Egbesu Boys; leadership, membership, recruitment practices, activities, and treatment by authorities (January 2005 - February 2006) [NGA101034.E]

Egbesu Boys

Les Egbesu Boys, aussi appelés les Egbesu Boys d'Afrique (WAR 2002, 7; CDCMS 2003, 44; COAV 30 mai 2005, 249; AI nov. 2002, 15), sont apparus pour la première fois au début des années 1990 (ibid.). Nommés en l'honneur « [d']Egbesu » [aussi écrit « Egbisu » (BBC 4 oct. 2004a; The Herald 29 sept. 2004)], dieu ijaw de la guerre (Danemark janv. 2005, 15; CDCMS 2003, 44; BBC 4 oct. 2004a), le groupe a débuté en tant que groupe culturel et religieux appartenant au peuple ijaw, mais

[traduction]
a par la suite pris les armes afin de protester contre l'exploitation des ressources pétrolières sur la terre ijaw et dans le delta du Niger par l'État nigérian et certaines multinationales qu'ils ressentent comme une injustice (SAS mai 2005, 18).

Selon différentes sources, les Egbesu Boys représentent l'aile militante du conseil de la jeunesse ijaw (Ijaw Youth Council - IYC) (COAV 30 mai 2005, 250; Danemark janv. 2005, 15; WAR 2002, 7; CDCMS 2003, 44), [traduction] « organisme cadre regroupant des groupes de civils et de jeunes appartenant à la nation ijaw » (ibid., 47). Ce groupe militant a également été associé à la force bénévole du peuple du delta du Niger (Niger Delta People's Volunteer Force - NDPVF) (CIDCM mai 2005, 82; The Guardian 25 sept. 2004; CDCMS 2003, 49), l'une des [traduction] « milices les plus puissantes » de la région du delta du Niger (The Guardian 25 sept. 2004).

Les Egbesu Boys sont actifs dans les six États du sud-est de la région du delta du Niger, au Nigéria (Nigeriaworld 14 janv. 2005; COAV 30 mai 2005, 249), soit ceux d'Ondo, d'Edo, de Delta, de Bayelsa, de Rivers et d'Akwa Ibom (Nigeriaworld 14 janv. 2005). Les quartiers généraux du groupe sont à Amabulou [écrit aussi « Amabolou » (Legal Oil 24 nov. 2005)], dans la région du gouvernement local d'Ekeremor dans l'État de Bayelsa (CDCMS 2003, 45; Legal Oil 24 nov. 2005).

Dirigeants

D'après un document publié en 2003 par le centre d'études pour le développement et la gestion des conflits (Centre for Development and Conflict Management Studies - CDCMS), le chef des Egbesus est le grand prêtre de la secte Egbesu (2003, 45). Il est chargé de [traduction] « communier avec la divinité et les initiés, et de parler en leur nom, en plus de fournir protection spirituelle et conseils aux initiés » (ibid., 44). Le grand prêtre est consulté avant les grandes opérations des Egbesu Boys et au cours de celles-ci (ibid., 45). Le conseil exécutif des Egbesu Boys d'Afrique est composé d'assistants du grand prêtre (ibid., 45).

Un rapport de recherche publié en 2005 par le Small Arms Survey (SAS) mentionne que, contrairement aux conclusions du CDCMS, même si le grand prêtre peut être consulté au sujet des opérations des Egbesu Boys, il n'est pas nécessairement le chef du groupe (mai 2005, 335). Selon un représentant du mouvement de la jeunesse du delta du Niger (Niger Delta Youth Movement) interrogé dans le cadre de la recherche du SAS, le seul dirigeant qu'aient connu les Egbesu Boys est décédé en 2001 et n'a jamais été remplacé (ibid., 335-336).

D'après deux sources consultées par la Direction des recherches, le dirigeant des Egbesu Boys est Dokubo Asari (Danemark janv. 2005, 16; The Guardian 25 sept. 2004). Dokubo Asari est le fondateur du IYC (BBC 4 oct. 2004b) et le dirigeant de la NDPVF (Nations Unies 17 janv. 2006; Global Security 27 avr. 2005; The Herald 29 sept. 2004); il est considéré comme le [traduction] « chef de milice le plus influent du delta » (Nations Unies 17 janv. 2006).

L'Egbesu est composé de différents groupes et organisations, dont les dirigeants constituent l'assemblée egsebu suprême (Supreme Egbesu Assembly - SEA) (CDCMS 2003, 45). D'après une communication écrite envoyée par le secrétaire général du IYC en mai 2000, la SEA est l'aile spirituelle du IYC, et le président du IYC est le dirigeant général de la SEA (IYC 13 mai 2000). Aucune autre information sur la SEA n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

Les dirigeants des Egbesu Boys sont élus et [traduction] « les décisions sont prises de façon démocratique » (CDCMS 2003, 83).

Membres et pratiques de recrutement

D'après une recherche menée en 2005 par le SAS, [traduction] « la divinité Egbesu exerce toujours un contrôle puissant sur les jeunes ijaws sans emploi » (mai 2005, 336). D'après la communication écrite envoyée en mai 2000 par le secrétaire général du IYC, [traduction] « [l]es membres ne sont normalement recrutés que s'ils sont ijaws [et] chaque Ijaw, homme ou femme, est membre [de l'Egsebu] dès sa naissance » (IYC 13 mai 2000).

En ce qui concerne le nombre de membres des Egbesu Boys, la Direction des recherches a trouvé différents renseignements : selon une source, les Egbesu Boys comptent environ [traduction] « 5 000 jeunes Ijaws » (COAV 30 mai 2005, 250), tandis que selon une autre source, le groupe compte [traduction] « des centaines de combattants » (The Guardian 25 sept. 2004).

La plupart des Egbesu Boys sont membres de milices appartenant à d'autres ethnies (CDCMS 2003, 81), [traduction] « recrutés dans des groupes qui existent déjà dans la région [du delta du Niger] » (COAV 30 mai 2005, 250). Devenir membre des Egbesu Boys résulte d'un choix volontaire et les membres sont, [traduction] « en théorie, [libres de] quitter » le groupe quand ils le désirent (CDCMS 2003, 82).

Il n'y a pas d'âge précis pour rejoindre le groupe des Egbesu Boys; cependant, la plupart des membres y entrent à l'âge de 16 ans (COAV 30 mai 2005, 254). Certains jeunes deviennent d'abord des informateurs, puis ils sont introduits dans le groupe (ibid., 254-255).

Le recrutement des Egbesu Boys est suivi de l'enregistrement et de l'initiation des membres (ibid., 254). L'initiation officielle est orchestrée par le grand prêtre; elle comprend la [traduction] « stigmatisation » (ibid.) ou l'incision de [traduction] « marques propres au rituel et d'autres symboles [...] sur leur corps » (CDCMS 2003, 46), l'arrosage avec [traduction] « l'eau egbesu » ou le bain dans celle-ci et [traduction] « l'invocation de l'esprit d'Egbesu » (COAV 30 mai 2005, 254).

Au cours de leurs opérations militantes, les membres des Egbesu Boys transportent habituellement des armes et des munitions et portent des bandeaux rouges ou blancs autour de la tête (CDCMS 2003, 46). Les Egbesu Boys portent également des feuilles sur leur tête pour se protéger au cours des batailles (The Herald 29 sept. 2004; BBC 4 oct. 2004a), dans leurs poches ou sous leur chapeau (ibid.). Si un membre du groupe est tué pendant la bataille, même s'il portait une feuille, [traduction] « [sa mort] est attribuée au fait qu'il avait commis des actes impurs » (ibid.). D'après une communication écrite envoyée en 2000 par le secrétaire général du IYC, les actes impurs incluent le fait [traduction] « [d']avoir des relations sexuelles, aller au champ de bataille lorsque votre épouse est enceinte, voler, assassiner, etc. » (IYC 13 mai 2000).

Les Egbesu Boys [traduction] « doivent faire preuve de discipline et sont liés par certaines règles et certains règlements concernant leur moralité et leur comportement en général » (CDCMS 2003, 46). La discipline au sein du groupe est assurée par l'attribution des amendes, des suspensions et [traduction] « parfois [...] une forme de punition physique ou autre » (ibid., 83).

Activités

Selon un rapport de recherche publié en 2003 par le CDCMS,

[traduction]
« [i]l est difficile d'attribuer des actions ou des combats particuliers aux Egbesu Boys parce que leurs membres, qui appartiennent à différentes organisations militantes, exécutent la plupart des opérations militantes des Ijaws contre l'État, les entreprises pétrolières et d'autres groupes ethniques » (ibid., 46)

Toutefois, selon certaines sources, des membres des Egbesu Boys ont participé à l'enlèvement de travailleurs de l'industrie pétrolière (COAV 30 mai 2005, 256; Nigeriaworld 14 janv. 2005), au sabotage d'installations pétrolières (ibid.; CIDCM mai 2005, 82) et à des attaques contre les autorités nigérianes (COAV 30 mai 2005, 256; Nigeriaworld 14 janv. 2005). Les Egbesu Boys ont également participé à des conflits avec l'ethnie des Itsekiris dans la région du delta du Niger (SAS mai 2005, 335).

Il y a également eu des cas où des politiciens se sont servis des Egbesu Boys, parmi d'autres groupes militants, pour [traduction] « assassiner des ennemis politiques » (Danemark janv. 2005, 16) et pour [traduction] « régler des comptes en matière de politique » (Nigeriaworld 14 janv. 2005). Les Egbesu Boys sont décrits comme étant l'un des groupes de jeunes ijaws [traduction] « les plus audacieux » (Global Security 27 avr. 2005) et comme étant [traduction] « plus dangereux » que les autres groupes armés du Nigéria, dont les Bakassi Boys (Danemark janv. 2005, 15). Les Egbesu Boys assureraient leur financement en ravitaillant les bateaux en carburant (ibid.), et seraient aidés par[traduction] « des membres très influents de la collectivité » (COAV 30 mai 2005, 250), ce qui permet au groupe d'acheter ses armes (ibid., 251; Danemark janv. 2005, 15).

Selon un représentant de la commission nationale des droits de la personne (National Human Rights Commission) du Nigéria, consulté par la mission d'enquête britannico-danoise à Abuja et à Lagos, au Nigéria, les membres des Egbesu Boys sont [traduction] « responsables de crimes graves commis contre des civils » (Danemark janv. 2005, 16). D'après une recherche menée en 2005, le groupe militant aurait l'appui de certains membres de la collectivité, mais l'attitude de plusieurs à l'égard des Egbesu Boys est [traduction] « marquée par la peur et la détresse » (COAV 30 mai 2005, 250).

Attitude des autorités envers les Egbesu Boys

En septembre 2005 (Nations Unies 17 janv. 2006), Dokubo Asari, dirigeant présumé des Egbesu Boys (Danemark janv. 2005, 16; The Guardian 25 sept. 2004), a été arrêté par les autorités nigérianes pour trahison (Vanguard 11 nov. 2005; Nations Unies 17 janv. 2006); en janvier 2006, il était toujours en détention (ibid.).

Un article publié en 2005 par COAV révélait que les Egbesu Boys se sont heurtés, au cours de confrontations armées, aux autorités nigérianes (COAV 30 mai 2005, 251), qui ont commencé à utiliser des [traduction] « armes sophistiquées » contre le groupe (ibid., 256).

Le Report on Human Rights Issues in Nigeria: Joint British-Danish Fact-Finding Mission to Abuja and Lagos, Nigeria mentionnait que, selon un représentant d'une organisation de défense des droits de la personne au Nigéria, les membres des Egbesu Boys qui demandent l'asile dans un pays

[traduction]
risquent d'être persécutés par leurs propres groupes s'ils sont renvoyés au Nigéria, puisque ceux-ci pourront tenter de se venger de ceux qu'ils considèrent comme des déserteurs [...] [et il est] peu probable que les autorités protégent ces demandeurs d'asile (Danemark janv. 2005, 16).

Aucune autre information sur le traitement des membres des Egbesu Boys par les autorités de 2005 à 2006 n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


Amnesty International (AI). Novembre 2002. « Nigeria: Vigilante Violence in the South And South-East ». (AFR 44/014/2002) http://web.amnesty.org/library/pdf/AFR440142002ENGLISH/$File/AFR4401402.pdf [Date de consultation : 27 janv. 2006]

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Centre for Development and Conflict Management Studies (CDCMS). 2003. Ethnic Militias and the Future of Democracy in Nigeria. Sous la direction d'Amadu Sesay, et al. Ile-Ife, Nigéria : Obafemi Awolowo University Press. Site Internet de la Heinrich Böll Foundation. http://www.boellnigeria.org/documents/Ethnic%20militias.pdf [Date de consultation : 30 janv. 2006]

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Children and Youth in Organised Armed Violence (COAV). 30 mai 2005. Mohammed Ibrahim, Centre pour la démocratie et le développement. « An Empirical Survey of Children and Youth in Organised Armed Violence in Nigeria: Egbesu Boys, OPC and Bakassi Boys as a Case Study ». Neither War nor Peace: International Comparisons of Children and Youth in Organised Armed Violence. http://www.coav.org.br/publique/medai/05%20luke.pdf [Date de consultation : 30 janv. 2006]

Danemark. Janvier 2005. Danish Immigration Service. Report on Human Rights Issues in Nigeria: Joint British-Danish Fact-Finding Mission to Abuja and Lagos, Nigeria. 19 October to 2 November 2004. http://www.udlst.dk/NR/rdonlyres/e7hlzlsv5my6htxfzro2b63qy4eqixyze2ihhfptfs7exr4ydlez7nljgn7f4idhzwsgd2n2ebzfvbl24dkbb7rqicg/Nigeria2005_web2.pdf [Date de consultation : 27 janv. 2006]

Global Security. 27 avril 2005. « Niger Delta People's Volunteer Force, Egbesu Boys, Ijaw National National Congress, Ijaw Youth Congress ». http://www.globalsecurity.org/military/world/paraijaw.htm [Date de consultation : 27 janv. 2006]

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West Africa Review (WAR). 2002. Vol. 3, no 1. Tunde Babawale. « The Rise of Ethnic Militias, De-Legitimisation of the State, and the Threat to Nigerian Federalism ». http://www.westafricareview.com/vol3.1/babawale.pdf [Date de consultation : 30 janv. 2006]

Autres sources consultées


Sources orales : Le Centre pour la démocratie et le développement (CDD) et le Small Arms Survey (SAS) n'ont pas fourni d'information dans les délais prescrits pour la réponse à cette demande d'information.

Sites Internet, y compris : Africa Confidential, AllAfrica.com, European Country of Origin Information (ECOI) Network, Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Human Rights Watch (HRW), International Crisis Group (ICG), Jeune Afrique, Norwegian Refugee Council, United Kingdom Home Office, U.S. Committee for Refugees and Immigrants (USCRI), United States Department of State.

Associated documents