Somalie

Dans une communication écrite du 15 novembre 2012, le chercheur universitaire a fourni l’information ci-dessous (deux paragraphes suivants) au sujet de l’emplacement historique et contemporain du peuple Bravanais.

Les Bravanais sont venus de Brava, mais ont également vécu à d’autres endroits, notamment à Mogadiscio, Merca et Kismayo. Traditionnellement, ils se réunissaient à Brava pendant le mois du ramadan et les jours de l’Aïd afin de passer du temps avec leur famille. Les enfants bravanais qui étaient nés à l’extérieur de Brava étaient envoyés à Brava pour leurs études scolaires et religieuses, afin d’apprendre leur langue et leur culture dès leur jeune âge. Toutefois, cette pratique a pris fin au début de la guerre civile dans les années 1990.

Au début de la guerre civile, les Bravanais ont fui d’autres villes et sont retournés à Brava pour y vivre en sécurité. Cependant, Brava est devenue une [traduction] « zone de conflit » pour les factions belligérantes du clan Darrod à Kismayo et le clan Hawiye à Mogadiscio, et la ville a changé de main à plusieurs reprises. De nombreux Bravanais ont ensuite fui vers d’autres pays, tout particulièrement au Kenya, bien qu’un certain nombre de personnes aient été contraintes de demeurer à Mogadiscio, à Kismayo et dans d’autres villes. À l’heure actuelle, la majorité des Bravanais en Somalie vivent à Brava. Certains habitent à Mogadiscio et quelques-uns vivent à Kismayo et à Merca.

L’Agence frontalière du Royaume-Uni signale qu’avant la guerre civile, les Benadiris à Mogadiscio vivaient dans les districts de Hamar Weyne, Shingani et Bondere, mais elle a précisé dans la directive opérationnelle sur la Somalie du 23 octobre 2012 qu’ils vivent dans tous les districts de la ville (paragr. 3.9.3). Selon MRG, la plupart des Benadiri ont fui au Kenya, bien que quelques milliers demeurent à Mogadiscio, Brava et Merca, où ils continuent d’exploiter des commerces (oct. 2010, 12).

3. Clans affiliés et risques courus

Selon le chercheur universitaire, les Bravanais n’ont jamais été et ne sont pas actuellement liés à d’autres clans ou groupes politiques, religieux ou tribaux, et ils ne sont pas non plus sous la protection de tels clans ou groupes (15 nov. 2012). Le chercheur a également fourni l’information suivante au sujet des risques courus par les Bravanais :

[traduction]

Traditionnellement, les Bravanais n’avaient aucun problème avec les tribus somaliennes. Ils vivaient en paix avec tous les Somaliens, peu importe la région ou l’affiliation politique. Toutefois, cela a changé au milieu des années 1970, lorsque [le régime de l’ancien président Siad Barré] a réinstallé dans le district de Brava et ses environs des milliers de nomades provenant de régions du milieu et du nord [de la Somalie]. Lorsque la guerre civile a éclaté, les colons et les membres de leur tribu ont commencé à causer des difficultés aux Bravanais de souche. Les Bravanais n’ont jamais pris [les armes] contre eux [et] n’ont jamais créé de groupe ou faction en vue de leur faire la guerre. À ce jour, les Bravanais ne se sont rangés du côté d’aucune partie dans la guerre civile. Ils ont donc été traités comme des ennemis par chacune des parties occupant Brava (15 nov. 2012).

MRG, qui corrobore en partie ce qui précède, écrit que, pendant les guerres civiles ayant suivi 1991, les Benadiris, dont bon nombre étaient de riches marchands, n’ont pas créé une milice armée pour se protéger et ont perdu leur [traduction] « statut privilégié » (oct. 2010, 12). Ceux qui sont restés au pays auraient payé des milices claniques ou eu recours à des [traduction] « hommes armés indépendants » pour une protection armée (MRG oct. 2010, 12). Au cours d’un entretien téléphonique avec un chercheur au Royaume-Uni, l’ancien premier ministre de la Somalie, Abdirazak Haji Hussen, a déclaré que les Bravanais faisaient partie des groupes qui [traduction] « avaient tout particulièrement été visés par la violence et la discrimination à grande échelle, l’expropriation de leurs biens, ainsi que d’autres violations graves des droits de la personne aux mains des clans somaliens au cours des récentes guerres civiles » (Mohamoud févr. 2012, 47).

Selon le chercheur universitaire, [traduction] « tout au long de la guerre civile en Somalie, les Bravanais n’ont jamais détenu le pouvoir à Brava; ce sont [plutôt] les factions Hawiye, les factions Darood et Al-Shabab [à l’heure actuelle] qui ont détenu le pouvoir »" (15 nov. 2012). D’autres sources ont également indiqué qu’Al-Shabaab détenait toujours le pouvoir à Brava au mois d’août 2012 (Sabahi 27 août 2012) et au mois d’octobre 2012 (Dalsan Radio 23 oct. 2012).

MRG souligne que les Benadiris, tout particulièrement les Bravanais, sont ciblés par Al-Shabaab en raison de leurs [traduction] « pratiques coutumières liées à leur foi » (oct. 2010, 23). L’organisation précise qu’en mars et avril 2009, Al-Shabaab [traduction] « lancé nombre d’attaques culturelles » à Brava, détruisant ainsi des tombes de Bravanais, fermant des mosquées, empêchant les prières et détenant des cheiks (MRG mai 2011).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Austrian Centre for Country of Origin and Asylum Research and Documentation (ACCORD). Décembre 2009. Clans in Somalia: Report on a Lecture by Joakim Gundel, COI Workshop Vienna, 15 May 2009 (Revised Edition). [Date de consultation : 6 nov. 2012]

Chercheur universitaire. 19 novembre 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

______. 15 novembre 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Dalsan Radio. 23 octobre 2012. « The Allied Forces Move Ahead to Seize Alshabaab's Controlled Town ». < [Date de consultation : 16 nov. 2012]

Minority Rights Group International (MRG). Mai 2011. « Somalia: Benadiri ». World Directory of Minorities and Indigenous Peoples. [Date de consultation : 6 nov. 2012]

_____. Octobre 2010. Martin Hill. No Redress: Somalia's Forgotten Minorities. [Date de consultation : 6 nov. 2012]

Mohamoud, Aweys O. Février 2012. Gobannimo: Charting a New Path Toward Conflict Transformation in SomaliaPost London Conference. [Date de consultation : 19 nov. 2012]

Norvège. 22 juillet 2011. Landinfo: Country of Origin Information Centre. Report - Somalia: Language Situation and Dialects. [Date de consultation : 19 nov. 2012]

Royaume-Uni (R.-U.). 23 octobre 2012. Home Office. Operational Guidance Note: Somalia. [Date de consultation : 27 nov. 2012]

_____. 17 janvier 2012. Home Office. Country of Origin Information Report: Somalia. [Date de consultation : 6 nov. 2012]

Sabahi. 27 août 2012. Adnan Hussein. « Al-Shabaab Members Retreat to Barawe After Suffering Setbacks ». [Date de consultation : 16 nov. 2012]

Somalia Report. 18 mai 2011. Abdifitah Ibrahim. « Somali Minorities Face Double Whammy ». [Date de consultation : 26 nov. 2012]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre des représentants des organisations suivantes ont été infructueuses : Somali Minority Rights and Aid Forum et Somali Bravanese Welfare Association, Barnet, Royaume-Uni.

Sites Internet, y compris : AllAfrica; AMISOM Daily Media Monitoring; Amnesty International; Barawa.com; Dulmane.com; ecoi.net; États-Unis #&151; Department of State; Factiva; Freedom House; Hiiraan.com; Human Rights Watch; Nations Unies #&151; Conseil des droits de l’homme, Refworld; Refugees International; Somalia NGO Consortium; Somalia Report; Voice of America.

Associated documents