Document #1269041
IRB – Immigration and Refugee Board of Canada (Author)
Cette réponse inclut certaines sections de KEN39227.EF du 24 juin 2002.
Description, but, structure, direction et membres de la secte
Dans la langue kikuyu, le terme mungiki
signifierait « multitude » (Le Monde
diplomatique janv. 2005, 20; The East Africa Standard
6 mars 2002) mais, selon un article de la BBC, ce mot signifierait
plutôt [traduction] « peuple uni » (11
févr. 2003). Diverses sources qualifient la secte Mungiki de
secte religieuse [traduction] « illégale » (BBC
18 août 2004; People's Daily Online 7 janv. 2003;
Episcopal News Service 22 mars 2004; The Nation 22 juin
2004; ibid. 21 juin 2004; WEA RLC 24 juin 2004; voir aussi
BBC 11 févr. 2003), d'organisation politique et culturelle
(International Religious Freedom Report 2004 15 sept.
2004, sect. II; voir aussi WEA RLC 24 juin 2004) et de milice
d'autodéfense (Le Monde diplomatique janv. 2005,
20).
Mêmes si la date exacte de fondation de la secte Mungiki diffère selon les sources, elle aurait été créée dans les années 1980 ou 1990 (Le Monde diplomatique janv. 2005, 20; BBC 11 févr. 2003; The East Africa Standard 6 mars 2002; Episcopal News Service 13 févr. 2003; WEA RLC 24 juin 2004; Religious Liberty Prayer Bulletin 30 juin 2004). Son but serait de [traduction] « unir les Kikuyu » (Religious Liberty Prayer Bulletin 30 juin 2004) en prêchant le retour aux croyances traditionnelles tribales (ibid.; WEA RLC 24 juin 2004; voir aussi Espiscopal News Service 22 mars 2004; Le Monde diplomatique janv. 2005, 20). La secte soutient aussi la pratique de la mutilation génitale des femmes (ibid.; WEA RLC 24 juin 2004; Espiscopal News Service 13 févr. 2003; BBC 11 févr. 2003) et s'oppose aux [traduction] « idéologies étrangères » (ibid.), notamment aux valeurs occidentales et chrétiennes (Religious Liberty Prayer Bulletin 30 juin 2004; Le Monde diplomatique janv. 2005, 20; voir aussi WEA RLC 24 juin 2004). En outre, les membres de la secte attaquent des femmes qui, selon eux, s'habillent de façon [traduction] « inappropriée » (WEA RLC 24 juin 2004) [c-à-d. qui portent des muni-jupes et des pantalons (BBC 11 févr. 2003)] et les déshabillent en public (BBC 11 févr. 2003).
Selon un article d'opinion paru le 6 mars 2002 dans The East Africa Standard :
[traduction]
Le symbole de la secte Mungiki est le drapeau rouge, vert, noir et blanc. Les membres affirment que le rouge symbolise le sang versé lors de la bataille pour l'indépendance et qui continuera de couler jusqu'à ce que le pays soit «libéré».
Ils prétendent que le vert représente ce qui a été un beau pays, alors que le blanc représente la paix pour laquelle ils se battent. Le noir symbolise la terre des personnes noires. La secte Mungiki a un conseil des aînés. Chaque province compte six aînés qui sont guidés par des «prophètes» et s'occupent des conseils quotidiens aux prêtres.
Chaque membre paie une cotisation de 3 000 SHK. L'argent représente les trois bénédictions de la communauté kikuyu, soit le lait, la viande et le miel, ou les trois sommets du mont Kenya (Kirinyaga), le siège de Ngai (Dieu).
[...]
Ses dirigeants se rencontrent le dernier samedi du mois afin d'évaluer le rendement mensuel et les défis. Ils participent également à des manifestations publiques, à des séances de prédication et à des rituels de baptême.
Toute personne souhaitant adhérer au mouvement doit être évaluée par les prêtres et les prophètes, puis soumise au kirira (enseignement) de Ngai.
Le groupe procède aux baptêmes dans des endroits isolés et à des heures bizarres, préférablement à trois heures du matin dans une rivière. À cette heure, on dit que l'atmosphère est sereine et que l'eau est pure (6 mars 2002).
La secte est présidée par (John) Maina Njenga (Le Monde diplomatique janv. 2005, 20; The Nation 29 oct. 2004; The East Africa Standard 9 avr. 2004), un certain Njoroge Kamunya en est le secrétaire national, Kamau Mwatha et Kamondo Karuri en sont respectivement les coordonnateurs dans les villes de Nairobi et de Nakuru (The Nation 22 juin 2004) alors que Kimani Rio assure la coordination des activités de la secte dans la région de la Rift Valley (ibid.; Le Monde diplomatique janv. 2005, 21).
La secte compterait environ deux millions de membres (Episcopal News Service 13 févr. 2003; BBC 11 févr. 2003; WEA RLC 24 juin 2004) issus du groupe ethnique kikuyu (ibid.; People's Daily Online 7 janv. 2003). Par ailleurs, le coordonnateur de la secte dans la Rift Valley prétendait qu'environ 40 p. 100 des habitants de cette région sont des sympathisants de la secte Mungiki (Le Monde diplomatique janv. 2005, 21). Selon l'International Religious Freedom Report 2004, le nombre exact de membres de la secte demeure inconnu (15 sept. 2004, sect. II). Cependant, des sources concordantes signalent que la secte recrute essentiellement parmi les groupes les plus défavorisés de la société, notamment les jeunes chômeurs et les marginaux (ibid.; Le Monde diplomatique janv. 2005, 20; voir aussi Espiscopal News Service 13 févr. 2003; WEA RLC 24 juin 2004; Religious Liberty Prayer Bulletin 30 juin 2004). Dans son numéro de janvier 2005, Le Monde diplomatique indiquait que la secte Mungiki était une des plus puissantes milices des 143 bidonvilles ceinturant la ville de Nairobi où s'entassent 60 p. 100 de la population et où la secte a « privatisé la loi » et assure la « justice de la rue » (20).
Par ailleurs, certaines sources indiquent que la secte Mungiki aurait également des membres au sein du gouvernement (Le Monde diplomatique janv. 2005, 21), notamment parmi les hauts dirigeants (BBC 11 févr. 2003), ainsi que des sympathisants (BBC 18 août 2004) et des amis (Religious Liberty Prayer Bulletin 30 juin 2004) dans les hautes sphères de la société. Les personnes qui désirent adhérer à la secte prêtent serment (WEA RLC 24 juin 2004) et aucune défection n'est tolérée; celle-ci est punie par la peine de mort (The Nation 22 juin 2004; ibid. 19 juin 2004; WEA RLC 24 juin 2004; Religious Liberty Prayer Bulletin 30 juin 2004).
Activités criminelles de la secte
Des sources concordantes signalent que les
membres de la secte Mungiki se livrent à diverses
activités criminelles (Le Monde diplomatique janv.
2005, 20; The Nation 29 oct. 2004; ibid. 21 juin
2004; ibid. 19 juin 2004; BBC 11 févr. 2003; WEA
RLC 24 juin 2004; People's Daily Online 7 janv. 2003;
International Religious Freedom Report 2004 15 sept. 2004,
sect. II). Selon diverses sources, des membres de la secte ont
participé à des meurtres (WEA RLC 24 juin 2004;
International Religious Freedom Report 2004 15 sept. 2004,
sect. II; Espiscopal News Service 13 févr. 2003; The
Nation 19 juin 2004; Le Monde diplomatique janv.
2005, 20), à de l'escroquerie et à l'extorsion de la
population (ibid.; International Religious Freedom
2004 15 sept. 2004, sect. II; The Nation 5 avr. 2004;
WEA RLC 24 juin 2004), au commerce de stupéfiants
(International Religious Freedom Report 2004 15 sept.
2004, sect. II; Le Monde diplomatique janv. 2005, 20) et
à des attaques contre des policiers (ibid.;
Espiscopal News Service 13 févr. 2003) ou des postes de
police (BBC 11 févr. 2003). Le Monde diplomatique
résumait les agissements des membres de la secte Mungiki en
parlant d'une « véritable armée secrète
» (janv. 2005, 20). Citant les propos d'un historien
britannique, le mensuel français ajoute « qu'[i]l n'y
a pas d'autre organisation aussi notoirement ethnique [qui fait]
tant appel au passé tribal [...] [et qui] a cette
faculté de pratiquer la violence de masse » (janv.
2005, 20).
Selon diverses sources d'information, les personnes les plus visées par les meurtres sont surtout d'anciens membres de la secte qui ont fait défection (WEA RLC 24 juin 2004; Episcopal News Service 22 mars 2004; Religious Liberty Prayer Bulletin 30 juin 2004; The Nation 29 oct. 2004; ibid. 5 avr. 2004). Un rapport du Département d'État des États Unis estimait à environ 14 les cas de meurtres ou de disparitions, - entre février et juin 2004 -, d'anciens membres punis par la secte à la suite de leur désertion (International Religious Freedom Report 2004 15 sept. 2004, sect. II; voir aussi The Nation 19 juin 2004).
Relations avec les autorités et protection offerte par l'État aux victimes
Selon Le Monde diplomatique et
The Nation, le gouvernement kenyan s'est engagé
dans une « guerre totale » contre la secte Mungiki
(Le Monde diplomatique janv. 2005, 20; The Nation
22 juin 2004; ibid. 21 juin 2004). Des rapports
publiés au cours des dernières années font
état de fréquentes arrestations et détentions
de membres et de dirigeants de la secte (International
Religious Freedom Report 2004 15 sept. 2004, sect. II; Le
Monde diplomatique janv. 2005, 20; The Nation 29 oct.
2004; ibid. 5 avr. 2004). Inculpé de meurtre, le
président de la secte Mungiki et une trentaine de ses
« lieutenants » ont été
arrêtés et détenus par les autorités
kenyanes en mars 2004 (Le Monde diplomatique janv. 2005,
20).
Des sources signalent que des membres de la secte ont été emprisonnés et traduits en justice (The Nation 29 oct. 2004; ibid. 15 juin 2004; ibid. 22 juin 2004). Le coordonnateur dans la Rift Valley a affirmé que certains membres de la secte [traduction] « ont été appréhendés et mis en détention sous de fausses accusations par l'ancien et l'actuel régime » (ibid.). Par ailleurs, un article paru le 15 juin 2004 dans The Nation signalait que trois membres de la secte Mungiki qui auraient été impliqués dans l'assassinat d'un certain George Waigwa, survenu en septembre 2000, ont été condamnés à la prison à vie, alors que deux autres membres ont été libérés faute de preuves.
Concernant la protection offerte aux victimes, un article paru dans The Nation le 29 octobre 2004 signalait que, dans le cadre d'un procès au cours duquel le président de la secte et 36 membres avaient été accusés du meurtre d'un certain Francis Njoroge Maina, un juge de la cour supérieure de Nairobi avait ordonné qu'une protection soit offerte aux témoins dans cette affaire. En juin 2004, le même journal kenyan indiquait que des déserteurs avaient été forcés de quitter leurs maisons, certains amenant les membres de leur famille avec eux pour s'établir dans des maisons d'hébergement où une escouade spéciale assure leur sécurité (The Nation 19 juin 2004). Dans un article du 5 avril 2004, The Nation faisait mention d'une escouade spéciale composée de 100 policiers qui a été mise sur pied pour faire disparaître la secte Mungiki. Dans un article du 24 juin 2004, la World Evengelical Alliance Religious Liberty News & Analysis signalait que, dès le début de l'année 2004, [traduction] « les déserteurs avaient été placés sous protection policière 24 heures sur 24 après que des membres de la secte Mungiki aient brutalement tué trois [anciens] membres et en ait kidnappé plusieurs autres qui avaient dénoncé la secte » (voir aussi Episcopal News Service 22 mars 2004)
Par contre, un article publié dans The Nation soulignait que, [traduction] « malgré les appareils de sécurité à sa disposition, [le gouvernement kenyan] ne venait pas à bout de la secte » (21 juin 2004). En outre, l'Union nationale africaine du Kenya (Kenyan African National Union - KANU), parti d'opposition [au pouvoir avant les élections de décembre 2002], affirmait que l'impunité dont jouissent les membres de la secte Mungiki se justifiait par le fait que la secte avait des sympathisants dans [traduction] « les hautes [sphères] et au sommet » (BBC 18 août 2004).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile.
Références
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(Dialog).
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[Date de consultation : 7 janv. 2005]
_____. 13 février 2003. «
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Janvier 2005. No 610. Jean-Christophe Servant. « Jeunes
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